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WSOP 2009 - Jour 14

Day 14, demandez le programme

Me voici de retour dans l’Amazon Room après une journée de pause qui fut tout sauf inanimée aux WSOP, comme vous avez pu le constaster en lisant le reportage de Yuestud. Jeff Lisandro a remporté le second bracelet de sa carrière, le Ladies Event a vu se constituer sa table finale, et Michel Abécassis a subi une cruelle défaite après avoir mené une partie sans faille dans l’épreuve de Omaha High-Low à 10,000 dollars.

Cinq tournois sont au programme aujourd’hui, découvrez le programme :

Midi : Event #20 - Pot-Limit Hold’em 1,500$ (Day 1)
Seulement 583 joueurs après trente de minutes de jeu pour cette épreuve au prix d’entrée pourtant relativement modique. Les joueurs ressentiraient t-ils la fatigue, deux semaine après le départ des WSOP ? Parcours express pour Michel Leibgorin, à tapis avec 77 contre AQ sur le turn AA78. Rivière : 8 ! La plupart des joueurs du Team Winamax se reposent aujourd’hui, et je ne pense pas qu’aucun d’entre eux sont au départ.

14h : Event #17 – Ladies No-Limit Hold’em World Championship 1,000$ (Finale)
La table finale est prête ! Pas de joueuses célèbres autour de l’ultime table. En jeu : un br acelet, et 195,390 dollars. Le classement par ordre décroissant de neufs finalistes américaines :
Lori Bender 643,000
Lisa Hamilton 527,000
Angel Pedroza 522,000
Lisa Parsons 427,000
Mari Lou Morelli 320,000
Dawn Thomas 212,000
Kim Rios 197,000
Lisa Santy 196,000
Kimberly Cunningham 140,000

14h : Event #18 – World Championship Omaha High-Low 10,000$ (Finale)
Avec deux fois plus de jetons que son poursuivant le plus proche, John Monnette est l’énorme chip-leader alors que la partie reprend à 17 joueurs. On se souvient que le californien a terminé en seconde place derrière Phil Ivey lors du tournoi de Deuce to Seven. Monnette pourrait bien marquer des points cruciaux dans la course aux points pour le titre « Player of the Year », de même que Ville Wahlbeck, en position aujourd’hui pour disputer sa troisième finale des WSOP. Même topo pour Negreanu, qui possède par contre l’un des plus petits tapis. Les autres joueurs de renoms candidats à la table finale sont Ted Lawson, Toto Leonidas, Annie Duke, Daniel Alaei, Jacobo Fernandez, Alex Kravchenko et l’expert Scott Clements.

14h : Event #19 – No-Limit Hold’em Six-Handed 2,500$ (Day 2)
Ce ne sera pas une surprise : l’action fast et furious qui caractérise les tournois « six-max » a résulté en l’élimination de presque 90% du field. Davidi Kitai est le seul membre du Team Winamax à avoir survécu à la boucherie, mais avec un tout petit tapis de quinze blindes. Jacques Zaicik est le seul survivant français : il est à peine mieux loti avec un tapis de 31,600 – les blindes commenceront à 600/1,200. En deuxième place pointe l’excellent joueur allemand Nasr El Nasr, finaliste à l’EPT de Prague. L’argent est proche : 108 des 135 survivants seront payés.

17h : Event #19 – HORSE 3,000$ (Day 1)
On retrouvera notamment Fabrice Soulier au départ de la première épreuve chevaline des WSOP 2009.

Rencontre avec Nasr el Nasr

On vient de rentrer dans l’argent dans l’épreuve de Short-Handed à 2,500 dollars. Parmi les payés ne figure malheureusement pas Davidi Kitai, dont le short-stack n’aura pas tenu la distance – en grande partie à cause d’une vilaine confrontation préflop entre KK et AQ. Jacques Zaicik est le seul français à rentrer dans les points de ce tournoi, mais avec peu de jetons.

Parmi les payés dans cette épreuve : Tony Cousineau, Layne Flack, Terrence Chan, Johaness Strassman, Brock Parker, Daniel Zink, ou encore Howard Lederer.

Au poste de chip-leader : Nasr el Nasr. L’allemand nous avait positivement impressionnés lors de l’EPT de Prague, où il avait atteint la septième place. J’ai profité de la période du « main par main » pour poser quelques questions à Nasr… Entretien sur le vif :

Lors de ta table finale à Prague en décembre dernier, tu mentionnais être au milieu d’un tour du monde. Tu peux nous parler un peu des endroits que tu as visité depuis ?

J’ai parcouru l’Asie de fond en comble ! Tokyo, Shanghai… Dehli, aussi. L’Australie ensuite. Vraiment des endroits magiques. J’ai passé six mois sur la route, et puis je suis rentré à la maison.

C’est où, la maison, pour toi ?

Berlin… Bon, je n’habite pas vraiment là-bas, avec tout le temps que je passe à voyager, mais c’est là que j’ai grandi, et que se trouvent ma famille et mes amis.

De tous les endroits par où tu es passé, lequel est ton préféré ?

J’ai beaucoup aimé Koala-Lumpur. Mais vraiment, l’ensemble du voyage était incroyable.

Tu as trouvé le temps de jouer au poker pendant ton road-trip ?

Oui, je jouais régulièrement sur Internet à l’hôtel, et j’ai visité quelques casinos, dont le Crowne à Melbourne, pour l’Aussie Millions [où Nasr a atteint une finale lors d’un side-event, ND Benjo]. J’ai joué l’EPT de Dortmund en rentrant en Allemagne, où je suis rentré dans les places payées. J’ai aussi joué à San Remo et Monte Carlo. J’ai été très occupé !

Et te voilà à Vegas !

Oui, je vais rester jusqu’à la fin des Series. C’est la deuxième fois que j’y participe.

Là, tout de suite, tu t’apprêtes à rentrer dans les places payées du 2,500$ Short-Handed, avec un gros tapis. Comment ça se passe ?

J’ai démarré la journée avec le deuxième tapis. On va essayer d’aller le plus loin possible, et peut-être gagner !

Comment est ta table ?

Je suis beaucoup respecté, ce qui est très bien ! Ce sont des bons joueurs, mais jusqu’à présent ils n’ont pas fait de « moves » contre moi.

C’est plutôt toi qui fait des moves…

Je ne pense pas qu’ils ont remarqué… En tout cas je l’espère [rires] S’ils pensent que j’ai un bon jeu à chaque fois, c’est mieux !

OK, dernière question pour nos lecteurs français : il me semble que tu as déjà joué à Paris…

Oui, c’est en fait à l’Aviation Club de France que j’ai débuté le poker en live. J’y suis allé quelques fois et j’ai toujours passé un moment agréable. J’adore l’ACF !

Quels sont les joueurs français que tu apprécies ?

ElkY, bien sur… Et à Prague, je me souviens de deux très bons joueurs Winamax en demi-finales [Ludovic Lacay et Manuel Bevand, ND Benjo]. En général, quand je suis assis en face d’un joueur portant un écusson Winamax, je fais attention !

Merci Nasr, et bonne chance !

Emotion sur le podium

Belle cérémonie de remise des prix aujourd’hui…

Avec tout d’abord le couronnement de Jeff Lisandro, légendaire compétiteur en cash-games, qui, il y a encore trois ans, n’avait jamais remporté de bracelet WSOP. Le voilà qui en accroche aujourd’hui un second : tout comme en 2007, Jeffrey l’a remporté en Stud. Le résident italien (d’où il est originaire) aux multiples passeports à demandé à ce que soit joué l’hymne national de l’Australie (où il est né) Il faut aussi mentionner le fait que Lisandro est le sosie d’un célèbre personnage de fiction américain…

Tony Soprano

Et puis, le deuxième bracelet decerné aujourd’hui avait une importance toute particulière pour toute la communauté du poker : joueurs, médias et fans. Le vainqueur de l’épreuve de No-Limit à 5,000 dollars, un certain Brian Lemke, n’est autre que le cousin du regretté Justin Shronk, emporté par une maladie foudroyante en avril dernier, à 28 ans à peine.

Justin Shronk, pour ceux qui ne le connaissaient pas, étaient l’un des travailleurs les plus acharnés dans le petit monde des médias poker, ayant excercé ses talents de vidéaste pour CardPlayer et PokerNews, avant de rejoindre l’aventure PokerRoad montée par Joe Sebok, où Justin était chargé de produire l’émission de radio du site. Un type en or, respecté et aimé de tous, dont l’humour sarcastique détendait souvent l’atmosphère en salle de presse.

Brian a dédié sa victoire à son cousin disparu, pointant du doigt vers le ciel. « Justin a été présent auprès de moi durant toute la table finale », a commencé Brian, visiblement ému durant la cérémonie.

Justin Shronk (1981 - 2009)

Hand History
JC Tran à tapis contre Arnaud Mattern

Seul joueur du Team Winamax à avoir pris le départ de l’épreuve du jour (Pot-Limit Hold’em 1,500$), Arnaud vécu quatre heures plutôt chaotiques en ce début de Day 1, perdant d’abord la moitié de son tapis suite à trois coups malchanceux, puis doublant à deux reprises pour passer à 12,000 après un coup de pile ou face (AK contre QQ).

C’est à ce moment qu’intervient un coup intéressant contre le terrifiant JC Tran, sans doute l’un des meilleurs joueurs de No-Limit Hold’em du monde en tournoi. Récit.

« JC Tran relance au cut-off, comme il le faisait souvent – il a montré des mains genre [Qh][3h], donc pas toujours max. Je sur-relance à 1,200 avec [5d][4d]. C’est payé. »

Flop [Kc][8d][3h]. « Tran checke. Je ne veux pas me prendre de check-raise : j’ai manqué le flop mais je peux trouver plein de cartes sympa au turn : les carreaux, les 6, les 2 pour un tirage de quinte, sans compter une paire. En plus, en checkant, je représente des mains faites sympa, contre KQ, TT, JJ… »

Turn [Ts]

« Tran mise 1,200. Je ne peux pas bluffer tout de suite : relancer ne représenterait que peu de mains. En payant, j’annonce avoir K-x, TT, JJ, hauteur As, ou encore un bon 8, genre A8. »

Rivière [Jc]

« Tran checke. Je sais qu’il est faible. Je lui demande son tapis, soit 5,000. Je représente plein de bonnes mains avec lesquelles je vais value-bet ici : un brelan, deux paires, un bon Roi, les As… »

Tran engage néanmoins le reste de ses jetons avec… [Jh][9h], pour une paire trouvée sur la rivière. Un call des plus tendus : il ne battait que très peu de mains !

La cinquième heure du tournoi vient de commencer : il ne reste plus à Arnaud que 2,000 aux blindes 150/300. « Pour l’instant, je n’ai pas encore trouvé de spot pour faire tapis. » Cela devrait arriver très vite…

EDIT : je finis tout juste de taper ce post qu’Arnaud débarque sur le banc de presse. « J’ai shove A7, payé par JT. Et voilà. » Dammit, comme dirait Jack Bauer.

Tableau de bord
297 joueurs restants (sur 633 au départ)
Blindes : 150/300
Tapis moyen : 9,600

*** PAUSE-DÎNER ***

Je reviens un peu plus tard avec des infos croustillantes, notamment sur le Ladies Event qui vient de se terminer de fort belle manière…

Ladies Event : Lisa Hamilton remporte le titre
Une pro des cash-games remporte le premier tournoi auquel elle participait

Il n’aura fallu que trois heures de partie à peine pour que l’on tombe de neuf à deux joueuses lors de la finale du Ladies Event. Ambiance électrique sur podium ESPN secondaire. Le public est majoritairement féminin. D’un côté, les fans de Lori Bender, dont les cris perçant retentissaient à chaque fois que leur favorite remportait un pot – record absolu depuis le début des WSOP, questions décibels. De l’autre côté, les fans de Lisa Hamilton : une belle prochette de joueurs pros high-stakes. Arnaud Mattern, Eric Liu et ElkY. Ce dernier est ami de longue date de la joueuse professionnelle de 37 ans venue d’Hawai.

«Ouais, on se connaît depuis quatre ans, on a beaucoup joué en cash-game ensemble, au Bellagio et au Wynn en 10/20 et 25/50 No Limit. Une vraie pro, une bonne joueuse depuis des années qui joue depuis des années. C’est elle qui m’a emmené à Los Angeles pour la première fois, au Commerce Casino. Je me rappelle que lors de ma première nuit là-bas, j’ai gagné 50,000 dollars, j’étais content d’avoir fait le voyage ! »

Le plus beau ? Lisa ne dispute jamais de tournois, qu’elle trouve ennuyeux. Pour preuve, pas de trace d’une page à son nom sur la base de données de la Hendon Mob. « Oui, c’est moi qui l’ai convaincue de s’inscrire. Ma petite amie Cathie était au départ, et j’ai dit à Lisa de venir, pour lui tenir compagnie pendant le dinner-break. Elle m’a dit « nan, j’ai pas envie de venir, ça va être plein de fishs, je vais être saoulée. » J’ai du insister, et la voilà en tête à tête avec 80% des jetons ! »

Eric Liu intervient : « C’est dingue, elle ne fait que râler depuis trois jours, elle préférerait être en train de jouer en cash-game ! »

Très vite, Lisa achève Lori grâce à son jeu agressif, et l’on tient une gagnante pour ce qui fut la finale la plus rapide du festival jusqu’à présent. Après Svetlana Gromenkova, c’est encore une joueuse pro qui s’empare du titre reservé aux femmes. Lisa remporte le bracelet, et la somme de 195,390 dollars.

L’Amazon Room à 22 heures 30
Soirée calme au Rio

En marge de la table finale du High-Low à 10,000 dollars sur le podium ESPN (trois joueurs restants – dont Scott Clements et Daniel Alaei - après l’élimination de Daniel Negreanu, décidément sensationnel en ce début de WSOP) se déroulent au fond de la salle deux épreuves.

D’abord le Day 1 du Pot-Limit Hold’em à 1,500$, où, après huit heures de jeu, on ne compte plus que 100 joueurs sur les 633 qui étaient au départ. Tournoi un peu tristounet où je n’ai pas reconnu grand monde. Aucun français, et peu de pros connus. Dans la catégorie vétérans, j’ai croisé Mixe Sexton -bien stacké), Kathy Liebert, et John Duthie, Mark Seif et Erik Seidel. A une même table se trouvent Kevin « belowabove » Saul (photo), Joe Sebok et Roland de Wolfe. Saul vient de doubler son petit tapis avec un paire d’As.

Tableau de bord
100 joueurs restants (sur 633 au départ)
Blindes : 400/800
Tapis moyen : 29,000

A côté, l’épreuve de Short-Handed à 2,500 dollars est beaucoup plus avancée. Il ne reste plus que quatre tables, et un certain Brock Parker figure parmi les chip-leaders, deux jours après sa victoire dans l’épreuve de Limit (short-handed aussi) . Il est soutenu sur le rail par tous ses potes de la communauté Magic : Justin Bonomo, José Barbero, Gabriel Nassif et quelques autres. Gabriel et Justin s’en vont ensuite rejoindre la Brazilia Room : leur épreuve de HORSE à 3,000 dollars va reprendre.

Brock Parker

Parmi les joueurs en course pour atteindre la table finale, on compte Daniel Zink, Men the Master, ou encore Erik Lindgren.

Tableau de bord
34 joueurs restants (sur 1,068 au départ)
Blindes : 3,000/6,000, ante 500
Tapis moyen : 235,000

Daniel Alaei succède à David Benyamine
L’américain remporte l’épreuve de Omaha High-Low à 10,000 dollars

Après l’élimination de Daniel Negreanu, les gradins du podium ESPN s’étaient rapidement vidé de ses occupants – le public était tout entier dévoué à la cause de Kid Poker. Il n’y avait donc plus grand monde pour être témoin du triomphe de l’un des joueurs les plus sous-estimés du circuit : Daniel Alaei. Sans doute plus connu pour ses talents de joueur de cash-game déployés lors de l’émission télé High Stakes Poker, il n’en reste que l’américain est aussi un compétiteur respecté en tournoi. Trois ans après sa victoire face à David Williams en Deuce to Seven, Daniel Alaei récidive ce soir en Omaha High-Low, une variante qu’il avoue pourtant ne pas pratiquer régulièrement, étant plutôt un joueur de No-Limit ou Pot-Limit.

Quand on lui demande ce qui lui importe le plus entre la reconnaissance de ses talents en cash-game et les accomplissements en tournoi, Alaei répond : « Les bracelets WSOP sont les trophées du poker. C’est agréable d’en posséder. Maintenant, j’en veux un troisième… Car il y a trop de joueurs qui en ont deux [rires] ! »

Un vieux cheval fatigué

Les français du HORSE à 3,000 dollars sont actuellement en train de faire un concours du plus petit stack… Michel Abécassis, David Benyamine, Fabrice Soulier se débattent avec chacun trois pions devant eux. Vojislav Petrov du ClubPoker, lui, est hors-concours : il vient de perdre le peu qu’il lui restait quand sa paire de 5 n’a pas tenu face à Roi-Dame dans un coup de Texas Hold’em.

Bruno Fitoussi pourrait presque passer pour un gros tapis, avec son tas valant 7,000. Mais n’oublions pas que le stack de départ était de 9,000. Claude Marbleu s’en sort un peu mieux avec 13,000. Gabriel Nassif fait son entrée aux World Series. Il n’a guère bougé avec 10,000.

Michel Abécassis commente : « La série infernale… J’avais bien démarré, mais après quelques heures à peine, les coups deviennent très chers. J’ai perdu avec une couleur As-Roi contre une couleur As-Roi-Valet au Stud. »

C’est le tournoi le plus long de l’histoire du poker… Et le plus ennuyeux, en tout cas durant ses premiers niveaux. En six heures de jeu, on est passé d’un tapis moyen de 9,000 à 12,000. Passionnant ! 452 joueurs étaient au départ, cent ont sauté. Les joies du Limit et des jeux à partage. Il reste encore deux heures à jouer : ce sera sans moi.