Team Winamax, puissance 2
Quatre joueurs du Team Winamax étaient au départ du Day 2 de l’épreuve 36, un classique tournoi de No-Limit Hold’em au prix d’entrée de 2,000 dollars. Au terme de cette seconde journée qui les as tous vus atteindre les places payées, seuls deux membres de l’équipe ont survécu.
50% de survivants, c’est bien entendu un succès, si l’on considère qu’il étaient 213 au total au départ de la journée, et plus de 1,600 la veille. Il ne reste maintenant que deux tables. Un long chemin a été parcouru tout au long de ces deux jours : nos pros ont joué un total de vingt heures de poker.
Et ce n’est pas fini. Samedi, Almira Skripchenko et Anthony Roux prendront le départ des demi-finales dans l’Amazon Room. Ils seront accompagnés de quinze joueurs venus d’horizons d’hiver, aucun d’entre n’étant particulièrement connu. Ils sont tous assurés de remporter au moins 21,000 dollars, mais leurs yeux seront bien sur braqués sur le premier prix, d’une valeur de plus d’un demi-million de dollars. Pour cela, il faudra d’abord atteindre la table finale : seulement neuf places seront disponibles.
Il y a 24 heures, au terme du Day 1, Johny estimait que les chances théoriques d’avoir un joueur du Team Winamax en table finale étaient de 33%. Sa prédiction pourrait bien se révéler correcte… Peut-être même qu’il sera en dessous de la réalité, avec deux joueurs en finale, qui sait ?
En attendant, écoutons un peu nos deux héros, dans un court entretien réalisé quelques minutes après la conclusion provisoire de la partie :
Vous n’êtes plus que deux survivants… J’aurais quand même bien aimé vous voir tous les quatre.
Almira : oui… Moi aussi. Malheureusement Manub a raté son « gamble » du tournoi !
Manub : Je jouais pour gagner le bracelet !
Almira : Sinon, c’était une journée longue et difficile… Je suis épuisée ! Mon estomac va mieux, mais je tiens à peine debout. J’ai joué un gros coup contre Tallix avec une paire d’As.
J’ai déjà raconté le coup en détail, donc vous pouvez vous contenter de me dire ce que vous en avez pensé tous les deux.
Tallix : Elle a très bien joué. J’avais Roi-Dame. Quand Almira je paie au bouton, mon plan est d’abandonner sur plein de flops [Almira rigole], mais manque de bol, je floppe la Dame avec deux petites cartes. Là, je me dis qu’Almira pense que c’est le genre de board où je vais tout le temps faire un continuation-bet. Donc, je mise. Quand elle paie, je me dis qu’elle a paire, sans trop savoir laquelle, n’importe. [Tout le monde rigole] Du coup, je me dis qu’elle ne laissera pas de carte gratuite à la turn, et qu’elle misera forcément si je checke, pour ne pas me laisser six « outs » si je n’ai pas trouvé de paire. Je paie sa mise.
Almira : Dès le début du coup, j’ai essayé de planifier la façon optimale de prendre le plus d’argent possible.
Tu t’es pas mal débrouillée !
Almira : A la rivière, il n’y avait plus d’argent à prendre, avec la couleur qui rentre, le huit qui double…
Tallix : Au turn, je paie parce que je pense que ma top-paire est la meilleure la plupart du temps. Tu aurais misé le turn pour protéger avec une paire de Dix ?
Almira : Non, je ne crois pas. Je checke derrière.
Tallix : Alors j’ai pris une mauvaise décision en payant !
Almira : Je pensais que tu avais déjà la Dame au moins, ayant relancé UTG.
Tallix : Le pot le plus important de la journée, je l’ai perdu… Je slowplaye une paire de Rois préflop, et floppe la main max : K-x-x avec deux coeurs, j’ai le Roi de coeur. On checke tous. Turn : un coeur. Je me sens très très bien. Je mise, c’est payé une fois. Rivière : un quatrième coeur. J’ai la deuxième main max. Je mise en me disant que mon adversaire peut encore payer cagoulé avec un coeur. Il me relance, je passe. Il m’a dit qu’il avait A-T de coeur. Il m’a dit que si la rivière doublait, il n’aurait jamais lâché !
Almira : Moi aussi, j’ai perdu la main la plus importante. Celle où je bluffe mon tirage manqué sur la rivière…
Ton adversaire avait au moins un full, de toute façon. C’est peut-être mieux que tu n’aies pas touché la quinte ou la couleur !
Almira : Oui… Dans l’ensemble, ça été une journée orientée préflop, avec beaucoup de 3-bet. D’ailleurs, un coup qui a fait marrer toute la table. C’était au moment où j’avais 550,000 de tapis. Un joueur short-stack avec 150,000 relance à 18,000 UTG aux blindes 3,000/6,000. Un autre short-stack paie. A mon tour, j’envoie tapis avec une paire de Dix en main. Le premier passe, et l’autre commence à réfléchir assez longtemps. Et là, je sais pas ce qui s’est passé, j’ai fait un grand sourire et lui ai dit spontanément : « En fait, c’est toi que je ciblais ! ». Le mec a perdu tous ses moyens, et a jeté aussitôt ses cartes ! Tout le monde a rigolé. Un suédois m’a dit qu’il n’avait jamais rien entendu d’aussi drôle à la table.
Tallix : Un autre a dit « Comment tu peux dire ça à quelqu’un ! L’assassin silencieux ! »
Almira : Le premier joueur a passé As-Dame. J’essayais un peu de manipuler l’autre pour qu’il me paie « light »…
Bon, je vais vous laisser, tout le monde est très fatigué. On se retrouve demain à 13 heures (22 heures en France) pour, espérons-le, vous voir atteindre la table finale !