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WSOP 2023-Main Event - 7

Sick bluff, discipline et champignons

Depuis deux jours, son bluff contre Toby Lewis fait le tour des réseaux. Entrepreneur dans le CBD, Daniel Vampan détonne parmi le casting des 27 survivants, par son profil, sa barbe rousse et ses moves audacieux. Deeprunant le Main Event pour la deuxième année consécutive, le natif de Californie se dévoile à nos micros, à l’aube du redraw des trois dernières tables.

Daniel Vampan

Il fait partie de ces joueurs qui se définissent comme « semi-pros ». Passionné par le jeu, Daniel s’assoit régulièrement aux tables de cash-game de Los Angeles et de Vegas. « J’adore aussi le tournoi mais j’en joue assez peu. J’essaie d’en faire quand j’ai le temps, mais j’ai d’autres priorités » déclare l'intéressé, durant le break précédant le re-draw à 27 left.

Avant d’être un grinder, Daniel est un entrepreneur dans l’industrie du CBD. Le Californien a notamment créé sa propre marque, Zadaka, proposant des produits organiques, et éco-responsables “pour répandre l’amour du CBD”. En plus du poker et du CBD, Daniel est passionné de champignons. Mycophile, il travaille sur le projet Kinoko, en cultivant et distribuant une large variété de Fungis.

Daniel sait faire pousser les champignons mais aussi les jetons. Il a même ça dans le sang. « Mon père était joueur de poker professionnel, informe Vampan. Ma mère jouait aussi de temps en temps, mais mon père me montrait les ficelles du métier. C’était un businessman au départ puis il est devenu joueur. J’ai commencé à jouer jeune, puis il y a eu le « Moneymaker Boom », et j’ai commencé à jouer online, avec des amis. J’étais à l’université de Californie de Santa Cruz, on grindait toute la journée à la maison. C’était avant le Black Friday ».

Depuis, Daniel a épousé une trajectoire de businessman, sans jamais oublier sa passion pour les cartes. S’il se définit comme un joueur de cash, Vampan s’offre de temps à autre quelques MTT, et notamment sur le Main Event WSOP. Une sortie annuelle qui lui réussit plutôt bien ces dernières années.

« J’avais fait 291ème l’an dernier. C’était mon premier ITM dans le Main. Je l’avais déjà joué trois fois et je n’avais jamais passé le Day 1 », déclare le joueur, qui semble désormais avoir trouvé la recette. Cette année, il perce encore le field pour se retrouver au Day 7, à désormais 27 left de 12 millions de dollars.

« Le plus important dans ce tournoi, c’est de prendre soin de son corps et de son esprit, parce que la grind est très, très longue. L’année dernière, j’ai bust au Day 5, et même si ça n’en a pas l’air, il y a une différence énorme entre le Day 5 et le Day 7. C’est dur de dormir parfois, il faut vraiment prendre soin de soi. Et puis, à force de jouer des spots importants, je pense qu’on devient de plus en plus confiant au moment où ils se présentent ».

Daniel en a déjà joué plusieurs sur ce Day 7. Et certains lui ont couté quelques pions.

« Ça a été une journée compliquée. Ça avait pourtant bien commencé, j’ai fait A-Q contre A-K contre Masato (Yokosawa), qui est d’ailleurs un gars super. Je monte à 22 millions. Mais sur le dernier niveau, je perds deux gros spots contre le Russe à ma droite (Andrey Pateychuk). Un duel blinde contre blinde où je jam turn et il a le top de sa range. Derrière, il y a cette main où je check-call river avec 6-6 sur un board 8-4-2-3-3 où il a 8-7. Mais ça va, j’ai toujours 9 millions et je suis au Day 7 du Main Event ! » s’exclame Dan en retrouvant son entrain.

D’ailleurs, comment le joueur réagit-il cette main qui agite la sphère pokeristique depuis deux jours. Sous les projecteurs de la table télé, Vampan réalisait un bluff magique avec 78 sur un board 56Q105, parvenait à faire folder… A10.

This bluff by @danielvampan against @810ofclubs is completely unbelievable. pic.twitter.com/lXuopUASYS

— PokerGO (@PokerGO) July 12, 2023

« Beaucoup de gens m’ont contacté pour me dire à quel point cette main est folle. Je ne suis pas trop un gars de Twitter, mais je l’ai quand même posté et j’ai eu plein de commentaires. Et puis, c’est étrange, à chaque fois que je marche dans le Horseshoe, les gens me croisent en me disant “Sick bluff, bro ! »

Un indien dans L.V

De nombreuses nations sont encore représentées dans ce Main Event. Notre collègue Alex Hernando ne manque pas de nous rappeler que l’Espagne en compte toujours deux tandis que la France est éliminé. A 20 left, on trouve également des drapeaux Italiens, Anglais, Russes, allemands, ukrainiens et… Indien. Une nation qu’on a peu l’habitude de voir à sur un stade si avancé de Main Event. Normal, c’est la première fois qu’un joueur indien atteint le Day 7 du Main Event WSOP.

Anirban

« Le poker en Inde commence à devenir de plus en plus gros. Les joueurs sont de plus en plus nombreux et le niveau s’améliore. Et ça le sera peut être encore plus si vous parlez de nous dans vos coverages » affirme le héros venu du Sous-Continent. Il répond au nom d’Anirban Das.

Malgré la distance qui nous sépare de Bengalore, où Anirban est installé depuis quelques années, le joueur a suivi à peu près le même parcours que de nombreux grinders de chez nous. Né à Mumbai, Das découvre le poker durant ces études (en management), commence à monter une roll online et décide de tenter l’aventure professionnelle.

« Après mes études, j’ai fait tout un tas de petits jobs, puis j’ai pris six mois sabbatiques. C’est vraiment là que je me suis lancé dans le poker » précise Das, pas franchement habitué à l’exercice du Live.

« Il y a quelques endroits où l’on peut jouer en Inde. Du côté de Goa par exemple. J’y suis allé une fois pour jouer, mais c’est à peu près tout. Je ne fais presque jamais de poker Live ».

Anirban est pourtant déjà venu à Vegas, en 2018. « J'ai joué le Main Event cette année-là. Et je n’avais pas tenu le premier niveau. J’avais vraiment joué comme un fish » se souvient Das. Las Vegas demeure cependant la seule place de poker internationale où il n'ait jamais été. Il y revient cinq ans après, suite à une série de performance sur l’une des rooms nationales.

« J’ai gagné un package sur Poker Baazi. C’est l’un des sites de poker majeurs en Inde. J’ai terminé deuxième d’un leaderboard qui me permettait de payer environ 60% de mes buy-in à Vegas, incluant le Main Event » explique Anriban.

Auteur d’un run exceptionnel, le joueur est en train de bonifier cette qualification en un chèque minimum de 345 000 $. Un beau "bankroll boost" pour ce joueur qui ne compte pour l’instant que 4 000 $ accumulé sur le circuit Live.

« Je ne me mets pas la pression avec l’argent. Les paliers, ce n’est pas quelque chose qui m’affecte, même si c’est de très très loin mon meilleur score » commente Anriban.

Le joueur améliore largement son record personnel, et du même coup un record national : Celui de la meilleure performance d’un Indien dans le Main Event. Anirban fait en effet mieux que Nishant Sharma, l’un des meilleurs grinders indiens de ces dernières années, et qui avait terminé 34e du Main Event 2018 remporté par John Cyne.

« Le poker indien est encore peu connu, mais il a déjà eu quelques stars. Vivek Rajkumar, mais aussi Nipun Java ou Aditya Agarwal » énumère Anirban. Aditya Agarwal ? Ce nom ne nous rappellerait pas quelque chose ? En fouillant dans ses souvenirs, Romain Lewis se souviendra certainement de ce nom, puisqu’il s’agit en effet du joueur qu’il a renversé en heads-up lors de son bracelet pour le Super Turbo Bounty à 10 000 $. Sans le savoir, l’histoire de Winamax était donc intimement croisée avec celle du poker indien.

A 20 left de 12 millions de dollars et du plus grand titre mondial de poker, Anirban Das a-t-il des envies de finales, de millions, de bracelet ?

« C’est impossible de se fixer un objectif de finale ou de bracelet. Ce sont des choses qu’on ne contrôle pas. Mon but, c’est de prendre les meilleures décisions possibles en fonction des informations dont je dispose à chaque moment » répond sobrement le joueur. Jusque-là, le plan a fonctionné à merveille, mais Anirban sort d’un dernier niveau compliqué. « Le plus dur à ce niveau du tournoi, c’est de gérer les énormes swings. J’avais repris le diner-break à 50 millions, et je suis descendu à 4 ! J’ai perdu deux dames contre deux Rois, puis j’ai run trips dans brelan et là, je n’ai pas trouvé le tight fold avec K-Q contre A-K sur un board K-high ».

Anirban a réussi à remonter 15 millions de jetons sur les dernières minutes. Ca fera 25 blindes à la reprise pour prolonger l’un des plus grands exploits du poker indien.

Main Event : les meilleures perfs FR à travers les âges

Comment le deep-run de Clément Richez se place dans la grande histoire des Français sur le Main Event des WSOP ? On a fouillé pour vous dans vingt années de nos archives...

WSOP
2003 : Bruno Fitoussi – 15e pour 65 000 $
L’année de la déflagration Moneymaker, les Français sont encore peu nombreux à faire le pèlerinage annuel à Vegas. Ils sont une vingtaine tout au plus, la plupart habitués de l’Aviation Club de France : Ange Besnainou (meilleur Français trois ans plus tôt), Jan Boubli, Robert Kojfer, Claude Cohen, Elie Marciano, Xavier Laszcz… et bien sûr Bruno Fitoussi. Déjà un défenseur acharné de notre jeu préféré bien avant qu’il ne soit à la mode chez nous, Bruno manquera de très peu l’une des finales les plus importantes de l’histoire du poker.

2004 : aucun Français ITM
Grâce au jeu en ligne et aux satellites accessibles partout dans le monde sans quitter son salon, l'affluence fait un bon sans précédent : de 839 à 2 576 inscrits. Sauf que nous, on avait piscine.

2005 : Daniel Sellam – 309e pour 21 070 $
Aucun couvreur français n’était présent pour immortaliser le semblant de deep run d’un joueur inconnu de nos services, mais actif depuis 1995, et qui joue encore en live aujourd’hui.

WSOP
2006 : Dan Abouaf – 103e pour 51 129 $
En ce qui me concerne, c’était mon premier Main Event… Mon suivi des tricolores pour le forum du ClubPoker s’est arrêté lors du Day 6, après l’élimination d’un joueur parisien qui s’était présenté comme étant le neveu de Jan Boubli.

WSOP
2007 : Nicolas Atlan – 47e pour 190 053 $
Le poker commence à décoller en France, les amateurs sont de plus en plus nombreux à tenter l’expérience… mais les Parisiens continuent de squatter les meilleures places. C’est un insider que l’on applaudit cette année : floor manager des parties high stakes de l’Aviation Club de France, Nicolas Atlan se glisse dans le top 50 avec l’aide de Claude Cohen, coach depuis le rail.

WSOP
2008 : Stéphane Hornet (Qualifié Winamax) – 106e pour 41 816 $
Le premier Main Event de l’histoire du Team Winamax, dix mois après sa naissance. Et du coup, c’est mon premier Main Event en tant que reporter Winamax (même si l’année précédente, j’avais été recruter pour poster sur Wam-Poker, ce qui revenait à peu près au même). Winamax n’existe que depuis deux ans, mais parvient déjà à créer un petit village gaulois à Las Vegas. Sur le Main Event, on croise bien sûr le Team Winamax (Manuel Bevand se hisse dans l’argent), des freerolleurs issus d’une compétition toute neuve appelée le KING5, et des vainqueurs de satellites. C’est dans cette dernière catégorie qu’il faut chercher le Last Frenchman Standing : qualifié sur Winamax pour seulement 30 balles, Stéphane Hornet manque de très peu le top 100 et sort de son premier tournoi pro plus riche de 42 000 dollars.

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2009 : Antoine Saout – 3e pour 3 479 670 $
Si Antoine Saout ne fut pas le premier joueur français ayant atteint la finale du Main Event (l’honneur revient à Marc Brochant, 8e en 1998), c’est bien lui qui a montré à toute une génération de grinders que l’exploit était possible. Complètement inconnu au moment de se qualifier en ligne pour le Big One en 2009, le Breton n’a pas tremblé tout au long des huit journées préliminaires du tournoi. Aussitôt recruté par l’une des plus grosses salles online de l’époque (Everest Poker - RIP), c’est accompagné d’une armée de supporters tricolores et de journalistes que Saout est revenu à Las Vegas en novembre - oui, à cette époque, une pause de trois mois était observée entre les demi-finales et la TF ! En finale, le gamin s’est proprement sublimé, jouant un poker d’un niveau dont lui-même ignorait être capable. Certains diront même que ce jour-là, il a surclassé un certain Phil Ivey, lui aussi présent en finale… jusqu’à ce qu’Antoine soit éliminé en troisième place, suite à un terrible bad beat infligé par Joe Cada, le vainqueur éventuel, et un ultime coin-flip perdu. Un moment déchirant qui restera comme le plus fort de ma carrière de couvreur : devant le micro tendu par le journaliste de France Info dépêché sur place, j’ai commenté chaque action de la main. Jusqu’à cette désastreuse rivière, devant laquelle je n’ai réussi qu’à pousser un long cri d’agonie. Quelques heures plus tard, il était diffusé dans toute la France…

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2010 : Nicolas Babel – 38e pour 206 395 $
Après les émotions de l’édition précédente, retour à la monotonie : le clan français s’arrête de vibrer au Day 7, après l’élimination en 38e place d’un amateur venu de Paris, régulier en ligner et sur les tournois mid-stakes de la capitale.

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2011 : Guillaume Darcourt – 35e pour 242 636 $
Cette année-là, la France vit son boom à la Moneymaker avec quelques années de décalage : cela fait un an que les sites de poker en ligne peuvent opérer légalement en France, et faire de la pub à la télé. Winamax ne s’en prive pas, claquant 12 millions d’euros en deux mois à coups de spots montrant la fameuse épée en plastique (l’important au poker ce ne sont pas les cartes etc etc). Les nombreux autres sites tentant la conquête de l’Eldorado online ne vont pas aussi loin, mais tous investissent dans des équipes de pros sponsorisés, ainsi que dans les qualifs Vegas. Résultat : on n’a jamais vu autant de Français sur le Main Event, plus de 200 selon nos estimations. Dans les faits, cela ne se traduit pas par une grosse perf’… mais on ne boude pas notre plaisir en encourageant jusqu’au Day 7 l’un des pros les plus fantasques de l’époque.

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2012 : Gaëlle Baumann (Team Winamax) – 10e pour 590 442 $
Peut-être l’année où notre reportage annuel a fait le plus de clics, grâce au run hors du commun de celle qui venait tout juste de rejoindre le Team Winamax. Onze ans plus tard, aucune joueuse n’a encore fait mieux que la 10e place de Gaëlle Baumann, injustement éliminée aux portes de la finale, au terme d’un tournoi dans lequel elle fut victime d’un des faits d’arbitrages les plus célèbres de l’histoire du poker. Aujourd’hui encore, les Américains n’ont pas oublié son tour de piste devant les caméras d’ESPN, et l’alpaguent régulièrement dans les couloirs des WSOP pour lui demander un selfie…

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2013 : Sylvain Loosli (Team Winamax) – 4e pour 2 792 533 $
Atteindre la table finale du plus gros tournoi du monde ne garantit pas que l’on va s’installer durablement dans le paysage du poker pro. Au fil des années, j’ai oublié plus de finalistes du Main Event que j’en ai retenu… Sylvain Loosli n’est définitivement pas de ceux-là : arrivant sur son tout premier Main Event avec un solide profil de cash-gameur online en 5$/10$, le Toulonnais a parfaitement donnait raison à ceux qui lui voyaient un avenir sur les plus gros MTT. Notamment Winamax, qui s’est empressé de le signer dans l’invervalle entre la demi-finale et la finale. Depuis sa 4e place sur le Main Event, Loosli a collecté près de 5 millions de dollars en live, remportant entre autres le gros SHR à 50K de l’EPT Barcelone en 2015. Aujourd’hui encore, il est une force sur laquelle compter dans n’importe quel tournoi qu’il dispute.

WSOP
2014 : Yorane Kérignard – 23e pour 286 900 $
Un petit cru, cette édition 2014, avec un seul Français dans le Top 100. Vainqueur du World Poker Tour Malte deux ans plus tôt, le spécialiste des MTT online Yorane Kérignard chutera au cours du Day 7. De nos jours, on le croise beaucoup moins en live.

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2015 : Paul-François Tedeschi – 161e pour 46 890 $
Annus horribilis. On a été NULS. Au chômage technique dès la troisième heure du Day 5.

2016 : Antoine Saout – 25e pour 269 430 $
On dit que la foudre ne frappe jamais au même endroit. Un adage qui ne s’applique pas à Antoine Saout, auteur du deuxième Day 7 Main Event de sa carrière. Le pire, c’est que cela n’allait pas être le dernier.

WSOP
2017 : Benjamin Pollak – 3e pour 3 500 000 $
Sans aucun doute la plus belle finale Main Event pour le clan français. Non seulement Antoine Saout était de retour pour une rarissimme seconde apparition autour de la dernière table (il se contentera cette fois d’une sixième place et 2 millions), mais en plus l’un de nos meilleurs représentants sur la scène live à déroulé l’étendue de son immense talent devant les yeux de toute la communauté internationale.

WSOP
2018 : Antoine Labat – 9e pour 1 000 000 $
L’experimenté grinder online n’est resté que quelques minutes en finale… parce que la veille, il avait joué, et perdu, l’un des coups les plus improbables de l’histoire du Main Event.

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2019 : Romain Lewis (Team Winamax) – 60e pour 142 215 $
Eté absolument génial pour le Team Winamax, avec les bracelets de Joao Vieira et Ivan Deyra. Sur le Main Event, on se marre un peu moins… mais le Team y fait le boulot aussi, en plaçant un de ses membres au poste de meilleur FR.

2020 (édition jouée en ligne) : Julien Pérouse – 15e pour 113 465 $
Ouais, bon… désolé, mais il n'y a pas de COVID qui tienne : un Main Event des WSOP joué online, ça n'est pas vraiment un Main Event des WSOP, surtout quand le site est innaccessible à une bonne partie de la planète, dont la France et les USA.

WSOP
2021 : Nicolas Vayssieres – 17e pour 305 000 $
Une édition immensément joyeuse : après plus de deux ans d’absence, les restrictions liées à la pandémie s’estompent enfin pour permettre le retour des WSOP, exceptionnellement programmés durant l’automne, pile au moment où les Etats-Unis autorisent de nouveau les voyageurs étrangers. Le plaisir fut donc total au moment de chroniquer le magnifique run d’un jeune pro, ancien finaliste Top Shark et vainqueur KING5, aujourd’hui considéré comme l’un des plus solides espoirs des Bleus dans le paysage MTT.

WSOP
2022 : Karim Rebei – 16e pour 410 000 $
Un phénomène. Une étoile filante à la stratégie anti-GTO qui nous a tellement régalés que lorsqu’on a voulu dresser le Top 5 de ses plus beaux coups de folie, on a galéré pour choisir.

WSOP
2023 : Clément Richez - 50e pour 188 400 $ J'en suis convaincu : malgré la déception de ne voir aucun Français en finale (ni même au Day 7), on gardera un bon souvenir de ce cru 2023, grâce à la qualité des profils représentés dans le top 100. A commencer par Clément Richez. Comme l'a écrit Fausto : "Impressionnant dans ses décisions [...], exemplaire dans son attitude, agréable avec les couvreurs, à l’aise devant la caméra, [il] a montré cette semaine le beau et grand joueur qu’il est."

2023 : le bilan Français

FR ITM
50e : Clément Richez 188 400 $ 68e : Estelle Cohuet (Team Winamax) 130 300 $ 77e : Jonathan Therme 109 400 $ 78e : Mikael "ShiShi" Berrio 109 400 $ 149e : Lorenzo Santo Rodriguez 67 700 $ 167e : Grégory Caubet 58 500 $ 247e : Jules Dickerson 50 900 $ 274e : Jérémy Palvini 50 900 $

283e : Samuel Bifarella 50 900 $
300e : Grégory Fournier 44 700 $
334e : Leo Soma 44 700 $
343e : Simon Wiciak 44 700 $
410e : Maxime Parys 40 000 $
425e : Omar Lakhdari 37 500 $
441e : Jérôme Finck 37 500 $
448e : Théo Devidal 37 500 $
470e : Bertrand Grospellier 37 500 $
515e : Hayg Badem 35 000 $

524e : Corentin Quertelet (Vainqueur KING5) 35 000 $
531e : Damien Le Goff 35 000 $
640e : Bruno Soutavong 30 000 $
647e : Adrien Guyon 30 000 $
663e : Mohamed Aissani 30 000 $
678e : Anthony Cierco 27 500 $
707e : Florian Ribouchon 27 500 $
739e : Thomas Eychenne 27 500
771e : Corentin Ropert 25 000 $
779e : Mesbah Guerfi 25 000 $

791e : Giuseppe Zarbo 25 000 $
812e : Loïc Debregeas 25 000 $
816e : Arnaud Mattern 25 000 $
842e : Baptiste Carteau 25 000 $
848e : Hicham Mahmouki 25 000 $
871e : Tom Dupuy (Vainqueur KING5) 22 500 $
937e : Julien Martini 22 500 $
952e : Kenny Deffrasnes 22 500 $
963e : Antoine Delorme 20 000 $
969e : Paul Guichard 20 000 $

991e : Sonny Franco 20 000 $
1006e : Sylvain Loosli 17 500 $
1053e : Kool Shen (Team Winamax) 17 500 $
1086e : Quentin Guivarch 17 500 $
1095e : Dimitri Joubert 17 500 $
1154e : David Susigan 17 500 $
1176e : Lionel Lesur 17 500 $
1202e : Jean Lhuillier 17 500 $
1234e : Paul Amsellem 17 500 $
1213e : Selim Oulmekki 17 500 $

1290e : Kalidou Sow 15 000 $
1302e : Elie Nakache 15 000 $
1348e : Yannick Cardot (Qualifié Winamax) 15 000 $
1359e : Abel Ben Messaoud 15 000 $
1378e : Rabat Ait Abdelmalek 15 000 $
1435e : Clément Cure 15 000 $
1453e : Martin Vialla de Soleyrol 15 000 $
1454e : Erwann Pecheux 15 000 $
1494e : Christopher Marcadet 15 000 $
1499e : Bastien Joly 15 000 $

L’Espagne a une carte à jouer, même deux

Les demi-finales ont commencé en avance Seulement 15 joueurs reviendront au Day 8 Parmi eux, deux espagnols, dont un ex-sponso en plein retour en grâce Main Event 10 000 $ (Fin du Day 7)

Juan Maceiras
Notre confrère Alex Hernando attendait ce moment depuis longtemps. Pour la première fois de notre histoire, nous ouvrons le post de fin de journée de Main Event avec la performance de joueurs espagnols… Sur le coverage français.

Une curiosité qui cache une immense déroute. On aurait aimé vous parler de grinders bleus réalisant leur one time, d’amateurs poussant le rêve jusqu’aux portes d’une finale de Main Event, d’un logo W chipleader, d’un Antoine Saout faisant la passe des trois, d’un qualifié, d’un anonyme, de n’importe qui ! Mais non. Depuis hier soir, nous savions déjà qu’il n’y aurait aucun français pour prétendre au casting final.

Même en venant à 300, aucun tricolore n’a réussi à se faire une place à l’intérieur du Top 50 (Clément Richez terminant très exactement 50e). Les statistiques sont sévères et l’article de Benjo nous le rappelle en détail : hormis les trente minutes de figuration d’Antoine Labat en 2018, cela fait sept ans que nous n’avons pas eu de Français en table finale du Main Event WSOP.

Une éternité et une grande déception au vu du contingent présent cette année à Vegas. De leur côté, les Espagnols ont débarqué trois fois moins nombreux. Hier, ils prenaient leur deuxième bracelet du festival. Aujourd’hui, ils alignent deux représentants à 15 left du Main Event, dont le chipleader, Juan Maceiras.

Le revenant tient sa deuxième chance

Juan Maceiras
Juan Maceiras, voilà un nom qui respire le poker des années 2010. En 2009, le grinder de la Corogne devenait notamment le premier joueur espagnol à intégrer la Team Pro Pokerstars. Une histoire de deux ans, démarrée avec beaucoup de promesses et terminée en queue de poisson. Malgré trois finales EPT, dont une 5e place lors de l’édition madrilène de 2011 pour 315 000 €, Maceiras n’a jamais vraiment convaincu les sponsors et disparaissait progressivement du paysage pokeristique.

Quelques soucis personnels l’éloignaient même complètement de la compétition, ses derniers résultats Hendon Mob relatant d’insignifiants deep run sur les Daily Deepstacks à 250 € du Rio. Les années ont passé, Juan a grandi et depuis deux ans, le joueur s’est remis à la compétition. Le revoilà aux portes d’une grande finale, douze ans après. Physiquement, Juan n’a que peu changé. Le même regard, le même collier de barbe… Le poids des années se ressent surtout dans la mentalité.

Juan Maceiras
« L’expérience fait grandir, pose Maceiras. J’ai eu la chance, ou la malchance, c’est selon, de connaitre le succès très jeune. En fait, je l’ai eu sans l’avoir mérité. Normalement, la récompense vient quand on a travaillé, petit à petit. Pour moi, le succès est arrivé d’un coup, et je n’ai pas su le manœuvrer. J’ai donc commis des d’erreurs, je les ai payées. Avec les années, j’ai pris en maturité, tant dans mon jeu qu’au niveau personnel » poursuit le joueur, qui repense à une conversation précédant son Vegas.

« C’était avant de partir, je discutais avec un ami à qui je disais “je crois que l’heure est venue”. Si l’occasion se présente, je serai prêt à la saisir. J'ai l’impression que c’est ce qui est en train de se passer. Je ne te parle pas d’une discussion entre deux amis qui se disent “je me sens bien, je vais le gagner c’est sur”. C’était une conversation intime, je sentais que j’avais attendu mon moment et que quelque chose de grand pouvait se passer ».

Perçant un field de 10 043 joueurs, assuré de 430 200 $, pour sa première grande finale depuis plus d’une décennie, Juan Maceiras a déja accompli quelque chose de grand. Mais avec 108 000 000 de jetons à 15 restants du plus grand titre du monde, on sait que le joueur a d’autres intentions.

Juan Maceiras
Ce stack de mutant, il se l’est construit avec son style caractéristique. « C’est un joueur 0% GTO. C’est plutôt “j’ai plus de jetons que toi et plus de “cojones” que toi : je te mets all-in” » décrit notre spécialiste du poker espagnol Alex.

Un style ultra agressif qui séduit les fans et les caméras du streaming. On l’a vu de nos propres yeux contre Jonathan Therme. Le Français avait en effet parfaitement cerné le profil adverse, en payant avec deuxième paire lorsque Juan envoyait tapis deux fois le pot sur la turn avec un simple tirage flush. Le carreau tombé sur la river montrait que cette semaine, le run est plutôt côté espagnol.

Il l’est toujours sur ce Day 7. Arrivé avec le 2e plus gros tapis du jour, Maceiras a multiplié son tapis par deux et demi, lui permettant d’améliorer sa position au chipcount : Il reviendra demain avec 135 blindes, soit quarante de plus que le deuxième au chipcount, Adam Walton. - Fausto

Deux pour le prix d’un

L’Espagne ne comptera pas un, mais bien deux représentants à 15 left du bracelet. Le compatriote José Ignacio Aguilera escorte Juan au Day 8, avec 37 millions de jetons. Le Madrilène disposait d’un tapis bien moins imposant au départ de la journée. Avec 15 millions, Aguilera trouve un double-up décisif contre Alexander Villa sur un board 865A6, en parvenant à faire payer le Canadien avec A8 tandis que lui avait floppé brelan de 88. José a ensuite gratté quelques bons pots sur le dernier niveau et reviendra demain avec 45 blindes.

Alexander Villa
Produit de la génération suivante, José Aguilera est un profil bien plus orienté “grinder online”. Hormis une victoire sur le circuit national, lors du NCP de Séville l’an dernier, pour 45 000 €, il ne compte encore aucune perf de référence en Live. “Agui” est clairement en train de réaliser son premier gros casse. - Fausto

Les demi-finalistes

Adam Walton
Arniban Das fut le dernier éliminé du Day 7... L'Indien, que l'on vous présentait un peu plus tôt, a trouvé une couleur turn alors qu'Adam Walton (photo) avait déjà le full au flop. Juste un pot de 50 millions pour propulser en seconde position au classement celui qui avait terminé 42e de l'édition 2021 !

Juan Maceiras (Espagne) 108 000 000 (135 BB)
Adam Walton (USA) 75 475 000 (94 BB)
Jan-Peter Jachtmann (Allemagne) 70 775 000 (88 BB)
Steven Jones (USA) 67 900 000 (85 BB)
Toby Lewis (UK) 50 050 000 (63 BB)

Ruslan Prydryk (Ukraine) 45 750 000 (57 BB)
Jose Aguilera (Mexico) 37 600 000 (47 BB)
Joshua Payne (USA) 31 000 000 (39 BB)
Sachin Joshi (UK) 27 775 000 (35 BB)
Daniel Weinman (USA) 21 750 000 (27 BB)

Dean Hutchison (UK) 17 500 000 (17 BB)
Daniel Holzner (Italie) 14 750 000 (18 BB)
Alec Torelli (USA) 14 275 000 (18 BB)
Jack O'Neill (UK) 11 700 000 (15 BB)
Cong Pham (USA) 8 700 000 (11 BB)

Daniel Weinman
Le double vainqueur WPT et champion WSOP Daniel Weinman est tombé du bon côté d'une confrontation set over set. De quoi lui assurer un passage au Day 8 avec 27 BB.
Alec Torelli
Son dernier ITM remontait à 2016 : Alec Torelli n'est plus professionnel, se décrivant désormais sur son site web comme "digital entrepreneur and keynote speaker". Avant cette reconversion qui sent très fort le bullshit, Torelli a joué pas mal de belles finales à la fin des années 2008, sur les WSOP et le circuit WPT, et gagné des tournois au Bellagio.
Toby Lewis
Quatre Britanniques en demi-finales : les rosbifs ne sont pas passés à côté de cette édition 2023. Le très solide Toby Lewis, capable de folder des couleurs (mais aussi de remporter l'Aussie Millions ou un EPT au Portugal), sera le mieux armé d'entre eux à 15 joueurs restants.

Ils n'iront pas en demi-finales

45e : Masato Yokosawa (Japon) 188 400 $
Fin du vlog en 45e place pour Masato Yokosawa, le Youtubeur aux 800 000 abonnés.
35e : Maurice Hawkins (USA) 280 100 $
On ne sait pas quelle proportion de son gain de 280 100 $ Maurice Hawkins va conserver après sa sortie en 35e place. Car il semblerait que le pro aux 5 millions de cashes sur Hendon Mob (et recordman de victoires WSOP Circuit) a la fâcheuse tendance à oublier de distribuer leur part aux gens qui financent ses inscriptions...
32e : Mark Teltscher (UK) 280 100 $
Stoïque tout au long d'un run où il n'a jamais été en possession de beaucoup de jetons, Mark Teltscher est resté solide jusqu'à son élimination en 32e place (280 100 $). Le meilleur résultat sur le Main Event pour celui dont le premier ITM fut une victoire. C'était sur l'EPT Londres, en 2005.
21e : Daniel Scroggins (USA) 345 000 $
Intraitable envers ShiShi, sans pitié pour Jonathan Therme, le supervillain Daniel Scroggins a cessé de répandre le mal en 21e place, suite à un banal flip.
19e : Joe Ghio (USA) 345 000 $
Son Roi-Dame n'a pas été de taille contre de Rois : faisant partie des derniers amateurs en course avec ses quelques milliers de dollars sur Hendon Mob, Joe Ghio a provoqué le redraw des deux dernières tables avec son élimination en 19e place.
18e : Andrew Hulme (UK) 345 000 $
Meilleur résultat de carrière pour Andrew Hulme : avec cette 18e place bonne pour 345 000 $, le Britannique dépasse les 2 millions de gains dans une carrière entamée en 2009.
18e : Andrew Hulme (UK) 345 000 $
Pas de « Triple Crown » pour Andrey Pateychuk : le vainqueur de l'EPT San Remo (2011) et du WPT Prague (même année) se contente d'une 17e place bonne pour un demi-million.

Tous les éliminés du Day 7

WSOP
16e : Anirban Das (Inde) 430 200 $ 17e : Andrey Pateychuk (Russie) 430 200 $ 18e : Andrew Hulme (UK) 345 000 $ 19e : Joe Ghio (USA) 345 000 $

20e : Ryan Tamanini (USA) 345 000 $
21e : Daniel Scroggins (USA) 345 000 $
22e : Eric Schneider (USA) 345 000 $
23e : Richard Ryder (USA) 345 000 $
24e : Dani el Vampan (USA) 345 000 $
25e : Ryan Tosoc (USA) 345 000 $
26e : Gabi Livshitz (Israël) 345 000 $
27e : Christopher Kimmel (USA) 280 100 $
28e : Nicholas Gerrity (USA) 280 100 $
29e : Matthew Wantman (USA) 280 1000 $

WSOP
30e : Harsheel Kothari (USA) 280 100 $ 31e : Henry Chan (USA) 280 100 $ 32e : Mark Teltscher (UK) 280 100 $ 33e : Bryan Obregon (USA) 280 100 $ 34e : Carlos Henrique Da Silva (Brésil) 280 100 $ 35e : Maurice Hawkins (USA) 280 100 $ 36e : Raj Vohra (USA) 229 000 $ 37e : Yaroslav Ohulchanskyi (UK) 229 000 $ 38e : Alexander Villa (Canada) 229 000 $ 39e : Tim Van Loo (Autriche) 229 000 $ 40e : Pierpaola Lamanna (Italie) 229 000 $

41e : Diego Daquilio (Italie) 229 000 $
42e : Michael Berk (USA) 229 000 $
43e : Scott Berko (USA) 229 000 $
44e : Frank Bonacci (USA) 229 000 $
45e : Masato Yokosawa (Japon) 188 400 $
46e : Sam Stein (USA) 188 400 $
47e : Logan Hoover (USA) 188 400 $
48e : Pavel Dyachenko (Canada) 188 400 $
49e : Mitchell Halverson (USA) 188 400 $

WSOP
Avec un field déjà réduit à 15 joueurs, les organisateurs disposent d'un peu de marge : grâce à la journée supplémentaire ajoutée au programme cette année, les demi-finales ne devraient pas s'éterniser aussi longtemps que sur les éditions précédentes. Cette marge, ils ont déjà décidé de s'en servir en décalant le coup d'envoi du Day 8 de midi à 14 heures. Bonne nouvelle pour le sleep-count des couvreurs, qui n'a jamais été très deep depuis le début des WSOP !

Fausto & Benjo

Merci à toutes les équipes pour ces coverages de qualité !!!

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