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WSOP 2023 : c’est parti !

Las Vegas redevient la capitale de la planète poker Winamax sera sur place à partir du 9 juin jusqu'à la fin du Main Event !

WSOP 2023 Coverage Bandeau

Tout va très vite en cette période qui nous amène vers le début de l'été. Emboîtant immédiatement le pas à un SISMIX Marrakech record conclu par la victoire du local de l'étape Issam Benhaddou, la 54e édition des World Series of Poker a démarré pied au plancher du côté des casinos Paris et Horseshoe (ne dites plus Bally's) de Las Vegas. Cette fois, point de pendaison de crémaillère ni de repérage des lieux : les Championnats du Monde sont désormais pleinement chez eux sur le Strip, prêts à s'étaler jusqu'au 18 juillet, le long d'un programme toujours plus rempli de 95 tournois. En ligne de mire, comme chaque année, un nouveau record de fréquentation, provoqué notamment par l'ajout du tournoi le moins cher de l'histoire des World Series, le Gladiators of Poker à 300 $ et sa dotation garantie de 3 millions de billets verts. Si l'on ajoute à cela le retour du Super High Roller à 250 000 $, les WSOP seront encore et toujours le festival du grand écart et de la démesure.

L'organisation n'a pas attendu le lancement du Main Event pour rendre un premier hommage à Doyle Brunson, disparu peu avant le coup d'envoi de ces World Series.

À l'heure où sont tapées ces lignes, deux joueurs ont inscrit leur nom au palmarès de cette mouture 2023, un Français est passé tout près d'un podium et d'autres sont déjà bien en place (Sonny Franco, Jonathan Therme et autres Julien Pérouse, on vous voit). En ce qui nous concerne, retardés par notre petite escapade marrakchie, il nous faudra attendre encore quelques jours avant de pouvoir fouler la moquette de ces deux casinos mythiques : notre reportage sur place débutera le vendredi 9 juin, par l'intermédiaire de Fausto, qui sera progressivement accompagné de Rootsah, Harper, votre serviteur, Benjo et notre photographe de choc Caroline Darcourt. Comptez sur nous pour vous raconter les petites et les grandes histoires de ces WSOP, en plus de quelques petites surprises à l'écart du Strip, jusqu'à la conclusion du Main Event le 17 juin.

C'est bien simple, si vous ne devez garder qu'un seul lien sous le coude de tout cet été, c'est celui-ci. Résultats, portraits, interviews, enquêtes, chroniques, en texte, photos et vidéos : nous ferons tout notre possible pour nous aventurer partout où il sera nécessaire, jusque sur nos tables online où certains ne se sont pas privés de récolter les premiers bracelets Mini WSOP. Faites-nous confiance pour abreuver toutes vos matinées et d'éclairer toutes vos nuits blanches d'infos de premier ordre 100% vegasiennes. So, may we start?

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Horseshoe, deuxième ferrage

Les World Series of Poker ont repris leurs droits dans leur dernière maison, tout juste renommée Horseshoe (fer à cheval). Quelques nouveaux réglages pour cette deuxième chevauchée sur le Strip. L’édition 2023 est partie au grand galop, annoncée comme l’année de la confirmation, ainsi que de tous les records.

Horseshoe

« Ca fait 25 ans que j’habite ici et chaque jour je vois Vegas se transformer » me raconte Dominique, ma chauffeuse Uber qui m’emmène ce midi devant l’entrée du Paris. Les lotissements grignotent chaque année un peu plus le désert du Nevada, les nouveaux restaurants, enseignes et business en tout genre fleurissent et les immenses tours continuent de pousser tels des champignons. L’année dernière, on découvrait le rouge du Resorts World, l’hôtel le plus couteux et plus luxueux jamais ouvert sur le Strip. Bientôt, ça sera le bleu du Fontainebleau, dont les initiales “fb” sont déjà imprimées sur les vitres de ce qui sera, le plus grand hôtel de Vegas.

Strip

Dans cette ville en constante métamorphose demeurent certains montrent légendaires. Des institutions qui ont fait l’histoire de « Sin City » et qui continuent de rythmer son quotidien, chaque été, depuis des décennies. Les World Series of Poker fêtent cette année leur 54e anniversaire, dans leur nouvelle maison partagée entre le Paris et le Bally’s, nouvellement baptisé Horseshoe.

Trouver fer à cheval à son pied

L’année 2022 fut celle du grand déménagement, après 16 années passées au Rio. Une première réussie. Les WSOP ont pris possession des lieux et reviennent cette année dans leurs nouveaux quartiers, pour cette édition 2023, celle de la confirmation.

Paris

« C’est surtout qu’on a une année de recul pour voir ce qui s’est mal passé, commente Gregory Chochon, vice-président des World Series of Poker. Parce que l’avantage du Rio, malgré tout, c’était que ça faisait presque 15 ans, donc on savait vraiment comment optimiser chaque endroit, chaque pièce. L’année dernière, on était un peu tâtons : “ou est-ce qu’on fait les Day 1 ? Comment transvaser d’une salle à une autre pendant les tournois ?” Cette année, on a pu améliorer ces points-là ».

La mise à niveau porte aussi sur l’aspect matériel, notamment côté Horseshoe (ancien Bally’s), un établissement historique du Strip, et qui fêtera en fin d’année les 50 ans de son ouverture (sous le nom à l’époque de MGM Grand).

« On a réparé la clim, on a mis une nouvelle moquette, toutes les chaises sont neuves… On a aussi modernisé la signalétique côté Paris. Fondamentalement, on n'a pas changé grand-chose, mais on a cette année de recul, les équipes ont un peu plus d’expérience et on peut mieux maitriser la partie technique et logistique » poursuit le patron des World Series.

On ne change pas non plus un programme qui gagne : A quelques exceptions près, le calendrier est le même que l’année dernière. Signalons tout de même le déplacement du Million Dollar Bounty (à 1 000 $) dès l’ouverture du festival, ainsi que l’arrivée d’un tournoi très attendu des amateurs de Mixed-Game : Le Badugi à 1 500 $. Le premier champion de la variante sera d’ailleurs sacré aujourd’hui, puisque la table finale se dessine au moment même où je termine ces lignes. Et on en reparlera très vite.

TV Spot

Pour ce qui est du plan de bataille, les armées de joueurs seront toujours réparties entre les trois grandes salles : La Paris Ball Room, la plus grande salle de tournois au monde, et les deux espaces du Horsehoe : la Ballroom et l’Event Center, où se dérouleront tous les Final Day, sur les espaces télévisées. Un petit détail tout de même, sur la stratégie des Day 1, qui se joueront désormais en partie dans la Ballroom du Horseshoe, afin de limiter les déplacements d’un casino à l’autre lorsque les tables cassent.

« Paris est la plus belle salle, donc tu te dis c’est celle que tu veux remplir d’abord. Mais entre la zone "Purple" High Roller qui restent au Paris, ainsi que les tournois de l’après-midi, c’était plus logique de faire l’inverse, explique Gregory Chochon. Il y aura donc plus de Day 1 cette année dans la Ballroom. Après, quand on peut tout garder au Paris jusqu’à la fin de la journée, les gens restant au Paris. Mais pour les gros fields, on utilisera davantage le côté Horseshoe (Bally’s) ».

Records en vue

Paris Ballroom

À 53 ans, les WSOP continuent de grandir. L’année dernière, le festival flirtaient avec les records d’affluence, le Main Event remportée par Espen Jørstad ne comptant que 100 joueurs de moins que celui du record de 2006, cuvée Jamie Gold (8 773 entrées). Ce n’était là que partie remise, puisque les organisateurs s’attendent en effet à faire tomber quelques records cette année. Et ça a d’ailleurs déjà commencé.

Espen

« On est en avance sur tous nos chiffres de participations, affirme Gregory Chochon. Le Million Dollar Bounty, 18 000, c’est bien. On aurait aimé faire 20 000, mais ce n'est que le tout début. L’année dernière, on avait fait 14 000 alors que c’était dans le même temps que le Main Event. On touche du bois. Même chose pour le High Roller, où on a fait 300 joueurs... On ne se rend plus trop compte parce que ça parait presque normal, mais pour un 25 000 $, c’est assez gros. Ça fait à peu près entre 20 et 25% de plus que l’année dernière sur chaque field ».

Les déclarations du boss font peu de doute : Cette édition 2023 sera historique. D’un point de vue des chiffres globaux, mais on espère aussi pour le clan français. Les grinders bleus réalisaient l’an dernier la plus belle campagne de l’histoire du poker français, avec cinq bracelets récoltés.

Herzali

Sarah Herzali (photo) était toute proche hier d’ouvrir le compteur tricolore. Elle a d’ailleurs pris le temps de s’arrêter à nos micros pour revenir sur son exploit. Quoi de mieux que d’ouvrir le bal de ce coverage avec Sarah, 3e du massif 1 500 $ 6-max, pour 207 patates (jadis remporté par Léo Soma) ? Et tandis que je termine ce post, je peux dores et déjà vous annoncer une deuxième grande finale française, avec l’un des plus grands représentants du poker tricolore, Monsieur Alex Réard.

Mateos Reard

Côté Team Winamax, Joao Vieira décochait hier la première flèche en atteignant la finale de ce massif 25 000 $ High Roller, quitté malheureusement prématurément.

Des nouvelles de tous ces champions arriveront très vite. Gardez donc un onglet ouvert sur votre magazine des WSOP. Des interviews, des anecdotes, des photos... Tous les accomplissements de nos héros tricolores et du Team seront documentés ici. On est parti pour un mois et demi de folie.

Les bronzés font du poker

Deux podiums en deux jours pour le clan français. Après Sarah Herzali, Alexandre Réard prend lui aussi le bronze sur le 2 500 $, pour un gain de 192 723 $.

Event #19 : 2 500 $ Freezeout

Réard

La machine Alex Réard a encore frappé. Le taulier d’Unibet s’est extirpé d’un field de 1 149 joueurs pour accrocher sa deuxième finale WSOP, deux ans après sa victoire sur le 5 000 $. Le Français a parfaitement négocié la dernière ligne droite, démarrée en 9e position, pour remonter un à un ses concurrents.

Deux flèches pour transpercer Adam Swan, puis un duel de paires avec 1010 contre le 66 d’Andres Korn lui permettent de se replacer dans la course. Derrière, Alexandre fait parler ses talents de grinder pour parvenir jusqu'à 3 left. Son stack sera malheureusement anéanti en deux coups presque consécutifs. Un premier où Réard décide de fold gros sur une agression de Valentino Konachiev, puis un petit bad beat de ce même Konachiev sur un duel de blindes.

Open shove A3 du Bulgare pour les 20 dernières blindes du Français, qui accepte le défi avec son A6. Le flop 3107 fait repasser Valentino devant, le 10 turn offre de nombreux outs à Réard, mais le 4 river valide l’élimination. Le superbe run d'Alexandre s’arrête brutalement et notre champion doit cette fois se contenter de la médaille de bronze.

Réard

« Je suis mitigé en termes de sentiment, déclare Réard, quelques minutes après son bust. Troisième, c’est très bien, mais quand il y a potentiellement un deuxième bracelet au bout… En plus on a un petit bet avec les amis. Il n’y a toujours aucun français qui a réussi à remporter deux bracelets en Hold’em. Après, j’ai déjà eu beaucoup de chance d’être arrivé jusque-là. Et puis, c’est que le début de Vegas, donc j’aurai, j’espère, d’autres opportunités ».

Alexandre s’est donné une première chance sur ce 2 500 $, pourtant très relevé et réunissant un field massif de 1 149 joueurs.

« Au Day 2, j’ai eu des tables vraiment difficiles (avec notamment Adrian Mateos et Justin Bonomo). A 40 left, le niveau était très relevé. Un peu moins à la fin, c’était plutôt une bonne nouvelle, raconte Réard. Aujourd’hui, c’était une journée très spéciale. On est resté très longtemps à 11 left. J’ai commencé dans les chipleaders et j’ai vu mon tapis dégrinder, c’était un peu frustrant. On a fait la table finale à dix. Je ne comprends pas pourquoi ils ont fait ça, parce que ça bouffe le jeu et on aurait pu faire cinq et cinq pour faire une table finale à neuf… C’était la partie un peu regrettable. Ensuite, dès qu’il y a eu ce busto, je me suis senti vraiment libéré et j’ai pu enfin jouer. J’ai réellement eu ces deux phases aujourd’hui ».

Réard

Le champion français a vaillamment bataillé pour revenir dans le peloton de tête, sans jamais pour autant prendre les rennes du tournoi. « J’ai quand même eu du jeu, concède le joueur. Pré-flop beaucoup, post-flop un peu moins, mais ça m’a permis d’open beaucoup. Je n'ai pas à me plaindre du déroulement de la finale » poursuit le joueur, qui démarre cette nouvelle campagne américaine tambour battant. « C’est mon 4e tournoi, et mon deuxième ITM, puisque j’avais aussi deep run le 5 000 $ 8-max. Je suis content d’avoir su me re-motiver après le 25 000 $, d’être allé de l’avant et d’avoir pu faire cette perf’ ».

En confiance, Alex sait que le festival est encore long et que plusieurs magnifiques tournois l’attendent encore dans les premières semaines. Mais plutôt que de courir après tous les bracelets, le Team Pro Unibet opte pour une stratégie qui lui correspond mieux, et semble porter ses fruits : la force tranquille.

Réard

« Est-ce que je vais faire du volume ou prioriser certains tournois ? C’est une bonne question. J’avais déjà un programme plus ou moins en tête. Maintenant, je sais que depuis que je suis arrivé, je prends mon temps. Je prends du temps off, j’essaie de kiffer et quand je joue je suis vraiment à fond. Je n'ai pas vraiment envie d’envoyer beaucoup de volume coute que coute. Là encore, je vais me reposer deux jours. Et mon programme ne va pas changer pour autant, puisque j’avais déjà prévu de jouer tous les 10 000 $ et je ne pense pas jouer le 50 000 $ ».

Héros de longue date du poker français, Alex a bien sûr pu compter sur un rail nombreux et de qualité. Anthony Kazgandjian, Sonny Franco, Erwann Pécheux, Pierre Merlin, Paul Guichard, Florian Ribouchon, Jonathan Pastore, Audrey Verloome et bien d’autres encore ont poussé leur champion, appelé les cartes, et bruyamment représenté le rail tricolore tout le long de cette finale. Un soutien remarquable, d’autant que certains d’entre eux passent plus de temps sur les tribunes du spot télévisé qu’aux tables de poker.

Réard

« Ça fait deux fois d’affilée, puisqu’il y a eu Sarah hier, rappelle Alex. C’est gentil de leur part parce que c’est vrai qu’ils sont aussi là pour jouer et essayer de gagner aussi. Là, ils prennent le temps de venir et de rail, c’est vraiment sympa ». Un bon diner avec les copains, un Day-off, puis Alex repartira au charbon pour tenter de remporter le bet entre champions. Romain Lewis, Jonathan Pastore, Jeremy Saderne et Ivan Deyra ont eu chaud aux fesses ce soir. Ils s’en sortent seulement avec un sursis, mais les voilà prévenus : Alex Réard est chaud sur cette édition 2023.

Badugi, le nouveau-né des WSOP

Un nouveau chapitre dans le livre des WSOP. Le premier tournoi de Badugi de l’histoire des WSOP s’est achevé aujourd’hui, après quatre jours de combat. L’évènement a rassemblé 516 amoureux de mixed-games, le temps d’un tournoi à part, dans l’atmosphère si amicale, si particulière des Mixed-Games. Auteur d’un joli deep run, l’ami Antoine aka “Jack Eight”, bien connu de la communauté ClubPoker, nous raconte cette grande première.

Chaque année, Antoine Chuzeville prépare avec le plus grand soin son pèlerinage annuel. Depuis 2009, il n’a pas loupé une édition et débarque à chaque fois au mois de juin pour s’offrir quelques semaines de poker avec les copains dans le temple du jeu. Pourtant, "Jack Eight" n’est pas du genre à multiplier les tournois WSOP. Son truc, c’est plutôt les Daily du Caesars, les petits buy-in de Downtown et bien sûr, les tournois de Mixed-Games.

Jack Eight

Cette année, il a réservé six mois à l’avance sa chambre à l’Orleans, le paradis des variantes, pour y jouer tous les formats les plus savoureux et les cash games de Omaha 8 et autres jeux de Limit. Mais cette semaine, on l’a quand même beaucoup vu du côté du Horseshoe. Et pour cause, Jack Eight n’aurait loupé pour rien au monde le premier tournoi de Badugi de l’histoire des WSOP.

« C’est vraiment le tournoi que j’avais coché quand le programme est sorti. C’était le tout premier et j’adore toutes ces variantes un peu exotiques, explique Antoine, qui derrière son profil d’amateur, était un des joueurs très affutés du field sur cette variante. Le Badugi, on ne peut pas y jouer en France. Je suis tombé dessus il y a des années quand j’étais au Canada. Sur le.com, ça joue toujours. Il y a peu de tables mais ça tourne. J’ai joué des milliers de mains à des petites limites, pour le plaisir. D’ailleurs, avec une bande de copains dingues de variantes, dont Hayg Badem, on se réunit une fois par mois et c’est le jeu qui tourne le plus. J’ai pas trop la bankroll pour jouer beaucoup de tournois de WSOP, celui-là c’était vraiment le gros tournoi ».

Pour son grand rendez-vous du début de l’été, Antoine a répondu présent. Un deep run superbe, ponctué en 21e position, pour un peu moins de quatre buy-in, mais surtout, une expérience de dingue, sur un tournoi qui était seulement en phase de rodage. Pour lui, comme pour les WSOP, c’est une totale réussite.

« C’est ce que tous les joueurs ont dit, rapporte Jack Eight. Todd Brunson a d’ailleurs tweeté que c’était dans le Top 10 des tournois qu’il ait joués au WSOP ». D’un point de vue de l’organisation, mais aussi de l’ambiance crée autour des tables.

Probably one of the top ten tournaments I’ve ever played in. I’m out obviously.

— Todd Brunson (@ToddBrunson) June 8, 2023

« Ça rassemblait des spécialistes de mixed games, des pros un peu égarés, des amateurs et tous le monde était content, poursuit Antoine. Il n’y a pas de joueurs qui tank pendant cinq minutes, ça va vite, ça plaisante, avec un côté presqu’un peu Home Game. Pendant ces deux jours, on a vraiment joué un tournoi fun. Jack Effet est passé autour des tables pour nous demander ce qu’on en pensait et on était de nombreux amateurs à lui dire que c’était super ».

L’ambiance détente n’empêche pas la compétition. Antoine a d’ailleurs été marqué par la différence de niveau, entre le premier et le deuxième jour.

Jack Eight

« Au début, j’étais surpris de voir ce que je considère comme des erreurs techniques de base, même venant des pros. Ils viennent pour se marrer, pour rejoindre leur potes. J’ai eu Chino Rheem, c’était top de jouer avec lui, mais il faisait un peu n’importe quoi, raconte Antoine. Il y avait une nette différence en fin de tournoi. J’ai eu David Bakes à ma table par exemple. Tu vois très vite qu’il calcule très vite les outs, qu’il a toute l’expérience de ces jeux là ».

Pour Jack Eight, l’aventure s’arrête finalement à quatre tables left du bracelet, juste après un certain Jonathan Pastore, également en amour avec le Badugi. Un troisième Français, Didier Eugene, a également atteint l’argent… Et un quatrième a même gagné le tournoi !

Pardon ? Le premier vainqueur de Badugi de l’histoire des WSOP est en effet né en France, parle français comme un français, mais sur les chipcounts, il a opté pour sa deuxième nationalité, celle de sa famille, le Portugal. Et Michael Rodrigues méritera d’ailleurs un article dédié pour raconter cette fabuleuse victoire. A suivre !

Michael Rodrigues, champion autodidacte

On tient le premier champion français de ces WSOP ! Enfin, plutôt le premier champion francophone. Pour son premier vrai tournoi de Badugi, le franco-portugais Michael Rodrigues remporte le bracelet WSOP. Une fierté et un soulagement énorme pour cet autodidacte du jeu, formé à la dure et pétri d’ambitions.

Event #20 : 1 500 $ Badugi

Rodrigues

Il marche tranquillement dans les allées du Bally’s, épaulé de ses potes Raouf et Massissa. Un visage connu de certains regs mais rien de plus, Michael Rodrigues avance tranquillement dans l’indifférence de la foule, en direction du bureau des inscriptions pour aller s'inscire à un nouveau tournoi, comme des milliers de joueurs aujourd’hui au Horseshoe. La seule différence, c’est que dix minutes plus tôt, il venait d’être sacré champion du monde de poker.

Pour nous autres couvreurs français, Michael Rodrigues est loin d’être un inconnu. Habitué des gros tournois de l’Hexagone et du circuit EPT, le Portugais fait partie de ces joueurs qu’on salue à chaque fois qu’on le croise, souvent doté d'un beau paquet de jetons.

Tout à l’heure, il avait même tous les pions du tournoi réuni devant lui, pour la photo du vainqueur du 1 500 $ Badugi. Son tout premier bracelet WSOP, sur le tout premier Badugi de l’histoire des World Series.

« Soulagement » est le premier mot qui lui vient pour décrire ce qu’il ressent, à chaud, assis au bar faisant l’intersection entre le Bally’s et le Paris. « Ça fait tant d’années que je cravache dans ce jeu, et je parle du poker en général. Je me mets beaucoup, peut-être trop de pression tous les jours dans ma vie. Là, je passe sur un autre niveau mental. Le bracelet, c’est fait, maintenant, on peut passer à autre chose ».

Attends un peu Mika, on va quand même en parler un peu de ce bracelet. Qu’est-ce que tu faisais déjà sur ce tournoi de Badugi ? « Les mixed games, j’adore ça, lance Rodrigues. Je suis un joueur de Hold’em, mais pour moi, c’est trop lent. Il faut vraiment être super fort mentalement et faire preuve de patience. La vraie histoire, c’est que c’est la deuxième fois de ma vie que je joue au Badugi. J’ai joué une fois sur un Scoop à 1 000 $. Je m’étais trompé en m’inscrivant et j’ai fini 3e. Là, c’est mon premier tournoi Live de cette variante, et je finis premier. Je n'ai jamais joué ailleurs. Il n'y a pas de Badugi nulle part en fait, je ne peux pas y jouer ».

Deux tournois, deux podiums et un bracelet WSOP. Plutôt un bon bilan pour un néophyte de cette variante. Quel est donc le secret de cette réussite indécente ? Le travail du jeu ? Les études théoriques ? Pas vraiment le genre de la maison. « Il faut savoir que j’ai jamais ouvert aucun livre de ma vie sur le poker, déclare le champion. Je ne me définis pas comme un joueur de poker, je suis un joueur de cartes. J’apprends tout seul, sur le tas, sur le terrain, comme dans ma vie de tous les jours ».

Rodrigues

Désormais installé sur les gros tournois du circuit international, Mika a monté les échelons pas à pas. Né en France, il s’est passionné pour le jeu, a poncé les cercles un peu partout en Europe. Navigant entre Porto et Dubai, il a toujours opté pour le Portugal lorsqu’il s’agissait de mettre un drapeau à côté de son nom dans les chipcounts. C’est donc “A Potuguesa” qui résonnera pour la première fois cette année, un an après le titre d’un certain Joao Vieira sur le 50 000 $ NLHE. « Une fierté incroyable » pour cet autodidacte, venu ici avec ces deux acolytes.

« Ils me suivent partout, mais ils ne connaissent pas les règles du poker. A table, quand je fais “ouais” en levant le pouce, ils savent que j’ai gagné le coup. Ils sont là tous les jours, ils me soutiennent. C’est bien aussi d’avoir des copains hors du poker, au moins on parle pas de cartes toute la journée ». Raouf et Massissa seront également de la fête ce soir, puisque Mika a repéré la soirée parfaite pour célébrer sa victoire. « Ça tombe bien y’a Rick Ross ce soir au Drai’s. Un samedi soir en plus, ça va être incroyable ! Si tu veux venir t’es le bienvenu ! ».

Voilà une proposition alléchante, avant de tout de même se remettre au boulot. « Là, je vais m’inscrire au 10 000$ LO8, on va charbonner jusqu’au bout ! Cette saison, je suis venu pour 50 Jours, avec un objectif personnel bien particulier en tête, et assez élevé. Je le dirais pas maintenant, mais pour te donner un indice, cet objectif s’achève le dernier jour du festival ». Michael Rodrigues est loin d’en avoir fini avec ces WSOP.

La grande armée

Event #18 : 300 $ Gladiators of Poker

Gladiators

A quelques pas de la zone Purple, réservée aux High Rollers, se joue un tournoi autrement plus massif. Enlevez quelques zéros au buy-in, rajoutez quelques zéros au nombre d’entrées, divisez le tapis moyen par deux et vous obtenez un “Gladiators of Poker”.

Plus petit buy-in du programme, le tournoi assurait une garantie de 3 000 000 $. Une promotion “petit bras”, puisque le prizepool a en effet totalement été explosé sur les quatre flight qualificatifs.

8 467 entrées pour ce seul Day 1D. 20% de plus et la garantie était atteinte en un seul flight. Additionner au 6 110 du 1C, au 4 571 du 1B, et au 3 940 du premier jour, le tournoi aura donc enregistré un total de 23 088 entrées . Plus proche des 6 millions de prizepool que des trois, donc.

Cette grande foire du poker populaire attirent majoritairement des joueurs locaux. Beaucoup de chapeaux de cow-boys et de casquettes à l’effigie des franchises américaines dans le field. Les Américains sont tout heureux de pouvoir participer au plus grand festival de poker au monde pour un prix abordable. Evidemment, la structure s’en ressent : Des niveaux de trente minutes, une bulle atteinte en 10H, même si les niveaux s’allongeront de dix minutes à partir de demain.

Dans cette armée de joueurs se cachent tout de même quelques tricolores. Mais avec un field si vaste, on ne va pas imprimer les listes des seat-draws, normalement fournies sur papier aux équipes de Pokernews. Il faut donc les trouver soit même, en observant les marques de T-shirt, en écoutant les conversations aux tables, les accents…

Perrot

Avec son T-shirt du Florida Poker Tour, il y a tout de même des chances que ce Monsieur soit de chez nous. Je découvre en effet Fabien Perrot, assis sur un stack solide de 200 000 jetons peu avant la bulle du tournoi. Je pensais trouver plutôt des profils amateurs, mais Fabien est plutôt du côté professionnel de la force. Habitué de Vegas, exilé en Espagne depuis plusieurs années, Fabien débute sa campagne 2023 par cette grande boucherie.

« C’est un field plutôt récréatif, c’est plaisant à jouer, avec une bonne ambiance. On sent que les joueurs sont là pour se faire plaisir, explique le créateur de FP-ProCoach. C’est top de proposer des tournois comme ça aux WSOP. La première fois que je suis venu en 2010, les plus petits buy-in, c’était les 1 500$. Les gens devaient aller sur les Daily pour jouer des petits buy-in WSOP ».

Venu à Vegas avec plusieurs de ces élèves, le Savoyard est le dernier survivant du groupe sur ce gladiateur. Quelques tables plus loin, Jack Eight enregistre son deuxième ITM sur un WSOP en trois jours.

Jack Eight

Il papote avec son voisin Américain, tout sourire après avoir passé une bulle enthousiaste. Des dizaines de joueurs attendaient entre les tables pour filmer la fameuse annonce du floor « You are all in the money », suivi de clameurs se répandant d’un bout à l’autre du Paris.

Bulle Gladiators

Encore deux heures de jeu, puis les quelques 300 survivants du jour se retrouveront pour le Day 2, où l’on retrouvera tout de même quelques sérieux clients. Daniel Negreanu a ainsi baguer l’un des plus gros stacks du Day 1, avec 2 250 000 jetons. Vainqueur du Little One for One Drop 2017, Adrian Moreno a également bagué lors du Day 2, tandis qu’Anatoly Zyrin fait actuellement parler la poudre sur ce 1D. Avec l’un des top stacks au moment de la bulle.

Zyrin

Vainqueur du Colossus en 2021, devant près de 10 000 joueurs, le Russe est un spécialiste de ces larges field. « Je joue tout, explique le Russe. Des gros buy-in, des petits, du Hold’em, des mixed-games… J’aime bien varier. Ces tournois sont plus relax. L’adversité est différente. J’ai joué le 10 000 $ Dealer-Choice il y a quelques jours, il y avait 10 bracelets à table. Là, je pense que je suis le seul ».

Dimanche 11 juin : demandez le programme !

Des tournois massifs à petits buy-in, des tournois princiers à petit field, du mixed-game, du Online... Ce dimanche, il y en aura pour tous les gouts.

field

10h (19h en France) - Event #18 - Gladiators of Poker NLHE 300 $ (Day 2) 23 102 joueurs sur la ligne de départ, à peine un millier après le premier tour de piste. La grande boucherie de ce début de WSOP se poursuit, sur des niveaux désormais de 40 minutes. L'affluence démentielle a explosé le prizepool, désormais à plus de 6 000 000 $. Un joueur parviendra à transformer 300 $ en presqu'un million de dolalrs . Daniel Negreanu et Anatoly Zyrin feront partie des prétendants de renom.

10h : Event #26: $800 No-Limit Hold’em Deepstack (Day 1) Une boucherie peut en cacher une autre. Voilà un tournoi tout trouvé pour les bustos de début de journée du Gladiator. Un buy-in un peu plus élevé tout de même, pour un tournoi qui n'a de Deepstack que le nom.

13h : Event #23 - High Roller NLHE 50 000 $ (Day 3)
La crème de la crème du poker mondial était au rendez-vous de ce High Roller. Rasé dès le premier jour, le Team Winamax a sauvé l'honneur avec Adrian Mateos, qui a arraché le min-cash sur sa 2e bullet. Alex Foxen a imposé sa loi sur la fin de Day 2, évinçant Justin Bonomo pour prendre un large chiplead. Seth Davies, Jan Arends, Bill Klein et Leon Sturm complètent le casting de la table finale. 1 million et demi de dollars pour le vainqueur.

13h : Event #24 - Razz 1 500 $ (Final Day)
Suite et fin de ce tournoi Razz au field record qui rassemble pas moins de cinq bracelets WSOP cumulés sur la table finale, avec notamment Jeff Lisandro, Marco Johnson, et le 2e au classement provisoire, Justin Liberto.


13h : Event #25: $10,000 Omaha Hi-Lo 8 or Better Championship (Day 2)
Un classique des WSOP dans sa version Championship ! 188 joueurs ont posé les 10 000 $ de buy-in, 102 joueurs passent l’épreuve du Day 2. Un field bien américain, dominé provisoirement par Connor Drinan. Un représentant français tout de même, en la personne de Patrice Bitton, sera de la partie pour le Day 2, avec deux tapis de départ.

14h : Event #27: $1,500 Eight Game Mix 6-Handed (Day 1)
Les spécialistes de Mixed-Games feront parler leur polyvalence sur ce splendide 8-game disputé en short-handed. Un Poker Player Championship pour la plèbe, qui s’étendra sur trois jours de combat. Record d’affluence en vue.

15h30 : Online Event #5: $400 No-Limit Hold’em 8-Max
5e opportunité pour choper un bracelet WSOP sans bouger de son lit. Les grinders pourront batailler depuis leur chambre d’hotel ou poser l’ordi dans la room du Paris pour un mutitable « onlive ». Et vous connaissez l’adage : « never miss a sunday ».

Si elle est dedans, c’est pareil

Event #18 : 300 $ Gladiators of Poker

The official numbers are in...

Across four flights, the $300 Gladiators of Poker event attracted 23,102 entries making it the second-largest live poker tournament in history!

8,467 of those entries came today, which also makes for the second-largest single flight ever! pic.twitter.com/GBAoruYbfO

— WSOP - World Series of Poker (@WSOP) June 11, 2023

Un tweet vaut mieux qu'un long discours : oui, ce Gladiators of Poker, ce petit tournoi à 300 balles venu se greffer au programme des WSOP 2023, a explosé tous les records. 23 102 entrées, soit le deuxième plus gros tournoi live de l'histoire, rien que ça ! Pas le premier, certes, mais on s'en contentera largement. Pour l'instant.

Evidemment, le prizepool garanti de 3 millions de dollars a été pulvérisé, puisque les joueurs payés se partagent actuellement un gâteau de 5 679 648 $. Les WSOP avaient annoncé que cette édition 2023 serait celle de tous les records, et ce sont bien les chiffres qui le prouvent avec ce Gladiators of Poker. En même temps, il s'agit du tournoi le moins cher jamais organisé aux Series, donc on s'attendait à la ruée vers l'or...

Gladiators Room
Un event fait pour les joueurs amateurs. Pour que tout un chacun puisse s'offrir ce à quoi rêve chaque grinder de tournoi : deeprun un event WSOP. Alors autant vous dire que la bonne ambiance règne sur les dernières tables, alors qu'il ne reste que 0,33 % du field en jeu - imaginez le chemin parcouru en seulement deux jours - : on n'a clairement pas l'impression d'être à 50 joueurs restants d'un bracelet, et du chèque d'un demi-million de dollars promis au vainqueur (1 666 fois le buy-in initial !), qui changerait pour sûr la vie de l'écrasante majorité des joueurs restants. Enfin, presque tous.

Negreanu
Car à 77 joueurs left, c'est bien une légende du poker qui était encore assise en table : Daniel Negreanu himself. Car le Kid Poker reste un fan infatigable du jeu qui l'a fait roi, et taper le carton sur un 300 balles lui a surtout permis d'envoyer autant de bullets que nécessaire sur les multiples Days 1. Surtout, il s'agit d'une belle occasion pour lui de réaliser ses objectifs cette année aux WSOP : la quête d'une septième breloque, après laquelle il court depuis 2023. Pour cela, Daniel avait annoncé qu'il jouerait 88 des 95 events "live" au programme... Et ce qui est fou, c'est qu'on devrait retrouver "DNegs" sur le Super High Roller à 100 000 $ dès demain, vu qu'il a été éliminé en 72e place de ce Gladiators, justement (pour un gain de .5 840 $). Oui, un buy-in 333 fois supérieur... Vous pourrez le vérifier sur sa chaîne Youtube, où il publie un vlog quotidien sur les Series 2023.

Weisner
Difficile de reconnaître d'autres visages familiers dans ce field de joueurs en plein one time. Alors en plus, s'ils ont changé de tête... Vous avez reconnu Mélanie Weisner ? Nous, on a eu du mal à remettre l'Américaine à l'ancienne chevelure brune, toujours plus blonde année après année... Elle termine 62e pour 8 410 $, son second cash WSOP de l'été. Et la New-Yorkaise semble également avoir un certain succès en tant que coach. Encore une belle histoire de poker.

Congrats to my student @virtuallyceline who cashed her first tournament ever today! She learned how to play from scratch only a few months ago, and went right for the WSOP!!! @pokernews get this boss on tape for inspiration to all the newcomer ladies out there pic.twitter.com/UugdawQefw

— Melanie Weisner (@melanieweisner) June 11, 2023

Tony Sinishtaj, fort de ses 3,7 millions de dollars de gains en live, semble désormais être le dernier "gros joueur" de ce Gladiators. À noter qu'il semble ne plus y avoir de Français en lice : le dernier, Frédéric Vacher, a terminé 138e pour 3 540 $.

Gary 2
Demandez à Gary Mcgaffney s'il n'est pas en train de prendre son pied sur ce tournoi : à tapis avec 73 préflop contre trois joueurs, l'Anglais est parvenu à rester en vie à l'issue d'un tableau qui se passe de commentaires, où il a trouvé une flush river alors que deux de ses adversaires avaient floppé top paire. "Il a déjà doublé au moins 12 fois aujourd'hui, il est toujours shortstack, c'est incroyable," nous glisse un fan dans le rail, où le public s'était massé pour observer le déroulement de cette main sensationnelle, puisque pas moins de trois joueurs étaient à tapis couvert ! On n'a pas fini d'entendre parler de Gary...

Gary 1

L’Omaha, c’est dans le Nevada

Event #25 : 10 000 $ Omaha Hi-Lo 8 or Better Championship

10k
Si vous cherchez à rail les tournois à cinq chiffres dans ces WSOP 2023, rendez-vous dans la zone Purple de la Paris Balls Room : il y a de fortes chances que vous trouviez votre bonheur. C'est le cas ce dimanche par exemple avec le Day 2 d'une nouvelle épreuve Championship, jouée en Omaha Hi-Lo 8 or Better. Tranquillement installés au fond de la salle, une petite cinquantaine de joueurs cherche actuellement à atteindre l'une des 32 places payées (min-cash à 16 386 $). Parmi eux, un Français tient tête à la cohorte de noms ronflants encore présente dans le field, après les éliminations de ses compatriotes Julien Martini et Patrice Biton. Un Frenchie qu'on avait manqué dans notre présentation de la journée, car il est mentionné sous drapeau américain dans les chipcounts officiels : Pascal Leyo.

Leyo 1
Et sa présence ne doit rien au hasard : lui aussi est un spécialiste du poker à quatre cartes privatives. "Je viens aux WSOP tous les ans depuis 2009, excepté pendant le Covid", renseigne ce joueur résidant à Arcachon. "Je joue tout ce qui est Big O, Omaha Hi-Low, Pot Limit Omaha..." Son palmarès parle pour lui, avec de nombreuses places payées WSOP dans la variante, dont une table finale en 2009, justement, qui reste sa meilleure perf à ce jour (5e pour 53 293 $). En 2023, Pascal a déjà signé un ITM sur l'Event #21, un tournoi de... Pot Limit Omaha, vous l'auriez deviné (57e pour 4 210 $). "Cette année, ça se passe bien, explique notre champion. J'ai déjà fait quatre Day 2, j'ai aussi été payé dans le Gladiator." Et visiblement, Mr. Leyo est chaud patate : "J'ai bluffé Mike Matusow, il a tanké cinq minutes avant de fold, il était fou ! J'aime bien le personnage, j'ai lu un livre sur lui. Hier, j'ai aussi joué avec Josh Arieh."

Mais tout de même : malgré son expérience, disputer un tournoi à 10 000 $ en compagnie de stars du poker pourrait sembler démesuré pour l'ancien trader, dont la fiche Hendon Mob fourmille de lignes sur des tournois à 50 € ou 75 € à Gujan-Mestras. "Ce 10k, c'est mon plus gros tournoi des Series. Mais je prends autant de plaisir à jouer un 50 € ou un 10k, affirme Pascal. Je m'amuse tout autant, je joue pour le fun. D'ailleurs, j'ai croisé une croupière de Gujan ici, elle a rigolé sur le fait que ce n'était pas tout à fait les mêmes tables !" Et s'il a déjà joué avec les meilleurs, Pascal semble toujours autant kiffer de se frotter à la crème de la crème. "Tu joues avec des mecs... Regarde, en face de moi..." [il nous montre Erik Seidel]. Mais s'est-il tout de même un peu essayé au Hold'em ? "J'ai fait les WSOP Europe à Cannes en 2012, car j'ai de la famille à Nice, et l'EPT Deauville, une fois [c'était en 2013, et il avait fini 58e du Main Event, NDLR]. Vegas, c'est mes vacances ! Là, je reste jusqu'au 21 juin. J'aime le live, je rencontre des gens."

Leyo 2
Ancien régulier des cercles parisiens où il jouait les parties d'Omaha lorsqu'il résidait dans la capitale, Pascal nous confie que certains de ses anciens acolytes vont bientôt débarquer à Sin City, et que cette fois-ci il est venu avec son fils dans le Nevada : "Il vient d'avoir 21 ans. Sa mère lui a payé le voyage, moi le ticket pour le Deepstack à 800 $. Bon, il a perdu avec As-Roi contre les Rois... Ma fille, elle, regarde les updates sur le site des WSOP." Et visiblement, celui qui s'adonne encore au trading sur ordinateur a aussi une autre distraction devant un écran. Pas le poker en ligne, non : "J'ai joué à une époque, mais je faisait toujours d'autres choses en même temps, la télé, le trading..." Plutôt une émission que vous connaissez bien : "J'adore Dans la Tête d'un Pro, sourit Pascal. Cela me permet de retrouver l'ambiance des Series, ça m'amuse de voir jouer les pros en Hold'em, alors que je ne joue qu'en Mixed Games. Ecouter leurs raisonnements, voir leurs mouvements, leurs gestes... Je repère des tells. Et parfois, je cache même la main des joueurs sur l'écran ! Tous les lundis, c'est mon rendez-vous. J'aime bien Adrian Mateos, même si les sous-titres m'empêchent de me concentrer sur les tells. Cette année, j'ai bien aimé François Pirault aussi."

En attendant la prochaine saison, Pascal va devoir se concentrer sur sa partie, alors qu'il n'est pas loin d'un premier ITM en carrière sur un 10k (il a déjà cash plusieurs tournois à 5k). Et il n'hésite pas à jouer de gros pots pour cela. On l'a ainsi vu payer deux mises sur un tableau JK24, avant de miser 16 000, le montant autorisé, sur la river 6. Un joueur paye, et un autre tank-call également : il montre un meilleur jeu High que Pascal avec K-2-3-8 pour deux paires, alors que Pascal détient A-3-2-6 pour deux paires inférieures, et le meilleur Low possible. "C'est un grand call de sa part. S'il ne payait pas, je pouvais scooper le pot contre l'autre joueur [gagner à la fois le High et le Low, pour encaisser tous les jetons du coup, NDLR]. C'est hyper dur de call ici avec K-2, il ne fait ça que pour partager. 60 000 jetons, sur mon stack de 250 000, ça fait la diff"." On lui souhaite bonne chance !

Matusow
Le field de ce 10k est presque uniquement constitué de noms ronflants : ici, Mike "The Mouth", grand spécialiste d'Omaha Hi-Lo, qui a déjà gagné un bracelet dans la variante, et ne s'arrêtera visiblement jamais de palabrer

Williams
David Williams, runner-up du Main Event des WSOP 2004

Barbero
Notre bon ami Nacho Barbero, qui fait le plein de résultats ces derniers temps

Kessler
Quand on est un vrai gambler, on l'affiche, même dans le rail : n'est-ce pas Allen Kessler ?

Seidel
La légende Erik Seidel, détenteur lui aussi d'un titre WSOP en Omaha Hi-Lo dans sa collection de neuf breloques

Alex Foxen manque le coche

Chpleader et favori de la finale, Alex Foxen n'est pas parvenu à conclure (5e) Un top reg de Winamax se hisse sur le podium Event #23 : 50 000 $ High Roller

Foxen
L'histoire semblait écrite. Alex Foxen, large chipleader de la finale à cinq joueurs du High Roller à 50 000 $, ne pouvait pas tomber de son piédestral, possédant le niveau et l'expérience nécessaire pour aller au bout. Et ce d'autant que Seth Davies, seul pro de renommée mondiale en table susceptible de lui faire de l'ombre (sur le papier tout du moins), commençait shortstack. Mais les belles pilasses du mari de Kristen Foxen ont pourtant fondu comme neige au soleil, notamment dans un pot énorme joué contre son dauphin au classement, Jans Arends, avec quinte contre quinte supérieure. "De toute évidence, il a touché une jolie carte au tournant et quasiment la pire carte pour moi sur la rivière", déplorait Foxen au micro de Pokernews. "Mais c'est comme ça, je ne peux pas y faire grand-chose." Le chipleader du début de finale tombait finalement peu après, étant le second éliminé du dernier acte (après la sortie de Seth Davies au 5e rang, pour 385 617 $) et reportant à plus tard sa quête d'un second bracelet WSOP (4e pour 512 824 $).

Arends
Jans Arends : un joueur également redoutable, que les gros grinders de MTT sur Winamax connaissent bien : le Hollandais (en vert, à gauche) écume les gros festivals de notre site sous le pseudo de "fliekertje", avec trois titres Series (au moins), dont un Highroller 2 Million joué en avril 2022, pour un gain astromonique de 233 000 €. Jans a prouvé qu'il avait également du talent en live, prenant finalement la troisième place du tournoi pour 694 019 $. D'ailleurs, ce n'est même pas son plus gros gain ever : il a remporté pas moins de 921 178 $ en mars sur les Triton Super High Roller Series au Vietnam, deux jours après avoir gagné 406 000 $ sur un autre tournoi du même festival. Arends a ainsi signé ses trois plus gros cashs en carrière en l'espace de trois mois, portant ses gains totaux à plus de 2,5 millions en live... Un joueur à surveiller dans les fields high-stakes live pour le futur !

Sturm
Crédit photo : WSOP

À l'instar de Jans, le vainqueur de ce tournoi se débrouille également pas trop mal lorsqu'il s'agit de grinder en ligne : Leon Sturm a remporté 1,5 millions de dollars sur une épreuve du .com pas plus tard que la semaine dernière ! En live, l'Allemand gagne ici son premier bracelet WSOP, et un deuxième cash quasi identique (1 546 024 $), qui lui permet de presque quadrupler ses gains en tournois live : "Financièrement, c'est un mois assez surréaliste," avoue celui qui n'a d'ailleurs déboursé que 5 000 $ pour jouer ce High Roller, pour lequel il s'est qualifié via un satellite. Mais outre l'argent gagné, Leon est également conscient de ce que représente un bracelet : "C'est quelque chose de spécial, cela signifie plus qu'un simple trophée. En plus, la compétition était difficille, ce qui le rend plus savoureux." Et Sturm sait de quoi il parle, puisqu'il connait par coeur Jans Arends ,avec qui il croise très souvent le fer sur les tournois online. "C'est vraiment l'un des meilleurs regs en ligne." Ce digne représentant de la prestigieuse école du poker allemand a également tenu à rendre hommage à ses autres adversaires, Seth Davies et Alex Foxen, plutôt habitués de la scène live : "Leur présence et leur concentration, et la façon dont ils se préparent à tout est incroyablement dingue, et vous devez avoir un maximum de respect pour eux. C'est tellement difficile de revenir tous les jours, d'avoir les mêmes routines et de rester consistant avec tout ça."

HU
Mais il ne faut évidemment pas oublier la performance XXL de Bill Klein : le riche homme d'affaires a fait le job et le spectacle, terminant second et laissant l'intégralité de son gain de 955 513 $ a des œuvres caritatives. Et ce, même s'il manque encore d'un cheveu un premier bracelet WSOP, après avoir déjà fini second du High-Roller for One Drop en 2015 (2 465 522 $ de gains). Merci Bill !

WSOP 2023 - Event #34 : High Roller 50 000 $ 124 entrées - Résultats de la finale

Bracelet

Vainqueur : Léon Sturm (Allemagne) 1 546 024 $ Runner-up : Bill Klein (États-Unis) 955 513 $ 3ème : Jans Arends (Pays-Bas) 694 019 $ 4ème : Alex Foxen (États-Unis) 512 824 $ 5ème : Seth Davis (États-Unis) 385 617 $

Trois Mousquetaires (morts) au combat

Event #26 : Deepstack NLHE 800 $ (Day 2)

Alors que la table finale du Gladiators bat son plein en plateau TV (sur une des tables secondaires, tout de même), ils ne sont plus qu'une cinquantaine de joueurs en lice dans le 800 $ Deepstack sur deux jours, qui a débuté dimanche. Et sur les quelques tables dédiées dans la Balls Room du Horseshoe, on retrouve quelques Français, plus ou moins connus de nos services.

Bahri
On commence avec un joueur qui nous avions découvert l'an passé : Safwane Bahri, qui avait pris la 12e place d'un event à 2 000 $, pour son premier tournoi WSOP. Depuis un an, ce top reg du casino de Rozvadov a fait un peu de chemin : à la fin des World Series, il avait terminé 26e du One More for One Drop à 1 000 $, avant de signer une grosse vingtaine de places payées en un an, dont un joli deep run sur le Main Event des WSOP-Europe (44e pour 29 562 $) ou encore une 3e place au Swiss Poker Open (à Rozva), qui lui a rapporté 36 000 €. Malheureusement, Safwane ne fera pas aussi bien sur ce 800 $ Deepstack, qu'il quitte en 48e place pour 8 631 $ sur une confrontation As-Roi contre deux Rois, terminant tout de même dans le top 1% de ce tournoi à 4 747 entrées. "C'était un gros field, une bonne structure, ça fait des points d'expérience," relativise Safwane. Et à la bulle, j'étais très shortstack, alors 48e..." Celui qu'on connait sur Winamax sous le pseudo "PrinzOfRozva" (il a changé de nickname depuis) lance ainsi son Vegas après douze derniers mois visiblement mitigés : "J'ai beaucoup joué, mais je n'ai pas cashé énorme. J'ai fait l'EPT Prague, Monaco, les WSOPC à Cannes, mais ça ne s'est pas super bien passé. Je suis à Vegas depuis deux semaines. Je me suis reposé au début, car j'avais beaucoup joué avant, j'ai fait du online, et c'est difficile de concilier avec le live. Je suis venu avec Dorian Melchers."

Sur ce tournoi, et même s'il rate les gros sous, Safwane trouve donc tout de même des motifs de satisfaction : "Je voulais la win... Mais mon deep run de l'année dernière m'a servi, il faut apprendre à jongler avec les temps d'un tournoi. Ça m'a coûté dans le passé, je ne tirais pas assez sur le frein à main. Mais il faut laisser jouer un peu ses adversaires... Et ici, je ne connais pas tous les joueurs, il y a tellement de profils... Tu peux avoir un mec super tight ou un autre qui spew." Il connaissait tout de même Samuel Bifarella : "On était ensemble à table au Day 2, on a discuté d'un éventuel swap, mais ça ne s'est pas fait" [le runner-up WSOP 2022 a finalement terminé 231e pour 2 571 $].

Pour la suite des WSOP, Safwane se tâtait à late reg le 1 500 $ aujourd'hui, et va également jouer au Venetian et au Wynn, avant sans doute de voir plus grand : "Je vais jouer le Main Event, c'est sûr à 80 %. Mais c'est dans un mois. D'ici là, il peut y avoir de la fatigue, de mauvais résultats... Quand il s'agit de jouer un 10k, je réfléchis, mais pour celui-là je suis optimiste." Spécialiste de Hold'em, le Français va t-il aussi tenter sa chance sur d'autres variantes ? "Je devrais faire du PLO. Des amis me disent que le niveau est cata... Je jouerai certainement le tournoi Mixed PLO/Hold'em." Le but est en tout cas de ramener le plus vite possible un bracelet à Rozvadov : "Toute ma bande possède au moins une bague WSOP Circuit, sauf moi. Mais personne n'a de bracelet : je veux être le premier à le choper ! Je ne me dis pas qu'il me faut le bracelet, mais gagner un trophée, c'est aussi gratifiant, pour le travail accompli." Une chose est sûre, on reverra donc rapidement Safwane en action à Las Vegas.

Sales
Chez Jean-Philippe Sales en revanche, on est plus en mode découverte : "C'est mon deuxième tournoi WSOP, apès le Gladiators", explique le Toulousain, marqué comme Américain sur les chipcounts WSOP. "C'était un tour de chauffe." Et visiblement, il peut remercier les Dieux du poker d'être encore en vie : "A un moment, un joueur a fait tapis avec K-7, je reshove J-J, il fait le Roi river. Je n'avais plus que 45 000 jetons aux blindes 60 000/120 000. Un tour plus tard, j'avais 1,7 million ! Il faut de la réussite pour avancer dans un field comme ça... Bon, dernièrement, je n'ai jamais autant foldé de ma vie... Mais à chaque fois, j'avais raison."

Commerçant dans le civil - il tient une boulangerie à Toulouse -, Jean-Philippe a donc décidé que cette année était la bonne pour réaliser son rêve : jouer les World Series of Poker. "J'ai beaucoup de boulot. Mais maintenant, j'ai une bonne équipe, les planètes étaient alignées pour que je vienne." Il était temps : celui qui connait bien la légende toulousaine Gregory Caubet joue depuis "une quinzaine d'années. Je m'étais qualifié pour l'EPT Deauville en 2012. J'ai encore le sac !" Sac accroché à sa chaise aujourd'hui. "Sinon, je joue online, aux petites limites, pour me détendre. En live, l'offre est faible à Toulouse, heureusement qu'il y a Fivebet. J'ai aussi récemment refait du cash-game, pour la première fois depuis dix ans. Dès que je peux, je fais du live." Cette première à Vegas semble en tout cas bien débuter...

Conte
Le troisième larron tricolore en lice est une vieille connaissance : Maxime Conte, qu'on couvrait déjà il y a plus de dix ans sur les tournois du circuit. "Je suis là depuis deux semaines, mais je pars ce week-end. Si je gagne ce tournoi, je reviendrai sûrement !" Le créateur de la plate-forme de staking Deal M Poker confie qu'il a arrêté le poker online [il fût un temps sponsorisé par la room Titan Poker]. "Je ne fais que du live. Je viens à Vegas tous les ans... Parce que c'est Vegas !"

Alt
Après l'élimination d'Ismael Bojang (37e), le Suisse Dinesh Alt est l'une des dernières têtes d'affiche de ce tournoi, avec le vainqueur du Main Event des WSOP 2013, Ryan Riess

Le payout du tournoi, avec plus de 400 000 $ à la win.

EDIT : pendant que nous écrivions cet article, Jean-Philippe Sales a pris la 26e place pour 15 589 $, et Maxime Conte la 32e pour 12 698 $. Il n’y a plus de Français en lice dans ce 800 $ Deepstack, mais un francophone : le Belge Maxime Mesman.

Gladiators
Pendant ce temps, la table finale du Gladiators déchaîne les passions : songez que le vainqueur remportera un demi-million de dollars, pour un buy-in initial de 300 $ !

Vacher ne lâche pas

Event #27 : 8-game mix 6-max 1 500 $ (Day 2)

Vacher
Dans l'organisation des WSOP, on semble bien le connaître. Mais le grand public, et même les journalistes français présents sur place, un peu moins. En fait, on a découvert Frédéric Vacher dimanche, quand il a terminé meilleur Français du Gladiators of Poker : 138e pour 3 540 $. Sur un field de plus de 23 000 entrées, la perf est belle. Et c'est d'ailleurs ce qui a motivé le joueur de la région lyonnaise a s'inscrire dans la foulée au Eight Game Mix 6-Handed à 1 500 $ : "Une heure après, j'ai late reg, confirme t-il. Je me sentais bien, focus et concentré." Et on peut dire qu'il a bien fait : le voilà d'ores et déjà ITM pour la seconde fois en deux jours, et assuré d'un gain de 3 519 $ (il y avait 119 places payées sur cet event #27, pour 789 entrées). Pourtant, nous n'avons pas affaire à un spécialiste des variantes : "Je ne suis spécialiste de rien, confirme Frédéric. J'aime bien le Stud Hi-Lo, je me débrouille en Hold'em et en Omaha..."

Concernant ce tournoi, Frédéric n'est actuellement pas au top alors que nous l'avions quitté avec un tapis dans la moyenne une heure avant de l'interroger : "J'ai été toujours au dessus de l'average, malgré un field relevé et des tables compliquées. Sauf juste avant le dinner-break, où j'ai perdu un gros pot en PLO, avec A-A-J-8. J'ai re-pot préflop sur un open, il a call, et il y avait 130 000 au milieu. On est parti à tapis sur un flop K-8-3, il avait les Rois... Je suis tombé à 90 000, alors que la moyenne est d'environ 400 000. Mais ça peut changer, je peux remonter." Quelle que soit l'issue de sa partie, Frédéric se sera en tout cas forgé de beaux souvenirs sur ce tournoi : "Faire des deepruns comme ça, c'est sympa. J'ai joué avec Isildur [qui est donc de retour aux WSOP !], il est très sympa. J'ai aussi semi-bluffé Negreanu en Deuce to Seven, il a foldé une Hauteur Valet, je lui ai montré, et il a fait la tête ! Il y avait aussi Josh Arieh sur ma table actuelle."

De quoi kiffer le second séjour de sa vie à Las Vegas, qu'il a entamé le 29 mai : "J'étais déjà venu il y a cinq ans. Là, je suis avec trois amis, on a loué une villa, et maintenant on loge au Horseshoe, c'est plus simple." Frédéric a prévu de rester jusqu'au 16 juin, et ses plans ne changeront pas en cas de grosse perf : "J'ai un emploi de réceptionniste polyvalent, je dois rentrer." Il nous explique aussi avoir découvert le poker sur Internet en 2006, soit 17 ans de pratique tout de même : "J'ai déposé 20 balles deux fois, et je n'ai jamais trop redéposé depuis. Je fais les Series deux fois par an sur Winamax, et ça se passe bien sur les tournois de variantes. Sinon, je fais pas mal de live, mais je n'ai jamais claqué la grosse perf [il compte 31 ITMs sur sa fiche Hendon Mob tout de même, mais aucun cash à cinq chiffres]. Bref, nous avons surtout affaire à un passionné. "J'aime beaucoup le poker", conclut Frédéric. N'est-ce pas là finalement l'essentiel ?

Vacher
Frédéric tenait à prendre la pose sur le spot de vainqueur prévu à cet effet, à l'entrée de l'Event Center. L'avenir nous dira si cela était ou non prématuré...

Deeb
Shaun Deeb, qui a déjà atteint une finale en Stud il y a dix jours, était chipleader du tournoi au départ de ce Day 2...

Strelitz
... un rôle désormais dévolu à Daniel Strelitz, qui a d'ores et déjà validé son 4e ITM sur ces World Series 2023

Chad Holloway
Chad Holloway est heureux d'être là : durant longtemps, l'Executive Editor USA de Pokernews, qui détient un bracelet WSOP gagné sur le Casino Employees en 2013, racontait des coups de poker, au lieu de les jouer...

Pescatori
Max Pescatori, à la recherche d'une 5e breloque WSOP

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La machine est lancée

Adrián Mateos démarrera le Day 2 du "100K" dans la peau du chipleader Event #29 : High Roller NLHE 100 000 $ (Fin du Day 1)

Mateos
Six mois : dans cinq jours, cela fera pile six mois qu'Adrián Mateos n'a pas gagné un tournoi de poker en live. Et on sait que pour un compétiteur tel que lui, ça doit commencer à faire long. Pourtant, ce n'est pas faute d'essayer : depuis sa dernière victoire sur un High Roller à 25 000 € joué en mode Sit&Go à l'EPT Prague en décembre dernier, l'Espagnol enquille les tables finales, neuf exactement. Sur ces WSOP, il tourne également autour du pot, avec trois demi-finales à son actif, dont une 14e place sur le High Roller 6-Handed à 25 000 $ en début de festival, et dimanche une 17e place sur le High Roller à 50 000 $.

Mais la donne pourrait bien changer, et sur l'un des tournois les plus chers des WSOP : Amadi_17 est en effet chipleader du High Roller à 100 000 $ à l'issue des 12 niveaux de 40 minutes joués lors du Day 1. Alors certes, on est encore loin du Graal dans cette épreuve, qui va s'étaler sur trois jours. On n'a pas pu obtenir sa réaction en fin de journée, occupés que nous étions par une autre interview que vous retrouverez bientôt dans nos colonnes : mais une chose est sûre, cela prouve que la "máquina" est affûtée dans cette campagne WSOP, et a toujours autant faim de titres. Rappelons qu'Adri court après un 5e bracelet, alors qu'il n'a même pas 30 ans.

Pour aller au bout, le Madrilène devra évidemment vaincre une concurrence féroce, dans un tournoi hyper-relevé qui cumule pour l'instant 79 entrées après le Day 1 (mieux que les 62 buy-ins enregistrés l'an passé à ce stade), alors qu'il sera encore possible de s'inscrire jusqu'au départ du Day 2. Le top 10 provisoire est par exemple composé, dans l'ordre et outre Adrián, de Chris Hunichen, Chance Kornuth, Espen Jorstad (vainqueur du Main Event 2022 et champion du monde "officiel" en titre), Jeremy Ausmus, Talal Shakerchi, Cary Katz, Koray Aldemir, Justin Bonomo et Ren Lin (un spécialiste des High Rollers, si vous ne le connaissez pas), sans oublier Stephen Chidwick, Ben Heath, Bryn Kenney, Brian Rast, Alex Foxen, David Peters et j'en passe.

Ivey Deeb
Phil Ivey (ici en compagnie de Freddy Deeb) n'a lui pas passé le cut sur sa première bullet, tout comme Daniel Negreanu (qui jouait encore le Gladiators à 300 $ la veille !) ou le double champion WSOP 2023 Chad Eveslage.

Bref, tout peut encore arriver, mais Adrián s'est mis dans ses meilleures dispositions, comme dirait Aimé Jacquet. Jusqu'à lui aussi devenir champion du monde, une nouvelle fois ? On en saura un peu plus lors du Day 2, qui débutera ce mardi à midi heure locale (21 heures en France). On vous tiens au jus dans notre reportage !

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Une máquina bien huilée

Adrián Mateos entre dans les places payées du 100k Toujours chipleader à 14 joueurs restants, il peut viser bien plus haut Event #29 : High Roller NLHE 100 000 $ (Day 2)

Mateos
Il avait déjà atteint trois tops 20 dans ces WSOP, notamment sur le 50k et le 25k : Adrián Mateos en valide une quatrième ce mardi sur le High Roller à 100 000 $. Le pro Winamax a en effet passé la bulle sans encombre dans l'après-midi (14 places payées pour un field total de 93 entrées) après une longue phase de main-par-main, et est d'ores et déjà assuré d'un gain de 171 034 $. "Je me sens bien, je suis content d'être encore chipleader", nous confiait le Madrilène après l'élimination de Jonathan Jaffe en 15e, marquant l'entrée dans les places payée.

Car après avoir démarré la journée à midi au sommet du chipcount, Amadi_17 possède toujours les plus grosses piles de jetons cinq heures plus tard. S'il figurait encore dans le peloton de tête avant le main-par-main, l'Espagnol s'est régalé pendant la bulle pour reprendre le chiplead à un Cary Katz qui s'était pourtant envolé loin devant tout le monde. On l'a vu notamment martyriser l'ex-numéro 1 mondial David Peters... Dans un pot 3-bet par l'Américain, Adrian paye en position, et après un double check sur un flop Q74 et un turn 9 , Peters mise 200 000 sur la river 8... avant de se prendre une relance à 2 millions en pleine poire. L'Américain, qui a mis deux bullets dans ce tournoi, est contraint de passer, permettant au Madrilène de se maintenir dans le peloton de tête. Notre Team Pro doit également croiser le fer avec un Justin Bonomo plutôt short.

Une chose est désormais certaine : Adrian Mateos peut légitimement penser à la table finale désormais, même si tout peut arriver dans ce tournoi, où le chipcount est assez resserré, avec de nombreux joueurs naviguant dans la zone des 40 blindes. La stratégie ? "Je suis chipleader, donc je dois jouer loose, explique Amadi. Mais je vais aussi m'adapter à la taille des tapis. Je vais essayer de donner le meilleur, c'est sûr." Pour ça, on peut lui faire confiance.

L'échelle des prix (prizepool de 8 997 750 $) :

Vainqueur : 2 576 729 $ Runner-up : 1 592 539 $ 3e : 1 142 147 $ 4e : 833 854 $ 5e : 619 919 $ 6e : 469 464 $ 7e : 362 279 $ 8e : 284 979 $

9e : 228 600 $
10e : 187 069 $
11e : 187 069 $
12-14e : 171 034 $

Mateos Katz
7e en jetons au départ de la journée, Cary Katz a multiplié son tapis par cinq en quatre grosses heures de jeu, pour frôler les 10 millions avant la bulle, soit deux fois plus de jetons que ses plus proches poursuivants au chipcount. Mais le businessman, qui a récemment signé l’élimination d’Andrew Robl, a bien dégrindé pendant la période de main-par-main, faisant notamment doubler Justin Bonomo

Arends
Jans Arends (à droite, ici avec Koray Aldemir) est en pleine forme : après sa troisième place sur le High Roller à 50 000 €, le voilà parmi les chipleaders du 100k à 14 joueurs restants

Foxen
Alors qu’elle avait été éliminée lors du Day 1, Kristen Foxen a remis le couvert au coup d’envoi du Day 2. Elle est maintenant assurée de (presque) rentrer dans ses frais avec un gain minimum de 171 034 $, soutenue par son mari Alex dans le rail

Chidwick
Stephen Chidwick termine 16e de ce tournoi, éliminé par Ren Lim avec A-K contre 10-10. Contrairement à Phil Ivey, qui a re-entry ce mardi après avoir été éliminé hier, l’Anglais n’aura « consommé » qu’une seule bullet dans ce High Roller. 14 joueurs se sont d’ailleurs inscrits ou re-inscrits entre le Day 1 et le Day 2

Cherche pas, t’as Letort

La première grosse victoire française de l'été n'a pas eu lieu au Horseshoe. Pour voir un Tricolore soulever un trophée la semaine passée, il fallait se rendre au Venetian samedi. Plus précisement, pour l'Event #23 de la fameuse série de tournois organisée habituellement dans l'établissement durant la période des Championnats du Monde. Car c'est sur cette épreuve que Thibault Letort s'est imposé pour un très beau gain de 179 048 $, lui qui n'avait jusqu'ici jamais réussi une telle performance en tournoi live. Une bonne raison de faire connaissance avec ce joueur de 27 ans plein d'avenir, qui n'est même pas un spécialiste de MTT...

Letort 2
Ces dernières années, le clan français a été efficace sur les World Series of Poker, ramenant au moins un bracelet dans l'Hexagone lors de chaque édition des Championnats du Monde disputée depuis 2018. Mais les Bleus ont également pris l'habitude de s'illustrer sur les festivals annexes : tous les ans, les Tricolores se signalent aussi au Venetian, au Wynn ou même au MGM, bref partout où se jouent de beaux tournois. Et cet été 2023 ne déroge pas à la règle : Thibault Letort a ainsi ouvert le palmarès à six chiffres des Français à Sin City ce week-end, en remportant un tournoi à 1 600 $ des Venetian DeepStack Championship Poker Series, pour un gain de 179 048 $.

L'occasion de découvrir ce Montpelliérain de 27 ans, actuellement expatrié à Brighton, en Angleterre, après avoir vécu à Wimbledon parmi la bande de grinders français. Car avant ce titre, Thibault n'avait encore jamais réalisé de performance notable sur le circuit live, même si on l'avait vu remporter le High Roller de l'UDSO La Grande-Motte en 2016 pour 17 000 €, ou encore arriver jusqu'en 12e place d'un tournoi de No Limit Hold'em à 2 500 $ pour un gain de 18 768 $, lors de son premier voyage à Sin City en 2021. Il faut dire que Thibault ne s'est jamais vraiment donné à fond pour les tournois en dur : lui, c'est sur le Net qu'il fait son beurre. "Je suis pro depuis six ans, j'ai commencé le poker pendant que j'étais en fac de Sciences Eco, rembobine le champion. J'ai commencé en solo, sur Winamax notamment. Je regardais aussi les streamings EPT avec Benny et Yu, avec les Ole Schemion et tout ça... Aux tables, ça s'est bien passé, j'ai eu de la chance au début, comme beaucoup. Et comme je ne savais pas vraiment quoi faire à côté, vu que j'avais été à la fac sans objectif clair... J'ai foncé. Je suis parti à Malte." Le poker directement après les études, sans passer par la case boulot : pas de quoi inquiéter papa et maman ? "J'ai été très vite autonome, et j'ai commencé à gagner, donc je n'ai pas eu de problèmes à ce niveau, la confiance était là."

Letort 6S'il a commencé en MTT, Thibault a finalement bifurqué vers le format Expresso au bout de deux ans de pratique : "J'avais un peu ma dose des MTT, et l'avantage des "spins", c'est le rythme de vie : tu peux jouer et t'arrêter quand tu veux. Aujourd'hui je joue les plus hautes limites du .fr sur un site concurrent, des tables à 200 ou 400 €. J'en joue en moyenne 3 000 par mois, quand je reste chez moi. Je suis tombé sur un jackpot à 500 000 € en mars, j'ai fait deuxième, pour 75 000 €. C'était mon premier "spin" à six chiffres." Bon, cela n'empêche pas Thibault de revenir à ses premiers amours de temps en temps, "pour changer du quotidien". Et avec réussite : "J'ai récemment remporté le Purple Funday sur Winamax, c'est cool ! J'ai aussi gagné trois Wina Series depuis le début de ma carrière."

S'il connaissait donc le goût d'une grosse victoire en ligne, Thibault a donc eu l'occasion de le savourer en live, à l'issue d'un dernier acte visiblement assez décousu. Il nous raconte : "J'avais double-up juste avant la finale, alors que j'ai navigué longtemps entre dix et quinze blindes. Mais j'arrive donc en TF avec 40 blindes : je connaissais la moitié des joueurs, dont Samy Dubonnet. Le scénario a été très particulier : un joueur a sauté très rapidement, deux autres ensuite, et nous sommes restés à six joueurs durant une éternité. Il y a eu plein de retournements de situation, tout le monde est passé très shortstack, mais tous les shorts doublaient..." Pas évident à gérer : "Là, il ne faut pas tilter quand c'est toi qui passe short, ne pas commencer à balancer quand tu as un petit stack, faire attention à l'ICM, ce qui n'est pas ma spécialité. Mais j'avais du soutien dans le rail, des mecs de Londres, mon ancien coloc' Maxime Chilaud, ou Jonathan Pastore et Nicolas Vayssières, avec qui je suis dans une villa à Vegas... Avec Samy, on s'est retrouvé bien au même moment, et on se disait alors qu'on pouvait se retrouver en HU... "

Letort 3
Enfin arrivé à cinq joueurs restants, un joueur américain propose alors un deal : "Mais tout le monde a refusé. On arrive ensuite à quatre joueurs left, avec Samy qui a encore 2 blindes et demi, et moi un gros stack. Le joueur qui voulait dealer se retrouve très short. Finalement, Samy bust 4e..." Thibault se retrouve ensuite en heads-up contre l'Allemand Robert Schulz, "un joueur solide, qui a très bien joué en finale. Mais en tant que joueur de heads-up, je voulais jouer le duel... Il avait un peu plus que moi au départ, on avait entre 30 et 40 BB chacun. Mais on se neutralise, et on arrive à 2h30 du matin. J'étais bien crevé, on jouait depuis 11 heures du mat'... On a réfléchi, et on a décidé qu'au lieu des 50 000 $ de différence entre les deux premières places, on n'allait jouer que pour 21 000 $. Il a ainsi "lock" 160k, et moi 158k. Derrière, ça s'est bien passé pour moi, j'ai gagné dix mains d'affilée ! Et je conclus sur un flip."

Il était alors temps de profiter : "C'était un sentiment incroyable. Surtout que c'est au début de Vegas, c'est encore plus beau, pour la confiance. Et il restait des potes dans le rail, qui étaient venus avec le drapeau français." Mais la confiance, Thibault l'avait déjà avant de débarquer dans le Nevada. Sa préparation ? "Un mois en France, sans jouer, dans ma famille. C'était compliqué de continuer à jouer en "spin" après le jackpot 500k, car tu gagnes 75k mais tu n'es pas totalement satisfait, c'est un sentiment très bizarre... En tout cas, ce break m'a permis d'arriver frais mentalement pour les WSOP. J'étais déjà bien entré dans mon Vegas avant ce tournoi au Venetian. Et désormais, j'aurai peut-être davantage confiance dans certains spots pour la suite, j'écouterai peut-être plus mon instinct... Je ne sais pas. En tout cas, je vais me la croustiller un peu en jouant un poil plus cher."

Letort 4
Si le Main Event était déjà prévu au programme "un tournoi exceptionnel, fou, avec tous ces amateurs qui posent 10 000 $", Thibault envisage ainsi de buy-in le 5k 6-max en bonus, alors qu'à la base il avait prévu de ne jouer que les tournois entre 600 et 3 000 $. "Je pense aussi faire une pause, c'est important, car jouer pendant un mois et demi, c'est compliqué. La dernière fois, j'étais parti à San Diego avec Ulysse Harry." Pour déconnecter, le Montpelliérain dispose donc d'une belle villa à Vegas. "On est quatre, il y a aussi Clément Bonnand. C'est bien pour se sortir de l'ambiance pesante du strip. Et de ce que j'entends, ça ne se passe pas très bien pour ceux qui restent un mois et demi à l'hôtel... " Et pourquoi pas également retourner dans le lieu de ses exploits ? "Les fields sont très abordables au Venetian, décrit l'Héraultais. Forcément, dans le lot, il y a des très bons joueurs qui traînent, des moins bons. Ce sont des buy-ins que je peux jouer, alors que je ne suis pas un expert des MTT. Par rapport aux WSOP ? Je pense qu'il y a encore plus de joueurs amateurs aux Series, ça attire plus, et c'est normal."

En tout cas, Thibault espère progresser à force de se frotter aux fields live : "Je sais que j'ai des lacunes sur pleins de spots que je ne connais pas. Mais c'est du live, online ce serait plus compliqué. Il y a moyen de s'adapter. Je joue quand même cher dans mon format, il y a des notions que j'arrive à transposer, comme les spots blind vs blind, ou bouton vs blinds... Alors que c'est plus difficile sur les relances UTG par exemple. Mes potes m'aident pour cela." Il confie qu'après Vegas, il pense à l'EPT Barcelone, mais aussi à Prague, où il n'est jamais allé. "J'ai aussi des potes qui jouent à Chypre en live, apparemment c'est sympa... Maxime Chilaud a bien rasé là-bas." En attendant, l'objectif pour Thibault est bien sûr de continuer sur sa lancée, ce qu'il s'applique à faire : il a atteint l'argent lundi sur le 1 500 NLHE (251e pour 2 631 $), avant de buy-in le 3k 6-max ce mardi. "Cela faisait cinq jours que je n'avais pas bust ! Ce qui est bien maintenant, c'est que quoi qu'il arrive, ça restera un bon Vegas, même si je "blank" tout le reste. J'avais prévu 50k de buy-ins, je suis large !" On lui donne rendez-vous pour une prochaine perf... au Horseshoe cette fois ?

Dubonnet
Vous le savez désormais, un autre français bien connu de nos services a également représenté sur ce 1 600 $ : Samy Dubonnet, qui prend la 4e place pour 77 334 $ (on signale aussi la 12e place de Corentin Ropert, pour 13 555 $). Un grinder qui a bien roulé sa bosse en live ces dernières années, mais qui n'a pas encore claqué la grosse perf. Il en était plus proche que jamais au Venetian, et a accepté de nous donner son sentiment sur cet état de fait, quelques jours après ce nouveau deeprun achevé trop tôt. Sans langue de bois.

"Un jour, j'avais dit lors d'une interview pour Winamax que ce qui doit arriver arrivera. Un an après, je remportais le 4 Million Event des Series. Mais c’est vraiment un adage que je me suis créé, et qui me tiens à cœur. On sous-estime la variance en live, et le peu de volume que l’on peut faire : et moi, cela ne fait que trois ans que je fais le circuit live complet, EPT et WSOP. Depuis plusieurs années, au niveau français, on entend beaucoup parler de Julien Sitbon, Alex Reard, Ivan Deyra ou Romain Lewis. Mais ils font le circuit depuis 6/7/8, voire 11 ans pour des mecs comme Alex. Ils possèdent une expérience folle.

Alors effectivement, je ne suis passé pas loin avec quelques demi-finales WSOP, des finales et des gros deep runs... et ça ne s’est jamais vraiment déroulé comme prévu. Certains ont eu cette chance de performer tout de suite, mais d'autres doivent patienter, faire preuve d’abnégation et de persévérance. Je ne me considère pas comme talentueux, mais je pense être un gros travailleur. Je me force à l’être beaucoup plus que les autres, et je me concentre sur ce qui est maîtrisable. Alors à court terme, j’ai un sentiment de frustration, je me demande pourquoi cela n’a pas penché de mon côté. Il y a un sentiment d’impatience, un désir profond de réussir. Après, tu "dézoome" la situation, et tu te dis qu’il faut multiplier les occasions, et qu’un jour ça ira dans ton sens. Je crois en moi. J’ai confiance en moi. Et je suis entouré de gens qui ne sont pas result oriented, alors… ce qui doit arriver arrivera."

Une analyse pleine d'à-propos, et on remercie d'ailleurs Samy de s'être prêté au jeu. Nous, on y croit aussi : on espère pour lui que la grosse perf arrivera avant la fin de l'été...

Crédit photos : Venetian

On est en finale, on est (encore) en finale…

Adrián Mateos aura son siège sur la TF du "100k" avec un stack moyen Le pro W jouera pour son 5e bracelet WSOP et 2,5 millions de dollars La finale débutera mercredi à midi (21h en France) Event #29 : High Roller NLHE 100 000 $ (Fin du Day 2)

Adrian TF
Il n'est plus chipleader, mais il est en finale : après trois tops 20 depuis le début de ces WSOP, Adrián Mateos a enfin passé le step supérieur, et pas sur le tournoi le plus moche. Lors du Final Day du High Roller à 100 000 $ ce mercredi, il bataillera ainsi pour un gain mirifique de 2 576 729 $, alors qu'il a déjà sécurisé 469 464 $ au minimum, le prize money qu'encaissera le 6e et premier éliminé du dernier acte, qui débutera dans l'Event Center du Horseshoe à midi heure locale. Le tout, à l'issue d'un bon Day 2, qu'il avait donc débuté au top du chipcount, avec 50 joueurs au départ. "J'ai très bien démarré, rembobine l'Espagnol. Tout s'est bien passé, même si j'ai perdu un gros pot en fin de journée qui fait que je me retrouve 4e au chipcount." Un stack de 7 175 000 qui représentera 29 blindes, et qu'il ne faudra pas tarder à faire fructifier selon Adri : "La structure est un peu turbo, alors il faudra un peu de chance. Mais je jouerai pour gagner." On n'en doutait pas un seul instant : pour rappel, le Madrilène aimerait bien ajouter un 5e bracelet WSOP à sa collection. Alors qu'il n'a pas encore 30 ans, ce serait peut-être un record de précocité...

TF 2
Mais pour atteindre son objectif, Amadi aura fort à faire : il devra venir à bout d'un chipleader en plein rush, Jans Arends - "fliekertje" sur Winamax - tout frais 3e du High Roller à 50 000 $ il y a deux jours, mais aussi de Cary Katz, un redoutable joueur amateur capable de coups d'éclat, comme lors du Day 2 où il possédait deux fois le stack du second en jetons peu avant la bulle. En plus, le businessman a invité tout le monde à manger chez Nobu après la fin de la journée. Histoire de se mettre un adversaire ou deux dans la poche ?Évidemment, on ne peut occulter les shortstacks mais néanmoins multiples détenteurs de bracelets, Jeremy Ausmus et Chance Kornuth, déjà runner-up du 25k 6-Handed en début de WSOP. Biao Ding, lui, est un nouveau venu sur le circuit Triton, et à déjà encaissé 1,4 millions de dollars en tournois live depuis le début de l'année : autant dire que les gros enjeux ne lui font pas peur. Cette finale, vous pourrez aussi la regarder en streaming sur PokerGO avec 30 minutes de décalage. C'est peut-être le moment de prendre l'abonnement... Allez Adrián, ¡a por ellos!

La composition de la table finale

# Nom Stack
1 Cary Katz (USA) 12 775 000 (51 BB)
2 Jans Arends (Pays-Bas) 16 625 000 (67 BB)
3 Biao Ding (Chine) 8 800 000 (35 BB)
4 Adrian Mateos (Espagne, Team Winamax) 7 175 000 (29 BB)
5 Chance Kornuth (USA) 4 600 000 (18 BB)
6 Jeremy Ausmus (USA) 5 750 000 (23 BB)

La liste des joueurs ITM

Les gains restant à distribuer

Rang Prix
Vainqueur 2 576 729 $
Runner-up 1 592 539 $
3e 1 142 147 $
4e 833 854 $
5e 619 919 $
6e 469 464 $

Tableau de bord 6 joueurs restants (sur 93 inscriptions) Reprise à 12h (21h en France) avec 12 minutes à jouer aux blindes 125 000 / 250 000 / BB Ante 250 000 Niveaux de 40 minutes Prix assuré : 469 464 $

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Première mi-temps d’un diable rouge

Le génie a tout planifié. Depuis quelques années, Davidi Kitai a pris l’habitude de découper sa campagne de WSOP en deux temps. Un premier en solo, où le Belge part à l’assaut des fields américains tel un guerrier isolé. Un second en famille, porté par l’énergie irremplaçable de sa tribu.

Event #35 : 3 000 $ 6-max (Day 1)

Kitai

« Je vois vraiment cette première partie comme un entrainement, affirme le Belge. Je n’ai pas vraiment d’attente en termes de résultat. C’est devenu tellement difficile de prendre un bracelet en Hold’em maintenant, les fields sont devenus tellement grands ».

Le diable rouge a attaqué cette première mi-temps avec le 3 000 $, disputé dans notre cher 6-max et le tournoi fétiche de Davidi. « J’ai des super sensations sur ce tournoi. C’est celui-que j’avais gagné en 2014. Et l’année dernière, j’avais encore fait un deep run. Mais c’est vrai qu’il est devenu turbo, alors que quand je l’ai gagné, il se jouait sur trois jours ». La cadence accélérée n’a pas empêché le Génie d’aller chercher un nouveau deep run sur ce 3k 6-max, ponctué cette fois en 98e position.

Un premier petit résultat pour se chauffer les doigts, avant d’attaquer le 10 000 $ Secret Bounty. « Ça sera mon plus gros buy-in sur la première partie de festival. Mais cette année, je vais vraiment focus le Main Event. L’année dernière, j’avais fait une coupure de cinq jours avant d’emmener ma famille. C’était trop peu. Cette fois, je prends quinze jours de pause avant de revenir » poursuit Kitai, qui a encore une fois tout prévu.

« J’arriverai le 3 juillet, afin d’avoir quelques jours de récupération avant le Main Event puisque je jouerai le Day 1D. C’est celui que j’ai toujours joué, et en quinze ans, je n’ai jamais eu une table difficile sur le jour 1. Le seul risque, c’est qu’on pourrait jouer en 10-handed. Les organisateurs le disent à chaque fois pour dissuader les joueurs et remplir les jours précédents. Je disais tout le temps “c’est un bluff”, mais l’année dernière, on a vraiment joué en 10-handed ».

Kanit

Pour l’instant, Kitai prend ses marques sur un autre 10 000 $, en mode Mystery Bounty cette fois, sur un field moins massif et autrement relevé. Notre Team Pro belge est escorté pour l’instant par son collègue Mustapha Kanit, auteur d’un bon départ, tandis qu’Adrian Mateos pourrait rejoindre l’équipe plus tard dans la journée.

Caubet

Plusieurs Français sont également de la partie. Antoine Saout, François Pirault, Alex Réard, Cédric Schwaederle et Florian Guimond ont fait leur entrée cet après-midi, tout comme un certain Greg Caubet. “Truiton” (photo) apparaissait ce matin avec de petits yeux, suite à une nouvelle grande virée en compagnie de Harper « On est allé regarder le match de hockey, on a fêté la victoire de Vegas, on est allé au Piano Bar. Par contre, je ne sais plus à quelle heure on a fini, ni comment on est rentré » confesse Greg. Heureusement, la mémoire toujours aiguisée de Harper saura vous narrer les différentes péripéties, à travers un nouveau “Une journée avec”, qui promet d’être animé et bien arrosé.

Saout

On se contentera d’un gros million de dollars

Adrián Mateos prend la 3e place sur le deuxième plus gros tournoi du festival pour un nouveau gain à sept chiffres. Mais on commence à connaître la maquina, qui ne savoure pleinement que le gout de la victoire. La prestation est belle mais Mateos ne cache pas la frustration, après être passé si proche de son cinquième bracelet.

Event #29 : High Roller 100 000 $ (Finale)

Mateos

Le Madrilène détenait en effet une occasion en or d’agrandir sa collection. Auteur d’un début de finale magnifique, Adrian Mateos se replace dans la course en deux énormes coups. Un premier double-up contre Jeremy Ausmus sur un flip AQ contre 66ds, puis un hero-call inspiré contre Chance Kornuth avec Q10 sur un board 1084K2 : en deux heures, Adrián est repassé chipleader.

Il se chargera lui-même de prendre les dernières blindes d'Ausmus sur une énigmatique rencontre J9 contre 108. Dans la foulée, le boss de PokerGo Cary Katz se faisait plaisir devant ses caméras, en achevant le triple champion WSOP Kornuth sur un duel AJ contre A4.

Le match à trois commence, en compagnie de Jans Arends, le top reg online et braqueur régulier de Winamax sous le pseudo Fliertkje. Respecté de toute la scène High Roller, le Hollandais va faire basculer la finale en une main, que Mateos ruminera encore pendant quelques heures.

Mateos

Open de Jans 800 000 au bouton et Masteos paie depuis la SB. Catz complète, et les trois joueurs voient le flop JJ9. Tout le monde check. L’action repart sur la turn 2. 1 9000 000 envoyé par Mateos, fold Cary et call de Jans, pour se retrouver en tête-à-tête sur la river Q. Avec K10 entre les mains, Adrian vient de toucher ce qu’il croit être la carte magique. En réalité, c’est Jans Arend qui vient de toucher sa “Gin-card” puisque le Hollandais est assis sur un full-house depuis le flop avec son J9.

Mateos part pour valoriser la quinte avec un bet à 2 000 000 et Jans peut envoyer la sauce : Check-raise 12 000 000 de Arends, soit les trois quarts du stack de l’Espagnol. Le mal de crâne commence. Adrian utilise tous ses "time-banks" mais ne parviendra pas à s’extirper de cette quinte.

Tombé sous les quinze blindes, Adri lèguera ses sept derniers millions à ce même Jan Arends sur un duel 99 contre KJ. 9 dès le flop, drawing-dead turn, et Mateos se contentera cette fois de la 3e place, pour 1 142 147 $.

Mateos

« Aaargh ! Si j’avais eu plus de Time Bank, je pense que j’aurais trouvé le bouton fold, rage le Madrilène, quelques minutes après sa sortie. J’aurais dû suivre mon premier instinct, qui était de lâcher. Je le voyais très tranquille, très relâché, je me disais qu’il l’avait. Mais derrière, j’ai commencé à penser, à compter le nombre de bluffs qu’il pouvait avoir et c’est ça qui m’a conduit à payer. J’ai aussi pensé que ses résultats récents auraient pu l’inciter à jouer plus agressivement que d’habitude. Je ne dirais pas que j’ai mal joué la main, mais si j’avais eu plus de temps, j’aurais foldé ».

La déception n’enlève rien à la performance du champion. Encore une fois, Adrian Mateos valide un score exceptionnel sur l’un des tournois les plus relevés du monde, un 100 000 $ de 93 entrées. Une perf qui valide le bon début de festival de Mateos et permet de faire le plein de confiance, avant le plus gros tournoi de l’année, le 250 000 $. « C’est le tournoi que j’ai gagné il y a deux ans, et j’ai encore fait finale l’année dernière. Je l’attends avec impatience, j’ai beaucoup d’envie de bien faire ». Une préparation particulière avant ce rendez-vous ?

« Là, je vais juste jouer le 10 000 $ Secret Bounty. Tu ne peux pas préparer des tournois de cette magnitude deux jours avant. C’est une préparation qui se fait toute l’année, toute ta carrière. Je vais juste bien dormir, faire mes routines, bien, mais la préparation se fait au quotidien ».

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Double poteau entre potos

Ils n’étaient pas un, mais deux joueurs tricolores à atteindre la finale du juteux 3 000 6-max. Julien Sitbon et Samy Boujmala ont percé un field colossal de 1 241 entrées pour vivre ensemble leur toute première finale WSOP, avec plus d’un demi-million d’euros en jeu. Malheureusement pour les deux hommes, la finale a tourné court. Samy et Julien se contenteront des places d’honneur, tombant respectivement en sixième et cinquième position.

Event #32 : 3000 $ 6-max (Day 2 et finale)

Un beau rail français dans les tribunes de salle télévisée. Le parrain niçois “Tonin”, le sang de la veine Hicham, le coach et frère d’armes Virgile Turchi, les amis grinders, les potes qui ne connaissent rien au poker... Virgile fait d’ailleurs la jonction avec le clan Sitbon, en compagnie des Sonny Franco, Nico Chèvre Miel, Flavien Guénan et bien sûr Sonia, la compagne de Julien. Deux kops en fusion pour pousser nos deux Tricolores sur une finale WSOP.

Pas tant un hasard de voir la France si bien représentée sur une finale de 6-max. Entre les wins d’Olux, Jonathan Pastore, et plus récemment la 3e place de Sarah, on commence à être habitué aux perfs françaises sur les formats short-handed de Vegas. Malheureusement, nos deux héros du soir ont vu le run les quitter peu après le diner-break, pour finalement s’incliner en 6e et 5e position.

Boujmala

C’est Samy Boujmala qui est le premier à quitter la scène. Parti avec un bon stack à l’amorce des demi-finales, le Français a perdu deux gros coups à tapis au moment de la bulle TF… Contre Julien Sitbon. Un duel 9-9 contre A-2 ou l’ainé trouvait une double paire miraculeuse sur un board 8Q10Q10 puis un deuxième duel dès la main suivante, avec AQ contre le AJ de son compatriote.

Samy se retrouve cripple, mais se relancera quelques minutes plus tard en remportant le flip avec AQ contre le 1010 de Mark Ioli. Le Marseillais gagne sa place en finale, où il grattera un palier après l’élimination de Todd Ivens. Quelques mains plus tard, Samy prend ses responsabilités et envoie ses 11 blindes au CO sur la blinde d’Eshaan Bhalla. L’Américain se réveille avec paire de Rois et le board Q41039 mettra fin au superbe parcours de Samy Boujmala.

Boujmala

« Vu le scénario, j’aurais peut-être pu espérer mieux, sachant que joue le pot pour passer presque chipleader. Mais bon, c’était contre Julien, ça fait plaisir qu’il ait pu faire TF avec nous et il ne faut pas oublier tout ce qu’il s’est passé avant. Je retiens surtout beaucoup de satisfaction, beaucoup de fierté » affirme le Samy, tout sourire au moment de partager son ressenti.

Habitué de Vegas, le grinder sudiste a toujours été en réussite dans la capitale du jeu, sans pour autant claquer ce genre de score. « J’avais fait quelques beaux deep run. Genre douzième d’un Venetian où il y avait 300k à la gagne, ou bulle TF d’un WPT Aria, où il y avait aussi une tonne. J’avais aussi deep run le Main Event une fois, en terminant 300e et quelques. J’ai de bonnes sensations ici. J’avais prévu de faire toute la saison, ça démarre plutôt fort ».

Avec cette première finale WSOP, le minot réalise son 2e plus gros gain en carrière, pour 90 791 $… Deux mois après son exploit monégasque, où il terminait 5e pour 235 150 €. Deux accomplissements majeurs, deux perfs stratosphériques, quasi coup sur coup. Mais que se passe-t-il Monsieur Boujmala ?

« C’est une dinguerie, confirme Samy. Surtout, ce n'est pas comme si ça faisait trois ans que je jouais. Ça fait neuf ans de poker ! Je commençais à m’essouffler un peu, à me dire que c’est trop dur de faire des perfs comme ça, des TF EPT, WSOP… Et là il y a tout qui s’enchaine en deux-trois mois, c’est incroyable ! ».

Turchi Boujmala

Le fruit de la persévérance ? La simple réussite du moment ? D’après Samy, cette succession de perfs n’est pas uniquement liée au hasard. « J’ai mis pas mal de choses en place ces derniers mois. Le coaching, je fais du sport, le mindset va mieux. Je gère dix fois mieux mes émotions. Avec le recul, je crois que j’étais prêt techniquement avant, j’avais le niveau pour pouvoir faire ce genre de deep run, mais émotionnellement j’étais à l’ouest complet. Et si tes émotions prennent le dessus, tu ne peux pas faire de perfs comme ça. Et on va pas se le cacher, je run bien mieux ! La distribution de cartes n’est pas la même… Et la confiance aussi ! J’ai joué pas mal de spots sur ce 3k 6-max que je n'aurais pas pris l’année dernière, alors que j’avais plus ou moins le même niveau ».

Comme à Monte-Carlo il y a deux mois, Samy a eu la surprise et le plaisir de partager son run avec un compatriote. Après son ami Arnaud Enselme, c’est en compagnie d’un autre cador du poker français que Boujmala a pu boxer, se motiver et faire son chemin jusqu’en finale d’un WSOP.

Boujmala Sitbon

« Avec Julien, on n’avait jamais été très proche. Mais puisqu’il est bon pote avec Virigile (Turchi) on s’est un peu rapproché ces derniers temps. On a eu un bon feeling, c’est quelqu’un que j’ai appris à connaitre et que j’apprécie de plus en plus. Et puis, Ju, c’est un bon soutien. Et je ne parle pas de technique. C’est quelqu’un de posé, qui a une grosse expérience du jeu, c’est toujours bien de l’avoir à côté de soi. Par contre, c’est un peu le même délire qu’avec Arnaud : on arrive en TF à deux, et on fait 6 et 5, comme à Monaco. Quand t’as deux Français en TF, tu espères faire mieux. Mais bon, une TF EPT, une TF WSOP, il n'y a pas mieux ».

Beaucoup de positivité aussi dans le discours de Julien. « C’est magnifique une table finale WSOP ! J’ai passé une très belle journée. En 6-max en plus, la structure était un peu moyenne mais au moins, on joue beaucoup de coups, ça fait vraiment plaisir », commente le joueur sur le chemin du Uber. Comme le racontait Samy, Julien n’oublie pas cette remontada heureuse, alors qu’il partait de chiploser, pour gagner sa place en table finale WSOP, lui aussi la première de sa carrière.

Sitbon

« J’avais déjà fait deux finales sur les WSOP à Rozvadov, mais ce n'est pas pareil. Pour autant, au moment d’arriver en table finale, je me sentais vraiment bien. Ce n'est pas pour mon ego ou quoi mais j’étais super détendu. Je ne sentais pas de pression dans les spots, je suis content de ce que j’ai fait. Quand j’ai passé ce A-2 contre 9-9 chez Samy, je me suis dit que ce n'était que du bonus ».

Évidemment, le compétiteur qu’est Sitbon n’a pas fait abstraction du bracelet qu’il pouvait y avoir au bout. « Je me suis réveillé ce matin en me disant “je suis à 60 left”, j’ai senti cette projection mais ça ne servait à rien, on était trop loin. À 10 left, je me dis qu’on est plus si loin que ça, mais puisque j’étais assez souvent short, je n’y pensais pas vraiment. Puis à 7 left, quand je gagne le flip (avec 9-9 contre A-10 pour sortir Todd Ivens), je me suis dit “ok, on est six, on va pouvoir boxer". Je savais que j’étais en mission, que je devais jouer mon poker comme il fallait et je pense avoir fait de mon mieux ».

Avec une average à 23 blindes, le tournoi devait cependant se décider sur une histoire de flip. Et si le premier est passé contre Ivens, le second contre Mark Ioli, sera quasi fatal. Un spot blinde contre blinde des plus standards. Limp SB Ioli, tapis pour les 20BB de l’Américain, payé par AJ et ça sera un flip contre les deux Zizous de Sitbon. Le board J97K5 donnera la paire supérieure à Ioli. Sitbon se retrouve cripple et sortira cinq minutes plus tard, son 33 s’empalant contre le AA de Johann Ibanez en BB.

TF Sitbon Boujmala

Sitbon retient également le plaisir d’avoir partagé ce run avec Samy. « On est proche par Virgile (Turchi), on a joué au foot ensemble à Cannes, je l’avais suivi un peu sur son deep run à Monaco. Là encore, on s’est suivi sur ces deux jours de tournoi. Quand je double contre lui avec ce A-2, j’avais presque plus de peine pour lui que de plaisir pour moi, et ça ne m'est jamais arrivé ça dans toute ma vie. Dans ma tête, j’avais sauté. C’était vraiment très cool de partager ce run avec lui ».

Après trois petits deep runs, Julien lance définitivement ses WSOP avec cette perf’. Mine de rien, le score correspond à son deuxième plus gros coup en Live. Enfin, au moment où j’écris ces lignes puisque dès demain, Julien s’offrira une nouvelle vibration sur un tournoi également bien juteux. Dix minutes après son busto, Sitbon s’alignait en effet sur le 10 000 $ Mystery Bounty. Et trois heures plus tard, le Français baguait trois gros stacks de départ pour un Day 2, synonyme de coup d’envoi de la chasse aux enveloppes, à 50 left de l’argent. Une bonne journée au boulot pour Julien Sitbon.

Position Joueur Prix
Mark Ioli 558 266 $
Johann Ibanez 345 034 $
Wing Liu 241 767 $
Eshaan Bhalla 171 874 $
Julien Sitbon 123 992 $
Samy Boujmala 90 891 $
Todd Ivens 67 492 $

Deep run comme à l’ancienne

Event #34: Pot-Limit Omaha 1 500 $ (Day 2)

Hier, il était aux premières loges pour soutenir son poulain Samy Boujmala. Aujourd’hui, c’est lui qui joue les protagonistes. Antonin Teisseire fait son trou sur un field de 1 355 joueurs pour se retrouver à trois tables left d’un bracelet.

Teisseire

C’est avec quatre cartes en mains que le Français se bat sur ce Day 2. « Pourtant, je ne suis pas un joueur de Omaha, se défend Tonin. Mais j’aime bien, ça change un peu. Et qu’est-ce que ça fait plaisir ces sensations, ça fait bien longtemps ! » s’enthousiasme le joueur, en ramassant ses jetons au moment du re-draw.

« Je suis content qu’elle casse cette table. Regarde, là y’a Mizrachi, 4 bracelets ! Là, Josh Arieh, 40 bracelets… Que des monstres ! ». Le Niçois ne le sait pas encore, mais il vient de s’auto-jynxer. Le floor lui tend une carte marqué Table 2, soit la même table qu’il occupe actuellement. Face à lui, Josh Arieh se déplace de deux sièges à droite, Robert Mizrachi décale d’un cran et Daniel Negreanu vient s’asseoir, deux places à gauche de Teisseire.

Teisseire

Pour un 1 500$, en voilà une belle table de quart de finale de WSOP ! Pas de quoi impressionner Tonin, qui connait bien l'ainé Mizrachi. « On est ami depuis quinze ans. Je l’avais fait venir au Partouche Poker Tour », se souvient Antonin, tandis que son pote Robert lui répond en hurlant « TAPIS ! TAPIS ! ».

Josh Arieh ? Il connait moins, mais Tonin ne faiblit pas au récent champion de Limit Hold'em Championship, qu'il 3-bet, pour se retrouver sur un flop K29. Dix petites secondes de pause et « Pot ! » annoncé par le Français, qui fera folder le quintuple champion du monde. Peu de temps avant, le Sudiste s’était relancé en éliminant son voisin américain sur un duel AKJ3 secs contre KKJ6 chez son voisin. AA9 au flop, 4, 6 et Tonin est de retour dans la partie. 1 200 000 pour le Français, juste en dessous de la moyenne, à 24 left de 298 patates.

Le véritable ennemi de Tonin sera plutôt la fatigue. « Je me suis couché à 2H et je me suis levé à 3H. Derrière, impossible de fermer l’œil » affirme le joueur, pas encore remis de ce satané décalage horaire. Pourtant, les premiers tournois de ses campagnes WSOP lui réussissent généralement bien. « A chaque fois que j’ai fait une perf, c’était sur mes premiers tournois du festival. Quand je prends le bracelet, c’est mon premier, et au Venetian, c’était mon deuxième tournoi ». Il est temps de confirmer cet adage.

Teisseire

Pay-out :

1er : 298 192 $ 2e : 184 305 $ 3e : 134 156 $ 4e : 98 575 $ 5e : 73 530 $ 6e : 55 381 $ 7e : 42 200 $ 8e : 32 537 $ 9e : 25 383 $

10-11e : 20 049 $ 12-13e : 16 028 $ 14-15e : 12 972 $ 16-23e : 10 632 $