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WSOP 2009 - Jour 12

Day 12, demandez le programme

Midi : Event #17 – Ladies No-Limit Hold’em World Championship 1,000$ (Day 1)
14h : Event #13 – No-Limit Hold’em 2,500$ (Finale)
14h : Event #14 – Limit Hold’em Six-Handed 1,500$ (Finale)
14h : Event #15 – No-Limit Hold’em 5,000$ (Day 2)
14h : Event #16 – Stud 1,500$ (Day 2)

17h : Event #18 – World Championship Omaha High-Low 10,000$ (Day 1)

Trêve dominicale ? Que nenni

Ce n’est qu’en roulant à travers les rues désertées de Vegas que j’ai réalisé que nous étions dimanche… Mais pas de répit pour les braves, nous sommes de retour au Rio pour la douzième journée des World Series of Poker 2009, placée sous le signe de la femme !

Midi : Event #17 – Ladies No-Limit Hold’em World Championship 1,000$ (Day 1)
1,062 joueuses au compteur, et autant d’arômes de parfums différents dans l’Amazon Room. Ca change de l’odeur de transpiration. Almira Skripchenko est au départ pour représenter le Team Winamax. Je ferai un tour des tables un peu plus tard pour avoir un aperçu des têtes connues en lice.

14h : Event #13 – No-Limit Hold’em 2,500$ (Finale)
Daniel Negreanu peut souffler… Certes, Phil Ivey est toujours en course parmi les vingt joueurs restants, mais avec le plus petit tapis. Le russe Kirill Gerasimov est en position pour atteindre la finale, de même que Roland De Wolfe.

14h : Event #14 – Limit Hold’em Six-Handed 1,500$ (Finale)
Le même Negreanu pointe en seconde place alors que l’ultime journée de cette épreuve va débuter, avec onze joueurs encore en course. Le fondateur de Card Player Barry Shulman représente fièrement la presse poker avec le troisième tapis. Un autre russe est de la partie : Nikolay Losev, déjà aperçu à l’ACF pendant le Grand Prix de Paris.

14h : Event #15 – No-Limit Hold’em 5,000$ (Day 2)
Peut-être une belle journée qui s’annonce pour le joueur du Team Winamax Ludovic Lacay. L’ami Cutsy pointe en dixième place au classement avec son tapis de 124,000. A sa table de départ, Kathy Liebert et Harabolos Voulgaris. Parmi les 164 joueurs restants, on compte Jimmy « Gobboboy » Ficke, David Pham, Lars Bonding, Isaac Baron, le favori du Team Alexander Kostritsyn, Nenad Medic, Rob Hollink, Gavin Griffin, Erik Seidel, et bien d’autres. Un casting de poids. Francis Mahiout possède un peu moins de 30,000, et le joueur Winamax Emmanuel Jouve débutera la partie avec une seule blinde devant lui, suite à la mauvaise rencontre d’hier en fin de journée. Correction d’ailleurs, Emmanuel possédait QQ contre AK, et non l’inverse. Toutes mes excuses. 64 joueurs seront payés. Objectif – irréaliste – de la journée : atteindre la table finale à neuf.

14h : Event #16 – Stud 1,500$ (Day 2)
Ils sont 97 joueurs à avoir survécu au Day 1, parmi les 359 partants d’hier… Et le top 10 est très beau : David Levi, Dutch Boyd, Eric Afriat, Jeff Lisandro, Rep Porter, Chad Burum, Jason Mercier (bien évidemment), Thor Hansen, David Bach et Eli Elezra. Fabrice Soulier pointe en 17ème place, peut-être un troisième cash en deux semaines ? Un autre français figure au classement, je ne le connais pas : Edouard Mignot, classé 16ème. 40 joueurs seront payés.

17h : Event #18 – World Championship Omaha High-Low 10,000$ (Day 1)
Le meilleur joueur français du monde David Benyamine défendra son titre dans cette épreuve. Il sera rejoint par ses compatriotes Antony Lellouche et Michel Abécassis, ainsi que probablement par Bruno Fitoussi et Patrick Bueno.

Star-Studded Field

L’épreuve de Stud à 1,500 dollars a redémarré sur les chapeaux de roue : en 90 minutes de jeu, plus de trente joueurs avaient déjà pris la porte de sortie. Un des heureux bénéficiaires de cette floppée d’éliminations est le français Fabrice Soulier, qui a fait grimper son stack de 26,000 à 62,000 durant ce laps de temps. Un petit carré de Rois l’a notamment aidé à rentrer dans le Day 2 du bon pied.

Edouard Mignot est le français mystère du jour : je ne me souviens pas l’avoir jamais croisé sur le circuit, que ce soit à Vegas ou en Europe. Toujours est-il qu’Edouard a lui aussi bien démarré son Day 2, et pourrait bien réaliser son premier cash dans un tournoi pro.

Excepté quelques anomalies du genre Jason Mercier (« Je ne suis pas un joueur de Stud », rigole t-il tandis que son stack fond petit à petit), le field est composé de joueurs d’expérience, ayant roulé leur bosse sur le circuit un petit moment : Sam Grizzle, Eskimo Clark, David Levi, John Juanda, Dutch Boyd…

Avec un gros tapis, on peut aussi compter sur :

Jeff « Tony Soprano » Lisandro

Thor « Not Gus » Hansen

Tableau de bord
66 joueurs restants (sur 359 au départ)
40 places payées
Tapis moyen : 24,500

Équation compliquée pour Cuts dans le No-Limit 5,000$
Y’a moyen de gagner un pot aujourd’hui ?

Si vous avez suivi les mises à jour Twitter de Ludovic Lacay (www.twitter.com/Cutsybaby), vous savez déjà que le joueur du Team Winamax n’a pas eu un début de partie facile, pris en sandwich entre les excellents Gavin Griffin (triple champion EPT/WSOP/WPT) et Kathy Liebert (rien de moins que le plus gros palmarès féminin du circuit, avec plus de 5 millions de dollars de gains en vingt ans).

En un peu moins de deux heures de jeu, le tapis de Cuts a été divisé par deux. Non pas à la suite d’une seule grosse confrontation – plutôt une succession de pots de bonne taille.

Comme cette main tendue contre Liebert. Ludovic relance avec [Ad][2d]. Il sent que Liebert va 3-bet – s’en suit un peu d’acting pour la dissuader : regard dur, air méchant, etc. Ça marche, Liebert se contente de suivre.

Le flop est 9-7-2. Ludovic checke, puis paie une mise de 5,000. « Je bats toutes les combinaisons de figures, en particulier AK, dit Ludo. »

Turn : 6. Ludovic suit son plan et check/call 10,000.

Rivière 10. Check/Check. Liebert montre A9.

Puis une autre main, assez standard celle-ci : Gavin Griffin relance à 4,000. Ludovic paie avec [As][Ts]. Un short-stack fait tapis pour 16,000. Griffin passe, et Ludovic paie. Il joue contre [Qc][Qd] et ne s’améliore pas.

Et encore d’autres mains typiques : des 3-bet préflop qui ne marchent pas, des bonnes mains qui ne trouvent pas le flop, etc.

Table de la mort avec Gavin Griffin, Kathy Liebert et d’autres bons joueurs

Bref, un début de partie catastrophique. Au moment où je finis d’écrire ce qui précède, Ludovic arrive sur le banc de presse. Deux heures ont passé : c’est l’heure de la première pause. Cuts est en boule : « C’est possible de « run good » un Day 2 une fois dans sa vie ? J’ai perdu 17 coups de suite ! »

Puis : « Il ne me reste plus que 40,000, soit 20 blindes, autant dire que plus personne ne va me 3-bet. C’est moi qui vais m’en charger ! »

Et il est reparti, avec la fumée qui sortait presque des oreilles, comme dans les dessins animés. Je peux comprendre pourquoi.

Beaucoup de grand noms ont du quitter la Brazilian Room durant les deux premières heures de jeu (Carlos Mortensen, Andry Black, Erick Lindgren, Jimmy Fricke, Eric Liu, « Captain » Tom Frankli, Vanessa Rousso…) mais le field reste encore extrêmement relevé, mélange de pros expériementé ayant fait leurs preuves en live, et de jeunes joueurs de tournois internet impatients de montrer ce dont ils sont capables aux championnats du monde. Le chip-leader actuel n’est autre que le dangereux David Pham, connu sous le pseudonyme de « Dragon », ce qui est un peu ridicule comme surnom, mais bon, il fait ce qu’il veut, hein. Derrière, on voit apparaître sur la liste des chip-counts de www.worldseriesofpoker.com des joueurs tels que Isaac Baron, Erik Seidel, Mike Sowers, Scott Seiver, Nenad Medic, Omar Shariff, et Rico, le roi de la pomme de terre. (Attention, la phrase précédente contient des pièges, saurez-vous les retrouver ?)

Un collègue commentateur fait l’une de ses rares apparitions à la table aujourd’hui : Mike Sexton, légendaire présentateur du World Poker Tour.

Francis Mahiout est très short avec une dizaine de blindes

L’excellent Theo Tran figure parmi les plus petits tapis

Tableau de bord
117 joueurs (sur 655 au départ)
Blindes : 1,200/2,400, ante 300
Tapis moyen : 84,000

Two, three times a lady

Je ne rentrerai dans le débat – pourtant intéressant – concernant les tournois réservés aux femmes. Épreuves sexistes pour certains, qui estiment que ranger un sexe dans une catégorie séparée équivaut à le considérer comme inférieur à l’autre. Épreuve majeure pour d’autres, permettant de promouvoir notre jeu favori auprès de la moitié de la population qui, bien souvent, ne représente guère plus de 2% des inscrits à n’importe quel tournoi du circuit.

J’ai manqué l’élimination d’Almira Skripchenko, survenue après 90 minutes de jeu… En parcourant les 80 et quelques tables encore actives durant le niveau 4, j’ai pu tout de même repérer pas mal de têtes connues :

Anna Wroblewski, l’une des joueuses les plus talentueuses à avoir émergé ces dernières années, ayant accumulé plus d’un million de dollars de gain en tout juste deux ans. Anna a disputé son premier tournoi des WSOP hier, après trois semaines passées en Europe, à Venise et Malmö, notamment.

Maria Ho, qui fut la joueuse la mieux classée lors du Main Event des WSOP 2007 (top 50, je crois)

Lizzie Harrisson, une collègue qui a longtemps travaillé pour le magazine américain Card Player

Liv Boeree

Pamela Brunson (fille de qui-vous-savez), qui a apporté en guise de protèges cartes un… lingot d’or véritable (valeur : 100,000 dollars, on en voit un morceau au bas de cette photo)

Evelyn Ng

La championne en titre Svetlana Gromenkova est une professionnelle établie. Elle est toujours en course pour défendre son titre, ayant accumulé pas mal de jetons en début de partie.

Claire, la journaliste de MadeInPoker, a quadruplé son tapis durant les quatre premiers niveaux de la journée.

« Bonjour ! », m’a dit Erica Shoenberg avec un sourire, en me voyant arriver à sa table. OK, c’est génial, mais pour moi, la vraie consécration, le moment où je pourrai dire « ca y est Benjo, tu es arrivé », c’est quand son compagnon David Benyamine me dira lui aussi « bonjour ». (J’exagère un peu, David est quelqu’un d’extrêmement poli et cordial)

Tableau de bord
520 joueuses restant (sur 1,060 au départ)
Blindes : 100/200
Tapis moyen : 6,115

Harrah’s fait un flop

Le triomphe de Ville Wahlbeck dans l’épreuve de Mixed Games à 10,000 dollars nous a permis d’entendre autre chose que l’hymne américain dans l’Amazon Room cet après-midi, lors de la cérémonie de remise des bracelets. Jusqu’à présent, nous n’avions assisté qu’à une seule victoire non-américaine en neuf épreuves.

Le problème, comme on a pu rapidement s’en rendre compte en regardant le visage de Wahlbeck au moment où l’hymne, c’est que Harrah’s semble avoir besoin de quelques leçons de géographie musicale.

« Ce n’est pas l’hymne de la Finlande », à murmuré un Wahlbeck mi-consterné, mi-amusé sur le podium. Derrière moi, d’autres joueurs du pays avaient du mal à retenir un fou-rire. « Ils se sont gourrés ! Ils nous passent l’hymne de la Suède ! », a dit Mika « LarsLuzak » Kelopuro.

Politesse scandinave oblige, Wahlbeck n’a pas osé déclencher de scandale, et a patiemment attendu la fin de l’hymne (suédois) pour quitter le podium. Mais tout de même, une boulette pareil, c’est pour le moins consternant, à l’époque de Google, Youtube et Wikipedia.

Contacté par téléphone, l’ambassadeur de Finlande en poste à Washington s’est déclaré « outré » par « cet affront fait à notre beau pays ». Non, je déconne.

Harrah’s n’a pas interêt à se gourrer sur la Marseillaise, sinon je fais tout sauter.

Negreanu revient au score dès ce soir ?

C’est en Limit Hold’em que Daniel Negreanu a fait ses gammes au poker, débutant sa carrière professionnelle il y a plus de dix ans autour des tables de cash-game de Las Vegas, qui à l’époque n’offraient peu, voire pas du tout de No-Limit. En tournoi, le canadien a obtenu deux de ses quatre bracelets en Limit Hold’em, et semble s’acheminer vers un cinquième ce soir, dans la même discpline – ici jouée en short-handed.

Ils ne sont plus que trois joueurs autour du podium ESPN, et Negreanu possède une avance confortable sur ses deux adversaires. Une victoire égaliserait le score dans le pari qui l’oppose à son ami Phil Ivey (vainqueur il y a trois jours de l’épreuve de Deuce to Seven), et le ferait passer devant ce dernier dans la course aux points pour le classement du joueur de l’année aux WSOP – car il s’agit du troisième ITM de Daniel, dont une dixième place lors du Stud à 10,000 dollars.

Le chemin de croix de Cuts
Avez-vous vu la lumière ?

« La patience paie, parfois. »

Tels sont les mots du joueur du Team Winamax Ludovic Lacay, dont les jetons viennent de partir au milieu avec [Ac][Tc].

De grosse blinde, Cuts a payé la relance à tapis du bouton, qui retourne [Ad][4d].

Les cinq cartes retournées par le croupier au milieu de la table ne changent rien à la valeur relative des mains, et Ludovic double son petit tapis, laissant son adversaire avec une poignée de jetons anecdotique, qu’il perdra quelques minutes plus tard.

Le parcours de Cuts jusqu’au places payées fut des plus chaotiques. Je l’avais laissé en milieu d’après fulminant après avoir vu son tapis divisé par trois.

Ludovic a rapidement engagé ses vingt blindes avec une paire de 7, qui tient contre As-Dame. De retour dans une zone difficile à jouer (c’est à dire un tapis qui n’est ni minuscule, ni énorme), Ludovic a… attendu, et regarder sa table se peupler petit à petit de joueurs de grand talent. Des joueurs online, principalement, dont on connait plus volontiers le pseudo que le patronyme. « Raptor », « Jcarver », « livb112 »…

Kathy Liebert a pris ensuite un pot énorme en éliminant deux joueurs sur la même main avec une paire de Rois. L’un de ces deux joueurs n’était autre que Gavin Griffin.

Quand la bulle est arrivée, Cuts oscillait toujours entre quinze et vingt blindes. A ce stade de la partie, impossible de jouer [Ac][Jd] et [Ks][Qs], les deux meilleures mains qu’il a reçues durant cette période. A deux places de l’argent, avec plusieurs joueurs possédant un tapis inférieur au sien, s’engager avec ces mains aurait été une grosse erreur. Il n’y avait rien de mieux à faire que de ronger son frein en attendant des jours meilleurs.

Puis l’on est rentré dans l’argent : l’objectif minimum était assuré pour Cuts, qui double ensuite sur un 60/40 : QJ contre A5.

Le compteur ne cesse de décroître, et au moment du dernier double-up de Cuts raconté en début d’article, il ne restait plus que 48 joueurs.

« Je peux à nouveau voir la lumière au bout du tunnel », a philosophé Ludo durant la dernière pause. La route est encore longue. Son prix minimum garanti est de 14,192 dollars.

On a perdu Barny Boatman, Daniel Heimiller, Scott Seiver, Josh Arieh, Mixe Sexton, et bien d’autres, mais le field reste encore et toujours l’un des plus relevés qu’on ait vu depuis le début des World Series. Médiatisés ou pas, ces joueurs sont presque tous de classe mondiale : Isaac Baron, David Pham, Liya Gerasimova, Thomas Keller, Nenad Medic, Mike Sowers, David Benefield, Hasan Habib… et Ludovic Lacay, bien décidé a décrocher sa première table finale américaine.

Parmi les chip-leaders, le relativement inconnu joueur allemand Fabian Quoss

Pendant la pause, Cuts part s’enquérir des progrès d’Antony Lellouche dans l’épreuve de High-Low à 10,000 dollars (Anto a remporté quelques pots, mais la partie est très lente – il ne s’est pas encore passé grand chose en quatre heures)

Tableau de bord
37 joueurs (sur 655 au départ)
Blindes : bientôt 4,000/8,000
Tapis moyen : 265,000

Stud 1,500$ : la table finale approche à grand pas
Deux français ont perfé

Les deux premières semaines des World Series of Poker auront été marquées côté français par la régularité de Fabrice Soulier, auteur de pas moins de trois places payées. Je ne pense pas que Fabsoul ait joué plus de six tournois dans ce laps de temps, ce qui fait de lui l’un des rares joueurs affichant un bilan comptable positif à ce stade du festival.

Son dernier ITM en date, Fabrice l’a atteint dans l’épreuve de Stud « discount » des WSOP, terminant en 21ème place pour un gain de 3,646 dollars. Un finish sans doute un peu frustrant pour celui qui a tenu le chip-lead durant une bonne partie de la journée.

Un peu plus tôt, le mystérieux français du jour Edouard Mignot était éliminé en 29ème place.

Parmi les grosses têtes encore en course, on compte Jeff Lisandro, John Juanda, John Cernuto et Thor Hansen.

Le favori du Team Winamax Jason Mercier disputait le premier tournoi de Stud de toute sa carrière, et a finalement du s’incliner aux portes de la table finale, en 16ème place. Pas mal pour un débutant complet ! Et qui plus est, cela fait gagner de précieux points dans la course pour le joueur de l’année aux WSOP, dans laquelle Jason est l’un des précoces leaders à l’heure actuelle.

Dutch Boyd est sorti de sa grotte le temps d’un tournoi pour accrocher une quinzième place.

Régulier des plus grosses parties de d’Atlantic City (un baston historique du Stud), le discret Nick Frangos est considéré comme l’un des meilleurs joueurs du monde dans cette discipline. En 2007, il manquait de peu un bracelet, terminant en seconde place de l’épreuve à 2,000 dollars.

Tableau de bord
12 joueurs (sur 359 au départ)
8 places en finale

Daniel Negreanu devra se contenter de la seconde place
La superstar canadienne battue par un excellent joueur online dans l’épreuve de Limit

Autour du podium ESPN rempli à craquer de spectateurs, les feux des projecteurs étaient définitivement tournés vers Daniel Negreanu. Incontestablement le joueur le plus médiatisé et le plus populaire du circuit, l’un des rares joueurs de poker que le téléspectateur moyen reconnaitra dans la rue, l’une des rares figures a avoir percé dans les médias traditionnels, « KidPoker » avait derrière lui une armée de fans applaudissant à tout rompre après chacun des pots qu’il remportait contre son adversaire, Brock Parker. Ce dernier se sentant bien seul face à Negreanu, n’ayant pour lui qu’une poignée de supporters, dont Eric Froelich, qui, comme Parker, fut un joueur de Magic avant de faire irruption dans le poker.

Pour tout le monde, le match semblait gagné d’avance. Negreanu possédait deux fois plus de jetons que Parker, et le canadien ne trahissait d’aucun signe de nervosité face aux caméras, bien au contraire. Tel un showman au beau milieu d’une représentation, le canadien prenait régulièrement à partie le public, se tournant entre les mains pour discuter avec les fans, pour leur plus grand plaisir. Un cinquième bracelet semblait inévitable, ainsi qu’une égalisation du score dans la course aux bracelets disputée contre Phil Ivey.

Mais non. L’histoire n’était pas écrite à l’avance, et au final, Negreanu dut se contenter d’une seconde place, frustrante pour quelqu’un qui est connu comme un joueur allant généralement jusqu’au bout une fois la table finale atteinte. Car Brock Parker n’était pas là par hasard. L’un des joueurs les plus respectés de la sphère online, celui qui se surnomme « t soprano » en ligne est un formidable compétiteur de Limit. Ceux qui ont de la bouteille question poker sur Internet se souviendront sans doute que « t soprano » était déjà en 2003 un régulier de la table à 100$/200$ d’un site majeur, la plus grosse à l’époque.

« Daniel Negreanu est très fort, évidemment, mais avec les cartes que j’ai eu, personne n’avait aucune chance », a admis Parker après sa victoire, modeste, admettant qu’il avait bénéficié de plus de flops favorables que son adversaire.

Brock « t soprano » Parker remporte son premier bracelet WSOP, et un quart de millions de dollars

Game over for the ladies

Le Day 1 de l’épreuve « Ladies », c’est comme Capri, c’est fini. Un peu moins de 150 joueuses ont survécu sur les 1,060 qui étaient au départ il y a douze heures. Ce qui veut dire qu’il faudra attendre lundi pour voir la bulle éclater. Sur toutes les joueuses que je vous ai présentées en milieu d’après-midi, seules une poignée reviendront demain pour le Day 2 : la championne en titre Svetlana Gromenkova, avec un bon stack, Maria Ho, et Madame David Benyamine, Erica Schoenberg. Exit Anna Wroblewski, Liv Boeree, Liz Harrisson, et surtout Claire Renaut, ma collègue de MadeInPoker, injustement éliminée après la pause-dîner. Snif.

Retour sur la fin de tournoi de Cuts
Un coup clé contre David « raptor » Benefield

Bon, débarrassons-nous de la main éliminatoire dès à présent, elle est anecdotique : les blindes sont à 4,000/8,000, ante 1,000, il y a neuf joueurs autour de la table, Ludovic est de grosse blinde, il lui reste 110,000 après l’avoir posée. Tout le monde passe jusque la petite blinde, qui annonce tapis. Ce joueur possède environ 450,000, et est plus connu sous le pseudonyme de « livb112 », Olivier Busquet dans le civil. Rien que le meilleur joueur de SNG Heads-Up du monde, et d’origine française, s’il vous plaît.

« Vu ses qualités techniques, il est capable de « push » ici avec une main très faible », me raconte Ludovic sur le banc de presse, quelques heures après son élimination. « De plus, ce joueur a été très choqué quand je lui ai annoncé avoir passé [As][Js] sur une simple relance lors de la période du main-par-main contre un joueur assez loose. Je lui ai expliqué que ce joueur était commit, et que même si j’avais le meilleur jeu, je ne pouvais pas engager mon tournoi alors qu’une dizaine de joueurs possédaient moins de jetons que moi aux portes de l’argent. De plus, doubler son tapis à ce moment là ne justifie pas la prise de risque. Mon équité contre la « range » adversaire n’est pas suffisante pour prendre le risque de repartir les mains vides alors que si j’ai la chance de doubler, je ne gagnerai pas forcément plus que le palier minimal. »

Bref, Busquet pense probablement que Ludovic est ce qu’on appelle communément un « nit », c’est à dire quelqu’un qui ne joue que les As. Et les Rois, et encore, uniquement s’ils sont assortis.

Ludovic retourne lentement ses cartes : un [6s] d’abord, puis un [Ad]. « C’est un call facile, vu les circonstances que je viens d’expliquer. »

Busquet fait la grimace et retourne… [Ah][8h]. Pas de miracle, et Ludovic est éliminé en 34ème place, remportant 17,000 dollars et des brouettes pour son deuxième cash des WSOP – une somme déjà largement entamée par les tournées de vodka-tonic que Ludovic rapporte régulièrement sur le banc de presse tandis que j’essaie de garder les idées claires pour terminer la nuit dans les meilleures conditions.

Voilà pour l’élimination. Un coup, cependant, reste en travers de la gorge de Cutsy : il s’est produit un peu plus tôt, après la pause post-bulle.

Ludovic possède à ce moment 171,000 de tapis. Les blindes sont de 3,000/6,000, ante 500. Il est, je cite, « pas mal », et décide d’utiliser son image serrée (hé oui, ça arrive) pour relancer UTG à 15,000 avec [Kc][Ts].

Deux places à sa gauche est assis David Benefield, alias « raptor ». Il se contente de payer. A ce moment, Ludo commet sa première erreur du coup. « Je me persuade qu’il possède une très bonne main : deux As ou deux Rois. Parce que j’ai l’habitude que l’on me perçoive comme un joueur loose, alors qu’ici, ce n’est clairement pas le cas : j’ai été très tight depuis son arrivée à la table. » La grosse blinde rejoint la fête, mais cela n’aura pas d’incidence sur le reste du coup, mis à part en ce qui concerne la taille du pot.

Il y a 50,000 au milieu quand le flop tombe [Qd][Js][7s]. Ludovic regarde à nouveau ses cartes, et constate qu’il possède le [Ts] en plus de son tirage de quinte par les deux bouts. « Si je donne une carte gratuite et qu’un troisième pique tombe, cela me donne tout de même le troisième tirage couleur max. »

La grosse blinde checke, et Ludovic fait donc de même. C’est sa deuxième erreur. « Mon raisonnement était mauvais. Je voulais checker parce que je voyais Benefield sur une over-paire. Sa range était en réalité plutôt constituée de mains comme 99 et TT que de AA ou KK, qu’il aura seulement 20% du temps environ. Checker représente de la faiblesse, et l’incitera à bluffer. Ceci dit, avec quoi va t-il bluffer plutôt que de checker aussi, et prendre une carte gratuite ? Quoi qu’il arrive, je vais pouvoir observer la réaction de la grosse blinde. C’est le joueur le plus dangereux sur ce coup, car sa range touchera souvent ce flop. »

C’est au tour de Benefield de parler : il mise 27,000.

La grosse blinde jette ses cartes, et la parole revient à Ludovic. « C’est là que je commets ma troisième erreur du coup, la plus importante : je ne pense ni à jeter mes cartes, ni à check/raiser, ce qui seraient les deux options les plus logiques. J’ai payé. Pourquoi est-ce la mauvaise solution ? Si je touche mon tirage de quinte et que Benefield essayait juste de voler le coup, je n’ai aucune côte implicite, et donc je ne gagne rien de plus en trouvant ma quinte. Si je rate mon tirage, je suis hors de position dans un pot énorme à la turn contre un joueur agressif : bon courage ! En plus, je représente une main extrêmement faible. »

Quid du check/raise une fois la turn tombée ? « Cela offre un meilleur rapport risque/récompense, mais donne à Benefield des meilleures côtes pour payer mon tapis et voir la rivière.

Ici, Ludovic paie, donc, « comme un donk ». Le turn est un [7d]. Que faire, à part checker ?

« Benefield mise le même montant : 27,000. A ce moment là, j’ai envie de mourir. Tu peux me citer. Ma main gauche secoue les jetons de 5,000 avec une envie incontrôlable de les envoyer au milieu, tandis que ma main droite soutient ma tête dont le poids vient de tripler. »

Décision finale ? « Je jette mes cartes, faute d’avoir trouvé une meilleure solution, sans avoir la moindre idée de ce qu’il peut avoir, et en estimant avoir déjà commis assez d’erreurs dans la même main. »

Conclusion : « Si je check/raise le flop, peut-être que le reste du tournoi est différent. Et au moins, même si je n’aurais peut-être pas remporté le coup, j’aurais eu la satisfaction de l’avoir bien joué. »

Day 13, demandez le programme

Midi : Event #19 – No-Limit Hold’em Six-Handed 2,500$ (Day 1)
14h : Event #15 – No Limit Hold’em 5,000$ (Finale)
14h : Event #16 – Stud 1,500$ (Finale)
14h : Event #17 – Ladies No-Limit Hold’em World Championship 1,000$ (Day 2)
14h : Event #18 – World Championship Omaha High-Low 10,000$ (Day 2)

Aujourd’hui, je me repose, après onze jours consécutifs passés au Rio… Yuestud prendra le relais pour vous raconter ce qu’il se passe dans l’Amazon Room. A très bientôt.