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WSOP 2009 - Jour 15

Reportage de Benjo sur le 15ème jour des World Series of Poker 2009

Day 15, demandez le programme

Midi : Event #22 – No-Limit Hold’em Shootout 1,500$ (Day 1)
Tallix, Cuts, CrocMonsieur, Arnaud, Manub, Johny, Davidi… Les joueurs du Team Winamax ont répondu présent en masse pour une de mes épreuves préférées des World Series of Poker. Inspiré directement par la popularité des tournois SNG online, le tournoi de Shootout est apparu aux championnats du monde en 2007.

Le principe est simple : limitée à 1,000 joueurs maximum, l’épreuve consiste en 100 tournois à une table se déroulant séparément. Petit à petit, le nombre de joueurs autour de la table diminue, comme dans un SNG, et il ne peut avoir qu’un seul vainqueur. Au bout d’un laps de temps variable, 100 vainqueurs de ces 100 tournois sont désignés : ils sont tous déjà payés, et avancent au second tour joué le lendemain, un second tour qui se composera donc de 10 tournois à une table. Les dix vainqueurs reviendront le sur-lendemain pour la finale.

J’aime le format Shootout car il permet d’assister à des dizaines de mini tournois, avec chacun leur ambiance particulière. Pour les joueurs, c’est intéressant car cela leur permet de voir défiler toutes les périodes d’un tournoi en un laps de temps très court : full ring d’abord, puis short-handed, puis 3-handed, puis enfin heads-up. De plus, c’est le tournoi des WSOP où il est le plus « facile » d’être payé : il suffit de battre neuf adversaires et remporter sa première table pour être assuré de remporter un petit quelque chose.

Aujourd’hui, seul le premier tour sera joué : le Day 1 de cette épreuve n’excédera donc pas quatre ou cinq heures.

14h : Event #19 – No-Limit Hold’em Six-Handed 2,500$ (Finale)
Brock Parker en route pour le doublé ? « t soprano », déjà vainqueur de l’épreuve de Short-Handed jouée en Limit, essaiera aujourd’hui de décrocher un second bracelet en une semaine, toujours en Short-Handed, mais en No-Limit cette fois. Parker démarre le dernier jour avec le second tapis, derrière l’excellent Joseph Serock.

14h : Event #20 – Pot-Limit Hold’em 1,500$ (Day 2)
Aux portes de l’argent aujourd’hui nous sommes… Payés seront 61 joueurs, restants ils sont 63. Joueurs connus peu nombreux ils sont. Hmm, pas sur qu’utiliser la langue de Yoda soit une bonne idée.

14h : Event #21 – H.O.R.S.E 3,000$ (Day 2)
Comme on le pressentait hier, les français n’ont guère brillé dans cette épreuve, et alors que la partie reprend avec 197 joueurs (sur 452 au départ hier), on ne compte plus que Fabrice Soulier (26,200) et Gabriel Nassif (12,400, short) comme survivants tricolores.

17h ; Event #23 – World Championship Deuce to Seven No-Limit 10,000$ (Day 1)
Historiquement, cette épreuve était réservée aux riches gamblers, avec son buy-in de 5,000$ et ses recaves illimitées pendant deux heures. Pas sur, cependant, que le passage au format freezeout encourage une participation plus élevée que les années précédentes : 10,000 dollars, cela reste une somme pour une variante de spécialistes.

Le Team Winamax à l’assaut de l’Event #22

L’épreuve de Shootout s’étale sur toute l’Amazon Room et un petit morceau de la Brazilia Room. Je me suis d’abord interessé à la première salle. Après une heure de jeu, la plupart des tables n’avaient perdu qu’un ou deux joueurs, certaines étant encore complètes. J’ai tout de même pu voir certaines tables plus rapides que d’autres, comme celle de Maia Antonius (la femme de Patrik), où il ne reste déjà plus que six joueurs (sur dix au départ). Les premiers gagnants devraient être connus au bout de trois ou quatre heures de partie, tandis que certains devront jouer jusqu’en début de soirée.

Cette épreuve est, comme toutes les autres aux WSOP, éliminatoire, et l’on a déjà perdu Cuts, Johny et Nicolas Levi durant les deux premières heures de jeu.

Sur un board [6s][2s][Qc], Johny paie une mise de 500. Le turn est un [4d]. « Combien il reste ? », demande t-on à Johny. La réponse est environ 2,500. Son adversaire fait tapis, et Johny n’est pas encore prêt à engager son tournoi : il jette ses cartes.

EDIT 13h45 : C’est fini pour Guillaume, qui envoie le tapis sur le flop [Qd][8c][3d] avec une paire d’As en main. Il est payé par un tirage couleur [Kd][Td] complété sur la rivière.

David relance en milieu de parole. Il est payé par le bouton et la petite blinde. Le flop est [Kc][Ts][6c]. David mise 575, et est payé par le bouton seulement. Turn [4d]. Davidi mise 1,250, et son adversaire réfléchit une minute entière avant de passer. Un peu plus tard, je demande à Davidi s’il avait une belle main. « Non », chuchote t-il. « As-Dame. »

Manuel Bevand est assis en table 1, et a augmenté son tapis de 50% après 90 minutes de jeu. Je n’ai reconnu personne à sa table.

Patrick Bueno est assis à table en compagnie de la ravissante Evelyn Ng. Le français à participé à l’épreuve de HORSE hier, mais sans succès. Le tournoi d’aujourd’hui est le tout premier que Patrick dispute en No-Limit Hold’em.

La finale du jour

Quelle brutalité ! Il n’aura fallu que deux petites heures de jeu pour passer de 11 joueurs à 6 finalistes dans l’épreuve de Short-Handed à 2,500 dollars. Joe Serock (à ne surtout pas confrondre avec Joe Sebok, le beau-fils de Barry Greenstein) et Brock Parker continuent de mener la danse. Le premier possède presque la moitié des jetons en circulation sur la table, et largement plus de deux fois le tapis du second.

La finale débutera dans soixante minutes, c’est la seule au programme aujourd’hui.

Le casting (chip-counts aimablement fournis par www.worldseriesofpoker.com)

Joe Serock 3,396 millions.
Brock Parker 1,477 m.
Alex Wilson 1,305 m.
Jesse Rios 1,095 m.
Russell Crane 472,000
Clayton Newman 266,000

Blindes : 10,000/20,000, ante 3,000. A l’exception de Newman et Crane, chacun des joueurs possède un tapis d’au moins cinquante blindes, garantissant une finale intéressante techniquement.

Controverse

Plusieurs tables ont déjà trouvé un vainqueur en seulement trois heures de jeu, alors qu’autour d’autres tables, on peut encore voir sept ou huit joueurs assis. Mike Sexton est en tête à tête contre le fondateur de Card Player Barry Schulman. Les deux vieux briscards ont tenté de se mettre d’accord sur un deal, mais sans succès il me semble.

Je retrouve dans la Brasilia Room le reste des français. Tallix et Jacques Zaicik ont des petits tapis après trois heures de jeu, et sont rapidement forcés de quitter les lieux. « Dommage, j’ai joué serré, et je me fais sortir après mon premier move », a regretté Tallix.

Les deux français qui restent possèdent assez de jetons pour envisager la victoire. Celle-ci reste cependant loin d’être acquise pour Arnaud Mattern, qui, après un départ canon l’ayant fait passer de 4,500 à 19,000, a perdu plusieurs coups d’importance durant l’heure qui vient de s’écouler.

J’ai notamment vu Arnaud bluffer sur la rivière avec [Qh][Tc]. Le tableau était [6c][9d][2d][Jd][3c], et son adversaire a fait un bon call, risquant l’ensemble de ses jetons avec [Ah][9h].

Ou encore cette main ou Arnaud relance préflop, paie une sur-relance de la petite blinde, puis mise flop et turn sur [As][Jh][7d][8h]. Le joueur du Team Winamax est malheureusement obligé de passer sur la rivière [Kd] après que son adversaire ait envoyé le tapis pour 4,000.

Il reste cinq joueurs à la table d’Arnaud, qui est retombé à un peu moins de 8,000.

Le français le mieux placé pour passer le premier tour est Antoine Amourette. Celui qu’on connait mieux sous le pseudonyme de « Solody » dispute son premier tournoi de l’été, ayant tout juste débarqué à Vegas. Ils ne sont plus que trois autour de la table, et Antoine possède le plus gros tapis. Ensemble, on a regardé se dérouler un incident assez rarissimme.

Je vais essayer de vous le raconter du mieux possible. Voici le coup :

Antoine passe au bouton. De petite blinde, l’excellent joueur anglais Karl Marenholz complète pour 200 au total. La grosse blinde annonce « all-in » pour 5,000 environ – un move que le joueur pratiquait régulièrement d’après Antoine. Karl dit aussitôt « call » et retourne [As][3c].

Et c’est là que tout part de travers :

Ni le croupier, ni la grosse blinde n’ont entendu Karl dire « call » - Antoine m’assurera avoir lui-même très bien entendu le mot « call », et j’ajouterais que le geste de retourner ses cartes est tout de même assez explicite.

Le croupier continue néanmoins d’agir comme si le coup était terminé, et reprend les cartes de la grosse blinde !

Le scandale éclate, bien entendu, il va durer plusieurs minutes. D’abord avec le croupier seul, qui ne comprend rien à ce qu’il se passe, et appelle vite un superviseur. Les deux joueurs et le croupier « refont » le match pour le superviseur, qui est bien embêté.

Arrêtons-nous un instant. Que dit la règle ? C’est simple : un joueur à tapis qui jette ses cartes avant le showdown a perdu le coup quoi qu’il arrive. La grosse blinde doit donc être éliminée sur ce coup. Le superviseur est conscient de cela, mais la situation n’est pas assez claire pour prendre une décision aussi sévère.

Karl Marenholz plaide sa cause et reconstitue la scène

On appelle un superviseur avec plus de galon, et l’histoire est expliquée à nouveau. Conscient qu’il risque gros et qu’il n’est pas à son avantage, le joueur de grosse blinde ne dit absolument rien. Karl continue de défendre son cas, demandant que l’on réévalue la situation avec les images des caméras de surveillance.

Le superviseur ne veut pas aller jusque là, et appelle une décision douce envers la grosse blinde, qui est autorisée à conserver son tapis, moins le montant du BB (200).

C’est un peu comme ramasser une carte de sortie de prison au Monopoly.

Antoine aurait bien aimé que la règle soit appliquée à la lettre : il se serait immédiatement retrouvé en tête à tête avec le plus gros tapis. Au lieu de ça, la partie continue à trois, et le joueur sauvé des eaux continue la partie en freeroll. Après cet incident, Antoine a d’ailleurs perdu tous les coups qu’il a joués, faisant doubler le miraculé avec 66 contre KJ (qui trouve une quinte dès le turn)

Tallix = OUT

Jacques Zaicik = idem

Rayan Nathan est l’un de mes meilleurs amis dans le poker. L’australien est enfin arrivé à Vegas et dispute aujourd’hui son premier tournoi. Il reste encore six joueurs à sa table, dont l’anglais Joe Beevers.

Une entrée remarquée
Plus fort que Phil Hellmuth : Gus Hansen arrive aux WSOP avec deux semaines de retard

Au fond de la Brazilia Room a commencé l’épreuve de Deuce to Seven No-Limit à 10,000 dollars. Comme tous les tournois chers de variantes spécialisées, il s’agit d’une affaire familiale, avec plus ou moins les mêmes soixante types qui ont déjà participé ce mois-ci aux épreuves de Stud, Omaha High-Low et Hold’em au même buy-in. Scotty N’Guyen, Huck Seed, Sam Grizzle, Tom Schneider, Mike Matusow, Vanessa Rousso, Jeff Lisandro, les deux Dario italiens (Alioto et Minieri), Erik Lindgren, Johnny Chan, Greg Raymer…

Pour l’instant, on a pas encore dépassé la participation observée en 2008 (85 joueurs), mais les retardataires arrivent petit à petit : Carlos Mortensen, Layne Flack. Vetu d’un combo polo/short cargo/chaussures de sport, David Benyamine fait irruption dans la salle et rejoint son siège en courant : il a l’air de sortir tout juste de la douche. Sans doute a t-il passé la journée sur un des nombreux terrains de golf de Vegas. C’est son nouveau hobby, et il paraît que David est rapidement devenu un compétiteur hors-pair. Ce qui n’est pas une surprise, tant le français est capable d’exceller à n’importe quoi dès qu’il s’y met sérieusement (billard, tennis, piano, cash-games, tournois…)

Une arrivée remarquable et remarquée se produit quelques minutes plus tard : Gus Hansen en personne. C’est la première fois que le danois est aperçu au Rio, deux semaines après le début des World Series. Il parcourt les allées avec un sourire satisfait, tandis que les voix s’élèvent autour de lui : « Ah, enfin, c’est pas trop tôt ! »

Gus rigole : « Je sais pas si j’ai envie de jouer contre un tel casting de professionnels. Je suis juste venu dire bonjour à ces dames. » Et il joint le geste à la parole en claquant un bisou sur la joue de Vanessa Rousso.

Gus remarque David, et vient à sa rencontre. « Alors, c’était bien Roland Garros ? », demande le français. Le French Open étant, on le sait, la raison pour laquelle Gus n’arrive à Vegas que cette semaine.

« Oh, pas trop mal. Les tickets étaient un peu chers, mais ça valait le coup. Par contre, j’avais parié assez cher sur Nadal… », dit-il nonchalamment en se grattant la tête.

« - Tu avais parié en début de tournoi ? »
« - Ouais, quand j’estimais qu’il avait 95% de chances de gagner. Et au final, il perd un match où je lui donnais cinquante contre un. » [note : d’après nos sources, Gus aurait parié 900,000 dollars]

David veut en savoir plus sur la performance de Nadal, et une discussion s’en suit. Jeff Lisandro, assis à côté de David, s’immisce dans la conversation. L’australien est un grand parieur devant l’éternel.

Comme si de rien n’était, Gus se met à l’aise en prenant place au siège 7 laissé libre (les tournois de 2-7 se jouent en six-handed) La conversation continue à bâtons rompus (« Nadal servait comme un pied »), Benyamine n’y prêtant qu’une attention mesurée, jouant très loose et s’impliquant dans beaucoup de coups.

Un superviseur essaie d’intervenir, lançant un timide « Gus, tu va jouer ou pas ? », mais le danois n’écoute même pas. Le superviseur s’éloigne, un peu humilié. Ce type là manque clairement d’autorité.

Bruno Fitoussi est le second français du jour – pas une surprise : on l’a vu au départ de toutes les épreuves chères des WSOP jusqu’à présent.

Chaque joueur démarre avec un tapis de 10,000, plus deux jetons rouges qui peuvent être échangés à tout moment contre deux stacks tout neufs du même montant. La plupart des joueurs ont préféré garder ces possibilités de recaves, histoire de gambler un peu sur les premiers coups. J’ai vu Fitoussi prendre sa première cave à John Monette, runner-up de la précédente épreuve de 2-7 organisée la semaine dernière.

Succès et défaites
De bonnes et de mauvaises nouvelles dans le shootout

La plupart des cent mini-tournois constituant le premier tour de l’épreuve de Shootout à 1,500 dollars sont désormais terminés – et ceux qui ne le sont pas sont en passe de l’être d’ici peu de temps.

Arnaud Mattern a du s’incliner en quatrième place, tandis qu’Antoine Amourette a remporté son match contre Karl Marenholz. Au final, la décision controversée des superviseurs durant le coup raconté précédemment n’aura eu que peu d’incidence : Karl a éliminé pour de bon son adversaire miraculé, et a ensuite attaqué le tête à tête final avec 37,000 de tapis contre 8,000 chez Antoine. Ce dernier a lentement remonté la pente, reprenant l’avantage pour finalement conclure l’affaire avec AJ contre A4 à tapis avant le flop. Antoine est à ma connaissance le premier français qualifié au second tour : il rentre au passage dans les places payées. « C’est mon premier cash en trois visites aux WSOP », a t-il remarqué. On le retrouvera demain pour le second tour, tout comme les 99 autre vainqueurs du Day 1.

La tragédie de la journée concerne Davidi Kitai, qui termine en seconde place, communément appelée « la place du con », car elle ne rapporte strictement rien malgré le long effort accompli. Et il faut voir comment Davidi a perdu.

Au retour de la seconde pause de la journée (qui intervient après quatre heures de jeu), Davidi a rapidement trouvé une paire de Rois pour doubler contre une paire de Neuf. Un coup qui le fait passer chip-leader avec 28,000 et quatre joueurs restants.

Puis, le joueur du Team Winamax trouve une paire de Dames, et se retrouve engagé contre le deuxième tapis de la table, qui possède KT. Le tableau, dans l’ordre : J-2-4-Q-9. Quinte runner-runner.

Ce coup aurait pu faire passer Davidi à 40,000, laissant ses deux derniers adversaires se partager les 5,000 restants. Bref, une victoire quasi assurée. Mais non. Davidi doit repartir au charbon. Il se retrouve en tête à tête après que le même joueur ait éliminé les deux autres.

Davidi double avec AK contre A4, et revient à égalité. C’est à ce moment que survient le coup fatal, éloignez les enfants du poste :

Davidi relance avec [5s][5c]. Son adversaire sur-relance : Davidi paie.

Flop [2d][4h][5c]. Check/check.

Turn [9c]. L’adversaire mise. Davidi relance. « All-in ! » en face, Davidi paie, bien sur, et se voit déjà avancer au second tour en voyant la poubelle adversaire : [Kh][3h], pour un bête tirage de quinte avec une seule carte à venir.

Le croupier retourne la rivière : un [6d]. C’est fini. Brutal coup de poing dans l’estomac pour Davidi. « J’ai une boule dans la gorge », commentera t-il à chaud, quelques minutes après cette cruelle défaite.

*** PAUSE-DÎNER ***

Un barbecue m’attend chez un collègue… A plus tard !

Un mercredi soir comme les autres

Avec l’extinction rapide de l’épreuve de Shootout – comme prévu, on tenait les cent qualifiés avant 21 heures – l’Amazon Room est désormais des plus calmes. Au fond de la zone Orange se tiennent les demi-finales de l’épreuve de Pot-Limit Hold’em à 1,500 dollars – Erik Seidel est encore en course, avec pas mal de jetons. Je ne sais pas si le runner-up du Main Event 1998 est superstitieux, mais toujours est-il qu’il a remporté un bracelet chaque année impaire depuis 2001.

Sur le podium ESPN, tête à tête tendu entre Joe Serock et Brock Parker. C’est le grand soir pour Serock, une tête encore relativement discrète sur le circuit, qui réalise quoi qu’il arrive la meilleure performance en tournoi de sa carrière. Serock avait commencé le match avec l’avantage, mais Brock Parker est bien décidé à décrocher son deuxième bracelet en or en une semaine, et a lentement rattrappé l’écart pour se placer bien en tête. Deux bracelets en une seule édition des WSOP, c’est un exploit qui ne se produit que rarement. En 2008, John Phan y était parvenu. Tom Schneider l’année précédente, Bill Chen avant lui.

A part ces deux épreuves, seul le ron-ron habituel des cash-games amène un peu de vie dans la salle principale des WSOP.

Pour trouver de l’agitation ce soir, il faut aller du côté d’une des deux salles annexes : la Brazilia Room.

A l’intérieur, cela bouillonne de partout. Le HORSE à 3,000 dollars vit ses derniers instants avant la bulle. Les deux derniers français sont assis à la même table. Fabrice Soulier est dans la moyenne. « C’est d’une violence ! », dit-il. « Les coups sont très chers : quand on fait face à un bet, on ressent la même tension qu’en No-Limit. » Face à lui, Gabriel Nassif souffre avec un petit tapis. « J’ai fait le yo-yo. Je pense avoir bien joué… Je n’ai été à tapis qu’une seule fois. » Le parisien fait partie du clan des joueurs de Magic ayant basculé – complètement ou non – dans le poker : Justin Bonomo, David Williams, Noah Boeken… Ce soir, l’un des leurs est sur le podium ESPN (Brock Parker) et Gabriel profite des pauses pour aller prendre des nouvelles de celui-ci.

Plein de têtes connues encore en course dans le HORSE : Gavin Smith, Markus Golser, Michael Binger, Barry Greenstein… Je traverse la salle pour rejoindre l’épreuve de 2-7, et retrouve le même Barry Greenstein assis à la table. Aurais-je la berlue ? Non, Barry multitable. Même topo pour Binger. Les joueurs s’apprêtent à partir manger, et en quatre heures de jeu, pas grand chose n’a bougé. Seulement trois des 96 participants ont sauté. Je repère plein de joueurs inscrits à la dernière minute, comme Anna Wroblewski, Patrick Bueno ou Gus Hansen, qui a fini par se laisser convaincre. Benyamine et Fitoussi possèdent un tapis inchangé.

L’ambiance est aussi au rendez-vous de ce côté-ci de la salle. Phil Ivey lance nonchalamment des paris à six chiffres avec John Henningham, assis à la table côté. Mike Matusow est lancé dans une joute verbale avec Sam Grizzle, l’un des seuls joueurs du circuit capable de défier The Mouth sur le plan du débit vocal.

Un bon quart de la salle est réservé aux Sit-N-Go et satellites. C’est là que l’on peut jouer les tournois les moins chers des WSOP. Des parties à 100, 200, 500 dollars qui permettent à ceux dont la bankroll est un peu trop légère de se qualifier pour les vrais épreuves.

Soudain, un conflit éclate entre deux anonymes. A sens unique, en fait. L’un d’entre eux secoue la tête en demandant à l’autre ce qu’il à fait. Un superviseur s’interpose pour éviter une rixe. Les agents de sécurité arrivent rapidement, et le belligérant est escorté vers la sortie.

Un mercredi soir ordinaire aux WSOP.

Day 16, demandez le programme

Brock Parker restera quoiqu’il arrive dans les livres d’histoire des WSOP 2009, en venant de remporter son second bracelet en quatre jours. Etonnament, « t soprano » a accompli cet exploit lors de deux épreuves de Hold’em Short-Handed à 2,500 dollars. L’une était jouée en Limit, l’autre en No-Limit. On pourrait comparer la performance à celle d’un athlète décrochant la médaille d’or au 100 mètres, puis le lendemain lors du 400 mètres.

Pendant ce temps, dans la Brazilia Room, Fabrice Soulier réalisait son quatrième « money finish » des WSOP dans l’épreuve de HORSE à 3,000 dollars. Il me semble qu’aucun joueur n’ait encore terminé cinq fois dans l’argent durant les deux premières semaines du fesival, ce qui fait de Fabsoul le leader des ITM jusqu’à présent.

Voici le programme de jeudi… Day 16 :

Midi : Event #24 – No-Limit Hold’em 1,500$ (Day 1)
Tiens, une boucherie, ça faisait longtemps. Pour ceux qui aiment l’odeur du sang, ce tournoi est pour vous : on retrouvera comme d’habitude entre 2,000 et 3,000 joueurs dans l’Amazon Room demain, et après dix heures de jeu, 90% d’entre eux auront sauté.

14h : Event #20 – Pot-Limit Hold’em 1,500$ (Finale)
Erik Seidel est en course pour un neuvième bracelet, se rapprochant dangereusement des recordmen que sont Doyle, Chan et Hellmuth. Et comme le remarquait le journaliste Michael Craig, Seidel a remporté un bracelet lors de chaque année impaire.

14h : Event #21 – HORSE 3,000$ (Finale)
A l’heure où j’écris ce paragraphe (0h31), la table finale est encore loin d’être prête. Marcel Luske, Ylon Schwartz et Steve Bilirakis figurent parmi les notables en course parmi les 34 joueurs restants.

14h : Event #22 – World Championship Deuce to Seven No-Limit 10,000$ (Day 2)

17h : Event #25 – Omaha/Stud High-Low 2,500$ (Day 1)
Les jeux de partage seront à l’honneur dans cette épreuve jouée entièrement en Limit. OK… Un tournoi où l’on partage le pot 90% du temps… Qui plus est joué en Limit. Il est clair que ce tournoi va durer trois semaines.