Sauvé par le gong
Level 7 – Blindes 300/600, ante 75
Du spectacle, de la confusion, des cris, des pleurs, l’intervention des superviseurs, des caméras de télévision ne loupant pas une miette de l’action, et un dénouement abracadabrantesque : nous venons d’assister à une main qui vaudra son pesant d’or lors de sa diffusion sur ESPN.
Je suis arrivé alors que tout était terminé, ou presque, mais les joueurs ne parlaient encore que de ça. L’ami du Team Winamax Joël Benzinou était présent à la table au moment des faits, et m’a tout raconté.
« Une main incroyable, Benjo, le délire total… »
Je vais essayer de vous retranscrire le bazar du mieux que je peux.
Tout le monde passe jusqu’au siège 9, un joueur fantasque et véritable moulin à paroles. Il est de petite blinde et annonce qu’il va relancer sans prendre la peine de regarder ses cartes. De grosse blinde, il y a Prahlad Friedman (un excellent joueur qui fut déjà impliqué dans un fameux incident télévisé contre Jeff Lisandro lors du Main Event 2006, une histoire d’ante oubliée). Friedman 3-bet, et la petite blinde – il s’appelle Ted Bort – complète à toute vitesse.
Le flop est J-6-5 et Bort donk-bet 10,000. Friedman réfléchit, fait le show, et paie. Turn : un 9. Bort donk-bet à nouveau, faisant escalader les enchères à 25,000. Friedman va encore une fois payer après une interminable attente. La rivière est une brique sans importance, et Bort complète le classique triptyque avec une dernière mise, cette fois à tapis, pour 80,000.
C’est là que le bordel va escalader d’un cran, alors que la main est déjà commencée depuis un moment. Les minutes passent sans que Friedman ne semble vouloir prendre de décision. Après cinq minutes, un superviseur est appelé à la demande d’un autre joueur. Les caméras sont en marche : il ne reste plus que 60 secondes à Friedman pour prendre sa décision. Pendant ce temps, le show continue entre les deux joueurs : « J’ai le meilleur jeu », « Non, c’est moi », etc, etc.
Le superviseur compte les dernières secondes : dix… neuf… huit…
…trois… deux… un…
« CALL ! »
Friedman déclare son intention de payer à la toute dernière seconde. La petite blinde montre J-9 pour les deux paires max, et très probablement la main gagnante.
C’est là qu’intervient le superviseur : « La main est brulée, vous avez dit « call » après la fin du temps réglementaire. »
Stupéfaction chez toute la table :
« Quoi ? »
« Il a payé juste à temps ! »
« Il lui restait une seconde ! »
« Vous avez tout filmé, de toute façon ! Consultez les cassettes ! »
« Incroyable ! »
« La pire décision que j’ai jamais vue ! »
Le superviseur appelle son supérieur hiérarchique (l’excellent Charlie Ceresi) qui va entériner la décision : Friedman a parlé trop tard, et sa main est brulée. En conséquence, cela sauve son tournoi (et son gros tapis) : il est clair qu’il n’avait pas la meilleure main ici.
Charlie me confiera sa version des faits un peu plus tard : « Friedman a eu plus de cinq minutes pour prendre sa décision, y compris une minute durant laquelle nous avons régulièrement énoncé les secondes restantes. S’il voulait vraiment payer, il n’aurait pas du attendre la dernière seconde. Son annonce s’est faite pile à la limite, ce qui fait que nous avons préférer l’annuler. »
Benzinou et le reste de la table n’en démordent pas : c’est la pire décision possible, d’autant que les caméras d’ESPN ont tout vu. « C’est comme au foot », rigole Joël, « il n’y a pas d’arbitrage vidéo ! »
Si le call de Friedman avait été entériné, c’est un pot de plus de 200,000 (estimation à la louche) qui se serait formé. Et Friedman aurait été éliminé… Au lieu de ça, il joue désormais l’équivalent d’un freeroll.
J’ai hâte de voir comment cette main sera traitée par les monteurs d’ESPN. On peut être sur qu’elle passera à la télé…
Juste après cette main, Joël 3-bet avec As-Roi, et doit passer face à un 4-bet pour la moitié de son tapis (le belge possède 50,000). Son adversaire montre As-Roi aussi, et élimine un short-stack présent dans le coup avec deux Dames.
Prahlad Friedman l’a échappé belle
Autres nouvelles en provenance de la Pavillon Room
- Cyril Bensoussan se débat avec 8,000, allez frangin, il faut pousser !
- Martial Blanbenwitsch possède 50,000.
- David Benyamine a été déplacé à une nouvelle table où il poursuit la construction de son gros tapis.
- Slimane Mamèche est sorti dans des circonstances non élucidées.
- Ludovic Lacay est remonté à 35,000 après avoir sorti un joueur (96 de carreau contre une paire 88, les tapis volent sur le flop 9-3-4)
Benjo
Décidément, nos Local Heroes sont au sommet de leur forme ! Après Olivier Daeninckx et Paul Pirès-Trigo, qui ont monté d’importants tapis, ainsi que William Pastout, qui a réussi à accéder au Day 3, c’est au tour de Nicolas Chappuis de posséder une montagne. Premier de parole, « Chawips » relance à 1,300. « C’est ma première paire d’as du tournoi » commente Nicolas. Seul Gianni Giaroni paie au bouton. Le flop est sympathique : [Ac][2h][3d]. Nicolas souhaite extraire immédiatement de la value et mise 2,000. Gianni va alors lui placer une mini-relance, pour 4,000. « A ce moment-là, je comprends qu’il est fort » analyse Nicolas, qui va tenter de mettre le plus vite possible tous les jetons au milieu, en relançant à 9,000. Gianni paie rapidement.
Arrive alors le turn : un [8c]. « Il lui reste 30,000 derrière » poursuit Nicolas. « Je décide donc de lui mettre la moitié du pot pour qu’il fasse tapis. » Et c’est exactement ce qu’il se passe : derrière la mise de 11,000 du Local Hero, Gianni envoie la sauce pour 30,000. Nicolas paie dans l’instant et fait face à un As-Roi sans aucune chance de l’emporter. Ce pot permet à Chawips de grimper à 135,000 !
Je vous présente le très sympathique Antonio Guerrero, un français de plus listé parmi les américains. En plus d’être un bon joueur de poker, Antonio est un fidèle lecteur de Winamax, et ça, c’est quand même une sacré qualité. Ayant débuté la journée avec un tapis de 30,000, il a déjà réalisé un petit profit, grimpant à 37,000. « Je crois que c’est la première fois que je suis dans le positif » s’amuse Antonio. « J’ai pris un petit pot sur Gabriel Nassif avec une paire d’as. Le pot est 3-bet et je check-raise au flop. Il passe. » Vous l’avez compris : Yellowhat est assis à la même table. Son début de journée fut assez compliqué : il a chuté à 30,000. Ah, sinon, Antonio m’a demandé de passer un petit coucou au LGJ Poker Club. Voilà chose faite.
Dans la deuxième partie de l’Amazon Room, je retrouve un tricolore au sommet de sa forme : Damien Rony. « Lynch » mise 7,050 (les deux tiers du pot) sur un tournant [Qh][4d][8c][9s]. Son adversaire ne veut pas lâcher l’affaire, ce qui pousse Damien a envoyé une nouvelle salve sur la river [Jh], à hauteur de 16,100. Cela lui suffit à remporter le pot. « Ça se passe vraiment bien » confie Damien, qui avait débuté la journée à 80,000. « J’ai désormais 200,000 de tapis » conclue-t-il avec un grand sourire.
Comment va Mr Anto Lellouche ? Je l’ai vu payer une relance à 1,300 depuis sa grosse blinde avec [Qd][Th] puis checker un flop [6h][4d][Qc]. Son adversaire a misé 2,000 et Anto s’est contenté de payer. Le turn est un [2h] : check des deux joueurs. River… [Jc]. Anto tente de rentabiliser sa main en misant 4,800. A sa grande surprise, il est payé par mieux : [Ad][Qh]. Il chute à 65,000.
Harper
Tableau de bord
2,097 joueurs restants (sur 2,734 au départ)
Blindes : 300/600, ante 75