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WSOP 2023-Rubriques - À la une

Brewer power

Chris Brewer remporte le tournoi le plus cher des WSOP L'Américain gagne son premier bracelet et 5,2 millions de dollars Event #40 : Super High Roller NLHE 250 000 $ (Finale)

Brewer
Si on devait résumer Chris Brewer en un mot à une table de poker, ce serait peut-être la discrétion. Pas du genre à trash-talk ses adversaires (suivez mon regard), pas extravagant pour un sou, l'Américain grinde dans l'ombre, se contentant de jouer un poker efficace. En tout cas, c'est ce qu'il a proposé ce dimanche lors de la finale du Super High Roller. Car avant d'arriver en heads-up, Chris n'a pas véritablement signé de coup d'éclat : juste un bon fold dans un spot bien bourbax avec deux Valets, quand Dan Smith et Artur Martirosyan détenaient les pointures au-dessus.

This hand is just ridiculous. pic.twitter.com/UXcTFR8Hrd

— PokerGO (@PokerGO) June 19, 2023

Avant cela, il avait vu les éliminations s'enchaîner, à commencer par celles des deux joueurs amateurs de cette finale, Steven Veneziano (9e) et Brandon Steven (8e), peu après. L'un des joueurs les plus dangereux du casting, David Peters, suivait (7e), encaissant 712 953 $ lui permettant visiblement de sauver son couple :

Honey
À ce moment, Brewer et Martirosyan occupaient les deux dernières positions au chipcount... Passé shortstack après la main ci-dessus, Dan Smith quittait ses partenaires de jeu en 6e position, en profitant au passage pour envoyer un bon scud à Martin Kabrhel : "Il devrait être banni de tout tournoi de poker. Jouer à ses côtés devient une expérience terriblement inconfortable. Et il y avait des spéculations selon lesquelles il pourrait tricher en marquant des cartes. Ce que je peux dire, c'est que c'est une personne avec peu de manières, qui ralentit le jeu à chaque décision, et qui ne fait pas de bien au poker."

Une fois les comptes réglés, Chance Kornuth était le suivant sur la liste des bustos, alors qu'il avait démarré la TF en tant que chipleader après avoir régné sur la fin du Day 2. Mais au poker, tout peut basculer en quelques heures :

Chance Kornuth (@ChancesCards) was sent on a wild ride on his way to elimination in the @WSOP $250,000 Super High Roller.

Kornuth knocks off another career high score with a $1,202,318 cash in the event.

En guise de lot de consolation, l'Américain remporte son premier gain à cinq chiffres sur le circuit, soit 1 202 318 $. Après avoir terminé 4e du High Roller à 100 000 $ il y a trois jours pour 833 854 $, il boucle donc une semaine à plus de 2 millions de dollars de gains. C'était ensuite au tour d'Alex Kulev de chuter au pied du podium (4e pour 1 632 005 $), le plus gros gain de sa carrière après sa victoire sur le 100k de l'EPT Monte-Carlo il y a deux mois, pour 1,1 million de dollars.

Kabhrel
Artur Martirosyan faisait alors figure de favori, et se chargeait du cas Martin Kabrhel (3e pour 2 279 038 $), attaquant le heads-up contre Chris Brewer avec un avantage en jetons de trois contre un. C'est à ce moment que Chris sortait de sa boite, gagnant un premier coinflip pour prendre l'avantage en jetons, avant d'achever son adversaire à tapis préflop sur une main où il n'avait plus que 2% de chances de gagner après l'apparition du flop...

THE RUN BAD FINALLY ENDS FOR CHRIS BREWER!!!!!@Chris_D_Brewer captures the @WSOP $250,000 Super High Roller title and his first gold bracelet in spectacular fashion.

Along with that, Brewer earns $5,293,556 for the win! pic.twitter.com/tmHuwMmoPa

— PokerGO (@PokerGO) June 19, 2023

En larmes après cette victoire, Chris Brewer encaisse 5 293 556 $, évidemment le plus gros gain de sa carrière, tout comme Artur Martirosyan, qui banque 3 271 666 $. Le champion aura su gagner les coups importants au bon moment... et sera maintenant scruté d'encore plus près par tous les observateurs, et ses futurs adversaires sur les High Rollers du circuit. Et oui, quand on gagne, on ne peut plus échapper au feu des projecteurs...

Brewer 2

Super High Roller 250 000 $ - Table finale 69 entrées - Prizepool : 17 181 000 $

Place Joueur Gain
1 Chris Brewer (USA) 5 293 556 $
2 Artur Martirosyan (Russie) 3 271 666 $
3 Martin Kabrhel (Rép. tchèque) 2 279 038 $
4 Alex Kulev (Bulgarie) 1 632 005 $
5 Chance Kornuth (USA) 1 202 318 $
6 Dan Smith (USA) 912 022 $
7 David Peters (USA) 712 953 $
8 Brandon Steven (USA) 574 899 $
9 Steven Veneziano (USA) 478 663 $

800 $ pour le kiff

Event #42 : 8-handed NLHE Deepstack 800 $

Ils ne sont plus que 29 joueurs en lice dans ce "tournoi-qui-n'a-de-deepstack-que-le-nom", qui a commencé dimanche et va s'achever ce lundi. Et après la sortie du trader en paris sportifs chez Winamax Jonathan Guez en 63e place (5 329 $, A-6 < J-J) et celle de Sébastien Comel (52e pour 6338 $, avec deux As contre AK à tapis préflop), il restait trois Français en course dans ce tournoi. Mais la dernière main avant la pause de 15h30 a été fatale à deux d'entre eux... Deux joueurs au profil totalement opposé.

Francis 1
Le premier, c'est Francis Hatchikian. Un pur passionné de poker, qui a tenté de faire durer son deep run le plus longtemps possible avec un tapis réduit à peau de chagrin. Au moment de son dernier changement de table, il nous expliquait que ça allait commencer à devenir compliqué : "Je ne sais même pas si je peux payer deux blindes ! Ça fait deux heures que ça dure... C'est vraiment un exploit ! J'ai intérêt à traîner un peu, pour le palier..." Son maigre tapis, Francis a néanmoins réussi à le doubler avec AK contre 6-6, en trouvant un bel As river sur un tableau 9-7-5-9-A. "C'est tout le temps à la river, cela fait cinq heures que c'est comme ça," commentait le sympathique joueur amateur, basé à Grenoble. Quelques minutes plus tard, Francis décide de faire tapis suite à une relance, pour ses dernières 4-5 blindes. Avec A-8, il est devant le A6 de son adversaire, mais voit un 6 popper dès le flop. "Dommage, c'est la main que je dois gagner, et je la perds." Francis, noté américain sur les chipcounts, encaisse néanmoins 7 597 $ en récompense de sa 46e, place, qui sublime un Vegas pour l'instant réussi : "C'est ma 4e perf de l'été : j'ai déjà fait 39e du Daily à 200 $, puis 10e du Daily 400 $ (pour 1 481 $), et enfin ITM sur le premier 800 $ Deepstack (pour 2 297 $)."

Le reste du temps, le résident grenoblois nous confie qu'il est surtout un joueur de tournoi : "Je joue à Annecy, j'ai joué à Divonne et à Lyon, même si c'est fermé maintenant, mais aussi à La Grande-Motte, à San Remo... Je suis un habitué des tournois d'Apo." Oui, nous avons bien là affaire à un pur joueur de live : "Internet, j'ai essayé en 2010-2012, j'ai fait quelques places d'honneur sur Winamax. Je jouais le soir quand je rentrais, mais c'est devenu trop dur, ça demande trop de concentration, et je ne peux pas jouer sur plusieurs tables à la fois." Du coup, Francis est venu se la croustiller à Las Vegas cet été, seul, car deux amis n'ont pu l'accompagner : "Je prends mon plaisir au poker, ça me vide la tête, et ça me fait bouger. Je suis déjà venu deux fois à Vegas, en 2008 et 2012, mais c'est la première fois que je viens pour les WSOP. Pour moi, ce sont des vacances rêvées ! Je crois que je vais revenir tous les ans. Il y a un côté festif, et les Américains sont sympas. D'ailleurs, je trouve qu'il y a une bonne ambiance de manière générale dans le poker." La suite du programme ? "Je vais faire le 500 $ WSOP demain, puis le Seniors Event, où je m'autoriserais peut-être deux bullets. Je n'ai pas le couteau sous la gorge, je ne suis pas là pour l'argent et gagner ma vie."

Francis 2
On l'a compris, Francis ne va pas faire n'importe quoi avec l'argent gagné ce lundi : "Moi, je suis dans la gestion. Je tiens mes comptes, je note tout ce que je perds et que je gagne sur un cahier. Je n'aime pas les re-entries, je préfère le format Freezeout. Généralement, je mets une bullet et c'est tout ! Bon, c'est vrai que j'ai re-entry le 800 la semaine dernière..." Logé ici au Horseshoe, il va ainsi pouvoir profiter de ses vacances jusqu'au 27 juin, date de son retour en France : à partir de là, on ne serait pas étonné de le voir envoyer quelques bons parpaings sur le Tour de France. "Je joue beaucoup aux paris sportifs sur Winamax, explique "KHATCH-08". Je suis passionné de vélo, et je fais des combis sur deux-trois matches de foot, je gagne parfois 1 000 ou 1 200 €..." Car le foot, Francis a baigné dedans durant une grande partie de sa vie. "J'ai été le kiné du club de Grenoble pendant 20 ans, de 1986 à 2003. Le poker me permet de retrouver l'adrénaline du foot. J'ai aussi joué en Promotion d'Honneur, je retrouve redonne ce côté compétition C'est pour cela que le cash game me plaît moins : les pros y jouent juste pour gagner leur vie."

Jetons
Oui, Francis gagnait déjà des tournois il y a plus de 10 ans à Las Vegas : "Je me souvient qu'on a dealé, mais je voulais ce jeton !"

Francis nous livre aussi quelques petites anecdotes : "Quand on faisait des déplacements avec Grenoble, on n'avais pas toujours les moyens de prendre l'avion : des fois on partait en bus à 23 heures après les matches, et on jouait au poker toute la nuit avec les joueurs, jusqu'à l'arrivée à Grenoble à 9 heures du mat' ! Le coach s'appelait Eric Géraldès à l'époque. J'ai aussi vu le début de carrière de Youri Djorkaeff, qui est d'origne arménienne comme moi. Je l'ai beaucoup soigné, c'est un bon ami." Francis a ensuite pris ses distances avec le foot : "J'ai arrêté en 2003, car ça devenait trop prenant. Ils voulaient m'embaucher à temps plein, mais on ne s'est pas mis d'accord. Je me suis ensuite concentré sur mon cabinet." Aujourd'hui à la retraite, Francis peut en tout cas faire parler toute son expérience des cartes à Vegas (62 places payées recensées sur sa fiche Hendon Mob depuis 20028). "Je jouais déjà aux poker fermé entre amis, le soir à la maison, et je joue au Texas Hold'em depuis 15 ans." On lui souhaite en tout cas une dernière semaine à Vegas tout aussi productive que le début du séjour !

Saout
On vous en parlait plus haut : l'autre joueur Français à avoir rendu les armes récemment est Antoine Saout. Pour son 4e deep run de l'été, le Breton passe une nouvelle fois pas loin des gros sous, terminant 45e pour 6 338 $, alors qu'il avait entamé le Day 2 avec le 5e tapis des 238 joueurs restants. Son tournoi s'est achevé contre l'énorme chipleader de ce Deepstack, Qiang Xu, qui a confirmé son run du moment : avec A3 contre le Q du Français, parti à tapis préflop pour une dizaine de blindes, le Chinois a fait directement trips au flop sur un tableau 332JJ, pour passer à près de 10 millions de jetons.

Melchers
Lui aussi est en forme sur ce 800 $ Deepstack. Le dernier Bleu en lice, Dorian Melchers, compagnon de voyage de Safwane Bahri à Las Vegas (qui avait deeprun l'autre tournoi à 800 $), était bien calé en haut du classement à 40 joueurs restants

Aldemir
Koray Aldemir faisait la quasi-bulle du Super High Roller il y a deux jours. Cette fois, le vainqueur du Main Event WSOP 2021 a atteint l'argent, et est bien parti pour faire mieux. Que ce soit sur un tournoi à 250 000 $ où un 800 balles, l'Allemand est en mission pour remporter un second bracelet WSOP...

Rheem
Le double champion WPT Chino Rheem jouait lui pour une première breloque. Un bon candidat pour la liste des meilleurs joueurs sans bracelet, à n'en pas douter. Ce ne sera pas pour cette fois : il finit 42e

Brown
Camille Brown termine 30e pour 11 161 $, son 78e ITM en live

Le payout restant :

Vainqueur : 339 033 $ Runner-up : 209 547 $ 3e : 157 776 $ 4e : 119 629 $ 5e : 91 347 $ 6e : 70 247 $ 7e : 54 408 $ 8e : 42 445 $ 9e : 33 353 $

10-11e : 26 401 $
12-13e : 21 052 $
14-15e : 16 911 $
16-23e : 13 687 $
24-30e : 11 161 $

Court mais intense

Trop vite éliminé de la finale, Patrice Biton prend la 8e place du Big O (35 098 $) Event #41 : Big O 1 500 $ (Finale)

Biton
Bon, on avoue, le titre de cet article est un poil trompeur : cela fait tout de même trois jours que Patrice Biton se battait dans ce tournoi d'Omaha à cinq cartes (le Big O est une variante d'Omaha 5 jouée en version Hi-Lo) En revanche, il résume bien sa table finale, qui n'aura guère duré plus d'un quart d'heure. Pourtant, le Français, sourire aux lèvres au moment d'aller s'installer en plateau TV, comptait bien en profiter : "Je suis hyper heureux, c'est ma première finale WSOP. Bon il y a beaucoup de lumière, je comprends pourquoi ils mettent tous des lunettes ! Je vais essayer d'aller le plus loin possible, c'est pour ça qu'on est là."

Malheureusement, son expérience a été de courte durée, puisqu'il chute en 8e place pour un beau gain de 35 098 $. Pas mal tout de même, quand on sait que Patrice avait démarré le Day 3 en 14e position sur 18 survivants. Dans l'après-midi, on l'a notamment vu split cette main alors qu'il était couvert, avec un low dont son adversaire semblait avoir du mal à se remettre...

Main
La main de Patrice est à gauche sur la photo. Oui, c'est bien un 4 qui le sauve...

En revanche, le Français n'a pas eu de chance sur sa sortie. "Je suis sonné, c'est invraisemblable, déplorait-il. Je paie une relance du bouton avec A-A-J-Q-9, et je fais tapis après sa mise sur un flop 9-9-7. Il a K-K-3-4-5. Le turn est un 6, la river un 7. En plus, un joueur a annoncé avoir foldé deux Rois ! C'est un pot qui valait un milliard..."

Biton 2À cause de cette quinte de l'espace, Patrice termine donc 8e pour un gain de 35 098 $, son meilleur résultat en live qui lui permet de passer la barre des 150 000 $ de gains en carrière. Une belle régularité pour un joueur féru de Big O et qui ne joue au poker qu'une fois par an : "Je suis un joueur de Vegas ! Je viens ici 15 jours par an, depuis six-sept ans", explique le Parisien, qui ne joue plus dans les clubs de jeux de la capitale. J'ai aussi fait le 10k Limit Omaha Hi-Low l'an passé... Sinon, je joue à la belote et à la coinche ! Je joue au poker depuis une quinzaine d'années." Et visiblement plus, son premier résultat recensé datant de... 1 995, il y a 28 ans donc ! "Cette finale, c'était très sympa, une belle aventure", conclut Patrice. À noter que deux autres Français se sont hissés dans le top 30 de ce tournoi pour un gain de 9 462 $ : Sergio Moreira (24e) et Rodney Assous (26e).

Chan
La légende Johnny Chan, l'un des seuls joueurs que tout le monde applaudit quand il est éliminé d'un tournoi (14e pour 13 982 $, juste après Adam Owen). Le double vainqueur du Main Event WSOP nous a expliqué qu'il comptait jouer encore quelques tournois dans ces WSOP, mais qu'il allait surtout se concentrer sur le cash-game

Williamson
Robert Williamson III : un nom qui fleure bon le poker des années 2000. Un client sérieux, spécialiste d'Omaha : l'Américain vise un second bracelet en carrière, 21 ans après le premier, gagné en... 2002, donc. Ses premiers résultats sur Hendon Mob datent de 1994 !

Ramdin
Victor Ramdin, l'autre tête d'affiche de la finale

Le payout restant :

Vainqueur : 315 203 $ Runner-up : 194 814 $ 3e : 142 526 $ 4e : 105 383 $ 5e : 78 758 $ 6e : 59 501 $ 7e : 45 447 $

TF

Erreur de chipcount sur le day 1A du sénior, le qualifié Wina, Bruno R, qui pointe en fait à la 7ème place avec 354k, est listé à la 664ème place et 34k sur le site WSOP.
L’erreur a été corrigée sur Pokernews.

La troisième sera la bonne

Shortstack, Dorian Melchers n'a pas réussi à se refaire en finale Pour sa deuxième TF WSOP, "PrinzOfRozva" termine 7e (42 445 $) Event #42 : 8-Handed NLHE Deepstack 800 $

Melchers 4
Après Patrice Biton, un autre joueur français a eu les honneurs d'une table finale sur le plateau TV ce lundi : Dorian Melchers. Un spot à moitié inédit pour le grinder, redouté sur Winamax sous le pseudo de "PrinzOfRozva" : s'il avait déjà atteint une finale WSOP, ce n'était pas à Vegas, mais à Rozvadov, son fief, à l'occasion des dernières WSOP Europe.. En novembre dernier, le détenteur de deux bagues WSOP Circuit avait ainsi terminé second d'un bracelet event à 1 650 € joué en 6-max, le footballeur Max Kruse le privant d'une première breloque et Dorian encaissant 87 059 € à cette occasion.

Lors du Day 2 de ce Deepstack à 800 $, le jeune homme avait donc l'occasion d'aller chercher le bracelet tant convoité : pour cela, il disposait de 27 blindes à la reprise, trois fois moins que le chipleader Chino Rheem. Dorian réussissait tout de même à faire grimper son tapis, de quoi le placer parmi les chipleaders à une cinquantaine de joueurs restants. Mais avec la structure turbish de ce tournoi, on savait que tout pouvait arriver dans un sens comme dans l'autre. Et si Dorian réussissait à rester en vie jusqu'en table finale, il débutait ainsi le dernier acte avec un petit tapis, ce qui ne semblait pas le perturber outre-mesure : "Même si la structure est turbo, il y a pas mal de skill. Il y a pas mal de tournois comme ça sur Winamax. Je suis serein, je prends du plaisir, on en prend plus à Vegas qu'à Rozvadov." Au moment de partir en dinner-break à huit joueurs restants (après la sortie de Donna Stutts en 9e place), Dorian ne possédait cependant plus que 6 blindes, le shortstack Orel Osen en conservant lui seulement 4.

Melchers 3
Pas de quoi visiblement influer sur les décisions de Dorian, qui quelques minutes après la reprise décidait d'envoyer 60% de son maigre tapis au milieu, "pour pouvoir folder si jamais les joueurs derrière moi faisaient tapis." En grosse blinde, Richard Smith demande un compte, et s'aligne. Le flop vient A73, et l'Américain fait directement tapis. Dorian y va pour le reste de ses jetons avec KJ, et se voit montrer A10. Il ne parvient pas à renverser la vapeur après un turn Q et une river A, terminant ainsi 8e de ce Deepstack sur 3 773 entrées. Sans regrets : "C'est une bonne place, je suis satisfait de ma performance, de ce que j'ai produit." Un deeprun qui lui rapporte 42 445 $, de quoi financer quelques beaux tournois : "Déjà, je vais bien feedback ce tournoi. Je resterai à Vegas au minimum jusqu'au Main Event. J'ai prévu de faire le 3k 6-Max, le 5k 6-max..." Dorian a en tout cas déjà fait mieux que son pote Safwane Bahri, 48e sur le 800 $ Deesptack de la semaine passée. Et il reste pas mal de tournois pour améliorer son score...

Dans la gueule du monstre

Quatre Français se qualifient pour le dernier jour du Monster Stack à 42 joueurs left Ils peuvent toujours rêver aux 1,1 million de dollars promis au vainqueur Event #39 : Monster Stack NLHE 1 500 $ (Fin du Day 3)

Rayane
Photo : Rachel Kay Miller / Pokernews

On est arrivé quelques minutes après que les joueurs avaient quitté l'aire de tournoi en Balls Room. Mais on en est sûrs, il reste quatre Français en lice à 42 joueurs left dans le Monster Stack des WSOP 2023. Un très bon pourcentage donc, avec notamment un Julien Loire qui reprendra avec le neuvième tapis du tournoi. Deuxième en jetons en début de journée, Rayane Bouibeb (photo) s'est également débrouillé pour rejoindre le Day 4, tout comme Loic Dobrigna et Julien Veyssière, qui fera partie des shortstacks. Stéphane Genet, lui, a été éliminé en fin de partie (53e pour 20 730 $) tout comme Jacques Zaicik (50e pour 25 021 $) et Arnaud Enselme (48e pour 25 021 $) Le chipleader pour le Final Day sera Xuming Qi avec plus de 24 millions de jetons.

Tous les survivants sont désormais assurés d'un gain de 30 415 $, plus de vingt fois le buy-in de ce tournoi qui n'a pas de monstrueux que le nom. Le vainqueur empochera pour rappel 1 162 681 $, alors que chaque finaliste sera assuré d'un gain de 113 597 $. La partie reprend ce mardi à midi (21 heures en France) aux blindes 150 000 / 300 000 BB Ante 300 000. Nous jouerons jusqu'à trouver le champion, en espérant que cela nous donnera l'occasion d'entendre une première Marseillaise retentir au Paris !

Les tapis des Français pour le Jour 4 :

9 : Julien Loire 13 350 000 25 : Loic Dobrigna 8 025 000 32 : Rayane Bouibeb 4 950 000 39 : Julien Veyssiere 3 300 000

Le chipcount complet

Le payout du tournoi

Deux espoirs pour le million

Ils étaient 8 317 sur la ligne de départ. Ils ne sont plus que 30. Parmi eux, deux Français en course pour la perf d’une vie. Après quatre jours de combat, Julien Loire et Loïc Dobrigna bataillent férocement à 4 tables left d’un million et quelques dollars

Event #39 : Monster Stack 1 500 $ (Day 4)

Monster Stack

Beaucoup de monde sur les bords du rail, chacun venant observer son poulain en méga-deep run

Avez-vous déjà joué pour un million de dollars ? Quand on est joueur de small et mid-stakes, il est plutôt rare de pouvoir viser des sommes à sept chiffres. La magie des WSOP le permet. Sur un field monstre de 8 317 joueurs, Loïc Dobrigna et Julien Loire se sont frayés un chemin jusqu’au Day 4 et rêvent de transformer leur investissement de 1 500 $, en 1 162 681 $.

Loire

« On essaie de ne pas regarder les paliers, commente sobrement Julien après le premier break. Je joue standard, on est encore loin » poursuit le grinder, qu’on avait déjà suivi l’an dernier jusqu’au Day 4 du Main Event.

Presque assuré d’égaler son record de gains en carrière, acquis lors du FPS High Roller Monte-Carlo 2019, Loïc Dobrigna ne s’enflamme pas non plus et reste concentré sur le jeu.

Allay

Axel Hallay, qui avait partagé l'an dernier la finale du 2 500 $ avec Julien, est venu soutenir son pote grinder.

« J’ai démarré la journée avec 26 blindes. J’ai pu me maintenir avec un ou deux re-steals puis j’ai perdu quelques petits coups en défense de blindes » résume le reg parisien. Au moment de reprendre la partie, Loïc trouve tout de suite le spot pour se refaire la cerise.

Open Loïc CO 1 000 000 et la parole arrive sur l’un des gros stacks de la table au bouton. 3-bet 2 400 000 et ça fold jusqu’à Loïc. Dobrigna prend une petite minute de réflexion avant d’envoyer la sauce : All-in pour 10 000 000 de jetons. Le 4-bet met l’Américain en maladie et après trois minutes d’observations, les jetons iront vers Loïc, sans besoin de dérouler un board.

Dobrigna

« Il fait du bien celui-là » confie Loïc après coup, avouant tenir AQ. « Je vais jouer très sérieux, mais ici, il fallait y aller ». 14 500 000 pour le Parisien, de retour près des 30 blindes, alors que le floor annonce le re-draw à trois tables left.

Parti à quatre en début de journée, nos deux autres Français ont malheureusement perdu dans les premiers niveaux du jour. Julien Vayssières termine 41e pour 30 415 $, tandis que Rayane Bouibed ponctue son beau parcours en 33e position, pour 37 233 $.

Cada

Un field de 8 000 joueurs ? C'est de l'eau pour Joe Cada. Le champion du monde est encore de la partie à 28 left de ce tournoi géant. Il a même doublé sur Julien Loire en début de journée avec deux As contre Roi-Dame pour intégrer le Top 5. Toujours les mêmes...

La défaite, c’est comment tu la gères

Nous autres médias mettons en avant les perfs et exploits de nos grinders bleus. Mais tous ceux qui s’aventurent dans la capitale du jeu ne font pas tomber les gros scores, bien au contraire. Trouvant l’un de ses premiers deep runs du séjour, Alan Goasdoue nous partage quelques astuces pour bien digérer un début de Vegas raté.

Event #44 : 3 000 $ No-Limit Hold'em (Day 2)

Goasdoue

« J’renais comme le Phoenix, j’renais comme un zombie, la défaite, c’est comment tu la gères » kickait Orelsan dans un featuring de légende avec Lefa. À l’instar d’un grinder, le rappeur normand est passé par toute sorte de run dans sa carrière. Du réceptionniste de nuit dans un hôtel miteux de Caen, au chanteur à succès, Orelsan a été sujet à la variance, à l’accumulation des défaites, avant de trouver son one-time avec la sortie de « Perdu D’Avance ».

Alan Goasdoue utilise, de manière bien involontaire, les mêmes mots que le rappeur pour analyser son bad run. Le vainqueur FPS Paris a enchainé près d’une vingtaine de bustos en deux semaines, avant de trouver enfin un ITM, un petit min-cash sur un Deepstack 2 000$. Loin de ces joueurs qui partagent tous leurs deep runs sur Instagram, Alan prodigue quelques conseils mentaux, alors qu’il est en passe de valider, seulement, un 3e ITM vegassien sur le 3 000 $ full-ring.

Goasdoue

« C’est normal d’être frustré quand on enchaine les busts. On ressent tous la même émotion. Ce qui compte, c’est comment tu la gères, pose Gouasdoue, sur le chemin du diner-break. C’est là que les routines sont importantes. Bien manger, bien dormir, faire du sport… Il faut se concentrer sur ce que l'on peut maitriser. Et aussi voir les points où on peut s’améliorer. Par exemple, j’ai remarqué que l’accumulation des défaites peut provoquer chez moi de l’impatience. J’ai vu que j’avais un petit leak à ce niveau là, alors j’essaie de travailler dessus. Et puis, il faut relativiser les chiffres. On peut blank 25, 30 tournois, ce n’est même pas une session online » rappelle Gouasdoue.

L’ancien champion de Rubik’s Cube sait pertinemment qu’un seul tournoi suffit à renverser la balance. Une perf’ comme celle accomplie il y a quelques mois lors de l’EPT Paris par exemple. Pour l’instant, Goasdoue swing entre le chiplead et la zone rouge sur ce Day 2 de 3 000 $ No-Limit Hold’em. Les 261 survivants viennent d’entrer dans l’argent, et beaucoup de compatriotes français viseront comme lui les 717 879 $.

Boris Réard

Samy Boujmala, Antoine Saout, Virgile Turchi, Boris Berthomet (ici aux côtés d'Alexandre Réard), Sébastien Grax, Mathieu Di Meglio, Matthieu Rodriguez, Florian Guimond, Thomas Perrin, Axel Hallay, Jonathan Pastore, Thibault Letort… Voilà l’armada tricolore qui vient de passer la bulle. En revanche, pas d’ITM pour Jeremy Saderne (photo) dont le shortstack s’est écrasé à deux places de l’argent.

Saderne

Avant de buster, le vainqueur WSOP a tout de même eu le temps de nous délivrer une histoire originale. Je laisse le protagoniste s’expliquer.

« On est au retour de break, et il faut savoir qu’il y a le 500 $ qui se joue dans la même salle. Il me reste vingt secondes pour aller m’asseoir, je sais ou est ma table et je coupe par la zone du 500 $ en passant sous les barrières. Là, j’entends un Vigil qui crie « Hey ! ». Je sais que c’est pour moi donc je continue tout droit, et je vais à mon siège, d’autant que je suis en grosse blinde. Puis trente secondes plus tard, le Vigil vient derrière moi et me prend par les épaules pour me dire “viens, on va s’expliquer”.

Il me dit que je vais louper ma grosse blinde, que je n’aurais pas du passer par là, et puis d’un coup, Chris Brewer qui est à ma table se lève et interrompt le vigil. Il lui dit « Vous n’avez pas le droit de lui faire louper sa grosse blinde pour ça. Regardez, tous le monde passe par cette zone » en lui pointant du doigt tous les gens qui effectivement font comme moi. Je n’avais rien demandé à personne et je ne connaissais même pas Chris, mais du coup, la discussion a pris dix minutes et plusieurs américains ont pris ma défense. Je n’ai pas récupéré ma grosse blinde, mais ça fait toujours plaisir ».

La victoire du 250 000 $ aurait-elle mis Chris dans un bon mood, ou est-il tout simplement un gars sympa ? A défaut d’avoir eu un min-cash, Jeremy a au moins eu le soutien de l’Amérique.

Moorman

Beaucoup de grands noms encore présents dans ce tournoi. L'indétrônable Madame Moorman illumine la salle de son sourire, son mari monte des pilasses un peu plus loin... Voici quelques autres noms en vrac à 260 left : Daniel Negranu, Aliaksandr Shylko, Matt Affleck, Rui Bouquet, Espen Jorstad, Michael Gathy, Harry Lodge, Rui Bouquet, Jans Arends, Kristen Foxen, Daniel Smilkjovic, Robbie Jade Lew, Bart Lybaert, Joao Simao, Joseph Cheong...

Omaha Sutra

Ici, on prend le Omaha dans toutes les positions. Par le haut, par le bas, à quatre ou à cinq, on explore toutes les possibilités et tout le plaisir qu’il peut procurer. Pas le tournoi dessiné pour nos grinders bleus, mais au milieu des Shaun Deeb, Robert Mizrachi et Men Nguyen, un Français s’invite à 80 left. Un certain Rodney Assous, qui entretient avec le Omaha une longue histoire d'amour.

Event #45 : 1 500 $ Mixed Omaha (Day 2)

Assous

Rodney Assous vient de triple-up, sous le regard de son beau-père Daniel, avec qui il vient chaque année à Vegas.

« J’ai commencé online en 2006-2007. Mon pseudo c’était RodMaster98. Je faisais que des tournois en NL, puis je me suis mis en cash game Live. Maintenant, je ne joue qu’à l’Omaha. Surtout en cercle à Paris et un peu à l’étranger. Je viens de temps en temps aux Etats-Unis » informe Rodney, qui se présente à nos micros sur le chemin du diner-break.

Rodney Assous n’est pas un total inconnu. Présent sur le circuit depuis plus de dix ans, il s’était fait remarquer sur un WPT Marrakech, il y a déjà douze ans, et vient de temps à autre sur les évènements Winamax, les FPS… Mais, s'il y a une étape qu’il ne loupe pas, c’est bien Vegas. Et pas pour jouer en Hold’em.

« J’ai découvert le Omaha quand j’étais en coloc avec Aubin Cazals en 2012, à Malte. Lui, il était déjà pro là-dedans. J’ai appris en le regardant jouer. En même temps, j’ai commencé le cash-game live je me suis mis à jouer ces parties », raconte Rodney, qui s’est tout de même cette fois laissé tenté par du MTT, à quatre cartes bien sûr.

« À la base, je suis venu pour faire du cash-game, poursuit le joueur. Je me disais que je ferais peut être quelques tournois avec ce que j’aurais gagné. Mais les tables étaient vraiment pourries cette année. Je suis arrivé un peu tôt à Vegas et il n’y avait que des regs. Du coup je me suis dit “autant me la kiffer” et faire des tournois ».

Une idée qui a plutôt souri au Parisien. Il y a deux jours, Rodney s’offrait déjà un premier deep run sur le Big O à 1 500 $, pour un peu plus de 6 buy-ins. Puis aujourd’hui, le voilà bien stacké à 80 left de ce Mixed Omaha (un mélange de trois jeux : PLO8, Omaha8 et Big O -PLO5 Hi-Lo-).

Assous

Son parcours dans le tournoi se résume à une histoire de short-stack et de triple-up. « J’étais short tout le long, affirme Assous. J’ai démarré short, je n'ai jamais vraiment eu de stack et j’ai failli faire la bulle. J’étais tapis à ce moment-là et j’ai triple-up avec les As et un 3 en Big O. Ensuite j’ai été card-dead pendant assez longtemps et puis là, nouveau triple-up en Big O. Le mec relance, j’ouvre une main d’Omaha 5 en fait, pas de Big O. AKQ108. Je décide de payer, y’a deux autres joueurs qui payent et la SB décide de partir à tapis, pour 80 000. Là, j’ai envie de faire passer les deux autres donc je fais tapis par dessus et le mec au bouton me paie avec une main pas terrible… Au final, très beau flop ».

Deux beaux Rois, accompagné d’un valet, rainbow. Les deux adversaires, eux, étaient venus chercher un Low, qui ne tombera donc jamais (il faut au moins trois cartes en dessous du 8 sur le board pour pouvoir constituer un Low). Pas de flush-draw, pas même une ventrale, ni un full backdoor possible pour trembler, Rodney triple-up et se relance complètement dans le tournoi, avec désormais 420 000 jetons, soit un peu plus de la moyenne.

Le coach et l’élève au Day 3 du 3 000 $

Amis et collègues de travail, Virgile Turchi et Samy Boujmala se battront demain à 100 left d’un WSOP à 717 patates. Thomas Perrin et Eric Haber passent également au troisième tour, avec de beaux stacks.

Event #44 : 3 000 $ No-Limit Hold'em (Day 2)

Turchi Boujmala

Deux crusheurs qui se donnent de la force et se tirent vers le haut. Malgré leur légère différence d’âge, Virgile Turchi et Samy Boujmala forment un binôme redoutable, que l'on aime suivre sur le circuit, et qui fait de plus en plus parler de lui.

Non pas que le poker se joue en double, mais depuis une petite année, Samy se fait coacher par Virgile. Voyez-y la corrélation que vous voulez, mais depuis six mois, Boujmala commence sérieusement à raser.

Table finale EPT Monte-Carlo, table finale WSOP… En deux mois Samy a accompli ses plus grands exploits pokeristiques et fait exploser ses records de gains. C’est d’ailleurs sur ces finales que nous découvrions le duo, avec un Virgile en première ligne pour encourager, son pote Samy et lui murmurer de précieux conseils sur les bords du rail.

Cette fois, c’est tous les deux avec le costume de joueur que Virgile et Samy vivront le Day 3. En termes de jetons, l’élève domine pour l’instant le coach avec un gros tapis moyen chez Boujmala. « En deux mains, j’ai eu deux fois deux As contre As-Roi, raconte Boujmala, visiblement toujours dans un bon run. J’étais monté à 1 million mais je me suis fait secouer. A ma table, il n’y avait que des pros » raconte le joueur après avoir mis 660 000 jetons dans le sac.

Turchi reviendra avec un tapis légèrement plus modeste de 225 000 blindes (11BB). Quelques jetons précieusement conservés grâce à une parfaite maitrise du stole sur les dernières mains pour éviter l’arrivée de la grosse blinde. « On l’a joué en roublard » confesse volontiers « KKJBET » qui démontre toute l’expérience du jeune livetard.

N’oublions pas enfin Thomas Perrin, troisième représentant bleu et très bien stacké. 50 blindes pour ce grinder qui a appuyé sur l’accérateur sur sa dernière table. « Je suis arrivé, j’ai tout de suite joué comme un “dégen”, et ça a marché. J’ai pu gagner quelques gros pots puis derrière, je ralentis en voulant jouer plus serré. Mais c’est là que j’avais du vrai jeu et j’ai encore gagné des jetons » explique Thomas, vantant les bienfaits du « changement de rythme ».

Beaucoup de gros noms encore en course, avec par exemple un Joao Simao 2e au chip Count, le vainqueur PSPC Aliaksandr Shylko, Bart Lybaert, Chris Moorman, Espen Jorstad, Daniel Negreanu ou encore Jan Arends

Pay-out* :

1er : 717 879 $ 2e : 443 680 $ 3e : 323 610 $ 4e : 238 546 $ 5e : 177 732 $ 6e : 133 862 $ 7e : 101 928 ^ 8e : 78 475 $ 9e : 48 109 $

*Les joueurs sont assurés de 6 939 $

Entre rêve et cauchemar

Il réalise le run de sa vie dans des conditions facheuses. Tombé malade après le diner-break après un indien un peu trop épicé, Loïc Dobrigna met malgré tout les jetons dans le sac pour le Day 5 d’un tournoi mythique. Déjà assuré d’exploser son record de gains, il reviendra demain pour aller chercher un très gros million de dollars, la tête et l’estomac reposés. Après un parcours superbe, son compatriote Julien Loire souffre un set-up imparable et prend la 8e place, pour 144 928 $.

Event #45 : 1 500 $ Monster Stack (Fin de Day 4)

Dobrigna

Souffrir le martyre quand on réalise le rêve de tout joueur de poker. C’est le paradoxe bien étonnant qu’a vécu Loïc Dobrigna pendant cette fin de soirée. Jouant son meilleur poker, surfant sur un run idyllique, le reg parisien se fraie un chemin jusqu’en table finale du Monster Stack, l’un des tournois les plus mythiques et les plus massifs des WSOP. 8 317 joueurs sur la ligne de départ. Le voilà sur l’ultime table, à jouer des paliers de dizaines, de centaines de milliers de dollars. Pourtant, Loïc tire la langue. Ce diner indien lui reste toujours sur l’estomac.

« Je suis allé manger dans un Asiat’ au break, rembobine Dobrigna. J’ai pris un poulet épicé, je savais même pas trop ce que je prenais en vérité, et au retour, je me suis senti pas bien. J’étais dans le dur pendant les demi-finales et même pendant toute la TF. J'avais l’impression d’avoir la tête gonflée, l’estomac lourd… Je n’arrivais pas à réfléchir ».

La douleur est telle que les floors autorisent l’intervention d’un docteur. Oscultation express sur le plateau télévisée. « Je lui ai demandé s’il pouvait me donner un médicament, mais il m’a dit non. Que si je veux être soigné, il doit m’emmener maintenant aux urgences. Mais ce n'était pas vraiment le moment ».

Comment expliquer au docteur que Loïc est en train de jouer une partie à un million de dollars ? Heureusement, il ne reste qu’un gros niveau à tenir avant le coup de sifflet final. Le temps d’assister à trois éliminations, prendre autant de paliers pour 100 000 $ de plus et ça y’est, Loïc est au Day 5 du Monster Stack des WSOP, à 7 left de 1 162 681 $.

TF MS

« C’est beau ! En plus, je suis arrivé vendredi après le boulot, c’est mon premier tournoi du festival, raconte le professeur de tennis du TC XVI. J’ai run “Jésus”. Ça s’est bien passé tout le temps, j’ai pas pris un bad beat, c’était le run facile ».

Plutôt habitué au 500 € du Circus et au circuit mid-stakes français, Loïc ne semble impressionné ou stressé par les enjeux. « Non, je kiffe. Mais bon, j’étais malade, donc je suis un peu dans un état second. C’est bizarre, c’est à la fois rêve et cauchemar ». En espérant que demain, ça ne soit que du rêve. Ce soir, Loïc se couchera un peu malade, mais riche.

Un après, Julien Loire remet ça

Un an après sa place de runner-up sur un 2 500 $, Julien Loire réalise une nouvelle perf majeure en atteignant lui aussi la finale de ce Monster Stack. Un gros bad beat en demi-finale et un set-up imparable face à Jesse Rockowitz mettent fin à son parcours en 8e position, pour 144 928 $.

Loire

Une petite demi-heure avant la fin de ce Day 4, nous comptions encore deux représentants tricolores en finale de ce Monster Stack. Julien Loire a fait parler ses talents de grinder tout le long du Day 4 pour parvenir avec un tapis plus que correct en demi-finale. Le Français joue alors une bataille de blindes contre Joshua Adcock.

Open 2 500 000 (2,1BB) et riposte radicale de l’Américain, qui envoie le tapis pour 22 millions, payé ! A9 chez Loire, A5 chez Joshua, “domination nation”, et le Français reste devant sur le flop A62. Ca tient encore sur la turn 3… 5 river, Adcock vient de mettre le bad beat.

« Let’s goooooo ! It’s my time » hurle l’Américain tout en ajoutant quelques “F-word” dans sa célébration. Il exulte sur place, hurle sous le spot télévisé pendant près d’une minute, pour s’assurer qu’on l’entende jusqu’au Paris. Julien, lui, reste de marbre et avance les 22 millions avant de reprendre la bataille, avec 20 blindes.

« C’est beaucoup d’émotions ces swings-là, concède le grinder, qui est pourtant tout de suite revenu dans le match, dès le coup suivant. Je ne me déconcentre pas après un coup perdu. Ce qui m’énerve, c’est quand il y a un spot que je joue mal, ou que je ne connais pas bien parce que je ne l’ai pas travaillé. Si c’est un run de cartes, je ne vais pas le prendre mal ».

Effectivement, Julien se remet rapidement en selle. Quelques re-steals dans les bons timings, quelques petits coups grattés et Julien arrache sa place en finale… Et s’offre la première élimination dans la foulée. Open shove de Yulian Bogdanov au CO, pour 8BB et Julien trouve A10 en SB. Re-shove et ça sera un flip contre le KQ du Bulgare. Un board 65504 et Julien revient dans la partie !

10 minutes plus tard, le revoilà dans un nouveau spot. Open 3 000 000 UTG+1 et call de son voisin Jesse Rockowtiz. Les deux joueurs voient un flop 839 et Loire c-bet pour 4 000 000. Tank chez l’Américain et raise 12 000 000. Tank chez le français, et call : un pot énorme est en train de se monter.

Loire Rockowitz

Q turn. Ca fait rentrer quelques projets. Snap-check, une petite minute et « All-in » de l’Américain. Petite réflexion chez le Français… Qui vient de trouver “top-set” avec son QQ. Et pourtant, le spot n’est pas si évident. Loire finit tout de même par call… Et devra améliorer contre le KJss de Jesse. La table se lève et retient son souffle sur la river… 4. Julien Loire est éliminé.

Tableau

Encore une magnifique performance du grinder français. Un après sa 2e place sur le 2 500$ (pour 308 817$), Julien braque une deuxième fois les WSOP, après seulement son troisième tournoi du festival.

Cada Dunaway

L'ultime main du jour a accouché d'un hero-call de mutant. Tandis que le temps du dernier niveau était écoulé, Braxton Dunaway et Joe Cada prolongeaient l'action de quelques minutes avec un pot de haute voltige. Limp Dunaway, iso Joe Cada et c'est payé pour voir le flop 792. C-bet, payé.

Turn 6, second bar de Joe Cada, payé encore. River 10, Cada envoie le 3-barrel, pour la totalité des jetons restant à son voisin. Braxton prendra trois bonne minutes avant d'annoncer "Let's do this" et de payer avec... K9. Seconde paire. Bien assez pour battre le AJ du champion du monde. Sur le gong, Braxton s'envole dans le Top 3, tandis que Joe Cada reviendra demain dans la peau de chiploser, avec 8 blindes pour tenter le come-back.

Chipcount :

Nicholas Gerrity : 112 300 000 Jesse Rockowitz : 94 500 000 Braxton Dunaway : 54 900 000 Colin Robinson : 47 400 000 Loïc Dobrigna : 47 100 000 Joshua Adcock : 43 200 000 Joe Cada : 16 600 000

Pay-out :

1er : 1 162 681 $ 2e : 718 649 $ 3e : 541 376 $ 4e : 410 493 $ 5e : 313 297 $ 6e : 240 695 $ 7e : 186 149 $

Ashton domine, Nacho grise mine

10 heures d’action avec les meilleurs joueurs du monde, dans neuf formats différents. Ce tournoi si unique et si prestigieux qu’est le PPC monte en intensité après un Day 3 qui a permis de dessiner l’ITM et l’ébauche d’une table finale. Phil Ivey a longtemps dominé, mais c’est Matthew Ashton qui déroule sur les derniers niveaux pour s’emparer du chiplead, à 12 left de 1,3 million.

Event #43 : 50 000 $ Poker Players Championship (Fin du Day 3)

Ahston

Plus qu’un simple tournoi, le Poker Players Championship vient couronner le joueur le plus complet, le plus polyvalent, celui qui maitrise le mieux toutes les variantes, tous les aspects et toutes les subtilités du jeu, bref… Le “PPC” détermine grosso modo qui est le meilleur joueur de poker.

Évidemment, ceux qui osent s’aligner sur le plus prestigieux des tournois (hors Main Event) sont tous des mastodontes, des “end-boss”, et bien entendu des gens capables de débourser 50 000 $ pour une partie de cartes.

Cette partie-là dure 5 jours, étalés sur des niveaux de 100 minutes où s’enchainent les coups de Hold'em, mais aussi de Stud, Razz, Omaha ou Deuce-To Seven. Nous venons de passer le troisième tour de piste, qui a permis notamment d’éclater la bulle et de viser la table finale d’un tournoi, longtemps dominé par Phil Ivey.

Ivey

Déjà gros à l’entame de la journée, l’homme aux dix bracelets WSOP a pris l’ascendant sur sa première table pour prendre précocement le chiplead.

Un premier gros coup de Omaha contre Johannes Becker, ce joueur allemand qu’on ne voit jamais sur les tournois classiques de Hold’em, préférant les parties très high stakes de Mixed-games Cash Game au Bellagio, où les limites montent à 10 000 - 20 000 $.

Ahston Johannes

Johannes Becker et Matthew Ashton ont l'habitude de se jouer sur les grosses parties de mixed-games cash games. Pour leur sortie annuelle en tournoi, les deux hommes répondent présents.

Les deux gros stacks de la table se mettent sur la tronche, avec une praline à 164 000 de Becker sur un board 9623. Ivey call. River 7, parpaing 492 000 Becker, la parole est sur Ivey.. « Combien tu joues derrière », demande Phil ? Pas de réponse et 10 secondes plus tard, “All-in” ! Becker n’a que 800 000 derrière, mais décidera de jeter sa main, après un mal de crâne de deux minutes.

Quelques moments plus tard, Ivey écrasera John Monette et Phil Hellmuth dans un pot 3-way de Deuce to Seven. Le fameux « draw one - stand path - stand path » fera folder les deux hommes sur le dernier tirage et Ivey passait les 3,5 millions.

Phil profitera de son stack pour appuyer sur la bulle, qui mettra plus de deux heures à éclater, en raison de la profondeur abyssale du tournoi et de la structure des jeux de Limit. Deux heures en enfer pour Nacho Barbero, sorti en 16e position sur un coup un peu crado.

Nacho

L'année 2023 est l'année Nacho Barbero. En revanche, elle ne comporte pas de 20 juin, effacé du calendrier.

Chipleader de la table télévisée, Talal Shakerchi en mettait un peu partout et open une énième fois dans un coup de PLO. Nacho tient un monstre AKQ10 et envoie le 3-bet 225 000, avec seulement 100 000 derrière. Talal tient une poubelle 10984s mais en Omaha, on a toujours 40%. Payé. Un board 85794 , trois paires à zéro pour Shakerchi. Nacho est le bubble-boy.

Talal Shakerchi

Le sourire amusé de Tala Shakerchi, après la sortie théâtrale de Nacho, qui marmonait quelque chose comme "tu dois vraiment ne pas m'aimer pour me payer avec des mains pareilles"

Vainqueur en 2013, et considéré par tous ses pairs comme l’un des boss de fin des Mixed Games, Matthew Ashton a profité des derniers niveaux pour chiper le chiplead à Phil Ivey. Le Britannique a doublé sur Josh Arieh (photo) dans la variante à laquelle il ne joue jamais, le No-Limit Hold’em. Matthew a laissé s’empaler Josh avec tirage quinte sur son brelan de neuf, puis a démontré son edge sur les autres variantes pour grinder progressivement près des 5 millions de jetons.

Arieh

Le quintuple champion WSOP et vainqueur de l’édition sera de la partie. Objectif 6e bracelet également pour Josh Arieh et Daniel Alei, tous les deux tapis moyen. Tala Shakershi, Johannes Becker et le guinder-tennisman James Obst reviendront aussi demain pour aller chercher une table finale.

Chipcount Mattew Ashton : 4 400 000 Hal Rotholz : 3 850 000 Phil Ivey : 3 200 000 Brian Rast : 3 080 000 Talal Shakerchi : 2 600 000 Daniel Alaei : 2 300 000 James Obst : 2 300 000 Josh Arieh : 2 200 000 Ray Dekharghani : 1 900 000 Kristopher Tong : 1 800 000 Johannes Becker : 1 650 000 Marco Johnson : 580 000

Monette Hellmuth

Phil Hellmuth et John Monette domptés par Phil Ivey dans l'après-midi. Les deux joueurs ont tout de même réussi à atteindre l'argent, mais pas le Day 4 de ce PPC

James Obst

Le grinder et ex-tennisman de haut niveau James Obst a beaucoup swingué aujourd'hui, mais le chipleader du Day 3 passe l'épreuve du jour.

Pay-out 1er : 1 324 747 $ 2e : 818 756 $ 3e : 573 679 $ 4e : 411 824 $ 5e : 303 071 $ 6e : 228 793 $ 7e : 177 294 $ 8-9e : 141 125 $ 10-11e : 115 477 $ 12e : 97 209 $

La vie en Droz

Une semaine de WSOP peut suffire à faire le plein de souvenirs et de plaisir. 10 ans après son premier Vegas, Benjamin Droz s’est offert un nouveau kiff avec son collègue Julien. Les deux médecins toulousains ont déjà enfilé les deep runs et voilà Benjamin à 20 left d’un bracelet sur l’improbable Mixed Omaha à 1 500 $. Une expérience unique, qui intensifie sa relation déjà passionnelle avec les variantes.

Event #45 : 1 500 $ Mixed-Omaha (Day 3)

Droz

On découvrait hier Rodney Assous, sur un tournoi où l'on ne s’attendait pas à voir beaucoup de Bleus. À 24 left du bracelet et de 250 briques, un autre grinder tricolore apparait au milieu de ce field presque exclusivement américain.

« C’est mon pote Benjamin, m’informe Julien, qui rail son acolyte depuis le début de journée. Il grind régulièrement online et il joue beaucoup en variantes. On est médecin dans la vraie vie, et on partage aussi cette passion pour le poker ».

Tandis que les floors annoncent le redraw à 24, je pars directement à la rencontre de cet amoureux des mixed-games. « Mon vrai terrain de chasses c’est le PLO, mais j’aime vraiment tous les formats, explique ce reg de cash game, connu sur notre room sous le nom « UrInTrouble ». UrInTrouble ? Un pseudo qui est déjà apparu dans notre coverage, dans la section mini-WSOP, puisque avant de débarquer à Vegas, Benjamin s’était parfaitement échauffé en remportant le premier tournoi 8-game du festival. Mais d’où lui vient ce gout pour les formats exotiques ?

« Je suis un “joueur né”, déclare Benjamin. Je jouais à la belote et au tarot dès mes six ans, j’ai toujours joué aux cartes, aux jeux de société, donc les variantes m’ont attiré tout de suite ».

Aujourd’hui, Droz vit sa plus belle partie de mixes-games sur un Day 3 WSOP. A 20 left du Mixed Omaha 1 500 $, le médecin est tout simplement piqué par les sensations du deep run. « Au-delà de l’argent, quel plaisr de jouer dans ces conditions ! Il n’y a que ici que tu peux enchaîner ces différents jeux sur un même tournoi. La structure est tellement belle, on a mis six niveaux avant de que le tapis de départ représente moins de 100 blindes. Et puis, j’ai joué des très bons regs, je pense que j’ai beaucoup progressé pendant le tournoi ».

En parlant d’émotions, Benjamin vient encore de s’offrir un tour de montagnes russes. « Je perds un pot à 2 millions en Big O. J’ai deux As avec un 8, lui, il a un A-2 avec un 8, et il me fait le dernier 8 du paquet pour me scoop » explique Droz. Main suivante, le Français part de nouveau à tapis… Et cette fois, c’est lui qui scoop son adversaire en faisant deux paires river avec A-2-5-7-Q contre A-A-3-5-J.

Shaun Deeb

Le Français revient près du million juste avant le re-draw, et s’apprête à découvrir ses nouveaux adversaires du jour. « Je n’ai pas encore joué de grands noms » affirme le joueur, tandis qu’en face de lui s’assoit un certain Shaun Deeb. Cinq minutes plus tard, Julien vient me rejoindre à la table des journalistes. « Benjamin a sauté contre Shaun Deeb ». Et bien voilà, il a rencontré un grand nom du poker.

« C’est surtout lui qui a rencontré le flop, explique Benjamin, qui n’a rien pu faire sur ce coup-là. On joue en PLO8, j’open A2J8, le flop vient 334 et il a A349 ».

Les deux hommes ont en effet floppé un monstre, Benjamin joue beaucoup de cartes pour partager, mais le low ne rentrera pas. Le beau parcours de Benjamin s’arrête en 19e position, pour 10 943 $.

« C’était beaucoup d’émotions, conclut Benjamin en retrouvant son collègue. Pas de regret sur ce coup, c’était une super expérience. Et puis, ça fait deux ITMs en deux tournois. - On avait prévu de broke 10k, et finalement, tu freerolls ton Vegas, remarque Julien, qui lui a terminé 90e du massif 500 $. - Oui. Mais il faut que j’appelle ma femme ! Elle rafraîchissait le chip count pour me suivre. Elle doit déjà être en train d’acheter des trucs, faut que je lui dise « stop » !

Benjamin retrouvera sa femme et ses enfants dans trois jours. Avant cela, une dernière sucrerie l’attend avec son pote Julien, puisque les deux hommes composeront la Team Médecin sur le Tag Team de demain.

Le prof de tennis smash son ‹ one-time ›

Le reg parisien réalise la perf d’une vie. Loïc Dobrigna a parfaitement géré l’ICM colossal de cette table finale pour gratter un à un les paliers. Le Français rend finalement les armes en 4e position, pour un gain stratosphérique de 410 493 $

Event #39 : 1 500 $ Monster Stack (Final Day)

Dobrigna

« Je ne sais même pas combien j’ai gagné, j’ai arrêté de regarder les paliers » confesse Loïc Dobrigna, juste après avoir retiré le petit ticket bleu lui permettant d’aller chercher son gain. Un coup d’œil au pay-out, tandis que nous cherchons une table pour débriefer cette perf.

« 410 mille ? Woahhh… 410 mille » répète Loïc, presque ébété par le chiffre. Le joueur est tout juste en train de sortir de la partie. Il reste quelques instants debout, sans dire mot, le temps de revenir à la réalité. « Ah là, ça change tout… Au niveau bankroll, au niveau de tout. Oh la vache ! ».

ICM et jeu de fond de court

Ce gain colossal est la récompense d’une table finale négociée avec patience et intelligence. Et lorsqu’on arrive sur l’ultime table d’un tournoi de plus de 8 000 joueurs, il s’agit surtout de répondre à un exercice d’ICM.

Dobrigna

« Honnêtement, à table, j’étais assez à la cool, retranscrit Loïc. Je jouais vraiment un poker basique. Il y a peut-être un ou deux spots où j’ai mal joué, ou j’ai été un peu trop tight. Je jouais purement l’ICM. Le mec qui était en dessous, il fallait qu’il bust avant moi. Quand le short passait, j’ai du folder beaucoup de mains intermédiaires, en sachant que les chipleaders allaient pouvoir me mettre la pression. Du coup, je laissais le jeu se faire ».

Une stratégie payante et parfaitement appliquée. Le prof de tennis a pratiqué un jeu de fond de court, sans prendre de risque, pour pousser ses adversaires à la faute. Il a ainsi assisté aux éliminations successives de Joe Cada (sur une petite horreur A-K craqué par A-J) puis de Joshua Adcock (sur une petite horreur A-K craqué par A-Q). En trente minutes, Dobrigna vient de s’assurer 130 000 $ de plus que ce qu’il avait sécurisé. Mais le tournoi ne s’arrête pas là.

Dernier en stack, le joueur sait pertinemment que la stratégie Björn Borg ne suffira plus. Loïc lâche ses coups, prend le filet et coupe les offensives adverses par des 3-bet claqués. Et par deux fois, Dobrigna fait le break.

Un premier double-up avec KQ contre le K10 de Jesse Rockowitz. Loïc revient à 45 millions. Vingt minutes plus tard, nouveau double up avec AK contre le AQ de Colin Robinson. L’Américain tombe à huit blindes et se retrouve sur la corde raide. Il se sauve in extremis sur un call bien hasardeux de Braxton Dunaway, chipleader et profil le plus récréatif de la table.

Open Dobrigna bouton, 3-bet shove Robinson et en grosse blinde, Dunaway décide de cold-call avec son K9. Un move qui fera fuir le A4 de Loïc, tandis que Colin doublait avec son A10 sur un board K423A.

Chipleader du début de journée, Nicholas Gerrity enchaine les coups perdus et se retrouve à son tour près des dix blindes après un gros affrontement contre Jesse Rockowitz. Vainqueur d’un WSOP 1 500 $ il y a douze ans pour 721 briques, ce même Jesse achèvera lui-même son compatriote sur un flip avec 22 contre A6. Loïc intègre le Final Four.

Monster Stack

Au coude à coude avec Colin Robinson, le Français parvient à placer deux re-steals pour grignoter quelques blindes et fait même un petit hero-call avec quinte sur un board avec quatre cœurs contre Rockowitz. Malheureusement, il voit son concurrent direct doubler sur un nouveau call audacieux de Dunaway, avec A2 contre le A10 de Robinson, qui termine en full.

Bon dernier, Dobrigna prend le spot de 3-bet bourton A2 avec ses 13,5 blindes sur un énième open CO de Rockowitz. En grosse blinde, Dunaway annonce le re-shove. Ça ne sent pas bon. En effet, cette fois, le chipleader a les papiers. Deux Dames qui trouveront le brelan sur le flop KQ8. Turn 3, drawing-dead, Loïc prend la 4e place, pour 410 493 $.

« J’espérais faire une belle perf’ comme ça depuis longtemps, affirme Dobrigna. Ça fait quand même pas mal d’années que je joue, et je n’ai jamais eu trop de réussite en tournois. Et puis, là, j’ai eu le droit un peu au bonheur. Malgré la souffrance pendant tout le tournoi, puisqu’hier en demi-finale j’étais quand même à deux doigts d’aller à l’hosto. Ça m’a peut-être servi d’ailleurs, puisque j’étais dans les vapes, j’attendais les bonnes mains et ça a suffi ».

« Je ne mange pas de solver au petit-dej »

Et maintenant, qu’est-ce qu’on va faire de tout cette oseille ? « Je vais voir. Je pense que je vais mettre une bonne partie de côté en mode investissement, pour avoir un truc régulier qui tombe tous les mois. Puis je vais mettre un peu sur la bankroll, pour faire des tournois un peu plus cher, mais pas beaucoup plus non plus ». Loïc ne compte pas s’installer tout de suite sur le plateau high roller. En revanche, un petit kiff sur le plus grand tournoi du monde est à l'ordre du jour.

Dobrigna

« A la base, je devais jouer un sat pour le Main Event et c’est tout. Je vais peut-être le jouer d’ailleurs ce sat. Mais si ça passe pas, je ferais peut être le Main. Le Vegas ne fait que commencer, c’est ça qu’est marrant », analyse Loïc, qui jouait, on le rappelle, le tout premier tournoi de sa campagne américaine. « À la base, je me suis dit 1 500 $, c’est un peu cher, je vais pas me cagouler direct… Mais la structure était tellement belle, je me suis dit bon vas-y, plutôt que de faire trois 500 turbo ».

Bien lui en a pris, Loïc vient de vivre une finale WSOP sur un tournoi mythique, avec tout ce qu’il va avec. Les caméras PokerGo, l’interview, les rails qui hurlent autour de l’estrade télévisée, avec d’ailleurs, un petit clan français venu encourager le copain. « Il y avait des anciennes connaissances de Paris, d’autres Français que je ne connaissais pas mais qui sont venus. C’est hyper cool, et ça donne un peu de force. Quand je faisais un play, je pouvais en discuter avec eux, puisque je suis pas pro. Je mange pas de solvers au petit dej, j’ai pas un niveau de fou. Donc je demandais des conseils, et ça me réconfortait ».

Dobrigna

Les copains l’attendent d’ailleurs après l’interview. Et quand on demande à Loïc s’il y aura célébration, l’amateur répond sobrement « je pense qu’on va faire un p’tit truc ouais. J’attends aussi pour appeler mes proches. Je sais qu’il y en a certains qui regardaient le streaming, je vais attendre une petite heure avant de voir leurs réactions ».

Monster Stack

1 500 $ Monster Stack - 8 317 entrées :

1er : Braxton Dunaway : 1 162 681 $ 2e : Colin Robinson : 718 649 $ 3e : Jesse Rockowitz : 541 376 $ 4e : Loïc Dobrigna : 410 493 $ 5e : Nicholas Gerrity : 313 297 $ 6e : Joshua Adcock : 240 695 $ 7e : Joe Cada : 186 149 $ 8e : Julien Loire : 144 928 $ 9e : Yulian Bogdanov : 113 597 $

Mais où s’arrêtera Boujmala ?

2023 serait-elle l’année Boujmala ? Après une finale EPT et une finale WSOP il y a cinq jours, Samy remet ça avec un Day 4 sur 3 000 $ No-Limit Hold’em. Un tournoi très relevé, promettant plus 717 879 $ au vainqueur. Le Sudiste revient sur cette nouvelle journée de combat, à l’aube d’une journée de poker où il pourrait encore affoler les compteurs.

Event #44 : 3 000 $ No-Limit Hold'em (Fin de Day 3)

Boujmala

En ce moment, on fait des interviews de lui tous les deux jours. Et pour rien au monde, on voudrait que ça s’arrête. Dernier français en lice, Samy Boujmala a bataillé durement ce mercredi pour arracher sa place au Day 4 d’un tournoi aussi ardu que juteux.

109 joueurs au coup d’envoi de la journée, tous assurés d’un min-cash et 10 heures plus tard, ils ne sont plus que quinze. Samy apparait dans cette liste de survivants. Avec petit stack de 12,5 blindes, certes, mais puisque l’average est à peine deux fois supérieur, son tapis lui permettra largement de se mêler à la course. Mais avant d’envisager demain, voyons déjà ce qu’il s’est passé aujourd’hui.

« Je démarre avec 660 000, à peu près la moyenne, rembobine Samy. Ça s’est bien passé au début. Je gagne un flip d’entrée AK contre 88. J’ai re-draw est j’ai chatté la plus belle table du field, je pense. Ça m’a permis de monter à 2 millions. Puis à partir de 40 left, ça a commencé à être compliqué. Les tables étaient plus dures et j’ai longtemps été card-dead. J’ai passé une bonne partie de la journée à fold, ce qui m’arrive rarement ces temps-ci » poursuit le joueur, faisant référence à son run du moment.

Malgré le peu de jeu, Samy a pu gratter les jetons sur ce qu’il identifie comme “deux coups clefs”. Il nous détaille d’ailleurs son “thinking process” sur ce premier spot, avec paire de 33.

Boujmala

« Je suis bouton et j’ai 24 blindes, contextualise le joueur. Déjà, je ne sais pas vraiment quoi faire dans cette situation. Tapis me parait être un spew et paire de 3 ça joue très mal post-flop, mais je le prends quand même en min-raise. La big blinde, un joueur compétent, me 3-bet size. Je me dis qu’il ne va pas induce beaucoup de paires. S’il a 6-6, 7-7, 8-8... Il va jam direct. Il va commencer à induce peut-être 10-10, et même deux As, je pense qu’il va call une partie du temps avec ces stack-sizes… En termes de combos, je suis pas mal à 4-bet shove ici. Il fold et ce spot me permet de repasser à 30 blindes ».

Quelques tours de folds plus tard, Samy reprend un spot de re-steal “un peu aggro” avec KQ 14BB MP face à un open UTG. Ça passe encore.

« Ce n'est pas trop standard en full-ring et à un stade avancé du tournoi. Mais ces mains-là m’ont permis de me maintenir dans la course. Puis sur le dernier level, un short fait tapis 6 blindes et je lève AQ au HJ. Je re-shove, il a A8, je fais la dame tout de suite, drawing-dead turn, et grâce à ce coup-là, je passe la journée ». Une fin de Day difficile, à jouer très peu de mains, mais Boujmala sera bien au Day 4 de cet énorme 3 000 $, avec 2 525 000 jetons, sur les blindes 100 000 - 200 000. Face à lui, un Shanon Shorr super-stack, un Aram Oganyan chipleader, des grinders hongrois et bulgares diaboliques, le redoutable Jon Van Fleet ou encore le vainqueur PSPC Aliaksandr Shylko. Clairement, Samy commence à boxer dans la catégorie des poids-lourds.

Jorstad Shylko

De jolis duels Champion du monde WSOP vs champion PSPC en late-game de ce 3 000 $

« Déjà au Day 2, j’ai joué l’une des tables les plus dures de toute ma carrière. Aujourd’hui rebelote, j’ai eu beaucoup de joueurs très bons. Jon Van Fleet, (Aliaksandr) Shylko, tout ça c’est très solide, mais c’est kiffant de jouer ces fields-là ».

Evidemment, la confiance accumulée par ses résultats récents change la donne au moment d’aborder ces parties à haute pression.

« Avant le Day 3, j’ai fait ma petite séance de sport, la piscine, et je me disais “je viens pour Battle”, pas pour gratter des paliers. Ça n’aurait pas été le cas il y a trois mois. J’aurais été plus frileux. J’aurais joué, mais pas aussi bien qu’aujourd’hui. Le spot avec paire de trois par exemple, je ne l’aurais pas pris. Et ce sont des mains qui font la diff’ ».

Demain encore, Samy arrivera en conquérant, même si son stack ne lui permet pas d’adopter une stratégie très agressive, dans un premier temps. Après un premier essai sur le 3 000 $ 6-max, Samy s’offre déjà une nouvelle balle de finale WSOP. Et pourquoi pas demain, une balle de bracelet ?

MC Papo kick ça d’entrée

12 heures à peine après avoir posé le pied sur le sol américain, Alejandro Lococo se retrouve déjà en finale d’un tournoi WSOP… Et même super-chipleader, à 9 left de 270 patates, et d’un bracelet.

Event #49 : 1 500 $ Super Turbo Bounty

Papo MC

Voilà un homme qui ne perd pas de temps. A 12 H, MC Papo atterrissait à l’aéroport Mc Carran de Las Vegas. À 15 H, il s’asseyait pour jouer son premier tournoi des WSOP, un Turbo Bounty à 1 500 $, de plus de 2 000 joueurs. À 1H du matin, il arrivait en table finale, avec trois averages, plus que jamais en position d’aller chercher son premier bracelet.

« J’ai la chair de poule au moment où je te parle, confesse le freestyler. Pour te situer le contexte, j’ai atterri à Las Vegas à midi aujourd’hui. Là, tel que tu me vois, en tongs-jogging, je ne me suis toujours pas lavé, je ne suis toujours pas allé dans ma maison, je ne me suis pas changé… Je suis descendu de l’avion et je suis arrivé ici, au Paris. Et là, me voilà déjà en table finale ! C’est magnifique, c’est incroyable ! ».

Atteindre l’ultime table d’un tournoi des Championnats du Monde de 2 226 joueurs est une prouesse qui demande bien des ressources et beaucoup de chance. Mais avec MC Papo, on ne s’étonne plus. Dans le rap-game, il était déjà un phénomène. Depuis son arrivée dans le poker, Papo enchaine les exploits herculéens et terrasse tout sur son passage.

Finaliste du Main Event (6 650 entrées), back-to-back Day 5 l’année suivante, vainqueur Eureka Prague (plus de 3 000 entrées)… En deux ans, Lococo nous a habitué à l’impossible. Avec lui, choper son premier bracelet dès le deuxième jour de son arrivée, sur son premier tournoi, ne semble pas hors de portée.

L’histoire aurait même pu être réglée avant même sa première nuit à Vegas. Mais les floors ont décidé de stopper la partie une fois atteint la table finale officielle, à neuf joueurs. Une élimination, donc, et les neufs héros ayant survécu à cette grande boucherie reviendront ce jeudi à 14 heure locale, pour la bataille finale, sous les projecteurs de PokerGo.

Papo Bigot

« Je suis très content. Je crois que j’ai très bien joué aujourd’hui. Bon, j’ai eu de la chance dans un moment important en demi-finale (A10 vs AK pour le pot du chiplead, Papo fait trois carreaux au flop), mais il en faut toujours pour arriver si loin dans ces tournois ».

Avec 45 blindes et un large chiplead pour attaquer la finale, le phénomène Papo caresse déjà son rêve de bracelet et viendra demain en mission. « Mon objectif ? C’est déjà de bien dormir. Je ne veux pas refaire l’erreur de la finale du Main Event, où je n’avais pas vraiment dormi. Je vais me prendre un bain, bien manger et arriver frais demain pour viser le bracelet ».

Bigot

Sur les dix joueurs apparaissant au casting de la table finale non-officielle, un allait donc être privé de table télévisée. Malheureusement pour la France, c’est un grinder bien connu du poker hexagonal qui termine à la mauvaise place. Fabrice Bigot s’est fait détruire par le run sur la dernière heure et échoue aux portes du Day 2, en dixième position.

Yepaki a enchainé un flip perdu, puis un duel A-8 vs A-6 pour le pot du chiplead, où son adversaire trouvait le 6 river. Arrivé en finale, il perdait un premier spot contre un shortstack avec A10 contre QQ… Puis cinq minutes plus tard, un nouveau spot avec A10… contre QQ. Fabrice ne trouvera jamais son As et se contente d’une place d’honneur, pour 18 891 $, sans compter les bounty. « C’est dommage, c’était un beau deep run. J’ai déjà fait trois Day 2 et deux Day 3 sur ce début de festival. Ca se passe bien, mais il manque la finition. J’attends les grosses opportunités sur les plus gros buy-in, notamment le Main Event et le 10k 6-max » commente Fabrice.

Lewis

D’autres Français composaient les dernières tables de ce massif Turbo Bounty. Spécialiste de ce format, dans lequel il remportait un bracelet mémorable il y a deux ans, Romain Lewis n’était pas loin de remettre ça sur la version à 1 500 $. Un 70-30 malheureux a malheureusement eu raison des derniers jetons de notre Team Pro. Le parcours de Romain s’arrête en 24e position pour 9 817 $ hors bounty. Un bel essai pour rLewis, qui filera dès aujourd’hui vers San Diego pour sa traditionnelle coupure, avant d’attaquer la deuxième mi-temps de ces WSOP.

Chipcount :

Alejandro Lococo : 15 550 000 Will Linden : 8 850 000 Chen Lin : 7 700 000 Danny Scott : 5 250 000 Michael Burns : 5 000 000 Tony Gargano : 4 325 000 Pengfei Wang : 3 925 000 Kenneth Maurer : 3 400 000 Frank Loagodich : 1 750 000

Blindes : 150 000 - 300 000 Ante 300 000

Pay-out :

1er : 270 700 $ 2e : 167 339 $ 3e : 123 198 $ 4e : 91 558 $ 5e : 68 693 $ 6e : 52 034 $ 7e : 39 799 $ 8e : 30 760 $ 9e : 23 978 $

La positive gratitude

Shortstack, Samy Boujmala n'a pas réussi à se refaire une santé (14e pour 30 873 $) Le Français s'approche toujours plus d'un grand titre Event #44 : 3 000 $ NLHE (Day 4)

Boujmala
Ce ne sera toujours pas pour cette fois... Déjà 6e de l'Event #32, Samy Boujmala passe encore à côté d'un premier bracelet WSOP. Après un Day 3 qu'il avait terminé en position de shortstack, le Français a repris la partie ce jeudi matin avec 13 blindes (12e sur 14 au chipcount), un stack qu'il n'a pas pu maintenir à niveau. Résultat, il se retrouve à 8 blindes au moment où Levante Szabo relance à 400 000 au bouton. En Small Blind, Samy découvre AQ, une main largement suffisante pour tout envoyer. Le finaliste EPT va cependant attendre une minute avant d'annoncer all-in, espérant sans doute gagner le palier à 8 000 $ si un joueur sautait lors de la main jouée simultanément sur la seconde table. Mais il finit par pousser ses jetons au milieu : sauf que le Hongrois, lui, ne pouvait pas payer plus vite avec KK. Une main qui reste devant à l'issue d'un tableau 75425. "C'est un setup, ce n'est pas discutable, analysait Samy après coup. Et mon adversaire est agressif, il peut avoir un moins bon As..." Samy Boujmala est donc le premier éliminé d'un Day 4 bien trop court qu'il achève en 14e place pour 30 873 $.

Table
Mais ce nouveau deep run sans victoire ne décourage pas Samy, bien au contraire : "Là, j'ai joué solide. Ça va venir bientôt, j'attends le Main Event", nous expliquait-il quelques minutes après sa sortie, le sourire aux lèvres. "La chasse aux bracelet n'est pas finie. On pourrait être frustré avec ce genre de perf, mais il ne faut pas avoir cette mentalité. On peut patienter une vie entière pour cela. Je mesure la chance que j'ai. Je suis plein de gratitude." Car Samy réalise en effet un Vegas satisfaisant, après sa finale sur le 3k 6-max il y a huit jours, qui lui avait déjà rapporté 90 791 $. "Je fais de bons WSOP. Mon Vegas se passe plutôt bien. L'an passé, c'était déjà réussi, mais cette année c'est encore mieux. Je suis assuré de rentrer positif, alors je suis plus serein." Il faut dire que Samy s'est donné les moyens de réussir pour cette campagne vegassienne 2023 : "J'ai mis plein de choses en place. Je me suis fait coaché, je fais beaucoup de sport... En résumé, j'ai une meilleure hygiène de vie." Et cela semble donc payer, même si un titre majeur se fait toujours attendre.

Pour la suite des WSOP, Samy Boujmala va commencer par le Tag Team à 1 000 $ qui débute aujourd'hui, et qu'il va jouer avec son meilleur ami. Il a aussi coché le 5k 6-max à son programme, avant le Main Event évidemment. On espère le revoir très vite, pour au moins une nouvelle finale !

Mandavia
Samy a été suivi dans le rail par Ankush Mandavia (11e pour 48 109 $), qui réussit sa 5e place payée des WSOP. Rappelons que 717 879 $ sont promis au vainqueur du tournoi

Shorr
Shannon Shorr est le dernier grand nom en lice dans ce 3 000 $ : après deux secondes places en 2008 et 2019, l'Américain court toujours après son premier bracelet WSOP

Cinq majeur

La dénouement du PPC sera connu ce jeudi à l'issue du Day 5 Cinq joueurs de haut niveau veulent s'adjuger l'un des plus prestigieux bracelets des WSOP et 1,3 million de dollars Un amateur mène les débats : Talal Shakerchi Event #43 : Poker Players Championship 50 000 $ (Finale)

PPC
On ne va pas se mentir : à la fin du Day 4 disputé hier, tout ceux qui suivent la finale du tournoi le plus difficile des World Series ont eu un petit pincement au coeur, au moment de l'élimination de Phil Ivey en 6e place. Non, celui qui fut longtemps considéré comme le GOAT n'allait pas pouvoir tenter de remporter son 11e bracelet WSOP, celui qui aurait été le plus prestigieux à son palmarès. Dommage pour le spectacle et l'impact médiatique de ce Poker Players Championship.

Mais le PPC, vous le savez, c'est un tournoi qui réunit la crème de la crème. Alors autant vous dire que le casting de cette finale à cinq vaut tout de même son pesant de cacahuètes. Un riche businessman chipleader, un joueur en quête d'un triplé PPC, un autre visant le doublé... La partie promet d'être passionnante, avec plus d'1,3 million de dollars à aller chercher. On vous présente tout ce beau monde, dans l'ordre du chipcount, et avec l'aide du site des WSOP.

Talal Shakerchi (UK) 10 170 000 jetons

Shakerchi
Gros régulier de la scène High Roller, l'Anglais n'est pas pour autant un joueur professionnel, mais un businessman qui investit une partie de sa fortune pour disputer les plus beaux tournois de la planète. Le voir en tête du PPC à cinq joueurs restants constitue donc une demi-surprise, même s'il a déjà prouvé ses compétences depuis le début de l'été en terminant 5e du Razz Championship et 11e du Super High Roller à 50 000 $. Talal a déjà gagné plus de 12 millions de dollars en tournoi live et de jolis titres sur Internet. Le facteur X de cette finale, à n'en pas douter.

Matthew Ashton (UK) 7 380 000

Ashton
Ce PPC, Matthew Ashton l'a déjà remporté : c'était en 2013. Pour rejoindre Brian Rast, l'un de ses adversaires du jour, au palmarès de ceux ayant déjà gagné deux fois le tournoi, l'Anglais dispose du second tapis, et surtout d'une grosse expérience sur cette épreuve : ses deux derniers deepruns WSOP ont été réalisés sur le PPC l'an passé (8e pour 155 421 $) et en 2017 (8e également, pour 164 286 $). Le pote d'Alexandre Luneau et Seb Sabic, que vous aviez peut-être aperçu dans le documentaire Nosebleed, est un favori naturel dans cette finale, après avoir dominé le Day 3 notamment.

James Obst (Australie) 5 110 000

Obst
Lui aussi est une légende du poker online, et il est en train d'en devenir une en live. Par ses résultats tout d'abord : James Obst joue rien de moins que sa troisième finale WSOP de l'été, après deux TF sur des events d'Omaha Hi-Lo, sans oublier deux tops 20 en Razz et sur le Dealer's Choice Championship. Vous l'aurez compris, les variantes, ça le connait. Mais surtout, ces performances ont été réussies alors qu'il revient tout juste sur le circuit après avoir tenté sa chance... comme joueur professionnel de tennis. Un titre PPC montrerait qu'il a bien fait de revenir à ses premiers amours. James détient déjà un bracelet WSOP à son palmarès.

Brian Rast (USA) 4 545 000

Rast
Ce PPC, Rast l'a déjà gagné à deux reprises. Nominé au Poker Hall of Fame l'an passé, l'Américain aimerait évidemment réaliser la passe de trois et rejoindre Michael Mizrachi au palmarès, ce qui lui donnerait une meilleure chance d'être élu. Il compte cinq bracelets WSOP en tout, et peut devenir le 9e joueur à en détenir, une perf déjà réussie par Shaun Deeb cet été. S'il ne dispose pas du plus gros tapis, a-t-on-vraiment besoin de préciser qu'il n'est pas une bénédiction pour ses adversaires ?

Kristopher Tong (USA) 2 500 000

Tong
Peut-être le joueur le moins réputé de cette finale : et pour cause, son dernier deep run aux WSOP date d'il y a dix ans, une seconde place sur un tournoi d'Omaha/Stud Hi-Lo 8 or Better à 2 500 $. Il avait d'ailleurs devancé, Matthew Ashton, 3e. L'Américain est d'ores et déjà assuré de banquer son plus gros gain en live.

Les prix restants à distribuer

Bracelet
Vainqueur : 1 324 747 $ Runner-up : 818 756 $ 3e : 573 679 $ 4e : 411 824 $ 5e : 303 071 $

Quatre mousquetaires armés de quatre cartes

Event #50 : 10 000 $ Pot-Limit Omaha Championship (Day 2)

Sonny, Rabah, Mika et Bruno. Voilà notre carré d’As bleus en lice sur le PLO Championship. 733 entrées dans ce tournoi, un total éloquent, supérieur de 50 unités à celui de l’an dernier. Ça devrait faire un beau 1,3, peut 1,4 millions de dollars à la gagne.

Franco

Quatre Français peuvent encore prétendre au magot, alors que les deux tiers du field ont déjà disparu. Pour mener le quatuor, Sonny Franco. On connait le talent du garçon en Hold’em, lui qui remportait pas plus tard que la semaine dernière un 1 100 $ Turbo au Wynn pour 48 bâtons. On le sait moins, mais Sonny n’est pas malhabile non plus avec quatre cartes en mains.

« Je joue souvent en Omaha en privé… Presque tous les jours en fait » confie Sonny, qui avait d’ailleurs pris l’un de ces cinq bagues WSOP-C sur un 300 €à Cannes.

Franco est actuellement assis devant un beau 280 000 jetons, soit 4,5 tapis de départ. Pas de gros coups à signaler, Sonny a simplement réalisé un bon Day 1 et continue de monter les jetons progressivement, sur une table où je ne reconnais personne. « Moi non plus, je ne les connais pas » sourit Sonny, dont la connaissance du field américain d’Omaha demeure succinte.

Field

L’armée du jour présente pourtant de nombreuses stars. Sam Soverel, Roman Hrabec, Jeremy Ausmus, Dash Dudley, Sean Winter, Scott Bohlman, Anthony Zinno… Tous ces grands noms apparaissent dans haut du chip count. Côté français, notre étoile du Omaha répond au nom de Bruno.

Fitoussi

Un tournoi de ce calibre ne pouvait en effet se tenir sans le “King” Fitoussi. Pour l’instant, Bruno a passé l’essentiel de son tournoi sous le tapis de départ mais le joueur fait valoir ses qualités de résistance pour rester dans la course.

Rodrigues

Pour compléter le quatuor, deux autres Français assis à la même table. Après avoir pris quelques précieux points hier en deeprunant le 1 500 $ Turbo Bounty, Mika Rodrigues repart au charbon sur le PLO 10 000 $, pour poursuivre sa course au “POY”. Pour l’instant, le Franco-Portugais est deuxième, seulement devancé par Ian Matakis. Et encore, les perfs de l’Américain ont surtout été réalisés “online”.

Abdelmalek

Mal parti, Mika revient petit à petit à un tapis décent, sous le regard de Rabah Ait Abdelamalek. Le vainqueur du High Roller WiPT 2017 monte les jetons lentement mais surement, avec un peu moins de 200 000 jetons à l’aube du niveau 2 000 - 4 000.

Joao

Un membre du Team pour représenter le W rouge sur ce tournoi. Joao Vieira a late-reg hier sur l'avant-dernier niveau. Deux heures plus tard, le Portugais comptait trois tapis de départ. Démarrage de Day 2 un peu plus compliqué pour Naza, mais le Portugais conserve un stack plus que décent pour faire parler la poudre.

Kabrhel

Voilà un homme qui fait beaucoup parler dans les couloirs du Horseshoe. Depuis ce fameux High Roller, dont il finissait 3e pour 2 279 038 $, Martin Kabrhel est sous le feu des critiques, certains pointant du doigt son comportement à table, d’autres le soupçonnant même de marquer les cartes. Le chien aboie, la caravane passe. Le Tchèque est revenu sans problème aujourd’hui sur ce 10 000 $ PLO et ne semble pas vouloir la jouer plus discrète. Entre ces sessions étirements au milieu de la salle et son moulin à parole, qui débite les inepties tel une mitraillette, Martin Kabrhel attire les regards et l’attention… Mais pas trop les jetons. 70 000 pour le champion Tchèque, qui a d’ailleurs un petit mot pour Winamax. « Comment ça, vous n’êtes pas Pokernews ? Ahhhh, Winamax ! Je suis un bon ami de Mateos, c’est le meilleur ! Est-ce que je pourrais venir dans votre équipe ? Pour 20 millions par an, je signe. Allez, 18, parce qu’Adrian est un ami ».

Il faut bien que vieillesse se fasse

Le tournoi réservé aux "50 ans et plus" a déjà battu son record de fréquentation Plusieurs Français tentent de profiter du spot pour décrocher un bracelet Event #48 : Seniors Championship NLHE 1 000 $ (Day 1B)

Seniors
7 188 entrées : l'an passé, le Seniors Championship des WSOP avait attiré les foules, c'est le moins que l'on puisse dire. Et en 2023, l'embellie continue : le record d'entrées est d'ores et déjà battu ! Ils étaient en effet 3 962 joueurs et joueuses âgés d'au moins 50 ans à prendre part au Day 1A, alors que le compteur du Day 1B affiche déjà plus de 4 100 entrées ! La barre des 8 000 inscriptions est donc d'ores et déjà franchie, et le futur vainqueur, qui succèdera à Eric Smidinger, encaissera un gain supérieur à 700 000 $, une très belle somme pour un tournoi à 1 000 $ l'inscription. Il est encore possible de s'inscrire jusqu'au dinner-break dans une heure... Lors de la journée d'introduction hier, 730 joueurs ont rejoint le Day 2 : Mark Seif a terminé dans le top 10, tandis que des joueurs comme Lee Markholt, Allyn et Barry Shulman, JJ Liu, Victor Ramdin, Billy Baxter, Mike Matusow, Hoyt Corkins, "Miami" John Cernuto, ou encore les Français Antonin Teisseire et Remy Biechel, se sont également qualifiés la suite de cette épreuve prévue pour durer... cinq jours. Des mecs qui avaient pour certains 15 ou 20 ans de moins quand on les a découverts...

Prenez Mike "The Mouth", par exemple : votre serviteur l'a découvert en 2005, lorsqu'il terminait 3e du Tournamenf of Champions remporté par Mike Sexton, et qu'il gagnait le WPT World Championship l'année suivante : aujourd'hui âgé de 55 ans, l'Américain en avait donc environ 38 à l'époque... Presque l'âge de l'auteur de ces lignes désormais, à un an près. Rémy Biechel, lui, c'est véritablement en 2008 qu'on l'a découvert, quand il se classait 12e du WPT Grand Prix de Paris avant de remporter un Side Event de la grande finale du Partouche Poker Tour : il avait à l'époque 40 ans (il en a 54 aujourd'hui). En revanche, Hoyt Corkins et son stetson, on les a spotté pour la première fois lors du WPT Legends of Poker en 2006 (Hoyt avait déjà gagné un WPT à l'époque, et en regagnera un autre par la suite). Il avait 45 ans, et a aujourd'hui l'âge de jouer le Super Senior Event, réservé aux joueurs âgés d'au moins 60 ans.

Benveniste
Parmi les autres futur papys présents aujourd'hui, Bruno Benveniste, du haut de ses 55 ans, confie qu'il joue le Seniors pour la première fois. "Le niveau est faiblard, constate l'ancien boss du magazine Poker52. Il a la réputation d'être l'un des tournois les plus faibles des WSOP. Ça fait souvent limp-call, limp-call, ça relance 3 ou 4x préflop... Si tu as une overpair, tu prends trois streets de value, on va toujours te payer avec la top paire. Il faut toucher du jeu dans ce genre de fields. C'est comme ça avec huit joueurs sur dix." Habitué des voyages à Las Vegas, Bruno confie qu'il est venu ici pour "s'amuser, faire des tournois rigolos, comme le Big O ou le Omaha Hi-Low." Pour l'instant, on n'a pas eu trop l'occasion de parler de Bruno dans ces World Series (3 places payées WSOP en carrière). En espérant pour lui que cela change avant le Main Event, que Bruno ne jouera pas cette année.

Sepé
En revanche, Mickael Sepé, lui, n'est pas un reg de Las Vegas. A Sin City, ce joueur de Bandol multiplie en réalité les premières fois : "C'est ma 1ère fois à Vegas, la première fois que je fais un gros tournoi, et même que je fais un gros voyage. Un ami m'a dit qu'il y allait tout seul, mais j'ai senti un regard insistant. Du coup, je me suis organisé... Mais je n'ai pas 50 ans, faut pas le dire", blague Mickael, qui loge au Sahara pour son baptême du feu, un hôtel en dehors du Strip, situé vers Downtown. Il faut dire que le Sudiste est de bonne humeur : ces WSOP, c'est un kiff total pour lui. "Je suis sur un nuage. C'est un rêve qui se réalise. Je joue depuis dix ans, et j'ai attendu d'avoir la cinquantaine pour venir. Mon premier mot de passe sur Internet, c'est "Las Vegas." Débarqué il y a une semaine, Mickael (officiellement Michael sur son ID) confiait tout de même avoir du mal à s'adapter au décalage horaire, l'un des petits désagréments du séjour : "C'est impossible de dormir, je suis déphasé."

En temps normal, Mickael, qu'on repère à table grâce à un sweat griffé "Pasino", confie qu'il joue des petits tournois live dans le casino de sa ville, Bandol donc (tous ses résultats sur Hendon Mob ont été enregistrés ici), mais aussi à Aix-en-Provence, ainsi que des parties entre amis. Et ce n'est pas parce qu'il vient à Vegas pour la première fois qu'il va s'autoriser trop d'écarts : "J'ai travaillé pour ça. J'ai un budget bien calé." Commercial dans la menuiserie, il nous a confié avoir déjà cash le MGM 400 il y a trois jours. "Il y avait 232 joueurs, j'ai fini 17e pour 1 100 $", précise le Provençal, qui nous explique qu'il s'est préparé pour Vegas en matant Dans la Tête d'un Pro. "Dès que j'ai su que je venais, je m'y suis mis. Je trouve ça très bien foutu !" Plus qu'à imiter les acteurs de la Série cartes en mains...

Dans le field du Day 1B, on a également croisé d'autres Tricolores, qui vont tenter de faire mieux que Jean-René Fontaine, runner-up en 2019 :

Abécassis
Notre ancien Team Pro Michel Abécassis

Huet
Gilles Huet

Boatman
Mais aussi quelques pros ou anciens pros bien connus, comme Barny Boatman

Pham
David Pham. Souvenez-vous de la finale du PCA 2008, gagnée par Elky : "The Dragon" avait alors 40 ans...

On nous signale également la présence de Slimane Mamèche, Jean-Paul Pasqualini, du reg parisien Luca Dal Cerro, ainsi que d'Humberto Brenes, Dara O'Kerney, Greg Raymer, Alexander Dovzhenko...

Blue Hair
Une coiffure de "djeuns" : voilà qui change des cheveux blancs