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EPT Barcelone 2014 - Jour 1

Good luck à la team W !

Super idée la séquence souvenirs/émotions en début de coverage !
Vous devez en vivre des trucs, quand même ! C’est agréable de lire des choses qu’on se souvient avoir suivies à une autre époque !

Merci et bon courage pour la suite !

Très bon ces petits billets hommage. Je m’attend à lire un truc sur l’amateur Français qui avait fait TF en peignoire (mais était-ce sur un EPT ?). Bon courage pour le genou.

<span style="font-size: 18px; color: brown; font-weight: bold">Dix ans de cirque itinérant</span>
<p>« <em>Si vous arrivez à vous rappeler des années 60, c’est que vous ne les avez pas vécues. </em>» Ainsi parlait Paul Kantner, le fondateur du Jefferson Airplaine, à propos de la décennie des Beatles, de la guerre du Vietnam, du LSD, de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy et de Martin Luther King, du « flower power » et des Black Panthers.</p><p>Une définition que l’on pourrait parfaitement appliquer aux dix premières années de l’European Poker Tour. Je le sais : j’y étais, j’ai tout oublié, et ces moments magiques dont j’ai tant de mal à me rappeler aujourd’hui, je ne les échangerais contre rien au monde.</p><p>Cette semaine débute la onzième saison de l’European Poker Tour. Le circuit avait débuté en septembre 2004 à Barcelone. La boucle est bouclée : dix ans plus tard, presque jour pour jour, nous voici de retour dans la capitale Catalane pour la centième étape du circuit.</p><p>Dix ans ! Dix ans déjà que le producteur télé et joueur de poker Britannique John Duthie a vendu à un grand opérateur de poker en ligne sa géniale idée d’un circuit de poker traversant les plus prestigieux casinos du Vieux Continent, de Barcelone à Monte Carlo en passant par Londres, Deauville, Vienne et Copenhague, lançant s’en trop s’en rendre compte une révolution qui allait embraser l’Europe entière, faisant sortir de l’ombre une industrie jusqu’alors confidentielle en nos terres, pour la transformer en un business pesant plusieurs milliards.</p>

John Duthie, créateur de l'European Poker Tour
<p>Historiquement parlant, la mèche avait déjà été allumée une dizaine de mois plus tôt aux Etats-Unis, par quelques évènements cruciaux survenus simultanément : l’avènement de la pratique du poker sur Internet, la victoire d’un amateur inconnu nommé Chris Moneymaker aux Championnats du Monde, un joueur Internet justement, et le lancement réussi du World Poker Tour, offrant à des millions de téléspectateurs un spectacle d’un genre nouveau, incongru (des mecs qui jouent aux cartes ? C’est quoi ce truc ?) mais tellement prenant (oh, cet As sur la rivière, il a rien vu venir !), et inspirant moult vocations (moi aussi je peux le faire !). Quand la lame de fond eût fini de traverser l’Atlantique, l’European Poker Tour arrivait juste à temps pour offrir à des tonnes de nouveaux convertis leur premier vrai et beau circuit de poker.</p><p>Circuit ? Le mot « cirque » conviendrait mieux. Un cirque itinérant, bien entendu : joyeux et foutraque, sautant de capitale en capitale, de bord de mer en bled reculé, mélangeant allègrement grandes métropoles et petites villes-musée, emportant avec lui une caravane colorée et bordélique de joueurs, croupiers, superviseurs, techniciens de télévision, tous réunis dans la même délicieuse galère, faite de longues journées de travail et de courtes nuits de débauche, de joies fêtées avec une pinte de bière, de déceptions consolées par une autre pinte, et de tout un tas d’autres pintes, parce que l’on n’a jamais eu besoin d’une raison valable pour commander une autre pinte.</p><p>C’est que, pour l’auteur de ces lignes tentant de prendre un peu de recul, l’EPT ne fut pas loin d’être une école de la vie. J’avais 22 ans quand j’ai débarqué au milieu du foutoir, les yeux écarquillés, encore un peu étudiant, déjà un tout petit peu écriveur, à peine deux ou trois tournois au compteur, sans contacts ou presque, et avec pour seul bagage journalistique un ordinateur portable d’emprunt, un carnet et un stylo, et la capacité de pouvoir écrire sans faire (trop) de fautes d’orthographe, et encore. Il faisait très froid à Deauville cet hiver-là - comme chaque hiver, j’aurai l’occasion de m’en rendre compte les années suivantes - mais en salle de presse l’atmosphère n’aurait pu être plus chaleureuse et accueillante. Cinq jours plus tard, au moment de quitter mes nouveaux confrères Anglais, Allemands, Hollandais, et Suédois, je m’étais senti un peu triste, me disant que je ne dirai pas non à revivre un peu de ces moments-là. Je ne le savais pas encore, mais pour moi l’aventure ne faisait que commencer.</p>

Une salle de presse encombrée, typique à l'European Poker Tour
<p>C’est à l’EPT que j’ai appris ce que c’était une vraie nuit blanche, avec ces tables finales cauchemardesques s’étirant jusqu’aux petites heures de la nuit, bien après l’épuisement total de nos ultimes réserve de patience. C’est à l’EPT que j’ai appris l’Anglais, échangé tour à tour avec l’accent Finlandais, Espagnol, Polonais, Italien, Russe ou Portugais. C’est aussi à l’EPT que j’ai appris à boire, dans toutes les situations et toutes les positions, sur les dance-floors des orgies pantagruéliques organisées par le sponsor, dans des bars louches en compagnie de collègues non moins louches mais bien plus expérimentés que moi dans l’art du lever de coude, dans des chambres d’hôtel luxueuses aux frigos toujours bien remplis. Une éducation, je vous dis ! Peut-être pas une dont il faut être fier, mais que voulez vous, c’est le métier qui veut ça. C’est aussi à l’EPT que j’ai appris à vaincre, un peu, ma maladive timidité, trouvé une famille, une famille déracinée que je voyais toutes les trois semaines mais jamais au même endroit, jamais au même casino, jamais au même hôtel, et noué des amitiés qui perdurent encore cinq, six, sept ans plus tard.</p><p>Les souvenirs me reviennent pêle-mêle, dans le désordre, flous et incomplets. Tu te rappelles, ce karaoké à Barcelone, quand tu as essayé de chanter en Catalan devant 300 Espagnols restant de marbre ? Et cette after à Dortmund, on devait être trente dans la chambre jusqu’à six heures du matin, dont au moins deux mecs qui devaient jouer la finale à midi, ils étaient pas frais en arrivant sur le plateau télévisé. Oh, mais et cette fille qui s’était entichée de toi, elle travaillait pour quel site, qu’est-ce qu’elle est devenue ? Et l’autre, l’Américaine, celle qui voulait absolument traverser la frontière à la nage, en train de se désaper à quatre heures du matin sur les rochers du Monte Carlo Bay avant de se foutre à l’eau, et de revenir en gueulant « J’ai nagé en France j’ai nagé en Fwwwwwance ! » Et cet avion que tu as manqué à Prague, je me demande encore comment tu as fait ! Le vol avait six heures de retard et tu t’étais pointé à l’aéroport avec deux heures d’avance. Et ce tête à tête en finale à Copenhague, quatre et heures et demi d’ennui total, quatre heures et demi à improviser au micro en direct, à raconter n’importe quoi, tout ce qui nous passait par la tête, et à boire n’importe quoi, tout ce qui nous passait sous la main ! Et bien sur que je me rappelle du jour où l’on s’est fait braquer, comment tu veux que j’oublies ?</p>

<p>Toutes ces capitales qui défilent par la fenêtre du taxi, jamais le temps de visiter, tous ces restaurants, parfois craignos, parfois magnifiques, ces soirées d’avant tournoi, ces soirées d’après tournoi, ces avions, ces trains, ces bus, toutes ces rencontres, les débats alcoolisés au comptoir interrompus par la fermeture du bar, et tous ces gagnants, leurs larmes de joie, pros et amateurs mélangés, beaucoup qui tombent dans l’oubli, quelques uns qui marquent, tous ces jeunes talents révélés, toutes ces tables finales, ces luttes de haute volée et passes d’armes mémorables, gagnants flamboyants et perdants magnifiques. Dix années qui sont passées en coup de vent, dix années au terme desquelles nous ne sommes plus tout à fait les mêmes.</p><p>Dix ans, cent tournois : vous l’avez compris, cette étape symbolique que franchit le plus ancien et le plus gros circuit de poker du continent Européen ne me laisse pas de marbre, et je ne suis pas le seul. C’est pour cela que dans les jours qui viennent, nous allons marquer le coup et allègrement mélanger passé et présent dans ces colonnes. On va puiser dans la boîte à souvenirs de plein de monde, et partager avec vous quelques anecdotes et souvenirs marquants de dix années d’European Poker Tour, racontée par une foule de joueurs.</p><p>Sans oublier, bien entendu, de s’intéresser à l’actualité de la semaine : si l’on en juge par l’activité à l’intérieur du casino de Barcelone, c’est une étape MASSIVE qui nous attend. Les tournois préliminaires ont explosé les compteurs (plus de 2300 joueurs inscrits à l’Estrellas Poker Tour à 1000€, plus de 800 au départ de la version à 2000€…), et les tables de cash-games sont une véritable ruche bourdonnant du matin jusqu’à cinq heures du matin. Même pour jouer aux blindes à 100€ et 200€, il faut attendre, c’est vous dire l’ampleur du truc !</p><p>La quasi-totalité du Team Winamax sera au rendez-vous de cette centième. Plusieurs de nos pros sont déjà en ville : avant-hier, Michel Abécassis atteignait la table finale d’un tournoi « seniors », et s’est engagé aujourd’hui dans le tournoi à 2000€ sus-cité en compagnie de Guillaume Diaz et Sylvain Loosli. Mikedou, lui, s’occupe en cash-game en attendant le Main Event dont le départ sera donné jeudi (Day 1A) et vendredi (Day 1B). Seront aussi au rendez-vous Manuel Bevand, Bruno Lopes, et notre Belge préféré Davidi Kitai, de même qu’une poignée de joueurs Winamax qualifiés lors de nos satellites du dimanche.</p><p>On se retrouve très bientôt pour le coup d’envoi de notre reportage, mélange de souvenirs et d’actualité au pays des tapas….</p><p><em><strong>Benjo</strong></em></p>

Le plus gros EPT de l’histoire ?

Le centième tournoi de l’European Poker Tour sera t-il aussi le plus gros de l’histoire du circuit, un circuit qui fête comme de juste ses dix ans cette semaine ? Réponse aujourd’hui, avec la tenue du Day 1B de l’étape Barcelonaise, qui inaugure la onzième saison du festival.

Ils étaient 475 au départ du Day 1A organisé jeudi (pour 270 survivants), et ils sont déjà plus de 750 inscrits au Day 1B, alors que le coup d’envoi a été donné à midi.

Quels sont les records à battre ? Les plus gros EPT jamais organisés se sont tenus à San Remo (1240 inscrits durant l’édition 2010 remportée par Liv Boeree) et aux Bahamas (oui, d’après les organisateurs de l’EPT, les Bahamas font aussi partie de l’Europe, tant pis pour la géographie) avec 1560 participants à l’édition 2011 du tournoi. En l’état actuel des inscriptions, le record de San Remo sera explosé sans trop de difficultés… Et en poussant un peu, celui des Bahamas pourrait bien être surpassé aussi !

Ce Day 1B marque l’entrée en lice du Team Winamax, presque au complet avec sept représentants : Michel Abécassis, Ludovic Riehl, Guillaume Diaz, Manuel Bevand, Sylvain Loosli, Davidi Kitai et Kool Shen. Mon collègue préféré Aurélien Guiglini, chef de projet chez Wina, est aussi de la partie.

Côté qualifiés, seront au départ Dany (venu de Roumanie), Ivan (venu d’Italie), Joscha (venu d’Allemagne) et Jean-François, joueur Français bien connu aux tables de Winamax sous le pseudonyme de jojo_54 (deux Sunday Surprise au compteur, et une mémorable deuxième place au Million Event organisé en janvier 2014.

Schématiquement parlant, le Day 1B sera bien entendu identique au Day 1A : chaque joueur recevra 30000 jetons en échange d’un droit d’entrée de 5300 euros, et entamera la partie aux blindes 50/100. Huit niveaux de 75 minutes seront joués aujourd’hui, durant lesquels presque 40% des partants seront éliminés.

Comme hier, notre reportage fera la part belle aux souvenirs puisés dans les 99 précédentes étapes de l’European Poker Tour, mais sans oublier l’actualité du jour, cela va sans dire.

J’aimerai bien voir à quoi il ressemble le fameux jojo_54.

Pourquoi Cuts et Gaëlle ne sont-ils pas venus?

il y a des wameurs dans le lot ?

Y a même un Fantasque papy

guayo:
il y a des wameurs dans le lot ?

Y a même un Fantasque papy

MIK je sais, un autre ?

Mon EPT préféré - Ludovic Riehl

L'un des sept pros du Team Winamax en lice en ce Day 1B se confie...

« Mon premier EPT, c’était à Deauville. En 2010, l’année de la victoire de Jake Cody, j’ai été à sa table pendant un moment, il m’avait choqué avec ses relances au bouton avec 9 et 3 dépareillés, ses 4-bet all-in avec As-7 off, il jouait comme un vrai degen. D’ailleurs il allait gagner un coup incroyable avec 10 et 4 à tapis avant le flop contre la paire de Rois de Hugo Lemaire, en demi-finales, un coup qui a sans aucun doute changé la carrière des deux joueurs. »

« Je connaissais pas grand monde à l’époque, je croisais des joueurs avec des logo ’Team Pro’ et je me disais ‘Bon, lui il doit être très très fort !’, ce qui avec le recul ne s’est pas forcément révélé être exact, mais je ne citerai pas de noms ! [rires] »

« Après, j’en ai enchaîné pas mal, des EPT, où je n’ai pas réussi à passer le Day 1, alors le premier est plutôt un bon souvenir, car j’ai fait le Day 2 sur celui-là ! Je me rappelle, j’avais joué un peu avec Davidi, que je ne connaissais qu’un tout petit peu, et déjà à l’époque il tentait de beaux hero calls ! Je crois que je saute avec une paire de 8 contre As-7, j’étais assez déçu. »

« Mon meilleur souvenir ? C’est récent : San Remo cette année. Première fois que je vais aussi loin, première fois que je suis en table télévisée, avec vingt joueurs restants… Et juste avant, Vienne s’était bien passé aussi, en gros c’est seulement cette année que j’ai commencé à bien me débrouiller en EPT, j’ai kiffé ! J’ai qu’une envie : revivre le truc ! »

« Les EPT sont les tournois les plus durs du circuit, de loin. Quand on arrive au quatrième jour, quand il ne reste plus qu’une poignée de tables, on sent la tension monter à toute vitesse, on regarde les forums, les réseaux sociaux, on sait qu’on est proche de faire un gros truc. Il n’y a pas beaucoup d’EPT chaque année, alors faire un deep-run c’est quelque chose de rare et précieux, il faut en profiter quand ça arrive. Gagner un EPT serait aussi gratifiant que décrocher un bracelet WSOP, peut-être même plus car les tournois sont plus durs. »

Day 1B : plus de 812 inscrits, 70 Français, et une liste d’attente

Vous l’avez déjà compris à la lecture des articles précédents : ce centième EPT est en tous points monumental. Deux heures après le coup d’envoi, on compte plus de 800 joueurs assis aux tables, et pas loin de 200 en liste d’attente, en train de ronger leur frein dans le couloir en attendant qu’une place se libère. Parmi eux, Kool Shen, qui a eu la bonne idée (sic) d’attendre le dernier moment pour récupérer son ticket. Le dit ticket le place en 140e position sur la liste d’attente : Bruno risque donc d’attendre un peu plus longtemps qu’à la boucherie avant de pouvoir commencer à faire bouger les pions.

Plus de 70 Français sont en course, parmi lesquels Yorane Kerignard, le vainqueur du Monster Stack des WSOP Hugo Pingray, Jimmy Guerrero, Alain Roy, Isabel Baltazar, Stéphane Benadiba, Roger Hairabedian, Philippe Ktorza, Nicolas Le Floch, Paul-Francois Tedeschi, Laurent Polito, Jean-Philippe Rohr, Jacques Zaicik, Damien Lhommeau, Anthony Picault ou encore Angelo Besnainou.

A l’international, on a remarqué la présence de plusieurs « November Nine » édition 2014 : Martin Jacobson (Suède), Joryt Van Hoof (Pays-Bas), Bruno Foster (Brésil), Andoni Larrabe (Espagne) et Felix Stephensen (Norvège). Intéressant de constater que les quatre « N9 » Américains (dont Mark Newhouse) ne sont pas présents à Barcelone.

Quoi qu'il arrive, nous avons affaire au plus gros EPT jamais organisé en Europe (re-sic), les chiffres de San Remo 2010 sont déja battus.

EPT Best-of #05 - l’EPT, incubateur de talents

Tout le monde sera d’accord là-dessus : l’European Poker Tour est une formidable machine à révéler de nouveaux talents.

Des exemples ? On en trouve à la pelle : le Finlandais Jens Kyllonen, dont on n’avait jamais entendu parler avant sa victoire à Copenhague en 2009 et qui allait par la suite devenir l’un des joueurs les plus crains en cash-game online, sous le pseudonyme de « jeans ». C’est aussi à l’EPT que la carrière de Jake Cody a été lancée, avec une mémorable victoire à Deauville en 2010 qui allait faire figure de rampe de lancement pour une ascension météorique sur le circuit pro : victoire WPT six mois plus tard, à Londres et un bracelet WSOP l’été suivant (épreuve de Heads-Up à 25,000 dollars) pour compléter la Triple Crown.

(Photo : PS Blog)

Et on a tendance à l’oublier, car la suite de son parcours fut surtout centré sur les cash-games, mais c’est à l’EPT qu’on a entendu parler pour la première fois d’un jeune Nordique nommé Patrik Antonius. Tombé en troisième place lors de l’étape Barcelonaise entamant la seconde saison remportée par Jan Boubli, le Finlandais allait remporter son tout premier tournoi un mois plus tard, lors de la défunte étape de Baden. A l’époque, Antonius ne terrorisait pas encore la Bobby’s Room du Bellagio, et avait encore des cheveux sur le crâne, mais le talent était déjà là, évident et ravageur.

Nombre de joueurs du continent Américain ont aussi fait leurs premiers pas sur le circuit à l’occasion de l’EPT, profitant d’une limitation d’âge plus baisse en Europe qu’aux Etats-Unis (18 ans contre 21 ans). C’est ainsi que les fans de poker virent éclore en direct le talent d’un certain Mike McDonald, remportant à 18 ans à peine l’étape de Dortmund, Allemagne.

On pourrait en citer beaucoup d'autres, mais aucun autre joueur ne symbolise mieux le côté « école de champions » de l’EPT que Jason Mercier. Lorsque l’Américain débarqua à San Remo en avril 2008 pour la toute première étape EPT organisée en Italie, son palmarès live était encore vierge, son passeport aussi. Arrivé en finale au terme d’un tournoi ayant rassemblé plus de 700 joueurs (un record à l’époque), Mercier a joué les rouleaux compresseurs et torché la partie en trois heures (un record de vitesse jamais égalé) malgré un casting de finalistes talentueux comprenant Antony Lellouche, Dario Minieri, William Thomson et l’imprévisible Marseillais Eric Koskas, contre qui l’Américain allait payer un bluff incroyable resté dans les mémoires.

Probablement que Mercier ne s’en rendait pas encore compte à l’époque, mais cette victoire n’était que la première d’une très longue série, que personne n’a réussi à égaler depuis : durant les trois années suivantes, Mercier allait gagner en succession pas moins de douze tournois, dont une épreuve WSOP (en PLO), l’énorme High-Roller de l’EPT Londres, et un autre bracelet (toujours en PLO). Et lorsque les organisateurs EPT décidèrent de réunir tous les vainqueurs EPT pour un « Tournoi des Champions » à Madrid pour fêter la fin de la saison 7, c’est sans trop de surprises que l’on vit Mercier se hisser au sommet…

Archives des reportages Winamax :

San Remo, 2008 (Jason Mercier)
Copenague, 2009 (Jens Kyllonen)
Deauville, 2010 (Jake Cody)

Pures premiums

Pour réussir dans un tournoi de poker, qui plus est un tournoi de poker relevé comme ceux du circuit EPT, il faut forcément « mettre les mains dans le cambouis » à un moment ou un autre, avec un bluff bien placé, un hero call compliqué, ce genre de choses. Mais même pour les pros expérimentés, le meilleur moyen de monter des jetons reste encore de recevoir de belles mains, et de savoir les rentabiliser.

Demandez donc à notre Top Shark Guillaume Diaz, qui a reçu deux « premiums » durant le Level 2, lui permettant de gagner deux pots plutôt conséquents.

#1 : Une bataille de blindes entre Guillaume (BB) et son voisin de droite. Celui-ci limp pour 150 et Guillaume fait monter les enchères à 450 fort de deux jolis Rois. C’est payé. Le flop tombe 1063. Guillaume c-bet 450 et se fait check/raise à 1600. C’est payé. Turn : 10. La SB envoie 1800, c’est payé encore. Rivière : un 5. La SB checke : Guillaume value-bet pour 4200. Son adversaire paie, et s’avoue battu en voyant les Rois du pro Winamax.

#2 : Un peu plus tard, Guillaume reçoit deux As en petite blinde et voit plusieurs de ses adversaires s’agiter sur le premier tour d’enchères : relance UTG à 450, payé par UTG+1, Guillaume 4-bet pour 1600, c’est payé par la BB, et par UTG+1.

Il y a donc déjà pas mal d’argent au milieu quand tombe le flop 1064. Guillaume checke, la BB aussi, et UTG+1 mise 2600. Payé, payé, il reste encore trois joueurs sur le turn, un 2 checké par tout le monde. Rivière : Q. C’est le moment pour Guillaume de rentabiliser son jeu avec une mise de 8,200. La BB passe, mais pas UTG+1, qui engage les jetons sans pouvoir montrer une meilleure main.

Résultat des courses : avec 56,000 au compteur, Guillaume Diaz a presque doublé son tapis durant les trois premiers niveaux de la journée.

Quelqu’un m’explique le check call au flop sur un pot où il 3bet et le check turn avec les AA?

Mon EPT préféré - Manuel Bevand

Je me souviens très bien du premier EPT de Manub, car c’était mon premier aussi, on l’avait passé ensemble, en collocation : Deauville en 2006, durant la saison 2. A l’époque, mon expérience se limitait à deux tournois couverts en amateur, Manu se demandait encore s’il devait franchir le pas et devenir pro. C’est en tant que journalistes-slash-curieux-observateurs que nous avons débarqué en Normandie, mandatés par le forum ClubPoker sur lequel nous passions déjà nos journées et nos nuits. En fin de compte, chacun est resté dans son rôle initial : tandis que je passai une semaine à courir entre les tables et raconter l’action, l’ami Manu ne s’est pas trop intéressé à l’EPT Français, préférant multi-tabler des SNG à 50$ en salle de presse, ou disputer des side-events. Chacun de notre côté, nous allions devenir des réguliers de l’EPT : lui assis à table, moi debout à côté, carnet et appareil photo en main.

« Mon premier souvenir fort de l’EPT correspond à mon premier deep-run, à Prague en 2008. Le tournoi avait commencé de manière très bizarre : j’ai perdu 80% de mon tapis dès la première heure de jeu - à l’époque le tapis de départ était de 10,000 seulement. Malgré tout, j’ai terminé le Day 1 avec l’un des plus gros tapis après un rush de malade, et j’étais encore chip-leader lorsqu’il ne restait plus que 40 ou 30 joueurs restants. C’était la première fois que j’allais aussi loin dans un tournoi live avec un beau tapis, la première fois que je me retrouve dans cette situation où il ne reste plus beaucoup de tables et où l’on commence à se dire ‘Hé, quelque chose est possible.’ C’est une sensation intense, magique. [Manub atteindra la 19e place de l’épreuve.] »

« Autre tournoi dont je suis fier : ma 23e place à Monte Carlo [2010]. C’est le plus gros des EPT, le plus prestigieux, le plus relevé, et j’avais été short-stack très longtemps, depuis la bulle jusqu’aux demi-finales. Il fallait être solide et naviguer à la force de la volonté ! Et pareil, le matin du Day 4, on se réveille, on regarde la compo des tables, des prix, on se dit ‘Wow, j’ai déjà gagné au moins 50000€, il y a plus de 1 million pour le vainqueur’, et l’on commence à gamberger ! Difficile à ce stade de ne pas être affecté par l’enjeu, l’excitation, les médias, les feux des projecteurs… »

« Le meilleur souvenir reste mon troisième deep-run à Prague [2011], qui s’est soldé par une place en finale, ma première à l'EPT [7e]. Là aussi, beaucoup de tension. En revanche, la finale s’est passée trop vite, je n’ai pas eu le temps d’en profiter, je n’avais pas beaucoup de jetons, mais l’approche de la finale avait été riche en émotions. C’est là que j’ai rencontré Kevin MacPhee, qui est devenu un pote ensuite, il avait manqué la finale d’une place [9e]. »

« Une anecdote marrante : c’était lors de l’étape de Madrid, un coup se déroule entre Jason Duvall et un autre joueur. A la fin, avec une couleur et un full possible, Jason Duvall réfléchit et paie une mise sur la rivière, pas sur de lui. Son adversaire montre un full, et Duvall retourne… une couleur, certes, mais surtout une quinte flush Royale ! Il n’avait pas remarqué, il aurait pu raser le mec ! Et du coup, comme il n’a pas relancé avec le jeu max sur la rivière, il s’est mangé un tour de pénalité ! »

« Le niveau global des joueurs de poker a fortement progressé. Tout le monde joue très bien, ou presque, en particulier à partir de la troisième journée, où la différence de niveau avec le Day 2 est toujours marquée. »

« Sur mes premiers EPT, j'arrivais tout tremblant, avec le coeur qui bat, j'y pensais déjà sans cesse trois jours avant le coup d'envoi. Aujourd'hui, après en avoir joué une trentaine, et passé des tas de bulles, vécu des tas de situation, jouer un EPT c'est comme aller au bureau ! »

Archives des reportages Winamax

Prague, 2008
Monte Carlo, 2010

heffy33:
il y a des wameurs dans le lot ?

Y a même un Fantasque papy

MIK je sais, un autre ?

Ça se paiera.

EPT Best-of #06 - La plus belle finale de toutes

Quelle étape choisir pour le titre de « Plus belle finale de l’histoire de l’EPT » ? Inutile d’aller chercher plus loin que l’édition 2013 de la Grande Finale Monégasque : dans l’écrin grand luxe de la Salle des Etoiles avec sa vue imprenable sur le Rocher se sont affrontés cette année-là Daniel Negreanu, Jake Cody, Johnny Lodden, Jason Mercier, Noah Schwartz, Andrew Pantling, Grant Levy et Stephen O’Dwyer, excusez du peu. C’est simple : avant le coup d’envoi de la finale, chacun de ces huit joueurs affichait un palmarès contenant au minimum 1,8 millions de dollars de gains de carrière. Le titre revint au final à celui qui avait entamé l’ultime table en position de chip-leader : Stephen O’Dwyer, désormais une présence régulière sur le circuit EPT, notamment lors des gros High-Roller à 50 ou 100,000€ l’entrée.

On peut revivre ce très beau Monte Carlo 2010 avec le reportage signé Harper.

MIK.22:
il y a des wameurs dans le lot ?

Y a même un Fantasque papy

MIK je sais, un autre ?

Ça se paiera.


grave, on va le mettre au pilori le guayo et les passants pourront le couvrir de crachats et de lazzis

Gogol Bordello

Il est presque 18 heures à Barcelone, et le Day 1B du Main Event n’en finit pas de ne pas désemplir… A l’heure où j’écris ces lignes, quatre niveaux de jeu sont derrière nous, près de 950 joueurs ont vu leur inscription enregistrée, et dans le couloir, on appelle l’ « alternate » numéro 100… Ce qui signifie que notre ami Kool Shen, avec son numéro #140, n’est pas encore prêt de débuter son tournoi. (On pourrait argumenter qu’il n’est pas prêt de sauter non plus, et l’on n’aura pas tort, c’est l’avantage de débuter tard !)

Pour les six autres joueurs du Team Winamax en piste aujourd’hui, ce centième EPT démarre plutôt bien :

Guillaume Diaz 75,000 Davidi Kitai 57,000 Ludovic Riehl 52,000 Manuel Bevand 43,000 Sylvain Loosli 35,000 Michel Abécassis 31,000

(tapis de départ : 30,000)

Quelques têtes de série ont déjà quitté le tournoi par la petite porte, comme ElkY et Steve O’Dwyer.

Au vu de l’affluence, les organisateurs ont décidé de mettre en place deux pause-dîner successives, qui permettront au buffet du casino de ne pas être trop engorgé.

EPT Best-of #07 - Prague, 2007 : la première victoire du Team

Cela crève les yeux avec le recul : avec un lancement marqué d’entrée de jeu par plusieurs résultats probants, le Team Winamax est né sous une bonne étoile.

Le pari était pourtant loin d’être évident : donner sa chance sur le circuit pro, en septembre 2007, à une ribambelle de joueurs de poker Français, certains déjà établis (Antony Lellouche, Michel Abécassis), d’autres complètement inconnus, sauf des initiés les plus attentifs (Ludovic Lacay, Guillaume de la Gorce). On connait la variance inhérente aux tournois de poker : l’affaire aurait pu tourner court, et le succès était loin d’être garanti, peu importe la quantité de talent rassemblée au sein de l’équipe initiale.

Mais non. Surpassant toutes les attentes, le Team a frappé fort dès son premier tournoi disputé en collectif, avec l’accession d’Antony Lellouche en finale de l’EPT Londres. Quelques semaines plus tard, c’était au tour de Ludovic Lacay de crever l’écran en finale du World Poker Tour Barcelone, atteignant la deuxième place après quelques passes d’armes mémorables contre Gus Hansen et Barry Greenstein, en autres. Fin octobre, Ludovic frappait à nouveau, manquant de peu la finale de l’étape Irlandaise de l’EPT à Dublin (11e place). Cela faisait beaucoup de résultats en très peu de temps, mais le meilleur restait à venir : c’est au complet et comme un seul homme que l’équipe s’est pointée à Prague, pour une toute nouvelle étape organisée juste avant Noël. Entre temps, l’équipe s’était enrichie de Nicolas Levi (repéré en finale à Dortmund huit mois plus tôt) et Arnaud Mattern, joueur déjà réputé dans le milieu du backgammon mais encore relativement anonyme dans celui du poker.

Le premier EPT de Prague fut aussi mon premier en tant que reporter Winamax. Pour avoir fréquenté Arnaud au cours des mois précédents, je savais déjà qu’il était un excellent joueur de poker. Il ne lui restait plus qu’à le prouver avec une vraie belle perf’. Aussitôt dit, aussitôt fait, avec une victoire mémorable devant 554 joueurs. Une victoire qui sonnait aussi comme un accomplissement collectif pour le Team, après seulement trois mois d’existence, comme si les nombreuses séances de brainstorming en commun portaient déjà leurs fruits.

J’ai coutume de dire que pour déterminer si quelqu’un est bon au poker, il n’est pas nécessaire de le regarder jouer, mais simplement de lui demander de parler de poker. Tandis qu’un mauvais joueur se perdra dans des explications confuses, aura du mal à se rappeler d’une main jouée deux heures plus tôt, sera incapable de justifier pourquoi il a relancé au flop, ou fait tapis sur le turn, un bon joueur vous expliquera son raisonnement de manière simple et claire, rendant intelligible et facile à comprendre ses décisions, même les plus compliquées. Arnaud Mattern est de cette race-là : un stratège fin et éloquent, et sans doute l’un des premiers joueurs m’ayant fait comprendre que le poker n’était pas qu’une simple histoire de chance et de malchance, de paires d’As craquées et de brelans floppés, mais quelque chose d’infiniment plus compliqué, plus subtil, ou un véritable travail était nécessaire afin de pouvoir percer, et gagner.

Archives Winamax : reportage à l’EPT Prague en 2007

Mon EPT préféré - Philippe Ktorza

« Mon meilleur souvenir à l’EPT ? Facile, c’est ici à Barcelone il y a trois ans. Parce que je n’avais plus qu’un jeton devant moi, une ante alors qu’on était encore 200 joueurs : j’arrive quand même dans les places payées, je termine 63ème ! »

« Mon premier EPT est aussi un bon souvenir, vu que je termine en 20ème place. C’était à Deauville en 2010. »