redirection

WSOP 2023-Main Event - 1D

Level 1 : attrapez une bouée, c’est le raz de marée

Le plus gros Day 1 de l'histoire du Main Event, c'est maintenant Level 1 : Blindes 100 / 200 BB ante 200 Main Event 10 000 $ (Day 1D)

Chris Moneymaker
Il n'y avait que très peu de doute quant à l'identité du very important player à qui l'on confierait l'honneur de lancer les festivités sur le quatrième et dernier Day 1 du Main Event. Chris Moneymaker n'avait pas été convoqué les jours précédents... alors que l'on fête cette année le vingtième anniversaire de son historique victoire sur le Big One. On ne répétera pas ici les raisons pour lesquelles Moneymaker, le premier vainqueur du Main Event issu de qualifications organisées sur Internet, est l'un des joueurs de poker les plus influents de l'histoire : on a déjà eu des dizaines d'occasions de le faire depuis 2003. Ce matin, Moneymaker s'est servi de son passage au micro pour rappeler une vérité pas forcément évidente pour le joueur moderne : il y a vingt ans, à l'aube de la déferlante online et du poker boom planétaire, le poker était en train de mourir.

« Les gens ne s’en rendent pas forcément compte aujourd’hui, mais en 2003, les casinos fermaient leurs salles de poker les unes après les autres. Il n’y avait pas des dizaines de tournois quotidiens accessibles un peu partout. C’était la galère pour trouver une partie. Le poker mourrait, car les joueurs mourraient. C’était une activité pratiquée par une poignée de vieux. Alors, de voir aujourd’hui, 20 ans après, le nombre de joueurs qu’il y a dans le monde, et de voir qu’il y a de plus en plus de monde, c’est juste phénoménal. Il n’y a jamais eu autant de femmes joueuses, il n’y a jamais eu autant de diversité, et de tournois à jouer sur toute la planète. » Juste un chiffre, pour vous donner une idée… en 2003, 839 joueurs ont participé au Main Event. Hier, il y avait plus de monde que ça dans la file d’attente des inscriptions tardives pour le Day 1C !

Chris Moneymaker - Gene
Chris Moneymaker n’a pas prononcé les mots shuffle up and deal. À la place, il a tendu le micro à un invité très spécial : Gene, de West Palm Beach, Floride. Pourquoi spécial ? Moneymaker nous explique : "Quand j’ai rencontré Gene à la table de poker, il n’a fait que me battre, me battre, et encore me battre. Ça m’a fait mal, parce que ce n’est jamais agréable de se faire battre par un centenaire. Aujourd’hui, Gene va battre le record d’ancienneté pour un participant au Main Event. Pour tout vous dire, Gene a bien failli ne pas s’inscrire, car hier au guichet, ils lui ont dit qu’il était trop jeune ! Gene est né en 1923 : l’ordinateur lui a attribué un âge de zéro année."

La structure du Day 1

Jack Effel

C’est votre dernière chance de disputer le Main Event dans sa version la plus deepstack, avec 300 blindes et des niveaux de deux heures. Vous pourrez encore vous inscrire pendant les premières heures du Day 2ABC (vendredi) ou Day 2D (samedi), mais d’ici là, les blindes auront grimpé à 400/800, ne vous laissant qu’une profondeur de 75 BB, tout de même.

































Level Blindes BB Ante
1 100 / 200 200
2 200 / 300 300
3 200 / 400 400
4 300 / 500 500
5 300 / 600 600

Téléchargez la structure complète du Main Event

Main Event 2023 : le calendrier

If you’ve just registered for the Main Event and have a table in the 800s or 900s, it is a Late Registration seat and your table DOES NOT EXIST!

Visit the Late Registration table, noted by color on your ticket and wait for seats to become available

— WSOP - World Series of Poker (@WSOP) July 6, 2023

Il est désormais acquis que la masse de joueurs attendue aujourd'hui (4 000 ? 5 000 ? Encore plus ?) va permettre au Main Event 2023 de devenir le plus gros de l'histoire du poker. Pile à l'heure du coup d'envoi, nous avons appris des organisateurs qu'un système de file d'attente avait été mis en place. Traduction : les joueurs ne s'inscrivant que maintenant vont devoir patienter avant de s'assoir. Cependant, nous avons dans le même temps remarqué que les tables du Horseshoe étaient pour le moment en 9-handed. Le tant redouté format 10-handed ne sera pas une généralité aujourd'hui, en tout cas pas pour l'instant.

Lundi 3 juillet Day 1A
Mardi 4 juillet Day 1B
Mercredi 5 juillet Day 1C
Jeudi 6 juillet Day 1D
Vendredi 7 juillet Day 2A / 2B
Samedi 8 juillet Day 2C / 2D
Dimanche 9 juillet Day 3
Lundi 10 juillet Day 4 (jour de bulle)
Mardi 11 juillet Day 5
Mercredi 12 juillet Day 6
Jeudi 13 juillet Day 7
Samedi 14 juillet Day 8
Samedi 15 juillet Pause
Dimanche 16 juillet Finale (jusqu'à 4 joueurs)
Lundi 17 juillet Finale (fin)

Level 1 : pourquoi le Day 1D ?

Level 1 : Blindes 100 / 200 BB ante 200 Main Event 10 000 $ (Day 1D)

Day 1D : le grand sondage de l'Institut Sofrépif

Day 1D
Le Main Event des WSOP offre quatre journées de départ à ses participants. La répartition des inscriptions est très loin d'être équitable entre chacun de ces Day 1. Prenez par exemple l'édition 2022 : alors que le Day 1A et le Day 1B ont été proprement boudés (seulement 10 % du total des inscrits dans chaque), le dernier Day 1D a quant à lui rassemblé... 50,4 % des participants ! (Nota bene : on a été encore plus surpris en vérifiant le total de joueurs inscrits en very late reg, au Day 2 : 8,25 % des 8 600 inscrits !)

C'est comme ça chaque année, depuis que le Main Event programme plusieurs Day 1 (depuis 2004, en gros) : le dernier Day 1 est TOUJOURS le plus populaire. Pourquoi ? Le Professeur Alalouche de l'Institut de sondage Sofrépif, assisté de Cathy Doimouyé, ont enquêté pour vous autour des tables du Day 1D. À tous les joueurs que l'on a croisés à midi, on a posé une simple question : "Pourquoi tu joues le Day 1D ?"

Oliver, de New York : "C'était plus pratique pour moi. On est plusieurs amis à le jouer, et hier, on était au resto ensemble. Je suis arrivé lundi de New York."

Patrick, amateur : "Tout simplement pour passer le moins de temps possible à Vegas. Je suis arrivé hier, je viens du Texas."

Brandon, amateur américain : "Je ne pourrais absolument pas te dire, car c'est le tout premier tournoi de ma vie. Je joue au poker depuis cinq ans, je le regarde à la télé tout le temps. C'est juste un truc que j'ai toujours voulu faire, une ligne de la "bucket list".

Olivier Decamps, pro français : "Le Day 1D est le meilleur en termes d'EV, c'est là qu'il y a le plus d'amateurs. Sur le Day 1C, les pros sont beaucoup plus nombreux."

Marc Inizan, ancien membre du Team Winamax : "A cause du niveau ! Le Day 1D, c'est le jour et la nuit avec les précédents. La répartition des pros et des amateurs n'a rien à voir. Les amateurs, ils jouent le Day 1D pour limiter leurs frais. Jouer le 1A, B ou C, c'est presque une faute professionnelle pour moi. L'an passé, j'ai eu une table full amateurs, c'est ce que je recherche quand je m'inscris."

Scott, amateur américain : "Jouer le Day 1D, ça fait un voyage plus court. En plus, ces derniers jours j'étais plongé dans le championnat de baseball universitaire au Nebraska, je n'étais pas spécialement motivé à venir à Vegas plus tôt."

Chris Moorman
Chris Moorman, légende vivante du poker online : "Je vais te décevoir, mon choix n'a rien de stratégique [rires]. En fait, je veux pas jouer le Day 1A, car si je saute direct je vais être en dépression, j'aurais l'impression de quitter la fête avant qu'elle ait commencé. Du coup, j'attends le plus tard possible. Je fais toujours comme ça."

Timothée, participant régulier au Main Event : "J'hésitais entre le Day 1C et le 1D. Je penchais pour le 1D car beaucoup d'amateurs optimisent leur voyage, et choisissent donc cette journée. Mais d'un autre côté, j'avais moyen envie de jouer en 10-handed. Au final, ce qui m'a décidé, c'est le nombre d'amateurs. En plus, si tu joues le 1C, au Day 2 tu retrouves les joueurs du 1A et AB, où beaucoup de regs sont présents. En jouant le 1D, tu retrouves exactement les mêmes joueurs au 2D."

Alrick, membre de l'équipe gagnante du KING5 2020 (qui a enfin pu s'organiser pour venir, trois ans plus tard) : "Entre les congés qu'il faut poser, et mon enfant, je voulais arriver le plus tardivement possible. Avec les autres de l'équipe, on s'est décidés pour atterrir deux jours avant le début du Day 1D, histoire de s'acclimater un peu au jet lag."

Antonin Teisseire
Antonin Teisseire, légende du live en France : "Je veux pas sauter dans les premiers !"

Jeff, amateur américain : "D'habitude j'aime bien jouer le Day 1C, car derrière on a une journée de pause avant le Day 2, puis une autre pause avant le Day 3. Mais cette année, j'étais en vacances dans le Colorado avec ma femme. Je l'ai laissée hier à l'aéroport : elle est rentrée à la maison, et moi je suis arrivé ici."

Aaron, amateur américain : "Je veux affronter autant de joueurs amateurs que possible !"

Dennis, amateur de Toronto : "Je viens du Canada, j’ai pris l'avion hier. Je ne vais pas rester autant de jours sur place !".

Derrick, amateur du Minnesota : "L’année dernière, j’ai joué le Day 1D et je suis tombé à la table de Phil Ivey. Il était juste en face de moi. C’est pour ça que je suis venu : pour jouer les meilleurs du monde !"

Guichard
Paul Guichard, capo du kop français : "Parce que j’étais malade pendant les trois jours précédents ! Mais là, ça va mieux..."

Scott, amateur canadien : "C’est le plus Day 1 le plus fun ! Le plus massif, avec la présentation, les célébrations, les déguisements loufoques. Et, aussi, ça permet d’entrer dans le tournoi sur un meilleur rythme".

Peter, amateur de Dallas, Texas : "Je ne pouvais pas venir avant : on avait prévu une sortie au Lake Bogdan avec ma famille."

Hossen Ensan
Hossein Ensan, pro allemand : "Quand je l’ai gagné, j’avais joué le Day 1D. Je crois que c’est une bonne raison, non ?"

Jean Lhuillier, grinder français basé à Nottingham : "Dans tous les tournois, le dernier jour, c’est celui où il y a le plus de fish, surtout quand c’est un freezeout."

Ian, amateur de Philadelphie : "Je l’ai joué dix fois, et c’est la première fois que je joue le Day 1D. Je voulais voir ce que ça faisait de jouer le plus gros field."

Mike, amateur de Dallas : "Il m’était absolument impossible d’arriver plus tôt à Vegas."

Matthew, amateur du New Jersey : "J’ai gagné un satellite en ligne dimanche dernier. Du coup, il fallait que je m’entraîne avant le Main. Je suis arrivé en début de semaine et j’ai joué au Venetian, quelques Daily Deepstacks, pour être prêt le jour J."

George, amateur de Houston : "Parce que les jours précédents, j’étais fatigué."

Chance Kornuth, triple détenteur de bracelet : "Pour passer du temps en famille. Je reviens de quatre jours à Washington."

WSOP
Victor, qualifié Winamax : "J’avais besoin de décompresser après le Colossus, donc j’ai fait la tournée des grands parcs : Bryce, Zion, Valley of Fire."

Loni Harwood, grindeuse invétérée : "Je joue toujours le Day 1D, je ne sais pas trop pourquoi… Si, en fait, je pense que je n’aime pas avoir de jour off. Je préfère enchaîner."

Rich, one timer : "Parce que le vol était moins cher ! Je viens de Boston avec deux de mes amis, on le joue pour la première fois."

Jérôme Finck, bourreau de travail : "Je ne pouvais tout simplement pas arriver plus tôt à cause de mon boulot."

David, amateur éclairé australien : "J’ai joué une bonne partie des Series, j’avais envie de prendre trois jours de repos avant le Main."

Chico, petit farceur : "Parce que je n’avais pas réussi à collecter 10 000 $ avant aujourd’hui ! Sinon, tu peux être sûr que j’aurais joué le 1A."

AJ, amateur de Tampa, Floride : "Je voulais faire partie du plus gros field, celui qui allait battre le record. Et aussi, j’avais besoin d’un peu de repos. Je suis là depuis le début de l’été."

Davidi Kitai, génie belge : "Je joue le 1D depuis dix ans. Je n’ai jamais, au grand jamais eu une table de départ difficile."

Le retour de la truitasse

TRuiton34
Il avait déjà bien profité de ce début de Vegas, où Harper l’avait notamment suivi dans une de ses journées de flambeur. Après un bref passage en France, Greg Caubet est de retour à Sin City. Et ce n’est pas le Main Event WSOP qui va lui donner envie de mettre le frein. « On a pas mal fait la fête hier. J’ai joué au cash-game jusqu’à pas d’heures, puis on a filé au Piano-bar. Les musiciens commencent à bien me connaître là-bas, confie celui qu’on connait sous le nom de Truiton31. Et on remet ça ce soir, mais le plus tard possible j’espère ! ».

De nature enthousiaste, Truiton semble encore plus frétillant au coup d’envoi de ce Main Event. « J’ai déjà 80 000, informe le joueur tout sourire. J’ai l’habitude de jouer beaucoup de mains, mais je me suis dit quand même 52o, je laisse. Et là, 555 au flop. Du coup, j’ai repris mon style de jeu habituel » explique Greg, introduisant le coup qui va lui permettre d’enclencher la marche avant. « Je viens avec 53 en SB, on est quatre dans le coup et ça vient A33. Je donk, la BB paie. Turn 5, j’envoie grois, il paie. River 9, je fais overbet 10 000, et il tank-call avec 42 ». Caubet remporte ce premier combat de merguez et démarre sa journée tambour battant. - Fausto

Lhuillier sur le feu

Lhuillier

« Ha ça y’est, ça rigole plus ! » déclare Jean Lhuillier, se frottant les mains au moment d’attaquer son Main Event. Le plus Anglais des Français, qu’on découvrait il y a quelques semaines à l’occasion de sa table finale sur le 1 500 $ Freezeout. Ce tournoi, duquel il finissait 4e pour 137 bâtons, étaient déjà l’un des plus gros buy-in de sa carrière. Le grinder se lance cette fois dans le grand bain, pour son tout premier Main Event. « Oh je me mets pas la pression, tu me connais. Je suis venu tranquille. J’ai pris mon breakfast, et je suis arrivé à table. Elle a d’ailleurs l’air plutôt facile » observe Jean, qui n’a pas encore fait la connaissance de Marton Czuczor, au siège 1. Objectif, rejoindre son pote de Nottingham qui s’est qualifié hier. - Fausto

Le record est tombé à 12h46

WSOP
Voilà une bonne chose de faite, et il n’a pas fallu attendre longtemps. Même pas trois quarts d’heures après le coup d’envoi du Day 1D, un superviseur a pris le micro pour annoncer la bonne nouvelle : c’est officiel, le score de l’édition 2006 du Main Event est battu. Au moins 8 774 joueurs ont déjà pris part au tournoi… et le chiffre final sera très, très supérieur à cela puisque les inscriptions vont rester ouvertes jusqu’aux premières heures du deuxième Day 2 ! À toutes fins utiles, on rappellera qu’en 2022, plus de 700 joueurs se sont inscrits le plus tardivement possible, durant le Day 2. « Je suis convaincu qu’on va taper les 10 000 inscrits », nous a glissé un organisateur. - Benjo

Que du bonheur

Victor
Nous ne pouvions pas tomber sur un qualifié Winamax plus heureux d’être là pour attaquer notre ronde au milieu de ce colossal Day 1D. « C’est génial d’être ici, c’est une super expérience, merci Winamax ! » Victor Marques est ce que l’on peut appeler un amateur éclairé, friant de live. « C’est vraiment ce que j’aime. Je joue un peu sur Winamax, mais c’est souvent pour tenter les qualifs. J’ai joué plusieurs fois le Winamax Poker Tour comme ça. D’ailleurs quand je vois les qualifiés Expresso qui n’ont quasiment jamais joué de tournoi… Ils sont fous les mecs ! » Pur parisien, régulier du Circus, il n’a eu besoin que d’une seule occasion pour décrocher son package. "En fait, j’étais à Vegas une semaine en mai pour le boulot - je travaille dans l’informatique de gestion. Je suis rentré le vendredi. Dans la nuit de samedi à dimanche, je n’arrivais pas à dormir, donc je me suis dit que dimanche j’allais jouer le satellite à 250 €. C’était un winner take all et j’ai gagné !"

Un premier séjour à Sin City en tant que joueur qui tombe qui plus est à point nommé. « J’avais déjà prévu de venir, mes dates étaient calées. Je voulais me faire le voyage quoi qu’il arrive pour mes 50 ans, je n’avais pas pu l’an dernier à cause de soucis de santé. Donc de pouvoir jouer le Main Event en plus, c’est complètement fou ! » Arrivé vendredi dernier, Victor s’est chauffé sur le Colossus, histoire de prendre la température des gros fields américains. « Je ne vois pas beaucoup de différence aujourd’hui. Sur un 10 000 $, je m’attendais à beaucoup plus de pros. » Bienvenue sur le plus beau tournoi du monde Victor ! - Flegmatic

Tranquille Basile

Basile Leleu
Oh tiens, un qualifié de plus dans la zone Red de la Ballroom du Horseshoe. Comment ça va, Basile Leleu ? « J’ai une grosse décision à tapis là. » Oups, effectivement, le Francilien a des cartes devant lui et un petit jeton « all-in » trône devant son adversaire. Sur la rivière d’un board AQ8Q3, ce dernier est parti à tapis pour 41 700 dans un pot qui en fait environ 35 000. Rembobinons le cours de l’action. « J’ai open à 600 en MP et il me 3-bet à 2 000 au bouton. Bon, ça ne fait que trente minutes qu’on joue, mais on a déjà un petit historique. Je suis très actif à table donc je pense qu’il me target. » Le Français check/raise de 2 000 à 6 500 sur le flop « pour tenter de stopper le coup » et voit son voisin check back le flop, avant donc de prendre une bonne sacoche dans la tronche river.

Basile / Juanda
Son tournoi peut se jouer sur ce coup, il le sait, et opte finalement pour la prudence, non sans avoir réfléchi de longues minutes avec… A9. « Bien sûr, il peut avoir deux As, deux Dames ou même As-Dame, mais je bloque en partie tous ces combos. Il a quand même souvent rien, » déroule-t-il en lançant un « King-Jack of diamond? » sans recevoir de réponse. « Il y aura d’autres spots plus tranquilles, » conclut Basile, qui se garde 47 000 jetons. Aurait-il eu vent de l’élimination rapide de Pierre Calamusa hier et/ou lu notre conclusion du Day 1C ? À moins qu’il n’ait eu tout simplement envie de profiter un peu plus longtemps de son premier Big One, assis à la gauche de la légende John Juanda. « Je suis qualifié pour 20 € ! J’ai gagné un ticket à 250 € et ensuite le package. » Et vous savez qui a gagné le Main Event il y a vingt ans après avoir gagné sa place sur un satellite ? - Flegmatic

Jérôme think

C’est à Londres, à l’occasion du retour du circuit European Poker Tour en Angleterre, que nous avons fait la connaissance de Jérôme Finck. Pour son deuxième Main Event EPT, l’Alsacien émigré au Japon s’était faufilé jusqu’en 46e place. Aujourd’hui, ce passionné transforme l’essai sur le plus beau tournoi du monde. « J’ai découvert le poker en 2020, cela fait trois ans que je veux venir, mails jusque-là il y avait toujours quelque chose qui m’en avait empêché. » Cette fois, la situation sanitaire est revenue à la normale et l’agenda est dégagé, même si Jérôme n’a posé ses valises qu’hier soir. Mais n’allez pas croire qu’il arrive en dilettante pour autant. « Je me suis préparé spécifiquement à ce tournoi avec mon coach, un très bon joueur français qui a déjà deep run plusieurs fois le Main Event. On a surtout travaillé sur l’adaptation aux profils américains, parce que j’ai joué en Asie, en Europe, mais jamais ici. » Quitte à s’y mettre, autant le faire sur le plus gros Main Event de l’histoire ! - Flegmatic

Level 2 : Road to 10K (joueurs)

Level 2 : Blindes 200 / 300 BB ante 300 Main Event 10 000 $ (Day 1D)

Croupiers

Un coup de chapeau spécial s’impose pour l’équipe de croupiers et croupières du Main Event, qui vivent aujourd’hui l’une de leurs plus grosses journées de l’année !

Au Bally's, il y a des cactus

Poussez donc la porte de votre bar du coin : elle peut vous mener au Main Event des WSOP ! Comme chaque année, l’association Red Cactus mêle le plaisir des cartes à celui des pintes entre copains. Des parties gratuites hébergées dans des centaines de bars partout en France. Et pour les plus chanceux, la partie se poursuit du côté de Las Vegas, sur le plus grand tournoi du monde à 10 000 $ l’entrée.

« Je passais devant un des bars de mon quartier, l’Entrepotes, avenue de Clichy. Et, derrière la vitre, je vois des gens jouer au poker, raconte Bernard Elfvering. Je rentre et là, on m’apprend qu’ils organisent des parties chaque lundi avec Red Cactus. Je ne connaissais pas, mais puisque j’adore le poker, je m’inscris » raconte ce Néerlandais, installé à Paris depuis plus de 20 ans.

Elfvering

Néerlandais d’origine, Bernard est aujourd’hui Montmartrois de cœur. A tel point qu’il revêt fièrement le T-shirt du CLAP, le célèbre club de pétanque de l’avenue Junot. Un espace unique perché sur la butte et rassemblant toute sorte de gens du quartier. Un lieu historique, mais un lieu en péril, car menacée d’expropriation pour l’extension d’un hôtel voisin. Le bouliste qu’est Bernard n’hésite pas à propager le message jusque dans le Nevada.​ Peut-être que les amis du Pétanque Club se joindront à la cause ?

« Je travaille au Moulin Rouge et je vais souvent dans les bars de Montmartre. C’est à Paris que j’ai découvert le poker. J’allais à Cadet, au Clichy Montmartre, à l’époque où ils faisaient le 30 € de l’après-midi, ou le 130 € du dimanche. C’étaient des supers tournois. Ce que j’aime, c’est le live. C’est là que je suis fort, je veux voir le joueur en face de moi ! ».

Armé de pintes et de jetons, Bernard fait parler ses skills de livetard au cours des différentes étapes de la compétition Red Cactus. « Je ne pouvais pas jouer tous les tournois du lundi, mais je finis tout de même runner-up de mon classement et je me qualifie pour les Play-offs. Je gagne, ça m’envoie en finale régionale, puis en finale nationale. Là, j’ai commencé à jouer un peu plus sérieux ».

Sur les 88 000 inscrits ayant joué dans 300 bars partout en France, Bernard se retrouve aux portes de Vegas. Chipleader du début à la fin, Bernard s’impose en patron : il vient officiellement de remporter un ticket pour le plus beau tournoi du monde, d'une valeur de 10 000 dollars.

Redcactus

De la mousse et des jetons

"C'est fou ! Je me retrouve là, alors qu’il y avait des dizaines de milliers de joueurs, s’enthousiasme Bernard. J’étais déjà venu il y a dix ans avec des copains, mais à l’époque, on faisait des 200 balles au Caesars. J’en avais gagné un d’ailleurs. Là, j’ai pu découvrir tout le Strip, avec mon collègue Tonton Cristobal (ambassadeur Red Cactus). On a fait le Flamingo, mais notre QG, c’est le Ellis Island, juste en face du Horseshoe. C’est familial, c’est pas trop cher, et ils ont de très bonnes pintes d’IPA ».

Désormais, il s’agit de brasser les jetons au comptoir de la table 583, où Bernard a pris place ce matin. On attend le “beer level” pour la mousse, mais le Montmartrois a déjà posé son petit éléphant fétiche. « Pendant les finales régionales, j’avais vu que tout le monde ramenait des petits buddhas ou des trucs comme ça. J’ai toujours eu cet éléphant sur mon bureau à la maison, maintenant je l’emmène sur les tournois »

Le gri-gri a l’air de plutôt bien fonctionner, puisque Bernard démarre son Main Event avec un carré. « J’ai Q-10 en grosse blinde, la main de Kitai (presque ça Bernard). Le gars fait 800, je paie, ça vient 10-10-8, check-check. Turn 10, il met 400, je fais 900, il paie. River 2, je fais 3 100. Il me dit T’as pas le 10 et il me paie. “Et oui j’ai le 10 copain !” ». Et voilà : 65 000 jetons avant d'attaquer la deuxième tournée du jour. - Fausto

On continue sur le même thème

L'élimination de Pierre Calamusa hier, dès sa première main, avec en main une paire de Rois qu'il n'a pu se résoudre à abandonner, continue de hanter le Main Event, planant entre les tables telle une menace fantôme. Cette menace, c'est bien entendu de sauter rapidement du plus beau tournoi du monde lorsque l'on se fait craquer une très belle main.

Trente minutes à peine après le coup d'envoi, Antonin Teisseire nous annonce : "J'ai perdu deux Rois contre deux As !" Dans 99 % des tournois, cela signifierait une élimination prématurée. Pas sur le Main Event : le Sudiste dit avoir perdu 15 000 jetons seulement, soit 25 % de son tapis. "Pas cher payé", je dis à Antonin. Il me raconte la main : "Relance à 600 d'un joueur, je flat call avec mes Rois. Au bouton, squeeze à 2 500, on paie tous les deux. Flop 2-2-10 avec un tirage couleur. Je call un c-bet. Turn 6, je check il mise encore, je paie. Rivière : une brique. Heureusement, ça check/check." Difficile de s'en sortir de ce coup en perdant moins de jetons, non ? Un peu plus tard, un nouveau spot bourbier pour Tonin : "As-Roi, je trouve un flop As-Roi-10, turn Valet, j'ai été obligé de passer, il mise le pot." On vous le disait hier et c'est toujours valable aujourd'hui : au Day 1, on ne fait pas des bons calls, on fait des bons folds. - Benjo

Sofia Lovgren
Sofia Lovgren sera bientôt maman. Grattis, comme on dit à Stockholm !
Jacques Guenni
Un Jacques Guenni sauvage se cache sous cette capuche
Qui Nguyen
Après Chris Moneymaker, un second Champion du Main Event spotté sur le Day 1D : Qui Nguyen, vainqueur en 2016

Level 2 : this house is a circus

Level 2 : Blindes 200 / 300 BB ante 300 Main Event 10 000 $ (Day 1D)

Bien choisir ses amis

Jordan Dorigny

Dans la zone Black de la Paris Ballroom, il y a Jonathan Pastore, vainqueur du "5K 6-max" 2022 et runner-up du Main Event des WSOP-Europe, mais il y a aussi Jordan Dorigny, meilleur pote de Jonathan Pastore. "On se connait depuis l'époque du Mans. On est tous les deux de là-bas, on était en colocs, explique le Sarthois. Ensuite lui a beaucoup bougé : les Pays-Bas, Malte..." Si Jordan joue régulièrement sur les tables online à 10 et 20 €, à raison de trois soirs par semaine, sa campagne vegasienne 2023, il la doit en bonne partie à son pote Champion du Monde, qui finance ses buy-ins. Et ce n'est pas la première fois. "Il m'avait invité déjà l'an dernier après avoir gagné le bracelet. J'étais venu jouer quelques tournois."

Jonathan Pastore

Cet été, c'est carrément un voyage de trois semaines qu'il s'offre, logé dans une villa de joueurs, comme un pur grinder. "Ça parle poker toute la journée, c'est super pour se mettre dans l'ambiance." Dommage pour l'instant que les résultats ne suivent pas : "Millionaire Maker, 600 $, Colossus, Tag Team... : j'ai tout blank ! C'est sur le Tag Team où on est passés le plus près avec Jonathan, mais on se fait sortir à vingt places de la bulle." Jordan aurait-il gardé tout le run pour son premier Big One ? Pour l'heure, il est assis derrière un tapis de 50 000 légèrement inférieur à la cave de départ, à une table où l'on retrouve également Léandry 'BigZoowAAp' Ainonkpo - qui nous a d'ailleurs gentiment servi cette info. - Flegmatic

Démarrage diesel

Davidi Kitai

Le hasard du seat draw a été suffisamment sympa pour regrouper Davidi Kitai et Alexane Najchaus dos à dos à une table d'écart. Alors Dav', il est aussi soft que prévu ce Day 1D ? "Ça va, c'est pas trop mal, j'ai 45 000 je suis tranquille," ne s'alarme pas Kitbul, qui connait par cœur la structure de ce tournoi, qu'il a cash cinq fois depuis 2007. Pour l'heure, le génie belge ne doit composer qu'avec une seule tête connue, celle de l'Allemand Robin Hegele. "Il a fait 27e en 2017," précise notre pro, qui en sait quelque chose. Cette année-là, il signait son meilleur classement sur le plus beau tournoi du monde, 223e.

Alexane Najchaus

Pour Alexane en revanche, c'est le baptême du feu. Et si LaSirenita barbote toujours autour du stack de départ, il a eu quelques fluctuations et une poignée de spots frustrants. Surtout un en fait. "J'ouvre paire de 4 au cut-off, payé par le bouton et le papi ricain en face squeeze depuis la grosse blinde. Bon, dès ce moment-là, je sais qu'il a souvent deux Rois ou deux As. Le flop est sympa, 4-6-7 avec un flush draw. Il c-bet mi-pot et je relance très cher. Il paie. Turn 3 qui ouvre un deuxième flush draw. Mi-pot chez moi, il check/call." La river n'est pas belle du tout : un 5 qui offre une quinte au board. "Et là il donk bet. Je ne vois pas à quel moment il a un 8, mais je just call pour split et il avait les Rois. J'ai hésité à relancer à tapis mais je ne pense pas qu'il aurait fold."

Arrivée il y a deux semaines, Alexane découvre les WSOP, mais pas Las Vegas. "J'étais venu en décembre pour le WPT, précise celle qui vit une bonne partie de l'année à Playa Del Carmen, au Mexique. Je m'étais fait une semaine de tournois à fond : un 3K, un 1 500 $, un Mystery Bounty... J'étais quand même surtout venu pour jouer le Main Event à 10K mais je suis tombée malade juste avant, je n'ai pas pu sortir de ma chambre." Pour mieux faire ses débuts sur un tournoi à cinq chiffres sur le plus gros de l'histoire. - Flegmatic

Philippe se régale

Philippe Rigal

Continuons notre tour des qualifiés avec Philippe Rigal, passé par un Expresso. "Je suis arrivé hier soir. Je suis un peu fatigué mais ça va, précise ce comptable des Ulis, qui s'amuse à lancer quelques tables de nos Sit&Go à jackpot une fois de temps en temps. Je n'allais quand même pas laisser passer ça !" Une qualification à 25 € pour le Main Event des WSOP à 10 000 $, c'est le genre de proposition qui ne se refuse pas pour quelqu'un dont le poker live se conjugue plus souvent avec freeroll. "J'ai joué des tournois gratuits organisés par PMU à Vincennes et au Parc des Princes."

Pour l'instant, ses premières heures à table n'ont pas donné grand-chose, avec un tapis qui a légèrement fondu sous les 60 000. "Je ne touche pas beaucoup de jeu, mes tirages ne sont pas rentrés et j'ai préféré un brelan après m'être fait relancer sur le turn alors qu'il y avait trois trèfles au board." Heureusement, Philippe peut compter sur le soutien de ses potes restés en France, via un chan WhatsApp spécialement créé pour l'occasion. "Ils me donnent des conseils, me disent de rester tranquille, de ne pas m'affoler." On ne saurait en effet en donner de meilleurs. - Flegmatic

Renato, docteur satellitologue

Combien d’amateurs rêvent de se qualifier pour les plus grands tournois du monde à prix cassé ? Ils feraient bien de demander conseil à Renato Minicuci. Passionné de longue date, le docteur est spécialiste en la matière. En début d’année, on le découvrait sur le PSPC des Bahamas, pour lequel l’Italo-Français s’était qualifié en remportant un freeroll de plus de 5 000 joueurs. Deux ans plus tôt, il vivait son premier Vegas dans la peau de qualifié, pour jouer le Mini Main à 1 000 $. Cette année, Renato a pris l’upgrade, en s’offrant la version Main Event, suite à un heureux Expresso à 25 €.

Renato Minicuci

« C’était sur le dernier dimanche de qualifications, se souvient Renato. Je n'en avais pas lancé beaucoup, peut-être une petite centaine. J’étais tombé contre un reg que je joue souvent. Je l’ai éliminé avec un Roi dominé, puis j’ai gagné tranquille derrière ».

Voilà Renato aligné sur un nouveau tournoi légendaire, six mois après le 25 000 $ des Bahamas… Pourtant, Minicucci a hésité à venir ! « Mon troisième fils est né il y a huit jours ! Je n’étais pas sûr de partir, mais c’est ma femme qui m’a dit “Vas-y, vas-y ! ». On comprend la confiance de madame. La dernière fois que Renato s’est envolé pour les Bahamas, il est revenu avec un deep-run magique, pour 107 500 $ de gains.

« Cette fois, si je vais en table finale, je fais venir mon fils, promet Renato. Il n’a que deux ans et demi, mais je dirai à une tata de l’emmener ». On n'y est pas encore, mais Minicuci est parfaitement rentré dans son Day 1. « On dit qu’il ne faut pas faire de hero-call au Day 1. J’en ai déjà fait deux, deux fois c’était bon » se défend le joueur, qui vient effectivement de bien lire son adversaire en BB.

3-bet de vilain après un open bouton de Renato, qui voit le flop 389. C-bet 2 500, snap-call de Renato. Sur la turn 4, son opposant demande 7 500. Minicuci observe cette fois longuement son adversaire avant de payer. River 5, check BB et snap-check back. AQ montré, le A3 de Minicuci est bon ! Déjà 100 000 pour le docteur. - Fausto

Yaya envoie le tata

Yannick Cardot

Quelques tables plus loin, un autre Français prend son Main Event par le bon bout. Un homme qui était lui aussi qualifié pour les Bahamas, mais qui préfère perfer sur les EPT que sur les PSPC. Yannick Cardot est de la partie, et a déjà fait parler ses moves bien à lui. « J’ai fait un coup un peu loufoque » annonce le joueur, qui semble déjà avoir mangé un stack entier.

« CO open alors que bouton est absent et je défends J8, pose Cardot. Le flop vient 854, je donk 500, il raise 2 100, je call. Turn J, je check, il envoie 6 000, je call. River 9, je check, il hésite puis envoie 15 000 et je fais tapis ». Comment ça ? En value ?

« Non, non, en bluff, je ne pense pas qu’il value moins bien que ce que j’ai. Par contre, je pense qu’il va fold des quintes, voire même des petites flushs sur ce tournoi. Je prends ce spot sur le Main Event, pas sur les autres tournois ». Bien vu Yaya. 118 000 pour le finaliste EPT Monte-Carlo. - Fausto

Anecdotes, statistiques et citations à la con

C'est bon je boite! https://t.co/y917G0ltcO

— CALAMUSA Pierre (@LeVietF0u) July 6, 2023

La convalescence risque de prendre un peu de temps pour LeVietF0u

0 : le nombre de tables dédiées au Main Event dans la zone Yellow de la Paris Ballroom. La zone White quand à elle est loin d'être remplie et la zone Green est majoritairement occupée par l'un des derniers Mega Satellites à 1 100 $. En clair, il y avait de la place pour beaucoup, beaucoup plus de monde !

C'est déjà terminé pour Gene, le centenaire qui a participé au shuffle up & deal de ce Day 1D.

"Hey, ce mec a remporté un coup de fou, vous devriez parler de lui avant qu'il devienne Champion du Monde !" Si j'avais reçu un dollar à chaque fois que j'ai entendu cette phrase, j'aurais de quoi me payer un café à la Poker Kitchen.

"Les sites de coaching et les logiciels ont tué le poker. Le poker est mort." - Signé : un Phil Galfond 100% ironique au moment de quote tweet les WSOP annonçant que le record d'affluence est battu.

The 17-year wait is over - we have a new World Series of Poker Main Event entry record!

With 8,830 entries and counting, and registration open until 4:40 p.m. on Saturday, the previous Main Event record of 8,773 will be shattered.

Thanks to all players, dealers, staff, and… pic.twitter.com/ruLAoqqmgv

— WSOP - World Series of Poker (@WSOP) July 6, 2023

Level 3 : le roi est nu

Level 3 : Blindes 300 / 400 BB ante 300 Main Event 10 000 $ (Day 1D)

1 168 jours d'attente qui en valaient la peine

24 avril 2020 : le gang Winteractivity remporte brillamment le KING5 après une victoire 3-2 contre la TEAM IGNITE. Été 2020 : le gang Winteractivity ne part pas à Vegas pour jouer le Main Event des WSOP en freeroll... parce qu'il n'y pas de WSOP : il y a juste le Covid. Automne 2021 : les WSOP sont de retour pour une édition spéciale "Le Covid c'est fini, ou presque, mettez un masque quand même" mais le gang Winteractivity ne part toujours pas à Vegas, car il est encore bien compliqué de voyager aux USA depuis l'Europe. 6 juillet 2023 : ENFIN ! Thibaud, Loïc, Florent, et Alrick (il manque Mathieu, qui n'a malheureusement pas pu venir) arrivent à Vegas depuis Bar-le-Duc. La bande de potes d'enfance prend place dans la salle de bal du Horseshoe. Le Main Event des WSOP va commencer. Leur Main Event. Il était temps.

Au sein de la bande, il y en a un en particulier pour qui les 1 168 jours d'attente n'auront pas été vains. Comme les trois autres, Alrick alias _el_padrinho dispute le plus beau tournoi du monde en freeroll. C'est le privilège de tous les gagnants du KING5. Sauf que son package à lui s'est vu agrémenter en fin de Level 2 d'un bonus de taille, à la fois innatendu, réjouissant et flippant. Sur le coup de 16 heures, Alrick a vu débarquer à sa table le joueur le plus titré de l'histoire des WSOP, et aussi l'un des plus excentriques. Celui qui met chaque année un point d'honneur à faire de son arrivée (tardive) sur le Main Event un évènement à part entière. Une parade costumée absurde et kitsch, qui provoque à chaque fois plus de rires que d'applaudissements, mais dont le ridicule est pleinement assumé par l'intéressé.

Alrick KING5
En arrivant à la table d'Alrick (photo) un peu plus tôt, je le trouve occupé, lui et tous ses adversaires, à remplir un formulaire. C'est le papier que les équipes de PokerGO tendent à chaque joueur appelé à être déplacé en table télé au niveau suivant. Tout en aidant Alrick à remplir chaque case en anglais (profession : ingénieur informatique, famille : un enfant, expérience au poker : depuis 2008), je m'interroge. "Je ne comprends pas. Il n'y a aucune star du poker à ta table. Pourquoi ils t'emmènent en table TV ?" En me montrant ses 40 000, Alrick rigole : "Ils veulent filmer ma remontée !" Il m'explique s'être pris un méchant setup avec une couleur max perdante contre un full trouvé rivière, et un très beau fold avec Q-10 sur un turn Q-5-2-10, son adversaire a montré 2-2.

Je regarde de plus près la table d'Alrick. Puis je comprends. Il manque un joueur à table. Le siège 5 est inoccupé. Un coup d'œil à la montre. Il est presque l'heure de la grande Entrée Triomphalement Tardive et Ridicule de Phil Hellmuth ©.

Les autres joueurs comprennent à leur tour. Alrick me demande des infos sur le style de jeu d’Hellmuth. « Il est serré, non ? » Je lui réponds que je serais bien incapable de donner la moindre information sur un joueur qui, malgré ses 17 bracelets de Champion du Monde remportés depuis 1989, se fait encore régulièrement traiter de pigeon par la communauté high stakes et les pros online élevés au GTO. J’essaie tout de même. « Je ne sais pas comment il joue, personne ne sait. Il fait n’importe quoi, n’importe comment, c’est comme s’il n’y avait que lui-même qui sait ce qu’il fait. Il va miser des montants qui n’ont aucun sens, sélectionner des mains qui n’ont aucun sens. Il ne va jamais faire ce que tu attends qu’il fasse, et tu vas galérer pour deviner ce qu’il a. » En disant tout cela, je me rends compte que je sonne comme tous ces mecs sur Twitter qui, lorsqu’ils reconnaissent le génie d’Hellmuth (on répète : 17 bracelets), le font à contrecœur, et s’efforcent de saupoudrer leur compliment d’une bonne pincée de dédain.

Hellmuth
16 heures : le show doit commencer. Katy Perry se met à hurler dans les hauts parleurs. Le titre est Roar car, comme il l'avait annoncé la veille, Hellmuth débarque en tenue de Monsieur Loyal. Il n'est pas tout seul : à sa traîne le suit un Daniel "Jungleman" Cates costumé en lion et encagé. Et aussi : 17 mannequins, pour autant de victoires sur les WSOP. L'affaire dure des plombes, Hellmuth tenant à visiter les deux salles du Horseshoe avant de s'asseoir. Son passage provoque plus d'indifférence qu'autre chose. Les milliers d'amateurs du Day 1D n'ont pas besoin d'un spectacle supplémentaire : ils ne sont pas devant leur télé, aujourd'hui ce sont eux les héros de leur propre histoire. Mais les WSOP laissent faire. It's good for the game, disent-ils, et je crois qu'ils ont raison. Au micro, Jack Effel s'efforce d'ailleurs de teinter son discours enthousiaste d'une bonne dose d'ironie. "C'est le moment le plus attendu du tournoi, n'est-ce pas ?" Pendant dix minutes, nous sommes au cirque. Heureusement que le ridicule ne tue. Mais aussi : heureusement que le poker sait ne pas se prendre au sérieux une fois de temps en temps.

Finalement, Hellmuth arrive à la table d’Alrick, encore non télévisée car ce n’est qu’après la pause qu’ils rejoindront le podium. Hellmuth s’assoit. « On sera en table télé après la pause », dit-il à ses adversaires, ne s’imaginant pas un instant qu’ils sont au courant depuis une bonne demi-heure. Un attroupement se forme. Les appareils photos cliquètent. J’ausculte le costume d’Hellmuth. Qualité : pitoyable, du genre soldé à 5 $ sur Amazon. Les mannequins tentent de faire ce qu’on leur a demandé de faire : sourire le plus large possible, quitte à risquer la paralysie faciale.

Hellmuth
Apercevant une connaissance au loin, Hellmuth lève la main pour l'appeler. Son costume est mal boutonné, exposant un torse blafard à toute l'assistance. Une pensée surgit : je suis payé pour regarder ça. Je suis payé pour documenter ça. Je sors mon téléphone pour capturer les tétons quinquagénaire et les transmettre à la communauté entière. Phil Hellmuth, pour qui aucune publicité n'est une mauvaise publicité, sera le premier à me retweeter.

NOT my best look, no shirt on!! https://t.co/ITICOuEgRZ

— phil_hellmuth (@phil_hellmuth) July 6, 2023

Hellmuth
Hellmuth
Hellmuth
Hellmuth
Hellmuth

Level 3 : gros stacks, gros setups, gros folds

Level 3 : Blindes 200 / 400 BB ante 400 Main Event 10 000 $ (Day 1D)

IllicoFoldo

Cédric Danneker
Ses stories Instagram (source inépuisable d'informations pour le couvreur poker moderne) nous ont appris l'arrivée toute récente de Cédric Danneker. "Je suis là depuis deux jours, détaille IllicoBusto. Je suis allé jouer un peu de cash game au Paris histoire de me mettre en jambes. J'ai fait une session dans la King's Lounge, c'était très sympa. Un mec s'est pointé à table en annonçant : 'My name is Mister Bluff.' Et effectivement, il a beaucoup bluffé." Son Main Event en revanche a bien failli beaucoup moins bien se passer, mais il a réussi à appuyer sur le bon bouton au bon moment. "Un mec m'a 5-bet à tapis préflop, j'ai fold les Rois. Il avait les As." Une esquive quasi miraculeuse que beaucoup n'ont pas su éviter sur le Main Event. Il faut dire que l'ancien candidat Top Shark sait jouer très deep. De joueur de tournoi exclusif, il s'est récemment tourné vers le cash game. "Je continue à jouer les sessions du dimanche sur Wina et de faire quelques vidéos en MTT pour Spin for Win, mais le reste du temps, je ne fais que du cash, oui." Petite surprise : pour son premier tournoi live depuis un an - "La dernière fois c'était le WPO Bratislava." - le vainqueur du KING5 2021 a pris place juste à la droite de Julien Sitbon. "C'est quand même improbable, ça nous était déjà arrivé sur le Main Event de l'EPT Prague, alors que je joue très peu de gros tournois. En tout cas ça ne me dérange pas, je préfère ça et pouvoir discuter, sinon je m'ennuie." Et on sait que sur le Main Event, les journées peuvent être longues. Surtout en faisant d'aussi gros folds. - Flegmatic

Le côté obscur du setup

Sébastien Guidez

Ça ne va pas fort pour Sébastien Guidez. "Je me suis fait déstacker, souffle le finaliste du 500 $ Freezeout. J'avais plus de 100 000, il me reste 18 000. Et encore, j'étais tombé à 11 000." La dégringolade est facile à résumer : un bon vieux setup perdu avec deux Rois... contre deux Dames. "Tout part préflop, il frappe la Dame tout de suite." Un coup du sort cruel, d'autant que Seb' était plutôt dans la zone jusque-là. "J'ai hero call troisième paire contre le monsieur au siège 8, j'ai gagné avec brelan de 10 contre deux Dames chez madame en face, et j'ai bien value As-Dame contre mon voisin à droite." Allez, tout est à refaire, mais une journée sur le Main Event consiste aussi à savoir encaisser avant de repartir de plus belle. - Flegmatic

Marc, et ça repart

Marc Schmitt

Notre qualifié Expresso Marc Schmitt (photo) est en danger au moment où nous arrivons à sa table. Après avoir limp en premier de parole, il paie la relance à 1 300 d'un joueur en milieu de position, comme l'avaient fait le hi-jack et la grosse blinde avant lui. Puis, sur un flop 962, il prend l'initiative en poussant au milieu ses derniers 10 900 jetons. Le relanceur initial et la grosse blinde restent dans le coup, ouvrant au Français un spot de triple up. Le turn 8 est de nouveau misé par l'OR, à hauteur de 20 000, avant que les deux joueurs ne tapotent la table sur le J river. Une cinquième carte magique pour Marc, permettant à sa paire de Valets de repasser devant le 98 du joueur en MP. Retour au-dessus des 30 000, pour un bon bol d'air. Joueur associatif pur jus, membre de l'Association Val d'Oye du côté de Belfort, Marc va pouvoir profiter un peu plus longtemps de son Main Event. - Flegmatic

Chevre.Miel stonks

Nicolas Vayssières

"La value de ce Day 1D est folle si on ne joue pas du tout en 10-handed !" Nicolas Vayssières est tout heureux d'avoir choisi cette journée pour commencer son Main Event, et on le comprend. Si ce Day reste privilégié par une majorité d'amateurs américains, le public semble, pour une fois, avoir entendu l'avertissement des WSOP concernant un potentiel embouteillage. La différence d'affluence entre 1C et 1D ne devrait pas être aussi prononcé que les années précédentes et l'organisation n'a même pas eu besoin de recourir au tant décrié (du monde par les Européens) jeu à dix par table. "Tu imagines, on va retrouver les mêmes joueurs au 2D !" Et à regarder les voisins de Chevre.Miel, cela ressemble à une excellente nouvelle. "Tu ne vas pas me croire, mais le plus mauvais c'est celui en siège 3," glisse-t-il en désignant... le joueur le plus jeune de la table. Histoire de confirmer les dires de Nico, celui-ci se lance alors immédiatement dans une séquence de limp/call en début de parole, avant un donk bet au hauteur du pot sur un flop A52. CQFD. - Flegmatic

Sacha (D)Rymland

Sacha Rymland

Son début de Main Event se passe comme dans un rêve. « J’ai gagné à peu près tous les pots que j’ai joués » débute Sacha Rymland, qui ne cache pas avoir eu « beaucoup de réussite ». Comme souvent, le spécialiste de cash-game analyse sa partie avec beaucoup de modestie. Nul besoin de bad-beats, seulement de mains parfaitement valorisées face à des joueurs un brin audacieux.

Sur la première par exemple, Sacha reçoit deux As après un open 600 LJ et un call HJ. Le joueur de cash-game augmente les enchères à 3 000 et trouve un client au Low-Jack. Le flop vient Q74, c-bet 1 500, payé. Turn 4, second-baaaaar 8 000, payé encore et pour être sûr d’être devant, un A sur la river. Sacha demande à son opposant ce qu’il lui reste, soit 28 000 jetons. Payé par… 43. Monsieur a voulu la mettre à Sacha, il a été puni !

Quelques mains plus tard, nouveau spot bien agréable. « Open 6x d’un Américain qui joue littéralement 100% des mains, je paie 109 au bouton et la BB, un joueur qui connait tout juste les règles paie aussi Le flop vient Q78, c-bet 2 000, payé, payé. Turn 6, ça check jusqu’à moi, j’envoie 8 000, payé par la BB. River 2, je fais 23 000 et il me paie en quelques secondes ».

On ne sait pas ce qu’il y avait en face, mais chez Sacha, il y avait à les nuts. 164 500 pour le pote des Mehdi Chaoui, premier chipleader du clan français. - Fausto

Jordan, la pointure au-dessus

Jordan Pailha

Encore un Français ayant démarré son tournoi du bon pied. Jordan Pailha a rapidement pris le chiplead d’une table pourtant compliquée. « J’ai déchatté le Seat-draw : il n’y a aucun client » affirme le joueur, posté devant plus de 110 000 jetons. S’il n’a pas été verni au niveau du siège, le joueur admet volontiers sa chance cartes en mains. « J’ai fait flush over flush, puis full over full » résume Jordan. « Et encore, j’aurais pu tout lui prendre mais je suis tombé sur un adversaire prudent. Il a préféré call sur certaines streets où il aurait pu raise ».

Pailha a également connu une situation assez unique en début de journée. Tandis qu’il devait s’asseoir au siège 9, les floors lui ont proposé d’intervertir de siège avec un joueur afin de faciliter le déroulement du jeu. - Fausto

Poker beyond the dark

Steven Iglesias
En effet, un certain Steven Iglesias s’apprêtait à combattre à la même table que Jordan. Grinder professionnel, le Norvégien a été touché par une rare maladie génétique, entrainant une perte totale de sa vue. Ayant dû stopper le poker pendant deux ans, Steven a pu reprendre sa passion et son travail en s’associant à Daniel.

Les deux hommes forment le duo “BlindGuy789” sur Twitch, sont sponsorisés GGPoker et voyagent partout dans le monde pour jouer au poker. Iglesias prend toutes les décisions et Daniel est ses yeux. Il chuchote à son oreille pour l’informer des cartes qui lui sont servies et décrit à voix haute les boards qui apparaissent.

Leur complicité est manifeste. « Cela fait maintenant sept ans qu’on travaille ensemble » me précise Daniel, qui touche 20% des gains remportés par son collègue joueur. Évidemment, l’assistant doit lui aussi maintenir la Poker face, afin de ne délivrer aucune information, et porte les mêmes lunettes de soleil que son partenaire. - Fausto

Statistiques, anecdotes et citations à la con

2 : c'est le nombre de membres de l'équipe qui s'en vont participer au Super Media Freeroll Turbo Chatte Tournament, dont ils ont appris l'existence environ quatre heures avant le coup d'envoi. Le vainqueur sera celui qui réussira à terminer la journée sans devoir retourner bosser.

Chemise
Le concours de la plus belle chemise se poursuit...
Chemise
... affluence oblige, les prétendants ne manquent pas
Joe Hachem
Moins remarqué que le Monsieur Loyal de Phil Hellmuth : l'Empereur Palpatine version Joe Hachem (vainqueur en 2005)
Bannière Chris Moneymaker
Depuis près de 20 ans, les murs des WSOP sont décorés avec les portraits de chaque vainqueur du Main Event depuis 1970. Les bannières sont gigantesques et font le tour de la salle dans l'ordre chronologique. Avec deux exceptions : ont été accrochées à part, et bien en vue, les portraits de Doyle Brunson et de Chris Moneymaker. Après tout, existe-t-il deux personnages plus importants qu'eux pour raconter l'histoire du poker, l'ancienne et la moderne ?

Level 4 : Orleans, c’est l’Amérique

Level 3 : Blindes 200 / 400 BB ante 400 Main Event 10 000 $ (Day 1D)

L’éclosion d’une floor

Brittney Stout

Nous venons de trouver le chipleader de Day 1D. Ou plutôt la chipleadeuse. Tandis que la très grande majorité des joueurs peine à dépasser le stack à six chiffres, une certaine Brittney Stout roue à une vitesse bien supérieure à la limitation en vigueur. Au retour du diner-break, la joueuse est déjà pointée à 275 000 jetons.

Tiens mais, ce visage, ses traits nets et cette paire de lunettes me rappellent quelque chose. Attends, ne serait-ce pas la floor qui me donne mon ticket de tournoi chaque semaine à l’Orleans ? Je m’approche de madame pour m’assurer de cette bizarrerie. « Excuse me lady, are you a floor ? ».

La joueuse s’amusera qu’un journaliste l’a démasqué. En effet Brittney Stout est floor manager à l’Orleans, le casino préféré des couvreurs. Là, bas, elle a plutôt l’habitude de diriger des 300 $ de Omaha8 et autres jeux exotiques entre quelques centaines d’habitués. « Je travaille aussi à l’Aria, j’alterne entre les deux » précise Brittney. Cette fois, la floor a troqué son costume contre celui de joueuse, chose qu’elle fait très rarement. Mais quand elle le fait, c’est pour jouer le plus beau tournoi du monde.

« C’est la troisième fois que je joue le Main Event. J’aimerais jouer plus souvent, mais avec mon travail, je n’ai absolument pas le temps » explique Brittney, qui vit pour l’instant un Day 1 indécent de réussite. « J’ai fait quinte flush dès le premier niveau pour prendre un très gros pot. Puis au début du deuxième niveau, c’était fou. Première main au retour de pause, je fais nut-flush contre set et j’élimine un joueur. Et sur la main suivante, je fais nut-flush contre brelan, et j’élimine un autre joueur ». Facile le poker. 275 000 jetons pour la floor du meilleur casino de Vegas.

Un jeune loup venu aiguiser ses crocs

Louis Le Boisselier - Jonathan Pastore

Chaque année, de nouveaux jeunes talents français viennent s’ajouter à la longue lister des redoutables grinders français. Inutile de les citer, la liste est longue et nous documentons depuis longtemps leurs performances, que ce soit sur notre room ou sur les grandes places du poker Live. Un jeune louveteau se verrait bien rejoindre la meute. À seulement 21 ans, Louis Le Boisselier débarque à Sin City pour ses premiers WSOP, avec l’envie de découvrir, d’apprendre, et bien sûr de croquer.

« Je voulais déjà venir l’année dernière, mais je ne pouvais pas » rappelle celui-qui vient d’atteindre la majorité internationale. « Là, je suis venu avec un ami grinder, un certain Rémy. Mais arrivée à l’aéroport, il ne retrouvait plus son passeport. Du coup, il n’a pas pu jouer et il est rentré sans faire un tournoi ».

Un de perdu, dix de retrouvé. Louis retrouve ses amis grinder de Malte, Nico Vayssières, Jonathan Pastore et d’autres, qu’il a rencontré sur l’île où il est installé depuis deux ans. Le Boisselier a fait ses gammes en ligne, se faisant notamment remarquer sur notre room en prenant la 2e place du High Roller 1 000 € des Wina Series en janvier 2022. En Live, il ne dispose pour l’instant que de peu d’expérience, mais s’est tout de même montré sur notre étapes madrilène, ou encore lors du dernier Sismix. Rien de comparable cependant avec la démesure de Sin City.

« Plus que le Main Event, ce qui m’impressionne, c’est de voir cette immense salle remplie. C’est mon tout premier tournoi WSOP ! Ca donne l’impression de rejoindre ce que tu as l’habitude de regarder depuis des années, comme les “Dans la tête d’un Pro”. Là, je me retrouve un peu à leur place » déclare Louis.

Après une première perf à 33 bâtons sur un tournoi au Wynn, où il terminait 5e, le jeune grinder est en quête de son premier deep run sur un tournoi WSOP. Le jeune loup sait que rien ne sert de courir et attend patiemment, autour du stack de départ, pour croquer dans le bon spot.

Level 5 : Aux anciens le W reconnaissant

Level 5 : Blindes 300 / 600 BB ante 600 Main Event 10 000 $ (Day 1D)

Dilettante around the globe

Marc Inizan
Gone, but not forgotten, disent les anglo-saxons. Parti, mais pas oublié. Un adage qui, chez Winamax, s'applique à ceux qui ont un jour fait partie du Team, mais s'en sont éloignés depuis. Par exemple Marc Inizan, croisé aujourd'hui autour des tables du Day 1D. Si c'est sa très belle année 2010 en live qui lui a valu de se faire proposer le logo et le contrat (3e sur l'EPT Berlin, 9e sur le Main Event des WSOP Europe à Londres), c'est bel et bien en ligne que Locsta a imprimé sa marque avec le plus de fermeté. Dans sa période pro la plus acharnée (2011/2012, disons), personne ne pouvait rivaliser avec Marc, Red Diamond avant même l'invention du terme, en termes de volume et de tables jouées : au classement des plus gros "rakers" de Wina, son pseudo ne quittait que rarement le sommet. C'est peut-être ce qui, après la fin de son contrat, l'a motivé à progressivement lever le pied.

« J’ai quand même beaucoup joué, j’ai fini par me lasser. » Un sentiment qui a plus ou moins coïncidé avec la retraite anticipée d’un autre grand nom dans le landerneau online français : Alexandre Luneau. « Quand il a commencé à se pencher sur le domaine de l’analyse de données, de la programmation et des modèles mathématiques, ça m’a intéressé. » Le poker de haut niveau, c’est une affaire de matheux : la transition vers la programmation et le big data n’était donc pas si illogique que ça. « J’ai fait ça quelques années. Et puis, j’ai eu envie de reprendre un peu de liberté. » Ce qui nous amène à aujourd’hui : en 2023, Marc n’est plus tout à fait le pro jusqu’auboutiste qu’il fut il y a dix ans, mais le poker continue de faire partie de sa vie.

C’est avec le passeport toujours dans la poche qu’il le pratique. « J’aime voyager. J’ai des potes en Thailande, ma copine vit en Asie, donc j’y vais souvent. » Un coup d’œil à sa fiche Hendon Mob le démontre : au milieu des ITM et finales en Corée ou au Vietnam avec un taux de change prêtant à sourire (ha, cette 20e place à Hanoi valant 36 millions de dongs : une fois converti en dollars américains, il n’en reste plus que 1 500), on trouve un vrai résultat marquant : une victoire sur le circuit World Poker Tour Prime en Chine, pour 140 000 $, avec le drapeau français trônant fièrement tout en haut d’un field à 99 % asiatique.

Rare occidental au milieu des locaux, Inizan ne passe probablement pas inaperçu lorsqu’il débarque dans les salles de jeu de Séoul, Phnom Penh ou Incheon. Mais cela lui permet de découvrir une culture poker exotique, encore relativement inexplorée, et presque entièrement absente des grands médias poker traditionnels. « A Séoul, les jeux d’argent sont interdits. On peut trouver des casinos près de l’aéroport : ils sont réservés aux étrangers. Du coup, pour jouer, les coréens louent des grandes salles de bal dans des hôtels de luxe. Il y a tout un système pour rester dans la légalité, on paie pour acheter des points, et on buy-in les tournois avec les points. » Des parties underground, certes, mais pas exactement confidentielles : « Un tournoi qui coûte l’équivalent de 300 €, tu vas avoir plus de 3 000 joueurs ! Et, personne ne sait jouer, c’est 100 % d’amateurs. C’est dingue. Le tournoi le plus cher, c’était 3 500 €, tu avais quand même 250 joueurs ! »

Résident londonien depuis ses débuts dans le poker, Marc Inizan a décidément l’est en tête lorsqu’il songe à son avenir. « J’ai vraiment adoré Séoul. Je me verrais bien m’installer là-bas. Le seul souci, c’est le langage. On ne parle pas beaucoup anglais là-bas. Mais on n’arrête pas de me dire qu’apprendre le coréen, c’est moins difficile qu’il n’y paraît. » Allez, on commence : 행운을 빌어요. Cela veut dire « bonne chance ». Pour le Main Event d’abord (Marc va terminer le Day 1 avec sa cave de départ de 60 000), et pour ses premiers cours sur Duolingo. - Benjo

Pérouse cruise

Perouse

Un des héros de l’épopée 2022 fait son apparition. Ou plutôt son retour. Aperçu dans les premiers jours du festival, Julien Pérouse a fait un petit aller-retour chez lui à Toronto avant de revenir pour le gros morceau. « J’étais qualifié pour le tournoi des champions » explique celui qui avait remporté deux bagues WSOP-Online… Sur des tournois de 50 joueurs. « Le Canada a sa room à part maintenant, comme la Pennsylvanie » précise le grinder, qui sait trouver les bons spots pour remplir sa bijouterie.

Le vainqueur du WSOP High Roller online est désormais de retour pour le gros morceau. Ça démarre plutôt bien. Sous le regard de sa coach Audrey Verloome, Julien monte les pions avec assurance. « Je viens de prendre un bon coup face à un joueur assez aggro. Il open UTG, je 3-bet bouton QJ et je décide de check-back sur le flop J82. Il envoie mi-pot sur la turn 6 puis check sur la river 7. J’ai bet 50% et il a tank call, peut-être que j’aurais pu me polariser pour prendre un peu plus ». C’est déjà pas mal Julien et ça fait un beau 159 000 au moment d’attaquer la dernière heure de jeu. - Fausto

Sellam de Las Vegas

Sellam

Après une grosse perf, on peut se permettre une petite sucrerie, un petit shot sur un tournoi qu’on n’aurait pas pu envisager quelque temps auparavant. Voilà une règle assez répandue chez les grinders. Et Rubens Sellam n’y déroge pas. « Je me suis autorisé suite à Monaco » confirme l’amateur, qui nous avait ébahi lors du dernier EPT Monte-Carlo. Comment ça, vous ne vous souvenez pas de ce “one-time” où le Cpiste marseillais transformait une qualif pour 5 € en 307 patates ?

Un butin qu’il comptait investir dans le mariage futur de son fils. Le papa a aussi le droit à son petit plaisir : s’offrir son premier Vegas et son premier Main Event… Qui démarre tranquillement avec un petit 90 000 au bout de ce premier jour de grind. - Fausto

Pastore prend (de) la profondeur

Jonathan Pastore

Il était jaloux de voir son pote Louis Le Boisselier en pleine page de notre coverage. Assis juste derrière son pote grinder, Jonathan Pastore a donc décidé de se faire remarquer. Parti avec 80 000, le champion du monde a placé une accélération à la Marc Raquil dans l’avant-dernier virage pour se replacer en tête de course.

« Je flat K10 au bouton après un open HJ et BB call. Le flop vient J94, check-check et je bet small, payé par bouton. Turn 2, nouveau check et je fais 110%, il paie encore. River Q, il fait un bet étrange, 2 200 dans 18 000. Je raise 18 000 et il m’envoie tapis ». Bon appétit Jonathan, qui s’empresse de payer avec les nuts. C’est juste mieux que seconde nuts, soit 108 chez la big blinde. Quelques pots plus tard, Pastore passe la barre des 200 000. - Fausto

Finck straight

À un peu plus d’une heure de la fin de journée, on tient le potentiel chipleader du clan tricolore. À vingt mètres à peine du banc de presse (voilà qui est bien pratique), Jérôme Finck est assis devant un tapis de 260 000, plus très loin des 286 000 pions empaquetés par Julien Martini lors du Day 1B. « Je suis passé de 130 000 à 260 000 en 45 minutes au retour du dinner break, explique l’Alsacien. Ça avait pourtant mal commencé parce que je me fais craquer les As d’entrée. Mais derrière c’est moi qui craque les As avec deux Dames pour remporter 40 000 et éliminer un joueur. Ensuite je fais quinte river contre un autre qui avait deux Rois. Et j’ai aussi passé brelan de 10, encore contre deux Rois. » C’est ce qu’on appelle un bon gros tout droit. « Bon par contre depuis c’est le calme plat. Mais tout va bien, je ne me plains pas ! » Il ne manquerait plus que ça. - Flegmatic

Le cas Souf

William Kassouf

Vous vous souvenez de William Kassouf ? Bien sûr que vous vous souvenez de William Kassouf ! Il y a sept ans, l’avocat anglais avait cassé la tête de l’intégralité des joueurs avec qui il avait tapé le carton, claquant un fameux « Nine High Like a Boss! » resté dans la légende, avant de se faire gronder comme un petit garçon par la direction du tournoi, pour finalement se faire slowroll par le vilain Griffin Benger, qui avait mis fin à son parcours en 17e place. Will Kassouf, c’est le type de personnalité que le Main Event adore mettre en avant, et qui adore se servir du Main Event pour prendre la lumière.

Après cette semaine de gloire, le Londonien a rapidement confirmé en s’offrant un High Roller à 10 000 € à l’EPT Prague, avant de retomber peu à peu dans l’anonymat. Depuis, c’est principalement dans la rubrique « faits divers du poker » que s’illustre Kassouf, pour de multiples démonstrations de comportement plus que bordeline, voire carrément des allégations de triche. Et sinon, niveau poker, ça donne quoi ? Se faisant plutôt discret dans un coin de la Ballroom du Horseshoe, nous l’avons vu payer la mort dans l’âme une petite mise de 6 000 avec deux As sur un board KTJK8, non sans avoir fait remarquer qu’il ne battait grosso modo qu’un bluff. Sauf qu’en face, il y avait un full, avec une belle paire de 10. Rien de dramatique pour Will, qui conserve un tapis légèrement supérieur au stack de départ. - Flegmatic

Qu’est-ce qu’on se marre

Scotty Nguyen

Nous avons trouvé la table la plus sympa du field. Elle est située dans la zone Red de la Ballroom du Horseshoe, porte le numéro 511 et autour d’elle se trouve, sans grande surprise, Scotty Nguyen. Même à 60 ans passé, le Champion du Monde 1998 et quintuple détenteur de bracelets continue de diffuser une ambiance détendue et enjouée partout où il passe. Alors si en plus se trouve à côté de lui le volubile producteur de cinéma Randal Emmett - le mec qui s’était payé un orchestre pour son entrée sur le Big One en 2018, photo ci-dessous - vous pouvez être sûr que les sept autres joueurs à table ont passé une bonne journée. Ou du moins une journée bruyante. Et que ça papote pendant les coups, et que ça lâche des tips de 100 $ au serveur qui vient ramener un verre de vin rouge, et que ça apostrophe les couvreurs… On serait bien resté jusqu’à la fin de la journée.

Randal Emmett

Une fin de journée qui s’annonce compliquée pour Scotty. Nous l’avons vu envoyer trois sacoches sur 5Q44K, dont une dernière à 15 000. Payé par sa voisine d’en face, il retourne un Roi-Dame attrapé en plein value cut contre une paire d’As. Hang in there, baby! - Flegmatic

Statistiques, anecdotes et citations à la con

Alex Hernando

Trois Team Winamax en finale des WSOP ! Un triplé mémorable réalisé par Caroline Darcourt (10e), Clément Andreolli (6e) et Alex Hernando, qui termine runner-up du prestigieux Media Event. Notre couvreur espagnol réalise l’une de ses plus belles perfs en carrière et repart avec un score colossal de 400 $ à dépenser à la boutique du Horseshoe, ainsi qu’un très beau sac à dos.

1982 : l’année où Scotty Nguyen a emménagé à Las Vegas. Et vous, vous faisiez quoi il y a 41 ans ?

La France ne remportera pas pour la deuxième année consécutive la Coupe du Monde des joueurs de poker. Emmenés par leur sélectionneur Ivan Deyra, les Bleus se sont inclinés en demi-finale contre Israël.

The sky is the limit

Le plus gros tournoi du monde a battu aujourd'hui ses propres record Ils sont déjà plus de 9 000 inscrits... et la barre des 10 000 n'est pas hors de portée Main Event 10 000 $ (Fin du Day 1D)

WSOP Day 1D
Le personnel des World Series of Poker a accompli deux exploits aujourd'hui. L'un est déjà en train de faire les gros titres, et entrera sans peine dans les annales du poker. Le second passera un peu plus inaperçu... et pourtant, il ne s'agit pas d'un mince accomplissement. Parlons d'abord de ce dernier. Après des années à échouer de convaincre les joueurs du Main Event de ne pas attendre la dernière minute (et donc le Day 1D) pour s'inscrire, afin d'éviter les traditionnelles congestions et pétages de plomb de la dernière journée de départ, on dirait que les organisateurs ont enfin réussi à faire passer leur message.... Car, avec quelque chose comme 4 100 inscrits, le Day 1D de 2023 fut de fait moins populaire que celui de 2022... mais sans que cela affecte l'affluence globale. Bien au contraire ! Avec plus de 9 300 inscriptions déjà comptabilisées, le record historique de l'édition 2006 est explosé. Quand on sait que le guichet restera encore ouvert pendant 36 heures (jusque 16h40 sur le deuxième Day 2), on se prend à rêver d'un field à cinq chiffres. Comme le dit le journaliste américain Donnie Peters au micro de son podcast, en cours d'enregistrement à côté de nous sur le banc de presse : "L'objectifs des WSOP cette année était de battre le record. Ils sont en train de le pulveriser."
WSOP Day 1D
"Chaque année, ils nous font le bluff du 10-handed : cette année, il est passé !" a souri Davidi Kitai. C'est vrai : on a connu pas mal d'édition où les organisateurs ont été forcés d'agglutiner 10 joueurs autour de chaque table lors du Day 1D. Un format obsolète à une époque tournée vers le short-handed. Beaucoup ont fini par comprendre... et se rabattre sur le Day 1C, dont l'affluence a bondi de 70 % ! Résultat : l'intégralité du Day 1D s'est jouée en 9-max.

Alors, la barre magique des 10 000, on la saute ou pas ? Nous, on y croit… après avoir croisé des dizaines de joueurs qui débarquaient pour s’inscrire alors qu’il était minuit passé. Ils seront quelques centaines d’ultra-retardataires à se pointer vendredi et samedi, pour jouer les Day 2ABC et 2D. En attendant, retour sur quelques-uns des héros de ce dernier Day 1. - Benjo

Un chipleader généreux

"Rah je suis dégoûté, je suis à 3 000 jetons de Martini !" C’est un Jérôme Finck taquin que nous avons retrouvé au moment de la traditionnelle cérémonie du bagging de fin de journée. « Ah non attends, il me reste une main pour lui passer devant. » Ouverture du joueur UTG-2 à 1 300, payé par les trois joueurs qui suivent. Le Français est au bouton et place un squeeze à 8 000. Un fold, deux folds, trois folds, le plan s’apprête à se dérouler à la perfection… jusqu’à ce que le cut-off décide de pousser son maigre tapis au milieu, pour 600 de plus. Jérôme est un peu embêté, mais pas question d’abandonner le coup bien sûr, surtout avec une main comme T9. Pris en flagrant délit d’arrachage, il doit améliorer contre AJ, mais le board laisse les positions en l’état. Au final, tout le monde est content : le short stack qui se retrouve à passer le Day 2 avec un peu plus de 20 000 jetons au lieu de 8 000 et celui que l’on soupçonne être notre chipleader, tout sourire du haut de son tapis de 274 600. Pour ceux qui ne le connaissent pas, l’Alsacien s’est glissé dans le Top 50 de l’EPT Londres l’an dernier, et s’est fait coacher pour ce tournoi par un spécialiste français du Main Event. Cela fait quand même deux arguments pour un potentiel deep run. - Flegmatic

WSOP

"Je termine à 58 000, mais je suis le plus heureux du monde. J’ai passé full pendant le dernier niveau et j’ai eu raison, il y avait un meilleur full en face. Si j’avais payé je serais dehors à l’heure qu’il est. J’ai envie de me br*****." Vous l’avez compris, Anthony Kazgandjian est content. Très content.

Davidi s’offre une seconde vie

Davidi Kitai
« Je me voyais déjà dans ma chambre » confie Davidi Kitai. On sent sur le visage du génie de la gratitude, un bonheur d’être encore présent dans ce Main Event, qui a bien failli tourner court. « J’ai chatté avec top two contre brelan pour mon tapis… Et j’ai fait flush backdoor. Trèfle-trèfle ». Une horreur qui fera certainement cauchemarder son opposant. On ne le pleurera pas. Les dieux du poker ont cette fois décidé de sauver Davidi. Et le Génie sait parfaitement capitaliser lorsqu’on lui offre une deuxième vie.

« J’ai pris des bonnes décisions, j’ai fait deux petits hero-calls qui m’ont permis de monter près des 80 000. J’attendais ensuite le spot pour décoller sur la dernière heure, et il est arrivé ».

Sur un open du bouton, Davidi découvre deux beaux As en SB. Le 3-bet est enclenché, quand David entend soudain ces doux mots qui font frémir de plaisir chaque joueur de poker armé de deux flèches : « all-in ». Le Belge s’empêche de payer et voit son adversaire montrer un audacieux 89. Une belle main pour craquer les As. Davidi suera quelques secondes sur le flop 1072. Deux briques plus tard, le Génie s’envolait vers les 130 000 jetons. « J’ai bien fait de faire le 1D. C’était plus soft et le Day 2 sera également plus soft. Par contre, j’ai l’impression que pour avoir les papis, il faut vraiment venir dès le matin. J’affine petit à petit ma théorie sur les Day 1 » déclare Davidi, qui avait déjà tout vu du bluff sur le “10-handed”.

Davidi s’apprête bel et bien à rentrer dans sa chambre, mais il aura une nouvelle plus heureuse à annoncer à son clan. Place désormais à un day-off bien mérité, « en famille, détente » et Kitai reviendra samedi pour la suite du combat.

Alexane Najchaus
Pour la suite de la guerre, Alexane Najchaus n’aura pas autant de munitions que son collègue belge. Grindant dans le dos de Davidi toute la journée, la spécialiste d’Expressos n’a pas trouvé de spots favorables, ni même de grosses cartes pour lancer véritablement son Main Event. Le petit skate qui portait comme toujours ses jetons a dû supporter un poids de moins en moins lourd au fur et à mesure de la partie.

Pour autant, LaSirenita ne s’est pas laissé complètement écailler. Découvrant la profondeur abyssale du Main Event, Najchaus s’est adaptée et a joué de patience pour se stabiliser juste en dessous des 30 000 jetons. « C’est encore très long, il reste sept jours » lâchait une Alexane toujours confiante.

Leo Margets
Notre troisième Team Pro en lice sur ce Day 1D met également les jetons dans le sac. Après une journée sans grande frayeur ni sans trop de saveur, Leo Margets a fait le boulot, en professionnelle, pour valider une petite plus-value. « Les tables étaient très bien, très soft et assez amusante… Dommage de ne pas avoir accumulé plus de jetons. J’ai tout de même empoché 73 300, ce qui n’est pas si mal du tout ». - Fausto

La coloc enchantée

Du côté de Cédric Danneker aussi, il y a de quoi se réjouir. "J'étais tombé à 20 000 après n'avoir fait que fold, raconte l'ancien finaliste Top Shark, et je termine à 71 000. J'ai notamment fait quinte river contre un brelan qui n'arrive pas à fold sur un board 4 to straight." From IllicoBusto to IllicoDay2. En revanche, la remontada n'a pas eu lieu pour son voisin du jour Julien Sitbon. "Il a perdu avec brelan contre un flush draw qui est rentré et ensuite ses derniers 12 000 sont partis avec deux Rois contre deux 10." Un Français de perdu ? Un Français de retrouvé ?

Leo Lombardozzi
Car à la table d'à côté, le colocataire de Cédric montait un stack de 152 000. Son nom ? Léo 'Ya 2 ecoles' Lombardozzi. "C'est chiant les tournois, je perds mon temps ici !, plaisante à moitié le Top Shark 2021, converti depuis longtemps aux joies du cash game. En vrai, la prochaine fois que je viens à Vegas, je ne jouerai que le Main Event. Ça fait des semaines que je suis ici, j'avais prévu de jouer les WSOP, mais je n'ai fait que deux tournois. À la place, je n'ai fait que du cash game online. Bon, ça s'est bien passé, j'ai pris 65 000, mais j'aurais aussi bien pu le faire de chez moi." "Chez moi", une notion complexe à définir pour le Marseillais, qui vit entre Dublin et la Colombie. "L'avantage maintenant, c'est que je me suis mis à l'espagnol. D'ailleurs, après ça, je file à Tijuana."

Pas toujours facile de suivre Léo, que ce soit géographiquement, ou au niveau du débit de parole. Intarissable, il nous raconte en vrac ce qu'il considère comme un gros fold avec 5-6 suité sur Dame-10-6-10-X - "Il mise trois quarts pot river, il se polarise vachement. Apparemment il avait Roi-Valet suité." - et réflexions plus globale sur le niveau de jeu des Américains. "Ils sont perdus dès qu'il s'agit de 3-bet préflop. Ils ne comprennent rien aux sizings. Alors que nous en cash game, on en joue tellement souvent ! Bon, je me suis quand même fait bluff par un mec qui a 4-bet As-2 off UTG+1. J'ai payé avec deux Dames, mais je n'étais pas content. Le flop est venu hauteur As tout à cœur. J'ai la Dame de cœur, je paie une fois et je perds au showdown. Je ne m'attendais pas à voir ça ici." Peut-être pas si chiant que ça les tournois finalement. - Flegmatic

KING5 : mieux vaut tard que jamais

WSOP Day 1D
Trois dedans, un dehors au sein de Winteractivity, l'équipe KING5 ayant battu le record d'attente pour profiter de son Main Event en freeroll - leur victoire sur notre championnat par équipe remonte à 2020, en plein Covid. On vous a déjà causé d'Alrick (en rouge), qui a vécu aux premières loges la traditionnelle arrivée tardive et triomphalement grotesque de Phil Hellmuth, avant d'être logiquement déplacé en table TV. Les feux des projecteurs : c'est ce qu'Alrick retiendra de son premier Main Event. Car côté poker, son tournoi n'a jamais véritablement décollé. "Je me suis battu longtemps avec mes 15 blindes, j'ai tout fait pour garder le contrôle. Mais c'était cool. C'est le mot. La famille, les amis qui regardent, ma copine et mon fils. C'est pas tous les jours que tu joues au poker pour 20 000 spectateurs." Sur la dernière main, Alrick se fait proprement hero call par un adversaire qui n'a pas eu peur. "J'ai 17 BB, je relance As-10 off en début de parole, payé une fois. Flop Q-J-2 avec deux trèfles, j'ai l'As de trèfle. Je 3-barrel, le turn tombe 6, la rivière un autre 6 qui fait rentrer les trèfles. Il m'a payé avec Roi-Valet !"

Avec 140 000, Loïc (t-shirt blanc) mène le clan Winteractivity vers le Day 2. « J’avais deux jeunes agros à ma gauche, on a commencé par se taper dedans… Puis après, on s’est calmés, et on s’est occupés des amateurs américains qu’il y avait dans le virage en face. » Fut un temps où Loïc se battait pour exister sur le circuit pro (avec à la clé une 35e place à l’EPT Deauville en 2013). C’est en amateur qu’il dispute aujourd’hui son premier Main Event WSOP. « Je travaille dans la maçonnerie. J’ai une fille de 2 ans, et entre la vie de famille et la situation fiscale en France, j’ai préféré en rester là. »

Pour Florent (à gauche), la discussion à chaud post Day 1D était déjà le moment pour une sérieuse remise en question. « C’était très dur ! J’ai super mal joué. Sur dix heures de jeu, j’ai dû jouer correctement trois heures, pas plus… J’ai du gaspiller au moins 20K. C’est bizarre, j’ai bien commencé, et puis j’ai commencé à avoir peur. Je n’arrivais pas à jouer les coups comme il fallait. J’ai fait des calls pourris… Avec en plus la fatigue, on est là que depuis deux jours. » On fait du mieux qu’on peut pour le rassurer : avec un stack de 73 400 (c’est plus que le tapis de départ), il pourra reprendre à zéro son tournoi samedi, après une journée entière de pause, muni de presque 100 blindes.

Alrick n’est pas le seul Winteractivty ayant eu le plaisir (sic) d’affronter un champion du monde. Thibaud : « Tout a très bien commencé, la table était nickel, je gagnais tous les coups. Puis j’ai été déplacé à la table de Chris Moneymaker… » C’est contre lui que Thibaud a joué son plus gros coup de la journée. « J’ouvre au bouton pour 1 000, call de la SB, il 3-bet à 5 000. J’ai paire de 10, je paie. Flop 4-4-5, il c-bet 5 000, je paie. Turn un autre 5, il envoie 13 000, bizarre, je paie. Rivière : un Valet. Il me met 20K… Je réfléchis, je réfléchis, je le vois quand même bien sur un bluff. Je paie. Il me montre As-Valet. » C’était bel et bien un bluff… jusqu’à la rivière. - Benjo

Brèves de fin de Day 1D

Michael Mizrachi
Les Mizrachi sont au rendez-vous. Robert a déjà passé les 100 000, tandis que le petit frère Michael est arrivé en fin de soirée, le temps de grinder un petit 85 000

Alexandros Kolonias
Tout en solidité, le colosse grec Alexandros Kolonias monte un petit stack à six chiffres dès le premier jour, avec 106 000 jetons

Natalie Hof
On ne sait pas si Nathalie Hof est encore de ce tournoi, mais son mari, Felipe Ramos, lui pourra sereinement préparer le repas, éliminé précocement de ce Main Event

WSOP Day 1D
On retiendra son entrée théâtrale dans la cage gardée par Phil Hellmuth. On retiendra moins sa sortie, puisque Le tigre Dan Jungle Man Cates a été dompté après deux heures de jeu

George Holmes
Runner-up il y a deux ans, George Holmes est sorti d’Atlanta pour son tournoi annuel. Parvenant au Day 5 une fois sur deux, il débute cette nouvelle édition avec un gros Day 1, terminé à plus de 160 000 jetons

Vendredi 7 juillet : demandez le Day 2 !

WSOP Day 1D
Ça y est, après quatre journées de départ, nous voici enfin au Day 2. Le premier d’entre eux démarrera avec 3 865 joueurs (dont 157 Français), en plus de tous les retardataires qui s’inviteront à la fête. Mais ne nous y trompons pas : sur le Main Event, celui-ci ne constitue qu’un prolongement du Day 1, avec un écrémage légèrement plus prononcé. Les places payées seront encore loin, les gros tapis auront largement le temps de s’écrouler, les short stacks pourront tranquillement se refaire la cerise, et beaucoup d’inconnus se révèleront à nous pour la toute première fois. Mais personne n’est pressé ici de toute façon, si ?

À noter que cette journée du 07/07 sonnera également le coup d'envoi du… Lucky 777 $ ! Un premier lot de consolation pour tous les déçus du Big One, à moins qu'ils ne préfèrent passer à quatre cartes sur le 1 500 $ PLO Bounty. On ne vous cache pas que nous ne comptons pas beaucoup nous y intéresser. Mais comment rivaliser avec le nouveau plus gros Main Event de tous les temps ?

Benjo, Fausto & Flegmatic

3 202 joueurs franchissent le Day 1D

WSOP
Day 1A : 1 038 joueurs (officiel) / 720 restants (dont 32 Français) Chipleader : Yehuda Dayan (Israël) 389 900

Day 1B : 1 118 joueurs (officiel) / 819 restants (dont 32 Français) Chipleader : Jean-Pierre van der Spuy (Afrique du Sud) 287 000

Day 1C : Environ 3 080 joueurs / 2 326 restants (dont 93 Français) Chipleader : Christopher Brammer (Royaume-Uni) 386 100

Day 1D : Environ 4 100 joueurs / 3 202 restants (dont 65 Français) Chipleader : Nicholas Rigby (USA) 408 800

CLIQUEZ ICI POUR LE CLASSEMENT COMPLET ET DÉFINITIF DU DAY 1D

Top 10

Drink
Nicholas Rigby (USA) 408 800 Brittney Stout (USA) 375 500 Neel Murthy (USA) 323 100 Chris Hunichen (USA) 321 200 Carlos Leiva (Argentine) 318 700 Brandon Mincher (USA) 317 000 H Jeffrey Weil (USA) 308 100 Matthew Adams (USA) 307 200 Vincent Pistorino (USA) 306 000 Harish Ananthapadmanabha (USA) 305 400

65 Français

Pastore 14. Jérôme Finck 274 600 56. Jonathan Pastore (photo, à droite) 206 400 76. Loïc Debregeas 188 700 129. Yannick Cardot (qualifié Winamax) 168 300 141. Antoine Dlorme 165 200 151. Julien Pérouse 161 900 154. Loic Fringant (qualifié KING5) 161 100 204. Léo Lombardozzi 152 000 252. Kalidou Sow 143 500 264. Julien Duveau 142 400 451. Lionel Lesur 121 800 562. Clément Cure 114 000 583. Tristan Forge 112 200

Guichard
602.Sacha Rymland 111 000 639. Mesbah Guerfi 108 300 666. Patrick Sacrispeyre (photo) 107 100 706. Paul Guichard (photo) 105 000 752. Gregory Caubet 102 500 806. Christopher Marcadet 100 500 817. Rubens Sellam 100 000 937. Benny Taieb 94 200 943. Sylvain Mazza 94 000 1105. Adel Naoun 87 600 1147. Dominique Chouamier 86 000

Sacrispeyre
1190. Fabien Motte 84 400 1242. Antonin Teisseire 82 200 1385. Jordan Pailha 76 800 1406. Nicolas Milgrom 76 400 1418. Louis Le Boisselier 76 000 1434. Alexandre Servies 75 400 1472. Lucas Daumen 74 000 1476. Florent Lequoy (qualifié KING5) 73 700 1511. Jonathan Fhima 72 500 1546. Cedric Danneker 71 100 1608. Victor Marques 68 800 1680. Olivier Decamps 66 200 1744. Fabien Perrot (photo) 64 200 1746. Gilles Frere 64 200

Perrot
1788. Gratien Meylan 63 000 1831. Jean-Michel Texier 61 800 1953. Jean-François Gribinski 58 400 1929. Mohamed Kerkeni 59 200 1961. Anthony Kazgandjian 57 900 2073. Nicolas Vayssieres (photo) 54 800 2228. Benjamin Lehrer 49 900 2332. Erwann Pecheux 45 900 2380. Yves Hallague 44 400 2407. Jacques Guenni 43 600 2482. Marc Inizan 40 700

Vayssières
2483. Vladimir Nex (qualifié Winamax) 40 700 2503. Safwane Bahri 40 200 2528. Yannick Girona (qualifié Winamax) 39 500 2585. Leandry Ainonkpo (photo) 37 700 2648. Timothee Scotti 35 400 2656. Pierre-Yves Joubert 35 000 2689. Thibaud Zeien (Qualifié KING5) 33 800 2760. Damien Robert 31 200 2834. Eric Yam 27 400 2837. Alexane Najchaus (Team Winamax) 27 200 2895. Philippe Narboni 24 800 2960. Antoine Labat 21 900 2989. Paul Patouilliart 20 600

Leandry
3111. Alexandre Le Vaillant 14 200 3125. Marc Schmitt (qualifié Winamax) 13 000 3189. Vincent Meli 6 130

On renouvelle nos mercis à BurneD’Or et son tableau récapitulatif posté sur Twitter, qui nous a permis d’ajouter 12 noms à la liste des survivants tricolores du Day 1D, dont le chip-leader du clan.

Le reste du field (sélection)

Sergio Aido
26. Chance Kornuth (USA) 241 500
58. Sergio Aido (Espagne, photo) 204 400
144. Victor Ramdin (USA) 164 400
167. Eric Mizrachi (USA) 157 400
212. Jonathan Little (USA) 150 200
235. Marton Czuczor (Hongrie) 145 700
254. Chris Moneymaker (USA) 143 100
294. Anthony Zinno (USA) 137 900
333. Paul Newey (Royaume-Uni) 133 000
352. Ludovic Geilich (Royaume-Uni) 131 000

367. Davidi Kitai (Belgique, Team Winamax) 129 800
381. Blair Hinkle (USA) 128 300
389. Kathy Liebert (USA) 127 000
392. Poorya Nazari (Canada) 126 800
411. Joe Hachem (Australie) 125 300
431. Jake Schwartz (USA) 123 000
467. Jonathan Abdellatif (Belgique) 120 600
589. James Obst (Australie) 111 900
597. Dan Smith (USA) 111 100
637. John Racener (USA) 108 500

Michael Mizrachi
643. Michael Mizrachi (USA, photo) 108 200
688. Phil Hellmuth (USA) 105 800
721. Viktor Blom (Suède) 104 100
724. Dermot Blain (Irlande) 104 000
730. David Stern (USA) 103 700
759. David Oppenheim (USA) 102 300
823. Cary Katz (USA) 99 900
845. Robert Mizrachi (USA) 98 600
88. Noah Bronstein (USA) 96 800
1116. Randy Ohel (8USA) 87 200

Ana Marquez
1237. Christian Harder (USA) 82 600
1312. Chino Rheem (USA) 79 400
1329. Mukul Pahuja (USA) 78 900
1349. Phil Ivey (USA) 78 300
1405. Benny Glaser (Royaume-Uni) 76 400
1447. David Williams (USA) 74 900
1478. Ana Marquez (Espagne, photo) 73 700
1483. Leo Margets (Espagne, Team Winamax, photo) 73 300
1558. JC Tran (USA) 70 700
1571. Joseph Elpayaa (USA) 70 300

Leo Margets1706. Ankush Mandavia (USA) 65 500
1803. Eoghan O’Dea (Irlande) 62 600
1824. Dan Coleman (USA) 62 000
1825. Jason Wheeler (USA) 62 000
1859. Chad Eveslage (USA) 60 900
1914. Dutch Boyd (USA) 59 500
1919. Toby Lewis (Royaume-Uni) 59 400
1923. Upeshka Da Silva (USA) 59 300
1939. Christopher Brewer (USA) 58 900
1958. John Juanda (USA) 58 100

Sergio Fernandez
1960. Will Molson (Canada) 58 000
2083. Bart Lybaert (Belgique) 62 600
2162. Erik Cajelais (Canada) 51 800
2196. Sergio Fernandez (Espagne, photo) 50 800
2225. Andrew Teng (Royaume-Uni) 50 000
2285. Melanie Moser (Royaume-Uni) 47 500
2373. Paul Volpe (USA) 44 800
2427. Mike Wattel (USA) 42 600
2497. Mark Seif (USA) 40 300
2610. David Singer (USA) 36 800

Scotty
2766. William Kassouf (Royaume-Uni) 31 000
2802. Cliff Josephy (USA) 29 100
2812. Barry Greenstein (USA) 28 700
2818. Sam Soverel (USA) 28 600
2955. Dzmitry Urbanovich (Pologne) 22 000
2990. Erick Lindgren (USA) 20 600
3043. Lee Markholt (USA) 17 700
3057. Maria Lampropulos (Argentine) 17 100
3114. Mark Newhouse (USA) 14 000
3176. Scotty Nguyen (USA, photo) 8 400

Blindes au départ du Day 2 : 400 / 800, ante 800

WSOP : le coverage Winamax