Adieu le Rio, à bientôt les WSOP
Job is done baby, les World Series of Poker 2021 sont officiellement terminés, le rideau sur le Rio est lui définitivement tiré à tout jamais.
Ce dernier marathon aura duré plus d’un mois et demi pour les plus endurants, s’étalant sur 88 tournois au total, récompensant des milliers de personnes de centaines de millions de dollars (on s'y perd vite avec tous ces chiffres), il est désormais l’heure de rentrer à la maison et de se détendre un peu. Cette 52e édition des championnats du monde aura été disputée dans un esprit très particulier, on le savait, très covid et forcément moins international que par le passé, mais nous avons tout de même pu jouir de notre jeu préféré pendant quelques semaines à Las Vegas, et pour la dernière fois dans les murs de ce mythique casino du Rio. Le jeu en valait la chandelle, si si.
Bientôt, tous les souvenirs créés ici depuis si des années partiront en fumée. Parait-il que tout sera rasé, la Convention Center, le Casino, l'hôtel du Rio. Pour y mettre quoi à la place ? On parle d’habitations, on parle aussi d’un stade gigantesque pour la future équipe NBA qui devrait voir le jour dans les prochaines années. On parle beaucoup surtout ici.
Ils peuvent nous enlever les murs, ils ne nous retireront pas les souvenirs. Et il y en a beaucoup... Heureusement, Internet fourmille de photos/vidéos/blogs qui permettront de ne jamais oublier tout ce qui a bien pu s'y dérouler. Depuis le premier coverage de Benjo pour Winamax, en passant par les vidéos de Tapis Volant, celles d'Harper désormais, les Dans la Tête d'un Pro... allez vous perdre sur tous les liens à côté, et vous passerez une bonne journée.
Dans cette arène qu'était le Rio, des légendes ont inscrit leur nom dans le temps, des carrières ont été créées, des heroe call de mutant ont été fait, des vies ont changé à tout jamais, des qualifiés Winamax ont bien grandi, beaucoup d'alcool a coulé sur le toit du Voodoo, les billets ont volé, des larmes ont coulé, de la joie, de la peine, des instants de vie qui resteront gravés à tout jamais. Comment ne voulez pas partir avec une tonne de nostalgie dans la valise ?
Il nous sera absolument impossible d'étaler sur papier toutes ces incroyables aventures vécues ici, sauf si vous avez envie de lire un romain épais là tout de suite, alors plutôt que de parler du passé désormais derrière nous, tentons plutôt de nous tourner vers ce bel avenir, que l'on espère tout aussi radieux et sans la climatisation à fond (par pitié).
Un nouveau casino (même deux, le Paris et le Bally's), des murs sans histoires, un futur à écrire, les WSOP 2022 auront évidemment un goût totalement différent, un goût de renouveau complet, et même s'il est déjà l'heure de partir d'ici, le cœur chargé d'émotion, personne ne cachait son excitation à l'idée d'aller s'installer désormais très vite sur le strip. Et oui, dans 6 mois, tout redémarre ici !
Et vous, en serez-vous bientôt ? Veunstyle
2021, un bon millésime
Quelle dernière cuvée ! Pour la dernière dans le domaine du Rio, ce Vegas 2021 restera parmi les plus beaux. Pour le poker Français comme pour la Team Winamax, cette édition fut une formidable bacchanale. Petit flashback pour revenir sur les moments champagne du festival.
LeVietF0u tire le premier
En ouverture de banquet, c’est Pierre Calmusa qui allume le premier pétard. Au lendemain d’un High Roller à 25 000 $ un peu court, LeVietF0u recharge la bankroll sur un… 1 000 $ Super Bounty Turbo. Le Team Pro réalise un tournoi magnifique, mais passe à un cheveu du bracelet, en s’inclinant face à Michael Perrone lors du heads-up final. 94 briques pour cette première TF, qui lance le festival du Team Winamax.
Quelques jours plus tard, le frisson viendra d’un français un peu plus random. Jeremy Malod perce un field de 1 450 joueurs sur le 1 500 $ 6-max, mais se fait renverser dans l’ultime duel par Bradley Jansen. Première perf à 6 chiffres pour le clan tricolore (193 711 $) et deuxième médaille d’argent. Le moteur commence à chauffer.
Hellmuth continue d’écrire sa légende
Pendant la deuxième semaine, les Français et les Team Pro se font plus discrets. Quelques grands noms du poker mondial attirent la lumière et commencent à compléter leur collection de bracelets. Anthony Zinno claque le doublé sur le Seven Stud Championship puis le 1 500 $ H.O.R.S.E, Jason Koon chope son premier titre WSOP sur le prestigieux 25 000 $ Heads-up, Chance Kornuth prend son troisième bracelet sur le Short Deck à 10 000 $ et Michael Addamo continue d’atomiser les hauts plateaux du jeu, en enlevant le High Roller à 50 000 $ face à Justin Bonomo.
Mais parmi les légendes du poker qui se sont signalées sur cette édition 2021, comment ne pas parler de Phil Hellmuth ? Le vieux crocodile a encore croqué les fields et gouté aux saveurs d’un bracelet WSOP : 7 tables finales (record sur une édition), trois heads-up et un titre, le seizième de sa carrière sur le 1 500 $ Deuce To Seven. Fidèle à lui même, Hellmuth continue de pulvériser les records, et d’animer les plateaux télévisés par ses réactions épidermiques, parfois à la limite du fair play, comme lors de ses finales perdues face à Anthony Zinno et Jeremy Ausmus.
Il n’en reste pas moins un champion hors norme, un Livetard comme on en fait plus, qui fait rêver les passionnés de ce jeu, dont il est tombé amoureux il y a plus de trente ans. L’idylle continue toujours.
Avec ses stats exceptionelles, on pouvait penser que Phil se consolerait de ses deuxièmes places avec le titre "WSOP Player of the year", qui manque toujours à son palmarès. Et bien non. La légende du poker américain est devancé par Josh Arieh, auteur lui aussi d'un festival hors norme.
Un premier titre au bout de trois semaines sur le 1 500 $ PLO, pour 204 766 $, une table finale dans la foulée sur le Poker Players Championship à 50 000 $, un deuxième bracelet sur le 10 000 $ PLO8 puis quatre top 10 dans la dernière ligne droite. L’Américain a roulé sur le festival et pour s’adjuger, devant Phil Hellmuth, le titre « Player of The Year ». Et tel qu’on connaît Phil, il ne se satisfera absolument pas de cette nouvelle deuxième place.
Alex Réard, le champion récompensé
Pierre Calamusa, encore 4e d’un Super Bounty pour 65 briques, et Jeremy Malod nous offraient les premières palpitations. Alex Réard lui, nous donnent le premier orgasme. Après trois semaines de festival, l’ambassadeur Unibet remporte le premier bracelet tricolore, sur un magnifique 5 000 $ 8-max. Le taulier français a bataillé pendant trois jours, abattu un field de 421 concurrents et maitrisé sa finale d’une main de maître pour remporter son premier titre WSOP et 428 694 $. Voilà pour la signature Alex Réard.
Respecté pour ses nombreux exploits passés, mais aussi pour sa personnalité appréciée de tout le circuit français, Alex s’offre à Vegas le titre le plus marquant et le plus juteux de sa carrière. Une victoire méritée, qui en appellera bien d’autres et qui a ouvert la voie à un remarquable quadruplé français.
Adam et Amokrane, from random to Hero
Le sacre du pro a donné des idées aux amateurs. Venu à Vegas grâce au cadeau d’anniversaire de son fils, qui lui offrait un billet d’avion et un ticket pour le 1 000 $ Super Seniors, Jean-Luc Adam vit un rêve éveillé pendant quatre jours et s’impose devant 1 893 joueurs. Le vétéran français, ancien gardien des Chamois Niortais, se fait un nom en validant le deuxième bracelet bleu, pour un gain de 255 623 $.
En pleine confiance, Jean-Luc prolonge le kiff en s’alignant pour la première fois sur le Main Event, atteignant même le jour 7, pour ajouter un autre beau billet à son butin.
Un nouvel éclair français s’abat sur l’Amazon Room une semaine plus tard. Arrivé en solo à Vegas, Mourad Amokrane joue le feu sur le PLO 8-handed à 1 500 $ et arrive sur l’ultime table avec un stack écrasant. La finale ne sera qu’une formalité, l’amateur décroche un titre inouï, 132 844 $ et le troisième bracelet bleu de ces WSOP !
Koray Aldemir, le talent a parlé
Les belles histoires à la Chris Moneymaker, les illustres inconnus qui percent le plus beau tournoi du monde pour prendre la couronne et les millions, ça ne sera pas pour cette année. En 2021, le destin a choisi de récompenser l’expérience, la technique et le talent de Koray Aldemir. Le champion allemand, déjà auteur de moult performances sur le circuit High Stakes ajoute à sa collection le plus prestigieux des trophées pokeristiques, et une perf monstrueuse de 8 millions de dollars. Et sa victoire ne souffre d’aucune contestation.
Koray a parfaitement négocié son tournoi, du premier jusqu’aux derniers jours, où il entamait la table finale dans la peau de chipleader. Sachant mettre la pression mais aussi faire preuve de patience, il a attrapé au meilleur des moments Papo MC, le rappeur argentin, pour presque s’assurer sa place en heads-up. Dans le duel final, Aldemir a vu l’étonnant George Holmes revenir sur lui, jusqu’à même s’emparer du chiplead. L’amateur d’Atlanta, l’organisateur de home-games, qui ne joue que le Main Event en tournoi officiel, a fait vibrer l’Amérique tout le long de cette finale. Tenant la dragée haute au pro Allemand, George Holmes s’incline finalement face au talent de Koray Aldemir, auteur d’un bon call, qui le fait entrer au panthéon du poker allemand.
Chèvre Miel, petit grinder devenu grand
Il nous a fait vibrer pendant 9 jours. Nicolas Vayssières, aka Chèvre Miel, a sans conteste été la révélation française de ce Main Event. Qualifié King-5 avec la clique Antoine Goutard, Rosalie Petit, Cédric « IllicoBusto » et CapHaddock, l’amateur de pizza sucré salé a montré à ses adversaires, aux couvreurs et aux caméras de Poker Go le grinder redoutable qu’il était. On connaissait déjà sa technique aiguisée, on a découvert un joueur de Live téméraire, capable de s’adapter à tous les profils et de mettre dans des spots terribles certains des plus grands noms du jeu… Son parcours magnifique s’arrête finalement à la 17e place. A neuf places d’une finale de Main Event, c’est forcément frustrant mais un grand bravo à ce joueur, qui, en plus d’être tranchant à la table, est une véritable crème en dehors. Transformer un freeroll en 305 000 $, c’est déjà pas mal. Pour les trophées, ce n’est qu’une question de temps.
On n’oublie pas non plus le champion EPT Nicolas Dumont, la hardiesse de Julian Milliard, la solidité d’Arnaud Mattern, la technique de Clément Van Driessche, l’imprévisible Johan Martinet, le représentant PMU Pierre De Almeida et l’ex team pro Ivan Deyra, qu’on a pris beaucoup de plaisir à suivre durant ces dix jours de Main Event.
La razzia du Team Wina
Avant la dernière semaine, la fête était déjà belle. Mais ceux qui sont partis avant ont loupé un bouquet final époustouflant. Et c’est le Team Winamax qui a tiré les dernières fusées !
Le premier à faire éclater le W rouge dans le ciel de Vegas répond au nom de Romain Lewis. A 26 ans, le jeune prodige met la main sur le bracelet qui lui avait échappé de peu en 2018, où il s’était contenté de deux podiums à 300 briques. Cette fois, c’est sur un tournoi un peu plus expéditif que le Français a produit la magie : Un 10 000 $ Super Turbo Bounty. Maitrisant à merveille son jeu short stack, Romain Lewis a renversé la vapeur en finale pour écarter Stephen Chidwick avant de retourner Aditya Agarwal. Face à un rail de folie mené par le trublion Mustapha Kanit, Romain Lewis remporte le plus beau trophée et le plus gros gain de sa carrière, 463 885 $.
Dans des sphères un peu plus vertigineuse encore, Adrian Mateos a montré comment dompter les meilleurs joueurs du monde, sur un tournoi à 250 000 $. Appuyant sur l’accélérateur en milieu de Day 2, l’Espagnol a mis une pression maximum sur ses concurrents de renom, pour prendre les rênes du plus cher des tournois du festival. Malgré un flip crucial perdu face à son ultime adversaire, le jeune anglais Ben Heath, Adrian Mateos a dominé la finale, avec la détermination qu’on lui connait pour valider son premier titre sur le plateau Super High Roller et la plus grosse perf’ de sa carrière. Empochant son quatrième bracelet et un gain de 3 265 362 $, Adrian montre, une fois de plus, qu’il est un des meilleurs joueurs de poker sur cette planète. La maquina a encore frappé.
L’hymne espagnol qui retentit dans la salle Brazilia ? C’est récurrent avec Adrian Mateos. Mais deux fois en deux jours, c’est juste historique. Juste après la victoire de Mateos sur le Super High Roller, sa compatriote et collègue du Team Leo Margets enlève le Closer à 1 500 $ ! Une perf à 376 briques, la plus juteuse de la carrière de Leo, le premier bracelet féminin du festival sur un évènement ouvert et le troisième de la Team Winamax en une semaine.
Cet exploit est à l’image de l’équipe mené par Stéphane Matheu : Irréel. « On a pas encore les chiffres exacts mais je peux déjà te dire que c’est l’année de tous les records », commente le coach. En attendant d’avoir le compte exact des ITMs et autres statistiques, on peut déjà affirmer que le Team Pro sur ces Vegas 2021, c’est 10 finales WSOP, pour 3 bracelets. Le meilleur Team du monde vous dîtes ?
Pierre, il faut partir maintenant