redirection

WSOP 2023-Main Event - 6

Première main, premier sortant

Level 26 : 40 000 / 80 000, BB ante 80 000 Main Event 10 000 $ (Début du Day 6)

Santos et sans jetons

Lorenzo Santos Rodriguez

Huit blindes, une paire de 9 reçue de grosse blinde, un open avant lui : Lorenzo Santos Rodriguez n'a pas eu la décision la plus compliquée de son tournoi au moment de partir à tapis dès la première main de ce cette journée. Opposé à Roi-Dame, l'Hispano-Français (ou Franco-Espagnol on ne sait plus trop) perd le flip de la survie. "Il a fait full," résume Lorenzo, tout en filant collecter son gain de 67 700 $. Day 6 de Main Event : on a connu pire pour un premier Vegas partagé entre copains. Le professeur de mathématiques haut-savoyard a désormais tout l'été pour profiter de son chèque. Bravo Lorenzo ! - Flegmatic

Clément, démarrage tonitruant

Day 6 de Main Event ou pas, Clément Richez ne va pas trembler s’il doit mettre les jetons au milieu. On joue seulement depuis cinq minutes et le taulier de la Team ATM a déjà marqué son territoire.

Dès son premier coup de la journée, Clément se chauffer avec Andrei Boghean au siège 4. Open Boghean 160 000 EP, 3-bet Richez 425 000 au bout et 4-bet 1 060 000 du joueur Roumain. Ni une, ni deux, Clément avance deux piles de bleus et annonce “all-in” ! Dans la demi-seconde, Andrei avait rendu ses cartes.

Deux minutes plus tard, Clément ramasse encore les jetons après un c-bet non payé et toujours dans la même orbite, David Richards envoie ses quinze blindes à la tête du Français en BvB. Mauvais timing pour lui, Clément tient deux Barbus, qui ne feront qu’une bouchée de son K-J. En quinze minutes du jeu, Richez vient d’augmenter son stack de 50%, soit 2,5 millions de jetons de plus sur les 5 avec lesquels il avait démarré. - Fausto

La structure du Day 6

Jetons

143 joueurs sur la ligne de départ, des blindes qui vont être multipliées par 2,5 entre le premier et le cinquième niveau de la journée... Les prévisions du Professeur Alalouche annoncent 46 restants sur les coups de minuit.

Level Blindes BB Ante
21 40 000 / 80 000 80 000
22 50 000 / 100 000 100 000
23 60 000 / 120 000 120 000
24 100 000 / 150 000 150 000
25 100 000 / 200 000 200 000

Téléchargez la structure complète du Main Event

Main Event 2023 : le calendrier

Masato Caméra

Les joueurs qui ont attaqué ce Day 6 ont cinq jours de poker dans les jambes. Il leur en reste autant pour aller chercher le bracelet de Champion du Monde et les 12,1 millions de dollars promis au vainqueur. C'est peut-être plus que jamais à ce moment-là que l'on se rend compte à quel point ce tournoi représente le marathon poker ultime.

Lundi 3 juillet Day 1A
Mardi 4 juillet Day 1B
Mercredi 5 juillet Day 1C
Jeudi 6 juillet Day 1D
Vendredi 7 juillet Day 2ABC
Samedi 8 juillet Day 2D
Dimanche 9 juillet Day 3
Lundi 10 juillet Day 4 (jour de bulle)
Mardi 11 juillet Day 5
Mercredi 12 juillet Day 6
Jeudi 13 juillet Day 7
Samedi 14 juillet Day 8
Samedi 15 juillet Pause
Dimanche 16 juillet Finale (jusqu'à 4 joueurs)
Lundi 17 juillet Finale (fin)

Libérez l’espace, s’il vous plait

Il reste 108 joueurs Level 26 : 40 000 / 80 000, BB ante 80 000 Main Event 10 000 $ (Day 6)

Coverage à la longue vue

Salle

Après 30 minutes relativement normales dans l’Event Center, les superviseurs de ce Main Event ont annoncé une nouvelle surprenante : « Seuls les membres des équipes de Pokernews et PokerGO sont autorisés à circuler dans l’espace de jeu, » ont tonné Charlie Ceresi et ses équipes.

La zone est vidée en deux temps, trois mouvements et les récalcitrants se font escorter manu-militari derrière les barrières. Inutile de discuter. Les explications avancées par l’organisation sont d’une logique implacable. « L’espace (le même qu’hier, mais avec moins de tables) est trop petit, les joueurs se sont plaints (qui donc ? combien ?), les caméras ne peuvent pas bien filmer ». Bref, si vous êtes d’un média étranger, vous n'êtes plus le bienvenu.

Nous n'argumenterons pas sur le non-sens et le côté arbitraire de la décision, sur le fait que nous avons parcouru 10 000 kilomètres pour venir couvrir ce tournoi, en tant que room partenaire, afin de partager l’information à nos communautés.

Comme à chaque fois qu'une telle décision est décrétée - on ne les compte plus en plus de quinze ans de Main Events -, on s’adapte. Et puis, on peut quand même observer deux des quinze tables en jeu, celles situées les plus proches des barrières, en plissant les yeux pour voir les couleurs des cartes et en évaluant les sizings au doigt mouillé. On ira s’acheter des jumelles au prochain break. - Fausto

Cohuet, des cœurs, des clichés et des boards ratés

Notre Top Shark vit un rêve éveillé sur ce Main Event. À tel point qu’elle doit presque se pincer au moment de voir son portable vibrer dans tous les sens pendant la pause.

Estelle Cohuet

« C’est fou la répercussion que ça a médiatiquement. Tout le monde m’envoie plein de messages, mais je peux répondre seulement aux Whatsapp, parce que ce sont plutôt des amis proches. Sur Instagram, j’ai juste le temps de mettre des cœurs. Je n’ai jamais envoyé autant de cœurs de ma vie » s’amuse Estelle.

Beaucoup de joueurs en deep run sont en effet bombardés d’encouragements venus du monde entier. Mais si Estelle est particulièrement visée, c’est parce que son histoire est unique. « C’est vrai que je suis un peu à part par rapport aux autres joueurs restants. Normalement, je joue des tournois à 30 € l'entrée en moyenne, rappelle la grindeuse, qui s’est pourtant libérée de la pression financière. La tension, je l’avais à la bulle. Maintenant, c’est que du bonus ».

On espère tous que l’histoire d’Estelle sur ce Main Event se prolongera de plusieurs pages. Pour ce faire, elle dispose d’un atout sur lequel elle a toujours pu s’appuyer en live : son, image. « C’est fou parce que même quand on me voit en bluff, les gens se disent finalement que je suis une nit et lâche. Pour eux, j’ai tellement le physique de la nit. C’est le cliché pour une femme de 50 ans qui joue au poker. En Espagne, ça commence à moins fonctionner, mais ici... »

Sur ce Day 6, Estelle a passé un premier niveau compliqué. « J’ai eu un premier spot où j’open As-Dame suité et la BB me 3-bet. J’avais 40 blindes, j’ai call mais je pense que j’aurais pu le 4-bet à tapis. Hier, je l’avais vu faire des gros bluff en table télévisée, donc je savais que ça ne serait pas facile de jouer post-flop. Effectivement, j’ai dû fold turn sur un board hauteur Roi ». Quelques coups plus tard, Dourbie perdra encore un pot avec deux Dames, sur un nouveau board K-high où son adversaire avait défendu Roi-6 en BB. 1 550 000 pour notre Team Pro, soit 15 blindes au prochain niveau. - Fausto

Création de dynamique, par Clément Richez

Clément Richez

Un historique est en train de se monter entre les deux gros tapis de la table. Arrivé avec son énorme stack à côté de Clément Richez, Bradley Moskowitz a tout de suite pris pour cible son opposant français. Les deux chipleaders de la table enchainent les 3-bet l’un sur l’autre, et les esprits commencent un peu à s’échauffer.

Après un premier pot gagné contre Richez, l’Américain se lève de table et s’en va manifester sa joie avec un ami du rail, avec un enthousiasme démesuré relativement à la taille du pot. Quelques minutes plus tard, l’Américain rebondit sur un 3-bet de Richez… par un 4-bet à tapis ! Pour 80 blindes.

Un sizing ridiculement gros qui fera doucement rire Clément. « C’est le genre de joueur qui te fixe pendant de longues minutes avant de fold, comme pour te dire la prochaine fois, tu vas pas me 3-bet, explique Richez. C’est à peu près la même dynamique qu’hier qui s’installe, avec le joueur qui m’a 5-bet shove As-9. Il va péter un plomb, je vais tout lui prendre, et il ira chialer », lâche Richez avant d’aller prendre sa pause.

Les chamailleries avec Moskowitz n’ont pas perturbé la très bonne grind de début de journée, puisque Clément a presque déjà doublé son stack de départ, avec un peu moins de 10 millions de vent lui. - Fausto

Shishi Carreidas

ShiShi

Le Day 6 de Mikael Berrio avait bien mal commencé, avec plusieurs pots perdus pour redescendre sous la barre des vingt blindes. Mais au lendemain de ce Day 5 légendaire, vous commencez à connaître ShiShi : quand il recule, c'est pour mieux sauter. En l'occurrence, le coach Kill Tilt a fait un joli bond en avance. "Un petit carré d'As," nous a-t-il glissé durant la pause. Contre l'un des joueurs les plus dangereux de ce field qui plus est, Ludovic Geilich. "J'ouvre deux As UTG à 175 000 et il défend en grosse blinde. Flop As-3-2 avec deux cœurs, je mise 150 000. Turn Q qui ouvre un deuxième flush draw (j'ai l'As de carreau). Je fais 450 000, il paie. River A, je fais 300 000, il réfléchit et passe. Je pense qu'il avait un flush draw manqué." Cela fera 29 BB à la reprise pour Mika. - Flegmatic

Blast from the past

Juan Maceiras

Quatre lignes entre 2013 et 2018 sur des tournois à 200 balles entre l'Espagne et Las Vegas et depuis, plus rien. Pour se souvenir de Juan Maceiras, il faut avoir connu le poker du boom de la fin des années 2000, à une époque où les rooms online se comptaient par dizaines, avec des budgets mirobolants leur permettant de signer des joueurs à la pelle à la moindre semi-perf'. L'Espagnol est de ceux-là. Triple finaliste EPT entre Barcelone, Varsovie et Madrid, il a un temps porté l'écusson au pique rouge, avant de disparaître de la circulation peu après le tournant des années 2010. Pour sa résurrection publique, Maceiras ne fait pas les choses à moitié. Non seulement de signer sa première place payée sur un Main Event WSOP, le voici désormais chipleader avec près de 17 millions de jetons, alors que l'on approche de la barre des cent joueurs restants.

"Il vient de prendre plusieurs énormes pots, nous raconte ShiShi, déplacé à sa table. Sur le dernier, il open UTG+1, payé quatre fois par UTG+2, bouton, SB et BB. Flop 8-7-5 avec deux trèfles. Il c-bet cher à 500 000, snap shove à sa gauche pour 3,6 millions. Il paie avec paire de 5 contre J9. Turn 7." C'est la vida loca pour Juan. - Flegmatic

Nicholas Rigby

Il fut l'un des grands animateurs de ces dernières journées et le chouchou des caméras de PokerGO. Après avoir longtemps joué avec le feu durant le Day 5 en multipliant les moves enflammés avec des merguez, Nicholas Rigby a fini par se brûler. Il termine 131e pour 67 700 $. À noter qu'il a été suivi quelques minutes plus tard par l'excellent Roman Hrabec (128e), double finaliste lors de l'EPT Londres et nouvel habitué de la scène High Roller.

Le 1% pas trop mal

Il reste XX joueurs Level 27 : 50 000 / 100 000, BB ante 100 000

Salle pleine

Ça y est, le field de ce Main Event ne tient plus qu'en deux chiffres. Ce qui veut dire que les joueurs actuellement assis autour des tables de l'Event Center du Horseshoe ont devancé 99% des inscrits au plus gros Big One de l'histoire. C'est bien. C'est même très bien. Mais une fois arrivé là, on en veut toujours plus. Pourquoi se contenter de 67 700 $ quand il reste moins de cent joueurs à battre pour rafler les 12,1 millions de dollars à la gagne et atteindre l'immortalité pokeristique ? Attention quand même à ne pas se voir trop beau, trop vite : le Champion du Monde 2023 ne sera couronné que dans cinq jours. Il va falloir en jouer des coups de poker avant d'arriver jusque-là. Tant mieux, on va pouvoir vous les raconter.

Al inicio del Main Event éramos ?? (mal contado) el 1% del field (104 que yo contara en field de 10.046).

Ahora, 100 left, somos el 5% #SeGana

— Álex Hernando (@hernando_alex) July 12, 2023

Notre collègue de Winamax.es Álex a de quoi être fier : ils sont encore 5 Espagnols en lice à 100 joueurs restants, sur les 104 à avoir joué le tournoi. L'art de défier les statistiques.

Shishi dit merci Davidi

Shishi

Il patientait sagement depuis le début de journée en attendant son spot. Il l’a enfin trouvé ! Avec AA, Shishi 3-bet 570 000 sur un open HJ 200 000 de Ludovic Geilich.

Le flop vient 10102 et Shishi c-bet à 400 000… Et voit le Britannique lui revenir dessus : check-raise 900 000. Mickael Berrio (c’est son vrai nom) call.

5 sur la turn, Ludovic fait tout petit : 450 000 pour suivre, ce que fait encore Shishi pour voir la river 9s. Cette fois, Geilich fait plus gros : Tapis, pour les 1 800 000 restant au Français, qui entre alors dans le tank. Une, deux, trois, cinq, sept minutes s’écoulent et Shishi fixe son adversaire… Il a pris sa décision : Payé !

Geilich montre QJ, pour une belle pampa, les deux As sont bons !

Shishi

« Tu sais ce qui m’a fait call, demande le héros en venant débriefer sur les bords du rail ? C’est un tell. C’est grâce à Davidi que je call. Il m’a donné quelques conseils sur les tells physiques, notamment sur les pulsations. Sur ce coup, ça m’a fait penser qu’il était en bluff ».

On savait qu’il y avait du Génie dans notre Shishi.

(Au moins) six chiffres pour tout le monde

77 joueurs restants Tous les prochains sortants encaisseront 109 400 $ ou plus Level 28 : 60 000 / 120 000, BB ante 120 000

Muito obrigado

Clément Richez

Ça veut dire "Merci beaucoup," en portugais. Deux mots que Clément Richez aurait pu lâcher à son voisin de droite Carlos Henrique, à qui il vient de rafler un joli pot. Un de plus à ajouter à sa collection du jour. L'histoire commence par une ouverture à 250 000 du Brésilien au low-jack, et un 3-bet du Français un cran plus loin. Le cofondateur de la Team ATM opte pour un c-bet à 550 000 sur le flop Q93 et se fait check/raise à 1,35 million. C'est payé, senhor. Sur le K turn, Carlos mise petit, à hauteur de 1,3 million.

Clément jette alors un regard à droite et demande un compte à son voisin, qui joue environ 2,5 millions supplémentaires. C'est l'info qu'attendait bibibiatchEZ pour annoncer "all-in". À peine le temps d'avancer une pile de jetons qu'Henrique a déjà rendu ses cartes au croupier. Clément Richez est le premier Français de ce tournoi à atteindre un tapis à huit chiffres. Il reprend sa place dans le haut du peloton, avec un tapis de plus de 11 millions.

Coup de chaud pour ShiShi

ShiShi

Décidément, ShiShi multiplie les gros coups sur ce Day 6. Après avoir trouvé un carré d'As lors du premier niveau, claqué un hero call lors du second, il vient de subir un nouveau mal de crâne. Derrière une ouverture du siège 1 en milieu de position, Mika défend sa grosse blinde. "Il est arrivé à la table il y a cinq minutes," m'explique Timothé, vidéaste pour le compte de Kill Tilt et qui ne quitte pas son héros d'une semelle depuis une semaine. Une information importante, qui signifie que l'adversaire de ShiShi ne l'a donc pas vu payer gagnant pour sa survie un peu plus tôt.

Toujours est-il qu'il envoie un premier barrel sur le flop K55 et un deuxième à 325 000 sur le turn 2. Il n'aura pas le temps d'en placer un troisième, Mikael prenant l'initative sur le J river, avec ce qui ressemble à un blocking bet, pour 275 000. Pas de quoi décontenancer son voisin, qui ne met que quelques secondes avant de se saisir d'une pile de jetons bleus. C'est une relance, à hauteur de 2,2 millions. ShiShi ouvre de grands yeux. "Tu veux que je te paie ?, demande-t-il. J'ai une grosse main..." Le Francilien se concentre ensuite sur son adversaire, le fixant intensément comme il l'avait fait lors du niveau précédent. Mais cette fois, de révélation, il n'y aura pas. Et de call non plus, ShiShi préférant conserver un stack d'une trentaine de blindes. Il y aura de meilleurs spots.

Lazaro tombe dans le puits

Rene Lazaro

C'en est fini pour Rene Lazaro. Si son tournoi s'achève sur un bad beat Roi-Valet contre Roi-9 en bataille de blindes pour remonter à 30 BB, le dernier de nos qualifiés Expresso transforme 25 € en un chèque à 92 600 $, venant récompenser sa 83e place. "On en veut toujours plus, c'est normal, a-t-il confié à notre collègue de Winamax.es Álex, mais je suis très content du tournoi que j'ai fait. Je suis surtout très satisfait de ma façon de jouer."

Pas trop difficile d'échouer si près du but après avoir monté un énorme tapis lors des Day 3 et 4 ? "Je ne suis pas le genre de personne à être affecté par une élimination. Tu ne me verras pas triste pour de ça. Cela reste un excellent résultat, une super perf' financière et une expérience inoubliable. J'aurais fait ce tournoi de toute façon, mais entre payer le buy-in de ma poche et le jouer pour 25 €..." Mais n'allez pas croire que Rene va en rester là pour autant. "Aujourd'hui, je vais me déconnecter et me reposer, mais je jouerai probablement demain. Il y a un tournoi Shootout qui me tente." Alors bonne chance, et encore bravo ! - Flegmatic

https://t.co/nUAWX7gAGg

— PokerGO (@PokerGO) July 12, 2023

Le Main Event se vit intensément dans chacune des salles du Paris et du Horseshoe. Comme ici, au moment du main par main de l'Ultra Stack à 600 $. Les joueurs ont fait plus de bruit quand Toby Lewis a abandonné sa couleur max contre le bluff de Daniel Vampan que lorsqu'ils sont entrés dans l'argent !

La France prend un aller-retour

ShiShi et Jonathan Therme éjectés du tournoi sur deux coups étrangement similaires (78e et 77e, 109 400 $ chacun) Les espoirs du clan tricolore reposent sur Clément Richez et Estelle Cohuet Il reste 69 joueurs Main Event 10 000 $ (Day 6)

Scroggins, le grand méchant du film

Dans tout bon film d’horreur, il faut un méchant charismatique. Un personnage cruel dont le regard noir provoque l’effroi, le dégoût. Ce mercredi soir à Las Vegas, il était incarné par Daniel Scroggins. Un rôle interprété à la perfection par le grinder américain.

Daniel Scroggins

Une masse aussi imposante que son tapis, un crâne chauve impeccablement rasé, un visage patibulaire, qui hantera certainement les cauchemars de nos héros français. Depuis quelques heures déjà, Daniel fait sa loi en table 600 et écrase sans pitié les audacieux qui se dressent devant lui. Jonathan Therme fait partie de ceux qui ont eu le malheur de se mettre sur sa route.

Open de Jonathan 240 000 au bouton et défense de Scroggins pour voir le flop KK3. Therme fait tout petit, une blinde (120 000), payée rapidement par Daniel. Turn Q, check Scroggins, check Therme et un 4 apparait sur la river. Une blank, a priori, qui inspire un lead 475 000 à Scroggins. Jonathan réfléchit une minute, s’empare d’une pile de jetons gris et l’avance sur le tapis, pour un raise à 1 600 000.

Le grand méchant grimace, regarde ses jetons, puis en envoie un devant lui en guise de call. Therme révèle alors son AK, que tout le monde pense gagnant jusqu’à ce que Daniel retourne… 44.

Une main invisible, broyant d’un coup d’un seul le stack de Therme, qui tombe sous les 20 blindes. Scroggins, impassible, ramasse les dégâts et passe la barre des 10 millions.

La dame qui pique

ShiShi

On jouait alors l’une des dernières mains du niveau, mais le croupier trouve le temps d’une nouvelle donne avant le dinner break. Shishi ouvre le pot au low-jack pour 240 000 et tout le monde fold jusqu’à ce satané Daniel Scroggins. L’Américain ne semble pas rassasié et prend pour cible l’autre Français de la table, avec un 3-bet à 1 050 000. Shishi paie.

Le flop vient 1026 et Scroggins c-bet pour 750 000. Shishi paie encore. J sur le turn, une carte qui fait ralentir l’Américain. Check et Shishi reprend l'initiative : 1 300 000 pour suivre. Tout le monde est déjà parti diner. Il ne reste que les deux protagonistes et Ludovic Geilish, qui observe derrière la table, ainsi que les spectateurs, majoritairement français.

Beaucoup s’attendent à ce que le coup s’arrête là, l'action et le board semblant en faveur du Français. Mais Scroggins n’est pas du genre à laisser une proie s’extirper de ses griffes : tapis annoncé, pour les 2 600 000 restants à Mika.

Dans un même mouvement, Shishi regarde une dernière fois ses cartes, puis les retourne après avoir avancé une pile de jetons au milieu : JJ. Top set. Il se lève du même coup pour voir le jeu de son adversaire, en espérant ne pas voir de couleur : QQ. Shishi est devant ! 11 millions de jetons au milieu, qui iront vers Shishi s’il parvient à éviter les quelques outs de Scroggins… Q river.

L’Américain a frappé son brelan, qui assomme Shishi, et du même coup le rail français. Tout le monde est horrifié par cette river, qui fait taire tous les observateurs. Sonné, Mikael reste quelques secondes debout derrière sa chaise, le temps de déguster, puis quitte l’espace de jeu déjà vide.

Shishi, une semaine de folie

ShiShi

Évidemment, quelques secondes apres cette river, le moment n’est pas à l’interview, ni même aux commentaires. Mais nul doute que Shishi reviendra vers nous pour évoquer cette sortie effroyable. Dans les prochaines heures, le dégoût laissera peu à peu place à la fierté et le Français réalisera son parcours épique.

Débarqué à Vegas deux jours avant le Main Event, Shishi ne s’attendait à rien. Il voulait simplement vivre une expérience, immortalisée par la caméra de Timothé. Tous les adeptes de Kill Tilt, toute la famille CPiste et tout le poker français ont suivi son odyssée dantesque.

Dès le premier jour, Shishi lançait son Main Event avec un move de génie pour éviter le bust avec full contre carré. Derrière, il grindait toute la journée pour monter un stack de compétition, qu’il faisait fructifier de jour en jour, jusqu’à la démonstration de la bulle. Mika écrasait sa table pour s’inviter dans le cockpit du tournoi et pilotait avec aisance pour planer dans les hauteurs du chipcount.

En observant son attitude à table, ses moves de roublards, sa gestion émotionnelle, personne ne pouvait penser que l’animateur radio jouait là l’un de ses premiers grands tournois. Sur le plus beau du monde, il aura tout vécu. Il a craqué deux As avec deux Rois, il s’est fait craquer deux As avec deux Rois, il a fait tourner la tête de Jason Koon, il a pris deux Rois contre deux Dames pour tomber à deux blindes lors du Day 5… avant cette remontée mythique, qui lui permettait d'attaquer le Day 6 avec cinquante blindes.

ShiShi

C’est le tapis qu’il avait au moment d’engager l’action contre Scroggins. Malheureusement, ce n’est que dans les films que les gentils gagnent à la fin. Cette river n’enlève rien au mérite et à la performance de notre héros CPiste. On le savait bon joueur de cash game, animateur hors pair. Cette transition vers le MTT s’annonce prometteuse. Cette semaine, il a prouvé qu’il avait sa place parmi les grands. Bravo ShiShi. - Fausto

Johnny, Johnny come home

Jonathan Therme

Le retour du dinner break était porteur d'espoirs pour Jonathan Therme. Peu après avoir remis les pieds dans l'Event Center du Horseshoe, le Bordelais trouve un spot de double up : As-Roi contre As-10. Pas d'horreur à signaler, et John remonte autour des 25 blindes. Une ou deux orbites plus tard, il se retrouve en bataille de blindes contre Juan Maceiras. L'Espagnol ouvre à hauteur de 3,5 fois la grosse blinde, et Jonathan défend. Sur le flop A98, l'ancien Team Pro PS fait grossir le pot de deux blindes. Payé de nouveau.

Personne ne s'attend à ce que l'action s'envenime à ce point à l'apparition du 6 turn. Juan s'empare d'une pile des jetons orange d'un million qui viennent d'être mis en circulation et la fait passer la ligne : il ne demande ni plus ni moins que le tapis du Français, soit 3,2 millions. "C'est quasiment deux fois la taille du pot !," s'étouffe Erwann Pécheux dans le rail. Un rail, justement, qui n'en finit plus de grossir, suspendu à la décision de Jonathan. Tout comme la veille, avant qu'il ne claque l'un des (sinon le) hero calls du tournoi, Therme prend tout son temps. Pour repasser l'action dans sa tête, mais aussi observer son voisin de table. "Je n'aimerais pas qu'il me regarde comme ça...," commente Nicolas Plantin, autre curieux tricolore amassé autour de la table. La réflexion est intense : une issue positive à ce call lui permettrait de remonter au niveau de la moyenne. Dans le cas contraire, il n'aurait éventuellement qu'une carte pour le sauver.

Jonathan Therme

La clock est finalement appelée contre lui. Jonathan passe 25 secondes à dépouiller Juan Maceiras du regard. De là où nous sommes alors placés, l'Espagnol ne semble pas bouger d'un pouce. "Five... Four... Three..." Le compte à rebours final démarre. Il n'ira pas à son terme (vous l'avez ?). John avance une pile de jetons et retourne Q9. Maceiras fait la grimace, récupère péniblement ses cartes et montre... J4. C'est un nouveau hero call ! Johnny l'a encore fait ! Il va doubl...

Pas le temps de célébrer. La croupière n'a mis que quelques secondes à sortir la river. C'est un 3. Juan Maceiras a trouvé sa couleur. Exactement comme ShiShi, Jonathan Therme termine crucifié par la dernière carte du board. Exactement comme ShiShi, il a été poussé dans ses derniers retranchements par un joueur agressif, et a pris la bonne décision. Exactement comme ShiShi, son run sur le Main Event s'arrête en cours de Day 6, pour un gain de 109 400 $. Sa première place payée sur le Big One. Son meilleur gain live en dix ans de carrière. Son premier cash à six chiffres. Longtemps dans l'ombre de certains de ses très bons amis qui empilaient les perfs aux WSOP et ailleurs, celui qui a basiquement appris à jouer à Romain Lewis est passé en pleine lumière durant ces six jours de tournoi. Impressionnant par sa composition à table, bluffant de justesse dans ses lectures, capable d'aspirer à lui les jetons avec une régularité désarmante, sans jamais avoir à montrer ses cartes ou presque, ce féru de poker live a prouvé, si besoin était, qu'il est taillé pour ce genre d'événements. Cette maudite variance l'a empêché de transformer cet excellent deep run en quelque chose d'encore plus grand. Mais on sait que l'expérience accumulée durant cette semaine lui sera utile pour repartir de plus belle, et encore plus fort. GG Johnny ! - Flegmatic

Ludovic Geilich

Après nos deux Frenchies, ce fut au tour de l'Écossais Ludovic Geilich de prendre la porte (76e)...

John Duthie
...suivi par le fondateur du circuit European Poker Tour John Duthie (72e, 109 400 $ chacun). Français, Britanniques : unis dans la déception.

Cœur avec les mains
Terminons quand même avec un peu de douceur dans ce monde de busts.

À jamais la première

Dernière femme en lice sur le plus gros tournoi du monde, la première joueuse à remporter la Top Shark Academy termine 68e de son premier Main Event WSOP (130 300 $) Aucune déception, que du bonus, Estelle Cohuet a pris du plaisir jusqu'au bout Il reste 65 joueurs Main Event 10 000 $ (Day 6)

Estelle Cohuet

De son entrée dans le tournoi jusqu'à l'interview qui a suivi son élimination huit jours plus tard, Estelle Cohuet ne s'est jamais départie de son rire. Des éclats de voix si fréquents et si communicatifs qu'ils lui attirent instantanément la sympathie de ses voisins de table et de tous les observateurs qui gravitent autour. "Estoy bien. Je suis bien," sont ses premiers mots au moment de venir la féliciter devant le bureau des payouts, son petit ticket indiquant "68e place" dans la main. À moitié française, à moitié espagnole, la native de Millau résidente de Palma de Majorque était déjà très bien intégrée au sein de la communauté poker ibérique. C'est en partie grâce à cette dernière que Dourbie en est arrivée là. Soutenue en début d'année par une poignée de réguliers et une armée d'anonymes, elle sortait vainqueur, contre toutes attentes - y compris les siennes -, du vote de repêchage lui ouvrant les portes de la finale de la Top Shark Academy espagnole. Une finale qu'elle allait outrageusement dominer, pour devenir la première femme de l'histoire à acquérir le statut de Top Shark, France et Espagne confondues. Déjà à l'époque, elle n'en faisait que peu de cas, préférant mettre en avant son parcours personnel, son profil cartes en main, et son abnégation pour franchir une à une les étapes de la compétition.

Estelle Cohuet TV

Un parcours qu'Estelle a en quelque sorte reproduit sur ce Main Event. Son premier Main Event. Dès le Day 1B, elle prenait les rênes du Team Winamax, devant les expérimentés Gaëlle Baumann et Adrián Mateos. Avec la force de l'insouciance et un atout non négligeable : son image. Encore en 2023, les clichés sur les joueuses de poker ont la dent dure. Estelle le sait et elle comprend très vite comment en jouer. Pendant que la majorité de ses adversaires la prennent pour la nit de la table, elle multiplie les bluffs. C'est alors que ses voisins se rendent compte de sa stratégie qu'elle se met à leur montrer des monstres. Changements de rythme, intelligence tactique et profiling. Estelle a beau avoir joué l'immense majorité de ses mains aux tables online, elle sait déjà s'adapter et se sent totalement dans son élément. "Le niveau n'est pas plus élevé que sur les tournois que je joue sur Winamax !," nous a-t-elle soufflé plus d'une fois. N'y voyez aucune arrogance, mais plutôt une prise de conscience : elle n'a pas à avoir peur. Ce tournoi hors norme, elle va le jouer normalement.

Estelle Cohuet - Kara Scott

Pourtant, chaque jour apporte son lot de nouveautés et de petites contrariétés. Dès la première main de son tournoi, Estelle perd les deux tiers de son tapis de départ. "Honnêtement, je n'étais pas bien, avoue-t-elle. Je me dis 'Merde, je ne vais quand même pas bust la première...'" Une quinte flush la remettra rapidement en selle. Au Day 3, elle s'offre le King Bruno Fitoussi sur un 3-way all-in rocambolesque. Au Day 4, outre l'entrée dans les places payées, elle retombe dans la zone rouge suite à un bad bat avec deux 10 contre deux 8. Au Day 5, elle débute à contrecœur la journée sur le plateau télévisé, sur lequel elle va rester durant quatre des cinq niveaux de la journée, tout en continuant à jouer son jeu habituel. Enfin, au Day 6, suite à l'élimination rapide de Nikita Luther, elle reçoit le titre honorifique de Last Woman Standing. Tout ça, sans paniquer, sans s'affoler, mais en restant elle-même. "Être la dernière femme du tournoi, je m'en fichais un peu. C'était plus important pour eux que pour moi. Mais j'ai joué le jeu bien sûr. Et c'est de la bonne publicité, pour moi comme pour Winamax." Saluée par Mark Teltscher, adoubée par Kara Scott, notre Pro reçoit les applaudissements nourris et mérités de l'Event Center du Horseshoe au moment de quitter la zone de tournoi.

Estelle Cohuet OUT

Sa dernière journée de Main Event, Estelle l'a disputé avec les moyens du bord. C'est-à-dire pas grand-chose. En mode survie une majeure partie de ce Day 6, la Top Shark grappille quelques petits pots de ci, de là, n'hésitant pas à s'engager quand il le fallait, à l'image de ce 2-barrel shove gagnant contre Toby Lewis. Constamment entre 10 et 20 BB, elle finit par trouver un spot préférentiel : Roi-10 de SB dans un pot non ouvert pour ses douze dernières blindes. Malheureusement, son voisin de gauche se réveille avec As-Dame. Ni une, ni deux, la Française se lève et dégaine son téléphone pour immortaliser ce qui peut être le début d'une belle remontada. Trois briques au flop, un As turn, Estelle est drawing dead.

Estelle Cohuet OUT

Ses longues heures accrochées à son petit tapis lui ont permis de franchir plusieurs gros paliers, jusqu'à atteindre celui à 130 300 $. Deux fois et demi le montant de son contrat de Top Shark ! Et ce, en plus de souvenirs qui resteront longtemps gravés. "J'avais une assez mauvaise image de Vegas. Une ville aux portes du désert, avec tous ces golfs, ces piscines, ces lumières... Écologiquement c'est quand même un désastre. Et j'ai beau adorer le poker depuis toutes ces années, je n'aime pas du tout le milieu des casinos. Donc autant dire que je ne serais jamais venue ici de moi-même en vacances." Mais ça, c'était avant. Avant de se laisser emporter par la foule de ces World Series et l'atmosphère globale qui régnait au Paris et au Horseshoe. "Tout ce qui est lié au poker est super positif. Il y avait une super ambiance. Je n'avais qu'un seul objectif : c'était d'atteindre les places payées. Le reste, ce n'était que du bonus." Pour une performance gravée à jamais dans l'histoire du Main Event.

Today was a bad day

Au bout d’une journée calamiteuse, tant d’un point de vue de l’organisation que du run de nos Français, Clément Richez, notre dernier représentant, bust sur l’ultime main de ce Day 6. Le point final, d’une belle journée de m¨¨¨¨¨.

Rail

Il était notre dernier espoir. Toute la journée, nous avons observé l’hécatombe du clan français. Le premier sortait dès la première minute, sur la première main du jour, dans une indifférence relative, puisque Lorenzo Santos préférait la discrétion aux lumières du coverage. Avant le diner-break, nous pleurions le départ de notre Shishi national, assommé par une river effroyable. Au retour du diner, nous digérions celle de Jonathan Therme, sali par une river toute aussi odieuse. Dans la foulée, la belle histoire d’Estelle Cohuet prenait fin en table extérieure et à deux heures de la fin du Day 6, il ne restait déjà plus qu’un joueur pour sauver l’honneur français (voir le détail de cette journée noire plus bas).

Nous avions cependant toute confiance en cet homme. Clément Richez, boss de la Team ATM, joueurs de cash game accompli, redouté, expérimenté, ayant joué sur tous les continents, pour des montants parfois affolants. Disposant d'un stack conséquent et béni par les Dieux du Poker depuis le début de la semaine, Clément avait tous les atouts pour aller loin, même seul contre tous. Deux heures plus tard, l’homme aux mille tatouages était éliminé du tournoi, sur l’ultime main du jour.

Clément Richez OUT

La main en question est un flip des plus banals. Open-shove A-9 au Hijack pour 12 blindes, payé par deux cinq en BB et la pocket paire tient. Cependant, le tournoi ne s’est pas joué sur ce flip, mais bien deux heures plus tôt, sur un coup de mutant, que Richez ruminera certainement pendant quelque temps.

Open CO de Richez sur la blinde de Christopher Kimmel. L’Américain défend et le flop vient 456. Check-check et doublette du 6 sur la turn. Kimmel envoie 150 000 (1BB), payé. River triplette du 6, l’Américain balance négligemment 8 jetons de 100 000 au milieu. Richez prend une petite minute, met ses mains derrière son tapis et l’avance au milieu. All-in, pour les 4 millions restant à Christopher.

L’amateur américain, qui fêtait son 41e anniversaire aujourd’hui, va s’offrir un beau cadeau. Après cinq bonnes minutes de tank, Kimmel décide de payer. Richez montre son A10. Hauteur As, tandis que Chris a trouvé le call avec 53, pour un full. Un coup de haute voltige, que Richez regrettait amèrement.

« Je pense que c’est une catastrophe ce que j’ai fait, estime le grinder. Évidemment, j’ai toutes les over paires dans ma range, mais je n’ai pas suivi le plan que je m’étais fixé. Le but, c’était de me créer une image dégueulasse et d’en profiter » lâchait Clément, documentant en direct son tournoi via ses stories instagram. À froid, le joueur revient sur ce plan de jeu dont il a dévié.

Clément Richez

« Par rapport à mon look et à mon style de jeu, ma stratégie, c’était d’ouvrir beaucoup de mains, d’autant que les gens sont très passifs pré-flop. Ça gagne beaucoup d’argent de faire ça, tu voles plein de petits pots. En revanche, je vais très rarement bluffer river, parce que j’ai une image horrible. C’est ce que j’ai fait pendant tout mon Vegas. C’est d’ailleurs un des premiers bluffs river que je fais du séjour », confesse Richez, qui pense avoir été perturbé par les mains qu’il a vue ces derniers jours autour du Main Event.

« Honnêtement, la fatigue a joué. Mais aussi le fait de voir des gens faire des folds incroyables dans le Main Event. On a vu Toby Lewis fold nut-flush, moi je fold full. J’ai pris que ça en compte, j’en ai oublié mon image. Si j’avais été quelqu’un d’autres, je pense qu’il aurait fold. Mais puisque c’est moi, il a payé ».

En un coup, Clément Richez voyait son stack réduit en cendres. Mais au poker, il suffit d’un jeton et d’une chaise. Bibibiatch en faisait une nouvelle démonstration en renaissant tel un phénix, sur un numéro qui réchauffait notre cœur meurtri. Un stop & Go réussi avec J9, qui trouvait le J au flop pour abattre le A9 adverse. Puis une orbite plus tard, un superbe 30-70 avec A8 qui connait avec le 8 au flop pour salir le AJ de son opposant. En quinze minutes, Clément remonte de 700 000 à 4,5 millions.

« Comme j’ai eu de la chance tout le tournoi, il y a comme un sentiment d’invincibilité. D’ailleurs, c’est drôle, le seul moment où je ne l’ai plus eu, où je sentais que j’allais perdre, c’était le dernier. C’est comme si tu pouvais sentir les choses. Evidemment c’est des conneries, mais sur les autres, j’étais chill, et celui là, j’avais un mauvais pressentiment ».

Clément Richez payouts

La remontée fantastique permettait à Richez de prendre quelques paliers, mais rien de plus. Ne trouvant aucun spot sur la dernière heure, Clément dégrindait gentiment vers les quinze, puis les douze blindes, jusqu’à ce flip ultime.

Notre dernier soldat tombe dans ce dernier affrontement, mais n’oublie pas toutes les batailles remportées durant ce tournoi mémorable, d’autant que Clément avait commencé la guerre avec une jambe en moins, emballant seulement 10 000 jetons en fin de Day 1. Une remontée supersonique au Day 2, un one-man-show en table télé au Day 3, une envolée superbe au Day 4. Clément a vécu une épopée fantastique, avec sa philosophie caractéristique.

Loin du stress qui peu habité les deep-runers du Main Event, le joueur apparaissait plein de gratitude, cherchant à vivre pleinement chaque instant de son Odyssée pour en apprécier toutes les saveurs.

« Je prenais vraiment ce tournoi au jour le jour. Je ne me suis jamais dit “ha, je suis Day 5, ha je suis Day 6, il y a tant de millions…”. J’ai pris le tournoi main par main et j’essayais de faire de mon mieux. Mais ce qui est fou, c’est qu’il suffit d’une erreur et t’es out ».

Impressionnant dans ses décisions, comme sur ce full qui a fait le tour des réseaux, exemplaire dans son attitude, agréable avec les couvreurs, à l’aise devant la caméra, Clément Richez a montré cette semaine le beau et grand joueur qu’il est. On connaissait son talent, son équipe, la redoutable Team ATM, on savait la terreur de cash game online qu’il était, mais cette semaine, nous avons appris à le découvrir un peu plus. Et ça nous donne envie de le voir plus souvent. D’ailleurs, c’est quand que l'on te revoit Clément ?

Clément Richez jetons

« Je vais faire Vegas tous les ans, comme d’habitude, promet le joueur, qui a également d’autres projets en tête. On a sorti une chaine Youtube avec Ben (Chalot, son acolyte de la Team ATM), on va poster des mains du Main Event, notamment celle où je fold le full, les duels contre Tom Dwan… Ça va être des bons souvenirs aussi pour moi. C’était quand même un rêve ! Quand j’ai vu Tom Dwan à la table, je me suis dit c’est bon, je m’en fiche de bust. C’est lui qui m’a fait commencer le jeu. Je regardais toutes ces mains, je décortiquais toutes ces mains à l’époque. Jouer contre lui, c’était vraiment génial ».

Quelle journée de merde !

Marton Czuczor

Ce Day 6 ne nous a offert aucun répit. Un clan français décimé ; des bad beats venus d'un autre monde valant des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars ; des conditions de travail rendues inutilement compliquées ; un Espagnol qui ship un bracelet (on plaisante Álex) : retour en images sur un 12 juillet qui restera dans le livre noir du poker tricolore.

Lorenzo Santos Rodriguez

Une main : telle fut la durée de ce Day 6 pour Lorenzo Santos Rodriguez. Né de parents espagnols mais ayant vécu toute sa vie entre la France et la Suisse, il a perdu le flip de la survie pour ses huit dernières blindes. 149e place et 67 700 $ pour le prof' de maths venu de Haute-Savoie.

ShiShi
Le premier gros coup de massue sur la tête du clan français est intervenu juste avant le dinner break. Une river cruelle pour ShiShi, qui avait réussi à faire en sorte que son adversaire mette tous ses jetons au milieu avec une main dominée, pour un pot de 100 blindes. Après être tombé à deux blindes lors du Day 5, Mikael Berrio achève son incroyable run sur une 78e place, pour 109 400 $.

Jonathan Therme
Une pause dîner plus tard, le scénario cauchemar se reproduisait pour Jonathan Therme. Un nouveau hero call pour éventer le semi-bluff de l'Espagnol Juan Maceiras, et une rivière sans pitié, éjectant Johnny un rang plus loin (77e, 109 400 $).

Estelle Cohuet
Elle a été notre éclaircie au milieu de la tempête. Rapidement proclamée Last Woman Standing, Estelle Cohuet a poussé le bouchon jusqu'en 68e place, malgré une journée difficile. Nouvelle coqueluche de la télévision américaine, Dourbie repart de son premier Big One avec des souvenirs plein la tête et un chèque de 130 300 $.

Clément Richez OUT
Tout un symbole : le dernier clou sur le cercueil tricolore a été planté sur l'ultime main de la journée. Histoire de boucler la boucle, c'est sur un flip qu'a pris fin le tournoi de Clément Richez, au terme d'une journée ponctuée par autant de hauts que de bas aujourd'hui. Pour l'une de ses rares sorties en tournoi, le cofondateur de la Team ATM termine 50e pour 188 400 $.

Et à part ça ?

Rail

En temps normal, nous aurions conclu cet article et cette journée par une série de brèves mettant en scène les derniers protagonistes de ce tournoi. Ceux qui ont monté des jetons, ceux qu'on connait déjà et qu'il faudra surveiller de près, ceux que l'on a appris à connaître, ceux que l'on ne connait toujours pas après six jours de tournoi... Mais sans accès à la zone de tournoi aujourd'hui, difficile de suivre les évolutions des tapis de chacun et de vous raconter de belles histoires. Parce qu'on ne va quand même pas se quitter comme ça, voici une galerie photos d'hommes politiques de la Quatrième République.

Vincent Auriol

Rare image de l'énorme call de Vincent Auriol lors de son heads-up contre Auguste Champetier de Ribes, qui lui permettra notamment de rafler le titre de Player of the Year 1947.

Georges Bidault
Georges Bidault (à gauche) restera comme le grand perdant de deal à trois avec Anthony Eden (au milieu) et John Foster, en finale du BPT Bruxelles 1948.

Pierre Pflimlin
Pierre Pflimlin, en train de ratifier les accords de Rozvadov 1950, entérinant la création du New York Back Raise.

Maurice Thorez
Longtemps chipleader du parlement, le PCF de Maurice Thorez bust finalement en 1951 sur un joli gamble de la Troisième Force menée par Henri Queuille.

René Coty
René Coty chantant la Marseillaise après son bracelet en poker chinois remporté en 1953 contre Konrad Adenauer.

Heureusement, demain est un nouveau jour. Et en plus, c'est mon anniversaire.

Fausto & Flegmatic

49 joueurs avancent au Day 7

WSOP
Joshua Payne (USA) 47,950,000 Juan Maceiras (Espagne) 40,500,000 Daniel Weinman (USA) 24,375,000 Richard Ryder (USA) 22,650,000 Tim Van Loo Vienna (Autriche) 21,700,000 Alec Torelli (USA) 21,075,000 Daniel Scroggins (USA) 20,800,000 Pierpaola Lamanna (Italie) 18,875,000 Nicholas Gerrity (USA) 18,075,000 Ryan Tamanini (USA) 17,325,000

Daniel Vampan (USA) 17,000,000 Henry Chan (USA) 16,675,000 Christopher Kimmel (USA) 15,900,000 Toby Lewis (UK) 15,250,000 Jan-Peter Jachtmann (Allemagne) 14,975,000 Jose Ignacio Aguilera (Espagne) 14,950,000 Ruslan Prydryk (Ukraine) 14,150,000 Anirban Das (Italie) 13,375,000 Sachin Joshi (USA) 13,350,000 Cong Pham (USA) 13,200,000

WSOP
Adam Walton (USA) 12,225,000 Jack O'Neill Kinoulton (UK) 11,825,000 Alexander Villa Ottawa (Canada) 11,725,000 Andrew Hulme Stamford (UK) 11,725,000 Carlos Henrique Ferreira Silva (Brésil) 10,975,000 Dean Hutchison (UK) 10,800,000 Bryan Obregon (USA) 10,425,000 Gabi Livshitz (Israël) 10,300,000 Ryan Tosoc (USA) 9,450,000 Mark Teltscher (UK) 9,300,000

Joe Ghio (USA) 8,725,000 Andrey Pateychuk (Russie) 8,050,000 Sam Stein (USA) 7,875,000 Diego Daguilio (Italie) 7,800,000 Frank Bonacci (USA) 6,450,000 Steven Jones (USA) 6,250,000 Eric Schneider (USA) 6,025,000 Michael Berk (USA) 5,875,000 Logan Hoover (USA) 4,950,000 Maurice Hawkins (USA) 4,475,000

Matthew Wantman (USA) 4,425,000 Raj Vohra (USA) 4,300,000 Scott Berko (USA) 3,900,000 Yaroslav Ohulchanskyi (UK) 3,250,000 Masato Yokosawa (Japon) 3,175,000 Pavel Dyachenko (Canada) 2,575,000 Daniel Holzner (Italie) 2,050,000 Harsheel Kothari (USA) 1,600,000 Mitchell Halverson (USA) 1,150,000

Blindes au départ du Day 7 : 125 000 / 250 000 BB ante 250 000