Un field qui rentre dans la norme, dominé par un pro hors-norme
Marqué par la bulle, le Day 4 s'achève avec 464 joueurs restants
Il reste 23 français, en majorité des jeunes grinders bien connus de nos services
En deuxième position au classement ? Rien de moins qu'Adrian Mateos !
Bruyante, frénétique,
mais avant tout joyeuse, et par moments émouvante : la bulle semble déjà bien loin au moment de songer à faire le bilan du Day 4 du Main Event. Douze heures après cette étape cruciale, le field a fondu à toute vitesse pour passer de 1 617 à 464 joueurs. Des centaines sont déjà passés à la caisse, ruminant la justesse de leur décision fatale (pour les pros) ou savourant de repartir du plus beau tournoi du monde avec quelques dizaines de milliers de dollars en poche (pour les amateurs).
Maintenant que l'on attaque officiellement la seconde moitié du marathon, ce sont ces derniers qui vont avoir de plus en plus de mal à trouver le second souffle, tandis que les coureurs les mieux entraînés vont commencer à tenter une échappée. Vous n'aurez qu'à scroller jusqu'à la deuxième position au classement pour trouver l'un des plus dangereux joueurs de poker du moment. Vous le connaissez bien…
Mateos, le rouleau compresseur
On désigne souvent
Adrian Mateos par son surnom,
« la máquina ». On n’oublie cependant de préciser que c’est une machine amovible, qui se métamorphose selon les tournois et les adversaires. Tantôt perforeuse de field, tantôt moissonneuse-batteuse, tantôt tractopelle ramassant les jetons, le Madrilène a cette fois incarné l’une de ses automates favoris : le rouleau-compresseur.
« C'est simple, j’ai gagné tous les gros pots que j’ai joués. Tout est allé dans mon sens. Il y a eu un gros flip à 600 000 jetons en milieu de journée, mais honnêtement, il y a eu tellement de coups que je ne saurais isoler une grosse main » déclare Adri, sans oublier de caser sa classique (et déjà entendue la veille) phrase passe-partout « Quand je bluffais, ils foldaient, quand j’avais, ils payaient ».
Voisin de Mateos durant les deux dernières heures,
Adel Naoun était aux premières loges pour assister à la démonstration Mateos, dont il a été l’une des premières victimes.
"Il m’a complètement « own ». Je suis sur qu’il va dire dans Dans la tête d’un Pro
que je suis un gros pigeon. Le seul moment où je tente un 4-bet light avec A-2 off, il m’a 5-bet tapis“ déplore Naoun, qui a malgré tout apprécié les joutes avec le Team Pro W.
« C’est vrai que j’ai gagné la majorité des coups contre lui. Mais ce n’est pas le seul à qui j’ai pris beaucoup de jetons » commente l'Espagnol. Effectivement, aujourd’hui Adri a détroussé un peu tout le monde, au point de monter un stack colossal de 4 500 000 jetons, le deuxième plus gros tapis en circulation, devancé d’une courte tête par Stephen Song. Lui qui n’avait jamais atteint un Day 5 de main Event, s’y présentera demain avec 180 blindes.
« J’ai toujours voulu faire un deep run dans le Main. Ma carrière dans le poker me convient très bien, mais il me manquait cette expérience d’aller loin dans ce tournoi. J’espère que ça sera pour cette année. Mais il reste encore beaucoup de joueurs. 500, c’est énorme. J’aimerais atteindre la phase finale du tournoi et sentir cette émotion quand tu te lèves pour jouer un Day 7 ou un Day 8. C’est une expérience que je n’ai jamais vécue et j’aimerais vraiment la vivre ».
La route est encore longue, mais la « máquina » y va tout droit. Et chaque seconde de son parcours, chaque mouvement du rouleau compresseur continueront d’être enregistré par les équipes de Dans la tête d’un Pro, pour une saison qui pourrait encore une fois rester dans les mémoires. - Fausto.
Team Pro éphémère, souvenirs éternels
Voir Adrian Mateos dans les derniers stades d’un tournoi légendaire à 10 000 $ l’entrée ne nous étonne pas vraiment. En revanche, nous étions plus surpris de l’identité du dernier logo W qui escortait le Madrilène sur ce Day 4 de Main Event. Un collègue éphémère, qui gagnait sa place dans le Team en remportant l'opération Team Pro Experience sur Winamax.
Renaud Gonon s’offrait alors un package pour Vegas, et l’opportunité de jouer le Main Event, en compagnie du Team, avec qui il partagerait son quotidien le temps du voyage.
Chaque jour, le grinder de La Ciotat posait avec les membres du Team qualifiés pour le jour suivant. Leur nombre réduisait à vue d'œil mais du Day 1 jusqu’au Day 4, Renaud apparaissait à chaque fois. « Je pensais que t’allais durer deux, trois jours, mais tu ne veux pas partir ! Ça sera toi bientôt toi le boss en fait ! » blaguait Mustapha Kanit en fin de Day 2. L’Italien ne croyait pas si bien dire. Seul Adrian Mateos aura survécu au Ciotadin.
Au bout d’un parcours épique, Renaud Gonon rend finalement les armes en 539e position, en toute fin de Day 4, sur un set-up imparable contre Sami Bechahed, avec qui il avait boxé et sympathisé toute la fin de soirée. En l’occurence, un duel As-Roi contre As-Dame sur un board hauteur As, où Renaud paiera logiquement trois barrels. « Il y avait 538 joueurs à qui j’aurais préféré prendre des jetons » me glissait son bourreau, avant d’aller saluer chaleureusement son pote et adversaire du soir. Au moment de se lever de sa chaise, tous ses adversaires ont d’ailleurs un mot pour le qualifié, avec qui ils ont apprécié le temps à table.
Au moment d’aller chercher son ticket au bureau des pay-outs, Renaud est évidemment touché. « On était qu’au jour 4 », minimise le joueur, avant de se rendre compte quelques secondes plus tard qu’il n’y a quasiment aucun tournoi qui se compte en “jour 4”. C’est vrai que c’est fou. Je ne réalise pas forcément. J’étais tellement focus, et j’ai tellement préparé ce tournoi. J’ai pris du coaching avec Nutsr, avec Stéphane (Matheu), avec Pierre (Calamusa), j’ai travaillé de mon côté… Ça fait quelque temps que je sens que mon jeu s’améliore. Je me sentais prêt ».
Malgré son statut de qualifié, d’amateur en plein rêve, Renaud s’est senti sur ce Main et dans cette équipe comme un poisson dans l’eau. « Je n'ai jamais été aussi à l’aise. Je n’ai pas tremblé une seule fois. J’étais serein… Sauf là maintenant, j’ai la voix qui tremble un peu… J’aurais aimé être sur la photo une dernière fois, confesse le joueur, marqué par son aventure sur ce tournoi, mais aussi les moments de vie partagés avec le Team. L’expérience, elle a été folle. Les diner-breaks avec Romain Lewis, les pauses avec Kool Shen à parler de musique et de poker. Les repas avec Stéphane (Matheu)… C’est des moments qui sont oufs. Il faut le mettre en avant ce tournoi, c’est une merveille. Je parle du tournoi “Team Pro Expérience hein”. Le Main Event, ça va, il se démerde ! »
Après cette journée aux côtés de Romain Lewis et Adrian Mateos, Renaud part rejoindre… Sa famille, avec qui il est venu à Vegas pour partager cette aventure. « Je vais me reposer avec ma et mon fils. Il a douze ans et il essaie déjà de rentrer dans toutes les Pool Party ! Et puis ce n’est pas fini, il y a un 3 000 $ demain ! », puisque le package comprend effectivement trois autres tournois, à 3 000$, 600$ et 777$ de buy-in. Cette Team Pro Experience déjà mémorable, n'est pas tout à fait terminée. - Fausto
À en perdre son latin
Pour son premier Vegas,
Malo Latinois vit un conte de fées sur le
Big One. Son Day 4 se termine un tapis de 4,1 millions en sa possession, soit près de quatre fois ce qu'il avait à midi, et largement assez pour le mettre en tête du clan français
« Je suis content de mon jeu aujourd'hui, mais ce serait mentir que de dire que je n'ai pas run good », avoue Malo, j'ai suckout deux As avec deux Dames, puis gagné un gros coup avec deux Rois contre deux Dames, puis un resteal à tapis avec 5-5 contre As-Roi pour 25 blindes." C'est surtout à la bulle que Malo a commencé à faire la différence. En fin de journée, il parvient à faire folder deux Rois dans un pot 3-bet où il check/raise puis 2-barrel : un move de haut vol qui lui fait atteindre les cîmes du chip-count.
Très humble, le vainqueur de la Million Week et 16e de l'EPT Paris 2023 est déjà ravi de la performance, Malo est conscient que « le run peut s'arrêter à tout moment » mais a beaucoup de gratitude pour ce moment incroyable qu'il est en train de vivre. Héros heureux d'un vlog centré sur la Team Aim the Millions, dans lequel seront également présents Alexis André (également au Day 5 - photo ci-dessous) et Ludovic Uzan (éliminé au Day 4), Malo sera clairement une de nos grosses chances sur cette deuxième partie de Main Event, avec le 6e stack à la reprise.
Plusieurs français ont franchi (comme Malcolm) la barre des 2 millions :
Jean Lhuillier,
Clément Van Driessche,
Valentin Oberhauser et
Dimitri Joubert. D'autres s'en sont dangereusement rapprochés sur le dernier level de la journée, tels
Antoine Saout, Sami Bechahed et
Olivier Chaume.
Pour
Antoine Saout, c'est une défense avec Roi-10 qui s'est transformée en full sur la turn d'un tableau Roi-Valet-10-10 quand le relanceur initial détenait As-10 pour trips. Il a réussi à tout prendre pour monter à 1,7 million et croire encore en ses chances d'atteindre un 4eme Day 7 sur le Main Event.
Sami Bechahed a trouvé un flop 9

2

2

parfait avec sa paire de 9 en main, contre un joueur qui a 3-barrel avec A

J

après avoir trouvé sa couleur sur la turn. «
Facile, le poker, parfois », rigole Sami, avant d'ajouter qu'il a vécu la journée inverse d'hier, où il s'était écroulé sur la fin.
Du côté d'
Olivier Chaume, c'est un gros bluff typique d'un gros joueur de cash-game PLO avec K

Q

sur un tableau 9

5

3

2

A

qui lui a permis d'empocher le plus gros pot de sa journée, dans lequel il c-bet le flop, paye un lead sur la turn et raise all-in sur une grosse mise de son adversaire sur la river.
Les 23 Français du Day 5
Malo Latinois (4,13m.), Jean Lhuillier (3,355m.), Clément van Driessche (2,87m.), Dimitri Joubert (2,325m.), Valentin Oberhauser (2,3m.), Samuel Anclevic (2,155m.), Malcolm Franchi (2,075m.), Sami Bechahed (1,77m.), Antoine Saout (1,635m.), Olivier Chaume (1,54m.), Jérôme Zerbib (1,36m.), Joseph Sabe (1,145m.), Sean Marshall (1,105m.), Emilien Pitavy (760), Grégory Fournier (630 000), François Pirault (540 000), Elliot Kessas (405 000), Alexis Mtalssi (390 000), Adel Naoun (365 000), Rayane Bouibeb (355 000), Frédéric Delval (275 000), Alexis André (245 000) et Nicolas Vayssières (210 000).
Qui est le chip-leader ?
Avec 4,745 millions (190 blindes),
Stephen Song devance Adrian Mateos d'une très courte tête. L'Américain affiche 6,3 millions de dollars de gains sur Hendon Mob, un bracelet WSOP, et un trophée WPT. Le public français se souvient de lui comme celui qui a chuté en heads-up face à
Jonathan Pastore sur le 6-max à 5 000 $ des WSOP 2023…
Les 38 Français éliminés durant le Day 4
Considéré comme le meilleur joueur français actuel par un couvreur qui se balade souvent avec un chapeau sur la tête, Cédric Schwaederle semblait indéboulonnable sur ce Main Event. Il aura fallu un bad beat avec deux Rois contre As-Dame pour un pot de 100 blindes pour mettre fin à son deep run sur le Main Event, en toute fin de Day 4. « J'ai envie de crever », commentera de façon lapidaire CrazyDonkey après son bust.496ᵉ : Cédric Schwaederle 35 000 $
535ᵉ : Renaud Gonon (Team Pro Experience) 35 000 $
582ᵉ : Florian Ribouchon 32 500 $
???e : Teddy Tuil 32 500 $
622ᵉ : Victor Fryda 30 000 $
676ᵉ : Cécile Ticherfatine 27 500 $
684ᵉ : Léo Curial (Vainqueur KING5 2024) 27 500 $
686ᵉ : Romain Lewis (Team Winamax) 27 500 $
695ᵉ : Vincent Robert 27 500 $
748ᵉ : Stéphane Revelly 27 500 $
783ᵉ : Simon Prud'homme 25 000 $
820ᵉ : Ludovic Uzan 25 000 $
824ᵉ : Hugues Girard 25 000 $
869ᵉ : Meddi Ferrah 25 000 $
902ᵉ : William Reymond 22 500 $
904ᵉ : Fabien Gun 22 500 $
1017ᵉ : Yohan Rascar 17 500 $
1051ᵉ : Clément Lescanff 17 500 $
1055ᵉ : Quentin Guivarch 17 500 $
1065ᵉ : Olivier Theze 17 500 $
1074ᵉ : Paul-François Tedeschi 17 500 $
1090ᵉ : Christopher Marcadet 17 500 $
1114ᵉ : Jérôme Bacouel 17 500 $
1128ᵉ : Edouard Mignot 17 500 $
1162ᵉ : Théo Devidal 17 500 $
1187ᵉ : Karim Lehoussine 17 500 $
1208ᵉ : Romain Brémond 17 500 $
1223ᵉ : Jacques Mayer 17 500 $
1224ᵉ : Robin Gerard 15 000 $
1287ᵉ : Maxence Carbonnaux 15 000 $
1323ᵉ : Jonathan Fhima 15 000 $
1334ᵉ : Emilio Ulisse 15 000 $
1352ᵉ : Alain Elhajj 15 000 $
1368ᵉ : Arnaud Antoine 15 000 $
1413ᵉ : Paul Patouilliart 15 000 $
1467ᵉ : Benjamin Pollak 15 000 $
1488ᵉ : Pierre Tassin 15 000 $
NON ITM : Laurent Azout
Brèves de fin de Day 4
Ceux qui ont vécu les deux deep runs consécutifs du très divertissant
Alejandro Loco (7ᵉ en 2021 puis 39ᵉ en 2022) salivent déjà en songeant aux dingueries qu'il pourrait nous offrir durant la seconde partie du tournoi. Le rappeur argentin sera au Day 5 avec un solide stack de 2 millions.
Tous les habitués des WSOP connaissent le couple formé par
Ted et Michele Lawson. Michele est une épouse du genre dévouée : qu'il pleuve, qu'il vente, sur absolument tous les tournois joués par Ted elle est là, assise sur une chaise derrière le cordon de sécurité, depuis le
shuffle up and deal jusqu'à l'élimination. Surprise : sur cette édition du Main Event, les rôles étaient inversés. C'est Ted qui a assuré le rail, tandis que Michele (1 200 $ de gains sur Hendon Mob) signait un beau deep-run jusqu'en 475ᵉ place.
Il faudra qu'on vérifie sur le listing officiel, mais on dirait bien que le dernier ex-champion du monde en course a rendu les armes en fin de Day 4, il s'agit de
Joe McKeehen. Dans tous les cas, les stars ont valsé aujourd'hui, depuis Tom Dwan jusqu'à Erik Seidel, en passant par
John Hennighan ou
Brian Hastings.
Si l'on passe outre ses manières peu galantes quand il s'agit de draguer notre photographe, Phil Ivey est la dernière vraie superstar du poker encore en course. Avec un stack modeste, cependant : 26 BB
Au chapitre des européens, certains d'entre nous se souviennent encore de Noah Boeken, omniprésent durant les premières saisons de l'EPT au milieu des années 2000. Le Hollandais se qualifi avec 1,4 million
Son pote José Barbero, lui, n'a jamais quitté le circuit. Désormais bien installé dans la sphère High Roller, il ne dit pas non pour autant à un petit 10K des familles, surtout quand c'est le plus gros du monde. 1,6 million en jetons à l'aube du Day 5 !
Kristen Foxen se qualifie avec pile la moyenne : 1,3 million
Du côté des amateurs, on salue le nouveau deep run de la pharmacienne Dragana Mackelprang, repérée sur l'édition 2021 (64e)
L'histoire ne dit pas si ce monsieur ayant franchi la bulle avec un seul jeton de 1 000 était encore en course douze heures plus tard...
Adrian Mateos a beau leur causer de bonnes grosses heures supp', les équipes de Dans la Tête d'un Pro gardent le sourire
On commence à y voir plus clair dans ce Main Event. 464 joueurs restants alors qu'ils étaient 10 112 au départ. C'est un nouveau tournoi qui va commencer. Bien plus facile à gérer pour nous autres observateurs, et tout l'inverse pour ceux qui seront assis à table. Chaque heure qui va passer sera plus dangereuse que la précédente, chaque nouvelle décision vaudra de plus en plus d'argent. Bref : le spectacle qui nous est offert va être de plus en plus kiffant. Rendez-vous jeudi à midi (21 heures en France) !
Benjo, Fausto, Tapis_Volant & Caroline Darcourt
WSOP 2024 : tous nos articles