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WSOP 2023-Main Event - Finale

Une première heure en forme d’échauffement

Main Event 10 000 $ (Finale)

WSOP
Vous n'étiez pas là pour la première heure de la table finale ? Rassurez-vous : vous n'avez rien loupé...

14h05 - Après un petit speech du tenant du titre Espen Jørstad, cards are in the air, comme on dit ici. La finale reprend là où elle s'était arrêtée vendredi soir, c'est à dire avec une heure restante dans le niveau 600 000 / 1 200 000, BB ante 1 200 000. Ruslan Prydryk 3-bet après une ouverture de Jan-Peter Jachtmann, et remporte le premier pot de la journée.

14H06 - Premier constat de la finale : Juan Maceiras a profité de sa journée de pause pour se raser la barbe. Il ne lui reste plus qu'un millimètre de poil sur les joues.

14H29 – Short-stack officiel, Toby Lewis s'active. Pour l'instant, ses relances et 3-bet shoves ne rencontrent pas de résistance. Et, lorsqu'il relance avec As-Dame, Dan Weinman se contente de payer avec les As. Cela économise des jetons à l'Anglais, qui manque complètement le flop Valet-5-7 et ne va pas plus loin.

14H32 - « This is so much fun ! » Hier, Shaun Deeb se demandait s'il valait mieux kiffer la finale et le succès de son poulain Daniel Weinman (qu'il stacke en compagnie de Matt Glantz et Josh Arieh), ou faire le forcing sur les derniers tournois des WSOP pour tenter de conquérir le titre de Player of the Year des WSOP (il n'est pas loin du lead). Aujourd'hui, sa décision semble être : un peu des deux. « Je vais lancer tous les tournois online sur mon téléphone », nous dit-il avant de rejoindre les tribunes, « et m'inscrire au Short Deck à 10 000 $. »

14h35 – Le style atypique de l'amateur Jan-Peter Jachtman donne du fil à retordre aux pros. Témoin Dan Weinman, contraint de fold deux Dames sur l'apparition d'un As rivière. L'Allemand était en bluff avec hauteur Roi-Dame !

14H39 – Tapis payé ! Jan-Peter Jachtmann et Daniel Holzner s'engagent préflop. En voyant les jeux, le public avide d'action déchante : As-Roi contre As-Roi. Huées dans les tribunes. Le pot est partagé.

14H44 - Pas un bon début de finale pour Juan Maceiras. Son tirage couleur foire rivière face à Adam Walton, qui s’est montré agressif avec une paire trouvée turn, et une seconde rivière. Le chip-leader s’enrichit !

15H01 – Relance de Jan-Peter Jachtman avec 88, call de Steven Jones avec As-Valet, 3-bet de Juan Maceiras avec 53 (!) et… 22 millions en guise de 4-bet chez Adam Walton. Avec les papiers en règle : As-Roi. Le pot lui revient sans qu’un showdown ne soit nécessaire.

15H08 - Daniel Holzner se fait craquer les As… et trouve le moyen de ne pas sauter. Jan-Peter Jachtmann paie sa relance avec deux 10 et en trouve un troisième dès le flop. Le businessman slowplay, optant pour simplement check/call le c-bet d’1,8 million. Le turn est checké, la rivière apporte une doublette : Jachtmann sort enfin du bois, et Holzner se contente prudemment de payer le bet de 9 millions. Le jeune Allemand tombe à 11 millions, moins de 10 blindes.

Jack Effel
Espen Jorstad
WSOP

Aucun sortant après deux heures de jeu

Main Event 10 000 $ (Finale)

15h15 - Ouverture de Steven Jones avec JJ, 3-bet de Juan Maceiras en position avec AK. Réponse de Jones ? C’est payé. Flop AJ2. Wow, ça pourrait tonner fort. Mais les deux joueurs checkent. Turn : 8. Fini les gentillesses : Jones envoie 7,5 millions avec son brelan. Malgré sa top-paire, Maceiras est drawing dead. Bien sûr, il ne le sait pas encore. Il paie la mise pour voir tomber un 10 sur la rivière. Jones envoie 11 millions. « Ace-Jack ? » questionne Maceiras en soupirant. Il paie, clairement perdant, et découvre la mauvaise nouvelle. Chip-leader massif à 10 joueurs restants, l’Espagnol n’en finit plus de chuter. Son stack ne représente plus que 23 millions, soit moins de 20 BB.

15H31 – Les trois Américains s’affrontent. Si Steven Jones s’enfuit dès le flop 5107, Adam Walton et Dan Weinman poursuivent. Le second a trouvé les As pour la deuxième fois de la journée. C’est misé, c’est payé, le turn est un K qui motive Walton a transformer sa paire de 6 en bluff avec une mise « full pot ». Weinman paie, doublette du Roi sur la rivière, check/check : Dan Weinman grimpe à 117 millions, il n’est plus très loin de Walton au sommet.

15H36Steven Jones éternue bruyamment plusieurs fois de suite, se servant de son pull pour protéger ses adversaires de la morve expulsée de ses naseaux à 150 kilomètres par heure. Winamax : le seul site qui vous donne vraiment toutes les infos.

15H41 – Quand deux petites paires vont voir un flop, c’est souvent le joueur le plus imaginatif qui va ramasser les jetons. Ici c’est Peter-Jan Jachtmann qui arrive à battre 55 avec sa paire de 3 : le board final est 2A87A et Toby Lewis folde rivière face à un bet.

Daniel Weinman
15H45 Daniel Weinman (photo) ouvre à 3 millions avec 108. De BB, Daniel Holzner se demande quoi faire avec ses six blindes et 76 en main. OK, c’est défendu. L’Italien trouve un petit truc truc sur AK6 : assez pour check/raise all-in. Weinman est commit et tente le coup. Turn 4, rivière K : double-up à 16 millions pour Daniel Holzner. Bon, c’est tout juste 14BB et les blindes vont bientôt augmenter.

15H50 – Au bouton, Juan Maceiras tente de prendre les blindes avec Q9. Son min-raise est contré par un 3-bet all-in de Daniel Holzner en SB, avec A7. Évidemment, le coup s’arrête là.

Tombé dans les pommes

Daniel Holzner est éliminé en 9e position (900 000 $) L'agriculteur italien disputait son tout premier Main Event, après avoir reçu le buy-in en cadeau pour son trentième anniversaire Main Event 10 000 $ (Finale)

Daniel Holzner
16h38 - Steven Jones min-raise (3,2 millions) muni de 1010. La parole arrive à Daniel Holzner au bouton. Décision pas si simple avec AJ et 10 BB. Trente secondes passent, puis la déflagration : tapis ! 16,3 millions au total. Enfin, presque : l’Italien s’est laissé 100 000 derrière. Fold, fold, fold, la balle revient chez Jones qui demande le compte. Pas assez cher pour jeter une pocket paire. Tapis ! Payé, bien sûr, par Holzner.

Daniel Holzner
Tous les joueurs sont debout. Le public aussi.

Flop Q3Q, Holzner n’a reçu aucune aide.
Turn 2. Toujours rien.
Rivière 4. C’est terminé.

Daniel Holzner
Après deux heures et quarante minutes de jeu, on tient le premier éliminé du jour. Même si Daniel Holzner doit se contenter d'une place d'honneur et du payout le plus faible (900 000 $), son histoire marquera tout de même l'histoire du Main Event. Dans l'extrême nord de l'Italie, Holzner ne fait pas que jouer au poker : il dirige une exploitation agricole avec son père. Leur spécialité : les pommes. Après avoir accumulé 40 000 $ de résultats sur des petits tournois live depuis 2012, c'est grâce à sa famille et ses amis qu'il a pu disputer son premier Main Event : ils lui ont offert le buy-in pour son trentième anniversaire !
Daniel Holzner
Daniel Holzner

Maceiras, le come-back inachevé

Juan Maceiras est éliminé en huitième position (1 125 000 $) Dominateur en demi-finales, l'ex-gloire déchue du poker espagnol a ensuite vécu un début de finale catastrophique Main Event 10 000 $ (Finale)

Juan Maceiras
16H44Juan Maceiras reçoit K9 au hi-jack : le joueur de La Corogne open shove pour 17,5 millions, à peine plus de 10 BB. La parole arrive à Toby Lewis, qui se tâte de grosse blinde avec A10. La mise représente presque 75 % de son stack. L'Anglais finit par décider que sa main est trop belle. C'est payé.

Rebelote : joueurs debout, public aussi, pour voir tomber un flop AJ2. L’avantage de Toby Lewis est plus que confirmé, Juan Maceiras n’a plus que 3% de chances de gagner le coup. Un pourcentage qui tombera à zéro après l’apparition du 4 sur le turn. C’est bien trop tard qu’il trouvera de l’aide, sous la forme d’un inutile K rivière.

Juan Maceiras
« C'est ma destinée de gagner ce tournoi, par rapport à tout ce que j'ai traversé ces dernières années. » disait l'ancien Team Pro PokerStars (2010-2012). « J'ai connu le succès trop jeune, sans vraiment avoir travaillé pour. Je n'ai pas suivi les étapes nécessaires pour devenir un grand joueur. À la place, j'ai eu de la chance, et puis je me suis broke plusieurs fois. Aujourd'hui j'ai changé, je suis plus mature, mon état d'esprit est meilleur. »

Large chip-leader avant-hier quand avait débuté la pré-finale à 10, Juan Maceiras n'a pourtant pas réussi à accomplir le destin qu'il envisageait sur le Main Event, ayant vécu l'un des pires runs jamais observés ces dernières années en début de finale. Mais c'est un joueur hautement lucide et probablement mieux dans sa tête qui sort du plus gros tournoi du monde en huitième position, enrichi d'1,125 million de dollars. Le début d'un nouveau chapitre plus rose après des années de galère ? On ne peut que lui souhaiter.

Juan Maceiras
Juan Maceiras
Juan Maceiras

Or not Toby

Toby Lewis est éliminé en septième position (1 425 000 $) Short-stack depuis le début de la finale, le très solide pro Anglais a tout de même réussi à gratter quelques paliers de gains Main Event 10 000 $ (Finale)

Toby Lewis
17h08 - Steven Jones retrouve la main avec laquelle il a éliminé Daniel Holzner une heure plus tôt : 1010. L’Américain applique la même méthode : min-raise, pour 3,2 millions. Avec son mignon 98, Adam Walton veut voir le flop en position. Sauf que Toby Lewis a reçu KJ en grosse blinde. Longue réflexion chez l’Anglais, de nouveau le short-stack officiel après les sorties d’Holzner et Juan Maceiras. « All-in », finit-il par dire au croupier dans le plus grand des calmes, pour 34 millions (21 BB).

La parole revient à Jones qui demande le compte. Une fois l'information reçue, Jones réfléchit une minute, puis annonce sa décision : ça sera un call. Walton s'écarte immédiatement du chemin, et les jeux sont retournés.

Contrairement aux joueurs éliminés avant lui, Toby Lewis reste assis. Il plaisante avec son voisin et pote de golf Dan Weinman - hier encore, ils passaient leur journée de pause à deux, sur un green de Las Vegas. Puis il voit tomber le flop A37, pas favorable à sa main. Turn : un autre A. Steven Jones commence à célébrer timidement avec ses potes et sa famille. Rivière : 2. Cette fois, Toby Lewis est contraint de se lever.

Véritable légende du poker britannique avec de multiples succès sur l'European Poker et l'Aussie Millions collectés dès ses 19 ans, Toby Lewis n'a pas manqué son rendez-vous avec le plus gros Main Event de l'histoire, à l'âge de 34 ans. Short stack depuis les demi-finales, l'expatrié à Vegas est parvenu à gérer une marge de manœuvre réduite pour gratter de précieux paliers de gains. Il lui aura juste manqué un peu de réussite pour véritablement représenter une menace sur la dernière ligne droite. Avec ce gain d'1,425 million de dollars, il bat son précédent record sur le circuit live - 1,235 m. de dollars remportés au Wynn il y a deux ans.

Trois éliminations, trois Européens : les Américains ont repris le pouvoir à Las Vegas !

Toby Lewis
Toby Lewis
Toby Lewis

Hutchison : l’Écossais douché

Le discret Dean Hutchison s'arrête en sixième place (1 850 000 $) Soutenu par un rail en folie, il n'a jamais eu les cartes pour se joindre à la fête Main Event 10 000 $ (Finale)

Dean Hutchison

18h18 : finale du Main Event des WSOP ou pas, quand vous vous retrouvez au bouton dans un pot non ouvert avec 14 blindes devant vous et une paire de 55, votre décision est assez évidente. Surtout si vous vous appelez Dean Hutchison, que vous avez joué très peu de mains depuis que vous avez pris place autour de la dernière table et bénéficiez donc d'une image plutôt solide. Après être parti à tapis sans être payé la main précédente avec A8 sur la grosse blinde de Daniel Weinman, l'Écossais remet donc le couvert.

Problème, quand le joueur en grosse blinde, disons Jan-Peter Jachtmann et son stack largement dominant, se réveille avec 77, lui non plus n'a pas besoin de se faire de nœuds au cerveau. C'est payé. Comme il l'a fait depuis le début de la journée, le rail écossais, mené notamment par Niall Farrell, donne de la voix pour tenter de renverser ce 20/80 en faveur de son poulain, qui ne bouge pas de sa chaise.

Flop J92. Les espoirs s'amenuisent pour "Deanky", qui ne joue plus qu'un 5. À la place, un A se faufile jusqu'au turn et un 4 tombe dans la rivière. Fidèle à son image, Dean Hutchison reste impassible. Celui que nous n'aurons donc pas eu beaucoup d'occasions de se dérider de toute la finale termine sa bouteille d'eau et quitte sans plus tarder le plateau télévisé. Le William Wallace de cette TF n'aura pas réussi à mener la rébellion écossaise jusqu'au trône, mais repart plus riche de 1,85 million de dollars, soit plus de douze fois son meilleur gain live précédent. Si ça, ça ne mérite pas un petit sourire.

Avec cette quatrième élimination européenne d'affilée, les Américains sont désormais majoritaires pour la première fois depuis le lancement de la finale.

Dean Hutchison Rail

Dean Hutchison Rail

Prydryk n’y a pas cru longtemps

L'Ukrainien Ruslan Prydyrk sorti en cinquième place (2 400 000 $) Les États-Unis confirment leur domination sur cette table finale Main Event 10 000 $ (Finale)

Ruslan Prydryk OUT

Nouvelle lanterne rouge de cette table finale après l'élimination de Dean Hutchison, Ruslan Prydryk était revenu de la deuxième pause du jour avec de toutes autres intentions. Peut-être lassé de devoir fold en boucle, de voir son tapis fondre pendant que ses adversaires américains accaparaient la majorité des jetons, l'Ukrainien a soudainement changé de braquet, s'invitant dans de nombreuses mains, tentant de bousculer des voisins un peu trop confortables. Une stratégie qui a bien failli porter ses fruits. Mais failli seulement.

Pourtant, tout avait parfaitement démarré. Tout juste revenu sur le plateau TV, Prydryk trouve un double up facile avec AJ poussé UTG pour 11 blindes, payé par Steven Jones avec A8. Pour la petite anecdote, et tandis que Ruslan remontait à 25 BB, Jan-Peter Jachtmann profite de ce coup pour occuper pour la première fois le poste de chipleader.

Ruslan Prydryk

Mais revenons à notre mouton ukrainien. S'est-il laisser griser par ce retour dans des eaux plus facilement navigables ? Toujours est-il qu'il s'est soudainement transformé en un tout autre joueur. Un premier 3-bet osé avec JT immédiatement sanctionné par un 4-bet shove de Steven Jones qui avait bien senti le coup avec sa paire de 9 ; un second avec KQ qui connait le mec destin contre le AK de Jachtmann ; quelques jetons perdus après plusieurs calls discutables avec sa profondeur de tapis (était-il bien nécessaire d'aller voir un flop avec K2 ou 43 ?). En un rien de temps, Ruslan Prydyrk était de retour à son point de départ, soit onze blindes. "He's here for a good time, not for a long time," se permet de plaisanter Maria Ho sur le stream de PokerGO, avec un sens de la formule très américain. Quand soudain, nos craintes se confirment.

Ruslan Prydryk - Adam Walton

19h27 : Ruslan Prydryk reçoit QT en premier de parole et décide de tenter sa chance. Un cran plus loin, Daniel Weinman découvre AJ et annonce tapis à son tour. "Go Weinman!" lance Adam Walton en se retournant vers son clan.

Le flop AJ2 laisse les positions en l'état mais offre une gutshot à Prydryk. Le turn Q fait perdre un out à l'Ukrainien mais lui en donne deux de plus. La rivière 8 confirme l'élimination de Ruslan.

Ruslan Prydryk

De manière un brin désordonnée, en faisant avec les moyens du bord, Ruslan Prydryk aura eu le mérite de prendre son destin en main pour essayer de renverser la vapeur. Mais décidément, cette journée semble être celle des Américains. Double finaliste EPT entre 2009 et 2011, Prydryk repart de sa première finale WSOP avec les honneurs et une superbe cinquième place, bonne pour 2,4 millions de dollars. Les derniers espoirs européens reposent donc maintenant sur Jan-Peter Jachtmann.

Jachtmann : la descente aux enfers

Bref chipleader à cinq joueurs restants, Jan-Peter Jachtmann s'incline en quatrième place (3 000 000 $) Une sixième élimination qui marque la fin d'une journée noire pour le clan européen Main Event 10 000 $ (Finale)

Jan-Peter Jachtmann OUT

Il était le dernier résistant du Vieux Continent face à trois Américains aux dents longues, privés de titre de Champion du Monde chez eux depuis 2018. Jan-Peter Jachtmann nous rappelait même Hossein Ensan, par sa nationalité bien sûr, mais aussi sa prestance, son assurance à table et son expérience. Après le double up de Ruslan Prydryk contre Steven Jones, il s'emparait même pour la première fois du fauteuil de leader. L'histoire allait-elle se répéter ? Le bracelet le plus convoité du monde du poker allait-il repartir en Allemagne pour la troisième fois en cinq éditions ? Vous connaissez déjà la réponse à ces questions.

Steven Jones

Tout s'est joué en trois mains pour "Jean-Pierre". Alors que l'un des superviseurs en charge du tournoi vient expliquer aux joueurs que la partie s'arrêtera finalement, non pas à quatre mais après la prochaine élimination (ou la fin du niveau 41), Jachtmann se retrouve à payer en grosse blinde une ouverture de Steven Jones, avant de check/call deux mises à 3,5 et 12 millions sur un flop 846 et un turn 2. Arrive alors la river, un 6, sur lequel l'Allemand décide de prendre l'initiative, pour 24 millions. Révélons maintenant sa main, un A4 qu'il décide de tourner en bluff, aidé par le bloqueur sur la couleur max. Problème : en face Jones a un monstre, 88 pour full max. L'Américain relance donc à 65 millions, entraînant un fold de Jan-Peter.

Jan-Peter Jachtmann

Quelques minutes plus tard, c'est la revanche. Tombé à 45 blindes, Jachtmann ouvre K8 au bouton et se fait payer par Jones et son KT en small blind. L'Allemand envoie un premier strudel à 5 millions sur le flop à 633. C'est payé Turn T. Les chances de Jachtmann de remporter le coup à l'abattage viennent de tomber à 0%. Bien sûr, il ne le sait pas et balance une énorme kartoffel à 20,5 millions. Jones ne s'embarrasse pas et annonce "all-in", demandant les 56 derniers millions de Jan-Peter, qui rend ses cartes au croupier dans la seconde.

Jan-Peter Jachtmann

Pour la première fois depuis des lustres, Jan-Peter Jachtmann se retrouve sous la barre des trente blindes. Elles ne survivront pas plus d'une poignée de mains. Caracolant en tête des charts, Steven Jones se permet d'ouvrir J4 UTG. Au bouton, Adam Walton tend le piège avec rien d'autre que AA. En grosse blinde avec KQ, Jachtmann tombe dans le panneau et pousse ses 27 BB au milieu. L'Allemand a besoin d'un miracle pour rester en vie. À la place, il se retrouve drawing dead dès le turn d'un tableau 9526K.

Adam Walton Rail

Vainqueur d'un bracelet à 661 000 $ douze ans plus tôt sur le PLO Championship, Jan-Peter Jachtmann échoue cette fois au pied du podium, pour un gain enviable de 3 millions de dollars. Mais au moment de répondre aux questions de Kara Scott après son élimination, sa déception était palpable par rapport à cette dernière demi-heure catastrophique. "J'étais soulagé après la sortie de Prydryk. Alors je crois que le fait de nous faire continuer à jouer après cela m'a fait perdre ma concentration, a-t-il avoué. En plus, je me sentais assez fatigué."

Aurait-il joué de la sorte si la partie avait repris à quatre lundi comme cela était originellement prévu ? Impossible de répondre à cette question bien sûr, mais l'aspect physique a visiblement joué un rôle important sur ce qui ressemble à une belle sortie de piste, à l'image de celle des joueurs européens. Ils étaient sept sur dix autour de la dernière table. Alors qu'ils ne sont plus que trois pour le titre, il n'en reste plus aucun.

Merci à tous les reporters sur places, on se régale a lire ces coverages et suivre ces WSOP.

NB: la vitesse d’eternument c’est 50km/h et pas 150. :rofl:

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Walton : l’explosion en plein vol

Adam Walton s'envoie en l'air après une heure de jeu Le premier Américain à quitter cette finale termine 3e pour 4 000 000 $ Daniel Weinman est le nouveau favori pour le titre Main Event 10 000 $ (Finale)

Adam Walton

Avec trois joueurs entre 80 et 120 blindes, on était en droit de s'attendre à une longue, voire très longue phase à trois. Toutes nos prédictions ont volé en éclat : moins d'une heure après le coup d'envoi de cette ultime journée de Main Event, on connaissait l'affiche du heads-up final. Un improbable coup d'accélérateur dans la potentielle dynamique de cette table finale, que l'on doit à un homme, Adam Walton. D'entrée de jeu, ce dernier a prouvé qu'il n'était pas revenu autour de la table pour temporiser, quand bien même huit millions de dollars séparent la troisième de la première place.

Adam Walton Rail

Après avoir perdu un quart de son stack contre Steven Jones sur une histoire de deuxième paire moins bien kickée, nous l'avons ainsi vu 3-bet AK de small blind suite à une nouvelle ouverture au bouton de Jones. Jusque-là rien d'anormal, son compatriote restant dans le coup avec son AQ pour voir un flop J57 qui ne plait à personne. Walton opte toutefois pour un c-bet et voit Jones lui revenir dessus pour 22 millions. La réponse ne se fait pas attendre : tapis pour un total de 98,5 millions ! La machine Walton est relancée et poursuit sur sa lancée pour revenir à son tapis de début de journée, soit 84 blindes.

Adam Walton Rail #2

Un retour au statu quo qui ne prépare absolument pas à ce qui va suivre. Aux blindes 1M / 2,5M, Steven Jones ouvre à 6 millions au bouton avec Q6. Un cran plus loin, Walton se contente de payer avec 88. C'est alors que Daniel Weinman découvre AA. Aucun slowplay de sa part, le pote de Shaun Deeb place un squeeze en bonne et due forme, assez chérot, à 27 millions. Jones fuit dans la seconde mais pas Walton, qui claque immédiatement une pile de jetons au milieu en guise de "all-in", pour un total de 210 millions. Un étonnant New York Back Raise pour sa survie dans ce tournoi, qui ressemble aussi à un suicide ICM en plein jour, sous le feu des caméras.

Adam Walton OUT

Un pot de 427,5 millions vient de se former, de loin le plus gros jamais vu sur ce Main Event. Surtout, ce coup vaut littéralement des millions de dollars d'équité. Si Walton remporté ce 20/80, il fait tomber Weinman à six blindes. Si Weinman reste devant, il abordera le heads-up avec 177 blindes et un avantage de presque trois contre un par rapport à Jones. Ce dernier semble d'ailleurs tout aussi choqué que le reste des spectateurs. Alors que ce début de phase à trois lui avait été défavorable, il se retrouve en position de gagner 2,5 millions de dollars supplémentaires, en simple spectateur. L'heure est venue de dévoiler le board.

Flop : 735. Pas de bonheur immédiatement pour Walton, mais tout de même quelques backdoors. Le 9 est en une, lui permettant d'ajouter quatre outs à son frêle total. River : K.

Adam Walton OUT #2

Explosion dans les tribunes côté Weinman et Jones. Déception palpable chez Walton, qui s'en va saluer ses adversaires et son clan avant de quitter le plateau télévisé. Au micro de Jeff Platt, il préfère cependant voir les choses du bon côté. "C'était une expérience incroyable. Bien sûr, une fois arrivé là, on a envie d'aller au bout, concède-t-il. Daniel et Steven sont des mecs super, quoi qu'il arrive on aura un très beau champion. L'ambiance dans le rail était folle, je ne pouvais pas demander mieux." Quant aux quatre millions de dollars, "je ne sais pas encore à quel point cela va changer ma vie. Je vais m'acheter un bateau. Et ça va être un bon gros bateau !"

Daniel Weinman (443 000 000 - 177 BB) contre Steven Jones (159 500 000 - 64 BB) : le heads-up de ce Main Event des WSOP 2023 est avancé beaucoup plus tôt qu'on ne pouvait l'imaginer. Qui repartira avec le trophée suprême du poker de tournoi et le premier prix de 12,1 millions de dollars ? Il semblerait qu'un clair favori se dessine...

Steven Jones partait de trop loin

Le grinder de l'Arizona termine runner-up pour 6 500 000 $ Underdog au départ du heads-up, il n'a pas pu renverser la vapeur le long d'un duel bouclé en moins d'une heure Main Event 10 000 $ (Finale)

Steven Jones Rail

64 blindes contre 177. C'est un duel final particulièrement déséquilibré qui allait clôre le plus gros Main Event WSOP de l'histoire. D'autant que l'avantage se trouvait du côté du plus expérimenté des deux joueurs. Présent sur le circuit depuis plus d'une décennie, déjà finaliste WSOP en 2012, double vainqueur WPT et détenteur d'un bracelet remporté l'an dernier, Daniel Weinman se présentait comme l'immense favori de ce heads-up. Il n'y avait guère que dans le clan de son dernier adversaire Steven Jones que l'on aurait pu trouver des partisans d'une improbable remontada. De fait, ils avaient tout de même des raisons d'espérer. Avec un tapis presque aussi costaud que ses gros bras, leur poulain était loin d'être en danger immédiat et pouvait faire durer le match. Les deux premières mains sont même à son avantage, lui permettant de grappiller 50 millions pour repasser la barre des 200. Cela restait presque deux fois moins que Weinman, mais l'espoir était permis. À l'inverse, l'histoire récente des WSOP se montrait impitoyable. Depuis dix ans, seul Ryan Riess a réussi à sortir vainqueur du heads-up après être parti derrière. Sauf que le rapport de force avec le fantasque Jay Farber n'était que de 45/55. En cette période de blockbusters, fallait-il donc classer la mission de l'agent Jones impossible ?

Sans se lancer dans une analyse technique détaillée, son style de jeu a rapidement conforté les prédictions. Partisan d'une stratégie passive, Jones n'a pas réagi face aux ouvertures préflop systématiques de Weinman, celui-ci se servant de son avance pour agresser au maximum. Par deux fois, Jones a tenté le hero call river avec une hauteur Roi, sans succès. Paradoxalement, c'est alors qu'il aurait dû la jouer small ball que Steven s'est emballé.

Steven Jones

Un peu moins d'une heure après le lancement du HU, les tapis sont revenus à leur état initial. La 24e (et dernière) main de ce duel démarre par une ouverture à sept millions de Jones au bouton, payée par Weinman. Ce dernier check le flop J52 pour mieux relancer à 18,5 millions le c-bet de 6 millions envoyé par Jones, qui paie. Turn 4 et deuxième barrel à 38 millions de Dan.

Jones entre dans le tank. Une minute passe, puis deux, puis trois, puis quatre, puis... "all-in". "Combien ?" demande Weinman. "146 millions total," lui répond le croupier. Weinman n'a pas besoin de réfléchir plus de trente secondes avant de payer et retourner KJ. Soupe à la grimace chez Jones, qui ne peut montrer mieux que J8. Seul un 8 peut le sauver. Toute autre carte marquera la fin de ce Main Event. Comme depuis le début de cette finale sur chaque coup à tapis payé, Steven et Dan rejoignent leur clan respectif pour regarder tomber la rivière.

Daniel Weinman

C'est un A. Daniel Weinman est sacré Champion du Monde WSOP 2023 pour 12,1 millions de dollars. Le plus gros premier prix jamais attribué à un vainqueur de Main Event. Runner-up au terme d'une finale globalement bien menée, durant laquelle il n'a presque jamais quitté le Top 3, Steven Jones "se contente" de 6,5 millions de dollars.

Steven Jones

Face à un différentiel de prix aussi énorme pour les trois premières places, rappelons à toutes fins utiles que les World Series of Poker n'autorisent pas de deal officiel – contrairement à ce que l'on peut voir régulièrement lors des finales de Main Events EPT par exemple. Bien sûr, cela n'empêche pas les joueurs de discuter entre eux "off the record" pour tenter de se mettre d'accord sur un éventuel partage des gains. La tournure extrêmement rapide de cette dernière journée et les décisions très high variance des deux joueurs éliminés aujourd'hui pourraient-elles être la conséquence d'un tel arrangement signé sous le manteau ? Avant même de reprendre sa place autour de la table, Adam Walton a balayé d'un revers de main cette éventualité. On ne peut que le croire sur parole.

Steven Jones

Quoi qu'il en soit, c'est en partie cette énorme prise de risque de Walton qui a permis à Steven Jones d'accéder à ce heads-up. "Je me sens super bien, je suis très heureux, nous a-t-il confié. La phase à trois n'était pas du tout à mon avantage, donc j'étais complètement sous le choc de les voir s'affronter !" Beaucoup plus en retrait lors de cette journée supersonique, il avait fait le gros du travail la veille, profitant de la première partie de la finale pour maintenir sa position dominante. "Je me suis fait coacher entre le Day 8 et la finale, précise-t-il. Quand on arrive à ce stade du tournoi, il faut mettre toutes les chances de son côté. Je crois que cela m'a beaucoup aidé hier sur certains spots."

Nul doute que ces 6,5 millions de billets verts vont également bien lui profiter, lui dont la meilleure perf' jusque-là était une neuvième place sur le Colossus en 2018 pour un peu moins de 60 000 $. Agent immobilier du côté de Scottsdale, il va visiblement faire grossir son parc en "achetant quelques maisons en plus. Je crois que je vais aussi devoir prendre un conseiller financier ! En tout cas, cela me donne beaucoup plus de liberté." On lui souhaite d'en profiter du mieux possible.

Weinman, le jour d’ivresse

En à peine deux heures de jeu, Daniel Weinman écarte ses deux derniers opposants et remporte le Main Event WSOP, pour 12 millions de dollars. Après 16 ans de grind, le « pro américain préféré des pro américains » réalise l’exploit de sa carrière, sur un tournoi avec lequel il était en désamour, et qu’il a bien failli ne pas jouer. Le résultat du jour lui fera certainement changer d’avis, mais pas son quotidien d’ingénieur-grinder. Après cinq ans de conquête européenne, le joueur d’Atlanta ramène le Main Event en Amérique et entre à jamais dans la légende des World Series.

Daniel Weinman

Un héros blanc au milieu d’une foule noire. Vêtu de son sweat de grinder, Daniel Weinman attend la river la plus importante de sa vie, les fesses posées sur la barrière du rail, serré par la foule de supporters. Sa femme, ses parents, ses cousins, les Shaun Deeb, Jason Mercier, Josh Arieh, Matt Glantz… Tous revêtent le T-Shirt noir floqué d’un rébus malin. Un verre de vin, une tête d’homme : "Whine", "man". Quelques secondes plus tard, Daniel est aspiré par cette horde noire, secoué par tout son clan effectivement ivre du bonheur que vient de leur servir Weinman.

Shaun Deeb l’encercle de ses larges bras, prêt à plaquer Daniel par dessus la balustrade à la manière d’un rugbyman. Matt Glantz décoiffe sa casquette, en perd la sienne, Jason Mercier et Josh Arieh hurlent de part et d’autres, même si Daniel n’a d’yeux que pour sa femme, qu’il trouve le moyen d’embrasser malgré les quinze personnes qui lui sautent dessus.

Daniel Weinman

Daniel Weinman et son rail avant la river

Daniel Weinman

Daniel Weinman et son rail après la river

Après le chahut, Daniel Weinman se prend la tête dans les mains. La posture d’un homme qui se demande si le rêve qu’il vit est bien réel. Les mots “incroyable”, “indescriptible”, “irréel” reviendront d’ailleurs toutes les minutes dans la bouche du vainqueur, au moment d’enchainer les interviews. On le comprend volontiers. Daniel Weinman vient de réaliser le rêve de tout joueur de poker, en remportant le Main Event WSOP, pour 12 millions de dollars. Et pas n’importe lequel, le plus grand Main Event WSOP de l’histoire.

Daniel Weinman

Un A river, et le KJ tient face au J8 de Steven Jones, parti à tapis sur un board J524 : Daniel Weinman est champion du monde

« Il y a des millions de choses qui arrivent dans ma tête, c’est très difficile de le retranscrire avec des mots. Tu joues ce tournoi chaque année, tu ne pense jamais que tu ne vas le gagner, tu ne penses même pas que tu vas arriver en finale. C’est arrivé et j’ai pu jouer le meilleur poker que j’ai jamais joué de ma vie… C’est incroyable », déclarera le joueur au micro de Kara Scott, à chaud, quelques secondes après avoir été retourné dans tous les sens.

Entre la traditionnelle séance photo, les mises en scène de Poker Go et le balais des partenaires médiatiques, Daniel a une petite demi-heure pour sentir la pression retombée. Au moment de se présenter, enfin, vers la mêlée de journalistes, son sourire, lui ne s’est pas décroché.

"Je n'aime pas ce tournoi, la structure est trop bonne"

Daniel Weinman

Comme tout vainqueur modeste, Weinman se réfugie évidemment derrière la chance au moment de trouver des explications. Il est vrai que pour abattre un field de 10 043 joueurs, Daniel a bien connecté avec les cartes cette semaine.

« Il y a énormément de chance dans les tournois. J’ai très bien joué, c’est sur mais il y a tellement de situations où j’ai été incroyablement chanceux ». Comme par exemple ce moment où il fait deux Valets contre deux Dames (de José Aguilera) contre deux Rois (chez Payne), à 14 left, pour un pot démentiel ?

« C’était une main folle. D’un point de vue stratégique, elle n’est pas très interessante. C’est un coup doux-amer parce que c’est celui qui me propulse avant la finale, et c’est en même temps celle qui a mis K.O Josh Payne avec ce bad beat. Je pouvais voir à quel point cette main lui a fait mal. Il y avait de la douleur sur son visage, et ça m’a touché aussi. C’était dur ».

La douleur de l’élimination sur le Main Event WSOP, Daniel la connait bien. Enfin, pas un stade si avancé. En 16 participations, le joueur n’avait jusque là atteint qu’une seule fois l’ITM, pour un deep run à 4 buy-in en 2011.

Daniel Weinman

« Ce sont mes 16e World Series, rappelle le Pro américain. Chaque année, j’ai été présent de l’Event numéro 1 au dernier. Cette année, à l’approche du Main Event, j'étais proche du burn-out. Le festival était compliqué pour moi et je l’ai dit à plein de gens : “je n’aime pas ce tournoi. La structure est trop bonne”, confesse le joueur. J’ai donc appelé ma femme pour lui dire comment je me sentais et elle m’a répondu “reviens”. C’est ce que j’ai fait. On a passé du temps ensemble, on a joué au golf… On est un peu revenu à une vie normale. Je n’étais même pas sur de revenir pour jouer ce tournoi ».

Daniel a tout de même eu la bonne idée de reprendre un billet pour Vegas… Sur les conseils d’un ami, qui était le premier à lui sauter dessus après la river : Shaun Deeb.

« Shaun m’a passé un coup de fil. C’est un peu lui qui m’a convaincu de revenir. Je l’ai expliqué à ma femme en lui disant “de toute façon, je ne vais jamais gagner. Je l’ai ITM une fois en 15 essais. La plupart du temps, je vais juste perdre 10 000 $ et je reviens à la maison.” ».

Daniel Weinman

L’influence de Deeb et la proximité de Daniel avec toutes ces légendes du jeu en disent long sur le talent du grinder. Un homme qui s’est donné une chance dans le poker après avoir terminé ces études d’ingénieur, qui a vite compris le don qu’il avait pour les cartes et qui s’est entouré des meilleurs pour enchainer les succès, toujours plus grands, durant seize ans de carrière.

« Je suis ami avec ses gars depuis si longtemps, se rappelle Weinman. Shaun et moi, nous nous sommes rencontrés il y a onze ans en table finale (d’un 10 000 $ WSOP Pot Limit-Hold’em, où notre cher Manu B terminait d’ailleurs 5e). Juste deux gars qui s’amusait beaucoup à table, qui se sont mis à jouer au poker chinois ensemble et qui ne se sont pas lâchés. Josh Arieh, ça fait encore plus longtemps, on joue à Atlanta ensemble depuis plus de quinze ans, Jason Mercier aussi. Avoir quelques uns des meilleurs joueurs de poker à mes côtés, les voir me soutenir comme ça, c’est inestimable ».

Un 3-max vite fait bien fait

Daniel Weinman

Le joueur le plus technique et le plus expérimenté s’est imposé aujourd’hui. Daniel revient d’ailleurs sur les deux coups clefs, provoquant les éliminations respectives d’Adam Walton et Steven Jones.

« Contre Walton (qui tente le New-York Back Raise 80BB avec 8-8 contre son A-A), c’était l’une des premières mains où je mettais vraiment des jetons au milieu, rappelle Weinman. Je sais qu’Adam aime flat de grosses mains, il l’a déjà fait auparavant. J’ai size-up le squeeze avec l’espoir qu’il essaierait de tirer avantage de toute la dead-money au milieu. Je sais pas si c’est moi qui l’ait induce, ou si c’est lui qui avait déjà son idée en tête, mais ça a bien marché pour moi ».

Sur la dernière main du tournoi, ce KJ qui restera gravé dans les annales pokeristiques, le vainqueur semble avoir vite eu le bon instinct, comme en témoigne ce call turn assez rapide après avoir demandé le comptage.

« Quand j’ai top-paire sur ce genre de board sec, je dois avoir beaucoup de check-raise, analyse Daniel. En termes de stack-sizie, c’était parfait pour check-raise, bet turn et shove river. Quand il entre dans le tank turn, pendant assez longtemps, je le vois sur une middle-paire ou sur un valet faible. Et au moment où il shove, je ne pense pas qu’il soit en trap, même si ça fait bizarre de call pour autant de blindes juste avec une top paire ».

Atlanta, golf et ingénieur RFID

Daniel Weinman a gagné le plus prestigieux des tournois de poker, un bracelet très brillant mais aussi beaucoup d’argent. 12 millions de dollars très précisément. Un montant qui permet de voir venir, mais qui ne semble pas donner à son vainqueur la folie des grandeurs, puisque Weinman n’échappe bien entendu pas à la question préférée des journalistes : “Que va-t-il faire de tous cette oseille ?"

Daniel Weinman

« Ce n’est pas la réponse que les médias préfèrent entendre, mais je vais surement investir, mettre de côté. Je vais en garder une grande partie en dehors des tables, même si j’aime gamble assez fort de temps en temps, déclare le joueur. Je ne pense pas que mon quotidien va changer. Je suis déjà très heureux dans ma vie. Je me satisfais de choses assez simples quand je suis à la maison. Je serai au boulot la semaine prochaine. Je vais peut être un peu plus jouer au golf, peut être un peu plus voyager, mais sinon, la vie va juste continuer telle qu’est l’est ».

Quand il parle de “boulot”, Daniel ne parle pas de poker. Entre ses périodes de grind intensive, le joueur revient à l’une des ses premières passions : les logiciels. L’ingénieur de formation est d’ailleurs revenu dans sa Floride natale pour partager son temps entre les cartes et son autre projet professionnel.

« Quand je suis retourné à Atlanta il y a huit mois, j’ai rencontré un jeune homme qui démarrait une entreprise de matériels RFID. Ca s’appelle RF Poker (logo que tout le clan Weinman portait aujourd’hui dans le rail). On créé des tables comme celles que vous voyez en streaming, à la différence qu’on élimine “l’élément humain” dans la gestion de cette technologie, afin d’ôter toutes les incertitudes qui l’entourent. C’est beaucoup de fun. Je pense que j’aime encore plus l’ingénieurie-logiciel que je n’aime le poker. Pouvoir mêler ces deux choses, c’est un peu le job de rêve pour moi ».

Le héros repart du plateau télévisé avec tout son rail pour trinquer un coup. Leur Vegas se ponctue sur cette victoire, qui marquera leur histoire ainsi que celle du poker. Lorsqu’ils reviendront l’année prochaine, le poster de Daniel Weinman figurera à côté de celui d’Espen Jorstad. Enfin un portrait américain, après cinq ans de conquête européenne ! Comme Chris Moneymaker qui donnait le coup d’envoi de ce tournoi et Jamie Gold qui lui remettait il y quelques minutes son bracelet, Daniel Weinman ramène le Main Event en Amérique et inscrit son nom à jamais dans la légendes des World Series.

Daniel Weinman