redirection

WSOP 2023-Main Event - 5

Omar’s busting, yo !

Level 21 : 10 000 / 25 000, BB ante 25 000 Main Event 10 000 $ (Coup d'envoi du Day 5)

Unlucky number seven

Omar Lakhdari

Il manque quelqu'un en table 600, et on ne sait pas où est passé Omar Lakhdari. Heureusement, Jérémy Palvini est là pour remplir les trous dans notre bloc-notes. Deux histoires de paires de 7 qui ont mal tourné, semble-t-il... "Il relance UTG avec paire de 5, un mec fait tapis avec 77, il perd 300 000 sur le coup. Derrière, il fait tapis de BB après une relance du bouton. Roi-Dame, il perd contre 77."

Eliminé aux alentours de la 425e place, Omar Lakhdari remporte 37 500 $. Son premier résultat sur le Main Event des WSOP, et son plus gros cash dans la ville de Las Vegas. - Benjo

Dabou gone

Il était le Français le plus en danger aujourd'hui. Revenu avec moins de neuf blindes ce midi, Maxime Parys devait trouver un spot de double up, et vite. Une orbite passe avant que celui-ci se présente, sous la forme d'un AQ reçu en début de parole. Payé par une paire de 88, il perd malheureusement le lancer de pièce de la survie, suite à un board KT658. Ayant intelligemment patienté avant de mettre tous ses jetons au milieu, Maxime atteint le palier de gains à 40 000 $, et se classe 410e de ce Main Event. "Ce n'était que la deuxième fois que je le jouais, précise-t-il. La première fois, je n'avais même pas passé le Day 1, donc je suis très content de moi. Il y a toujours la frustration de bust, surtout sur ce tournoi, mais j'ai bien aimé la façon dont j'ai joué." GG Dabou. - Flegmatic

Il en faut bien un premier

Jérôme Finck

C'est en demandant gentiment à Linda, employée en charge d'enregistrer les payouts, que nous avons appris la nouvelle : Jérôme Finck fut le premier éliminé de la journée. Cette sortie en 441e place s'est produite alors que nous avions le dos tourné. Leader du clan français au terme du Day 1D, l'Alsacien récolte 37 500 $, son plus gros gain en live à ce jour. - Benjo

Berrio part au galop

Shishi n’est pas venu au Day 5 pour se promener dans le field. À peine entré dans l’enclos de l’Event Center, le joueur saute sur sa selle, cabre et part à toute vitesse. « J’ai transformé une main en bluff dès le deuxième coup, » confesse l’animateur du CP Radio, qui a trouvé un move malicieux en bataille de blindes.

Limp Shishi, check de Diego Ramos et le flop vient K75. Mikael c-bet pour 1 blinde (25 000), payé par le Canadien, pour voir la turn 4. Check Shishi, 60 000 en face, payé par Berrio quand vient la river 5. Check Shishi, 110 000 Ramos. Riposte du joueur français : Check-raise 305 000. Tank fold Ramos.

« Tu as le 5 hein. Tu l’as toujours n’est-ce pas, demandera le joueur ? - Qu’est-ce que tu veux que j’ai d’autre, » réponds malicieusement Shishi.

Berrio préfère que son combo n’apparaisse pas dans le coverage, mais ce qu’on peut vous dire, c’est qu’il avait bien quelque chose d’autre.

Sa table sera la première à casser. À peine débarqué en 622, Shishi se lance dans un nouveau duel de blinde contre Mark Teltscher, à qui il sous-tirera encore quelques jetons, cette fois en frappant le board. 1 725 000 pour Shishi, soit un demi-million de plus en une heure de jeu.

Palvini, le fold de folie

Des dégâts pour le clan français en table 600. Après la sortie d’Omar Lakhdari, c’est Jérémy Palvini qui perd gros lors d’un affrontement contre Jan-Peter Jachtmann.

Open KQ HJ du Français 50 000 et défense du Danois pour voir le flop K92. C-bet 35 000, payé. Turn 3, Jérémy envoie le second-bar : 95 000. Payé encore. River K. Palvini vient de trouver brelan : 3-barrel pour 145 000. Pas de quoi effrayer Jan-Peter qui rebondit sur la tête du Marseillais : Check/raise 560 000, soit la quasi-totalité du stack du Français.

Avec brelan et bloqueur trèfle, Jérémy ne sait plus trop quoi faire. Il observe longtemps son opposant, qui ne bronche pas d’une oreille. Après trois minutes, c’est fold par Jérémy, qui laisse voir le K ! « Show me » demande le Marseillais, mais le Danois n’est pas commode : « I show nothing ».

Le Marseillais a pris un coup dans l’aile, mais se garde un demi-million.

Chris Moneymaker
C'est officiel : un nouveau joueur sera sacré Champion du Monde cette année. Les espoirs de doublé n'auront pas tenu plus d'une heure durant ce Day 5, après les éliminations coup sur coup de Chris Moneymaker (403e) et Joe Hachem (402e). À noter que le casting s'est délesté de deux têtes d'affiche supplémentaires, Dario Sammartino (428e) et Chris Brewer (427e).

La structure du Day 5

WSOP
WLorsque l'ultime niveau de la journée débutera, aux alentours de 22 heures 30, la grosse blinde aura la même valeur que le stack de départ quatre jours plus tôt...

Level Blindes BB Ante
21 10 000 / 15 000 15 000
22 15 000 / 30 000 30 000
23 20 000 / 40 000 40 000
24 25 000 / 50 000 50 000
25 30 000 / 60 000 60 000

Téléchargez la structure complète du Main Event

Main Event 2023 : le calendrier

WSOP
Hier, on n'était pas si loin dans nos prédictions sur le nombre de joueurs restants en fin de Day 4 : on en annonçait 500, il n'en y a eu que 441. Voyons si on peut faire mieux aujourd'hui. Ce soir à minuit, il ne reste plus que 144 joueurs en course pour le titre de Champion du Monde et le premier prix de 12,1 millions de dollars.

Lundi 3 juillet Day 1A
Mardi 4 juillet Day 1B
Mercredi 5 juillet Day 1C
Jeudi 6 juillet Day 1D
Vendredi 7 juillet Day 2ABC
Samedi 8 juillet Day 2D
Dimanche 9 juillet Day 3
Lundi 10 juillet Day 4 (jour de bulle)
Mardi 11 juillet Day 5
Mercredi 12 juillet Day 6
Jeudi 13 juillet Day 7
Samedi 14 juillet Day 8
Samedi 15 juillet Pause
Dimanche 16 juillet Finale (jusqu'à 4 joueurs)
Lundi 17 juillet Finale (fin)

Souriez, vous êtes filmée

Il reste 315 joueurs Level 22 : 15 000 / 30 000, BB ante 25 000 Main Event 10 000 $ (Day 5)

Tout ça pour ça

Simon Wiciak
De la patience, Simon Wiciak en avait à revendre en début de Day 5, avec son stack de 350 000 (22 BB). Il aurait pu faire partie des premiers éliminés de la journée. Au lieu de ça, c'est avec quasiment le même montant qu'on l'a retrouvé deux heures après le coup d'envoi : LURAKEN n'avait pas encore trouvé le spot de double-up, mais s'était maintenu à flot en conservant un bon timing sur ses vols de blindes.

Ce fameux spot de DU qui lui aurait permis de relancer la machine, il a fini par arriver… mais ce fut le dernier coup de son tournoi. Ouverture du joueur UTG, call du joueur UTG+1, la parole arrive à Simon en milieu de parole qui soulève les deux plus belles cartes du paquet. Inflation des blindes oblige, son stack de 300 000 ne représente plus que 10 BB : avec sa paire d'As, la décision est évidente (au-to-matique, dirait Gaston Onana). Le joueur UTG s'écarte du chemin. Son voisin, en revanche, a envie de tenter le coup avec sa paire de 2.

Simon me raconte tout cela devant le guichet des payouts : ai-je besoin de vous préciser quelle carte a été retournée sur le board ? Ça sera donc une élimination en 343e place et un prix de 44 700 $ pour l’ancien footballeur-slash-ancien ingénieur devenu pro. LURAKEN a beau ne s’est mis au live qu’en 2022, il cumule déjà deux ITM consécutifs sur le plus beau tournoi du monde… - Benjo

Coffee & TV

Estelle Cohuet TV
"J’en avais parlé à Stéphane [Matheu] ce matin : tout ce que je voulais, c’était de ne pas être en table TV. Bon, j’arrive, je suis sur l’une des tables secondaires. On joue une heure et demie, elle casse. Je me dis ‹ Fiou, tant mieux, je vais pouvoir retourner sur le floor ›. Sauf que non, je passe en table TV principale !" Chaque nouvelle journée de Main Event apporte son lot de nouveautés pour Estelle Cohuet. Même si celle-ci n’était donc pas la plus plaisante. « J’étais déjà passée en table TV à Aranjuez et Marrakech, et surtout à Aranjuez, ça m’avait fait déjouer. J’étais moins à l’aise de savoir que les copains allaient regarder et que j’y étais pour moi. Cette fois, j’y suis par hasard, et je m’en fiche de ce que vont penser les Américains. » C’est donc avec une petite boule au ventre, mais l’esprit relativement libéré que notre pro a démarré ce Day 5. Et ce sur les chapeaux de roue.

« J’ai trouvé un triple up facile, explique la Française. Le bouton relance pour me mettre à tapis, je paie en SB avec deux Rois, et la grosse blinde, qui couvre tout le monde, reshove. Le bouton fold et je gagne contre une paire de 2. » Comment passer à un million sans souffrir. « Attends, parce que ce n’est pas terminé ! Derrière, je retombe à 450 000 à cause d’un bluff qui n’a pas fonctionné. J’ai misé trop petit pour faire fold ce qu’il avait, à savoir une overpaire. Je pense que c’est sûrement bon contre un reg, mais ce n’en était pas un. » Un nouveau bluff, réussi celui-ci, lui permet de remonter à 600 000, avant un nouveau double up, avec As-Roi contre Roi-Dame pour passer de 25 à 50 blindes. « J’ai été très active à table, ils avaient vu mon bluff raté, donc je pense que c’est pour ça qu’il paie avec son Roi-Dame. Il a tank longtemps quand même. » Hier, on la pensait tight quand elle bluffait. Aujourd’hui, on la croit light quand elle max. Décidément, personne ne semble avoir les bons reads contre notre Top Shark ! - Flegmatic

Ça roule pour Kitbul

Davidi Kitai
On vous le dit depuis le début : c’est le tournoi de Davidi Kitai !

Dès le Day 1, il s’offrait une seconde vie avec un “runner-runner flush” magique pour s’extirper d’un duel double paire contre brelan. Peu après les places payées, il s’envolait grâce à un 7-4 suité qui trouvait deux paires au flop pour craquer deux Barbus. Hier encore, il trouvait la doublette avec son overpaire pour abattre un 8-6 qui avait fait deux paires turn. À plusieurs reprises, le Génie se faisait embarquer dans des setups où les jetons revenaient vers lui, non sans une certaine réussite.

Dès le premier niveau de ce Day 5, Kitbul encaisse un petit pot bien heureux, pour passer désormais la barre des 1,6 million de jetons.

Open Davidi UTG+1 50 000, call Daniel Evans, et la parole arrive à Marton Czuczor. Avec 165 000 devant lui (8 BB), le Hongrois pousse tout au milieu. Fold en urgence dans les blindes et la parole revient sur le Belge, qui relance à son tour. 280 000, un « click » pour faire fuir Evans et qui produit l’effet escompté. Showdown K9 chez Kitai et… KQ pour Czuczor. Ce diable de Hongrois a encore trouvé un spot favorable, pour pourquoi pas sauver son Main Event.

Le croupier dévoile le flop. 1093. Davidi a trouvé son 9, et même un deuxième 9 sur le turn. Le Belge termine même en full sur la river 3. Kitai prend un pot qui le fait remonter au-dessus de la moyenne et élimine du même coup un concurrent redoutable. « Nice hand » lâchent deux joueurs de la table, légèrement ironiques devant la réussite de Dav’. « Not so bad, can’t complain » répond le Belge, bien lancé dans ce Day 5. - Fausto

Berko pimp la Merco

Un Britannique prend le volant du tournoi. Déjà gros en début de journée, Scott Berko vient de remporter un pot déraisonnablement gros pour monter le plus gros tapis des 400 joueurs restants. C’est d’ailleurs l’ami Shishi qui avait lancé les hostilités, mais le coach Kill Tilt a trouvé un fold inspiré pour tout simplement sauver son tournoi.

Open Thomas Larson 60 000, 3-bet de Shishi 175 000 et cold-call de Scott depuis le bouton. Thomas paie. Les trois joueurs se retrouvent sur le flop 10102. Check Larson, check Shishi et 220 000 envoyés par Berko. Riposte de Larson qui fait 445 000. Avec deux Rois, Shishi trouve un fold cinq étoiles. Son oreille frémit de plaisir au moment d’entendre Scott annoncer “all-in”.

Au bout de quelques minutes, Larson décidera de payer avec… 88. Une paire très vivante contre le AK de Berko. « Je savais que t’avais les piques » justifie Larson. En revanche, il ne savait pas qu’un troisième viendrait sur la river 3. Scott Berko prend un pot à plus de 3 millions, portant son total à 6 900 000 jetons. « Si l’Américain ne vient pas dans ce pot avec ses 8, je bust sur ce coup » analyse Shishi, qui vient à son tour de s’offrir une seconde vie dans ce Main Event. Toujours 1,4 million pour notre CPiste. - Fausto

ShiShi dans la clock

ShiShi
ShiShi, encore. On arrive à hauteur de la table de Mikael Berrio pour voir étalé un board bien garni : 2J225. Sans avoir vu le début de la main, on devine que ShiShi est l’agresseur préflop puisqu’il est en position UTG, et que son unique adversaire est en petite blinde. Sur la rivière, c’est ce dernier qui a pris l’initiative, avec une mise de 200 000 qui semble bien embêter notre Français. L’animateur CP Radio réfléchit, réfléchit, réfléchit… avant de réfléchir, réfléchir et encore réfléchir. Ça fait beaucoup de réflexion, un peu trop au goût de ShiShi lui-même, semble-t-il, puisqu’après cinq bonnes minutes, c’est lui qui appelle un superviseur pour demander le time.

Clock ! ShiShi n’a plus qu’une minute pour se décider, c’est lui qui l’a voulu. Et ce n’est qu’à la toute dernière seconde du décompte qu’il va cliquer sur le bouton « call ».

Son adversaire n’est pas rassuré en retournant un J10 pour un full. Mais c’est la meilleure main : on ne verra pas les cartes de ShiShi, qui glissent face cachée dans la direction du croupier. Le Français chute à moins d’1,2 million, ce qui représente encore 40 BB. - Benjo

Anecdotes, statistiques et bustos récents

2 : le nombre de joueurs nommés Jonathan Cohen ayant réussi à atteindre le Day 5. Wu wu wu, ceci n’est pas le plus gros tournoi du monde, c’est une descente de police, bien joué Joe.

« Ma table est magnifique, le joueur en siège 5 est en train de pleurer de joie. Il n’y a que deux bons joueurs, c’est les deux Français. » - Signé : un Davidi Kitai heureux au tirage (de table).

Les sortants FR du Day 5 jusqu’à présent :

334e : Léo Soma 44 700 $
343e : Simon Wiciak 44 700 $
410e : Maxime Parys 40 000 $
425e : Omar Lakhdari 37 500 $
441e : Jerôme Finck 37 500 $

Nial Farrel
On devra désormais compter sans Nial Farrell, éliminé en 377e place, de même que Jason Koon (440e), Phillip Hui (380e), et un certain Thomas Larson (361e) qui, après vérifications, n’est pas le Tom Larson que nous croisons régulièrement sur les évènements live de Winamax, dommage.

Amanda Botfeld
340e place pour Amanda Botfeld... au lendemain de la 1166e place de David Botfeld. Un duo father/daughter qui ITM le Main Event, voilà qui est aussi adorable que rare.

300 joueurs, 9 Français

Level 22 : 15 000 / 30 000, BB ante 25 000 Main Event 10 000 $ (Day 5)

Et l’heure de Léo sonna

Léo Soma

Ses moves hardis nous ont régalé pendant ces cinq jours. Encore une fois, Léo Soma nous fait l’étalage de toute sa panoplie pokersitique: sa technique, sa compréhension des profils, des dynamiques, et surtout, son mental à toute épreuve, malgré les swings monstrueux, qui en auraient désarçonné plus d’un.

Bien lancé en ce début de Day 5, Olux voyait son élan stopper sur un call/muck, alors que son adversaire tenait une paire de 10 sur un board 89QJ5. « Il va falloir trouver une main. Ou bien un flop. Genre 6-5s avec une gutshot, et on est bien » plaisante Léo, alors que la grosse blinde arrivait sur lui. Il trouvera un spot bien plus favorable.

Open UTG, call MP, call CO et Léo complète en BB. Le flop vient 8J3. Quelques secondes de réflexion et Léo pousse ses huit blindes au milieu. Snap-fold UTG, snap-fold derrière, snap-call bouton ! Léo montre son J9. Top paire, tirage flush, backdoor quinte, Olux a tout sur ce board… C’est quand même dominé par le AJ adverse. Pas de cœur, pas de 9, la belle aventure de Léo Soma s’arrête en 335e position, pour 44 700 $. - Fausto

Greygoose à sec

Grégory Fournier

Avec un beau million de jetons pour reprendre les hostilités ce midi, Grégory Fournier avait de quoi se défendre aujourd'hui. Il aura finalement disputé moins de deux niveaux sur ce Day 5. "Je n'ai rien pu faire, pestait greygoose. Durant le premier niveau, dès que j'ouvrais, ou je me faisais 3-bet, ou je me faisais payer plusieurs fois. En tout cas ça n'a pas 'printé'. Et au retour de pause, je n'ai pas joué pendant 1h10. Ce que tu viens de voir, c'était mon premier spot." Tombé à 150 000, soit 5 blindes, il reçoit un A9 largement suffisant pour tout mettre en début de parole. Le hi-jack paie et Greg se retrouve en grande difficulté face à AK. Le flop 832 ne fait rien pour arranger ses affaires. Et si un 9 finit par tomber river... il est à pique, validant l'élimination du Frenchie en 300e place.

"C'est mon premier Vegas, je fais Day 4 du Milly Maker [41e pour 36 000 $, NDLR] et Day 5 de Main Event [pour 44 700 $ de plus], donc je ne peux qu'être content. Mais en vérité, je suis déçu, et surtout très frustré de ne pas du tout avoir pris de plaisir aujourd'hui." Telle est la dure réalité du poker de tournoi, quand une réalité peut en chasser une autre du jour au lendemain. GG Greg' pour ces deux perfs et à bientôt ! - Flegmatic

Les Richez toujours plus riches

Lors du Day 4, Clément Richez fracassait un à un ses adversaires en table télévisée pour prendre le brassard de l’équipe tricolore. Plus stacké, plus expérimenté que ses compatriotes, bibibibiatchEZ assume parfaitement son rôle sur ce début de Day 5. Clément montre l’exemple, grapille les jetons, et vient même de prendre l’un des plus gros pots du tournoi sur une énorme rencontre avec son voisin Thomas Zanot.

« Depuis le début de journée, je n’arrête pas de 3-bet papi et mami sur ma droite. Mon voisin de gauche l’a remarqué. Déjà avant la pause, je prends un spot de squeeze et lui me 4-bet, alors que je suis sûr qu’il n'a rien. J’ai fold et là, il s’est encore un peu chauffé. J’open, il me 3-bet, je 4-bet, et il me 5-bet jam A9 pour plus de 2,4 millions. J’avais deux Rois, et un magnifique Roi est venu au flop ».

L’Américain sera drawing dead dès le turn, et le co-fondateur de la Team ATM empoche un pot à 5 barres, le faisant grimper directement dans le Top 10 provisoire, alors qu'il reste désormais moins de 300 joueurs. - Fausto

What sorta @gpi award can Bill Klein win for this hand? pic.twitter.com/LCdjgKZfDo

— PokerNews (@PokerNews) July 11, 2023

Bill Klein ladies and gentlemen. Si vous avez compris quoi que ce soit à cette main, n'hésitez pas à nous envoyer une analyse détaillée à multiplex@winamax.fr.

Le hero call de l’été ?

Il reste 270 joueurs Level 23 : 20 000 / 40 000, BB ante 40 000 Main Event 10 000 $ (Day 5)

Samuel tombe de selle

Samuel Anclevic
Sa renaissance pokeristique se prolonge d’année en année. Au moment de découvrir Samuel Anclevic, lors du WPO Madrid 2022, le joueur nous confiait venir par hasard, pour le kiff, sans trop d’ambition pour son avenir dans le milieu des cartes.

Absent du circuit live depuis belle lurette, Samuel réalisait alors un superbe deep run sur le Main Event madrilène, pour faire le plein de confiance et renouer avec le plaisir du Live. Deux mois plus tard, il débarquait à Vegas, avec une bankroll largement insuffisante, mais parvenait à terminer runner-up d'un gros 1 500 $ Freezout, pour 225 briques.

La résurrection d’un grinder talentueux et sympathique, qui remet ça dès l’année suivante. Une win pour démarrer le Vegas 2023, sur un Omaha à 1K au Venetian, et un deep run sur le plus beau tournoi du monde avant de faire les valises.

Ce Day 5 de Main Event ne s’est malheureusement pas passé comme prévu. Une série de petits coups perdus le faisait retomber dans la zone rouge. Juste avant la deuxième pause du jour, Samuel trouve K7 au bouton. Suffisant pour envoyer ses neuf blindes. Le joueur en BB découvre A-4 et paie le tapis du Français. Personne ne touchera rien, Samuel est éliminé du Main Event en 283e position, pour 50 900 $. - Fausto

Jonathan dit les termes

Jonathan Therme
On tient l’un des hero calls du tournoi. Et le héros en question est Français. Jonathan Therme nous offre en direct un soul read spectaculaire pour aspirer l’âme et le stack d’Anthony Kennedy. Attention, ce pot de 2,6 millions est construit par un professionnel, ne reproduisez pas ça à la maison sur le Coffee Time.

Open de Johnny EP et flat d’Anthony Kennedy en MP. Les deux hommes se retrouvent sur le flop 249, check chez Therme, première praline du Britannique, pour 150 000. Johnny call.

Sur la turn 3, même séquence. Check, bet 260 000, Johnny call. River 6, check, “all-in” chez Kennedy, qui demande donc les 750 000 jetons restant au joueur français. Therme entre dans le tank. Une minute, deux minutes, trois minutes… « Time », demandé par Anthony.

Le floor se présente en bord de table, accorde quarante-cinq secondes supplémentaires, puis entame le décompte. 10, 9, 8… Johnny prend une pile de gris et call. Anthony agite sa tête, pas content, en retournant AJ. Qu’est-ce que montre Johnny ? AQ. Mazette.

Les joueurs et les observateurs font tous un bond en arrière au moment de voir la main de Therme, qui se lève aussitôt de sa chaise pour évacuer la tension. Mais, qu'est-ce que c’est que ce call ?

« Je l’avais déjà vu shove en overbet all-in sur la turn quand il avait du jeu. Avec ce move, ou il a flush, ou il a flush manquée. Je l’ai longtemps observé, j’avais le bon feeling » explique le Français.

Payer 3-barrel hauteur As pour sa survie dans au Day 5 d’un Main Event ? C’est coché par Therme, complètement relancé dans le tournoi après ce call magique. Alors messieurs, d’autres clients pour tenter de bluffer Johnny ? - Fausto

Palvini pas verni

Jérémy Palvini
Déception palpable chez Jérémy Palvini au moment de se voir remettre le ticket correspondant à son rang d’arrivée sur le Main Event. Le Marseillais fait les cent pas devant le bureau de payout tout en pianotant sur son téléphone. Quelques minutes s’écoulent avant qu’il ne se décide à passer par l’ultime étape de son tournoi : échanger le ticket de sa 274e place contre une récompense de 50 900 $.

Au cours de ce Day 5 entamé après près d'un million (40 BB), rien n'est allé dans le sens de Palvini. On l'a d'abord vu abandonner un brelan de Roi trouvé avec Roi-Dame lorsque la rivière fait rentrer un tirage couleur : son adversaire scandinave refuse de dissiper le doute en montrant sa main. Derrière, une confrontation entre deux jeux énormes : son As-Roi n'a quasiment aucune chance face à deux As.

Avec dix blindes, Palvini est contraint au mode « push or fold ». Il se maintient en alternant l’un et l’autre bouton. De retour de pause, les blindes sont passées à 20 000 / 40 000 : son KK trouvé UTG est parfaitement jouable avec ses 315 000. Un joueur en milieu de parole est intéressé, les autres passent : en difficulté face à As-Valet, le Français ne trouvera aucune aide.

Le Main Event de Jérémy Palvini s’arrête dans le top 3 % des participants. Ce n’est pas suffisant, évidemment, mais cela conforme les bonnes conditions dans lesquelles joue ce pur joueur de live en 2023, lui que l’on a vu atteindre la 4e place sur WSOP Circuit Cannes en avril (45 000 €) et remporter un side-event sur l’EPT Monte Carlo (80 000 €). - Benjo

The Dreamcrusher

"La machine à broyer les rêves a encore bien tourné aujourd’hui." Ces mots, prononcés par Arnaud Mattern au retour du dinner break du Day 4 [ND Benjo : hé, oh, l’expression est de moi !], quelques heures après son élimination, vont continuer de résonner fort dans l’Event Center du Horseshoe. Quasiment jusqu’à la fin de ce Main Event, serait-on tenté de dire. Nous venons d’en avoir une nouvelle démonstration brutale.

Sur un flop AQ7, Dan Weinman et Sung Lee, sa voisine au siège 9 en viennent aux mains. Bet, 3-bet, 4-bet, 5-bet shove et call. Le pot est monstrueux et à l’abattage, l’amatrice (25 000 $ de gains sur des tournois entre 60 et 600 $), est devant le professionnel (3,7 millions de dollars de gains, deux titres WPT, une bague et un bracelet au compteur) : AA contre AK.

En vérité, Sung Lee n’est pas seulement devant, elle a 95% de chances de remporter le coup. « Ça ressemblait à un flip, » a pourtant plaisanté Dan dans une conversation WhatsApp avec ses potes Josh Arieh et Shaun Deeb, partagée par ce dernier. Car oui, c’est bien lui qui a fini par remporter ce coup, le croupier apportant deux nouveaux carreaux turn et river. « Are you kidding me?, ne peut que lâcher une Sung Lee abasourdie, debout à côté de sa chaise trônant devant un stack désormais vide alors qu’il en comptait plusieurs millions quelques secondes plus tôt. Oh my god… Oh my god… » On a de la peine pour elle, alors que l’employée chargée d’accompagner les joueurs au bureau des payouts (situé littéralement 15 mètres à côté) vient la chercher. Oui, son Main Event est bel et bien terminé, sur un bad beat dont elle risque de faire des cauchemars pendant longtemps. La machine à broyer les rêves a encore frappé. Sauf pour Dan Weinman bien sûr, qui grimpe à près de sept millions, parmi les nouveaux chipleaders du tournoi. - Flegmatic

@ChancesCards and @GTO_Diaper collide IN the BIGGEST pot of the @WSOP Main Event so far pic.twitter.com/iuxKmJwD3o

— PokerNews (@PokerNews) July 11, 2023

Il est où Chance Kornuth ? Sans doute chez lui, après avoir joué et perdu ce qui était à ce moment-là le plus gros pot du tournoi contre ce diable de Nicholas Rigby. La couche sale a encore frappé.

L’étau se resserre

216 joueurs partent dîner Level 23 : 20 000 / 40 000, BB ante 40 000 Main Event 10 000 $ (Day 5)

Masato crève l’écran

A côté de lui, Yoh Viral est un petit joueur. Ou plutôt un petit Youtubeur. Avec 779 000 abonnés, Masato Yokosawa dispose tout simplement de la plus grosse communauté poker au monde. De l’Europe jusqu’au Japon en passant par Las Vegas, le Nippon voyage dans toutes les plus grandes places poker du monde.

Yokosawa

Vainqueur d’un WPT à Jeju en 2013, le joueur cumule 1 million de dollars de gains sur le circuit Live. Ce qui impressionne, c’est davantage l’armée de caméramans et monteurs qui le suivent partout, et se relaient pour capter chacune de ses mains. Celle à laquelle nous venons d’assister apparaîtra assurément dans le prochain Blog de Masato “World Wide” Yokosawa, puisque le Japonais vient tout simplement de remporter l’un des, si ce n’est le plus gros pot du tournoi.

Open UTG 80 000, ça fold jusqu’au bouton, d’où Clay Johnson 3-bet pour 250 000. Juste derrière, Yokosawa semble avoir des intentions : 4-bet pour 740 000. Fold en urgence UTG, mais Johnson ne s’en va nulle part : Payé pour créer déjà un pot costaud.

Le flop vient 267 et Masato poursuit l’agression : 600 000 pour suivre, ce que fait Clay Johnson. Turn 3, Masato prend trente secondes puis annonce la couleur : Tapis ! Chipleader de la table, le Japonais couvre de quelques centaines de milliers son voisin anglais, qui possède tout de même 1 800 000 encore devant lui.

Clay Johnson n’a pas l’air content mais semble envisager un call. Il se lève, se prend la tête dans les mains, essaie d’inventer des combos de bluff chez le Japonais et décide de payer avec… 99. Comme prévu, Masato retourne deux As, Q et voilà comment encaisser un pot 6 600 000 jetons.

« Il avait 5 millions il y a quinze minutes, il venait déjà de perdre un gros pot. Je pense qu’il n’était pas stable mentalement » précise Davidi, qui cherche lui aussi une explication à ce call. Clay Johnson ruminera certainement son move sur le chemin du pay-out. En attendant, ça fait plus de 7 millions de jetons chez Yokosawa, nouveau venu dans la locomotive du tournoi. - Fausto

Perdu de recherche

Jules Dickerson

On a longtemps vu aujourd'hui le nom de Jules Dickerson affiché sur la télévision en face du banc de presse, monitorant chaque coup joué sur deux des trois tables télévisées. Et puis, la table du Franco-Anglais a cassé, Jules est retourné sur le floor avec un nouveau siège et puis... plus rien. Nos soupçons ont été confirmés après une visite au bureau des payouts : après avoir vu son tapis fondre durant les deux premiers niveaux, Dickerson a fini par prendre la porte en 247e place. Runner-up du Super High Roller à 50 000 € de l'EPT Paris pour 623 800 €, ce joueur globe-trotteur poursuit sa belle année carte en main, avec un nouveau cash à 50 900 $.

Le chipcount des Français (et du Belge) au dinner break

Grégory Caubet

Et bon app... enfin santé si vous êtes à table !

Jonathan Therme 3 500 000 Clément Richez 3 400 000 Grégory Caubet 2 000 000 Lorenzo Santos Rodriguez 1 800 000 Davidi Kitai (Belgique, Team Winamax) 1 300 000 Estelle Cohuet (Team Winamax) 920 000 Mikael "ShiShi" Berrio 700 000

All the way up

Il reste 189 joueurs Level 24 : 25 000 / 50 000, BB ante 50 000

Par ici les jetons

Clément Richez

Nous sommes arrivés au moment du Main Event où chaque coup, sur chaque table, peut accoucher d'un pot énorme, d'une rencontre improbable, d'un runout de folie, d'un hero call titanesque ou d'un spew de légende. Durant les minutes qui ont suivi la reprise de la partie, deux de ces scénarios ont mis en scène les deux chipleaders du clan français : Clément Richez et Jonathan Therme. Pour le premier, l'histoire commence par un open shove UTG+1 pour 505 000. Le co-fondateur de la Team ATM paie, mais voit la grosse blinde lui revenir dessus et annoncer "all-in" à son tour. Cette fois, l'addition est un peu plus épicée : 1,705 million. Clément peut bien sûr fold et se garder un tapis équivalent à la moyenne. Mais avec son AQ et 1,2 million à ajouter dans un pot qui en fera 4, il ne peut plus reculer. C'est payé. Sans surprise, il va devoir améliorer contre le AK du short stack et la paire de KK de la BB.

Flop : T67. Pas un trèfle. Clément ne joue plus que les doubles paires, brelan de Dames et une quinte par la porte de derrière. Turn Q. Voilà qui est intéressant. "Allez, une Dame," appelle le Français. À la place, le croupier préfère amener... un A. Richez n'en revient pas, ses voisins de table n'en reviennent pas, je n'en reviens pas, le croupier de la table de black jack du casino d'à côté n'en revient pas, mais c'est bien notre Frenchie qui empoche ce pot monstrueux, pour monter à 5,5 millions. Pour le plaisir, on a ressorti la calculatrice : à l'abattage, Clément avait 13% de chances de l'emporter.

Jonathan Therme

De son côté, Jonathan Therme n'a pas eu besoin de défier les probabilités. "Un mec vient de me livrer tout ce qu'il restait, attaque-t-il. C'est lui qui ouvre à 115 000 UTG, je paie en small blind avec AJ et la BB complète. Flop Valet-7-5 avec deux carreaux, on check et il shove pour 1,3 million. Il avait déjà fait le coup plusieurs fois, souvent avec des mains. Mais il peut avoir pas mal de Valets moins bon, et je ne me vois pas fold ça de toute façon." Johnny a call et il a bien fait. Son adversaire tenait Roi-Valet et lui permet de dépasser à son tour la barre des 5 millions de jetons. - Flegmatic

La truite toujours frétillante

Gregory Caubet

Greg Caubet continue son numéro dans ce Main Event. Depuis le premier jour, Truiton nage dans les eaux profondes du tournoi, et traverse les Day en prenant les bons courants. Son insouciance caractéristique le sert autant qu’elle nous trouble. À l’heure du dinner break, il préfère prendre l’apéro avec les copains dans son QG, le Piano-Bar du Harrah’s que de trouver un endroit où se manger. Quelques airs de karaoké en sirotant un cocktail, puis Greg revient pour les deux derniers niveaux du jour.

Ce soir, le flambeur dont Harper nous racontait le quotidien en début de Vegas, a tout de même grignoté quelques chicken-wings avant de replonger dans le grand bain. Sur le chemin de la salle, Truiton nous raconte un début de journée réussi, où il a déjà réalisé une plus-value de 1 million.

« J’ai pris un bon coup où je paie avec Roi-Dame off au CO, raconte le Toulousain. Le flop vient K-Q-8 avec deux cœurs. Il bet, je raise, il call. Turn 6 de cœur, je bet, il call. River brique, je fais pas trop cher, et il fold. C’est le joueur à casquette au siège 7, il est bon ».

Greg parle ici d’Andrey Pateychuk, joueurs russe comptant plus de 7 millions de dollars de gains sur le circuit. Peut-être que le jeu exotique de Greg peut déstabiliser les gros calibres EPT ? « À ce niveau du tournoi, je ne joue plus aussi large. Les 5-3 off, tout ça, c’est terminé » affirme Truiton. Au risque de décevoir ses fans, Greg compte bel et bien jouer un poker sérieux pour encore sillonner les mers ce Main Event. - Flegmatic

C’est la castagne

174 joueurs restants Level 24 : 25 000 / 50 000, BB ante 50 000

Short rouge contre short noir

Tony Dunst

Des caméras partout autour du ring 638, où boxe Tony Dunst (photo). L’ambassadeur WPT, l’une des dernières grandes stars encore en lice dans ce tournoi, est en train d'échanger d'énormes parpaings avec son homologue Joey Spanne et personne ne lâche le morceau.

Direct du droit de Tony pour 110 000 au CO, esquive et 3-bet à 250 000 Spanne, et 4-bet uppercut 1 million. Joey paie. 2 millions dans le pot après le premier round.

Le flop vient 276 et l’action repart de plus belle. C-bet 550 000, payé ! Turn 8, second crochet à 1 250 000, payé ! River 5, Tony prépare l’offensive et décroche un énorme bourre-pif à tapis, pour les 2 600 000 restants à son opposant. Joey est dans les cordes, il ne sait plus comment résister à la furie Dunst. L’inspiration lui vient. Spanne met ses derniers jetons dans la bataille : payé. Nous avons un pot à plus de 10 millions de jetons : showdown !

AA chez Tony Dunst et… AA chez Spanne. Impossible de départager les deux boxeurs, qui sont renvoyés dans leur coin avec 5 millions chacun.

Davidi Kita
« I mean, Tony Dunst, he is good, but Davidi Kitai: he is a killer » Signé un joueur américain du field qui sait reconnaître à sa juste valeur le génie de notre Belge préféré.

Tapis

Le jury œcuménique réuni en comité exceptionnel attribue à ce magnifique château de jetons la note de 8/10.

Les chouchous chutent

158 joueurs restants Level 25 : 30 000 / 60 000, BB ante 60 000 Main Event 10 000 $ (Day 5)

Écrit dans sa destinée

On a beau être trois champion du monde, détenteur de la Triple Crown WPT/EPT/WSOP, être une légende du jeu avec vingt ans de poker live et online au compteur la douleur du bust nous affecte toujours. Elle est particulièrement vive sur le Main Event des WSOP. Ce tournoi unique fait rêver tous les amateurs de poker, mais même les plus grands peuvent se faire surprendre par les émotions qu'il procure.

Kitai

Sur le Day 4, on avait vu Davidi Kitai trembloter au moment d’envoyer un gros bluff, réaction physique dont il s'était servi pour retourner le métagame à son avantage. Short stack pendant de longues heures, Davidi a fait preuve d’une concentration et d’une détermination hors normes, trouvant à chaque fois les ressources pour sortir la tête de l’eau.

Porté par de bons courants, le Génie a mêlé son talent à la réussite pour se remettre à flot. On pense à cette flush backdoor pour éviter la noyade dès le Day 1, à ce set-up au Day 3 avec 7-4 pour éclabousser deux Barbus, ou encore à cette doublette rivière qui a permis à Kitai de doubler sur l’une des dernières mains du Day 4.

Ces sauvetages, ces swings ont provoqué des émotions fortes chez le Génie. Elles l’étaient tout autant au moment de voir son stack s’évaporer tout le long du Day 5. « Je ne veux pas bust. Je ne veux pas bust. Je n’ai pas envie de bust de ce tournoi » répétait tout bas Davidi, juste après avoir passé un premier flip pour sa survie avec 9-9 contre K-10. Évidemment, personne n’a envie de bust d’un MTT. Mais, quand un grand champion comme Davidi Kitai vous partage ce sentiment en direct de la table, c’est qu’il se passe quelque chose de particulier.

Kitai

Le Génie oscille pendant une petite heure entre les dix et les vingt blindes, puis voilà une nouvelle occasion de mettre les pions au milieu. Avec 10 blindes, il open 225 000 (4,5 BB) en début de parole, pour ne pas donner une côte à la grosse blinde et se commit. Inattentive, la BB ne voit pas bien le changement de sizing et call en pensant payer 125 000.

Le flop vient A95, un flop a priori favorable à la range de l’OR. Malheureusement, c’est la BB qui a frappé avec son A7, tandis que Kitai a annoncé le c-bet tapis, avec J10. Un mince espoir sur la river K. 9 river, c’est fini. Davidi Kitai est éliminé du Main Event.

Le Génie se lève de sa chaise et s’en va vers le bureau des payouts sans dire mot, escorté par l’hôtesse qui lui apporte son ticket. Il est marqué du chiffre 170, une place honorable, bonne pour 58 500 $, son record sur ce même tournoi. Mais ce gain ne consolera pas Davidi, du moins pas tout de suite. Le joueur s’en va retrouver sa femme Caroline, avant de disparaître dans les couloirs du Horseshoe. Il va lui falloir digérer cette élimination, plus dure que n'importe quelle autre dans sa saison.

C’est que le Génie a toujours noué une relation particulière avec le Main Event WSOP, le but ultime de sa carrière de joueur. Son jeu exploitant, la qualité de ses lectures, sa capacité à changer de vitesse et son expérience font du Main Event un tournoi sur mesure pour le style Kitai.

Les cartes ne lui ont cependant jamais donné la chance d’aller plus loin que le Day 5. Aujourd’hui, il détenait cette opportunité rare. Elle s’envole finalement à un niveau et un flip près. Collègue de longue dav de Dav', Mustapha Kanit connait mieux que personne ce lien si unique que Davidi entretient avec le Main Event. Quelques minutes après sa sortie, il concluait cet épisode dans le chat du Team avec ces mots : « Ce n’est pas pour cette fois, mais ce tournoi est écrit dans ta destinée. On essaiera encore l’année prochaine ». Comme il a dit. - Fausto

Caubet s'est marré comme un boeuf

Grégory Caubet
Le Grégory Caubet éliminé en 167e position du Main Event est en tous points identique au Grégory Caubet assis à table au cours des cinq derniers jours : sourire XXL, francs éclats de rire, et la glotte qui réclame sa prochaine bière. Nous n'en sommes aucunement surpris : dès le début, il était écrit que rien ne pourrait gâcher les vacances de Truiton31. Pas même une élimination sur le plus beau tournoi du monde après plus de 45 heures de poker. À partir du moment où les mots "shuffle up and deal" ont prononcés la semaine dernière, tout ce qui allait suivre était déjà du bonus pour cet archétype du bon vivant à la française.

Ayant un temps franchi la barre des 2,5 millions de jetons durant le Day 5, Greg a ensuite perdu un gros showdown avec un As-Dame ayant trouvé un tirage couleur et quinte sur le turn. La brique rivière a permis à la pocket paire de 6 de rafler la mise… Sa dernière main, il l’a jouée avec AJ et 12 blindes envoyées UTG. C’est payé par un énorme stack de 7 millions, qui retourne deux Dames. Aucun suspens : une troisième Dame apparaît sur le turn.

« On va enfin pouvoir se faire une vraie session au piano bar », rigole Greg. « Parce que leurs pauses-dîner d’une heure, là… » Au micro de Winamax TV, Greg n’oublie pas de souhaiter bonne chance à tous les compatriotes en course - ils ne sont désormais plus que cinq. « On reviendra plus fort l’année prochaine ! » Après avoir étudié les solvers pendant un an ? Il se prend la tête entre les mains : « Oh mon Dieu, surtout pas ! »

Grégory Caubet
Côté finances, Greg doit se contenter de 58 500 $. Une belle somme... mais très éloignée des 12 millions promis au vainqueur. Pour le reste, il sera assurément l'un de ceux ayant le plus rentabilisé leur kif equity sur le plus beau tournoi du monde. Cinq jours d'arrivées à la bourre, de pauses-dîner à la bière dans le rade d'à côté, de fins de Day fêtées trop tard. Tout au long de son tournoi, Greg n'a jamais oublié qu'il était en vacances. Mais, il n'a pas oublié non plus de se faire plaisir cartes et jetons en main, construisant de grosses piles de jetons et s'en servant pour passer de délicieux bluffs, y compris dans le vortex de la bulle.

Bref, une prestation de nature à inspirer tous les amateurs rêvant de disputer un jour le Main Event. Le tournoi le plus important de l'année peut très bien se vivre comme une grosse teuf ! - Benjo

Les déçus du Day 5

Retour sur les éliminés du jour Main Event 10 000 $ (Fin du Day 5)

De 441 joueurs à 149 en l’espace de dix heures : le cinquième jour du Main Event a été fatal à deux tiers des joueurs qui étaient sur la ligne de départ à midi. La casse atteint des proportions similaires au sein des forces tricolores : de 14 ce matin, ils ne seront plus que 4 à revenir mercredi. Avant de vous les présenter, un dernier hommage à ceux pour qui cette édition se conjugue désormais au passé.

Jérôme Finck
Dès midi, l’Alsacien et chip-leader français du Day 1D Jérôme Finck a lancé le mouvement en tirant sa révérence le premier, en 441e place.

Omar Lakhdari
Il passé quatre jours à apprendre à des Américains médusés sa vision extraterrestre du No-Limit. Entamé short-stack, le Day 5 d'Omar Lakhdari fut bref : une confrontation 55 vs 77, et une autre avec Roi-Dame contre... 77 aussi.
Maxime Parys
En 2022, c'est en spectateur que Maxime Parys avait assisté au Main Event : de terribles douleurs au dos l'avaient contraint à annuler sa participation tout juste quelques heures avant le coup d'envoi. Cette 410e place acquise après un flip perdu représente une sympathique séance de ratrappage pour le pro.
SImon Wiciak
Il a attendu, attendu, attendu le meilleur spot pour mettre le peu qu'il lui restait... et il l'a trouvé : paire d'As contre paire de 2. Au lieu du double-up promis, un 2 a envoyé Simon Wiciak bouler en 343e place.
Leo Soma
Pas de miracle pour Léo Soma. Un an après le bracelet en 6-max, son deuxième deep run consécutif sur le Big One s'achève short-stack et en 335e place, avec une top-paire battue au kicker.
Grégory Fournier
Même si son parcours s'arrête pile à une décevante 300e place, Grégory Fournier peut être fier de son premier Vegas : par deux fois, il a traversé des épreuves marathon, avec un Day 4 sur le Millionnaire Maker, et donc un Day 5 sur le Main Event.
Samuel Anclevic
Journée sans pour le grinder révélé en 2022 lors du WPO Madrid. Quelques semaines après une victoire en Omaha au Venetian, Samuel Anclevic quitte le Day 5 en 283e position après une succession de petits coups perdus.
Jérémy Palvini
Un brelan de Rois abandonné à regret sur une rivière dangereuse, un As-Roi qui explose contre les As, puis un Roi-Valet pas au niveau contre As-Valet : rien n'est allé dans le sens de Jérémy Palvini aujourd'hui : très en forme depuis le début de l'année, le Marseillais doit se contenter de la 274e place sur le plus gros Main Event de l'histoire.
Grégory Caubet
Représentant attitré du poker champagne au sein du clan français, Grégory « Truiton31 » Caubet a poussé le bouchon jusqu'en 167e place, sans jamais dévier de sa stratégie : un coup une bière, un coup un bluff !
Davidi Kitai
C'est LE tournoi qui guide sa vie, celui qu'il poursuivra jusqu'au crépuscule de sa carrière. Pour sa 17e participation au Main Event, Davidi Kitai doit une nouvelle fois se contenter d'un ITM. Son sixième... mais son meilleur rang ever : 170e. En attendant mieux, personne n'en doute.
Davidi Kitai
On les a perdus aussi lors du Day 5 : Jason Koon, Dario Sammartino, Chris Moneymaker, Joe Hachem (terminés, les anciens vainqueurs !), Chance Kornuth (As-Roi contre deux As pour 200 BB), Jonathan Abdellatif, Jason Sommerville (photo)...

Pour en savoir un peu plus plus sur le parcours de (la plupart) ces joueurs, vous n'avez qu'à scroller !

Un dernier carré à fort potentiel

WSOP
C'est finalement assez rare sur le Main Event des WSOP : les quatre derniers représentants français encore en course après cinq jours sont tous bien connus de nos services. Et tous nous ont fait sacrément vibrer au cours d'un Day 5 où les retournements de situation n'ont pas manqué. Ils nous racontent pour vous.

Jonathan Therme : l'homme qu'on ne voudra plus bluffer 7 900 000 (99 BB)

WSOP
Dix heures de jeu, de grind, de tension, un hero-call légendaire et l’envolée vers les sommets du tournoi. « Et pourtant, je ne sens même pas la fatigue. C’est normal, j’ai eu tellement d’adrénaline » commente Jonathan Therme, juste après avoir bag son stack colossal de 7 900 000.

Le Français a remporté beaucoup de coups pour monter un stack si imposant. Mais pour pouvoir les jouer, il fallait passer le premier, le plus beau et l’un des plus "ballsy" coups de poker qu’il ait jamais joué. Un hero-call qui fera jaser toute la communauté pokeristique française. Si hier, les réseaux s’enflammaient sur le fold de Clément Richez, que diront-ils de ce hero-call de mutant ?

Les lecteurs assidus que vous êtes ont certainement déjà lu l’article consacré, mais rappelons quand même la magie qu’a produit Jonathan Therme. Open AQ en début de parole, payé MP. 249 sur le flop.

Check Johnny, 150 000 vilain, payé. Turn 6, check Johnny, 260 000 vilain, payé (oui, oui, avec rien du tout). River 3, check Johnny, tapis vilain, qui nous couvre. On nous demande nos 750 000, représentant encore 25 blindes, au Day 5 d’un Main Event WSOP, vous avez hauteur As dans ce spot. Que faites-vous ? Vous vous demandez surtout ce que vous faites encore là. Et bien Jonathan Therme, lui, a décidé de payer. Son adversaire a retourné AJ et le grinder français prenait son envol.

« C’est peut-être le hero call le plus important de ma carrière, admet Jonathan lorsqu’on lui pose la question. Sur le moment, j’étais en euphorie, c’est pour ça que j’ai dû me lever. Je suis content de mon read et surtout d’avoir suivi mon instinct. J’avais trop d’indices qui me disaient de payer. J’avais vu les "lines" qu’il avait choisi dans des spots similaires, ces "sizings" étaient vraiment étranges, je l’ai observé pendant longtemps... Ce n’est pas théorique, puisque je n’ai même pas de bloqueurs ».

Après ce hero-call, Therme passait à 2,6 millions. Six heures de poker plus tard, il est à presque 8 millions. « Ça c’est bien passé. J’ai remporté beaucoup de coups, j’ai passé des 3-bet, des 4-bet light, je me sentais bien, et j’ai quand même beaucoup touché » résume le joueur, qui a notamment fait très mal à son voisin Masato Yokosawa.

WSOP
« C’est la première main que je gagne contre toi, s’enflammait le youtubeur japonais sur l’un des derniers duels du jour. Il m’a battu tout le temps, alors qu’on a joué au moins cinq gros affrontements ».

Rien de personnel, Jonathan a globalement siphonné toute sa table, dans l'ensemble plutôt docile. Il en découvrira une nouvelle demain, pour un Day 6 de Main Event WSOP. Après plus de dix ans de présence sur le circuit, le grinder tient en réalité l’une des plus grosses opportunités de sa carrière.

« Je me définis plus comme un joueur de live. Je joue beaucoup online, mais le live, c’est ce que je préfère. C’est là où j’aime être. J’aime cet aspect direct avec les joueurs, ça me passionne vraiment. Certes, je n’ai jamais eu de gros scores, mais j’ai eu pas mal de continuité. J’ai eu des opportunités online, en arrivant proche de grosses finales, avec un million à la gagne, mais en Live, je n’ai jamais été si loin dans un si gros tournoi ».

Respecté des meilleurs, apprécié de tous, Jonathan tient son occasion d’aller chercher un gros score. Et peut-être plus encore. - Fausto

Clément Richez : heureux comme Buddha 5 000 000 (62,5 BB)

WSOP
Après une démo de grind, de hero-fold et de run good, Clément Richez nous partageait son kiff de traverser les jours du plus beau tournoi du monde. Aujourd'hui encore, le taulier de la Team ATM a montré la voie, en patron, avec la même recette mêlant le talent, l'expérience et la réussite. Il sort de son Day 5 avec la même banane, la même confiance et la même joie de l'instant qu'hier.

« Je suis ultra zen, même encore plus qu’avant » confesse le joueur dans les allées du Horseshoe, où il marche épaulé de ses collègues de la Team ATM. « Je me sens tellement chanceux d’être là, d’avoir le run que j’ai eu. On ne se rend pas compte, mais le coup qui me propulse, le K-K qui tient contre A-9, c’est de la chance aussi ». Le joueur n’oublie pas ce coup avec AQ, pris dans un tapis 3-way contre KK et AK.

« J’ai calculé, sur le flop 1067, j’ai 0,89% » s’amuse Clément. Mais cette semaine, l’homme aux mille tatouages semblent être protégé par une bonne étoile. Une Q turn et un A river plus tard, Richez était remonté à plus des 5,5 millions.

Un tapis plus que confortable pour aborder le Day 6 d’un Main Event WSOP, le plus grand tournoi du monde, avec 12 millions de dollars à la gagne. De quoi peut-être altérer la légèreté de Richez et se dire qu’on joue pour un pactole sérieux ?

WSOP
« Je vais te dire : si je prends 12 millions, ça ne changera pas ma vie. Évidemment que ça changera, dans le sens où je pourrais arrêter de bosser, que ça change évidemment tout d’un point de vue de la notoriété… Mais j’ai déjà tout ce que je veux dans ma vie. Ce n’est pas l’argent le problème. Tu me mets sur un tournoi à 10 €, je le joue à fond. C’est juste que je suis heureux avec ce que j’ai, ma vie est déjà incroyable » déclare Clément.

Ces déclarations ne sont en rien prétentieuses. Elles témoignent seulement de l’enthousiasme, de la sincérité et de la gratitude d’un garçon en phase avec lui-même. Un homme qui joue pour l’amour du poker, pour les émotions qu’il procure et bien sûr, pour gagner. Ça tombe bien, c’est avec cet état d’esprit qu’on peut aller loin, et pas seulement dans un tournoi de poker. - Fausto

Estelle Cohuet : la Nouvelle Star 3 380 000 (42 B)

WSOP
Elle ne voulait absolument pas se retrouver en table TV. Elle y a passé quatre des cinq niveaux de la journée, dont une bonne partie sur celle que l'on appelle la Main Feature Table, observée par une armée de caméras. Résultat des courses ? Un tapis multiplié par dix, de 350 000 (soit 14 blindes), à 3 380 000. Estelle Cohuet a attiré la lumière à elle aujourd'hui, éclipsant presque ses voisins de table Nicholas 'Dirty Diaper' Rigby, Bill Klein et même Chance Kornuth. "Je l'adore, je suis à fond derrière elle !," nous a même lâché Kara Scott après l'avoir interviewée pour le compte de PokerGO. Qu'en a pensé la principale intéressée de cette première journée sous le feu des projecteurs mondiaux ? "Ce n'est pas quelque chose avec lequel je suis super à l'aise, et je n'ai pas exorcisé tous mes démons d'un coup, mais dans l'ensemble, je me suis sentie bien. Par contre, qu'est-ce que j'avais chaud. Et la lumière me fatiguait les yeux. Une fois revenue sur le floor, c'était beaucoup plus frais, mais j'étais contente d'avoir froid !"

Une acclimatation loin d'être évidente donc, mais paradoxalement facilitée par son voisin de gauche, LA star de ce début de Main Event, dont les éminences grises derrière le casting télévisé ne semblent pas vouloir se passer, grâce à des moves que l'on qualifiera de facétieux calibrés pour les réseaux sociaux : Nicholas Rigby. "Il n'est pas facile à jouer, mais en théorie il finit par te donner ses jetons," glisse Estelle. C'est justement ce qu'il a fait. "J'ai gagné les premiers pots contre lui, et il avait l'air un peu tilté, même s'il fait tellement de cinéma que je ne sais pas ce qui est vrai. Il faut dire qu'il a fait des calls incompréhensibles contre moi. Comme cette main où il me paie alors que je suis en train de bluffer avec hauteur Roi. Il a muck ! Je ne pensais quand même pas que j'avais une aussi mauvaise image."

WSOP
Mais n'allez pas croire que la progression observée par la Top Shark 2023 fut linéaire. Bien au contraire. Dans la foulée d'un triple up rapide, elle est redescendue à force de bluffs manqués, a de nouveau doublé, grignoté des pots sur sa nouvelle table, avant de subir un nouveau coup d'arrêt. "UTG open et le joueur en MP [Stephen Friedrich, NDLR] 3-bet alors qu'il est très tight. On est tous très profonds donc je décide de just call As-Roi au bouton." Sur un flop hauteur neuf rainbow, le 3-betteur c-bet petit et se fait payer par notre pro. Deuxième barrel sur le Roi turn, payé de nouveau. La river est une brique. "Le reste de son tapis est plus petit que le pot, précise Estelle. Je réfléchis, et j'ai autant de mal à lui trouver des combos de value que de bluffs. Je bloque les paires d'As et de Rois, je ne pense pas qu'il 3-bet deux 9, et on a souvent la même main." Dourbie finit par payer, pour se voir montrer... une paire de 9. Retombée à 750 000, elle reprend des pots à Rigby puis repasse la barre des trois millions grâce à un cold 4-bet avec une paire d'As, avant de valoriser un brelan sur sa nouvelle table. Que d'émotions ! "Oui, et je suis assez fatiguée, je ne dors pas beaucoup. J'ai mon avion de retour dans deux jours, je ne sais pas encore ce que je fais..." Pour traduire littéralement une expression bien d'ici : nous franchirons ce pont quand nous y arriverons. En attendant, la dernière W rouge de ce tournoi continue de faire le travail et de nous impressionner ! - Flegmatic

Mikael Berrio alias ShiShi : le converti 2 875 000 (26 BB)

WSOP
"Mais quelle journée de malade mental !" Mikael Berrio vient de vivre un Day 5 propre à faire virer la cuti du grand défenseur du cash-game qu'il est. Souvent moqueur envers l'écosystème MTT et ses stacks peu profonds lors de sa Club Poker Radio hebdomadaire aux côtés de Comanche, ShiShi avance dans la seconde moitié du plus long tournoiu du monde. ShiShi : on te pardonne de nous avoir si longtemps dédaigné. Au contraire, on est ravis que tu goûtes enfin aux sensations uniques d'un deep run sur un tournoi. Sur LE tournoi, qui plus est. Avec un stack tombé aussi bas que 2 blindes avant le dîner (oui : deux), puis un possible coup de main d'origine divine, des retournements de situations improbables, et une belle session de grind finale pour te replacer en queue de peloton, tu pouvais difficilement demander mieux, question émotions.

Mikael est resté à la même table durant les dix heures du Day 5. À la fin de la journée, ses adversaires lui sont tous tombés dans les bras les uns après les autres pour rendre hommage à sa ténacité. « Ouais, je leur ai fait un sacré numéro d’équilibriste ! » Sur la corde raide après avoir dû jeter pas moins de trois paires de Rois sur des boards épineux, ShiShi a cru entrevoir une porte de sortie avec une paire de Dames. Non : en face, il y a eu… les Rois. Pas éliminé mais à l’article de la mort, le coach Kill Tilt chute alors à 5 BB. Après le passage des blindes - avec des mains injouables - le voilà au bouton avec tout juste 2 BB. « 2 BB, plus trois jetons de 5 000, c’est important pour la suite. Car quelqu’un relance, j’ai As-Roi, je fais tapis pour 2 BB et 15 000 de plus, et là le joueur à côté demande si mon all-in constitue une relance ou un call. La croupière dit que c’est une relance… alors que c’est faux ! Pour rouvrir l’action, j’aurais dû avoir 25 000 de plus. Du coup, mon voisin a peur de payer avec 66, car ça peut faire tapis derrière lui. Il passe sa paire, je gagne à la hauteur contre Roi-Dame. Si la croupière ne se trompe pas dans le règlement et que la paire de 6 est dans le coup, je suis éliminé ! Derrière, j’ai grindé pour remonter à 35 blindes…. »

WSOP
Un scénario incroyable, mais vrai. Et, peut-être, dicté par des forces surnaturelles. "Faut que tu racontes ça. Je pars en pause-dîner très short-stack. La copine de Flavien Guenan me trouve et me tend un caillou, une pierre précieuse comme on en trouve dans les boutiques de souvenirs ici. Elle me dit 'Je sais pas si tu crois à ces trucs, mais ça pourrait t'aider'. Je le mets dans ma poche. Et derrière, il m'arrive tout ça..."

Classé 92e parmi les 149 qualifiés pour le Day 6, ShiShi explique avoir tenu durant les moments difficiles grâce au mental. « J’avais visualisé tous les scénarios en amont : les situations super où je triple mon stack, celle où je perds des jetons… Donc quand c’est arrivé, j’étais prêt, j’ai tenu. J’ai attendu mon heure. Je me disais : au pire, tu regardes les paliers de gains, un truc que je n’avais pas prévu de faire. » Après cinq jours sur le Big One, peut-il maintenant en parler en fin connaisseur ? « Le truc, c’est que ça fait des années que les joueurs me parlent de ce tournoi. J’avais déjà toute une expérience par procuration, elle m’a bien servi. » Autre facteur clé : le soutien d’une large communauté de potes et de fans. « C’est dingue, les centaines de messages que j’ai reçus ! C’est très important. Quand j’étais au plus beau, j’ai demandé dans le groupe Whatsapp plein de bonnes ondes. En quelques secondes, il y avait 50 messages qui apparaissaient ! »

Arrivé à ce stade, ShiShi ne va pas modifier ses habitudes pré et post-game. « Ce soir, je vais appeler ma copine. Je ne vais pas lui raconter les mains ni rien, mais faire une sorte de débrief émotionnel. Ca va me permettre de reconstruire le déroulé de la journée. Derrière, debrief poker avec quelques potes qui n’attendent que ça. Après, un podcast, je sais pas lequel, l’After Foot sûrement. Puis une douche chaude, et dodo. Demain : réveil vers 9h30, petit-dej et 30 mn de sport. » Avant une sixième journée de poker que l’on espère aussi longue que les précédentes… - Benjo

Lorenzo Santos Rodriguez : le Savoyard embusqué
720 000 (9 BB)

WSOP
Il est né de parents galiciens, doté d’un passeport espagnol mais parle mieux la langue de Molière que celle de Cervantes. Il a vécu toute sa vie entre la France et la Suisse, habite actuellement en Haute-Savoie, tout proche de la frontière mais enseigne les mathématiques à Genève. Lorenzo Santos Rodriguez est un homme multi-cartes. Et du genre discret. Aussi bien à la table, où son combo casquette/hoodie/short pourrait le faire passer pour un grinder américain, qu’en dehors. « Ah tiens, j’avais presque oublié que tu étais encore dans le tournoi !, » lui a carrément lancé l’un de ses voisins avec qui il a passé toute la journée, après avoir fold sur le 3-bet shove du Franco-Espagnol. « J’ai joué là-dessus, avoue Lorenzo, je me doutais qu’il n’allait pas payer. » Joueur serré par nature, pas forcément très bien servi par les croupiers, il n’a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent aujourd’hui. « Mais on est toujours là, » avec neuf blindes tout pile pour tenter l’opération remontada. - Flegmatic

Un field pas si random

Cliquez ici pour les Français

WSOP
Comment ça, vous ne reconnaissez personne parmi les 149 derniers joueurs du Main Event ? Certes, les stars les plus brillantes sont parties. Mais en cherchant un tout petit peu, les profils intéressants sont légion.
WSOP
Le chipleader de ce Day 6, ce sera lui : Zachary Hall, 16,31 millions de jetons, une sublime chemise, des lunettes de soleil à 2,5 $ (hors taxe) et une confortable avance sur ses poursuivants. Il ne lui reste plus que quelques paliers à franchir avant de battre sa meilleure perf' en tournoi live, une 7e place sur un 1 500 $ des WSOP 2011.

WSOP
Bryan Obregon attaquera demain le Day 6 avec 153 blindes. Plutôt agréable pour ce jeune homme de 26 ans, qui joue là son premier Main Event WSOP. « Si je suis pro ? Je ne sais pas, mais j’aimerais me considérer comme tel » blague le grinder de San Antonio, qui est passé sur ce Day 5 de 3,4 à 12,3 millions, soit le 2e plus gros stack du tournoi.

WSOP
Son poteau Niall Farrell a rendu les armes aujourd'hui, mais Ludovic Geilich reste en course pour défendre l'honneur de l'Écosse, avec près de 5 millions. Régulier des festivals européens, habitué à se faufiler au milieu de fields gargantuesques, il est aussi l'un des mecs les plus sympas du circuit. L'avoir dans la dernière ligne droite ferait pour sûr monter le niveau d'alcoolémie moyen et les décibels dans le rail.

WSOP
Un peu moins déconneur, mais tout aussi talentueux (et avec un stack de 6 millions), Andrey Pateychuk ne vise rien d'autre que la Triple Crown sur ce Main Event. Entre octobre et décembre 2011, le Russe enchaînait deux victoires sur l'EPT San Remo et le WPT Prague.

WSOP
Recordman de bagues WSOP-Circuit (15) mais toujours aucun bracelet au compteur : imaginez un peu si Maurice Hawkins (6,1 m.) rectifiait cette anomalie sur le plus beau tournoi du monde.

WSOP
From 25 € to... ? Notre qualifié Expresso espagnol Rene Lazaro n'en finit plus de faire durer son one time. Présent dans les hauteurs du chipcount depuis trois jours, il signe cette fois une petite journée de grind, bouclée avec un tapis légèrement inférieur à la moyenne.

Nikita Luther
Avec plus de 50 BB, Nikitha Luther tentera de disputer à Estelle Cohuet le titre honorifique de "Last Woman Standing".
Toby Lewis
Une dizaine de représentants de la couronne britannique seront au Day 6, dont Toby Lewis (vainqueur EPT et Aussie Millions) avec 4,2 millions...
John Duthie
... et le légendaire John Duthie (short-stack avec 1,5 m.), fondateur de l'European Poker Tour en 2004.
Tony DUnst
La tête de gondole du World Poker Tour Tony Dunst (2 bracelets dont un online) n'est pas trop mal avec ses 3,3 m. (40 BB).
Nicholas Rigby
Avec ses ranges larges comme le Gran Canyon et des calls défiant les cotes, Nicholas Rigby a fait bouillir les haters du chat de PokerGo. Il sera au Day 6 avec un stack de moins de 20 BB, ne lui laissant que peu de place pour 3-bet sa main fétiche : 3 et 2 dépareillés !
WSOP
Attention, légende du poker online première époque : Christian Harder a tout gagné sur Internet... mais aussi en live : la PCA en 2017, un WPT en 2011, pour ne citer que les plus gros. Avec ses 15 BB, il cherchera à améliorer son high-score de 2011 : 92e.
WSOP
On ne saurait vous dire précisément combien d'anciens finalistes du Main Event sont encore en course à 149 restants, mais on a au moins reconnu John Racener, runner-up en 2010.

Rendez-vous à midi, heure locale (21h en France) pour le coup d'envoi du Day 6. Il ne reste plus que 149 joueurs : on devrait tomber sous la barre des 50 joueurs sur les coups de minuit…

Benjo, Flegmatic & Fausto

149 joueurs franchissent le Day 5

Day 5 : 440 joueurs / 149 restants (dont 4 Français)

CLIQUEZ ICI POUR LE CLASSEMENT COMPLET ET DÉFINITIF DU DAY 5

Top 10

Tony Dunst
Zachary Hall (USA) 16 310 000 Bryan Obregon (USA) 12 295 000 Liran Betito (USA) 11 140 000 Andrew Hulme (UK) 11 065 000 Joshua Payne (USA) 9 850 000 Anirban Das (Inde) 9 230 000 Tony Dunst (USA) 8 285 000 Glenn Fishbein (USA) 8 265 000 Alejandro Perez (USA) 8 075 000 Jonathan Therme (France) 7 900 000

4 Français

Estelle Cohuet
10. Jonathan Therme 7 900 000 42. Clément Richez 4 955 000 79. Estelle Cohuet (Team Winamax) 3 380 000 92. Mickael Berrio Busto "Shishi" 2 875 000

Reste du field (sélection)

Juan Maceiras
13. John Racener (USA) 7 670 000 15. Ryan Tosoc (USA) 7 625 000 24. Maurice Hawkins West (USA) 6 145 000 26. Amit Makhija (USA) 6 045 000 27. Andrey Pateychuk (Russie) 5 965 000 34. Gabi Livshitz (USA) 5 680 000 37. Jan-Peter Jachtmann (Pays-Bas) 5 465 000 39. Daniel Weinman (USA) 5 340 000 42. Ludovic Geilich (UK) 4 955 000 47. Juan Maceiras (Espagne) 4 790 000

John Duthie
63. Toby Lewis (UK) 4 275 000 70. Artem Metalidi (Ukraine) 3 805 000 76. Alec Torelli (USA) 3 600 000 77. Rene Lazaro (Espagne, Qualifié Winamax) 3 480 000 105. Mark Teltscher (UK) 2 320 000 119. Nicholas Rigby (USA) 1 650 000 123. John Duthie (UK) 1 510 000 128. Roman Hrabec (Rép. tchèque) 1 415 000 130. Christian Harder (USA) 1 295 000

​143. Lorenzo Santos Rodriguez (Espagne) 720 000

Day 1A : 1 038 joueurs (officiel) / 720 restants (dont 32 Français)
Chipleader : Yehuda Dayan (Israël) 389 900

Day 1B : 1 118 joueurs (officiel) / 819 restants (dont 32 Français)
Chipleader : Jean-Pierre van der Spuy (Afrique du Sud) 287 000

Day 1C : 3 077 joueurs (officiel) / 2 326 restants (dont 93 Français)
Chipleader : Christopher Brammer (Royaume-Uni) 386 100

Day 1D : Environ 4 100 joueurs / 3 202 restants (dont 65 Français)
Chipleader : Nicholas Rigby (USA) 408 800

Day 2ABC : Environ 4 100 joueurs / 1 877 restants (dont 85 Français)
Chipleader : Christopher Brammer (Royaume-Uni) 879 000

Day 2D : Environ 4 100 joueurs / 1 661 restants (dont 38 Français)
Chipleader : Maurice Hawkins (USA) 941 000

Day 3 : 3 542 joueurs / 1 517 restants (dont 59 Français)
Chipleader : ​Antonio Mallol Heredia (Espagne) 1 899 000

Day 4 : 1 517 joueurs / 440 restants (dont 15 Français)
Chipleader : ​Ryan Tosoc (USA) 5 120 000