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WSOP 2022-Main Event - 3

Level 11 : la grande réunification

Level 11 : 1 000 / 2 500 BB ante 2 500 Main Event 10 000 $ (Day 3)

Après six journées d’introduction (quatre Day 1, deux Day 2), tous les survivants du Main Event évoluent désormais au même rythme. Mais avec 2 993 joueurs sur la ligne de départ du Day 3, c’est dans pas moins de trois salles différentes qu’ils sont répartis, au Bally’s et au Paris.

Ça part de là

Loic Debregeas
On commence ce Day 3 par une bonne nouvelle : notre Team Pro le moins bien loti en jetons, Loic Debregeas, a trouvé un spot de double up après tout juste cinq minutes de jeu. Après avoir poussé une première fois son tapis sans être payé, il voit un joueur relancer en middle à 5 500, et son voisin français, Laury Vanlerberghe, payer. En fin de parole donc, _Winda décide de pousser ses dernières 11,8 blindes (oui, Loïc calcule précisément) au milieu. Le bouton 4-bet shove juste derrière pour environ 87 000, et les deux premiers joueurs passent. Avec AK contre JJ, le Marseillais va donc jouer un coinflip pour sa survie, et c’est un K qui tombe tout de suite en door card pour permettre à _Winda de continuer à rêver dans ce Main Event. Laury, qui a passé une paire de Dix, est également content de l’issue de ce coup. « Ça part de là ! » conclut _Winda, qui s’offre ainsi le droit de ne pas vivre un Day 3 express. - Rootsah

Mieux vaut tard que jamais

Rabah Ait Abdelmalek
Croisé par hasard à la fin du Day 1D alors qu’il emballait un joli stack d’environ 100 000 jetons, le toujours discret Rabah Ait Abdelmalek sera l’un des gros tapis français au départ du Day 3, avec 290 000. Et même s’il est un habitué du circuit EPT, c’est bien la première fois qu’il vient tâter du jeton à Las Vegas. « Je suis dans la maintenance de camions, j’ai pris des congés, et me voilà. » En habitué des tournois de haut niveau, on peut lui faire confiance au Parisien pour ne faire aucune erreur aujourd’hui : « Je vais commencer par jauger la table, si elle est passive je vais jouer aggro, si elle est agressive je vais attendre. » Rabah va en tout cas essayer de surfer sur la vague d’un Day 2 très réussi grâce notamment à une « bonne table », après avoir de son propre aveu davantage « souffert » lors d’un Day 1 où il est tombé à 40 000. "Mais j’avais réussi à monter 100 000 lors de la dernière heure.« 

Qualifié pour ce Main Event après avoir pris son ticket sur un satellite à 1 100 $, Rabah, posé à Vegas depuis la mi-juin, est venu avec un de ses amis, une figure bien connue du cash game live français mais qui souhaite rester discret. Il loge au Bellagio, un bon spot pour se reposer entre deux grosses sessions de cash game en Omaha (son format de prédilection) à la Kings Room du Paris. « Mais je ne joue quasiment pas depuis le début de l’année, j’ai juste fait l’EPT Prague, précise Rabah. Durant le séjour, j’ai déjà fait 25e du 3 500 $ Wynn Championship pour 26 716 $. Pour une première fois, ça se passe bien, je suis content. » Plus qu’à continuer sur sa lancée pour espérer faire encore mieux… - Rootsah

Florian Gaiement

Deux Français heureux dans les couloirs menant à la Bally’s Ball Room. Florian Guimond marche aux côtés de Max Chilaud. Les deux grinders ont des raisons d’avoir le sourire. Ils s’apprêtent à démarrer un Day 3 de Main Event, et sur leur nouvelle table les attend un sac de jetons bien remplis. « Frappuccino loco » en main, ‹ LaTwice › débarque détendu et motivé, espérant prolonger le run favorable qui l’accompagne depuis le début de tournoi. « J’ai fait beaucoup de paires, débute Guimond. J’ai décollé deux Rois contre deux Dames pour terminer le Day 1 à 160 000. Puis au Day 2, j’ai trouvé un full river avec deux As quand mon adversaire faisait quinte max. Une fois que j’avais du stack, j’ai pu beaucoup ouvrir et beaucoup c-bet » explique le finaliste FPS Monaco, qui reprend la journée avec un gros tapis de 595 000 jetons. Et alors, au menu du jour ? « Ça doit être la seule table où il n’y a qu’un Américain à table. J’ai trois mecs de Hong-Kong, un Japonais, un Mexicain, un Russe, un Canadien ». Un seat-draw bien international, qui méritera quelques rounds d’observation avant de que La Twice n’ajuste sa stratégie. - Fausto

Soma prêt à regravir les sommets

Le premier héros français de ces WSOP avait annoncé son ambition. Dans une interview accordée à Winamax, Léo Soma confiait la nécessité de rehausser ses objectifs, chamboulés par le gain précoce de ce bracelet. « Pour pas refaire un deep run sur un field massif ? » proposait le joueur, en évoquant la suite de son premier Vegas déjà réussi.

Soma

Un mois après son coup d’éclat sur le Monster Stack, Léo n’a pas trouvé trop de runs à se mettre sous la dent. Spécialiste des tournois deeps, le champion du Monde s’est astucieusement gardé son quota de chance pour le plus gros morceau du programme.

« Pour l’instant ça s’est bien passé. J’ai pris mon temps en début de tournoi, puis j’ai eu un gros coup en début de Day 2 où j’ai payé pour ma survie. Ca fait open CO 2 500, je flat 33 BT et la SB squeeze 8 500. On joue 90 000 en tout, je paie et ça vient 3JQ. C-bet 7 200, je just-call, turn 4, il check, et je la joue tricky avec un check-back. River A, il check encore, je fais 17 500 et là, il me check-raise tapis pour 72 500. Je m’y attendais pas à celle-là, j’ai tanké pendant au moins six minutes. Son move ne faisait pas beaucoup de sens. Je me disais que Roi-Dix ne jouait pas comme ça, peut-être deux As, mais il aurait sûrement deux barrels, ou bien lead river. Le problème, c’est que c’est difficile de lui trouver des bluffs aussi. J’ai fini par payer et il a montré Roi-Dame ».

Fort de son gros stack, Léo a pu mettre le turbo pour grimper jusqu’à 340 000. Mais une rencontre fâcheuse As-Roi contre deux Rois l’a fait redescendre à 200 000, un tapis tout de même encore très solide pour poursuivre son numéro sur ces World Series. - Fausto

Cavelier seul

Matteo Cavelier
Si la table 603 attire l’attention grâce à la présence de la sympathique Mario Konnikova, un petit Français se cache en siège 7 : Matteo Cavelier. Si vous n’avez jamais croisé ce jeune grinder aux tables de Las Vegas, c’est normal : il a eu 21 ans, l’âge légal pour jouer aux Etats-Unis, il y a une semaine à peine ! « J’avais prévu de venir à Vegas tout de suite, en solo. C’est un peu comme quand j’ai eu 18 ans : je me suis directement créé un compte sur Winamax. » Car entre le poker et Matteo, le coup de foudre a été immédiat : « J’ai commencé par regarder les vidéos de High Stakes Poker sur Youtube avec Tom Dwan et les autres, ça m’a donné envie de jouer. Ensuite, j’ai regardé tout ce que j’ai pu trouver. Depuis que j’ai commencé, je suis hyper passionné. » Si Matteo s’est donc plongé à fond dans le poker et déclare ses impôts en France comme un pro, celui qui réside à Evreux est encore étudiant en école de commerce à Compiègne, « la même que celle d’Alexandre Luneau, l’un des mes joueurs préférés avec Phil Ivey », précise-t-il pour l’anecdote. Concilier les deux activités me demande une grosse organisation, je n’ai pas le temps de faire grand-chose d’autre. »

En attendant de marcher sur les traces de l’un des meilleurs joueurs de cash game online de l’histoire, Matteo tente de faire son trou sur Winamax, où il grinde en NLHE de la 1/2 € à la 5/10 €, en plus de quelques tournois. En live, son expérience est quasi nulle : son premier tournoi ever était le Million Dollars Bounty juste avant le Main Event… un Main Event qui vous l’aurez compris, se passe très bien pour l’instant : « Je n’avais pas prévu de le jouer, mais j’ai pris le ticket sur un satellite à 2 000 $ qui se jouait durant le Day 1D, j’ai donc commencé au Day 2 ABC. » Dix heures plus tard, Matteo avait monté un tapis de 305 000 : « Ça s’est super bien passé, la table était fun, on est même passés en table TV ! » En espérant que bientôt, ce soit bien Matteo qui monopolise le feu des projecteurs… - Rootsah

Un loir peut en chacher un autre

Julien Leloire
Une trentaine de tables du Day 3 évoluent à l’écart de l’agitation du Main Event, dans la grande salle de bal du Paris bien vide en cette heure matinale. Pour peu, on aurait presque l’impression que c’est un autre tournoi qui se joue, l’une de ces boucheries matines à 200 balles prisées par les papys américains couche-tôt. Mais non : il s’agit bien du plus beau tournoi du monde, et il nous faut marcher les 800 mètres qui séparent le Bally’s du Paris afin d’aller saluer les dix Français démarrant le Day 3 dans cette salle. Parmi eux : Julien Leloire. « Ne me confondez pas avec Julien Loire », plaisante-t-il en évoquant son quasi-homonyme. « Cela m’embêterai pour lui qu’on m’attribue ses beau résultats ! » Leloire est modeste : le palmarès de l’entrepreneur comprend tout de même quelques belles sorties en live, dont une victoire sur un side event de l’EPT Monte Carlo en 2012, et des faits d’armes dans plusieurs cercles parisiens.

Quand il ne joue pas au poker, Leloire investit dans des boîtes à Paris : une salle de sport par-ci, un caviste par-là… De quoi donner le mal du pays à l’auteur de ces lignes, qui a hâte de rentrer à la maison pour s’offrir une bonne bouteille de blanc français pas surtaxé à mort, comme par exemple l’un de ces grenaches du sud-ouest qui conviennent à merveille à la saison estivale. Mais soyons honnêtes : il n’est pas bien difficile de trouver du bon vin à Vegas, les voisins californiens ayant depuis longtemps développé un savoir-faire viticole reconnu internationalement. Leloire a d’ailleurs deux recommandations : « Le domaine de La Cote, un très bon équibalent du Bourgone, et les vignobles de Joseph Phelps, qui d’ailleurs était Français. » Côté poker, Leloire entame le Day 3 avec plus de 200 000. « J’étais monté à 383 000, mais sur les quatre dernières heures hier, je n’ai vu aucune carte ! » C’est la beauté du Main Event : on peut très bien être card dead pendant des heures et tout de même avoir 80 blindes pour entamer le troisième tour. - Benjo

La structure du Day 3

Jetons
Cinq niveaux de deux heures, des pauses entre chaque, bla bla bla vous connaissez la chanson. Prenez tout de même le temps d’apprécier l’incroyable lenteur de la progression des blindes : en dix heures de jeu, elles vont à peine faire plus que doubler.



































Level Blindes BB Ante
11 1 000 / 2 500 2 500
12 1 500 / 3 000 3 000
13 2 000 / 4 000 4 000
14 3 000 / 5 000 5 000
15 3 000 / 6 000 6 000

Téléchargez la structure complète du Main Event

Main Event 2022 : le programme

Tunnel
Le bout du tunnel est encore loin

Question cruciale, quoi doit déjà être dans les têtes de pas mal de joueurs : la bulle va-t-elle éclater aujourd’hui ? Notre avis : peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Une réponse de Normand justifiée par nos expériences passées sur le Main Event : au cours des six ou sept dernières éditions, on a vu la bulle arriver aussi souvent en fin de Day 3 qu’en début de Day 4. Au passage, le timing pourra aussi être influencé par les organisateurs et/ou les diffuseurs du stream, qui ont tout le pouvoir de, par exemple, rajouter un niveau de jeu ce soir si le Day 3 se termine pas très loin de l’argent. En un mot comme en cent : wait and see. Au minimum, on peut être certains que la moitié des 2 993 joueurs au départ aujourd’hui ne reviendront pas demain…





























































Dimanche 3 juillet Day 1A
Lundi 4 juillet Day 1B
Mardi 5 juillet Day 1C
Mercredi 6 juillet Day 1D
Jeudi 7 juillet Day 2A / 2B / 2C
Vendredi 8 juillet Day 2D
Samedi 9 juillet Day 3
Dimanche 10 juillet Day 4 (jour de bulle)
Lundi 11 juillet Day 5
Mardi 12 juillet Day 6
Mercredi 13 juillet Day 7
Jeudi 14 juillet pause
Vendredi 15 juillet Finale (jusqu’à 4 joueurs)
Samedi 16 juillet Finale (fin)

WSOP : le gros reportage Winamax

WSOP : la galerie photo de C. Darcourt

Level 11 : plus de 4 éliminations à la minute

Level 11 : 1 000 / 2 500 BB ante 2 500 Main Event 10 000 $ (Day 3)

L'accélération des éliminations en début de Day 3 du Main Event, on a l'habitude : à chaque fois, c'est pareil. À l'issue du Day 2, les short-stacks se comptent par centaines, et c'est tout nerveux qu'ils retrouvent leur table et leur maigre pécule à onze heures. Parmi eux, la majorité quitte le tournoi rapidement avec seulement une bonne (ou mauvaise !) histoire à raconter. Mais tout de même, le coup d'œil à la clock durant la première pause a failli nous faire tomber de notre chaise : 2 460 joueurs restants. Soit 533 de moins que deux heures plus tôt ! On vous épargne le calcul : cela représente 4,4 éliminations durant chaque minute du premier niveau.

Ce massacre de début de journée n’a pas épargné le Team Winamax. On l’a vu, Loïc Debregeas a réussi à se sortir du piège qui était tendu à ses dix blindes. Kool Shen, lui, a vécu le chemin inverse, perdant pas mal de coups joués avec de bonnes mains de départ, avant la rencontre aussi classique qu’inévitable : deux Dames contre As-Roi. Le premier niveau a aussi été fatal à Chris Hunichen, Christian Harder, Eli Elezra ou encore Samantha Abernathy. - Benjo

Le meilleur entraînement du monde

Naoun
Cela fait deux jours qu’on voit son nom parmi les bons tapis français : il était temps de faire connaissance avec Adel Naoun, qui a débuté la journée avec 230 000 jetons. « Le Day 2 a été très difficile. Il y avait un joueur actif, la seule fois où je l’ai 3-bet, je suis tombé contre un monstre. Puis j’ai fait doubler les shortstacks. » Sur le Day 3, Matthieu a déjà perdu quelques pions, mais rien de dramatique, avec encore 190 000 en sa possession. D’autant qu’il peut se targuer d’une grosse expérience en live : « Je joue beaucoup à Divonne, Cannes, Lyon ou Annecy, surtout sur les tournois d’APO. J’ai aussi gagné le 500 € du mercredi au Club Barrière, et fait 3e du FPO à Cannes en 2019. » Mais surtout, Adel est l’un des petits veinards qui a gagné en Platinum Pass pour aller jouer le PSPC aux Bahamas en 2023, le plus beau tournoi à 25 000 $ au monde. « C’était sur un 175 € à Divonne en novembre 2019, il y avait 1 231 joueurs, et je l’ai chatté. » Après donc ces bons résultats en tournois et en cash game cette année (Adel est un régulier des tables live en 5/5 €), il a donc décidé de s’offrir un second voyage à Las Vegas. « Je n’avais pas forcément prévu de jouer le Main Event, disons que j’y aurai réfléchi à deux fois, même si j’ai la bankroll pour. Mais j’ai pris le ticket sur un sat à 1 000 $, cela a réglé le problème. Je m’était déjà qualifié l’an passé, mais j’avais sauté au Day 1. En fait, je suis venu pour m’entrainer en prévision du PSPC… » Arrivé le 3 juillet à Sin City, celui qui joue sérieusement au poker depuis « 5-6 ans » est en effet venu pour jouer uniquement des tournois, même s’il saute du Main Event. Ce qu’on ne lui souhaite pas, bien entendu… - Rootsah

Seb, c’est bien

Sébastien Varenne
Le crew du KING5 est encore bien présent au Day 3 du Main Event, que chacun de ses membres joue pour rappel en freeroll. Et Sébastien Varenne, l’un de ses membres émérites, est bien décidé à faire durer le plaisir, alors qu’il a démarré la journée avec 181 500 : « Je suis bien en place, confie MoveOnUp. J’ai gagné un peu de jetons. Je suis content car à ma table il y un mec avec une Hendon Mob à 7 millions, et l’autre à 1 million, et je n’ai pas peur. Je suis respecté, j’ai passé des petits bluffs, certains en check/raise. Je suis content de moi, je serre les dents. » - Rootsah

Il joue le Main Event à cause d’un incendie, vous ne devinerez jamais la suite

Matthieu Teffaud
On vous a déjà parlé de lui hier : Matthieu Teffaud, le vainqueur Red Cactus 2022, est sans doute supporté par le rail le plus soutenu du clan français, avec sept ou huit potes/fans en permanence derrière lui, et une communauté qui se compte en milliers de membres. Mais on ne vous a pas encore parlé de la façon dont il a découvert le poker… L’anecdote vaut le détour. "Mon ex-femme était pompier, et elle a été réquisitionnée pour éteindre un feu de cuisine, avec ses collègues. Le patron du resto les a ensuite invités à prendre le dessert et le café, j’y suis allé, et dans ce bar il y avait une affiche « Jouez au poker gratuitement. » Moi j’avais vu ça un jour à la télé, un peu bourré, avec Patrick ■■■■■ qui commentait, et j’avais trouvé ça marrant. Mais je ne me rappelais plus des règles… Alors en 2014, je me suis lancé, et je suis arrivé dans le bar, on m’a écrit les combinaisons sur une feuille, couleur, brelan, ect… Franchement au début j’y allais pour picoler, mais je me suis pris au jeu. Je me suis rendu compte que c’était toujours les mêmes qui gagnaient, alors je me suis dit qu’il y avait peut-être un truc, j’ai regardé la théorie, des vidéos sur Kill Tilt et Winamax… Et donc finalement pour ma 4e finale Red Cactus, j’ai décroché le package, ce qui est incroyable pour un joueur comme moi, sachant que le plus gros tournoi que j’avais fait jusqu’ici était donc le Wonder8 au Club Montmartre, où j’avais pris le ticket sur Winamax.« 

Et voilà donc comment Matthieu se retrouve à jouer le Day 3 du plus beau tournoi de la planète… Mais le plus incroyable dans tout ça, c’est que cette journée aurait pu s’achever dès la fin du premier niveau. « En fait, je suis UTG, j’ai 24 blindes, et la croupière me distribue une Dame. Elle continue à dealer, et m’en donne une autre… Sauf qu’elle la retourne sans faire exprès ! Là, je peste intérieurement, je me dis que j’aurai pu doubler… Elle me donne une autre carte, c’est un 3, et je passe. Sauf qu’en fait dans ce coup, un mec détenait les As ! Il est certain qu’il aurait 3-bet, j’aurai 4-bet shove et j’aurai sauté, puisqu’un As était tombé au flop… » Un improbable coup de pouce du destin pour Matthieu, qui par la suite en a profité pour grinder quelques petits pots et doubler son stack, à une table où il y a « 60 millions de dollars de gains autour de la table ». Et pour cause, Matthieu est assis entre Cary Catz et Brian Rast.… Le destin, on vous dit. - Rootsah

Laponte démarre le quad

Matthieu Laponte
Un carré dès la deuxième main ? Voilà comment bien démarrer un Day 3 de Main Event. Encore faut-il savoir le rentabiliser. À ce petit jeu-là, Matthieu Pontin n’a pas eu beaucoup de mal. « C’est contre Benjamin (Hammann) » précise Mathieu qui avait notamment croisé le vainqueur du Battle Royale du WPO Madrid. « J’open 77 5 500 et il défend sa BB. Je c-bet 1/3 sur KJ8, il paie. Turn 7, je fais 15 000 dans 22 000, il call. River 7, je mets 50 000 et il me fait tapis pour environ 70 000 de plus ». Évidemment, Laponte s’empressera de payer son compatriote qui tenait As-Valet. Inversion des stacks entre les deux Français. Parti avec 125 000, Laponte passe la barre des 300 000, tandis qu’Hammann perd de sa superbe, en passant de 373 000 à 160 000. - Fausto

"Indiana Jones » De Almeida

C’est un film d’aventures que vit Pierre de Almeida dans ce Main Event. Au premier jour, il est ligoté dans un cachot et tente de survivre malgré la santé déclinante de son tapis. Puis un bad beat acrobatique, Pierre se libère de ses chaînes et s’évade de sa prison pour enfin dépasser le stack de départ et commencer à faire claquer son fouet.

Pierre De Almeida
Arrivé au Day 2, l’ex-staff PMU débute une cavale forte en péripéties. Des swings incessants où Pierre enchaîne les succès et les chutes, avant de se remettre en selle pour gravir une dernière montagne. « Je finis à 220 000, mon plus haut point de la journée, mais c’était très dur mentalement, commente Pierre. Je grindais pendant des heures, puis je reperdais tout, je trouve une rencontre favorable, puis je m’écroule sur un set-up, c’était ça toute la journée ».

En haut du pic, De Almeida a monté le campement, puis reprend l’ascension aujourd’hui. Et ce Day 3 lui réserve dès le matin de nouvelles épreuves, que le grinder a affronté avec brio. « J’ai joué un gros coup contre mon voisin qui est très aggro. Il open UTG+2, je paie derrière avec 99, la BB complète est ça vient J78. Il C-bet 9 500, je raise 31 000, il call. Turn 3, je fais 40 000, il call, et river 6, ca check-check, il montre 108 ». Derrière, Pierre mangera un shortstack qui envoie son tapis avec As-Dame pour s’aplatir contre son As-Roi. Parti comme un fugitif, blessé, sans un sou, Pierre mené sa route pour remplir sa bourse, se trouver un destrier et poursuivre sa ruée vers l’or. Le film continue. - Fausto

Lapeyre, la nouvelle maison

Antoine Lapeyra
Une première fois qui démarre bien pour Antoine Lapeyre. Venu d’Auvergne, le banquier s’est décidé cette année à tenter le plus gros tournoi du monde. « J’étais déjà venu à Vegas, mais je n’avais pas fait le Main. Je suis plus un joueur de cash-game, concède Antoine Lapeyre. Là, je suis venu avec un ami d’ami, Rémi Castaignon, et on est tous les deux encore in ».

Lapeyre a mis du temps à trouver son rythme, mais après trois jours de jeu, le joueur est plus que bien placé avec plus de 110 blindes au moment de démarrer le douzième niveau.

« Le premier jour ne s’est pas très bien passé. J’ai gagné très peu de coups, j’ai du faire le dos rond. Sur le Day 2, j’ai eu une table plus facile et j’ai pu monté des jetons, sans trop faire de gros coups. ». Sur ce début de Day 3, l’Auvergnat a encore mangé quelques pour avoisiner les 350 000. - Fausto

Zarbo déjà au boulot

Avec son gros stack de 415 000, Giuseppe Zarbo n’a pas attendu la premium ou le setup facile pour continuer sa marche en avant sur un tournoi où il a perfé si souvent dans le passé. Dès le premier niveau, le plus français des italiens nous a gratifiés d’un hero call immaculé, suivi d’une démonstration de force préflop.

Zarbo & Benjo
Zarbo nous raconte : "Le premier coup, c'est contre le joueur à droite, j'ai déjà repéré qu'il était capable d'agresser pas mal, il relance tout. Là, il est au bouton, je défends ma petite blinde avec A2. Flop 348. Je check, il envoie 6 500, je paie. Turn 3. Je checke, il met 16 000, je paie. Je suis prêt à envoyer si un carreau tombe. Rivière : K. Je check, il met 27 000. Ici, avec un As il va souvent checker derrière, donc mon As sera souvent bon. Je paie après 45 secondes : il montre 9 et 10 dépareillés."

Place à la démo agro : « Au cut-off, je relance à 6 000 avec Roi-Dame off. Le joueur à ma gauche met 19 500. Je réfléchis un peu, je lui envoie 55 500. Il passe. » Réjouissez-vous : le Main Event est déjà entré dans la phase des grosses pralines préflop. On devrait se régaler. - Benjo

Level 12 : pas un demi-écrémage

Level 11 : 1 500 / 3 000 BB ante 3 000 Main Event 10 000 $ (Day 3)

Antonin Teisseire
2 196 joueurs au compteur au retour de la seconde pause... Si ce chiffre est exact, alors le rythme s'est ralenti durant le Level 12, avec 264 éliminations "seulement". Cela représente deux bustos à la minute tout de même, dont Antonin Teisseire (photo), tombé du mauvais côté sur son premier flip, ainsi que Benjamine Ané, Thomas Deleiris et Ugo Faggioli. Rappelons que les places payées concerneront 1 300 joueurs, et que bien malin sera celui qui pourra prédire si la bulle éclatera ce soir ou demain matin.

La patience est Lyor

Lyor Yiflach
C'est un mantra que l'on entend très souvent dans ce Main Event : rien ne sert de courir, il faut partir à point. Lyor Yiflach en est un bon exemple. "J'avais 160 000 en début de journée, je suis descendu à 95 000, et là je suis de retour à 150 000. Je n'ai eu aucune main dans le premier niveau, je suis tranquille, il faut être patient." Mais si Lyor ne fait pas spécialement bouger les masses, il tient à nous raconter un énorme coup disputé à sa table : "Il y a une heure, un joueur avec 300 000, un peu en tilt, relance, et se fait 3-bet par un autre gros tapis, très cher, pour 20 000 jetons. Il paye, et sur le flop K-Q-2, le premier joueur mise, l'autre relance à genre 150 000, et entend tapis ! C'est payé avec 80 000 à rajouter. Il y a deux As contre J-10... Les mecs n'ont même pas réfléchi !"

Pour son premier Main Event, Lyor ne compte en revanche pas s'envoyer en l'air : "Mon objectif, c'est de faire ITM. Il ne faut pas que je mette trop de pression, car je ne suis venu que pour jouer ce tournoi ! Quand je serai dans l'argent, je serai plus tranquille." En temps normal, Lyor sévit surtout au Club Pierre Charron. "Je suis passionné de poker. Je joue en cash-game depuis très longtemps, mais depuis deux trois ans, je fais davantage de tournois : j'ai fini 4e du BPT Paris en 2020, je joue des petits WPT à Bruxelles par exemple, et j'ai prévu d'en faire d'autres. Mais avec trois gamins, pas toujours le temps..." Le temps, il compte visiblement le prendre dans ce Main Event - Rootsah

"Un shoot de plaisir"

Placé au fond de la salle de bal du Bally's, Cyril Peralez, fait son bonhomme de chemin. "J'ai 215 000, après être monté à 250 000. Mais j'aurai pu avoir 300 000 !" Comment cela ? "En fait, je relance avec deux As, et un joueur très compétent [a priori Daniel Blum, NLDR] me 3-bet depuis les blindes. Je surestime un peu son tapis, et je décide de 4-bet, et il paye. Sur un baby board, on check tous les deux le board... Et je fais un tiers pot sur la turn, une autre petite carte... Et là, il passe deux Rois face up ! Le sizing était mauvais, je ne suis pas fier... Il me pisse dessus, je dois gagner 150 000 et pas 40 000 là-dessus. Je n'ai pas les bons timings. C'est la première fois que je voyais les As depuis une semaine !"

Cyril Peralez
Bon, Cyril réussit tout de même une belle prestation pour un premier Main Event, qu'il a décidé de direct buy-in. "Je réside dans une coloc avec trois joueurs, explique celui qui se définit comme un amateur éclairé. C'est la deuxième fois que je viens à Vegas. En temps normal, je joue en cash-game live plusieurs fois par semaine, en 5/5 € NLHE, et de temps en temps au PLO. D'habitude, je joue plutôt des tournois à 1 000 ou 1 500. Là je me fais un shoot de plaisir." Il nous confie d'ailleurs avoir une table assez facile pour ce Day 3, et nous explique que son tournoi s'est déroulé de manière très fluide jusqu'ici. "Je ne fais que prendre des pots de 20-30 000, je grinde et mon stack monte tranquillement, je suis dans les temps. Pour un joueur de cash-game comme moi, la structure est super, tu peux développer du jeu. Même si tu es card dead une heure, il n'y a pas de raison de paniquer." Directeur dans l'informatique et père de famille, Cyril explique tout de même qu'il s'investit beaucoup dans notre jeu préféré. "Je voyage pas mal, et mon kiff dans ce cas est d'aller visiter les casinos." A Vegas, le voilà servi... - Rootsah

Bensimhon attend la livraison

Eric Bensimhon
"Je n'ai pas de jeu depuis trois jours... Alors il faut bien que je tente des choses !" Ainsi nous parle Eric Bensimhon, juste après avoir gagné le coup suivant. "Je relance en début de parole, je suis payé deux fois par un joueur en position et par une blinde, et je c-bet sur un flop 3K7. Je suis payé deux fois, le premier joueur check le turn 2, je check aussi, et le troisième mise 15 000. L'autre passe, et je relance à 50 000... Il fold. J'avais As-Dame off, je bloquais As-Roi..." Bref, voilà une éclaircie bienvenue dans un horizon nuageux depuis le départ de son Main Event, qu'il dispute pour la première fois : "On est vivant, mais je ne frappe aucun board, je suis en mode survie. Et contrairement à ce que j'ai pu lire sur ce tournoi, je n'ai jamais eu de table facile, pas de livreur. Mais je suis ultra-motivé." Joueur occasionnel, Eric ne compte en tout cas pas se laisser marcher sur les pieds pour tenter de battre son meilleur score en live, une victoire sur le Mystery Bounty des derniers WSOPC Cannes pour 21 800 € - Rootsah

Des coups de folie malgré lui

Au moment d’arriver sur ce Day 3, Adrien Guyon avait une stratégie en tête. Éviter les gros pots, adopter un style small-ball, et monter progressivement en voyant la bulle approcher. Deux heures plus tard, l’ex-Team Pro reprend son souffle, encore ébouriffé par ces tours de montagnes russes. « Je n'ai pas arrêté de swinguer alors que ce n'était pas du tout le plan ! » confie Adrien, qui vient de vivre de sacrés coups de poker.

Guyon

« Je 3-bet deux Rois 16 000 sur 5 000 le mec paie et ça vient 975. Je bet 17 000, il paie. Turn 5, je bet 44 000, il paie encore et river 2, il lead 55 000… L’enfer ! ». Adrien avait flairé l’embrouille mais avec ses deux Barbus, c’est payé quand même. Son adversaire montre 55, carré, Guyon perd un bras.

Heureusement, le premier joueur à atteindre les 3 titres Winamax Series (et qui ne s’est pas arrêté là depuis) avait monté des pions pour résister à ce premier choc. Et il a remonté la pente quelques orbites plus tard, avec un move bien couillu.

Open MP, call derrière et Adrien paie Q9 au bouton. Il trouve la top paire sur le flop Q84. Le c-bet 8 000 fait fold le Hijack, mais pas Guyon, qui voit une turn 2. 2-barrel 25 000, payé encore par le Français quand vient la river K. Troisième barrel envoyé pour 40 000, et cette fois Guyon annonce le tapis, pour environ 100 000 de plus. « Je transforme en bluff et c’est quasi impossible de payer ici. J’ai tout le temps des brelans ».

En effet, le move de Guyon fera coucher son opposant, qui annoncera lâcher une paire d’As. À peine remonté, Guyon paie un nouveau 3-barrels avec 88 sur un board 9445Q, quand son adversaire trouve la top paire river avec QJ. Après toutes ces émotions, Adrien possède toujours 160 000, soit 10 000 jetons de plus qu’au départ de la journée.- Fausto

Dossetto remet la casquette

Stéphane Dosseto
Un arrivé de dernière minute dans le field de ce Day 3. « J’ai loupé mon avion, je suis arrivé au Day 2 du Day 2 », explique Stéphane Dossetto, que je reconnais au milieu de la foule de la Paris Ballroom. Avec sa casquette vissée sur le crâne et ses cheveux mi-longs, difficile de ne pas reconnaître l’animal. Dossetto a joué un peu partout sur la planète, sur le circuit français comme international, mais c’est la première fois que le vainqueur FPS 2016 se présente sur un Main Event.

« J’ai déjà joué quelques High Roller EPT, mais ça n’a rien à voir. Le field ici est beaucoup plus mélangé, et puis l’atmosphère est différente. Là, c’est un énorme kif' » commente le Corse. Depuis deux jours, Stéphane oscille autour des 200 000 jetons, avec une petite tendance à la baisse sur ce Day 3. « Je viens de me manger un petit sale coup, mais rien de grave, assure le Corse. Sur le Day 2, c’était magnifique. J’ai 3-bet un joueur avec deux As, il m’a 4-bet shove pour plus de 100 000 jetons. Le spot dont tout le monde rêve, il arrive sur le Main Event ». Stéphane a bien sué tout de même. « Il avait deux dames rouges et ça vient carreau - carreau - carreau, puis cœur - cœur. J’ai dû regarder deux fois, mais c’était bon ». En revanche, fin de parcours pour son collègue Cédric Angosto, avec qui il a fait le voyage depuis Ajaccio. - Fausto

One hand, four stories

Restons auprès de Stéphane Dosseto, mais en changeant d'observateur. et avec un stack réduit à moins de 100 000 chez le Corse. À la table du Français, Thi Nguyen relance en milieu de parole : c'est payé par le bouton, et par Dosseto en petite blinde. Le flop tombe 662. Dosseto check, Thi aussi. Tandis que le bouton envoie une mise, Dosseto vise le flop avec son téléphone pour en faire une story Snapchat, puis paie rapidement la mise. Thi s'écarte du coup. Le turn est un 8 et là encore, Dosseto check/call (la mise est montée à 10 000) après avoir mis à jour son feed avec une nouvelle photo. Rivière : un 8. Dernier check de Dosseto. Le bouton annonce "all-in" et voilà Dosseto mis devant une décision : engager ses derniers 61 000 ou non. Dosseto interrompt sa réflexion pour tenter une dernière story, mais là, la croupière l'interrompt, lui indiquant avec un certain retard que les règles interdisent l'utilisation du téléphone lorsque l'on est en train de jouer une main. Dosseto pose son smartphone, et entame une longue réflexion. Si longue que son voisin de gauche finira par lâcher "dans une minute, j'appelle la clock, OK ?". Au bout du compte, Dosseto s'engage. C'est un bon call : son voisin avait manqué son tirage avec J10, et il aurait d'ailleurs quand même perdu le coup si un pique était rentré car Dosseto a pris la bonne décision rivière avec KQ. Son double up à 160 000 sera célébré avec une dernière photo du board à l'attention de ses followers. - Benjo

Anecdotes, statistiques et citations à la con

Alex Reard est compté à 480 000, plus de 100 blindes, après être monté à 510 000. Et vous n'êtes pas sans savoir que le pro Unibet sait parfaitement comment se gère un deeprun sur le Main Event...

"Ça se passe bien depuis trois mains... Mais sinon c'est dur depuis deux jours !" Signé : un Thomas Eychenne qui vient de grassement valoriser une paire de Cinq sur un tableau A-A-6-A-7 après avoir check-back le flop et le turn. Une mise pot, soit 30 000 jetons, qui se fait payer dans la seconde par une main inférieure. De quoi remonter à 260 000.

"Quand je ne prends pas toutes les horreurs du monde, ça va mieux !" Signé : un David Susigan refait depuis un Day 2 compliqué, et qui en plus a "chatté un flip" en début de journée pour repartir au combat. "J'ai une table serrée, il y a moyen de faire des choses."

"Ils vont me prendre pour une star !" Signé : un Eric Bensimhon qui vient d'obtenir un walk juste après qu'un membre de la rédaction soit venu discuter avec lui. Le pouvoir des médias, Eric.

Chino Rheem
Fidèle à ses habitudes, l’hyperactif Chino Rheem ne tient pas en place, se levant en permanence pour aller zieuter les gros coups aux tables voisines

Coverage Winamax
En général, nous ne sommes pas trop fans des joueurs qui se laissent distraire par leur téléphone au beau milieu d'un tournoi. Mais cette règle a une exception bien précise... Coucou, Elie Mosaki, on te voit nous lire !
Winamax TV
Harper est de retour à Las Vegas ! Bonne nouvelle : cela veut dire que vous pouvez vous délecter d'un second coverage, en vidéo lui, et à la verticale. Jetez-vous sur ses flashs quotidiens dans la section vidéo !

Level 13 : la pêche aux ailerons

Level 13 : 2 000 / 4 000 BB ante 4 000 Main Event 10 000 $ (Day 3)

Ce sont 1 672 joueurs qui partent en pause-dîner : nous ne sommes plus qu’à 350 et quelques éliminations des places payées. Si l’on me forçait à miser là tout de suite, je parierai que la bulle éclaterait ce soir…

Les perdants de la mer

Francois Pirault
Deux Top Sharks à terre ! On a perdu coup sur coup François Pirault (photo) et Loïc Debregeas au cours du Level 13. On cherche encore les infos concernant la sortie du premier : tout ce qu’on sait c’est qu’On_The_Road avait entamé le Day 3 avec stack bien gras de 100 blindes : là à imaginer un drame, il n’y a qu’un pas. De son côté, _Winda avait commencé la journée sur de bonnes bases en remportant un coin flip d’entrée de jeu pour sortir de la zone des 10 blindes. Quatre heures plus tard, c’est muni d’un stack plus que jamais difficile à manœuvrer (17 BB) qu’il trouvait une paire de 10. « Relance du lowjack, rembobine Loïc via SMS. Je fais tapis au cutoff. Le relanceur avait les As ». Le tout assorti d’un smiley « haussement d’épaules-slash-mine interloquée » qui veut tout dire : il n’y avait aucun moyen d’éviter cette confrontation. - Benjo

Slow play is a good play

Gaëlle Baumann
On s’en souvient : hier, Gaelle Baumann était tombée à 30 000 durant le Day 2D. Mais le Main Event est aussi le plus long tournoi live du monde, et les jours se suivent mais ne se ressemblent pas toujours. Pour preuve, la Team Pro Winamax vient de franchir la barre des 600 000 jetons ! Elle nous confie avoir notamment transformé une bottom paire en bluff sur la river pour un pot à 50 000, mais surtout avoir gagné un coup où le slowplay s’est transformé en setup : « Le hi-jack relance, et je me contente de défendre ma BB avec A-A. Je fais brelan sur le flop A-Q-10, et on check tous les deux. Le turn est un 3, je fais 3/4 pot, et il me fait une sorte de min-raise. Je call, et il shove direcement la river 2. Il a deux Dames… » Oui, top set contre second set, il valait mieux être du bon côté de la barrière… - Rootsah

Riches, célèbres et pleins de jetons

Si les Bleus représentent un gros 3% du field au départ de ce Day 3, il restait tout de même 2 888 non-Français. Parmi eux, quelques joueurs de renom, quelques tauliers enquillant les titres un peu partout sur les continents. Voyons-donc quels sont les stars du casting qui ont réussi à monter des jetons ?

Akkari
À l’opposé de son pote Neymar, André Akkari fait preuve d’une assiduité remarquable dans les grands rendez-vous internationaux. Sur le circuit brésilien, EPT ou WSOP, le Team Pro Pokerstars est de tous les rendez-vous, d’où il ramène souvent quelques ITMs, plus ou moins juteux. Après une 2e place sur le 2 500 $ Nine-Game Mix, André démarre fort ce Main Event, avec un petit demi-million alors qu’arrivent les blindes 2 000 - 4 000.

Deeb
Les légendes ne meurent jamais. Freddy Deeb monte plus de 100 blindes sur ce Main Event, certainement avec l’idée d’aller chercher un 2e bracelet, 15 ans après ce fameux 50 000 $ H.O.R.S.E contre Bruno Fitoussi.

Geshkenbein
Un champion EPT qui aime bien le Main Event. Victorieux à Hinterglemm en 2011 pour 390 patates, Vladimir Geshkenbein a connu de belles vibrations sur le plus beau des tournois du monde. Trois “presque” Top 100 (107e en 2011, 62e en 2013 et 81e en 2016) aussi remarquables que frustrants. Sur cette cuvée 2022, le Russe compte flirte déjà avec le million de jetons, un stack qui le place dans le Top 10 provisoire.

Rezaei
Le champion autrichien a multiplié les perfs ces dernières années. Sur le circuit live et online, Daniel Rezaei fait partie de ces joueurs redoutés et respectés. Mais il manque tout de même une perf sur un WSOP pour compléter la validation. Pourquoi pas sur ce Main Event, où Daniel pointe déjà à plus de 750 000 jetons ?

Jesse Sylvia
« Mr Jesse James » tire encore avec précision. Le runner-up du Main Event 2012 dégaine encore très régulièrement sur le circuit américain. Le joueur sait très bien comment franchir les journées d’un Main Event, pour l’instant, Jesse Sylvia est bien lancé. 550 000 pour l’homme qui avait pris 5 295 149 $ en perdant face à Greg Merson.

Pascal Clarke
L’Irlandais n’est pas un inconnu du W Rouge. En 2019, il tenait en respect tous les joueurs Français qui tentaient d’envahir ses terres à l’occasion du WPO. Patrick Clarke avait alors roulé sur le High Roller, qu’il remportait devant Philippe Guillou (3e), Matthieu Lamagnère (5e) et Aladin Reskallah (6e), pour 40 barres. Une victoire mineure pour ce double finaliste EPT, déjà vainqueur d’un PartyPoker Live, ainsi que d’un PaddyPower Irish Poker Open Dublin en 2014, pour 200 barres. Sur ce Main Event, Patrick passe pour l’instant un tournoi tranquille, n’ayant pas quitté la tête du chipcount depuis le 1er jour. 700 000 jetons pour l’Irlandais. - Fausto

On vous sert du Vayssières

Nicolas Vayssieres
Cinq heures de jeu : nous en arrivons à la moitié de ce Day 3 (en théorie : tout dépend de ce que décideront de faire les organisateurs à l’approche de la bulle) et Nicolas Vayssieres a déjà plus que doublé son tapis du début de journée puisqu’il possède 540 000. Toujours souriant, Chevre.Miel nous explique avoir gagné pas mal de petits coups (K-K contre A-Q) et un bien gros. « J’ouvre deux Rois, un joueur relance à 8 000, et je fais 28 000 au cut-off. Il paye, et on check tous les deux le flop 852. Le turn est un 7, je fais 36 000, il suit. La river est 4, qui fait rentrer une éventuelle quinte, et il décide de miser 10 000. Je relance à 104 000, et il call-muck… » Une belle embellie pour un joueur qui avait passé la majeure partie de son Day 2 entre 60 000 et 80 000, avant de décoller en fin de journée. À la table d’un Mathieu His compté à environ 150 000 (alors qu’il était l’un des chipleaders du clan français ce matin), Nico semble en tout cas avoir bel et bien lancé son tournoi. Avec en ligne de mire son deeprun de l’an passé, quand il avait terminé 17e de ce tournoi, faisant de lui le meilleur tricolore de l’édition 2021… - Rootsah

Se mettre le Main Event à dos

C’est un Maxime Parys cantonné à un rôle d’observateur que l’on a croisé dans la salle de bal du Bally’s. En l’apercevant, on se fait la réflexion qu’on ne l’a pas vu une seule à fois tapis depuis le coup d’envoi du tournoi. « Je ne l’ai pas joué… », confirme-t-il. Et lorsqu’un pro vous dit ça alors qu’il est sur place à Las Vegas, vous savez que cela n’a rien à avoir avec un quelconque manque de motivation, a fortiori lorsque l’on a, comme Parys, atteint un podium sur un tournoi WSOP au cours des semaines précédentes. « J’ai eu un mal de dos terrible au cours des derniers jours. Je n’arrivais presque plus à bouger ou à tourner la tête. J’ai vu un kiné que m’a conseillé Stéphane Matheu. » Jusqu’au dernier moment, Parys a hésité. « Hier après-midi, je commençais à me sentir mieux. J’aurais pu rentrer in extremis. » Le Day 2D était en cours et acceptait encore les toutes dernières inscriptions… « Mais pour finir, je n’ai pas pris le risque. Dans ma tête, ma décision était prise de toute façon. Mais tout de même, ça fait vraiment chier de pas jouer ce tournoi ! » On n’a aucun mal à le croire : c’est forcément avec des regrets dans la tête que Parys zieute les progrès des potes en train de construire leur deep-run. « Il y a plein de potes encore en course. Absolument tous, en fait. Du coup là maintenant je me retrouve tout seul ! Déjà il y a Romain (Lewis) et Jérémy (Saderne), mes deux colocs. Il y a aussi Florian Guimond qui avait 750 000 aux dernières nouvelles, Alex Réard… J’avais plein de swaps, mais comme je n’ai pas joué tout est annulé. Mais on va vibrer quand même ! » - Benjo

Anecdotes, statistiques et citations à la con

Anthony Soules
« Je monte, je descends, mais le problème, c’est que je ne monte pas très haut ! » Signé : un Anthony Soules qui a du mal à sortir de sa bulle, tant il est focus sur son tournoi. Il possède 95 000. Allez, on te laisse, Antho.

« Rien de fou. Je n’ai pas eu beaucoup de mains » : Signé : un Sylvain Loosli qui pointe à 110 000, après être monté à 200 000, et qui attend les bons spots.

« J’ai fait les montagnes russes. » Signé : un Guiseppe Zarbo qui oscille entre 420 000 et 515 000, mais qui vient de remonter après avoir remporté le coup suivant. « Je suis donc à 450 000, un joueur relance à 6 500 en middle, je 3-bet au bouton avec A-K off, il call. Le flop vient AJ10, il check et je décide de check/back. Le turn est un 2, je fait 15 000, il paye. La river est un 10, il check je mise 55 000 et il finit par payer avec A-Q. Je préfère ne pas miser sur toutes les streets, pour lui prendre davantage de jetons à la river. » Une tactique payante pour Guiseppe.

Une élimination qui nous fait un peu plus chouiner que les autres : celle de Matthieu Teffaud, l’amateur qualifié via Red Cactus et au parcours résolument atypique. Si ce n’est pas déjà fait, on vous laisse scroller pour découvrir le profil hors normes du bonhomme.

Level 14 : les short-stacks commencent déjà à serrer les fesses

Level 14 : 2 500 / 5 000 BB ante 5 000 Main Event 10 000 $ (Day 3)

1 485 joueurs au compteur à trois heures de la fin programmée du Day 3. La tension devient palpable dans la salle : nous sommes à moins de 200 éliminations de l’argent !

Roussey rossé

Quentin Roussey
On fondait beaucoup de nos espoirs sur le Team Pro PMU Quentin Roussey. Avec 445 000 au départ de la journée, « Maitre Wazo » avait en plus très bien débuté ce Day 3, pour grimper à plus de 650 000. Mais le grinder a fini par retomber à 270 000, après avoir 3-bet fold à la river d’un gros pot, et avoir manqué un bluff contre un adversaire qui détenait un brelan. Puis quelques minutes après le retour du dinner-break, Quentin découvre AQ en position UTG, et décide de relancer à 11 000. Son voisin paye, mais pas Daniel Charlton trois crans à sa gauche, qui décide de 3-bet à 46 000. Quentin ne réfléchit pas longtemps avant d’envoyer son tapis, et une fois le joueur UTG+1 couché, Daniel vérifie ses cartes (peut-être un poil trop longtemps) avant de payer avec KK. Le flop tout à trèfle avec un Roi enterre tout le suite les espoirs de Quentin, qui lâche un laconique « ouais » avant de quitter la salle de tournoi. Pas de deuxième place payée pour Maitre Wazo sur le Main Event (il avait terminé 1 032e en 2019). On ne peut s’empêcher de penser qu’il avait pourtant une belle occasion d’aller beaucoup plus loin… - Rootsah

Chaud comme Chilaud

Maxime Chilaud
Pour Maxime Chilaud en revanche, tout se passe parfaitement bien, comme il l’avoue lui-même. Le grinder a notamment connu un gros rush juste dans le niveau précédant le dinner-break : « Une heure avant de partir manger, j’avais 250 000 ! Mais j’ai gagné un gros pot avec deux Rois contre As-Roi pour un pot à 360 000, et pris un pot de 40 blindes avec deux As contre Roi-Valet, et aussi trois barrels sur une main où j’open J10 UTG, et où la grosse blinde défend. Sur 9-8-3 avec un trèfle, je c-bet à 45% du pot, et il paye. Puis je lui fait 80% sur un turn Q, et enfin 120% sur la river 7. Il paye à chaque fois, il n’y a pas de flush draw, je pense qu’il avait deux paires. » Fort de son gros stack, Maxime confie qu’il pourrait bien jouer plus aggressivement à l’approche de la bulle. En tout cas, le voilà bien parti pour réussir un 4e cash en 6 participations au Main Event des WSOP ! - Rootsah

Thi, sans nuage de lait

Ce n’est pas parce qu’on approche de la bulle d’un Main Event qu’on va changer sa ligne de conduite, bien au contraire. Depuis le début de journée, Thi Nguyen reste fidèle à son style un peu bourrin. Au moment où je m’approche de sa table, je la vois encore envoyer des tartines dans la tête de Stéphane Dossetto.

Thi Nguyễn
Open de Robert Damelian UTG + 1 8 000, 3-bet de Thi 25 000 et cold-call de Stéphane en SB, l’OR complète. 744 sur le flop, Thi c-bet 29 000, snap-call par Dossetto tandis que Robert laisse les deux francophones entre eux.

Check-check sur la turn 7 puis nouveau check de Stéphane sur la river 9. Cette fois, Thi sort la couscoussière : Tapis en léger overbet pour les 140 000 restants à Stéphane qui jette rapidement sa main, en affirmant tenir deux Valets. « C’est impressionnant, elle n’a que des bonnes mains, et à chaque fois, c’est Western Union » déclare le Corse, faisant référence à de précédentes livraisons qu’aurait reçues Nguyen.

« J’étais descendu à 120 000 en début de journée », corrige la joueuse, pourtant pas du genre à n’y aller qu’avec des premiums. Là où Stéphane a raison, c’est que Thi a trouvé un premier double-up avec deux Rois contre As-Cinq, puis avec une paire d’As sur un drôle de coup.

« Le mec défend en grosse blinde. Je mise sur 9104, et il me just call alors qu’il a 104. Il est très très nul ». Thi optera pour le check-back sur la river A mais encaissera un gros pot pour retrouver son demi-million de jetons. - Fausto

Saderne gagne du terrain

Saderne
Il est revenu avec les tripes durant le Day 2 pour conserver ces chances de deep run. Après un jour de repos, Jeremy Saderne revient avec la même ténacité et les mêmes intentions sur ce Day 3. Sauf que cette fois, il a les cartes avec lui.

« Le coup qui m’a propulsé, c’est avant le dinner break, raconte Jeremy. Ça open 6 000 UTG et je décide de flat call AK UTG+2. La BB complète et ça vient AK5. Il c-bet 10 000, je paie et turn 7, il envoie 40 000. Il doit lui rester à peu près 80 000 derrière, je fais tapis, et il me snap call AQhs, drawing dead ». Quelques coups de grind plus tard, voilà Jeremy à plus de 350 000 jetons. Dans le dur pendant tout le début de la bataille, le champion WSOP a vaillamment combattu pour attaquer la pré-bulle plein de confiance et de jetons. - Fausto

Royal Flush et coup de marteau

Fabrice Bigot
« Je me suis pris un coup de marteau » raconte Fabrice Bigot alors que les grinders français se réunissent dans la zone de pause en attendant la fin du dinner break. « Open MP, je 3-bet hijack KK, il paye. Flop J36, je c-bet 1/3 call, turn 3, je 2-barrel 1/3 il call, river 5, je fais all-in il snap call. Il a 33 ». Après avoir découvert, non sans une certaine stupéfaction, la main de son adversaire, Fabrice Bigot rassemble ses économies.

« Ça fera combien ?

  • 220 000.
    - Ah oui, quand même.

    Heureusement, notre grinder avait encore escaladé des montagnes en ce début de Day. « J’étais monté jusqu’à 650 000. J’ai même fait une quinte flush royale ! ». Sur le Main Event ? Mazette, ça vaut bien une nouvelle hand history.

    Quinte flush royale
    « J’open KK UTG, call MP, BT et SB. Ca vient QJT, je fais 5 000 dans 20 000, et mon voisin me min-raise 12 000. Les deux autres foldent, je paie. Turn A, check-check. River A, je fais 100 000 dans 40 000, il call avec AQ ». 6 heures de jeu aujourd’hui, Fabrice a beaucoup bougé, pour revenir au stack de départ : 350 000. - Fausto

    Constant à bon compte

    Benjamin Constant
    Tiens, Benjamin Constant. Cela faisait un bail. Enfin, un bail de Vegas : deux jours qui paraissent deux semaines. Joie : le Parisien tient bon. Et même mieux que ça : son tapis vient de dépasser l’average après un 4-bet préflop face à un adversaire très agressif. Un move dont j’ai été le témoin privilégié. Ah, ce que les joueurs ne feraient pas pour apparaître dans nos articles ! « Non, non, se marre-t-il, là j’avais les Rois ! » Constant semble être à l’aise à une table pourtant. Certes, il est assis un peu trop près d’une des énormes bouches de climatisation sortant du plafond… mais il a tout prévu avec une doudoune qui aurait plus sa place à Val d’Isère qu’à Las Vegas (hé, cette ville n’en est plus à une contradiction près). Non, Constant est à l’aise à cette nouvelle table car il y trouve plus d’occasions pour faire du jeton. « Je démarre avec 360 000, résume-t-il, je monte à 300 000 et je perds deux gros pots : je double un mec sur un flip, As-Roi contre deux Dames, je tombe à 200 puis je perds deux Rois contre As-10. Et là, nouvelle table. » Arrive un spot plus marrant : « 106, je défends la blinde on est trois, flop 624, je suis bien, je trouve la flush à la turn, j’ai relancé mais je ne suis pas payé. » L’associé du Club Pierre Charron s’est constitué un beau petit matelas de plus de 360 000 pour aborder en confort la phase de la bulle qui approche. « Non, j’ai dans les 300 000. » « Certain ? » Constant recompte les piles et rigole. « OK, tu connais ton métier ! » - Benjo

    On_The_Road : le fin mot

    On avait texté François Pirault en lui demandant de nous partager la HH de son élimination : le Top Shark nous a répondu pendant la pause-dîner. De fait, la dernière main d’On_The_Road sur ce Main Event 2022 est anecdotique : all-in au bouton avec moins de huit blindes et la main préférée de Davidi Kitai (Q8), la grosse blinde paie avec As-Roi, merci au revoir.

Le coup crucial s’est joué un peu plus tôt. Ça ommence par un 3-bet avec AQ de BB après une relance du bouton. « J’ai fait 23 000 sur une relance à 6 000, il a payé. Flop A107, je fais 16 000, il paie. Turn 6, je fais 45 000, payé. Rivière : 3, je fais 80 0000. Il me met à tapis pour 130 000 au total, donc 50 000 de plus. J’ai fold… Après mon élimination, il me dira qu’il avait 77. C’était un profil qui ne prenait pas trop de risques. » Après sa sortie du Main Event, François a immédiatement rejoint le dernier Day 1 du tournoi de charité One Drop à 1 111 $ l’entrée, qui offre a priori une très belle structure malgré son prix relativement modique. Loïc Debregeas a fait de même. - Benjo

Anecdotes, statistiques et citations à la con

Les « alertes au busto » fusent de toute part : depuis le retour de la pause-dîner, nous avons ainsi appris les éliminations de Benjamin Hammann, Laury Vanlerberghe et Ahmed Sylla. « C’était dur aujourd’hui », résume ce dernier par texto. Zéro, c’est aussi le chip-count du Champion du Monde 1998 Scotty Nguyen et de Samantha Abernathy. Cette dernière a sauté de la pire manière qui soit : avec les Rois contre… les Rois qui trouvent couleur.

« Cet adaptateur US marche avec ma brosse à dents mais pas avec mon ordi. Mais bon, demain j’aurai peut-être plus besoin de ma brosse à dents que de mon ordi… » - Signé : un employé d’une room online concurrente ayant actuellement des soucis de matériel, mais aussi de Team Pro.

Antoine Labat
Croisé avec plus de 700 000 avant le dîner : Antoine Labat, bref finaliste du Main Event en 2018 (il avait perdu la quasi totalité de son tapis sur une main tout droit sortie d’un film)

Level 14 : à cent places de la délivrance

Level 14 : 2 500 / 5 000 BB ante 5 000 Main Event 10 000 $ (Day 3)

Le dernier niveau de la journée a débuté avec 1 387 joueurs au compteur… C’est plus au moins garanti : nous vivrons ce moment unique qu’est la bulle du Main Event avant la fin du Day 3 !

Mille Milliard de Main Event !

Julian Milliard
« Si ce tournoi pouvait être tous les mois… » rêvasse Julian Milliard. On peut le comprendre. Une salle de poker magnifique, dix millions de dollars à la gagne, une masseuse qui lui dénoue les épaules, et un immense temple de jetons devant lui. La vie est belle.

Voir le joueur aussi aggro à la bulle du plus grand tournoi du monde nous surprend peu. Sur les trois dernières éditions, le Français a été systématiquement chipleader du clan bleu à un stade avancé du tournoi, avec des montagnes de pions devant lui. Lors de notre première rencontre lors du Day 3 de 2019, il avait même exactement le même stack que celui qu’on vient de compter, à 150 places de la bulle. 1,2 million, soit un peu plus de trois averages.

Quand on connaît le style de ce joueur de cash-game, on s’en étonne encore moins, même si le Français assure avoir changé au fil des années. « On apprend de nos erreurs. Maintenant, j’évite de faire grossir les pots inutilement, j’ai un style plus small-ball. Ça m’est arrivé de flat As-Roi plusieurs fois, plutôt que de partir dans des pot 4-bet. Ça ne sert à rien de se mettre dans des coups puants, le tournoi est tellement long » argumente Julian. Déjà l’année dernière, il nous faisait des confessions sur son Day 5 speewy de 2019.

Cette année, c’est davantage sur la gestion de l’effort que Milliard a changé des choses. « En 2019, j’étais mort de fatigue au Day 5. L’année dernière, j’étais mort au Day 6. Mais cette année, je suis bien, je peux jouer jusqu’au Day 10 » annonce le Français, arrivé à Vegas spécialement pour le Main Event.

Alors que je quitte Julian, son château de jetons s’apprête encore à prendre un étage. Open MP 10 000, 3-bet 27 000 du bouton et Julian cold-call avec 99. Le MP se barre et les deux joueurs check sur le flop 8910, puis Millard attaque 40 000 sur la turn 4. Riposte radicale de son voisin qui annonce tapis pour 200 000. Snapcall de Milliard qui voit son adversaire retourner… AQ. Pas de carreau et Milliard est le premier joueur français à passer la barre du million de jetons. - Fausto

His-sez haut !

His
Mathieu His était l’un des chipleaders du clan français au départ de la journée, avec un très beau stack de 614 000. Et huit heures de jeu plus tard, le Normand est compté à 720 000. On pourrait donc croire qu’il a passé sa journée à grind gentiment, mais ce n’est clairement pas le cas. « A un moment, je suis descendu à 250 000, rembobine t-il. Mais j’ai changé de table, et les choses se sont mieux passées. Au début du level 14, j’étais même monté à 900 000. » Mathieu, visiblement dans sa bulle de joueur, profite néanmoins de la pause pour nous raconter deux coups qui l’ont aidé à se propulser vers les sommets : « J’open deux As au cut-off, et la BB défend. Sur un flop K-9-6, je c-bet 1/3 du pot, et il paye. Le turn est un 9, je fais les 3/4 du pot, et c’est encore payé. La river est un 2, je mise le pot, et il réfléchit durant deux ou trois minutes avant de suivre. »

Une première main bien valorisée, mais le joueur de 25 ans a apparement d’autres armes dans son arsenal : « Tu veux un bluff ? J’open K-9 offsuit au bouton, la BB défend encore, et le flop vient 665, et on check. Sur la turn 8, il fait 15 000, et je paye. La river est une Q, il fait 60% du pot, soit environ 35 000, et je relance à 90 000. Il tank durant 3-4 minutes et il passe un 8… » Visiblement, Mathieu est donc déjà un joueur au point techniquement, alors qu’il ne joue au poker que depuis trois ans. "J’ai démarré pendant le confinement, explique t-il. Assez vite, sur l’un des premiers tournois que j’ai joué, alors que je ne savais rien faire, j’ai fait 13e du Million Event de Winamax, sous le pseudo « Gobbzilla » [en avril dernier, il a aussi consécutivement gagné le High Roller et le Prime Time, sans oublier une troisième place sur le Main Event en mai, NDLR]

Mais pour ce Main Event, c’est en Expresso qu’il a gagné son ticket… On salive d’avance en attendant une belle anecdote, mais il nous calme tout de suite : « Me concernant, ce n’est pas une histoire improbable comme j’en ai lu. J’ai juste décidé de grinder ces Expresso durant une soirée, et celui avec le package a poppé au 30e. J’ai aussi gagné le package pour jouer les Sides Events via le satellite du mardi à 125 € ! » Résultat, Mathieu a donc pu jouer trois beaux tournois en freeroll pour son premier Vegas, avec le Main donc mais aussi le Million Dollars Bounty et le Mini Main Event. Il a également découvert les côtés relous des casinos américains. « Je suis tombé malade avec la clim’, tu peux le dire ! » Heureusement, le cerveau, lui, semble en parfait état de marche… - Rootsah

Kessas à la bonne place

Lui aussi avait déjà atteint l’argent l’année dernière. Lui aussi passe une bonne journée. Avec 400 000 jetons, Eliott Kessas s’assure un stack solide à l’approche de la bulle. Mais surtout, il est assis depuis plusieurs heures juste à droite de Mike Matusow. « C’est vraiment drôle de se retrouver à côté d’un mec que tu as vu à la télé pendant des années, commente l’amateur Français. Tu t’aperçois qu’il est tout à fait normal, même si c’est vrai qu’il parle beaucoup. On rigole bien avec Mike » commente le joueur, qui n’a pas l’air d’être trop stressé par l’arrivée imminente de la bulle. « J’ai oscillé toute la journée entre 300 000 et 400 000, sans réellement jouer de gros coups, ni être trop en danger ». - Fausto

Chechin, bientôt chinq chiffres

Serge Chechin
Un autre Français qui pourrait bien dépasser la barre du million d’ici peu : Serge Chechin. Serge, racontes-nous une histoire ! « J’ai éliminé Anthony Soules… Il relance en fin de parole, je suis au bouton avec 910, je paie. Flop Valet-8-5, il check, j’ouvre à 15 000, payé. Turn : 2. Check, je mets 35 000, payé. Rivière : 7. J’ai la quinte. Check, je fais all-in. Il a réfléchi sept ou huit minutes avant de payer…. » Il avait quoi ? « Il a pas montré. » C’est une erreur du croupier : en tournoi, quand un coup est joué à tapis, tout le monde doit montrer ses cartes. Qu’importe : celui qui cumule deux ITM en trois participations sur le Main Event aborde la phase de la bulle avec 900 000. - Benjo

Still flying

Marcel Luske
Que le Main Event a changé depuis 2003, année où les téléspectateurs américains ont découvert le grain de folie de Marcel Luske. À l’époque, le poker était en passe d’envahir la planète entière en partie grâce à la victoire d’un certain Chris Moneymaker, et le « Hollandais Volant » avait chanté et relancé devant les caméras jusqu’en 14e place parmi les 850 inscrits. Rebelote l’année suivante avec une 10e place, la pire puisque la dernière avant la table finale remportée par Greg Raymer devant 2 500 joueurs. Les années suivantes, le field du Main Event a explosé pour presque à chaque fois dépasser les 6 500 joueurs, mais le joueur old-school d’Amsterdam a eu l’occasion de démontrer qu’il n’était pas perdu au milieu d’un très gros field de jeunes requins, en témoigne une 23e place lors de l’édition 2017. Ce soir, c’est assis derrière un tapis de 500 000 que nous avons croisé Luske, peu avant la bulle. - Benjo

Je Taime ., passionnément

Guyon
Visiblement, le dernier niveau avant le dinner-break a donné des idées à nos joueurs français. On ne sait pas, peut-être que certains ont prévu d’aller tester le restaurant de Joel Robuchon à Las Vegas, et que l’addition passera mieux avec un cash à deux chiffres. Si c’est le cas, Adrien Guyon est l’un d’entre eux : « J’avais 260 000 il y a une heure (tiens ça ne vous rappelle rien ?). Puis Jeff Lisandro open en MP, et je paye avec 89, et la BB complète. Sur le flop J105, où je trouve un peu près tout, tout le monde check. Sur le turn 2, je lead à 30 000, et la big blind, m’envoie 80 000. Je suis le seul à payer, et sur la river Q, je donk-bet encore, à tapis cette fois, pour environ 150 000, soit le stack restant de mon adversaire. Il me snapcall, alors qu’aucun tirage n’est rentré. » Avec un tout nouveau stack de 530 000, « Je Taime . », son dernier pseudo sur Wina, va pouvoir se permettre de « prévenir les trucs » : comprenez par là qu’il est désormais moins à la merci d’éventuels accidents. Les accidents, on vous en reparle plus bas… - Rootsah

L’accident bête

Handicapé
Car sur cette table ou sévit aussi Mickael Guenni, il y en a un qui en a connu un vrai, d’accident. Le genre de truc qui vous pourrit un Main Event, mais vraiment. C’est donc Adrien Guyon qui nous raconte l’anecdote. « J’arrive à ma table il y a une heure, et il y avait un stack qui tournait dans le vide, qui était apparement de 250 000 en début de journée. Personne pour le jouer. Je me dis quand même, on est au Day 3 du Main… Et je vois un mec débarquer avec un plâtre monstrueux à la jambe. En fait, il y avait une fuite d’eau dans sa salle de bains du Venetian, il a glissé et s’est explosé le genou. Il a passé la journée à l’hôpital… Quand il est revenu, il n’avait plus que 100 000. » Si ce joueur parvient finalement à faire l’argent, on tient peut-être là l’une des belles histoires du Main Event… - Rootsah

Anecdotes, statistiques et citations à la con

« Ah, vous travaillez pour Winamax ? J’adore Inside the Mind of a Pro, c’est une série unique ! » Signé : un Américain en train de jouer le Main Event. On est ravis d’entendre de plus en plus souvent ce genre de compliment durant nos séjours à Las Vegas.

Rosalie Petit & Alexandre Réard
Récemment déplacée à côté d’Alexandre Réard, Rosalie Petit vient de reprendre des couleurs avec un double-up à 160 000 lui permettant d’attendre un peu plus sereinement la bulle. Pendant ce temps, Alexandre Réard a « dégrind » de 450 000 à 280 000. Cela constitue tout de même presque 50 blindes au Level 15 !

« Deux jours que je survis ! » Jérôme Zerbib aimerait bien voir un peu de jeu pour franchir la bulle sans encombre, même s’il détiendra encore trente blindes pour entamer le 5e niveau de la journée. « J’espère que je vais survivre encore longtemps ! Pour l’instant, ce n’est que de la jonglette et de l’esbrouffe. »

« C’est dur, très dur. » Lyor Yiflach est en souffrance avec un tapis de 120 000. Et encore, il vient de doubler en partant avec tapis avec un flush draw au flop contre top paire top kicker. « Je sentais que mon adversaire voulait que je mette tout préflop… » Heureusement pour Lyor, il complète sa couleur au turn pour se donner un nouvel espoir d’atteindre l’ITM.

Pour Paul Amsellem, la journée a été faite de hauts et de bas. "J’ai eu une super table au début au Bally’s, puis une table avec que des regs. Puis sur une nouvelle table avec le dinner-break, j’ai pris un spot… Bon, maintenant, on va resteal avec 25 BB, il faut se maintenir, car je n’ai pas assez de blindes pour me laisser mourir et faire l’argent. Il faut que je grapille des jetons pour atteindre les places payées… " Ce qui serait déjà une belle perf pour son premier Main Event !

Kara Scott
On commençait à s’inquiéter de son absence, nous voilà rassurés : Kara Scott rempile bel et bien au poste de présentatrice des World Series of Poker pour PokerGO et CBS

Patience
Le poker, un jeu de patience… Et cela s’applique aussi à tous ceux venus soutenir un proche

Jack Sparrow
Le faux Jack Sparrow est toujours en course pour un trésor, un vrai, valant dix millions de dollars

Gaëlle et Romain montrent le chemin à Adrian

Gaëlle Baumann, Romain Lewis et Adrian Mateos entrent dans les places payées du Main Event des WSOP et avancent au Day 4

Team Winamax Day 4
Malgré ses dizaines de millions gagnés, tous ses bracelets accumulés, tous ces High Rollers dominés, il y a un terrain où Adrian Mateos ne peut prétendre tenir la dragée haute à ses coéquipiers du Team Winamax : le Main Event des WSOP. On a vérifié les archives : avant aujourd'hui, la maquina n'avait atteint les places payées du Big One qu'une seule fois. C'était lors de sa toute première participation en 2015. "Il avait 21 ans et 5 jours, très exactement", précise Alex, reporter pour Winamax.es et Wikipédia vivant de tout ce qui a trait à Adrian. Une 750e place qui n'a laissé de souvenirs à personne. Tout le contraire de ses deux camarades entrés eux aussi dans les places payées de cette édition 2022. En 2018, Romain Lewis fut le meilleur français de l'épreuve avec une 59e place le plaçant dans le top 1 % du tournoi. Il fête aujourd'hui son troisième ITM consécutif sur un tournoi qu'il connaît déjà par cœur. Quant à Gaëlle Baumann, personne n'a oublié cette chevauchée hors du commun jusqu'à la table finale de l'édition 2012, stoppée net devant les caméras d'ESPN qui ont fait d'elle une icône instantanée dans le cœur du public américain. Une quasi-consécration qui avait été suivie quatre ans plus tard par un autre sérieux deep-run : cinq jours de poker non-stop jusqu'à la 102e place.

Romain LEwis
"L'expérience compte sur le Main Event, c'est sûr", explique Romain. "Tu connais déjà le chemin, tu sais que c'est un tournoi long, tu sais repérer ceux pour qui c'est la première fois et qui ont un peu peur. Et tu sais qu'il ne faut qu'un ou deux coups importants pour faire un journée." Pour Romain, ce fut une rencontre parfaite entre les As et As-Roi, qui a remis sur selle un cavalier tombé de son cheval durant les premières heures. "Oui, j'ai sans voulu aller trop vite au début. Je suis même retombé en dessous de la cave de départ à un moment, j'avais perdu les 4/5" de mon stack. L'enfer." Son Day 4 commencera un peu plus près du paradis : ses 500 000 jetons représentent 62 blindes.
Gaëlle Baumann
De son côté, Gaëlle constate qu'après dix Main Event consécutifs, les caméras américaines lui "foutent un peu la paix". Mais il ne faut pas parler trop vite : encore deux ou trois jours à ce rythme, et les objectifs et perches de son reviendront bien vite autour de sa table. Son Day 3 fut rempli de virages escarpés : "Je commence avec 218 000, je monte à 620 000 mais je redescends et je termine à 372 000..." Quelle différence entre le Main Event de 2012, son premier et le plus beau, et celui de 2022 ? "Tout le monde joue plus serré. Tout le monde. On ne voit plus les 5-bet préflop avec n'importe quoi. Et moi je me suis calmée. J'étais plus folle avant, en roue libre, je n'étais pas une joueuse de live, mon truc c'était le cash-game online. Mais j'avais bien joué. Le jeu a changé. Moi aussi..."
Adrian Mateos
Enfin, Adrian Mateos. Le rookie des deep-runs Main Event sera au Day 4 avec un tapis similaire à celui de Gaëlle (346 000), et ce malgré un coup perdu de façon invraisemblable : les As contre Roi-Dame, alors qu'un As était apparu au flop. Certes, l'argent est parti sur la rivière, mais la calculette est formelle : son adversaire n'avait qu' 1% d'équité au flop pour trouver la quinte runner-runner. Tombé à 20 blindes après ce coup, Adrian était satisfait d'en mettre 43 dans le sac à une heure du matin. "J'ai commencé par gagner beaucoup de jetons, mais ensuite j'ai perdu deux Valets contre As-5 et ce coup avec les As. Je suis content de mon stack si on prend tout ça en compte. Je suis content d'être ITM, mais évidemment mon objectif est beaucoup plus lointain que ça."

Pour ce trio de Team Pros pouvant encore rêver à un chèque de dix millions de dollars, rendez-vous est pris au Bally’s à midi (21 heures en France).

WSOP : le gros reportage Winamax

WSOP : la galerie photo de C. Darcourt

Une bulle anti-stress

Les places payées du Main Event s'ouvrent dans une atmosphère festive et détendue Le clan tricolore bat son record de joueurs ITM sur le Big One

Bulle Main Event
Sur les écrans indiquant le nombre de joueurs restants, le compteur reste figé pendant de longues minutes. 1 348 survivants, dans un Main Event qui n’offre que 1 300 places payées. Puis d’un coup d’un seul, le nombre descend de 13. Les floors viennent d’enregistrer les dernières éliminations.

Il en est ainsi à chaque nouvelle salve. Toutes les cinq minutes, le tableau de bord affiche 35 puis, 12, puis 5, puis 4 joueurs de trop pour atteindre l’ITM. Il est 23 heures 40, Jack Effel prend le micro : le "main-par-main" peut commencer.

La chorégraphie habituelle se met en place. Les spectateurs se ruent autour des barrières. Les copains encouragent, les conjoints envoient leur amour, un baiser à leur moitié pour surmonter l’épreuve fatidique. Au micro, les floors leur répètent incessamment de ne pas pénétrer dans l’espace de jeu, mais toute cette effervescence devient difficile à contrôler.

Dans l’arène, le temps s’étire pour les shortstacks, qui calcule le nombre de coups qu’il leurs reste avant de se retrouver sans jetons. Ils voient les blindes arriver dangereusement vers eux, sont prêts à tout folder pour survivre. « Même si je touche deux As, je couche, affirme Nicolas Torrossian, qui compte moins d’un stack de départ au début du main par main. Ironie du sort, le Français est assis deux places à droite de Kevin Campbell, le bubble-boy de l’année dernière, et qui était sortie… Avec les As (contre As-9).

Bulle Main Event
Du côté des gros stacks, c’est la détente. Ils abusent de leur tapis, mettent la pression, ramassent les blindes puis se lèvent pour aller discuter avec le pote de la table d’à côté, généralement armé d’une bière, que le staff amène sur de larges plateaux. Toutes les trente secondes, un nouveau serveur apparaît des cuisines pour se diriger vers la salle, puis se fait dévaliser aussitôt par une armée de joueurs qui se ruent sur lui, puis mettent les dollars directement dans sa poche, en échange des précieuses pintes. L’attente donne soif.

Bulle Main Event
C’est que les minutes sont longues entre les différents all-in & call. Il faut attendre que toutes les 115 tables aient fini, que l’on sache le nombre de joueurs à tapis, que les caméras et Jack Effel soient informés de leur localisation et de l’ordre de retransmission. À chaque nouvelle donne, les joueurs doivent attendre en cinq et dix minutes. Pour tuer l’ennui, ils font connaissance avec leur voisin de table, se lèvent ou appellent carrément un pote, ou leur famille par Skype pour partager le moment. J’ai vu par exemple des bébés et des enfants en bas âge regarder en direct un bulle de ce Main Event par iPhone interposé.

Des téléphones et tablettes connectés qui d’un coup, se font bousculer par une batterie de caméra PokerGO. Le floor Nate ouvre la voie avec autorité pour laisser passer l’escadron : Jack Effel arrive pour raconter le coup à tout le monde, via les haut-parleurs. Lui et sa meute iront de tables en tables pendant 80 minutes, pour trouver les quatre derniers bustos.

Deux salles, trois bubble-boys, une bulle

Bulle Main Event
Le premier est mis à tapis directement sur sa grosse blinde. À vrai dire, le pauvre Seyed Nabavi n’a même pas de quoi payer l’ante. Le chipelader de la table Phuoc Nguyen lui a tout demandé avec K7, en position favorable contre son 103. Le flop J6658 ne sera d’aucune aide à Seyed. Il ne reste plus que 1 303 joueurs dans ce Main Event, puis 1 302 après une autre élimination. L'histoire ne retiendra pas le nom du joueur mais on n'oubliera pas la scène : celle d'un homme vivant une déception comme seul le Main Event peu en produire, restant figé deux longues minutes à table, le temps de réaliser et encaisser, puis qui se lève d'un coup, sonné, les larmes lui venant presque aux yeux.

Bulle Main Event
Quelques tours seront nécessaires avant de trouver de nouveaux sortants. L’effervescence repart de plus belle, les plateaux de bières tournent à plein régime, les joueurs vont et viennent dans les salles de jeu, mais tout le monde s’arrête lorsque les enceintes se rallument. En effet, l’affluence de ce Main Event était si nombreuse qu’une seule room ne peut accueillir 1 300 personnes.

Les survivants sont donc répartis entre l’Event Center et la Paris Ballroom. Évidemment, les joueurs situés dans l’un, ne peuvent pas assister aux all-in & call situés dans l’autre et c’est donc par le son que les joueurs peuvent vivre la bulle, sur les enceintes diffusant les commentaires de Jack Effel qui va de tables en tables pour raconter l’action… Qui se termine quatre fois sur cinq par « We’ve got a double-up !».

Après vingt minutes sans élimination, une nouvelle annonce de Jack Effet provoque les clameurs. « We’v got five all-ins and calls (nous avons cinq tapis payés) ». Un joyeux frémissement parcourt la salle. Ça pourrait être pour maintenant. Si deux des cinq mains causent une élimination, c’en est fini !

Bulle Main Event
Mis à tapis de blinde, Robert Lipkin espère une main pour pouvoir défier le 99 du Hijack. Il retourne… 54. Q8KJ7. Lipkin est out. Et de un.

Bulle Main Event
Le deuxième joueur à tapis dans l’Event Center répond au nom d’Ognjen Sekularak. Avec son QJ, il est bien devant le Q5 de Ian Armstrong sur le flop QJ8. Le 7 turn agite un peu la foule, le 10 la fait carrément exploser ! En une couleur backdoor bien salace, les 1 300 survivants de ce Main Event 2022 viennent d'entrer dans l'argent.

Bulle Main Event

Enfin, peut-être pas Tom Mc Cormick qui lui aussi est à tapis dans le Paris Ballroom. S’il bust, il devra splitter le premier palier de 15 000 $ avec ces deux compagnons d’infortune. En attendant que Jack Effel et son arsenal de caméras fassent le voyage jusqu’à la salle, le grand-père a sorti sa Bible bleue sur la table, en parfaite harmonie avec sa casquette « I Love Jesus ». Il a l’air tellement gentil que pour une fois, les autres joueurs réclament le double-up du possible bubble-boy. « A King ! », scande la foule, puisque Tom a mis sa dernière blinde avec K3, contre le 76 de Vladimir Geshkenbein.

Quelques sueurs sur le flop 844. Puis un cri de déception sur le 5 turn. Jésus n'a pas su éviter la quinte ventrale, la rivière sera retournée par pure forme : Tom rejoint ces deux prédécesseurs tandis que le Russe met définitivement fin à la bulle de ce Main Event 2022.

Excursion en terres françaises

Rosalie
Profitant d'un tournoi virtuellement mis à l'arrêt pendant une bonne heure et demie, nous avons eu largement le temps de faire trois fois le tour de la salle et prendre des nouvelles d'un maximum de joueurs. Parmi ceux qui attendaient la bulle patiemment, sans stresser mais sans aucun intérêt à tenter un move, il y avait Timothée Scotti (120 000, "c'est mon premier Main Event depuis 2019, je ne le joue que quand je gagne un sat"), Sarah Herzali (218 000), Ludovic Sultan (108 000), Mickael Guenni (250 000), Rosalie Petit (150 000, photo), ou encore Jérôme Zerbib (220 000). Avec ses 500 000, David Susigan pouvait afficher un grand sourire : short-stack douze heures plus tôt, il avait réussi à passer le premier flip, celui de la survie, lui permettant de rejouter au poker et monter des jetons. Du côté des joueurs en position dominante, qui avaient tout loisir d'endosser le rôle de capitaine de la table, il y avait le décidément incontournable Julian Milliard, Igor D'Ursel, Maxime Chilaud, Adrien Guyon, Serge Chechin, Thi Nguyen et Karim Rebei, tous planant au-dessus de la stratosphère du million : ce Day 3, ils ne l'ont pas vécu à la place du mort, mais au volant.

Ayant semble-t-il souscrit un abonnement à vie aux ITM sur le Main Event, Giuseppe Zarbo a eu tout loisir de se foutre de nous lorsque l’on a suggéré que les organisateurs allaient peut-être arrêter le Day 3 avant la bulle. « Mais Benjo tu es fou ! Évidemment qu’ils vont faire la bulle ce soir ! Y a les caméras et tout. Tu devrais le savoir, après quinze Main Event ! » C’est pas faux… et c’est avec l’assurance d’un vieux routard que Zarbo a enregistré son 282e ITM sur le plus beau tournoi du monde avec un stack de 400 000, un peu plus que celui de Laurent Azout, le banquier d’affaires qui lui n’en était qu’à son premier, de Main Event.

BUlleD’autres joueurs se sont fait remarquer par leur absence, comme Adrien Allain, Virgile Turchi, Eric Bensihmon ou Harry Touil. Ce dernier était pourtant encore assis même pas trente minutes avant le lancement du hand for hand. Mais parmi certains qui avaient déserté les lieux, il n’y avait pas que des bustos. Témoin Alexandre Girardin (photo), croisé à l’extérieur en compagnie des fumeurs. « Qu’a-t-on de mieux à faire ? », lui ai-je demandé en allumant une clope de plus. « On a le temps de finir le paquet ! » a-t-il lâché. Avec ses 500 000, celui qui doit sa présence sur le Main Event à 25 euros n’avait pas, lui aussi, grand-chose à faire que d’attendre tandis que Jack Effel courrait de table en table à la recherche du prochain éliminé. Dehors ou dedans, cela revenait au même.

BulleÀ une table près du rail, Sylvain Cisterna restait sagement assis avec ses 550 000, tandis que Jérémy Saderne tentait de ne pas se faire éblouir par les projos de la table télé. Avec un stack final en dessous de la moyenne (310 000), il confiera après coup ne pas avoir joué une seule main sur les deux dernières heures de la journée. Paul Amsellem (photo), lui, partait en quête d’une deuxième bière : avec ses 10 blindes, puis bientôt 8 après l’augmentation de niveau, c’est un triomphe modeste qu’il pouvait savourer avec quelques gorgées au houblon, après deux journées entières passées à graviter avec le tapis de départ et guère plus. Téléphone en main, Romain Lewis faisait profiter ses followers d’un live Instagram, tout en nous racontant le spot de rêve qui avait relancé une journée entamée de manière catastrophique : deux As contre As-Roi. « Il m’a pris pour un fou, il m’a 5-bet all-in. J’avais 200 000 et lui 250 000. »

Malgré l'heure tardive et la proximité du dénouement, il était encore l'heure pour faire des découvertes, comme Samy Bechahed, découvert par hasard par notre confrère Florence Mazet : avec son drapeau américain sur chip-count, le supporter du PSG qualifié via un satellite sur Winamax nous échappait depuis trois jours. Muni du tapis de départ en début de Day 3, une succession de paires d'As le tirera des profondeurs du classement : c'est avec presque un demi-million et donc en total détente qu'il vivra la bulle.

Thomas Eychenne, Matteo Cavelier, Samuel Dray, Simon Wiciak, Cyril Peralez, Florian Ribouchon, Gaëlle Baumann, Antoine Labat, David Rotschild, Alexandre Réard, Pierre De Almdeira : la liste des Français qui attendaient la délivrance aux alentours de une heure du matin s'étire semble-t-il à l'infini. Elle est ici incomplète, mais il est déjà assuré que le fichier officiel que nous relaierons d'ici peu contiendra un nombre record de tricolores ITM. Année après année, nos rangs grossissent sur le plus beau tournoi de poker du monde. En quantité comme en qualité.

Une mention pour ceux qui n’ont pas vécu la bulle du Main Event 2021 : Bruno ‹ Kool Shen › Lopes, Benjamin Ane, Antonin Teisseire, Ugo Faggioli, Cédric Angosto, Thomas Deleiris, Matthieu Teffaud, François Pirault, Loïc Debregeas, Benjamin Hammann, Laury Vanlerberghe, Quentin Roussey, Ahmed Sylla, Adrien Allain, Virgile Turchi… Liste non exhaustive, bien entendu.

Jeremy Saderne
Jeremy Saderne a passé une bonne partie de la journée sur le plateau télévisé, à une table qui comportait notamment Talal Shakerchi. Le détenteur d’un bracelet WSOP signe aussi son premier ITM sur le Main Event et reviendra avec 310 000

Thomas Eychenne
Thomas Eychenne réussit son 2e ITM en trois participations et disposera de 484 000 jetons pour le Day 4, après une journée qui l’a vu tomber très bas : “La patience a payé !”

Florian Ribouchon
Pour Flo Ribouchon, il n’y aura pas 36 solutions demain, avec un tapis de 140 000 qui représentera 17 BB

Samy Bechahed
Pour son premier Main Event, celui qui est passé sous nos radars toute la journée (mais pas celui de notre collègue Flo) malgré son survet' du PSG termine avec 484 000. Bravo Samy Bechahed ! “Maintenant, ce n’est que du bonus. On va pouvoir prendre des risques demain !”
Mickael Guenni
Mickael Guenni a fait ce qu’il sait le mieux faire : résister. Il termine avec environ 250 000

Sarah Herzali
Sarah Herzali réussit sa troisième place payée sur ce tournoi
JC Tran
JC Tran, l’une des légendes de ce jeu, signe rien de moins que sa 7e place payée sur le Big One ! La première, c’était en 2004

Fausto, Benjo & Rootsah

WSOP : le gros reportage Winamax

WSOP : la galerie photo de C. Darcourt

1 299 joueurs franchissent le Day 3

Day 1A : 896 joueurs (officiel) / 631 restants (dont 18 Français) Chipleader : Cedrric Trevino (USA) 317 800 Day 1B : 879 joueurs (officiel) / 634 restants (dont 24 Français) Chipleader : Patrick Hagenlocher (USA) 332 800 Day 1C : 1 860 joueurs (officiel) / 1 376 restants (dont 41 Français) Chipleader : Patrick Clarke (Irlande) 397 200 Day 1D : 4 370 joueurs (officiel) / 3 294 restants (dont 89 Français) Chipleader : Hao Chen (USA) 580 100 Day 2ABC : 2 789 joueurs (officiel) / 1 260 restants (dont 49 Français) Chipleader : Gavin Munroe (USA) 1 061 500 Day 2D : 3 749 joueurs (officiel) / 1 733 restants (dont 58 Français) Chipleader : Muhammad Abdel Rahim (USA) 936 500 Day 3 : 2 993 joueurs (officiel) / 1 299 restants (dont 56 Français) Chipleader : Aaron Mermelstein (USA) 2 059 000

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Top 10

WSOP 2022

Aaron Mermelstein (USA) 2 059 000 Michael Rocco (USA) 1 866 000 Gabi Livshitz (USA) 1 835 000 Brandon Lulov (USA) 1 679 000 Leo Zamarripa (USA) 1 643 000 Jake Abdalla 1 615 000 Thi Nguyen (FRA) 1 600 000 Jordan Miller (USA) 1 580 000` Mathieu His (USA) 1 565 000 Ian Armstrong (UK) 1 563 000

56 Français

WSOP 2022

Thi Nguyen 1 600 000 Mathieu His 1 565 000 Karim Rebei 1 402 000 Julian Milliard 1 225 000 Steve Savio 1 220 000 Igor Dursel 1 201 000 Serge Chechin 1 097 000 Maxime Chilaud 1 013 000 Rémi Castaignon 956 000 Fabrice Bigot 906 000

Florian Guimond 816 000
Antoine Labat 779 000
Pierre De Almeida 646 000
Jonathan Fhima 614 000
David Susigan 577 000
Adrien Guyon 569 000
Thomas Eychenne 524 000
Adel Naoun 516 000
Alexandre Girardin (Qualifié Winamax) 514 000
Nicolas Vayssières 510 000

Romain Lewis 500 000
Sylvain Cisterna 492 000
Quentin Guivarch 485 000
Sami Bechahed (Qualifié Winamax) 484 000
Matteo Cavelier 479 000
Benjamin Constant 474 000
Gabriel Devidal 466 000
Guillaume Dupuy 462 000
Giuseppe Zarbo 445 000
Romain Brémond 432 000

Alex Réard 389 000
Samuel Dray 382 000
Gaelle Baumann 372 000
David Rotschild 321 000
Jeremy Saderne 310 000
Laurent Azout 301 000
Leo Soma 299 000
Simon Wiciak 272 000
Cyril Peralez 260 000
Julien Loire 232 000

Eliott Kessas 230 000
Kenny Defrasnes 221 000
Sarah Herzali 218 000
Mickael Guenni 212 000
Jerome Zerbib 186 000
Lois Dufouleur 172 000
Rabah Ait Abdelmalek 170 000
Ludovic Periaux 153 000
Rosalie Petit 146 000
Florian Ribouchon 142 000

Timothée Scotti 113 000
Ludovic Sultan 106 000
Paul Amsellem 66 000
Emmanuel Nakache 62 000
Nicolas Torossian 48 000
Lyor Yiflach 42 000

Le reste du field (sélection)

Martin Zamani 1 483 000
Cliff Josephy 1 203 000
John Juanda 1 097 000
Ali Imsirovic 1 128 000
Tyler Cornell 920 000
Jared Jafee 829 000
Ramon Colillas 518 000
Philippe Hui 500 000
Kenny Hallaert 224 000
Marcel Luske 437 000
Damian Salas 405 000
Adrian Mateos 346 000 (Team Winamax)
John Cynn 343 000
JC Tran 399 000
Alexandros Kolonias 258 000
Chris Moneymaker 268 000
Bryn Kenney 232 000
Ryan Riess 218 000
Benny Glaser 190 000
Greg Merson 168 000
Maria Konnikova 158 000

Blindes au départ du Day 4 : 4 000 / 8 000 BB ante 8 000

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FR ITM Main Event WSOP 2022
De gauche à droite, bravo à : Gaëlle Baumann, Rosalie Petit, Thi Nguyen, Sarah Herzali, Romain Lewis, Paul Amsellem, Rabah Ait Abdelmalek, Laurent Azout, Sami Bechahed, Fabrice Bigot, Romain Bremond, Rémy Castaignon, Matteo Cavelier, Serge Chechin, Maxime Chilaud, Sylvain Cisterna, Benjamin Constant, Pierre De Almeida, Kenny Deffrasnes, Elliot Kessas, Gabriel Devidal, Samuel Dray, Lois Dufouleur, Guillaume Dupuy, Igor D’Ursel, Thomas Eychenne, Jonathan Fhima, Alexandre Girardin, Mickaël Guenni, Florian Guimond, Quentin Guivarch, Adrien Guyon Mathieu His, Antoine Labat, Julien Loire, Julian Milliard, Emmanuel Nakache, Adel Naoun, Cyril Peralez, Ludovic Periaux, Alexandre Réard, Karim Rebei, Florian Ribouchon, David Rotschild, Jérémy Saderne, Steve Savio, Timothée Scotti, Leo Soma, Ludovic Sultan, David Susigan, Nicolas Torossian, Nicolas Vayssieres, Simon Wiciak, Lyor Yiflach, Giuseppe Zarbo, et Jérome Zerbib

Historique FR Main Event 2005 2022Diantre, mais jusqu'où iront-ils ? Avec un tel contingent, on a envie de croire très fort aux chances d'une nouvelle accession en finale d'un des nôtres... Et pourquoi pas deux comme en 2017 ? Ou plus ? Rêvons, rêvons...