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WSOP 2009 - Jour 32

Reportage par Benjo dés 21h

Day 32, demandez le mal de crâne

Je n’avais jamais remarqué à quel point le bruit des jetons qui s’entrechoquent entre les doigts de 2,500 joueurs était aussi insupportable. Cela a peut-être quelque chose à voir avec la gueule de bois carabinée qui m’a tiré d’un sommeil profond quelque part au milieu de l’après-midi. Oui, la nuit a été longue, et la fête fut arrosée - en compagnie d’un/une celèbre joueur/joueuse de poker âgé(e) de moins de 21 ans, qui a réussi à rentrer après avoir laissé un très gros pourboire au vigile. J’étais bluffé. Mais qu’importe. Allons-y gaiement pour la 32ème journée des World Series of Poker.

Midi : Event #51 – No-Limit Hold’em 1,500$ (Day 1)
Il s’agit de l’avant-dernière épreuve labelisée « donkament » des WSOP 2009. Plus de 2,700 joueurs ont saisi leur pénultième chance de participer à un tournoi pas cher à la structure rapide : l’Event 51 est donc complet. Parmi les joueurs au départ, plein de français dont Arnaud Mattern et Manuel Bevand.

14h : Event #48 – Pot-Limit Omaha High-Low 1,500$ (Finale)
Mathieu Jacqmin est le dixième finaliste français de la quarantième édition des WSOP. Pour tout vous avouer, je ne dispose guère d’informations sur ce joueur. On me souffle qu’il s’agit d’un ami d’Arnaud Esquevin, le runner-up de l’EPT de Deauville. A l’heure où j’écris ces lignes, il reste six joueurs et Mathieu possède l’un des plus petits tapis (une vingtaine de blindes) Tous les joueurs repartiront avec au moins 36,893 dollars.

14h : Event #50 – Limit Hold’em Shootout 1,500$ (Day 2)
José Barbero, Andreas Hoivold, Ken Lennaard, Tom Schneider, Jean-Robert Bellande et David Williams figurent parmi les 64 joueurs ayant remporté leur première table. Il n’y aura que huit places en finale.

16h : Event #49 – World Championship HORSE 50,000$ (Day 2)
J’ai bien choisi mon jour pour arriver en retard au Rio : la partie a repris à 16 heures (au lieu des 14 heures habituelles). Hier, seulement quatre des 95 partants ont réussi « l’exploit » de sauter. Parmi eux, Steve Zolotow. Je vous livre le top 10 au départ du Day 2 : on remarquera que Patrick Bueno semble prêt à répéter sa performance de l’année dernière. Mon favori de toujours David Benyamine est juste derrière.

Hasan Habib (USA) 387,000
Martin Vallo (Danemark) 347,200
Matt Glantz (USA) 300,000
Patrick Bueno (France) 289,500
David Benyamine (France) 282,200
Andy Black (Irlande) 264,700
Chris Ferguson (USA) 259,600
Michael Saltzburg (USA) 252,400
Justin Slmith (USA) 246,100
Farzad Bonyadi (USA) 241,000

Fabrice Soulier pointe en 55ème place avec 135,800 (grosso modo son tapis de départ). Même topo pour Bruno Fitoussi avec 149,700.

Découvrez Mathieu Jacqmin
Un professionnel parisien en finale du Pot-Limit Omaha High-Low à 1,500 dollars

Ils étaient 762 joueurs au départ de l’Event 48, l’une des deux seules épreuves de PLO8 des World Series of Poker. Ce soir, ils ne sont plus que cinq autour du podium ESPN. Parmi eux, Lee Watkinson (finaliste du Main Event en 2007), Brandon Cantu, et, un joueur français, le dixième à atteindre une table finale cette année.

Je ne connaissais pas Mathieu Jacqmin avant aujourd’hui – tout au plus avais-je pris connaissance de son palmarès en tournoi, qui inclut une place payée dans un tournoi de No-Limit Hold’em aux WSOP 2008. Ses amis massés autour de la table m’ont renseigné.

« Mathieu est un régulier de la table de Pot-Limit Omaha à 500 euros de l’Aviation Club de France », me dit Benjamin « magicdeal » Pollak. « Depuis un an, il a presque complètement arrêté le Texas Hold’em, sentant qu’il était dépassé. Il se consacre au Omaha depuis. »

Pourtant, le High-Low n’est pas sa spécialité. Ni les tournois, d’ailleurs. « C’est la première épreuve qu’il dispute à Vegas. Nous sommes plutôt des joueurs de cash-game », m’explique Patrick, l’un de ses meilleurs amis dans le poker.

Mathieu fait partie de cette génération de joueurs, tous âgés de 25 ans environ, ayant découvert le poker il y a trois ou quatre ans. « Arnaud Esquevin, Guillaume Cescut, Benjamin Pollak… On a tous commencé ensemble », poursuit Patrick. Des joueurs qui ont depuis fait leurs preuves dans le poker. « On jouait en partie privée pour dix euros la cave. Et un jour, on a appris qu’il existait des endroits à Paris où l’on pouvait jouer publiquement. On en avait aucune idée. »

Pompier de profession, Mathieu a progressivement grimpé les échelons, commençant à la table à 30 euros, puis montant une bankroll pour passer à la table à 100. Désormais solidement installé aux parties aux blindes à 5€/10€, Mathieu a quitté son job, et gagne sa vie exclusivement en jouant au poker, live et online.

Il est arrivé à Vegas il y a une semaine, principalement pour s’amuser, partager une villa avec ses amis, « être là ou ça se passe », et jouer en cash-games. Même si Mathieu est dors et déjà qualifié pour le Main Event, les tournois ne représentent qu’une distraction. Une distraction qui pourrait bien lui rapporter beaucoup d’argent ce soir… et peut-être un bracelet, qui sait ?

Les français dans le HORSE

« Il n’y a ni noirceur, ni embellie aujourd’hui ». Ainsi parle Bruno Fitoussi au milieu du Day 2 de l’épreuve la plus chère des WSOP. Le runner-up de l’édition 2007 se débat avec un tapis dans la moyenne. Hier, il perdait un pot de 100,000 en Omaha High-Low, avec un brelan max battu à la rivière par la quinte max, donnant à son adversaire le meilleur high et le meilleur lo. « C’est très difficile », soupire t-il, et en observant ses adversaires, on comprend le bien fondé de cette affirmation. Justin Smith, Todd Brunson, Scott Clements, Jani Sointula, Alex Kravchenko, Rob Hollink, et Ville Walhbeck. A l’exception de Smith et Sointula, tous portent un ou plusieurs bracelets WSOP autour de leur poignet.

Avec seulement 18 éliminations en treize heures de jeu, le stack moyen reste relativement faible : 180,000. Les blindes, en revanche, commencent à être élevées (1,500/3,000), rendant les coups très chers, et comme le dit Bruno, « le bombardement est proche. »

Patrick Bueno se fait masser depuis le début de la journée. Très actif comme à son habitude, le finaliste de l’édition 2008 a vu son stack baisser pour atteindre 220,000. Je l’ai vu payer flop et rivière dans un pot de Omaha High-Low impliquant trois autres joueurs.

[3d][Qs][Ts][6d][Qd] était le tableau final. Gus Hansen a abandonné en commentant : « It’s a pretty tight fold for me in a tournament… » Patrick n’a pu que mucker ses cartes en voyant ses deux adversaires montrer TT (full) et Q6 (full supérieur)

La table de Bueno comprend, en plus de Hansen, Jerry Buss (le patron des Lakers), David Grey, Jim Bechtel et Howard Lederer.

Fabrice Soulier pointe à 175,000 pour le tournoi le plus tendu de sa carrière. C’est la première fois qu’il participe à un tournoi aussi cher, mais il dit se sentir bien, mieux qu’hier en tout cas, où la nervosité était bien présente. J’ai vu Fabsoul remporter un joli pot en Razz, trouvant un low au Dix pour battre le Valet de Bill Chen. Un coup qui rajoute 25,000 à son tapis.

David Benyamine est d’excellente humeur. Pourquoi ? Ses amis Doyle Brunson et Phil Ivey sont à la table avec lui. La présence de deux des meilleurs joueurs du monde ferait tiquer n’importe quel joueur, mais pas David, tout content de pouvoir se livrer à son jeu favori avec ses collègues du « Big Game » du Bellagio : les « props ». Quézako ? Les props sont des paris fait sur les cartes communes retournées par le croupier. Chaque joueur choisit à l’avance plusieurs combinaisons (du genre : trois coeurs au flop, trois cartes qui se suivent, telle ou telle paire – les combinaisons sont nombreuses et compliquées), et marque des points chaque fois qu’elles apparaissent au milieu. Évidemment, les sommes en jeu sont astronomiques. On peut facilement gagner ou perdre 100,000 dollars en une journée bien remplie. David tient la comptabilité sur un papier. Et il n’oublie pas de jouer au poker : son tapis est au dessus de la barre des 200,000. On murmure que les joueurs du Big Game auraient un « edge » sur Doyle Brunson à ce jeu… « Big Papa » n’est plus tout jeune, et oublie parfois de réagir quand l’une de ses combinaisons est retournée.

DB contre DB… Le second suit le chemin du premier : tout comme Doyle, Benyamine était promis à une brillante carrière de sportif professionnel. Tout comme Doyle, il a du s’arrêter pour raisons médicales, et s’est tourné vers le poker. Les deux jouent maintenant régulièrement à la même table, et chacun respecte immensément l’autre.

Tableau de bord
75 joueurs restants (sur 95 au départ)
Tapis moyen : 190,000

Troisième place pour Mathieu Jacqmin
Pot-Limit Omaha High-Low 1,500$

Zut ! Le cinquième bracelet WSOP de l’histoire du poker français devra attendre encore un peu. Tout s’est passé très vite. En quelques minutes, Mathieu Jacqmin est passé du statut ô combien enviable de chip-leader à celui un peu moins sympathique de sortant.

C’est Guillaume Cescut qui m’a raconté ce qui s’est passé. Aparemment, Mathieu a perdu son chip-lead contre Lee Watkinson après deux gros coups joués en bataille de blindes – il n’avait pas la position. Sur le premier, Watkinson « quarterise » Jacqmin – il prend les 3-quarts du pot avec le meilleur high et un low identique à celui du français. Puis Mathieu tente de buffer Lee, et doit abandonner quand l’américain relance sa deuxième « barrel ».

Sur la dernière main, Mathieu, tombé à 25 blindes, envoie le tapis sur [Qs][9d][5d] avec [Ac][2s][7s][Jd]. Watkinson – encore lui - « snap » avec le brelan max. Étonnamment, ce dernier perdra ensuite le tête à tête final contre Brandon Cantu, pourtant parti avec un gros désavantage.

Troisième place pour notre français donc, qui remporte 92,946 dollars pour ses deux efforts, et signe l’une des trois plus belles performances tricolores des WSOP jusqu’à présent, rejoignant Jean-Philippe Léandri et Tallix sur le podium des gains français.

Que retiendra t-on de cette performance ? Mathieu Jacqmin a tout simplement été épatant sur ce tournoi, faisant preuve d’un aplomb et d’une maitrise considérable dans une variante qu’il connait pourtant à peine (grand joueur de Omaha, Jacqmin ne pratique guère le High-Low) On se rappellera notamment de ce joli bluff contre Brandon Cantu, qui a passé K-J-9-x sur un flop K-J-9 avec deux carreaux. Mathieu a montré ce qui était grosso modo un pur bluff avec les « bloqueurs » : Q-Q-J-7.

Bref, félicitations à Mathieu, vraie révélation française de ces WSOP – on attend avec impatience la prochaine de ses rares apparitions en tournoi.

Le clan français. On reconnaît sur cette photo Guillaume Cescut, Thomas Belleuvre, Arnaud Esquevin, Rémy Biéchel et Benjamin Pollak.

PAUSE DÎNER

Je meurs de faim, et m’en vais rejoindre une bande de français dans un restaurant… français.

It’s a kind of magic

Une très belle table finale cosmopolite s’est constituée dans l’épreuve de Limit Hold’em jouée en Shootout. Les joueurs de Magic : The Gathering sont à l’honneur avec la présence de deux joueurs que l’on connait et apprécie : David Williams et José Barbero, l’ami du Team Winamax. Deux joueurs tenteront de réaliser le doublé cette année : deux joueurs ayant remporté leur bracelet dans des épreuves de Limit Hold’em : Marc Naalden et Greg Mueller.

José Barbero, le plus français des argentins

A suivre dimanche à partir de 14 heures. Le gagnant gonflera ses poches avec presque 200,000 dollars.

David Williams (USA)
José Barbero (Argentine)
Flaminio Malaguti (Italie)
Greg Mueller (Canada)
Joep Van Den Bijgaart (Pays-Bas)
Marc Naalden (Pays-Bas)
Matthew Sterling (USA)
Millie Shiu (USA)

HORSE 50,000$ : Entretien avec le chip-leader des français
Patrick, un an après ta superbe prestation dans le HORSE à 50,000 dollars, te voici de retour. Tu termines la deuxième journée avec un joli tapis de 380,000 qui te place en haut du classement avec 53 joueurs restants. Peux-tu raconter un peu ton parcours jusqu’à présent ?

J’ai fait beaucoup de jetons durant le Day 1. J’avais démarré tranquille, puis accéléré sur la fin de la journée. J’ai eu plus de mal aujourd’hui, j’ai stagné aux alentours de 200,000, avant de descendre aussi bas que 50,000 [un tiers de la cave de départ] Il y a eu une période noire. J’ai perdu tous les coups pendant trois heures de suite, des coups imperdables qui tournaient à chaque fois au cauchemar. Puis tout est rentré dans l’ordre, je suis remonté à 100,000, j’ai stagné un peu, et j’ai explosé à la fin.

Tu aimes t’impliquer dans beaucoup de coups…

Oui, j’aime jouer, être celui qui donne le rythme à une partie, je ne peux pas attendre des heures et ne jouer que les mains max. C’est pas mon style, je ne suis pas un attentiste.

Quels sont les joueurs que tu as affrontés le plus ?

Jim Bechtel, le champion du monde, et David Grey, tous deux à ma gauche. Deux très bons joueurs. J’ai perdun un coup contre le second, j’avais brelan de 5 et quatre trèfles affichés en Stud, il trouve une quinte et me paie sur la dernière. Il fallait aller la chercher ! Contre Bechtel, j’ai joué un coup de Hold’em cappé préflop avec [Ks][6s]. Le flop est [As][6c][3s]. Le coup est 3-bet, je paie. L’as double sur la quatrième. Tout le monde checke. Rivière [5s], j’ai la couleur, mais il avait été chercher un full avec sa paire de 5 !

Pourquoi à ton avis il y a eu moins de joueurs au départ de l’épreuve cette année [95 contre 148 les deux années précédentes] ?

Je pense que l’absence de diffusion à la télévision a fait reculer les sponsors de certains joueurs.

Merci Patrick, et bonne chance pour demain ! Et comme Claude Cohen est avec nous, je vais lui demander ce qui fait que Patrick est un bon joueur de poker.

Claude Cohen : Sa principale qualité, c’est d’avoir la foi. Attention, je ne parle pas de son foie, qui lui commence à fatiguer.

Bruno Fitoussi nous a malheureusement quittés aujourd’hui, tout comme Daniel Negreanu, Jeff Lisandro, Andy Black, Justin Bonomo, Johnny Chan…

David Benyamine n’a même pas pris le temps d’emballer ses jetons à la fin de la journée : il s’est sauvé en courant pour aller jouer au Big Game du Bellagio. Il est probable qu’il ne quittera la table que pour revenir au Rio et disputer le Day 3.

Fabrice Soulier a survécu, avec 138,000. Il a vécu une partie difficile, avec un tapis faisant des hauts et des bas à une table complètement sick où jouaient Phil Ivey, Benyamine, Annie Duke, Doyle Brunson, Scotty N’Guyen. Fabrice m’a confirmé que ce dernier était vraiment un joueur exceptionnel de HORSE, et n’avait donc pas volé son titre l’année dernière.

C’est un joueur du nom de Ray Dehkharghani (à vous souhaits) qui mène la danse avec plus de 600,000. Les scandinaves Gus Hansen et Erik Sagstrom ne sont pas loin derrière, pour l’une de leurs rares apparitions aux WSOP.

Les 53 survivants reprendront la partie à 14 heures. Il est probable que l’on jouera jusqu’à l’obtention des places payées (au nombre de 16), ou au moins jusque 24 joueurs. L’affluence faible a permis aux organisateurs d’alléger un peu le programme : les journées sont relativement courtes.

Day 33, demandez le programme

Midi : Event #52 – Triple Chance No-Limit Hold’em 3,000 (Day 1)
Les joueurs disposeront de trois caves de 3,000 jetons, trois « vies » qu’ils pourront utiliser à tout moment durant les trois premières heures. Pas mal de joueurs du Team Winamax seront présents.

14h : Event #49 – World Championship HORSE (Day 3)

14h : Event #51 – No-Limit Hold’em 1,500$ (Day 2)
349 joueurs ont survécu à la première journée de cette épreuve qui affichait complet ce midi avec 2,781 partants. Parmi eux, plusieurs français – on fera le point dimanche midi.

14h : Event #50 – Limit Hold’em Shootout 1,500$ (Finale)
Avec (entre autres) José Barbero, David Williams et Marc Naalden.

14h : Event #52 – Stud High-Low 1,500$ (Day 1)

Attention : pour des raisons techniques, la page web relative au reportage du Day 33 sera mise en ligne un peu plus tard que d’habitude, aux alentours de 14 heures (23 heures en France). Mais pas de panique, nous serons bien présents au Rio pour la 32ème journée consécutive… Bonne journée, les amis.

Covoiturage

[video]https://media.winamax.com/coverage/2009_WSOP_LasVegas/Day33.flv[/video]

Hier, visite du Venetian.

[video]https://media.winamax.com/coverage/2009_WSOP_LasVegas/Day33_1.flv[/video]