WSOP 2024-Main Event - TF

L’Espagne relancée

Rien de bien intéressant durant la première heure de jeu Main Event 10 000 $ (Day 9 - Finale)

WSOP / Reportage
Vous le savez bien : la diffusion de la table finale du Main Event se fait en différé d'une heure très exactement. C'est ainsi que vous pouvez voir les cartes cachées de tous les joueurs. Pour nous journalistes, qui essayons de vous raconter ce qu'il se passe sur place, cela crée un décalage parfois perturbant.

Tenez, par exemple : là, il est 16 h 18, sur le stream ils sont encore neuf joueurs, mais devant moi Fausto est devant son ordi, en train de rédiger le premier coup majeur de la partie : vous ne le verrez/lirez que dans une heure. Pareil pour la section de supporters est en train de beugler à qui mieux mieux : là encore, vous n'en entendrez pas de toute parler ici et sur le stream.

Tout au plus cela m'empêche de me concentrer au moment de vous raconter le seul truc véritablement qu'il s'est produit durant la première heure de la finale… à savoir le double-up d'Andres Gonzalez.

Andres Gonzalez
Avec ses 11 BB, l'Espagnol avait besoin d'aide, et il en a obtenu dès la sixième main. Peut-être grâce au logo Winamax, qu'il a accepté de porter pour la finale ? Toujours est-il que sa paire de 8 n'a pas souffert face à la paire de 3 de Jordan Griff : le flop a directement apporté un 8.

33 millions pour le pro online.

Juste avant la pause, Malo Latinois a réussi à survivre sur un coup à tapis très tendu. Mais ça, Fausto vous le racontera mieux que moi.

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Malo Latinois éliminé en 9ᵉ place

Malo Latinois
C'est malheureusement terminé pour Malo Latinois. Le Français n'aura pas réussi à remonter son short-stack. Eliminé au terme d'un flip au déroulement dramatique, Malo remporte tout de même un million de dollars et l'expérience d'une vie.

Retrouvez très prochainement notre récit complet et la réaction à chaud de notre héros.

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Serock n’aura mangé que des cailloux

Joe Serock est éliminé en 8ᵉ place sans jamais avoir réussi à démarrer sa finale (1 250 000 $) Main Event 10 000 $ (Finale - Il reste 7 joueurs)

Oublié, le t-shirt sans manches psychédélique qu'il portait en demi-finales : pour la plus grosse partie de poker de sa vie, Joe Serock avait opté pour un simple t-shirt noir, complété par les autocollant de quelques sponsors d'un jour.

Joe Serock
Cette sobriété ne lui aura pas porté chance en finale du Main Event. Considéré comme l'un des favoris avec une expérience aussi grosse que son stack de départ (52 BB), l'Américain se contente au final de la huitième place.

Ses vingt années en tant que pro ne lui auront été d'aucune utilité pour manœuvrer avec les cartes qu'il a reçues trois heures durant. Et c'est sans avoir gagné le moindre pot un tant soit peu important qu'il quitte la scène. On imagine la frustration.

Rembobinons : on l'a vu folder préflop une paire de 5 face à un 3-bet d'Andres Gonzalez (bien vu : il avait JJ). Il s'est fait 3-bet par Jordan Griff, optant pour un fold avec A6 (le chip-leader semi-bluffait avec J10). Boris Angelov lui a envoyé un 4-bet avec deux Rois : Serock ne pouvait rien faire avec A6.

Bref, très peu à se mettre sous la dent, quasiment aucun flop vu, et un tapis qui n'a jamais progressé. Jusqu'au coup fatal : Serock est de grosse blinde avec une paire de 7. C'est sa meilleure main jusqu'à présent.

Joe Serock
Il voit Jordan Griff min-raise à 4 millions UTG, avant que Niklas Astedt né défende sa BB. Avec 20 BB tout rond, Serock ne se casse pas la tête : il fait tapis. Si Griff ne fait pas chichis avant de jeter son AJ, Astedt s'empresse de call : avec QQ le Suédois vient de tiendre le plus beau des pièges au meilleur moment

Le board 4910J8 laissera les espoirs de Serock intacts, sans pour autant réussir à le sauver.

Déjà détenteur de 4,5 millions en victoires et ITM sur Hendon Mob, Joe Serock ajoute 1,25 million à son palmarès, et un résultat indélébile sur le plus gros tournoi du monde. Mais c'est certain : il espérait beaucoup mieux.

Pendant ce temps, Niklas Astedt devient officiellement chip-leader !

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La canonisation de Malo

Malo Latinois sort le premier d'une finale où il n'a jamais eu son mot à dire. Un dernier épisode frustrant, qui n'enlève rien à son exploit immense. Pour son premier Vegas, le jeune Breton aura poussé le rêve jusqu'en table finale de Main Event WSOP, dont il repart avec des souvenirs gravés à vie, et un million de dollars.

Rail Français

Une heure et demi. C’est le temps qu’auront duré Malo, et les espoirs français sur cette finale de Main Event. “C’est un peu court, jeune homme” aurait jugé Cyrano de Bergerac devant le manque de matière. Mais non, point de tirade ni de pamphlet pour évoquer la performance de Malo. Aujourd’hui, il n’y avait rien à faire.

Déjà peu muni en jetons, Malo Latinois a été dépourvu de cartes. Et contrairement à ce que dit Patrick ■■■■■, quand vous êtes shortstack en table finale, elles importent. Les deux seuls mains vues par Latinois, et les deux seuls qui ont fait hurler le clan bleu, n’auront apporté que des souffrances.

Sur la première, Malo se retrouve à tapis à tapis sur un flop A89 avec AJ contre… AJ. On ne peut même pas gagner, juste se faire éliminer. Une situation infernale, causant bien des sueurs sur les visages français, essuyées heureusement par deux cartes rouges sur la turn et la river.

Malo

Sur le deuxième, rien de plus standard. Malo trouve enfin une main, une vraie. Un beau AK, mais qui n’aura même pas 50% face à au 33 de Jordan Griff. Le public tricolore devient fou sur le flop vient A109. Aurait-on finalement le droit au bonheur aujourd’hui ? La turn 3 répond par la négative. "Drawing dead", Malo Latinois termine 9e, bon dernier de la table finale.

Malo Latinois

Malo Latinois

Secrètement, les couvreurs français, toujours friands de jeux de mots vaseux, avaient envie de pouvoir caser à un moment de leur coverage “Malo bide”. Une place en mousse en demi-finale, voire même en finale aurait pu être le spot idéal. Pour ce faire, il eut fallut que ce titre soit pertinent ou justifié. Mais non, Malo n’a pas “bidé”. Il a fait ce qu’il a pu, c’est à dire pas grand-chose et la distribution des cartes a simplement décidé de son élimination. Pour le reste, il a tout gagné. Beaucoup d’argent d’abord, mais aussi des émotions incomparables, un soutien inestimable, la lumière médiatique, la reconnaissance du public français, et une expérience unique qui boulversera sa vie à jamais.

"J'ai l'impression que j'ai joué ce tournoi toute ma vie !"

Malo Latinois

Après quelques calins et accolades avec son rail, à commencer par sa copine Pauline, son pote Ludovic Uzan, le mentor Clément Richez et tous les copains du poker qui étaient là pour le soutenir aujourd’hui, Malo s'extirpe quelques instants pour reprendre ses esprits… Puis revient nous voir pour débriefer l’aventure qui vient de se terminer. L’esprit encore un peu chaud, mais déjà assez lucide pour mettre des mots dessus.

“Je suis encore un peu dedans, je ne suis pas tout à fait sorti du tournoi. Mais en vrai, je suis très content, pose tout de suite Latinois. Je me rends compte que j’ai vécu une expérience de malade, je ressens beaucoup de gratitude. Evidemment, c’est décevant de perdre 9e. Quand t’arrives en table finale, tu veux faire mieux, mais je m’étais préparé à ça. Je n’avais pas un gros stack, il y avait pas mal de scénario où ça allait se passer. J’étais préparé”.

On ne peut qu’être impressionné par l'attitude avec laquelle le garçon sort de cette finale. Une poignée de main pleine de fair-play pour tous ses adversaires, mais surtout, une disponibilité et une dignité épatante, que ce soit pour se présenter devant la horde de journalistes qui l’assaillissent de leurs micros ou pour revenir à la réalité, avec ses potes, son clan, qui l’attend pour le serrer dans ses bras. Personne ne lui en voudrait de craquer, mais non. Malo encaisse avec beaucoup de force et de gratitude, alors même qu’il n’a jamais connu ce genre de plateau ou de pression auparavant.

"J’avais visualisé les différents scénarios, explique le joueur. Déjà la veille, je me disais que le but, c’est juste de jouer mon meilleur poker possible. Si on commence à s’imaginer qu’on va doubler, avoir un gros stack, on va déjouer. J’anticipais des scénarios où ça se passait mal, où les shorts doublais et je bustais (ce qui est arrivé). On est jamais préparé à 100% puisque personnellement, je n’avais jamais vécu ça. Tu ne sais pas comment tu vas réagir, d’autant que tout le monde est là pour te supporter et c’est dur pour tout le monde, donc tu prends aussi la déception des autres. Mais j’essaie de me rappeler que j’ai eu trop de chance. Je me souviens du run que j’ai eu pour arriver à cette table finale, c’est indécent. Et j’ai gagné plein d’argent en plus, je ne vais pas me plaindre ! »

Effectivement, ce dernier flip n’est que l’ultime épisode d’une série qui nous a fait vibrer pendant plus de dix jours. Un feuilleton palpitant, avec d’innombrables péripéties, qui a donné de la joie à tout le public français, et des émotions inoubliables à son acteur principal.

“J’ai l’impression que j’ai joué ce tournoi toute ma vie. C’es tellement long ! J’essaie de me rappeler du Day 1 j’ai l’impression que ça fait une éternité. En vérité, c’est de plus en plus intense donc tu te rappelles surtout des derniers moments, des derniers gros pots à plusieurs millions. Mais je me souviens du run, de tous les coups que j’ai gagnés. Quand j’y étais, je n’y croyais pas. Je gagnais tous les gros pots, tous mes bluffs passaient… C’était fou !”.

La zone en personne

Malo Latinois

Les afficionados de la série se remémoreront par exemple cet épisode de la post-bulle où Malo, déjà gros, enchainait une série de set-ups invraisemblables. Deux Dames contre deux As, deux Rois contre deux Dames et un énorme flip pour s’envoler dans la stratosphère du tournoi, où il planera toute la fin de tournoi.

“C’était tout droit, confirme Malo. Tout se passait bien. J’étais en confiance et en plus, je jouais bien. Je prenais les bonnes décisions et mes coups à tapis passaient poursuit le joueur, qui décrit cette sensation de bâtir des citadelles de jetons à des stades si avancées d’un Main Event WSOP. C’est hyper agréable. Et puis, tu sens que tu peux avoir l’ascendant sur tes adversaires. J’essayais d’avoir la bonne posture, de les fixer, de les mettre dans des spots compliqués et tu sens que tu leur fait un peu peur, que tu maitrises un peu la table. C’est hyper grisant. Et ça a duré assez longtemps. Ce sont des moments de poker incroyable, que je n’avais jamais vécu avant. Et ça, additionné à la fatigue, au stress, à tous les gens à côté de toi qui te soutiennent, ça fait un cocktail qui est juste fou”.

Malo Latinois

Installé dans sa zone, Latinois a déroulé son poker. Un jeu agressif, technique, précis, qui démontraient que le joueur avait toute sa place sur les dernières tables d’un si grand tournoi.

“J’essayais aussi de me calmer, nuance le grinder. Quand je sentais que j’étais dans l’euphorie, que je passais les gros coups… A un moment, j’avais 50 millions au Day 6, deux fois le tapis du deuxième. Il fallait revenir sur terre parce que tu peux vite déjouer ou être pris par les émotions. Globalement, je suis très content aussi pour ça. J’ai énormément progressé tout le long du tournoi. J’ai montré une bonne posture, une bonne concentration. J’ai l’impression d’être vraiment meilleur qu’avant en live et dans le poker en général”.

Malo Latinois

Malo souligne très justement cette “posture”, qu’il a adopté en table. A chaque coup, le joueur redressait son dos, le coup droit, le regard vissé sur son adversaire pour détecter le moindre indice, le moindre tell, et surtout, mettre de l’intensité dans le coup. “C’est un truc que j’avais mis en place dès mon deep run à l’EPT Paris, déclare le joueur, rappelant le tournoi sur lequel on le découvrait pour la première fois. Je me disais “il faut que j’ai une bonne posture, que je sois concentré, que je regarde mes adversaires”. T’essayes un peu de les intimider, de montrer que t’es sérieux, que t’es pas là en touriste. J’ai essayé de maintenir ça tout le Main, notamment sur l’observation et pour montrer que c’est intense. T’es dans le coup avec eux, et s’il faut le moindre faux pas, tu vas les écraser”.

Aim The (first) Million

Malo Rail

Le rail français n’a pas eu vraiment le temps de déballer les chants qu’il avait en stock, ni même de se montrer. Sa présence a pourtant été déterminante pour accompagner notre héros français, qui a pu compter sur le soutien d’innombrables grinders français, à commencer par ses acolytes de la Team “Aim The Millions”.

Ludo, je le connais depuis ATM, quand je suis arrivé en mars 2023, rembobine Latinois. On a fait toute l’académie ensemble, on est devenu potes et on a fini par intégrer la “Main Team”. C’était incroyable de l’avoir à mes cotés. Il m’a beaucoup aidé, c’était un peu mon “coach” pendant ce deep run. Il essayait de me “refocus” quand j’étais un peu moins motivé, il me donnait toujours des “guidelines” pour mon jeu. Et puis d’avoir Clément (Richez) qui était là tout en deep-runant à côté, c’est vraiment génial".

Ludovic Uzan Malo

Des grinders, des potes du poker… Mais aussi des gens qui n’ont rien à voir avec les cartes, à commencer, par Pauline, sa copine, sa première supportrice, qui n’avait pourtant pas prévu de rester autant de temps dans les casinos. “On devait faire un road-trip tous les deux dans l’Ouest des Etats-Unis. Ça aurait du commencer il y a cinq jours… Et il s’avère qu’on est toujours pas parti, rigole Malo. C’était plutôt bon signe. Avant que je parte à Vegas, je l’avais prévenu très rapidement que si jamais je deep-runnais le Main, on repousserait un peu, mais que y’avait très peu de chance que je sois encore là après le 12. Et là, on est mardi 16, et on est encore là”.

Malo Pauline

Pauline n’en a pas voulu à Malo de retourner aux tables de poker chaque jour. Au contraire, elle est rentrée dans ce tournoi avec lui, en saisissant la magie si particulière qui entoure le Main Event, et l’exploit si rare que son copain était en train de réaliser. “Ça a été un énorme soutien, ça donne de la confiance. Elle me fait confiance et elle me suit dans cette aventure là. Maintenant on va pouvoir partir en vacances pour décompresser de toute cette folie”.

Malo a bien mérité son repos. Les paysages des canyons californiens permettront de s’aérer la tête pour mieux mettre en perspective l’exploit qu’il a réalisé. Et aussi, envisager l’après. Sa carrière de grinder et sa vie d’homme viennent de se transformer sur tous les plans. Financier bien entendu, mais pas seulement. Malo vient de vivre une expérience bouleversante, et en même temps, de se faire un nom. Il ne sera plus le bon grinder relativement lambda qu’on croise sur les festivals Winamax, mais bien Malo Latinois, le Français qui a atteint la finale du Main Event WSOP.

Sans anticiper le nouvel accueil qu’il aura sur ses prochains tournois live, Malo se dit conscient des opportunités que peuvent lui ouvrir son nouveau statut de finaliste Main Event. Mais en aucun, cas, cet accomplissement va le détourner de ses objectifs, et du chemin qu’il a commencé en progressant dans ce jeu, qu’il découvrait il y a seulement cinq ans. Aussi immense soit-elle, cette perf' n'est qu'un point de départ. Faut-il rappeler qu'il jouait son premier Main Event, sur son premier Vegas ?

Malo Latinois

“Mon but dans le poker, c’est devenir le meilleur possible. C’est un challenge personnel. Ça t’apporte tellement. J’ai arrêté de boire depuis que je fais du poker pour être plus performant. Je fais plus du sport depuis que je joue… C’est dingue, ça change ta vie ce jeu, sur plein d’aspect. Ça change ta vision du monde, ta relation à la variance, le fait qu’il y ait des choses qu’on ne peut pas maitriser, et que du coup ça ne sert à rien de te plaindre par rapport à ça. Mon objectif, ça va toujours être de progresser au maximum, avec ATM. D’aller jouer un peu plus cher, de faire un peu plus de tournois live. Je m’y sens très à l’aise et encore plus avec ce deep run”.

Et l’argent dans tout ça ? Malo vient quand même de gagner un million de dollars ! Sur le papier, mais dans le poker de 2024, seuls les récréatifs et les pros blindés gagnent la somme indiquée sur le pay-out. Malo va donc d’abord payer ses stackeurs, certainement très heureux de leur investissement, placer une partie de ses gains… Sans oublier d’en profiter. "Je vais peut être me faire quelques cadeaux, mais je ne sais pas encore quoi. Je ne suis pas trop matérialiste. Peut être des fringues… Mais je vais me faire plaisir et faire plaisir à mes proches, ça va être cool”. Le plaisir était aussi pour nous. Bravo Malo, et merci pour ces moments.

Le spew de l’année ?

Brian Kim est éliminé en 7ᵉ place après avoir opté pour une stratégie "fast and furious" (1 500 000 $) Main Event 10 000 $ (Finale - Il reste 6 joueurs)

Dans le dico poker, on appelle ça un "blow up". En français : exploser. C'est bien et bel en plein vol que s'est crashé Brian Kim.

Brian Kim
Parti avec le deuxième plus gros tapis en début de finale (59 BB), l'Américain se contente de la septième place après une finale durant laquelle il aura pourtant reçu trois fois une pocket paire d'As. On laissera les experts analyser cet auto-sabotage, mais nos yeux auront vu ceci : trop de coups joués trop vite, et une dernière main qui aura fait sursauter tout le monde. Au poker le blow-up peut surgir à tout moment : le plus gros tournoi du monde n'échappe pas à la règle.

Aujourd'hui, Kim s'est d'abord fait « value town », presque d'entrée de jeu, payant les trois barrels de Jordan Griff avec une hauteur As qui se transforme en tirage couleur sur le turn, puis une couleur proprement dite sur la rivière. Mauvaise pioche : le brelan floppé de Griff s'était transformé en full dès le turn. Le gros stack de Kim avait déjà fondu de moitié alors que le short-stack de Malo Latinois était encore à table…

La seconde moitié de son tapis, Kim la perdra en deux temps. D'abord sur un setup inévitable où sa paire de Dames se fracasse sur les Rois d'Andres Gonzalez, offrant à l'Espagnol son second double-up de la finale. Puis sur la main ci-dessous, qu'on vous décrit sans commentaires (on s'en est déjà permis assez !)

Ouverture 4,6 millions de Boris Angelov au bouton avec A8.

De petite blinde, Brian Kim 3-bet à 11,8 millions avec K6.

De grosse blinde, le chip-leader Niklas Astedt 4-bet pour 18 millions avec 1010.

Angelov s'écarte rapidement du coupe-gorge. Brian Kim 5-bet à tapis pour 53,9 millions au total.

Astedt n'est pas heureux de payer, mais il paie quand même, après s'être assuré du montant.

Board : Q10856.

Brian Kim
Le spécialiste des high rollers live de cette finale, comme le signalait efficacement cette casquette blanche au logo du circuit Triton (plus de 7 millions de dollars cumulés ) est stoppé net en 7ᵉ place. Brian Kim remporte 1,5 million de dollars.

Au micro de PokerNews, il expliquera avoir eu le feeling qu'Astedt n'avait pas une main énorme. « Je ne suis pas content d'être payé, mais je sentais que le bouton jouait son rôle de bouton, et qu'Astedt n'avait pas les As. J'ai l'impression qu'il a failli fold en regardant ses cartes la première fois. Alors j'ai fait tapis. Parfois, c'est comme ça qu'on s'écroule. Mais c'est quand même une super expérience. On va bien s'amuser ce soir. Et demain. Et après-demain. »

Brian Kim
Niklas Astedt et son clan peuvent exulter : le Suédois possède 38 % des jetons alors qu'il reste encore six joueurs !

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Gonzalez n’était pas pressé

Andres Gonzalez est éliminé en 6ᵉ place après avoir mené une impressionnante bataille en mode short-stack (2 000 000 $) Main Event 10 000 $ (Finale - Il reste 5 joueurs)

Andres Gonzalez
Muni de seulement 11 BB à l'entame de la finale, Andres Gonzalez a vécu la vie rêvée du short-stack, elle qui n'a pas été accordée à Malo Latinois. L'Espagnol a rapidement trouvé un double-up pour se maintenir, a eu la place pour voler quelques blindes, et a trouvé de belles mains pour gonfler, re-doubler, puis doubler encore.

À six joueurs restants, le grinder online n'était jamais réellement parvenu à se monter un tapis propre à inspirer la crainte, mais sa ténacité avait depuis longtemps sécurisé son rond de serviette à cette table étoilée. C'est un banal coin-flip contre le plus coriace de ses adversaires qui allait l'en éjecter.

Ouverture à 6 millions de Gonzalez, 3-bet de SB du chip-leader Niklas Astedt (18 millions), l'Espagnol répond avec un 4-bet all-in pour 61,5 millions (30 BB). Astedt demande le compte pour la forme, mais c'est payé.

JJ chez Gonzalez,
AQ chez Astedt.

Andres Gonzalez
Le clan ibérique mené par Leo Margets déchante dès le flop A1010. Le turn 7 et 3 confirmeront la fin des espoirs espagnols en sixième place.

Respecté de toute la péninsule pour ses prousses online, « wisopekeno » remporte 2 000 000 $, et égalise le score de son compatriote Andoni Larrabe en 2014.

Andres Gonzalez

Andres Gonzalez
Andres Gonzalez
On remercie le rail espagnol pour l'enthousiasme... Mais on ne les remercie PAS pour nous avoir remis
La Macarena dans la tête !

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Angelov exorcisé

Le top reg bulgare et runner-up EPT Monte-Carlo n'a jamais vraiment sorti la tête de l'eau, au cours d'une finale dont on retiendra davantage ses hurlements terrifiants que sa 6e place.

Boris Angelov

Ses cris démoniaques qu’on entendait à chaque double-up ne réveilleront plus les spectateurs endormis. La terreur bulgare Boris Angelov est réduite au silence au bout d’une partie où il n’a jamais réussi à se délivrer définitivement de ses chaines de shortstack.

Plutôt actif sur le début de finale, Boris grapille quelques précieux jetons pour revenir à plusieurs reprises au-dessus des trente blindes, mais à chaque fois, le Bulgare perdait le petit coup qui le faisant redescendre dans une zone de tension. Ses tentatives d’open ou de 3-bet se heurtent très souvent à des monstres, et Boris est condamné à une stratégie de “push-or-fold”, qu’il appliquera une première fois face à Niklas Astedt. C’est là que survient l’un des grands coups de théâtre, ou plutôt, l’un des tremblements de terre de cette finale.

A5 chez Angelov, AJ chez Niklas Astedt, domination-nation… Et un flop 975 fait passer Angelov devant. Le volcan bulgare entre en éruption.

Boris Angelov

Boris Angelov

Un assourdissant “AAAARRRGGGGHHHH” ou Boris criera toute sa délivrance, sa fureur, sa haine et son bonheur dans un seul et même onomatopée. Une réplique du séisme se fera sentir sur la river 9, validant le double-up d’Angelov. Un cri libérateur comme seul une table finale de Main Event WSOP peut en produire, et qui rappelle les émotions primaires et incontrôlables qu’on peut éprouver avec ce jeu de cartes.

Boris ne parvient pas à bonifier ce stack renaissant et sans véritablement jouer de gros coups, retombe dans la zone rouge, à force de se prendre des 3-bet d’Astedt le “Goat”ou de Tamayo “la serrure”. Il revient un temps aux affaires puis reperd ses gains en faisant doubler le short-stack Jason Sagle sur un 30-70. Le voilà définitivement short-stack.

L’histoire se terminera mal. Un open-shove 66 pour ses six dernières blindes et Tamayo “la serrure” décide d’ouvrir le loquet, avec un call K6 qu’on n'attendait pas forcément. Le bon feeling du vieux livetard américain qui trouve un K dès le flop, et même un K derrière pour faire tomber le Bulgare à 0% turn.

Runner-up de l’EPT Monte-Carlo il y a trois mois, pour 663 000 €, Boris ajoute une perf’ à 2 500 000 $ pour poursuivre cette belle saison 2024. Le plus gros bénéfice jamais encaissé par un Bulgare sur un tournoi de poker (juste devant Alex Kulev et sa victoire lors des derniers Triton Montenegro). Un nouvel accomplissement qui confirme la très belle santé du poker bulgare, à l’image de ce rail éclatant porté par Boris Kolev, Atanas Malinov, Yulian Bogdanov, et plein d’autres noms en “ov”.

Boris Angelov

Il a enfin fermé Sagle

Jason Sagle est éliminé en 4ᵉ place (3 000 000 $) Main Event 10 000 $ (Finale - le Day 9 est terminé ! Il reste 3 joueurs)

L'objectif de la première moitié de la finale était de tomber à quatre joueurs. Un but qui fut atteint dès 21 h 30. Il n'était pas encore trop tard : les organisateurs ont donc décrété qu'on irait jusqu'au bout du niveau déjà entamé (le 42ᵉ de la partie : blindes 1,5 million / 3 millions)… ou jusqu'à l'élimination suivante.

Jason Sagle
C'est le second scénario qui s'est matérialisé, avec la sortie d'un joueur qui, sans vouloir être méchant, n'avait plus grand-chose à faire dans le plus gros tournoi du monde à ce stade, malgré un palmarès comportant une 23ᵉ place sur ce même Main Event (2004) et deux finales World Poker Tour.

Jason Sagle : "des moves peu GTO mais une très belle lecture du sabot", écrivait-on hier avec une bonne dose de sarcasme, ayant été témoins d'une belle enfilade de décisions douteuses de la part du Canadien. Aujourd'hui, l'amateur a fait taire ses penchants naturels... en ne faisant strictement rien.

On pourrait certainement trouver des mérites à cette nouvelle stratégie. Probablement que Sagle avait conscience de son infériorité technique, et que c'est pour ça qu'il n'a pas tenté grand-chose de fou aujourd'hui. Extrêmement serré préflop, il s'est prudemment constaté de rester à quai sans jamais monter à bord de spots compliqués, regardant passer les éliminations tels des wagons funéraires. Les rares fois où il a eu du jeu, il a fait fuir ses adversaires en se montrant beaucoup trop agressif. Les rares fois où il a voulu faire le malin, les pros qui lui faisaient face lui ont rapidement rappelé qui il était.

Au poker ne rien faire, c'est laisser fondre son tapis comme une glace laissée hors du frigo. Un unique double-up obtenu à six joueurs retants (As-Valet contre le Roi-Valet de Boris Angelov) lui redonnera espoir. Très brièvement, car douze mains plus tard, c'était fini.

Min-raise 6 millions UTG de Niklas Astedt, tout le monde passe jusqu'à Sagle en grosse blinde. Avec son JJ, la décision est logique : tapis pour 28 millions. Le chip-leader Suédois se tâte un moment, il est évident que sa main n'est pas folle mais que la cote est sympatoche.

Allez, c'est payé, et advienne que pourra. Astedt montre A3. On s'attendait à pire, en vrai.

Jason Sagle
Le board déroulé par le croupier offrira une conclusion fichtrement dramatique à cette journée :

84352

La quinte de l'espace trouvée par Astedt achève officiellement la première partie de la finale.

Jason Sagle
Il ne reste que trois prétendants au titre suprême et aux trois millions de dollars, ils reviendront au Horseshoe mercredi à 14h (23h en France) pour en découdre une dernière fois.

Niklas Astedt (Suède) 223 millions (74 BB) Jordan Griff (USA) 187 millions (62 BB) Jonathan Tamayo (USA) 197 millions (66 BB)

Un bilan de la journée sera publié très prochainement.

Jason Sagle
La sortie de Jason Sagle nous prive de la section de supporters la plus colorée de la finale

Jason Sagle
Jason Sagle
Jason Sagle

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Un favori se détache, mais de peu

Le meilleur joueur online du monde, un amateur plein de ressources, et un pro un poil serrure : voici les trois derniers prétendants au titre de champion du monde et aux dix millions de dollars qui vont avec La dernière bataille du Main Event débutera mercredi à 14 heures (23 h en France) Main Event 10 000 $

Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Le vainqueur du Main Event 2024 est sur la photo ci-dessous. Dans ce trio, un visage est plus reconnaissable que les autres. Niklas Astedt, le "joueur préféré de ton joueur préféré", a assumé aujourd’hui le statut de “meilleur joueur du monde” que les regs lui prêtent si souvent. L’homme qui ne compte plus les millions accumulés sur les rooms en ligne tient une occasion en or de décrocher le grand titre live qui manque à son palmarès. Quitte à n’en avoir qu’un, autant en prendre un à 10 millions de dollars, sur le Main Event des WSOP.

Qui pour arrêter "Lena900" ? Deux Américains dont on n'avait jamais entendu parler il y a quinze jours. Jonathan Tamayo, le grinder local sérieux et appliqué qui sillonne le circuit américain depuis plus de quinze ans en y amassant de temps à autre des perfs tout à fait respectables. Et puis Jordan Griff, l’amateur de l’Illinois, parvenu grâce à un improbable alignement de planètes à surgir en table finale avec un chip-lead clair. Il est parvenu à conserver cette avance durant la quasi-totalité d’un Day 8 relativement court.

À peine sept heures de jeu effectives pour six éliminations, dont quelques grosses surprises. La chute vertigineuse, où devrait-on dire le hara-kiri de Brian Kim, l’éruption puis l’implosion du volcan bulgare Boris Angelov, ou encore la descente aux enfers de Joe Serock. Ces trois-là, ainsi que Malo Latinois, malheureusement éjecté d’entrée, semblaient être les mieux armés pour barrer la route de Niklas Astedt.

Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Sur le papier, le favori des bookmakers semble avoir le champ libre pour devenir, dix ans après Martin Jacobson, le deuxième Suédois à remporter le plus grand tournoi du monde. Entre Koray Aldemir (2021), Espen Jorstad (2022) et même Daniel Weinman (2023), les dernières tables finales du Big One nous ont un peu trop habitué à voir le meilleur joueur du casting s’imposer.

Sauf que cette fois, les stacks sont tout à fait équilibrés : il ne suffirait pas de grand-chose - un peu de déchatte, un ou deux setups - pour que le statut de favori d'Astedt soit remis en question. Peut-être que la toute dernière journée du Main Event va nous rappeler que nous ne jouons pas un tournoi d’échecs ! - Fausto

Niklas Astedt (33 ans - Göteborg, Suède)
223 000 000 (74 BB)

Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Certifié conforme à son statut de meilleur joueur du monde tant évoqué dans les hautes sphères du poker : Niklas Astedt a proprement déroulé, signant quatre des six éliminations du jour, ne cessant jamais d'augmenter son tapis avec élégance et précision, chattant même parfois gentiment, juste un peu, et sans lui-même subir de revers (à peine un petit flip perdu). Absolument rien à dire, donc, pour l'homme aux 48 millions de dollars de gains en ligne (chiffre avancé par le communiqué de presse des WSOP). Pire encore : le Suédois est en totale détente. Avant la finale, il rigolait : « Ils disent que le Main Event est un marathon. Mais qu'ils essaient de jouer 23 tables online en même temps 40 jours de suite pendant les SCOOP ! » Ce soir, rebelote quand on lui demande comment il compte se préparer pour la dernière étape. « Comme d'hab. Rien de spécial. Essayer de dormir longtemps. Manger une banane. Me pointer ici. »

Jonathan Tamayo (38 ans - Texas, USA)
197 000 000 (66 BB)

Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Un pro, oui, mais du côté serrure de la force, comme dirait Malcolm Franchi. Jonathan Tamayo l'avait déjà montré en jetant QQ préflop sur une simple relance lors de la dernière main des demi-finales (vu l'ICM, c'était pas si nul). Aujourd'hui, le Texan s'est montré plus agile, mais sans abandonner le style solide qui lui a permis d'aller aussi loin. Bon, il lui a tout de même fallu chatter un peu : il n'avait pas masse de jetons en début de finale, et si ce n'avait été pour une rivière miraculeuse face à Jordan Griff sur un 30/70, il ne serait plus là. Il lui faudra absolument accélérer le rythme pour s'en sortir en 3-handed : quinze ans après sa 21e place sur le Main Event 2009, Tamayo semble en être parfaitement capable.

Jordan Griff (30 ans - Illinois, USA)
187 000 000 (74 BB)

Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
La bonne surprise de cette finale. Auréolé du double statut amateur-slash-chipleader en début de finale, Jordan Griff est parvenu à aller au-delà de ce qu'on attendait de lui. Certes, il s'est fait un poil « value town » par Astedt, mais il a réussi à faire de même sur Brian Kim, et après avoir provoqué la première élimination du jour il détenait un tiers des jetons en circulation. Griff n'a pas eu peur de jouer, endossant volontiers le rôle d'animateur à plusieurs reprises : sa place dans le trio de tête est parfaitement méritée. - Benjo

Ils ne gagneront pas le titre suprême

Malo Latinois
9ᵉ : Malo Latinois (France) 1 000 000 $
Rien à regretter : parti de trop bas, notre jeune héros n'a rien pu faire. Un flip, et c'était fini. Mais tout de même : premier Vegas, premier Main Event, premier million de dollars, tout ça à 28 ans. Vous n'avez pas fini d'entendre parler de lui.

8ᵉ : Joe Serock (USA) 1 250 000 $
Vingt ans d'expérience sur le circuit pro ne lui auront pas suffi pour traverser un désert de cartes. Il a eu peu de mains, il a foldé toutes celles qu'il a tentées de jouer, pour qu'enfin son As-Valet se fracasse contre les Dames parfaitement slowplayées de Niklas Astedt.

7ᵉ : Brian Kim (USA) 1 500 000 $
Un tiers de calling-station, un tiers de déchatte, et un tiers de kamikaze : le cocktail le plus étrange auquel on a goûté ces dernières années en finale du Main Event nous a été servi par un habitué des high rollers du circuit Triton.

6ᵉ : Andrez Gonzalez (Espagne) 2 000 000 $
Au contraire de Malo Latinois, la position de short-stack de ce grinder costaud s'est rapidement améliorée grâce à un double up presque instantané. Derrière, il s'est battu, a doublé encore, mais s'est finalement fait rattraper la patrouille sur un bête coin-flip.

5ᵉ : Boris Angelov (Bulgarie) 2 500 000 $
Le runner-up du dernier EPT Monte Carlo n'a jamais vraiment réussi à se constituer un vrai capital pour combattre. Il a compensé en pratiquant un poker solide et agressif, aidé par des 3-outers pour doubler à deux reprises. Ses flippants hurlements de joie seront stoppés net par un K-6 off battant sa paire de 6 all-in préflop.

4ᵉ : Jason Sagle (USA) 3 000 000 $
Après avoir trop joué en demi-finales (cela lui a réussi), il a cette fois joué trop peu : cela l'a desservi. Certes, sa timidité lui a fait grimper des paliers. Mais il était difficile d'espérer monter des jetons avec un style aussi peu combattif. Tempérons cet avis : il a tout de même fallu un 30/70 pour lui faire quitter la table. - Benjo

Les prix restants

Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax





















Rang Prix
Vainqueur 10 000 000 $
Runner-up 6 000 000 $
Troisième 4 000 000 $

Mercredi, on en finit

Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Rendez-vous est pris ce mercredi à 14 heures (23 h en France) : on va ENFIN arriver au bout de ce Main Event entamé le 3 juillet, tandis que se termineront les toutes dernières bricoles au programme des WSOP, dont un Super Turbo à 1 000 $ joué d'une traite (rounds de vingt minutes !) qui va rassembler tous ceux qui n'ont pas encore fait une croix sur leur objectif de gagner un bracelet cet été. Il va falloir chatter !

Benjo, Fausto & Caroline Darcourt

Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax

Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax
Finale Main Event WSOP / Reportage Winamax

WSOP 2024 : tous nos articles

Les Américains seront-ils bientôt en minorité sur les WSOP ?

On ausculte les drapeaux présents en finale du Big One au 21ᵉ siècle

Americain
En 2003, la victoire de Chris Moneymaker marquait un tournant dans l’histoire du poker. Elle initiait un boom, un âge d’or matérialisé, entre autres, par une montée en flèches des affluences sur les World Series of Poker.

De 839 entrées sur l’édition “Moneymaker” du Main Event, nous voilà à 10 112 participants sur cette cuvée 2024. Une démultiplication qui s’explique aussi par le débarquement toujours plus important des grinders Européens dans la Mecque du jeu. La mosaïque de nationalités engagées sur ce tournoi ne cesse de se colorer. En 2018, la barre des 100 nations participantes était officiellement franchie.

Sur leur terre, les Américains disposent toujours de la majorité absolue. Mais à chaque édition, ils doivent affronter plus en plus d'étrangers venus d’Europe, d’Asie, d’Australie… Une immigration largement boostée par les professionnels de poker, qui font logiquement des Championnats du monde une étape incontournable de leur calendrier.

Plus d’internationaux, plus de professionnels… Résultat : une table finale de plus en plus multiculturelle. En 2003, Chris Moneymaker prenait le dessus sur une table 100% américaine. Vingt ans plus tard, Daniel Weinman s’imposait devant un casting majoritairement européen : 6 des 9 finalistes venaient du Vieux Continent... ce qui n’a d'ailleurs pas empêché les États-Unis de faire 1ᵉʳ, 2ᵉ et 3ᵉ).

Cette année, quatre américains et un Canadien se sont assis autour de la table finale, face à un Bulgare, un Suédois, un Espagnol et un Français. Une confrontation équilibrée, qui témoigne à la fois de la domination numérique des nord-américains, et de la poussée européenne, qui ne cesse de rééquilibrer les débats d’année en année.

Finaliste WSOP
Petit à petit, l'Europe fait son nid !

Le plus gros heads up de la planète

4 millions de dollars sont en jeu sur l'ultime duel des WSOP 2024 Main Event 10 000 $ (Day 10 - Heads up)

Heads Up Main Eent WSOP / Winamax
On le sait bien, que c'est du pipeau : les liasses de billets sont composées de billets de 1 $ (avec des billets de 100 à chaque extrémité pour faire illusion), et les fusils d'assault des agents de sécu ne sont pas chargés. Mais chaque année elle nous fait kiffer, l'arrivée des biftons sur la table du Main Event, pile à l'heure pour le dernier duel !
Jordan Griff

Jordan Griff (USA) 432 500 000 (108 BB)

VS

Jonatha Tamyo

Jonathan Tamayo (USA) 174 500 000 (43 BB)

L'amateur aux 40 000 $ de gains vivant un rêve éveillé contre le grinder live parcourant le circuit depuis vingt ans (2,3 millions de dollars de gains) : dix millions pour le vainqueur, six pour le second, que le meilleur gagne !

Heads Up Main Eent WSOP / Winamax
Heads Up Main Eent WSOP / Winamax
Heads Up Main Eent WSOP / Winamax
Heads Up Main Eent WSOP / Winamax
Heads Up Main Eent WSOP / Winamax

WSOP 2024 : tous nos articles

Griff aura laissé sa marque

Jordan Griff est éliminé en deuxième place (6 000 000 $) La plus belle et lucrative des défaites pour l'amateur qui cumulait 40 000 $ de gains jusque-là, et aucune victoire Main Event 10 000 $ (C'est terminé !)

Jordan Griff
Les journalistes poker seront toujours plus indulgents envers les amateurs que les pros. Alors que l'on aura volontiers été sévères devant l'effondrement de Niklas Astedt en troisième place, il ne nous viendra pas à l'idée de reprocher à Jordan Griff de ne pas avoir gagné le Main Event des World Series of Poker.

Rendez-vous compte : l'amateur venu de l'Illinois n'avait jamais disputé une phase de heads-up auparavant, pas une seule fois. Sa grande première en tête-à-tête, elle s'est faite rien de moins que sur le plus gros plateau télévisé du monde, devant toute la planète poker réunie au Horseshoe de Las Vegas et sur le stream de PokerGo.

Jonathan Tamayo
Pro expérimenté en live, fort de 150 lignes Hendon Mob, Jonathan Tamayo était parfaitement prêt à élargir des ranges d'open volontiers serrées et conservatrices jusque-là. On se doutait qu'il allait attaquer plus souvent et plus fort. En face, Griff était forcément un peu perdu, pas du tout aux commandes de son destin. Malgré un tapis bien supérieur à l'entame du duel, c'est sur la défensive qu'il jouera l'ensemble du match, au fond du court, après avoir concédé l'intégralité de son avance d'entrée de jeu, suite à un bluff mal avisé avec hauteur Dame - Tamayo a mis le temps, mais il a trouvé le call rivière avec top paire.

En même pas dix minutes de HU, Tamayo s'était constitué un tapis deux fois supérieur à celui de Griff. Mais près de quatre heures seront tout de même nécessaires pour que le meilleur joueur l'emporte. Acculé, Griff doublera une première fois avec un J6 joué à fond sur le turn Q65J : commettant l'une de ses rares erreurs, Tamayo ne tirera pas la leçon du hero call foireux d'Astedt une heure plus tôt et paiera avec AJ. Rivière K, Griff reprend le lead.

Jordan Griff
C'est maintenant Tamayo qui était dans les cordes : à lui de sauver une balle de match à son tour, gagnant un flip valant plusieurs millions avec K10 contre la paire de 7 de Griff, grâce à un flop QJ9 ne laissant que peu de suspens. Égalité, balle au centre.

Jordan Griff continuera de tenter des trucs, mais quand il bluffera, il se fera payer, et quand on le bluffera, il ne paiera pas. Rapidement, Tamayo retrouve un avantage de 2 contre 1, et une troisième balle de match est jouée. Encore un flip, mais cette fois c'est Griff qui doit le gagner, avec un 66 contre A8. Là encore, pas de souffrance : le flop apporte un 6 pour sauver le short-stack.

Jonathan Tamayo
C'est pas bientôt fini ? Presque. De retour en tête, Griff va de nouveau tenter d'en finir (trop vite ?) en jouant à fond son 54 sur 437. Un semi-bluff avec pas mal d'outs, mais Tamayo ne peut décemment pas fold son 87. Turn : 3, rivière 9. Égalité (bis), balle au centre (bis).

Un bon call rivière avec juste une paire, un bon fold rivière alors que Griff avait limpé les As : Tamayo était décidément en contrôle. Après quatre balles de match sauvées, deux par joueur, il allait parfaitement smasher la cinquième sur la ligne.

Relance à 12,5 millions au bouton. Jordan Griff call et le flop tombe 983.

Tamayo mise 10 millions. Relance à 40 millions de Griff. Tapis chez Tamayo. Griff call pour 230 millions au total.

Les jeux !

HU
83 chez Tamayo, qui a floppé deux paires. 96 chez Griff, qui a besoin d'aide avec juste top paire.

Turn A, inutile.
Rivière 5. La dernière carte du Main Event des WSOP 2024, après un duel long de 64 mains.

HU
En demi-finales, Jordan Griff se retrouvait à tapis au flop avec deux Dames contre brelan, il avait réussi à trouver le 2-outer pour se sauver. Trois jours plus tard, le premier heads-up de sa vie se termine par la plus belle des défaites. Six putain de millions de dollars pour celui qui avait accumulé 40 000 $ seulement en cinq ans, sur une poignée de tournois à 500 ou 1 500 $ l'entrée. Bravo !

WSOP 2024 : tous nos articles

Le Texas reprend sa place

POUR LES DERNIERS BRACELETS CLIQUEZ ICI Grinder acharné en live depuis près de vingt ans, Jonathan Tamayo remporte le plus gros Main Event WSOP de l'histoire (10 000 000 $) C'est la première victoire d'un natif du "Lone Star State" depuis plus de quarante ans !

Jonathan Tamayo
C'est un moment annuel dont tous les amoureux de poker ne pourront jamais se lasser. Celui où l'on découvre, en temps réel, la réaction du vainqueur du plus gros tournoi du monde pile au moment où la dernière carte est retournée. Ces dernières années, on avait pris l'habitude de voir des pros expérimentés rester plus ou moins de marbre. En contrôle de leur technique tout au long du tournoi, les Espen Jorstad et autres Koray Aldemir savaient aussi garder leurs émotions pour eux une fois la partie bouclée. Professionnel aguerri depuis près de vingt ans, spécialiste des MTT live sur le circuit américain, Jonathan Tamayo n'appartient pourtant pas à cette catégorie. Quinze ans après être passé tout près de la finale sur le Main Event des World Series of Poker (23ᵉ en 2009), le Texan peinait à réaliser qu'il avait été au bout cette fois.
Jonathan Tamayo
Tout au long de la finale, le Texan avait été soutenu par une coterie de pros réputés, dont l'Allemand Dominik Nitsche et surtout un joueur qui l'avait précédé sur le devant de la scène, le champion du monde 2015 et accessoirement l'un de ses meilleurs potes, Joe McKeehen. Un rail apportant une aide à la fois morale et technique. Mais lorsque tout s'est terminé, le soutien est devenu littéral : à genoux, c'est un Tamayo complètement hébété, incrédule, qui s'est fait redresser par ses potes, tel le tuteur faisant tenir droit la plante.
Jonathan Tamayo
"Mayo ! Mayo ! Mayo !" scandent les amis à l'unisson. Très vite Joe McKeehen arrive sur le podium. C'est le moment de passer le témoin : l'ami et ex-vainqueur offre le bracelet au nouveau Champion du Monde de poker. Sans doute qu'à ce moment, Tamayo repense à toutes les fois où il aurait pu être éliminé. Notament lorsqu'il a trouvé un 3-outer hier lors de la première partie de la finale, puis lorsqu'il a joué le plus important des coin-flips en heads-up face à Jordan Griff. - Benjo

Tamayo : les réactions à chaud

Jonathan Tamayo
"Je n'arrive pas à croire la chance que j'ai eue d'avoir une seconde chance. Il n'y a qu'un nombre limité de Main Event que l'on peut deep run dans une vie."

« On m'a souvent dit que ce tournoi est impossible à gagner. Avec la taille du field, cela semble certainement vrai. Alors quand on s'assoit à table le premier jour, on se dit, OK, je vais simplement bust, ça ne sera pas joli, je ne vais pas me sentir bien, mais la vie va continuer. On se prépare mentalement. Je n'arrive pas à croire que je ne me suis pas fait éliminer avant d'arriver en 3-handed. »

Jonathan Tamayo
"Mes parents dirigent une entreprise, ils avaient programmé un voyage d'affaires à Vegas pile au moment du Main Event. Ils ne devaient pas venir me voir, mais quand ils ont su que j'étais en finale, ils m'ont dit qu'ils annuleraient toutes leurs réunions quoi qu'il arrive. Ils ont bien fait de venir !"

« Gagner le Main Event, ça ne me paraît pas réel. Je n'y crois pas, ce n'est pas la vraie vie. Et il y a autre chose d'incroyable : un de mes meilleurs potes a déjà gagné ce tournoi. Donc, on a maintenant deux vainqueurs dans notre cercle d'amis. On n'aurait jamais imaginé que ça se produise un jour, même une fois. Ça va être marrant, désormais, de se moquer de nos potes qui eux ne l'ont pas gagné ! »

Le dernier mot sera pour ceux qui ont critiqué son fold préflop avec deux Dames alors qu'il restait deux joueurs :

« Foldez les Dames… et jouez 8-3 dépareillés ! » En effet : c'est avec ce combo improbable que Jonathan Tamayo est devenu Champion du Monde. - VictorP

Un joueur sérré, mais qui se soigne

Jonathan Tamayo
Oui : on peut gagner le Main Event en refusant de jouer une paire de Dames après une relance préflop, alors qu'il reste 10 joueurs… Peut-etre même, en fait, que c'est exactement comme ça qu'on peut gagner le Main Event. On a souvent eu l'occasion de commenter les tendances serrure de Jonathan Tamayo. Mais, s'empressait-on d'ajouter, on se doutait qu'il serait capable de libérer son jeu à mesure de sa progression en table finale. Professionnel appliqué et sérieux, Tamayo n'a jamais oublié les considérations ICM et les paliers de gains. Mais, lorsqu'il s'est finalement retrouvé à une marche du titre, avec un « simple » heads-up à gagner, après la surprenante explosion en vol de Niklas Astedt, le Texan était prêt, et n'a pas manqué son rendez-vous avec l'histoire.

Tamayo sans additif

Jonathan Tamayo
Ce Main Event sacre un joueur dont on ignorait tout avant le départ de ce tournoi. Un reg américain connu des regs américains, sillonnant le circuit national depuis près de quinze ans, en y amassant quelques performances honorables, pour deux gros millions de dollars de gains. Une bague WSOP-C à Palm Beach en 2013, une “win” au Wynn en 2021 et un premier deep run sur le Main Event en 2009, lors du millésime Joe Cada, constituaient ses principaux faits d’arme. Des résultats ni trop bons, ni trop mauvais, pour apparaitre encore hier à la 572e place de “All-Time Money List” américaine. Jonathan fait aujourd’hui un petit bond au classement, intégrant directement le Top 50, juste devant un certain John Racener et derrière Josh Arieh.

Grinder de l’ombre depuis quinze ans, Jonathan Tamayo se voit d’un coup braqué de mille projecteurs. Une lumière que ce joueur discret, simple et introverti n’a jamais vraiment cherché, mais que les cartes ont décidé de diriger vers lui. Né dans la ville de Humble (ça ne s’invente pas), dans le comté de Harris, Tamayo devient le premier Texan à inscrire son nom au palmarès du Main Event depuis 1982 et la victoire de Jack Strauss, l’homme qui popularisait l’expression “a chip and a chair”.

La remontée de Tamayo fait honneur à la légende texane. Elle rappelle à quel point le poker autorise ce genre de come-back, même contre le meilleur joueur du monde, et permet ainsi à un anonyme de connaitre son jour de gloire.

Main Event WSOP 2024 - Résultats
10 112 inscrits - Dotation 94 041 600 $

Jonathan Tamayo























































Place Joueur Gains
1 Jonathan Tamayo (USA) 12 100 000 $
2 Jordan Griff (USA) 6 000 000 $
3 Niklas Astedt (Suède) 4 000 000 $
4 Jason Sagle (Canada) 3 000 000 $
5 Boris Angelov (Bulgarie) 2 500 000 $
6 Andres Gonzalez (Espagne) 2 000 000 $
7 Brian Kim (USA) 1 500 000 $
8 Joe Serock (USA) 1 250 000 $
9 Malo Latinois (France) 1 000 000 $

Jonathan Tamayo
Jonathan Tamayo
Jonathan Tamayo
Jonathan Tamayo
Jonathan Tamayo

WSOP 2024 : tous nos articles

Ma première fois

Je l'attendais avec impatience depuis mon arrivée chez Winamax il y a un an : à l'occasion des 54e WSOP cet été, le journaliste poker que je suis est parti couvrir les World Series of Poker pour la première fois. Une expérience ô combien intense. Entre le taff, de belles rencontres, la découverte de Vegas, et quelques bonnes galères en bonus, je vous raconte mon baptême du feu dans la folie de Sin City.

wsopLundi 1ᵉʳ juillet 2024, 07 h 00. Les yeux à peine ouverts, je me lève, l'esprit préoccupé par ce que qui m'attend au cours des trois prochaines semaines. Cette fois, ce n’est pas pour faire connaissance avec les joies d’un WPO à Bratislava ou d’un SISMIX à Marrakech. Non, ce mois-ci, c’est pour vivre le rêve de tout amoureux de poker que je me casse : je m'envole direction Las Vegas, pour le Main Event des World Series Of Poker ! Joueur de poker à mes heures perdues, ce n’est toutefois pas dans la peau de ce dernier que je m’apprête à expérimenter mes premiers championnats du monde de poker, mais dans celle d’un couvreur, arrivé un an plus tôt chez Winamax.

Excité rien qu’à l’idée d’imaginer mon arrivée en terres américaines, je me rends compte rapidement que je vais devoir me dépêcher si je ne veux pas rater mon avion. Une fois prêt, en bas de mon immeuble, aux côtés de mon immense valise, attendant le taxi, l’excitation est telle que j’en oublie presque le plus important : mon passeport. Une erreur de débutant, je le reconnais... Mais, heureusement pour moi, sans gravité.

wsop10 h 00. Bien installé dans l'avion. Non, en fait, pas du tout. Assis au milieu d’une rangée de trois (sinon ça ne serait pas drôle), j'observe à mon grand désarroi l'arrivée d'un passager de chaque côté, me garantissant plus ou moins un pénible périple transatlantique. À ma gauche, Joe l’Américain n’ayant pas mis de déodorant depuis quelques jours. De l’autre, Mike le vétéran pour qui trouver le sommeil n’est pas un problème. Mais, encore aurait-il fallu ne pas oublier le fameux pince-nez pour éviter le concert à plein volume pendant tout le vol.

Conscient que je vais devoir prendre mon mal en patience, je tente de me mettre rapidement dans ma bulle en écoutant bon nombre de chansons de rap bien énervées pour faire abstraction du reste. Quelques heures de sommeil plus tard, je suis finalement réveillé par une hôtesse venue gentiment m’apporter mon diner. Pas de quoi me réconforter pour autant : le poulet est froid, les légumes également, et je n'arrive finalement qu’à manger un minuscule morceau de pain sur son lit de vache qui rit. Le grand luxe. Quelques heures plus tard, nous finissons enfin par arriver à Dallas pour notre escale, prêt à patienter cinq bonnes heures.

J’imagine alors pouvoir me balader dans l’aéroport muni d’un énorme sandwich comme ils les aiment au pays de l'Oncle Sam. Il en est tout autre. Je n'ai que mes yeux pour pleurer lorsque j’aperçois des centaines de personnes entassées dans une seule et même file d’attente pour passer la douane. Ma patience est de nouveau mise à rude épreuve. Mais qu’importe, dans quelques heures, je serai à Las Vegas : je ne vais pas me plaindre. Les heures défilent à vitesse grand V, et après en tout et pour tout dix-huit heures de voyage, me voilà enfin arrivé à destination.

wsopÉpuisé, mais heureux d'avoir atteint mon but, je découvre, tel un gosse en plein rêve, le côté démentiel de cette ville. Voitures, routes, buildings, casinos, je comprends vite qu’ici, plus c’est gros, mieux c’est. Le lendemain, à tête reposée, nous partons sillonner les dessous de cette terre de jeux. Mais, sous une chaleur proche des 45 degrés, nous comprenons rapidement qu’il est impossible de s’éterniser dehors, dans cette ville où marcher trente secondes suffisent à te faire suffoquer. Finalement, se reposer au bord de la piscine semble être la meilleure des solutions (un peu de brag, ça ne fait pas de mal). Le soir, on se retrouve avec toute l'équipe pour aller manger dans un super restaurant argentin. La viande est incroyable, le service... bien différent de ce que l'on peut vivre à Paris. Un pur plaisir !

wsopNe faisant mes débuts sur les WSOP que le lendemain, je pars à l'aventure au Orleans Casino afin d'y jouer mon premier tournoi à Las Vegas. Dix heures du mat', j'identifie un field légèrement plus âgé qu'à l’accoutumée. Je comprends assez rapidement ce à quoi je vais être confronté : jouer des mains en 9-way avec les rois du limp pendant six heures. Sacrée surprise ! Malgré beaucoup de plaisir pris aux tables, ce fut un échec. Les 4 000 $ promis au vainqueur n'iront pas dans ma poche. Next time.

Le lendemain, j'attaque enfin ! Je me rends au Horseshoe, prêt à entamer ma première journée de travail sur le Day 1B du Main Event des WSOP. Et là encore, l’immensité de la salle est telle que je me demande bien comment je vais réussir à mettre la main sur les quelques joueurs français à qui je souhaite aller parler. Sans seat draw à disposition, ça s'annonce très compliqué. Sans désespérer pour autant, je finis petit à petit par trouver ma place.

wsopHeureux, les joueurs interviewés le sont visiblement. Petit big up au vainqueur de la Team Pro Expérience, Renaud Gonon, avec qui j'ai adoré partager les avancées de son incroyable parcours sur le Main Event. Malgré quelques difficultés rencontrées tout au long de cette interminable première journée, j’estime alors avoir accompli ma mission de couvreur. Tout en sachant que le plus dur reste à venir. Heureusement, le très beau début de parcours de nombreux joueurs français me fait presque oublier la fatigue. Enjoué par ce qu’ils sont en train de réaliser, je me sens, au fil des jours, de plus en plus impliqué par leurs avancées.

Déjà très heureux à l’idée d’échanger avec la crème du poker français en pleine réussite sur ce Main Event, mon collègue Victor Saumont me donne quelques jours plus tard l’idée d’aller interviewer l’une des meilleures joueuses de l'histoire : l’immense Kristen Foxen, détentrice de quatre bracelets WSOP. Intimidé et persuadé qu’elle n’aura pas le temps de parler à un jeune journaliste français inconnu au bataillon, je pars tout de même tenter ma chance. Et qu’elle fut ma surprise lorsque la Canadienne a répondu positivement à ma demande d’interview, comme à son habitude, toute souriante et heureuse d’être encore en course à 18 left du titre le plus convoité du monde. D’autant qu’à côté de cela, deux Français continuent de nous faire rêver. Malo Latinois, que l’on a découvert quelques mois plus tôt lors de l’EPT Paris, et Malcolm Franchi, que l’on a plus l’habitude de voir dans les cercles de jeux parisiens, sont encore en lice pour potentiellement devenir le premier joueur français de l’histoire à remporter le Main Event des WSOP. On ne dirait pas comme ça, mais c'est quelque chose d'assez fou !

wsopDevant conserver toute impartialité, il devient néanmoins de plus en plus difficile de ne pas m’attacher à ses deux joueurs avec lesquels je n’ai cessé de sympathiser tout au long de ces rudes journées. Qu'on se le dise : je veux en voir gagner un. Et s'ils peuvent se battre tous les deux pour la victoire lors du heads-up final, c'est encore mieux. Mais, nos souhaits ne se réalisent pas toujours. À peine revenu du dinner break, c'est avec beaucoup de déception que je vois finalement Malcolm se lever de sa chaise en 11ᵉ position. Une frustration qui ne m’empêche toutefois pas de le féliciter grandement lorsque nos regards se sont croisés quelques minutes après. Devant une partie du clan français abattue par ce qu'il vient de se passer, je reste tout de même très heureux à l’idée de savoir qu’il y aura au moins un Français présent en table finale du Main Event, en la personne de Malo. En plein rêve, le Breton, membre de la Team Aim The Millions, l’est tout autant que nous, journalistes, émerveillés par ce qu’est en train de réaliser ce jeune joueur français pour qui le poker était encore un jeu inconnu cinq ans plus tôt.

wsopImpatient à l’idée de le voir se frotter à quelques-uns des meilleurs joueurs du monde tel que Niklas Astedt, considéré comme l’un, si ce n’est, le meilleur joueur du monde à l’heure actuelle, je dois faire face à un problème de taille : je teste positif au Covid. Oui, ça existe encore ce truc. Une bien mauvaise nouvelle, j'étais si près du but. Mal en point, je ne peux malheureusement pas me rendre au Horseshoe pour assister à la finale de Malo. Devant ma télé, toujours autant persuadé qu’il va finir par remonter dans les hauteurs du classement, je n'ai plus que mes yeux pour pleurer lorsque je comprends que son rêve vient de prendre fin au sortir d’un cruel flip aux multiples rebondissements.

Et alors que Malo affirme, à chaud, se rendre compte de la chance qu’il a eu de pouvoir deep run ce tournoi-là en particulier, c'est aussi l'occasion pour moi de réaliser la chance que j’ai eue de vivre ces trois semaines, à Vegas, dans l’antre du poker.

wsopIl est maintenant l'heure pour moi de partir de Las Vegas, l'esprit partagé. Heureux de rentrer après trois semaines à avoir été quelque peu coupé du reste du monde. Mais, également nostalgique de tous les moments incroyables que j'ai vécus aux côtés de ma team : Benjo, Fausto, Tapis_Volant, Caroline et Renato. Les bons restos, les vibrations suite aux parcours des Français, les rencontres avec les joueurs, et pour finir en beauté, un petit road trip le temps d'une après-midi près du barrage Hoover. L'occasion de découvrir une construction gigantesque en plein désert, et de se rafraîchir le temps d'une courte mais incroyable baignade dans la réserve naturelle d'Eagle Wash.

Je peux enfin maintenant l'affirmer : un de mes rêves est devenu réalité.

Joueurs, joueuses, confrères journalistes et collègues de Winamax, je n’ai plus qu’à vous dire une chose : merci !

VictorP

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