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EPT Barcelone 2014 - Jour 1

Dix ans de cirque itinérant

« Si vous arrivez à vous rappeler des années 60, c’est que vous ne les avez pas vécues. » Ainsi parlait Paul Kantner, le fondateur du Jefferson Airplaine, à propos de la décennie des Beatles, de la guerre du Vietnam, du LSD, de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy et de Martin Luther King, du « flower power » et des Black Panthers.

Une définition que l’on pourrait parfaitement appliquer aux dix premières années de l’European Poker Tour. Je le sais : j’y étais, j’ai tout oublié, et ces moments magiques dont j’ai tant de mal à me rappeler aujourd’hui, je ne les échangerais contre rien au monde.

Cette semaine débute la onzième saison de l’European Poker Tour. Le circuit avait débuté en septembre 2004 à Barcelone. La boucle est bouclée : dix ans plus tard, presque jour pour jour, nous voici de retour dans la capitale Catalane pour la centième étape du circuit.

Dix ans ! Dix ans déjà que le producteur télé et joueur de poker Britannique John Duthie a vendu à un grand opérateur de poker en ligne sa géniale idée d’un circuit de poker traversant les plus prestigieux casinos du Vieux Continent, de Barcelone à Monte Carlo en passant par Londres, Deauville, Vienne et Copenhague, lançant s’en trop s’en rendre compte une révolution qui allait embraser l’Europe entière, faisant sortir de l’ombre une industrie jusqu’alors confidentielle en nos terres, pour la transformer en un business pesant plusieurs milliards.

John Duthie, créateur de l'European Poker Tour

Historiquement parlant, la mèche avait déjà été allumée une dizaine de mois plus tôt aux Etats-Unis, par quelques évènements cruciaux survenus simultanément : l’avènement de la pratique du poker sur Internet, la victoire d’un amateur inconnu nommé Chris Moneymaker aux Championnats du Monde, un joueur Internet justement, et le lancement réussi du World Poker Tour, offrant à des millions de téléspectateurs un spectacle d’un genre nouveau, incongru (des mecs qui jouent aux cartes ? C’est quoi ce truc ?) mais tellement prenant (oh, cet As sur la rivière, il a rien vu venir !), et inspirant moult vocations (moi aussi je peux le faire !). Quand la lame de fond eût fini de traverser l’Atlantique, l’European Poker Tour arrivait juste à temps pour offrir à des tonnes de nouveaux convertis leur premier vrai et beau circuit de poker.

Circuit ? Le mot « cirque » conviendrait mieux. Un cirque itinérant, bien entendu : joyeux et foutraque, sautant de capitale en capitale, de bord de mer en bled reculé, mélangeant allègrement grandes métropoles et petites villes-musée, emportant avec lui une caravane colorée et bordélique de joueurs, croupiers, superviseurs, techniciens de télévision, tous réunis dans la même délicieuse galère, faite de longues journées de travail et de courtes nuits de débauche, de joies fêtées avec une pinte de bière, de déceptions consolées par une autre pinte, et de tout un tas d’autres pintes, parce que l’on n’a jamais eu besoin d’une raison valable pour commander une autre pinte.

C’est que, pour l’auteur de ces lignes tentant de prendre un peu de recul, l’EPT ne fut pas loin d’être une école de la vie. J’avais 22 ans quand j’ai débarqué au milieu du foutoir, les yeux écarquillés, encore un peu étudiant, déjà un tout petit peu écriveur, à peine deux ou trois tournois au compteur, sans contacts ou presque, et avec pour seul bagage journalistique un ordinateur portable d’emprunt, un carnet et un stylo, et la capacité de pouvoir écrire sans faire (trop) de fautes d’orthographe, et encore. Il faisait très froid à Deauville cet hiver-là - comme chaque hiver, j’aurai l’occasion de m’en rendre compte les années suivantes - mais en salle de presse l’atmosphère n’aurait pu être plus chaleureuse et accueillante. Cinq jours plus tard, au moment de quitter mes nouveaux confrères Anglais, Allemands, Hollandais, et Suédois, je m’étais senti un peu triste, me disant que je ne dirai pas non à revivre un peu de ces moments-là. Je ne le savais pas encore, mais pour moi l’aventure ne faisait que commencer.

Une salle de presse encombrée, typique à l'European Poker Tour

C’est à l’EPT que j’ai appris ce que c’était une vraie nuit blanche, avec ces tables finales cauchemardesques s’étirant jusqu’aux petites heures de la nuit, bien après l’épuisement total de nos ultimes réserve de patience. C’est à l’EPT que j’ai appris l’Anglais, échangé tour à tour avec l’accent Finlandais, Espagnol, Polonais, Italien, Russe ou Portugais. C’est aussi à l’EPT que j’ai appris à boire, dans toutes les situations et toutes les positions, sur les dance-floors des orgies pantagruéliques organisées par le sponsor, dans des bars louches en compagnie de collègues non moins louches mais bien plus expérimentés que moi dans l’art du lever de coude, dans des chambres d’hôtel luxueuses aux frigos toujours bien remplis. Une éducation, je vous dis ! Peut-être pas une dont il faut être fier, mais que voulez vous, c’est le métier qui veut ça. C’est aussi à l’EPT que j’ai appris à vaincre, un peu, ma maladive timidité, trouvé une famille, une famille déracinée que je voyais toutes les trois semaines mais jamais au même endroit, jamais au même casino, jamais au même hôtel, et noué des amitiés qui perdurent encore cinq, six, sept ans plus tard.

Les souvenirs me reviennent pêle-mêle, dans le désordre, flous et incomplets. Tu te rappelles, ce karaoké à Barcelone, quand tu as essayé de chanter en Catalan devant 300 Espagnols restant de marbre ? Et cette after à Dortmund, on devait être trente dans la chambre jusqu’à six heures du matin, dont au moins deux mecs qui devaient jouer la finale à midi, ils étaient pas frais en arrivant sur le plateau télévisé. Oh, mais et cette fille qui s’était entichée de toi, elle travaillait pour quel site, qu’est-ce qu’elle est devenue ? Et l’autre, l’Américaine, celle qui voulait absolument traverser la frontière à la nage, en train de se désaper à quatre heures du matin sur les rochers du Monte Carlo Bay avant de se foutre à l’eau, et de revenir en gueulant « J’ai nagé en France j’ai nagé en Fwwwwwance ! » Et cet avion que tu as manqué à Prague, je me demande encore comment tu as fait ! Le vol avait six heures de retard et tu t’étais pointé à l’aéroport avec deux heures d’avance. Et ce tête à tête en finale à Copenhague, quatre et heures et demi d’ennui total, quatre heures et demi à improviser au micro en direct, à raconter n’importe quoi, tout ce qui nous passait par la tête, et à boire n’importe quoi, tout ce qui nous passait sous la main ! Et bien sur que je me rappelle du jour où l’on s’est fait braquer, comment tu veux que j’oublies ?

Toutes ces capitales qui défilent par la fenêtre du taxi, jamais le temps de visiter, tous ces restaurants, parfois craignos, parfois magnifiques, ces soirées d’avant tournoi, ces soirées d’après tournoi, ces avions, ces trains, ces bus, toutes ces rencontres, les débats alcoolisés au comptoir interrompus par la fermeture du bar, et tous ces gagnants, leurs larmes de joie, pros et amateurs mélangés, beaucoup qui tombent dans l’oubli, quelques uns qui marquent, tous ces jeunes talents révélés, toutes ces tables finales, ces luttes de haute volée et passes d’armes mémorables, gagnants flamboyants et perdants magnifiques. Dix années qui sont passées en coup de vent, dix années au terme desquelles nous ne sommes plus tout à fait les mêmes.

Dix ans, cent tournois : vous l’avez compris, cette étape symbolique que franchit le plus ancien et le plus gros circuit de poker du continent Européen ne me laisse pas de marbre, et je ne suis pas le seul. C’est pour cela que dans les jours qui viennent, nous allons marquer le coup et allègrement mélanger passé et présent dans ces colonnes. On va puiser dans la boîte à souvenirs de plein de monde, et partager avec vous quelques anecdotes et souvenirs marquants de dix années d’European Poker Tour, racontée par une foule de joueurs.

Sans oublier, bien entendu, de s’intéresser à l’actualité de la semaine : si l’on en juge par l’activité à l’intérieur du casino de Barcelone, c’est une étape MASSIVE qui nous attend. Les tournois préliminaires ont explosé les compteurs (plus de 2300 joueurs inscrits à l’Estrellas Poker Tour à 1000€, plus de 800 au départ de la version à 2000€…), et les tables de cash-games sont une véritable ruche bourdonnant du matin jusqu’à cinq heures du matin. Même pour jouer aux blindes à 100€ et 200€, il faut attendre, c’est vous dire l’ampleur du truc !

La quasi-totalité du Team Winamax sera au rendez-vous de cette centième. Plusieurs de nos pros sont déjà en ville : avant-hier, Michel Abécassis atteignait la table finale d’un tournoi « seniors », et s’est engagé aujourd’hui dans le tournoi à 2000€ sus-cité en compagnie de Guillaume Diaz et Sylvain Loosli. Mikedou, lui, s’occupe en cash-game en attendant le Main Event dont le départ sera donné jeudi (Day 1A) et vendredi (Day 1B). Seront aussi au rendez-vous Manuel Bevand, Bruno Lopes, et notre Belge préféré Davidi Kitai, de même qu’une poignée de joueurs Winamax qualifiés lors de nos satellites du dimanche.

On se retrouve très bientôt pour le coup d’envoi de notre reportage, mélange de souvenirs et d’actualité au pays des tapas….

Benjo

Es una casa de locos

Au lendemain d’une soirée d’ouverture organisée dans un night-club select des Ramblas, soirée qui en aura laissé plus d’un sur le carreau, très grosse journée en prévision au Gran Casino de Barcelone, avec le coup d’envoi de la centième étape de l’histoire de l’European Poker Tour, pile-poil pour fêter les dix ans du circuit, et plusieurs grosses épreuves annexes. Action à tous les étages : on fait le point...

European Poker Tour - Main Event
5 300€ l’entrée (Day 1A)

Le coup d’envoi du tournoi principal du festival a été donné peu après midi : la majorité des tables de la salle du tournoi sont consacrées à cette épreuve. Au compteur, 360 joueurs, mais il s’agit bien entendu d’un chiffre provisoire car les inscriptions vont rester ouvertes une bonne partie de la journée, et un second « flight » de départ se tiendra samedi. A venir : un premier tour de tables histoire de repérer les Français en course aujourd’hui.

Estrellas Poker Tour - Main Event
2560 joueurs - 1100€ l’entrée

C’est désormais une tradition : les Main Event des étapes EPT sont désormais tous précédés d’un « mini-Main Event » au prix d’entrée moins élevé (mille balle au lieu de cinq mille) et à la fréquentation maximale plus ou moins assurée. Celui qui nous intéresse cette semaine fut rien de moins que le plus gros de l’histoire du circuit, avec plus de 2500 inscrits et des listes d’attente phénoménales lors de chacune des trois journées de départ organisées en début de semaine : certains ont du attendre plusieurs heures avant de pouvoir s’assoir !

Après cinq jours de combat, la table finale est prête, et comporte deux Français : Hakim Guitoun (inconnu au bataillon en ce qui me concerne, mais un tapis énorme) et Corinne Bauchet, régulière des cercles Parisiens.

Le coup d’envoi a lui aussi été donné à midi. Le casting :

Nir Levi (Israël) 10,925 millions
Hakim Guitoun (France) 9,615 m.
Daniel Barriocanal (Espagne) 8,03 m.
Simon Hemsworth (UK) 5,82 m.
Vladislav Donchev (Bulgarie) 4,875 m.
Bela Toth (Hongrie) 4,3 m.
Andrew Chen (Canada) 3,065 m.
Matias Ruzzi (Argentine) 2,825 m.
Corinne Bauchet (France) 1,915 m.

Les prix :

Vainqueur : 393 354 €
Runner-up : 209 582 €
3e : 141 542 €
4e : 109 633 €
5e : 91 580 €
6e : 73 826 €
7e : 56 369 €
8e : 40 849 €
9e : 31 114 €

Parmi les Français ITM : Angelo Besnainou (20e pour 15 644€), Miroslav Alilovic (21e), David Belaich (25e), Wilfrid Fouillaret (32e), Allan Tirel (41e), Christophe Benzimra (48e), Malek Grabsi (51e), Florent Estegassy (53e), Rodolphe Verissimo (59e), Arnaud Biziere (91e), et Jimmy Guerrero (120e).

Estrellas Poker Tour - High-Roller
802 joueurs - 2000€ l’entrée

Avec une cagnotte totale de plus de 1,5 millions d’euros, nous avons là aussi affaire à une très belle épreuve, dont la deuxième journée sera disputée aujourd’hui. Je ne dispose pas encore du classement - tout ce que je sais pour le moment c’est que 119 joueurs seront payés, et que Michel Abécassis et Sylvain Loosli n’ont pas passé le premier jour. On en reparle un peu plus tard…

Photo : Neil Stoddart (PokerStars)

European Poker Tour - Super High Roller
77 inscriptions (58 joueurs, 19 re-entry) - 50 000€ l’entrée

Heureuse coïncidence que le dénouement de l’épreuve la plus chère du festival, avec un Olivier Busquet battant en duel Dan Colman dans la soirée de mercredi, après avoir conclu un deal pour lisser l’échelle des gains. On se souvient que le second avait remporté il y a six semaines le tournoi One Drop à 1 millions de dollars l’entrée avec une inscription en partie financée par le premier. Sans doute que cette conclusion arrange tout le monde : Busquet remporte son premier titre majeur en Europe, tandis que Colman se contente de la seconde place et évite ainsi les honneurs et la publicité réservée au vainqueur, le cirque médiatique autour des tournois de poker n’étant pas de son goût.

Le classement final :

Vainqueur : Olivier Busquet (USA) 896 434€ après deal
Runner-up : Dan Colman (USA) 843 066 € après deal
3e : Vladimir Troyanovskiy (Russie) 474 200€
4e : Scott Seiver (USA) 364 200€
5e : Sam Trickett (UK) 288 400€
6e : Sven Reichardt (Allemagne) 225 500€
7e : Morten Klein (Norvège) 177 500€
8e : Dan Shak (USA) 138 600€

Day 1A : les forces en présence

La liste officielle (mais forcément incomplète) des participants qui nous a été transmise fait état de 24 Français au départ du Day 1A. Aucun joueur du Team Winamax n’y figure, nos pros ayant (comme d’habitude) collectivement opté pour une entame de tournoi au Day 1B, qui sera disputé vendredi.

On retrouve en revanche Adrien Guyon qui, ce n’est pas une première pour lui, disputera ce tournoi en tant que qualifié Winamax. Deux autres joueurs sont en piste aujourd’hui après avoir décroché leur qualif’ via l’un de nos gros satellites organisés le dimanche soir : l'Anglais Toby Lewis (que vous connaissez probablement, il a remporté l’étape EPT de Vilamora en 2010) et David Hochheim (Allemagne).

Les Français du jour :

Christophe Benzimra Danut Chisu Georges Sultanem Etienne Fortin Gwenal Palanque Pierre Milan Christophe Ducrot Djamal Boutaleb Jean Montury Pierre Chevalier Adrien Guyon (Qualifié Winamax) Fabrice Soulier Quentin Lecomte Jean-Noël Thorel Flavien Guenan Joel Vanderschelden Grégory Mateu Florence Allera Christophe Jonin Carlos Lopes Gilles Huet François-Charles Scapula Benoît Albiges Jean-Philippe Peyratoux

A l’international, j’ai repéré entre autres Michael Mizrachi, Thor Hansen, Jan Heitman, Barny Boatman, Joao Barbosa, Pierre Neuville, Johnny Lodden, Laurence Grondin, David Vamplew, Jean-Yves Malherbe, Eugene Katchalov, ou encore Leo Margets.

Le circuit pro du poker étant perpetuellement en mouvement, ils sont peu nombreux parmi les partants du jour à pouvoir se vanter d'avoir participé à la première saison de l'European Poker Tour il y a dix ans. Vétéran parmi les vétérans, Barny Boatman est de ceux-là, ayant réalisé sa première perf EPT lors de l'étape de Monte Carlo en 2005 (23e). Son meilleur résultat sur le circuit : une 4e place à San Remo en 2011.

EPT Best-of #01 - Londres, 2007 : naissance du Team Winamax

[Voici le premier épisode d’une série consacrée à nos meilleurs souvenirs de l’European Poker Tour. Pêle-mêle et sans ordre particulier, car c’est ainsi que notre mémoire fonctionne !]

Avec trois titres, une ribambelle de tables finales et une présence constante sur le circuit, l’histoire du Team Winamax et de l’European Poker Tour sont intimement liés.

La belle histoire avait débuté il y a sept ans de cela, en septembre 2007 : à l’époque, le circuit EPT venait d'entamer sa quatrième saison et Winamax était encore une petite salle de poker online modeste mais non dénuée de projets ambitieux, venant d’annoncer la création d’une équipe de joueurs professionnels sponsorisés mélangeant têtes de série aux réputations déjà bien établies (Antony Lellouche, Michel Abécassis) et jeunes talents encore inconnus à l’époque (Ludovic Lacay, Guillaume de la Gorce).

Pour sa première sortie collective, à Londres, le Team marqua les esprits d’entrée de jeu avec l’accession en table finale d’Antony au casino Victoria. Réputé à l'origine comme un joueur de cash-game de talent, Antony entamait ici une série de belles performances en tournoi live, qui allait culminer à San Remo huit mois plus tard...

C’est aussi à l’occasion de ce tournoi que prit forme notre talentueuse équipe vidéo : la doublette originale composée de Paco et Régis est encore active aujourd’hui - on attend d’ailleurs avec impatience les prochains épisodes de Dans la Tête d’un Pro tournés durant les WSOP ! On se replonge dans l’ambiance du premier tournoi du Team Winamax avec cette vidéo garantie d’époque :

gl la T W

Mon EPT préféré - Abdulaziz Abdulaziz

[Hop, une autre rubrique qui courra tout au long de ce centième EPT : on chope un joueur au hasard dans les couloirs, et on lui demande son meilleur souvenir des dix ans de l’European Poker Tour. On commence avec l’un des premiers joueurs Français ayant marqué le circuit avant de s'éloigner des tables pendant de longues années.]

« Mon EPT préféré ? C’est facile, c’est le tout premier que j’ai joué, en fait le tout premier tournoi avec un buy-in supérieur à 500€ que je disputais, c’était à Monte Carlo et j’ai atteint la table finale ! [6e en 2005 pour 99 500€] »

« J’avais débarqué à Monte Carlo en tant que qualifié Internet après avoir remporté deux étapes qualificatives successives, d’abord un 20$, puis un 600$. A l’époque, les EPT n’étaient pas des festivals avec des dizaines de tournois, là il y avait juste quatre tournois en une semaine, et c'est tout ! Je me souviens que le déplacement n’était pas donné : je n’avais absolument pas les moyens de rester à Monaco une semaine ! En fait, c’est simple, en arrivant là-bas je savais que si je ne faisais pas de résultat, je ne pouvais pas régler la note de l’hôtel ! Une note qui a vite grimpé car on était plusieurs dans la chambre, à commander un room service en groupe tous les soirs, etc… Evidemment, c’est moi qui ai tout payé à la fin ! [rires] »

Abdulaziz Abdulaziz en 2005, durant l'EPT Monte Carlo

« De tous les adversaires que j’ai croisés, c’est Gus Hansen qui m’a fait le plus d’effet. A l’époque, il était déjà LE Gus Hansen que l’on connaît, l’un des rares joueurs 'stars', et en 2005 personne n’osait encore imiter son style agressif, super loose, c’était sa marque de fabrique, il était très en avance et faisait des trucs qui sont encore d’actualité aujourd’hui. On a joué plusieurs coups incroyables, dont celui où j’ai Roi-Dame de trèfle et envoie tapis contre son 9-8 de trèfle. Je me rappelle encore l’entendre marmonner ‘hauteur 9’ et me dire, ‘c’est pas possible, j’ai mal entendu, il doit avoir une paire de 9, il peut pas être en train de réfléchir avec hauteur 9 !’ Mais si, il avait bien hauteur 9 et il a payé ! »

« J’ai aussi un bon souvenir du deuxième EPT que j’ai joué, c’était à Barcelone, qui suivait Monte Carlo au calendrier. C’est Jan Boubli qui l’avait remporté et sur la vidéo, on peut me voir le soulever juste après la toute dernière main, j’avais fait un petit side-bet à 3 000€ sur sa victoire ! »

« Outre le niveau de jeu, le principal changement entre les premiers EPT et aujourd’hui est la structure. Il y a dix ans, tous les tournois étaient des crapshoots turbo, même ceux à 10,000€ l’entrée ! »

La vidéo du fameux coup Abdulaziz/Gus :

<span style="font-size: 18px; color: brown; font-weight: bold">Dix ans de cirque itinérant</span>
<p>« <em>Si vous arrivez à vous rappeler des années 60, c’est que vous ne les avez pas vécues. </em>» Ainsi parlait Paul Kantner, le fondateur du Jefferson Airplaine, à propos de la décennie des Beatles, de la guerre du Vietnam, du LSD, de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy et de Martin Luther King, du « flower power » et des Black Panthers.</p><p>Une définition que l’on pourrait parfaitement appliquer aux dix premières années de l’European Poker Tour. Je le sais : j’y étais, j’ai tout oublié, et ces moments magiques dont j’ai tant de mal à me rappeler aujourd’hui, je ne les échangerais contre rien au monde.</p><p>Cette semaine débute la onzième saison de l’European Poker Tour. Le circuit avait débuté en septembre 2004 à Barcelone. La boucle est bouclée : dix ans plus tard, presque jour pour jour, nous voici de retour dans la capitale Catalane pour la centième étape du circuit.</p><p>Dix ans ! Dix ans déjà que le producteur télé et joueur de poker Britannique John Duthie a vendu à un grand opérateur de poker en ligne sa géniale idée d’un circuit de poker traversant les plus prestigieux casinos du Vieux Continent, de Barcelone à Monte Carlo en passant par Londres, Deauville, Vienne et Copenhague, lançant s’en trop s’en rendre compte une révolution qui allait embraser l’Europe entière, faisant sortir de l’ombre une industrie jusqu’alors confidentielle en nos terres, pour la transformer en un business pesant plusieurs milliards.</p>

John Duthie, créateur de l'European Poker Tour
<p>Historiquement parlant, la mèche avait déjà été allumée une dizaine de mois plus tôt aux Etats-Unis, par quelques évènements cruciaux survenus simultanément : l’avènement de la pratique du poker sur Internet, la victoire d’un amateur inconnu nommé Chris Moneymaker aux Championnats du Monde, un joueur Internet justement, et le lancement réussi du World Poker Tour, offrant à des millions de téléspectateurs un spectacle d’un genre nouveau, incongru (des mecs qui jouent aux cartes ? C’est quoi ce truc ?) mais tellement prenant (oh, cet As sur la rivière, il a rien vu venir !), et inspirant moult vocations (moi aussi je peux le faire !). Quand la lame de fond eût fini de traverser l’Atlantique, l’European Poker Tour arrivait juste à temps pour offrir à des tonnes de nouveaux convertis leur premier vrai et beau circuit de poker.</p><p>Circuit ? Le mot « cirque » conviendrait mieux. Un cirque itinérant, bien entendu : joyeux et foutraque, sautant de capitale en capitale, de bord de mer en bled reculé, mélangeant allègrement grandes métropoles et petites villes-musée, emportant avec lui une caravane colorée et bordélique de joueurs, croupiers, superviseurs, techniciens de télévision, tous réunis dans la même délicieuse galère, faite de longues journées de travail et de courtes nuits de débauche, de joies fêtées avec une pinte de bière, de déceptions consolées par une autre pinte, et de tout un tas d’autres pintes, parce que l’on n’a jamais eu besoin d’une raison valable pour commander une autre pinte.</p><p>C’est que, pour l’auteur de ces lignes tentant de prendre un peu de recul, l’EPT ne fut pas loin d’être une école de la vie. J’avais 22 ans quand j’ai débarqué au milieu du foutoir, les yeux écarquillés, encore un peu étudiant, déjà un tout petit peu écriveur, à peine deux ou trois tournois au compteur, sans contacts ou presque, et avec pour seul bagage journalistique un ordinateur portable d’emprunt, un carnet et un stylo, et la capacité de pouvoir écrire sans faire (trop) de fautes d’orthographe, et encore. Il faisait très froid à Deauville cet hiver-là - comme chaque hiver, j’aurai l’occasion de m’en rendre compte les années suivantes - mais en salle de presse l’atmosphère n’aurait pu être plus chaleureuse et accueillante. Cinq jours plus tard, au moment de quitter mes nouveaux confrères Anglais, Allemands, Hollandais, et Suédois, je m’étais senti un peu triste, me disant que je ne dirai pas non à revivre un peu de ces moments-là. Je ne le savais pas encore, mais pour moi l’aventure ne faisait que commencer.</p>

Une salle de presse encombrée, typique à l'European Poker Tour
<p>C’est à l’EPT que j’ai appris ce que c’était une vraie nuit blanche, avec ces tables finales cauchemardesques s’étirant jusqu’aux petites heures de la nuit, bien après l’épuisement total de nos ultimes réserve de patience. C’est à l’EPT que j’ai appris l’Anglais, échangé tour à tour avec l’accent Finlandais, Espagnol, Polonais, Italien, Russe ou Portugais. C’est aussi à l’EPT que j’ai appris à boire, dans toutes les situations et toutes les positions, sur les dance-floors des orgies pantagruéliques organisées par le sponsor, dans des bars louches en compagnie de collègues non moins louches mais bien plus expérimentés que moi dans l’art du lever de coude, dans des chambres d’hôtel luxueuses aux frigos toujours bien remplis. Une éducation, je vous dis ! Peut-être pas une dont il faut être fier, mais que voulez vous, c’est le métier qui veut ça. C’est aussi à l’EPT que j’ai appris à vaincre, un peu, ma maladive timidité, trouvé une famille, une famille déracinée que je voyais toutes les trois semaines mais jamais au même endroit, jamais au même casino, jamais au même hôtel, et noué des amitiés qui perdurent encore cinq, six, sept ans plus tard.</p><p>Les souvenirs me reviennent pêle-mêle, dans le désordre, flous et incomplets. Tu te rappelles, ce karaoké à Barcelone, quand tu as essayé de chanter en Catalan devant 300 Espagnols restant de marbre ? Et cette after à Dortmund, on devait être trente dans la chambre jusqu’à six heures du matin, dont au moins deux mecs qui devaient jouer la finale à midi, ils étaient pas frais en arrivant sur le plateau télévisé. Oh, mais et cette fille qui s’était entichée de toi, elle travaillait pour quel site, qu’est-ce qu’elle est devenue ? Et l’autre, l’Américaine, celle qui voulait absolument traverser la frontière à la nage, en train de se désaper à quatre heures du matin sur les rochers du Monte Carlo Bay avant de se foutre à l’eau, et de revenir en gueulant « J’ai nagé en France j’ai nagé en Fwwwwwance ! » Et cet avion que tu as manqué à Prague, je me demande encore comment tu as fait ! Le vol avait six heures de retard et tu t’étais pointé à l’aéroport avec deux heures d’avance. Et ce tête à tête en finale à Copenhague, quatre et heures et demi d’ennui total, quatre heures et demi à improviser au micro en direct, à raconter n’importe quoi, tout ce qui nous passait par la tête, et à boire n’importe quoi, tout ce qui nous passait sous la main ! Et bien sur que je me rappelle du jour où l’on s’est fait braquer, comment tu veux que j’oublies ?</p>

<p>Toutes ces capitales qui défilent par la fenêtre du taxi, jamais le temps de visiter, tous ces restaurants, parfois craignos, parfois magnifiques, ces soirées d’avant tournoi, ces soirées d’après tournoi, ces avions, ces trains, ces bus, toutes ces rencontres, les débats alcoolisés au comptoir interrompus par la fermeture du bar, et tous ces gagnants, leurs larmes de joie, pros et amateurs mélangés, beaucoup qui tombent dans l’oubli, quelques uns qui marquent, tous ces jeunes talents révélés, toutes ces tables finales, ces luttes de haute volée et passes d’armes mémorables, gagnants flamboyants et perdants magnifiques. Dix années qui sont passées en coup de vent, dix années au terme desquelles nous ne sommes plus tout à fait les mêmes.</p><p>Dix ans, cent tournois : vous l’avez compris, cette étape symbolique que franchit le plus ancien et le plus gros circuit de poker du continent Européen ne me laisse pas de marbre, et je ne suis pas le seul. C’est pour cela que dans les jours qui viennent, nous allons marquer le coup et allègrement mélanger passé et présent dans ces colonnes. On va puiser dans la boîte à souvenirs de plein de monde, et partager avec vous quelques anecdotes et souvenirs marquants de dix années d’European Poker Tour, racontée par une foule de joueurs.</p><p>Sans oublier, bien entendu, de s’intéresser à l’actualité de la semaine : si l’on en juge par l’activité à l’intérieur du casino de Barcelone, c’est une étape MASSIVE qui nous attend. Les tournois préliminaires ont explosé les compteurs (plus de 2300 joueurs inscrits à l’Estrellas Poker Tour à 1000€, plus de 800 au départ de la version à 2000€…), et les tables de cash-games sont une véritable ruche bourdonnant du matin jusqu’à cinq heures du matin. Même pour jouer aux blindes à 100€ et 200€, il faut attendre, c’est vous dire l’ampleur du truc !</p><p>La quasi-totalité du Team Winamax sera au rendez-vous de cette centième. Plusieurs de nos pros sont déjà en ville : avant-hier, Michel Abécassis atteignait la table finale d’un tournoi « seniors », et s’est engagé aujourd’hui dans le tournoi à 2000€ sus-cité en compagnie de Guillaume Diaz et Sylvain Loosli. Mikedou, lui, s’occupe en cash-game en attendant le Main Event dont le départ sera donné jeudi (Day 1A) et vendredi (Day 1B). Seront aussi au rendez-vous Manuel Bevand, Bruno Lopes, et notre Belge préféré Davidi Kitai, de même qu’une poignée de joueurs Winamax qualifiés lors de nos satellites du dimanche.</p><p>On se retrouve très bientôt pour le coup d’envoi de notre reportage, mélange de souvenirs et d’actualité au pays des tapas….</p><p><em><strong>Benjo</strong></em></p>

Sympa les souvenirs et vidéos. Par contre me fait pas croire que t’as pas appris à boire avant 22 ans!

EPT Best-of #02 - Vienne, 2005 : Pascal Perrault décroche le premier titre Français

Lorsque l’European Poker Tour prit son envol en 2004, Pascal Perrault était déjà un vétéran d’un circuit de poker à l’époque encore balbutiant sur le Vieux Continent, avec un palmarès ouvert dès 1995 et riche en tables finales et résultats marquants dans les salles de poker populaires à l'époque.

Amateur au milieu des pros, le pharmacien a régalé le milieu de sa présence joviale des années durant, ne se séparant jamais de son emblématique chemise Hawaiënne (superstition, quand tu nous tiens), d’un style de jeu impévisible et d’un sens de l’humour à toute épreuve. Très apprécié de la communauté, qui l’avait élu 'Personnalité de l’Année' en 2001, « PP le Bandit » restera dans l’histoire comme le premier joueur Français a remporter une étape EPT, dès la première saison. C’était à Vienne, face à 296 joueurs - à l'époque le prix d'entrée moyen d'un EPT n'était que de 2100€ "seulement", mais la taille des fields restait modeste.

(Photo : PokerStarsBlog)

Désormais rangé des voitures, Perrault a, comme des tas d’autres joueurs très présents aux débuts de l’EPT, été remplacé par une nouvelle génération de joueurs. De nouveaux joueurs volontiers plus jeunes qui le surpassent probablement en ce qui concerne le talent aux cartes, mais certainement pas au niveau de la personnalité !

Disons que c’est sur l’EPT que je passé d’amateur à pro ! :mrgreen:

EPT Best-of #03 - Un petit tour et puis s’en vont : les villes où l’EPT n’est jamais retourné

En dix années d’existence et 99 étapes, l’European Poker Tour est passé par 22 destinations dans 17 territoires ou pays différents. Si certaines étapes sont solidement ancrées au calendrier, revenant au programme chaque année (Londres et Barcelone, par exemple), certaines sont passées à la trappe après une édition seulement.

C’est le cas de Budapest, visitée à une seule reprise en octobre 2008. Le premier tournoi EPT jamais organisé en Hongrie fut pourtant un succès, avec 532 participants engageant chacun 4,350€, et la magnifique capitale offrant, de l’avis général, un cadre on ne peut plus agréable pour une semaine de poker. Alors pourquoi l’EPT n’y est jamais revenu ? Aucune raison officielle n’a jamais été donnée, même si en coulisses, on nous a murmuré que la collaboration avec le casino hôte de l’étape s’était révélée plutôt difficile, leur honnêteté n’étant semble t-il pas au-dessus de tout soupçon.

Un an plus tard, l’EPT annonçait en catastrophe le remplacement de l’étape prévue à Moscou, quelques semaines seulement avant le coup d’envoi de la saison 6. Exit la Russie et ses tracas administratifs multiples (un pays qu’il est presque impossible de quitter avec plus d’argent en sa possession que l’on en avait au moment d'atterir posera forcément des casse-tête à moult joueurs de poker), place au voisin Ukrainien, déjà en bisbille avec Moscou à l’époque. Le tournoi, organisé à Kiev dans un vieux gymnase en plein coeur de la capitale, connaîtra un succès d’estime avec moins de 300 joueurs au départ (pas si mal si l’on considère qu’il fut annoncé moins d’un mois avant sa tenue) mais révèlera un talent fou en la personne du Russe Maxim Lykov. Par la suite, l’EPT ne reviendra plus jamais dans les pays de l’Est, si ce n’est pour l’indéboulonnable étape de Prague, organisée chaque mois de décembre.

Durant la saison 8, l’EPT a aussi tenté une excursion en Grèce avec un Main Event organisé au casino de Loutraki, dans le Golfe de Corinthe. Peut-être la faute à un contexte économique défavorable (pour parler poliment), l’étape, qui avait atiré 336 joueurs, ne sera jamais reconduite.

Enfin, toujours durant la saison 8, les pouvoirs en place ont tenté de monter une seconde étape Italienne en complément de San Remo, à Campione, enclave nichée dans le canton Suisse de Ticino près du lac Lugano. Avec 570 joueurs, le tournoi fut un succès et les têtes de série nombreuses au rendez-vous (Fabrice Soulier et Olivier Busquet atteignirent le podium derrière le Danois Jannick Wrang), mais l’EPT ne revint jamais à Campione, où sont toujours organisés des étapes WPT-National et Italian Poker Tour.

Depuis trois ans, l'EPT a adopté un régime plutôt conservateur, privilégiant systématiquement les étapes testées et éprouvées au fil des années : au programme des saisons 9, 10 et 11 ne figurent que des villes déjà visitées auparavant. On perd en diverseté ce qu'on gagne en confort !

Bonjour,
Etant un peu débutante dans ce monde du poker,
j’ai touvé l’édito « Dix ans de cirque itinérant », très intéressant et captivant.
Le reste aussi bien sûr.
Je me pose une question : Chris Moneymaker est son vrai nom ou un nom d’emprunt ?
Merci :smiley:

Au début personne ne l’a cru, mais c’est bien son vrai patronyme de naissance ! :slight_smile:

Gl au team W

Et bon coverage aux couvreurs

BenjoDiMeo:
Bonjour,
Etant un peu débutante dans ce monde du poker,
j'ai touvé l'édito "Dix ans de cirque itinérant", très intéressant et captivant.
Le reste aussi bien sûr.
Je me pose une question : Chris Moneymaker est son vrai nom ou un nom d'emprunt ?
Merci :D


Au début personne ne l'a cru, mais c'est bien son vrai patronyme de naissance ! :)

Magnifique !! Vraiment prédestiné !!!
Merci :)

Mon EPT préféré - Yorane Kérignard

Le meilleur français du Main Event des derniers WSOP nous confie ses meilleurs souvenirs de l’EPT, circuit sur lequel on l’a déjà vu pas moins de trois fois autour d’une table finale...

« Je crois bien que mon premier EPT correspond aussi à ma première belle finale, à Copenhague en février 2010 [4e pour presque 200,000$]… Ah mais non, en fait, mon premier c’était juste avant, en décembre à Prague. Donc Copenhague, c’est mon deuxième. Mais mon meilleur souvenir en live n’est pas à l’EPT, l’honneur revient à ma victoire au WPT de Malte [septembre 2012] »

« Combien d’EPT j’ai joués ? Bonne question ! Je dois en faire quatre ou cinq par an depuis quatre ans… J’ai du en jouer vingt au total. »

« A Deauville en finale [2012], j’étais de grosse blinde quand Paul Guichard était de petite blinde. Il a fait tapis sur ma gueule toute la journée, toute la journée ! Et il y a un coup que je regrette, j’ai Roi-5 de carreau. En ligne, c’était une main pour snap-call, mais là… Je suis short, j’ai une dizaine de blindes, il restait cinq joueurs. J’ai passé, et je n’ai jamais su si j’avais bien fait ou pas. C’est un coup qui me hante un peu, cela aurait pu changer beaucoup de choses. [Là aussi, Yorane s'inclinera en quatrième place, pour un prix de 260,000 euros. »

EPT Best-of #04 - Barcelone, 2007 : Phil Ivey, à une marche près

Lorsque la troisième saison de l’European Poker Tour a débuté en septembre 2006, Phil Ivey était déjà la légende que l’on connait sur le circuit du poker professionnel, avec cinq bracelets WSOP au compteur, six finales World Poker Tour, et deux titres au défunt festival Monte Carlo Millions remportés un an plus tôt, pour 1,6 millions de dollars au total, des victoires qui avaient fait forte impression grâce à la diffusion télévisée du festival.

L’arrivée d’Ivey à Barcelone cet été-là n’est donc pas passée inaperçue, d’autant qu’il s’agissait de la toute première visite de l’Américain sur le circuit EPT. Cependant, à l’époque, malgré un palmarès déjà conséquent, Ivey cultivait une réputation de dilettante sur les tournois, qu’il semblait ne considérer que comme une distraction amusante entre deux grosses parties de cash-game, et collectionnait les sorties rapides sur les gros évènements auxquels il participait. (C’était bien avant qu’il ne se mette à lancer des paris mirobolants sur ses propres performances !)

Est-ce parce que le casino de Barcelone n’offrait pas de très grosses parties de cash-game en 2006 qu’Ivey a pris ce « modeste » EPT Barcelonais (5000€ l’entrée, 480 joueurs) au sérieux ? Toujours est-il que sa marche vers la table finale fut implacable, et fit de nombreuses victimes, et lorsque la troisième et dernière journée du tournoi commença (hé oui ! à cette époque, les EPT se torchaient en trois jours, et je me rappelle bien que nous avons fait la fermeture du casino au terme du Day 2, qui s’acheva peu avant cinq heures du matin), personne ne voyait quelqu’un d’autre qu’Ivey pour décrocher le titre, au milieu d’une finale composée de joueurs de l’ombre.

La finale allait se dérouler comme prévu avec un Ivey jouant les rouleaux compresseurs, dégageant le passage et ses adversaires sans rencontrer de résistance… Jusqu’à se heurter à un obscur joueur d’échecs Norvégien nommé Bjorn-Erik Glenne. Le duel final du tournoi, une superbe partie qui s'est étalée sur plusieurs heures, nous a permis d’assister à une chose rare : Ivey perdant ses moyens, manquant des bluffs, se faisant bluffer même, pour finir par perdre, d’abord le chip-lead, puis le match.

Et c’est ainsi que ce jour-là, Ivey manqua sa chance de remporter un titre EPT, un titre qui lui manque toujours, sept ans plus tard, pour compléter sa collection. Pendant ce temps, l'impassible Bjorn-Erik Glenne est retombé dans l’anonymat : on ne l’a jamais revu sur le circuit après sa victoire.

Un extrait de la finale en vidéo, où l’on peut apercevoir un autre truc rare : Ivey portant des lunettes de soleil !

Et l’actu, alors ?

Avec toute cette collection de souvenirs, je ne me suis pas trop intéressé à l’actualité présente aujourd’hui, le coup d’envoi du Main Event et la finale de l’Estrellas Poker Tour, notamment. Mais il convient de le préciser : la nostalgie n’est pas la seule responsable de mes choix éditoriaux aujourd’hui. Je m’explique : je me traîne depuis lundi un mal de genou persistant dont je n’arrive à expliquer la provenance, mal qui va en s’intensifiant depuis mon arrivée à Barcelone. Je n'ai rien vu venir et hier soir, c’est à peine si j’arrivais à marcher sur les Ramblas en sortant de table. Pour faire bref, on m’a recommandé un toubib Français qui a pu me recevoir en urgence cet après-midi (merci Mikedou !) et me prescrire quelques médocs et conseils avant que je ne m’occupe sérieusement du problème à mon retour en France. Dans ce contexte, tant que je peux m'économiser avant l'entrée en jeu du Team, j'en profite !

Toujours est-il que pour l’heure, le Day 1A du Main Event est en pause-dîner pour 75 minutes. Les inscriptions vont bientôt fermer pour la journée - on tourne autour de 470 participants aujourd’hui, dont une centaine ont déjà mordu la proverbiale poussière (parmi lesquels les Français Florence Allera, Fabrice Soulier, Benjamin Pollak, mais aussi Jean-Robert Bellande ou encore Vanassa Selbst).

Du côté du Main Event de l’Estrellas Poker Tour, félicitations à nos deux Français : pas de titre mais de beaux billets pour Corinne Bauchet (5e pour 91,580€) et Hakim Guitoun (4e pour plus de 100,000€).

Il restera deux niveaux de 75 minutes à jouer dans le Day 1A au retour de la pause. On se retrouve au milieu de la nuit pour un point complet sur les performances Françaises du jour. Le Day 1B débutera samedi à midi avec la quasi-totalité du Team Winamax au départ.

GL au Team W pour ce centième EPT !

Et merci aux couvreurs pour nous faire encore vivre ceci !

Spécial merci à Benjo de nous faire retracer les meilleurs moments de 10 ans d’EPT !
J’ai beaucoup aimé ton post (souvenir) de présentation … :stuck_out_tongue: :wink:

Day 1A : 270 restants sur 475

Top 10

Michael Mizrachi (USA) 186 600 Charlies Combes (UK) 172 400 Dmitry Yurasov (Russie) 163 700 Maksim Semiososhenko (Russie) 153 500 Jose Goncalves Pinheiro (Portugal) 147 300 Marko Neumann (Allemange) 146 200 Jonas Klausen (Danemark) 130 500 Mihails Morozovs (Lettonie) 130 500 Jen Moysich (Allemagne) 130 200 Bryn Kenney (USA) 129 600

15 Français

Jean-Philippe Peyratoux 85 400
Adel Kabbani 85 000
Gwenal Palanque 82 700
Nicolas Cardyn 76 700
Georges Sultanem 71 600

Francois-Charles Scapula 65 500
Imad Derwiche 61 600
Darko Stojanovic 50 300
Carlos Lopes 49 400
Jean Montury 48 200

Christophe Benzimra 44 300
Danut Chisu 44 200
Alain Goldberg 33 000
Pierre Milan 28 200
Jean-Pierre Tseng Ah Wang 20 700

270 joueurs restants sur 475