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WSOP 2009 - Jour 3

Coverage par Benjo et YueStud

Day 3 : demandez le programme

Midi : Event #3 – Omaha High-Low 1,500$ (Day 1)
Presque 900 joueurs pour cette première épreuve « de spécialistes » des WSOP 2009 : du Omaha joué en haut et en bas, le tout à enchères fixes. Une affluence un poil plus élevée que lors de l’édition 2008, où 833 joueurs avaient pris le départ. L’employé de casino Thang Luu est le champion en titre. Une bonne partie de l’Amazon Room est remplie, de même que la salle annexe, la Brazilia Room. Une douzaine de tables ont été laissées libres dans la zone orange, devant le banc de presse, pour accueillir le redémarrage de l’épreuve à 40,000 dollars à 14 heures.

Au moins deux français font leur entrée aux WSOP avec cette épreuve : Rémy Biechel (« Je ne pense pas être favori dans cette variante », rigole t-il) et Fabrice Soulier.

14 heures : Event #2 – Spécial 40th Annual No Limit Hold’em (Day 2)
Un peu moins de deux tiers des 201 partants de cette épreuve ont été éliminés hier, dont, malheureusement, la quasi-totalité de nos français : David Benyamine, Philippe Rouas, ElkY, et les joueurs du Team Winamax Nicolas Levi et Ludovic Lacay. La bonne nouvelle, c’est que le dernier représentant tricolore encore en course est aussi le chip-leader au départ de la deuxième journée : Bruno Fitoussi lui-même. Habitué à perfer lors des tournois à gros buy-in, en témoignent ses résultats durant le HORSE à 50,000 dollars et les finales du WPT au Bellagio (2003, 2009), l’homme poker de l’Aviation Club de France est solidement installé en tête du classement avec un tapis de 812,500.

Le reste du Top 10 est effrayant :
Chris Moneymaker 805,000
Justin Bonomo 738,000
Lex « RaSZi » Veldhuis 646,500
Kyle Wilson 611,500
Brian « sbrugby » Townsend 609,000
Michael DeMichele 519,500
Emil « whitelime » Patel (le tombeur de Nico Levi) 494,500
Alan Sass 491,000
Andy Black 449,500

Encore en course : Phil Galfond, Sorel Mizzi, Ted Forrest, Alex Jacob, Steve Bilirakis, Alec Torelli, Jason Mercier, Tony G, Antonio Esfandiari, Andrew Robl, Huck Seed, Phil Ivey, Greg Raymer, et j’arrête là parce qu’il reste encore plein de têtes de série et j’ai la flemme d’écrire.

Andrew Cohen est le premier champion des WSOP 2009

Félicitations à Andrew Cohen qui, en remportant jeudi soir l’épreuve à 500 dollars organisée pour les employés de casino de Las Vegas et du monde entier, remporte officiellement le premier bracelet des World Series of Poker 2009. L’américain a tenu l’avantage durant l’ensemble de la table finale, éliminant adversaire après adversaire pour s’emparer du titre, et du premier prix de 83,833 dollars. Bravo à lui, et à tous les hommes de l’ombre qui font en sorte que les tournois de poker du circuit puissent se dérouler en toute fluidité.

Une innovation bienvenue
Les vainqueurs de bracelets auront désormais droit à une remise de prix en bonne et due forme

Mis à part lors du Main Event, ou lorsque le vainqueur est un pro médiatique, les tournois des WSOP se terminent généralement dans l’anonymat le plus total, tard dans la nuit, devant une poignée de spectateurs seulement. Je me rappelle encore de la victoire de David Benyamine en 2008. On lui avait simplement donné son bracelet, sans cérémonial ni rien de spécial au programme. David avait rapidement posé pour les photographes, répondu à deux trois questions des journalistes, et était reparti. En anglais, on définit cette situation comme « anti-climatic », pour parler d’un moment qui devrait être fort et grandiose, mais qui dans les faits tombe un peu à plat.

Alors les organisateurs ont eu une idée simple cette année, pour insuffler un peu de prestige à ce qui reste comme un moment majeur pour tout joueur de poker qui se respecte, la victoire d’un bracelet. Chaque jour à quinze heures sera organisée une petite cérémonie pour remettre le bracelet à le ou les vainqueurs de la veille. Jeffrey Pollack, le commissionnaire des WSOP, prendra la parole pour présenter l’heureux gagnant, qui aura l’honneur d’entendre l’hymne national de son pays retentir dans toute l’Amazon Room.

Aujourd’hui a donc eu lieu la première cérémonie de ce type, avec Andrew Cohen, le vainqueur américain du tournoi des employés. Spontanément, sans s’être donné le mot, toute la salle s’est levée, la main sur le coeur, pour écouter religieusement « Star Spangled Banner », l’hymne national yankee.

Une bonne idée que cette cérémonie quotidienne, qui permettra aux vainqueurs anonyme de quatre heures du matin (ils seront nombreux) de se faire voir devant une salle pleine le lendemain de leur victoire, et de donner un caractère « officiel » à leur accomplissement. Par contre, étant donné que 75% des bracelets sont remportés par des joueurs du cru, on risque d’entendre souvent le même hymne ! Qui remportera le premier bracelet non-américain ? Je miserais sur le Canada… Ou la France !

Event #2 – Spécial 40th Annual No Limit Hold’em (Day 2)

Deux heures ont passé depuis la reprise du tournoi anniversaire des WSOP. Il est temps de faire le point. Expédions rapidement la liste partielle des éliminés de ce début de partie, une lecture aussi passionnante que celle du bottin des Yvelines (dans le cas présent, cela ressemble plus au bottin de Las Vegas) : Hoyt Corkins, John Duthie (sur un bad beat, apparemment), Kenny Tran, Doyle Brunson, Lee Markholt, Michael DeMichele, le DevilFish (KK contre 77), David Singer, ou encore Josh Arieh.

Chip-leaders au départ de la journée, Chris Moneymaker et Bruno Fitoussi ont vu leur tapis fondre à vue d’oeil. Le champion du monde 2003 vient de se manger une méchante confrontation QQ/KK qui l’a fait tomber à un demi-million (un tapis encore tout à fait respectable à ce stade, cependant)

Le dernier français en course, quant à lui, a dégringolé en bas de classement, passant de 800,000 à 250,000 en deux heures. La réussite n’a pas été du côté de Bruno, comme il nous l’a raconté durant la pause. Il a d’abord perdu un gros pot contre Alec Toreli avec top-paire contre un tirage couleur et deux overcards. Bon, jusque là, rien de trop exceptionnel, Bruno se remet au travail, et récupère rapidement les jetons en jouant très agressivement. C’est peu avant la pause que la catastrophe va se produire, quand Bruno floppe deux paires avec [As][5s]. Sur le turn A-5-x-Q, Bruno check/raise son adversaire à tapis. Son adversaire paie avec tout juste A-J, créant un pot énorme de 700,000. Une mauvaise décision qui sera récompensée par l’apparition d’une Dame sur la rivière, donnant au vilain deux paires supérieures. « Avec quoi pensait-il que je faisais tapis ? », s’est lamenté Bruno. Il reste désormais trente blindes au français pour tenter de remonter la pente.

L’ami du Team Winamax Lex « RaSZi » Veldhuis continue son excellente prestation, ayant récemment dépassé le million. En forme : Sorel Mizzi, David Pham, Brian Townsend, et Justing Bonomo. Short-stacks : Kirill Gerasimov, Mark Seif, Terrence Chan et Chau Giang.

A mesure que le field se réduit, les anonymes prennent la porte de sortie, et les têtes de séries brillent. La première table finale pro des WSOP 2009 s’annonce comme exceptionnelle !

Tableau de bord
67 joueurs restants (sur 201 au départ)
Blindes : 4,000/8,000, ante 1,000
Tapis moyen : 360,000

Nos favoris pour les WSOP 2009
Aujourd’hui, un choix opportuniste mais sincère

OK, vous aurez sans doute l’impression que l’occasion fait le larron en voyant notre choix du jour, étant donné que Lex Veldhuis est au moment où j’écris ces lignes chip-leader de l’épreuve à 40,000 dollars avec soixante joueurs restants.

Mais celui que l’on apelle « RaSZi » en ligne est un ami de longue date du Team Winamax. Cuts n’a que de bonnes choses à dire sur son pote hollandais : « Un gros grinder online, qui aime jouer 24 tables. A l’époque où je n’avais pas encore de banrkoll, Lex m’a coaché durant un tournoi à cinq dollars sur internet, depuis la bulle jusqu’à la seconde place. J’avais remporté 800 dollars, c’était mon premier gros gain en tournoi, une grosse somme pour moi à l’époque. »

Depuis, Cuts et RaSZi évolulent désormais dans la même catégorie, et échangent régulièrement des conseils sur le jeu.

Comme ElkY, Veldhuis est un ancien joueur de Starcraft, ayant fait la transition vers le poker en 2004. « Il est passé plusieurs fois par la case « broke » ou « stacking », explique Ludovic. « Mais depuis huit mois, il est sorti de la zone rouge, grâce à son sérieux… et à un contrat de sponsoring. »

Déjà auteur de nombreux succès en ligne, le palmarès live de Lex est encore en construction, avec seulement une poignée de résultats modestes aux WSOP et dans les grosses compétition européennes. Mais qu’on ne s’y trompe pas : RaSZi est un joueur redoutable, en plus d’être un type vraiment sympa. Raison pour laquelle il rejoint Jason Mercier dans notre club très select des mecs-cools-qui-jouent-bien-et-qu’on-a-envie-de-voir-gagner. Nous vous tiendrons régulièrement informés du progrès de Lex durant l’ensemble des WSOP, et en particulier durant l’épreuve qui nous occupe aujourd’hui, le 40,000 dollars où il occupe actuellement la tête du classement.

Petit à petit, les français font leur entrée

Quelques tricolores apercus dans l’event #3 (Omaha High-Low), disputant leur premier tournoi des WSOP 2009 :

Le parisien Xavier Laszcz, qui se débat avec un short-stack

Jean-Marc Thomas (en provenance de Paname lui aussi)

Fabrice Soulier, lui, n’est pas « arrivé » à Vegas puisqu’il y réside depuis 2006. Fabsoul domine sa table, possédant deux fois plus que jetons que son concurrent le plus proche. Il possède 15,000, plus de trois fois sont tapis de départ.

De manière générale, le troisième tournoi des WSOP, avec son prix d’entrée modique, est pour beaucoup de joueurs pros l’occasion de faire leur entrée dans le festival, n’ayant pas la bankroll pour jouer un tournoi à 40,000 dollars, ni le statut d’employé de casino. J’ai croisé des joueurs tels que Dario Alioto, Gobboboy, Max Pescatori, Jean-Robert Bellande, John Phan, Dutch Boyd, Kristy Gazes, etc, etc.

Tableau de bord
702 joueurs restants (sur 918 au départ)
Blindes : 150/300
Tapis moyen : 5,885

La première perf’ française des WSOP 2009 devra attendre

Les joueurs de l’épreuve à 40,000 dollars vont partir en pause-dîner, et je vais faire de même avec le coeur lourd et les yeux embués de larmes : en effet, Bruno Fitoussi vient de sauter au terme d’une journée catastrophe où la réussite n’aura décidément pas été de son côté. Un peu sonné, Bruno nous a raconté comment il a perdu la moitié de son tapis de quinze blindes en payant le all-in de Vanessa Rousso avec As-Dame. La franco-américaine retourne K-4 et remporte le coup. Quelques minutes plus tard, Bruno pousse ce qui lui reste avec Roi-Dame, et échoue contre As-Valet. En quatre heures de jeu, le dernier français en course est passé de « Roi » à « Rien », éliminé aux alentours de la cinquantième place. Cruel jeu.

Bruno rejoint vers la sortie des pointures telles que Phil Ivey, Mike Matusow, Chau Giang et Huckleberry Seed. Mais pas de panique, on devrait retrouver Bruno très vite, au départ d’une des dizaines d’épreuves high-roller (10,000$ ou plus l’entrée) organisées cet été au Rio.

*** PAUSE-DINER ***

Le field se rétrecit dans le tournoi anniversaire

Tandis que l’on regardait les Lakers écraser Denver sur les télés du restaurant, le propriétaire du club de Los Angeles est passé devant nous pour rejoindre sa table. Jerry Buss est en effet un grand fan de poker, finaliste de la première heure sur le World Poker Tour, en ville pour disputer quelques tournois. Il vient d’ailleurs de sauter de l’épreuve de Omaha High-Low.

Mais qu’importe, je suis de retour sur le banc de presse de l’Amazon Room. J’ai appris avec tristesse l’élimination de l’un de nos favoris, Jason Mercier, dans l’épreuve à 40,000 dollars. De son côté, Lex Veldhuis continue sa progression. Sa petite amie Evelyn Ng est assise à quelques mètres, autour d’une table inoccupée. A ses pieds, une dizaine de sacs de shopping floqués de marques très chères et très chic.

Il ne sont plus que 41 encore en course, et la partie s’arrêtera probablement une fois atteintes les 27 places payées. Autour des cinq tables, que des cadors : Ted Forrest, Justin Bonomo, Alec Torelli, JC Tran, David Pham, Nam Le, Tony G, Andy Black, Sorel Mizzi…

En tête : Brian Townsend. Peut-être en route pour la première performance en tournoi de sa carrière ? Car si « sbrugby » est une véritable légende autour des tables de cash-game online, il ne participe qu’à peu de tournois, et affiche ainsi un palmarès quasi-vierge dans cette discipline.

Brian Townsend

21 champions du monde, zéro dollars de prize-pool

Dans le cadre des festivités célébrant le quarantième anniversaire des World Series of Poker, Harrah’s a organisé un « Tournoi des Champions » freeroll, réunissant tous les vainqueurs du Main Event depuis sa création en 1970. Ce genre de tournoi a déjà existé entre 2004 et 2006, mais les critères d’éligibilité étaient différents. Ici, une seule condition pour pouvoir être invité : avoir remporté le titre suprême de la planète poker.

Alors, quels joueurs peut-on s’attendre à voir au rendez-vous dimanche ?

En 39 éditions du « Big One », 34 vainqueurs ont été couronnés, dont quatre multiples vainqueurs (Johnny Moss, Doyle Brunson, Stu Ungar, et Johnny Chan). Sur ces 34 vainqueurs, 7 ne sont plus de ce monde, et, en conséquence, ne pourront se libérer : Johnny Moss, Puggy Pearson, Stu Ungar, Hal Fowler, Jack Strauss, Jack Keller et Bill Smith. Le site satirique WickedChops remarquait à ce sujet qu’il était dommage que ces joueurs ne puissent être invités, car « un Stu Ungar mort pourrait battre tous les jours un Jerry Yang vivant »)

Sur les 27 noms qui restent, on peut retirer Russ Hamilton, actuellement impliqué dans un scandale de triche online, et donc persona non grata (« La Poste a perdu son invitation », dit encore WickedChops), et Bobby Baldwin, assez occupé par ses fonctions de PDG du Groupe MGM (Bellagio, Mirage, Golden Nugget, etc)

Il reste donc 25 noms. Tous ont confirmé leur venue (Hellmuth, Chan, Eastgate, Raymer, Moneymaker, etc), sauf quatre : Chris Ferguson, qui n’a pas encore répondu à l’invitation, et les assez obscurs Noël Furlong, Mansour Matloubi, et Hamid Dastmalchi, qu’Harrah’s n’a tout bonnement pas réussi à contacter ! Ces trois là ont plus ou moins complètement disparu du circuit depuis bien longtemps, et personne ne sait ce qu’ils sont devenus. Mais où sont-ils passés, bon sang ?

Chose intéressante, le prize-pool de ce tournoi spécial et élitiste sera tout bonnement de… zéro virgule zéro dollars. Contrairement aux trois éditions précédentes, où Harrah’s avait généreusement posé deux millions de dollars sur la table, il n’y aura ici strictement rien à gagner, financièrement parlant.

Posons la question : pourquoi (au moins) 21 des 27 champions encore en vie vont-ils prendre la peine de jouer le tournoi ?

1/ Un passage à la télé. Cette épreuve fait en effet partie des quatre qui seront diffusées sur ESPN à la fin de l’été (oui, seulement quatre épreuves télévisées, c’est peu, le poker télévisé n’interesse plus grand monde - pour info, les trois autres épreuves qui seront diffusés sont : le 40,000, le Main Event, et le tournoi de charité « Ante up for Africa »)
2/ Les « bragging rights », en français : le droit de se la péter si l’on gagne. Ben oui, le field sera quand même assez costaud et prestigieux.
3/ Un trophée au nom de Jack Binion, le fils de Benny (fondateur des WSOP) qui dirigea pendant longtemps le festival. Jack en personne remettra la coupe au vainqueur du tournoi.
4/ Une… voiture. Une Corvette, pour être précis. Un modèle assez ancien, il me semble, valant entre 40 et 80,000 dollars selon les estimations des collègues. J’imagine bien la réunion entre les huiles d’Harrah’s. « Bon, les gars, on a pas un rond à mettre dans ce tournoi à la con, c’est la crise, pas le moment de cramer de la thune. » Une main se lève au fond de la salle de réunion. « Oui, Bob ? » « Euh, j’ai une vieille bagnole qui traîne au fond du garage, ça pourrait faire l’affaire. » L’assemblée, en coeur : « Génial ! »

Tout à l’heure, à la table de Bruno Fitoussi, deux futurs participants au tournoi débattaient de l’intérêt de l’épreuve. Greg Raymer : « Je suis pas trop un fan de bagnoles… » Huck Seed : « OK, un tournoi freeroll sans prize-pool, admettons. Ca peut-être fun. Mais pourquoi diable avoir choisi une vieille bagnole en guise de récompense ? »

Quoi qu’il en soit, j’observerai de près cette épreuve qui devrait nous permette d’observer de beaux affrontements entre les vieux champions des années 70/80, les stars et les champions récents, amateurs devenus pros depuis. Rendez-vous dimanche !

To have and have not

Un véritable choc des cultures est en train de se dérouler à l’intérieur de l’Amazon Room. Un clash entre deux mondes qui se côtoient de près en permanence.

Voyons voir la scène. Dans le coin sud-ouest de la salle, une poignée de tables abrite les meilleurs joueurs de poker du monde. C’est le tournoi anniversaire, pour fêter les 40 ans des WSOP. 40 ans, et 40,000 dollars l’entrée. Le prix à payer pour faire partie de l’élite, et avoir une chance de toucher du doigt l’immortalité pokérienne en remportant un titre ô combien prestigieux. Ils ne sont plus que 30 à pouvoir prétendre au titre. La crème de la crème. Vétérans et jeunes loups mélangés. Qui va décrocher la timbale ? Un des « online wiz », comme Justin Bonomo, Lex Veldhuis ou Brian Townsend ? Ou un véteran, comme Ted Forrest, Tony G, ou Greg Raymer, qui vient de passer la barre fatidique des deux millions ? Autour des quatre dernières tables, on reconnaît tout le monde. On croirait presque avoir affaire à l’un de ces castings artificiels crées spécialement pour la télévision. C’est d’un tournoi « open » qu’il s’agit, et n’importe qui étant assez fou pour dépenser une somme à cinq chiffres pour disputer une partie de cartes était le bienvenu à la table. Après presque vingt heures de jeu, la sélection naturelle propre au poker a fait son travail, et chacun des survivants affiche un pedigree prouvant qu’il n’est pas là par hasard. C’est le poker à son plus haut niveau, où chaque jeton est durement disputé, où chaque décision vaut potentiellement plusieurs centaines de milliers de dollars.

A l’autre bout du spectre, du côté opposé de l’Amazon Room, on peut assister à une scène complètement différente. Les cash-games « low-limit » battent leur plein. On a jamais vu autant de tables ouvertes. Cinquante, au bas mot. La liste d’attente est longue comme le bras. Le buy-in ? 80 fois inférieur à celui du tournoi anniversaire. Le casting ? Des amateurs venus de tous horizons. Les donks, les fishs et les pigeons ont envahi Vegas ce week-end. Après la fête des pros que fut le 40,000 dollars, c’est au tour des petits joueurs, des prolétaires du poker d’occuper le devant de l’affiche, et d’avoir leur tournoi rien que pour eux. Dans les couloirs, la file d’attente au bureau d’inscription s’étire sur plusieurs dizaine de mètres.

Car demain va commencer une mastodonte épreuve de No Limit à 1,000 dollars. C’est la première fois en quatre ans que les organisateurs décident d’abaisser le prix plancher d’un tournoi WSOP, d’ordinaire fixé à 1,500 dollars. Cette épreuve spéciale réunira plus de 5,500 joueurs, créant le plus gros field jamais vu pour un tournoi de poker hors Main Event. Massacre en prévision. L’équation est simple : structure rapide + niveau de jeu peu élevé + field énorme = des centaines d’éliminations par heure.

Un choc des cultures, vraiment. D’un côté, les pros, les high-rollers, les champions et les stars. En petit comité. 200 à peine au départ de leur épreuve très chère. De l’autre côté, les petits joueurs, les amateurs en quête de gloire et d’argent. Venus par milliers pour disputer une épreuve discount. Les seconds adulent les premiers, qu’ils ont vus à la télé. Les premiers se nourrissent des seconds, qu’ils voient comme des proies faciles.

Au fond, le poker n’est qu’un banal système pyramidal. Une poignée d’élus est installée au sommet, collectant les profits venus de la base. Ce week-end, un flot d’argent facile sera déversé dans l’Amazon Room. Les donkeys sont arrivés les poches pleines. La plupart repartiront avec quelques souvenirs, et des rêves déçus. Les requins, eux, se frotteront les mains en comptant leur tas de billets verts.

Des donkeys par centaines…

… et une poignée de high-rollers

Dans la série « Ils sont arrivés à Vegas »

Quelques heures à peine après l’atterrissage de leur avion, Eric Koskas et Arnaud Mattern étaient déjà en train de taper la balle avec Yuestud et Nicolas Levi sur un court de tennis à l’ouest du Strip. Menée 5 à 0 après trente minutes de jeu, la paire Yuestud/FrenchKiss a réussi l’impossible en battant finalement la paire Moumouth/Croc 7 à 5.

On retrouvera les deux compères au départ de l’épreuve à 1,000 dollars ce week-end.

Haute tension

Après l’élimination de Phil Galfond par Ted Forrest, le superviseur en chef a lancé le main par main. Avec 70,000 dollars de différence entre la 28e et la 27e place, la bulle du tournoi anniversaire high-roller fut l’une des plus tendues de l’histoire du poker moderne. Autour des quatre dernières tables, que des visages tendus. Peu de conversations, juste le bruit des jetons mélangés d’une main avec nervosité. Seuls les plus gros tapis pouvaient se permettre d’afficher un air nonchalant.

Le spectacle valait le coup d’oeil. J’ai pu voir quelques coups magnifiques. Des mains interminables où chaque joueur prenait le temps maximum pour réfléchir. Pas question de commettre une erreur à ce prix là. Tel David « the Dragon » Pham, attendant huit minutes montre en main avant de passer top-paire, top-kicker sur la rivière avec As-Roi contre Justin Bonomo, qui l’avait mis à tapis. « Show the bluff », gémit le Dragon. Bonomo n’a même pas eu un regard pour son adversaire, jetant ses cartes vers le croupier avant de commencer à empiler les jetons.

A la table d’à côté, le champion du monde 2004 avait remplacé le champion du monde 2003 au poste de chip-leader. Mais ce n’est pas de gaieté de coeur que Chris Moneymaker a passé le témoin à son collègue et ami Greg Raymer, dégringolant de manière spectaculaire après la pause-dîner. Raymer a manœuvré son gros tapis de fort belle manière à la bulle. Agression poussée à fond. Comme au bon vieux temps.

Les short-stacks désespéraient. Les yeux fermés, Neil Channing se concentrait sur le massage qu’une jolie brunette lui administrait, tentant de penser à des choses positives. Andrew Robl parcourait la salle avec anxiété, vérifiant les hauteurs des tapis de ses adversaires. Zen comme à son habitude, Andy Black faisait les cent pas en attendant que le superviseur lance la main suivante. Vanessa Rousso, seule présence féminine dans ce monde de brutes, semblait parfaitement dans son élément.

Finalement, la bulle a éclaté tandis que j’étais occupé à discuter boutique avec les collègues. En entendant les applaudissements, j’ai accouru vers les tables. L’un des seuls joueurs que je ne connaissais pas parmi les 28 derniers s’est levé, a pris ses affaires et est parti. Neil Chris, qu’il s’appelait, éliminé par Alec Torelli. Puis, le superviseurs ont décidé de terminer le niveau, et durant les quelques minutes qui ont suivi, on a perdu quatre joueurs de plus, dont Vanessa Rousso.

La deuxième journée du plus gros tournoi de No-Limit des WSOP est terminée. Avec 23 joueurs, la table finale semble toute proche, et pourtant encore très loin. Il va falloir mener une bataille titanesque à chacun des joueurs pour pouvoir espérer s’y glisser. Les plus faibles seront croqués sans pitié.

Qui peut encore prétendre à la table finale ? Quelques noms : Lex « RaSZi » Veldhuis, Brian Townsend, Isaac Haxton, Neil Channing, Ted Forrest Andy Black, Greg Raymer, Andrew Robl, Daniel Ansky, David Chiu, et Alec Torelli.

Attention ! Il n’y aura pas de place pour tout le monde ! Mais l’on peut prédire sans trop de risque de se tromper que la table finale qui se formera samedi soir sera l’une des plus relevées de l’histoire récente des WSOP.

Greg Raymer, comme en 2004 – il était temps qu’il revienne au sommet, le bougre

JC Tran a subi l’élimination après la bulle

Day 4, demandez le programme

Midi : No Limit Hold’em 1,000$ (Day 1A)
Radical changement de focale avec la venue du week-end : on passe d’un tournoi à 40,000 dollars et 200 joueurs pros à un tournoi à 1,000 dollars et 6,000 joueurs inconnus, complet avec deux journées de départ. Tout simplement le plus gros tournoi jamais organisé en dehors du Main Event, et le premier d’une longue série de « donkaments ». J’utiliserai ce terme chaque fois que sera organisé un gigantesque tournoi à petit buy-in, structure rapide et joueurs faibles. Plusieurs français et joueurs du Team Winamax sont au départ, mais autant vous le dire tout de suite : je ne compte pas m’intéresser à ce tournoi avant que le field ne soit divisé par quatre ou cinq. Je veux dire, pendant les dix premières heures, il ne se passera rien d’autre que des éliminations. Les vraies histoires viendront plus tard.

14 heures : Special 40th annual No-Limit Hold’em 40,000$ (Day 3)
L’objectif de la journée sera de passer de 23 à 9 joueurs. Cela ne devrait pas être trop long, mais on ne sait jamais. Toujours est-il que la bataille sera rude, et les affrontements de qualité.

14 heures : Omaha Hi-Low 1,500$ (Day 2)
Je n’ai porté qu’une attention très superficielle à ce tournoi vendredi On est passé de 918 à 210 joueurs en l’espace de dix heures. Aujourd’hui, l’objectif sera là aussi d’atteindre une table finale. Comme disait ma grand-mère, « on est pas rendus. » On fera le point sur les français avant le départ des hostilités.

Bonne journée à tous, et merci de nous suivre si nombreux !

(Note : midi à Las Vegas = 21 heures en France)