WPTDeepStacks Paris - Main Event 1 500 € - TF

Mouysset fait des bulles

Xavier Mousset "bubble boy" de la table finale Main Event 1 500 € (Finale)

Avec 4 des 10 derniers joueurs possédant un tapis compris entre 11 et 20 blindes, les candidats au poste peu convoîté de « dernier sortant avant la table finale » ne manquaient pas. Le plus en danger d’entre eux, Jean-Paul Pasqualini, s’est extirpé du guépier avec une certaine habileté, parvenant à faire sortir ses onze blindes de la zone rouge avec une variété de moves exécutés sans showdown, à commencer par ce coup où le corse défend sa BB face à une ouverture bouton de Marcin Wydrowski. Le flop A710 est checké, laissant l’opportunité à JPP de tenter une mise de 110 000 sur le turn, un 5. Marcin décline l’invitation.

Xavier Mouysset
Ayant repris de la fold equity, Pasqualini enverra son tapis à quelques reprises dans les minutes à venir (en open shove ou en reshove) sans se faire payer une fois. Le short-stack officiel d'une partie ayant repris à 16h08 aura donc tenu assez longtemps pour qu'un "setup" impliquant un autre joueur que lui ne finisse par se créér. La victime ? Xavier Mouysset (à gauche sur la photo), 15 BB en début de partie et dont la paire de Valets jouée préflop n'a pas trouvé de miracle face aux Rois de Sonny Franco (à droite).
Xavier Mouysset
Pour sa 10e place, Mouysset remporte 16 500 €, améliorant un chouïa ses deux meilleurs résultats enregistrés en live jusqu'à présent : 14e sur le 2 200 € de Monte Carlo en avril 2019, et 6e sur le HR du WSOP Circuit de Marrakech deux mois plus tard.

Pendant ce temps, la table finale est prête : on vous donnera le détail des positions dans un instant. On y retrouvera un Sonny Franco dont le chip-lead a encore progressé, et un Jean-Paul Pasqualini de retour sous les feux des projecteurs d'une table télévisée. La dernière fois, c'était il y a plus de dix ans…

Ils sont en finale du premier WPT organisé à Paris en quatre ans

Main Event 1 500 € (Finale)

Finale
L'organisation considère que sur ce WPT DeepStacks, la finale se compose des huit derniers joueurs. Sans doute parce que le Day 3 s'est joué en 8-max (sur le Day 1, ils étaient 9 par table). Moi, comme je ne vois aucune table à part celle-ci, j'ai envie de considérer que tous ceux qui sont assis autour - les neuf d'entre eux, donc - sont des finalistes en bonne et due forme.

Félicitations, donc, aux joueurs suivants assis de gauche à droite selon le plan ci-dessous, qui vont disputer ce lundi la table finale du tout premier tournoi World Poker Tour organisé à Paris depuis décembre 2015 :

1/ Gilles Gauyacq (France) 1 455 000 (18 BB)
2/ Jean Pasqualini France) 1 580 000 (20)
3/ Marcin Wydrowski (Pologne) 2 730 000 (34)
4/ Ouassini Mansouri (France) 4 000 000 (50)
5/ Lianmin Bai (Chine) 2 195 000 (27)
6/ Florent Estegassy (France) 4 875 000 (61)
7/ Duco ten Haven (Pays-Bas) 950 000 (12)
8/ Sonny Franco (France) 6 805 000 (85)
9/ Ivan Sheptytskyi (Ukraine) 985 000 (12)

Blindes : 40 000 / 80 000 / 80 000 pendant encore 30 mn

Les prix restants
Vainqueur : 200 000 €
(+ Package WPTDS European Championship Deauville (2 000 €))
Runner-up : 136 788 €
3e : 97 000 €
4e : 69 000 €
5e : 49 500 €
6e : 37 000 €
7e: 29 200 €
8e: 23 800 €
9e : 19 700 €

Il y va Franco

Ivan Sheptytskyi éliminé en 9e place (19 700 €) Main Event 1 500 € (Finale)

Ivan Sheptytskyi
A peine les neufs joueurs restants ont-ils eu le temps de trouver leur nouveau siège sur le podium télévisé et d'y disposer leurs jetons que l'un d'entre eux engage ses jetons préflop. Il s'agit du plus mal en point d'entre eux : Ivan Sheptytskyi (photo), avec seulement 12 blindes. Son AK est favori, mais de peu, contre le 64 d'un Sonny Franco qui avait 3-bet préflop la relance UTG de Marcin Wydrowski et avait bien été obligé de payer, commit qu'il était, le shove de Sheptytskyi.

Le flop 9-6-4 apporte deux paires à Franco. Ni la Dame sur le turn, ni le Valet sur la rivière ne viendront contredire ce fait indiscutable : l'homme aux quatre bagues WSOP Circuit est, pour ce qui n'est certainement pas la première fois de sa carrière, l'homme à abattre aujourd'hui. Après avoir terminé le Day 3 en train que chip-leader, le voilà maintenant écrasant chip-leader, ayant signé les deux premières éliminations de la journée.

L'ukrainien, qui si l'on en croit sa fiche Hendon Mob passe son temps à naviguer entre les casinos de Sochi (Russie), Chypre et Kiev, signe aujourd'hui son premier résultat sur le sol français. Il récolte près de 20 000 €, une perf' qui rentre direct sur le podium de ses plus gros gains, derrière une 3e place sur le Russian Poker Tour de Kiev (2013) et la même position sur le PokerDom Anniversary, tournoi organisé à Sochi en mai 2019.

Les 8 salopards

Main Event 1 500 € (Finale)

Table finaleAprès la table finale « selon la police » (je veux dire selon le bon sens, voir post précédent) où l'on compte neuf joueurs, voici la table finale « selon les organisateurs », à huit joueurs et avec la photo officielle montrant le trophée et les huiles, telle Hermance Blum, vice-présidente de la branche européenne du World Poker Tour.

L'occasion de vous redonner un chip-count frais, le lien du stream, et de vous livrer un tout premier développement : depuis que le décompte ci-dessous a été effectué, Jean-Paul Pasqualini a doublé son tapis avec une pocket paire de 10 restant en tête contre une paire de 9. Le vainqueur du Partouche Poker Tour 2009 passe à plus de 30 blindes, lui qui en avait à peine 11 il y a deux heures.

Siège 1 - Gilles Gauyacq (France) 1 415 000
Siège 2 - Jean-Paul Pasqualini (France) 1 420 000
Siège 3 - Marcin Wydrowski (Pologne) : 2 555 000
Siège 4 - Ouassini Mansouri (France) 4 000 000
Siège 5 - Lianmin Bai (Chine) 2 195 000
Siège 6 - Florent Estegassy (France) : 4 895 000
Siège 7 - Duco ten Haven (Pays Bas) 950 000
Siège 8 - Sonny Franco (France) 8 165 000

Les blindes viennent de grimper à 50K/100K avec une BB ante de 100K.

Streaming live (cards up, 30mn de décalage)

GG, GG

Gilles Gauyacq éliminé en 8e place (23 800 €) Main Event 1 500 € (Finale)

Gilles Gauyacq (France)
Au cut-off, le très discipliné Gilles Gauyacq (à gauche sur la photo) ouvre à 275 000. Avec ses 14 blindes et une paire de 9, il aurait pu aussi bien envoyer la boîte directement, mais le résultat final sera le même : derrière lui, Marcin Wydrowski trouve AJ et annonce "all-in".

Gilles poursse le reste de ses jetons et les jeux sont retournés. Ce coin-flip tout à fait standard tourne à l’avantage du polonais après l’apparition d’un flop J22. Le turn 7 et la rivière Q laissent les choses en l’état. Lègèrement couvert, Gilles Gauyacq est donc éliminé. Avec cette huitième place bonne pour 23 800 €, il explose son high-score : jusqu’à aujourd’hui, la meilleure perf’ de son palmarès était une seconde place à 7 175 € sur un 500 € de feu l’ACF, c’était en 2009.

Il ne reste plus que 7 joueurs ! Grâce à ce scalp, Wydrowski monte à 35BB. Avec 84BB, Sonny Franco reste l'incontestable chip-leader.

Haven au purgatoire

Duco Haven éliminé en 7e place (29 200 €) Main Event 1 500 € (Finale)

Duco ten Haven (Pays Bas)
Un joueur de plus au guichet des paiements !

Il avait à peine 17 BB à 10 joueurs restants. Trois heures plus tard, il n’en avait plus que 9. Vous l’avez compris : Duco Haven fut plus ou moins transparent au cours de la dernière journée du WPTDeepStacks. Son dernier coup ne devrait susciter aucun commentaire particulier dans la section « stratégie » des forums : muni de A9, le hollandais pousse ses jetons UTG.

Derrière : fold, fold, fold, fold, Duco croît un instant pouvoir voler les blindes tranquillement mais non, car en grosse blinde Florent Estegassy attendait son heure avec AQ.

Duco peut-il au moins espérer un split pot ? Le flop JJ10 ne ferme pas la porte à cette possibilité, de même que le 2 sur le turn. Mais la rivière est un 5 qui maintient l’avantage du kicker d’Estegassy.

Duco ten Haven (Pays Bas)
Eliminé en 7e place, Duco Haven ajoute près de 30 000 € à un palmarès qui comptait déjà plus de 145 000 $ de gains en live. Ce n'est pas son meilleur score, cependant : en novembre 2018, il avait failli remporter le High Roller du PS Megastack de Londres, empochant presque 40 000 Livres Sterling.

Il reste 6 joueurs, les blindes vont passer à 75 000/125 000 (non, pas de faute de frappe) et les positions sont les suivantes :

Sonny Franco (France) 9 millions Ouassini Mansouri (France) 4,5 m. Jean-Paul Pasqualini (France) 3,7 m. Marcin Wydrowski (Pologne) 3,6 m. Florent Estegassy (France) 3,1 m. Lianmin Bai (Chine) 1,8 m.

Les prix
Vainqueur : 200 000 €
(+ Package WPTDS European Championship Deauville (2 000 €))
Runner-up : 136 788 €
3e : 97 000 €
4e : 69 000 €
5e : 49 500 €
6e : 37 000 €

Interlude technique

Main Event 1 500 € (Finale)

Ah tiens, deux coups intéressants au milieu d'une finale qui pour l'instant en manque quelque peu. Ils impliquent tous les deux Ouassini Mansouri.

Ouassini MANSOURI
Sur le premier, le détenteur d'une bague WSOP Circuit (Marrakech, 2017) défend sa blinde face à une ouverture de Florian Estegassy, float le float, trouve un tirage sur le turn et paie un deuxième barrel. La rivière n'améliore absolument pas la main d'Ouassini, qui tente donc de s'en sortir avec un bluff. Mauvaise pioche : après un long, très long moment de réflexion, Estegassy trouve le courage du hero call avec hauteur As.
Ouassini MANSOURI
Un poil agacé semble t-il mais pas vidé de sa motivation, Ouassini va récuperer les jetons en changeant de cible : défendant encore sa BB face à une relance, cette fois de Lianmin Bai, il trouve la ventrale au flop et opte pour un autre type de bluff, plaçant un check/raise tout de suite après le c-bet du chinois. Bien joué : celui-ci abandonne la deuxième paire.

Sonny accepte, Sonny refuse

Main Event 1 500 € (Finale)

Fort de son chip-lead, Sonny Franco en profite pour tenter d'éliminer d'autres joueurs… Sans pour autant se jeter tête baissée dans tous les spots.

Double up
Ainsi, lorsque Lianmin Bai open shove en fin de parole pour 1,9 million (15BB), Sonny fait de même derrière, ayant trouvé AJ. Dans les blindes, Marcin Wydrowski jette As-Dame, permettant à Sonny de jouer un flip au lieu d'un 30/70. Le chip-leader perdra son premier coup important de la journée suite à un board 9-9-3-7-5, tandis que le chinois respire une bouffée d'air frais.
Big Fold
Un peu plus tard, au tour de Jean-Paul Pasqualini d'open shove, en premier de parole. Le corse est UTG avec une paire de 6 et 2,7 million (Note : je ne sais pas si cela représente 22BB ou 18BB, car on était en train de changer de niveau pile à ce moment-là). Tout le monde passe jusque Sonny qui va longuement réfléchir avant de finalement abandonner. Dommage : sa paire de 8 était largement en tête, mais la décision valait la moitié de son stack. On peut comprendre que le chip-leader ait préféré la prudence : il s'en serait mordu les doigts de voir 99 ou 10-10 en face et de tomber à 20BB.

Jean-Paul Pasqualini pas loin du chip-lead

Main Event 1 500 € (Finale)

JPP
Après deux heures sans éliminations, les six derniers finalistes sont en pause-dîner... Et l'un d'entre eux va peut-être manger avec plus d'entrain que les autres : Jean-Paul Pasqualini, qui a doublé sur la toute dernière main avant le gong. On ne va pas faire couler beaucoup d'entre sur le coup, un banal shove avec 22 blindes et Roi-Valet, payé par Lianmin Bai avec 10-10. Le joueur le plus controversé de l'histoire du poker français gagne le flip, malgré un flop apportant le tirage trèfle à son adversaire. Tandis que Bai est exsangue avec 6 blindes restantes, Pasqualini peut jubiler : il talonne désormais Sonny Franco et ce dernier n'est plus seul en tête !

Siège 1 - Jean-Paul Pasqualini (France) 5 950 000
Siège 2 - Marcin Wydrowski (Pologne) : 3 475 000
Siège 3 - Ouassini Mansouri (France) 3 400 000
Siège 4 - Lianmin Bai (Chine) 1 250 000
Siège 5 - Florent Estegassy (France) : 5 475 000
Siège 6 - Sonny Franco (France) 6 050 000

A la reprise les blindes passeront à 100 000 / 200 000, ce qui garantit plus ou moins que la longue phase de jeu à six est sur le point de s'achever : quand l'écart entre le leader et le short ne représente qu'une vingtaine de blindes, une élimination est inévitable à très court terme.

Des double ups mais pas de bust

Main Event 1 500 € (Finale)

Marcin Wydrowski
Retour de pause-dîner : cela fait maintenant une heure que la partie a repris, et heureusement que tout le monde a le ventre plein car nous n'avions rien à nous mettre sous la dent depuis notre dîner pris dans un resto italien proche du Palais des Congrès. Le nom du resto : Bellagio, ça ne s'invente pas.
Marcin Wydrowski
En attendant la prochaine élimination (qui va forcément se produire plus tôt que tard - la moyenne tourne autour de 20 BB, nom d'un corgi), on tue le temps avec une poignée de double-ups, comme celui de Marcin Wydrowski (photo), dont les Dames restent en tête face au As-10 off de Jean-Paul Pasqualini.

Peu avant, c’est Lianmin qui survivait à un coup à tapis - avec 6,5 BB, il en avait bien besoin - quand son KJ a tenu face au K10 de Florian Estegassy. Derrière, Sonny Franco a jeté AJ préflop : il aurait fait sauter les deux après un tableau Q649Q !

Fold
Parlons aussi des coups qui ne se sont pas produits. Comme celui où Pasqualini ouvre au bouton et abandonne face au shove d'Ouassini Mansouri - il n'y a que 7,5BB à ajouter mais c'est déjà trop vu la force de la main du corse.

Un sparadrap qui ne se décolle pas

Jean-Paul Pasqualini éliminé en 6e place (37 000 €) Main Event 1 500 € (Finale)

Jean-Paul Pasqualini
Jean-Paul Pasqualini n'a pas remporté pas le WPTDeepStacks Paris, et c'est bien dommage. C'est dommage car - et je ne pense pas être le seul à l'avoir espéré, secrètement ou non - j'aurais pris du plaisir à le voir aller jusqu'au bout : au point où on en était, cela aurait été la conclusion la plus satisfaisante pour les vils esprits dans mon genre. Je me voyais déjà me saisir de mon appareil photo pour saisir le cliché final : le joueur le plus honni de France soulevant un trophée majeur, et pas n'importe lequel : le premier tournoi World Poker Tour organisé à Paris depuis 2015, le premier depuis l'opération mains propres sur les cercles de la capitale.

Cela aurait été sa plus belle victoire depuis celle qui l'avait à la fois, avec trois ans d'écart, couvert de gloire puis d'opprobre, lorsqu'un enquêteur amateur-slash-vengeur avait, armé de son fiel et de ses preuves, révélé en 2013 que son sacre en 2009 sur le Partouche Poker Tour cette gloire avait été - peut-être - obtenu en enfreignant les règles.

Le moment qui aurait suivi la photo aurait été délicieusement jubilatoire aussi : l'interview post-victoire, moment habituellement banal et chiant comme la pluie qui pour une fois aurait été tout sauf banal et chiant. On aurait hésité entre faire comme si de rien n'était, deux trois questions embarassées en regardant ses chaussures et on n'en parle plus, bravo et au revoir, ou au contraire prendre son courage à deux mains et les mettre dans le plat, ses chaussures.

« Hé, bravo JPP, belle perf ce soir, hein, vraiment rien à redire. Heu… et cette finale à Cannes il y a dix ans, on n'en a jamais vraiment parlé au final. Ce serait pas un bon moment pour le faire ? »

Au lieu de cette partie de rigolade assurée, au lieu de mettre tout le monde - organisateurs, médias, le vainqueur lui-même - face à ses contradictions et à son hypocrisie, bref au lieu de finir de foutre le bordel, Pasqualini s'est eclipsé avec le minimum de decorum. Au retour du dîner, on l'avait vu perdre son chip-lead suite à un 3-barrel bluff raté face à Sonny Franco, avant de faire doubler Marcin Wydrowski. Réduit à une grosse blinde à peine, le Corse a été forcé de jouer son dernier coup avec Q7 contre la paire de 7 d'Ouassini Mansouri. Un board K-3-9-9-As est rapidement retourné. Quelques minutes plus tard, Pasqualini est parti. Le feuilleton est fini. Jusqu'au prochain. Car que vous soyez du côté des lassés ou de celui des indignés il faudra s'y faire : il y en aura d'autres, des polémiques. JPP est de retour.

En l'absence d'instances gouvernementales globales pour régir le monde du poker de compétition (de type FIFA, NBA ou ATP), et en l'absence de retombées judiciaires concrètes, le scandale provoqué par les agissements supposés de Jean-Paul Pasqualini lors de la finale du Partouche Poker Tour 2009 (scandale qui a donc mis plus de trois ans à éclater !) n'a jamais trouvé d'épilogue véritablement satisfaisant pour le noyau dur de la communauté des joueurs. Beaucoup se sont insurgés, et le sont encore aujourd'hui. Quoi, c'est comme ça que ça marche ? On se casse deux ou trois ans, et on revient comme une fleur, comme si de rien n'était ? Le feuilleton Pasqualini est un peu comme une série Netflix dont des épisodes auraient été effacés par erreur. Il manque un truc. Des explications, une sanction, de la rédemption peut-être, enfin n'importe quoi qui pourrait permettre de clore un chapitre, et de passer à la suite.

Car les années passant, les passions s'estompent, le buzz se dégonfle : même si JPP reste encore absent de certains gros évènements de poker, de nos jours les organisateurs de pas mal de tournois ne semblent plus enclin à lui refuser l'inscription à leurs évènements, comme ils avaient été si prompts à le faire à une époque. Sa présence sur ce premier tournoi WPT organisé à Paris depuis des lustres le prouve, sa fiche Hendon Mob aussi. Certains nous le disent à demi-mot, en « off » : « On ne va tout de même pas l'interdire à vie ! » On peut les comprendre : ce n'est effectivement pas à eux, les dirigeants et cadres de sociétés commerciales et privées, de décider à la place d'instances qui n'existent même pas combien de temps exactement doit être purgée une peine qui n'a de toute façon jamais été infligée.

On peut comprendre aussi les nombreux soutiens de l'ancien champion déchu, ceux qui n'en peuvent plus de voir ressassée cette histoire. Lâchez-nous un peu avec ce merdier, qu'ils disent, de toute façon il la traînera toute sa vie cette réputation, elle est là sa punition, elle durera plus longtemps que n'importe quel triomphe, il pourrait gagner les dix prochains WPT que cela n'y changerait rien pour vous, cette histoire de langages des signes en finale c'est le sparadrap du capitaine Haddock et il ne se décollera jamais.

Alors que certains ont décidé que tout cela c'était de l'histoire ancienne (certains l'avaient d'ailleurs décidé dès le premier jour), d'autres n'oublieront jamais, ne digèreront jamais des faits certes supposés mais si faiblement et si brièvement niés à l'époque, pour lesquels aucune sanction sportive n'est tombée, et aucun euro de dommage et intérêt payé. Les lignes sont établies. Dix ans après les faits, elles ne bougeront plus.

Inévitable autant qu’inattendu

Clash de chip-leaders ! Sonny Franco élimine Marcin Wydrowski en 5e place (49 500 €) Main Event 1 500 € (Finale)

Avec en sa possession le deuxième plus gros tapis après l'élimination de Jean-Paul Pasqualini (26 BB au total), Marcin Wydrowski ne se voyait définitivement pas suivre le Corse vers la sortie. C'est pourtant exactement ce qu'il s'est passé, et ce à peine quinze minutes plus tard.

La raison ? Les lecteurs habitués n'en seront pas surpris : il fallait bien le plus gros, le plus classique et le plus inévitable des coin-flips pour que le polonais se fasse éliminer avant ses adversaires moins bien fournis en jetons.

Muni de QQ en petite blinde, Wydrowski a ainsi vu Sonny Franco faire tapis, directement et sans préliminaires, depuis le bouton. Comment lui en vouloir d’avoir snap-call ? Il n’y a que très peu de scénarios où sa main sera loin derrière.

Allez, c'est payé, qu'importent les longues considérations ICM : il y a un pot de 12 millions à gagner et derrière, ça sera la victoire quasi assurée, non ?

Non.

Franco retourne AK et va remporter le plus gros coin flip du tournoi grâce à un board A542A. Inévitable autant qu’inattendu.

Pour, Marcin Wydrowski, c’est un deuxième titre WPT qui passe tout près, sept ans après ce sacre à Prague. Consolation : un prix de 49 500 € qui le rapproche tout près du million de dollars de gains de carrière.

Une belle semaine de grind

Déjà finaliste sur le High Roller, Florent Estegassy est éliminé en 4e place (69 000 €) Main Event 1 500 € (Finale)

Florent Estegassy
Dans cette finale célébrant le retour du gros, du bon poker à Paris, il était le représentant minotaire d'une caste habituellement dominante : celle des joueurs online. Et malgré de belles intuitions (ce hero call face à Ouassini Mansouri) et des confrontations gagnantes (l'élimination de Duco Haven), il aura manqué un petit quelque chose à Florent Estegassy pour aller jusqu'au bout de sa deuxième finale WPT (la première, à l'ACF, remonte à 2013 et s'était soldée par une 7e place).

Il lui a manqué peut-être un peu de réussite, un tantinet plus de cartes jouables. Peut-être un peu de témérité aussi, comme lors de ce moment où il a limpé de petite blinde avec As-10 à six joueurs restants, mais refusé de payer le shove en BB de Sonny Franco, qui le couvrait (23 contre 31 BB) mais détenait un As inférieur. Probablement un fold ICM standard, mais il se peut que cette main le travaillera dans les jours à venir, quand sera digérée une élimination en 4e absolument pas déshonorante en soi.

Celle-ci s'est produit lorsque Florent a poussé 2,1 million et tapis (8 BB) en premier de parole avec K9, et s'est fait payé par un Ouassini Mansouri ayant trouvé deux Dames en SB. Le flop fut correct - 10-8-7 - mais n'a pas tenu ses promesses sur le turn 7 et la rivière 2.

Dans la foulée d'une victoire au nouveau « 104 » de Barrière il y a deux semaines, celui qui nous avions découvert lors de la dernière finale du WiPT au CCM (12e en 2018) signe son meilleur score en live (69 000 € remportés) et quitte le Palais des Congrès avec la satisfaction d'avoir disputé les deux plus grosses finales du festival : il y a deux jours, il terminait en 9e place du High Roller.

Bye Bai

Lianmin Bai éliminé en 4e place (97 000 €) Main Event 1 500 € (Finale)

Cela ne pouvait pas durer, évidemment. Après trois heures sans élimination (et donc trois heures interminables, même si une pause-dîner est venue apporter un peu d'animation bienvenue au milieu de la mer calme), la structure a fini par rattrapper les joueurs : on en a perdu quatre en soixante minutes chrono, permettant de dénouer le duel final. Après Jean-Paul Pasqualini, Marcin Wydrowski et Florent Estegassy, au tour de Lianmin Bai.

Lianmin Bai
Le chinois (qui s'exprime par ailleurs dans un français impeccable, et semble avoir commencé à fréquenter les cercles parisiens au cours de la décennie précédente) avait entamé la journée avec un stack moyen, et n'a jamais véritablement pu imprimer sa marque sur la finale. Qu'on ne s'y trompe pas, cependant : atteindre le podium est déjà une belle démonstration des instincts de survie de Bai, qui a grimpé l'échelle des prix petit à petit pour en définitive s'assurer un prix de presque six chiffres.

Après une longue période short-stack, c'est avec 15 BB et A3 qu'il a joué son dernier coup, depuis le bouton. Avec AK, Sonny Franco a trouvé un call facile et a du attendre la rivière d'un board 9A8410 pour que soit confirmée sa domination.

Lianmin Bai remporte 97 000 €. Il triple d'un coup d'un seul son total de gains en live depuis 2009 !

Le heads up final du WPTDeepStacks Paris opposera Sonny Franco et Ouassini Mansouri avec un très large avantage en jetons du côté du premier.

Mansouri, pas de quoi faire la grimace

Ouassini Mansouri éliminé en deuxième place (136 788 €) Main Event 1 500 € (Finale)

Sonny Ouassini
20 minutes, accolade comprise : on n'aura pas eu à patienter longtemps avant de connaître le vainqueur du duel final du WPTDeepStacks Paris. Son identité ne surprendra personne... Pourquoi ? Simple : arrivé en HU d'un tournoi, Sonny Franco gagne deux fois souvent qu'il ne perd. Les statistiques sont formelles et ce n'est pas avec un tel avantage en jetons (plus de 3 contre 1) qu'elles allaient être démenties ce soir.
Ouassini
Avant de célébrer Franco, un hommage à Ouassini Mansouri s'impose. Le francilien a éliminé plusieurs joueurs , executé des bluffs parfois osés et bénéficié d'au moins un beau coup de chance, lorsque son Roi-10 s'est amélioré contre le As-10 de Lianmin Bai. Bref, une partie bourrée d'émotions et de rebondissements, et si ce tirage floppé sur la dernière main (J10 sur 823) avait trouvé l'une de ses nombreuses outs face au fragile K8, on se serait peut-être retrouvés à vous chroniquer une longue et féroce bataille en heads-up.
Heads Up
"Ils avaient enlevé les trèfles du paquet", a raillé Antonin Teisseire depuis les tribunes, comme pour sous-entendre qu'un combat contre un Franco en grande forme est un combat perdu plus ou moins perdu d'avance. Et malheureusement pour ses adversaires, Sonny Franco n'est que rarement en petite forme.

Battu (mais pas défait !), celui qui avait remporté une bague WSOP-C à Marrakech en 2017 se contente cette fois de la position du challenger. Elle est bonne pour 136 788 €, tout de même !

Sonny un jour, Sonny toujours

Sonny Franco remporte le WPTDeepStacks Paris (200 000 €)

Sonny Franco
"Aucune idée ! Je n'ai jamais compté..." Pas grave, Sonny Franco : ton duel final contre Ouassini Mansouri n'avait même pas encore débuté que la presse faisait déjà les calculs. Quiz : combien d'épreuves live cet infatigable perfeur à t-il gagnés depuis ses premières apparitions sur le circuit en 2011 ? D'après la base de données Hendon Mob, cette victoire sur le premier event World Poker Tour organisé à Paris en cinq ans porte le total à...

…dix-sept.

Un chiffre gargantuesque, qui se suffit à lui-même pour décrire la régularité de ce compétiteur qui semble imperméable à la variance. On y ajoutera tout de même quelques autres : comme indiqué un peu plus tôt dans la soirée, Sonny Franco n'a perdu qu'à seulement huit reprises une fois arrivé au duel final d'un tournoi. Il y a des joueurs qui se contenteraient amplement d'une carrière seulement composée de 8 HU perdus ! Et avec ce titre à 200 000 €, le voilà qui franchit la barre des 2 millions de dollars de gains et ajoute un trophée à une armoire où l'on retrouve déja cinq bagues WSOP Circuit, un Unibet DSO, le Highroller du SISMIX, et un Barrière Poker Tour… le tout en prenant la tête du Leaderboard des tournois européens du WPT, ceci grâce à une quasi-victoire à Bruxelles il y a trois mois (runner-up face à Grégory Grech). Si Sonny parvient à conserver son trône après les prochaines étapes d'Amsterdam et Deauville, les deux dernières de la saison WPT, alors il recevra 10 000 € en crédits pouvant être utilisés sur n'importe quel tournoi du circuit… en plus d'un nouveau trophée.

Vite vite, pas de temps à perdre avant la prochaine destination, le prochain festival et (probablement) la prochaine perf : Sonny est déjà en route vers la suite. Encore quelques étapes en Europe et puis derrière, il y a Vegas, qu’il rejoindra aussitôt que débuteront les WSOP. Lui qui a vaincu Marrakech lui a tout seul, lui qui a conquis nombre de places fortes européennes, saviez-vous qu’il est encore en tête de sa première finale à Sin City ? Au sein d’un tel palmarès, voilà une carence qui fait tâche !

Résultats - WPTDeepStacks Paris 1 500 €
853 inscriptions - Dotation 1 105 488 €

Sonny Franco
Vainqueur : Sonny Franco (France) 200 000€ + ticket 2 000€
Runner-up : Ouassini Mansouri (France) 136 788€
3e : Lianmin Bai (Chine) 97 000€
4e : Florent Estegassy (France) 69 000€
5e : Marcin Wydrowski (Pologne) 49 500€
6e : Jean-Paul Pasqualini (France) 37 000€
7e : Duco Ten Haven (Chine) 29 200€
8e : Gilles Gauyacq (France) 23 800€
9e : Ivan Sheptytskyi (Ukraine) 19 700€

La prochaine, ça sera au 62 rue Pierre Charron

Essai transformé pour le premier évènement du nouveau club de jeu... ...mais on a hâte de les retrouver au sein de leurs murs

WPTDeepStacks Paris
"Pour que cet évènement puisse avoir lieu, il a fallu un alignement de planètes absolument inimaginable." Ainsi parlait un des responsables du Club Pierre Charron à mi-chemin du WPTDeepStacks, qui s'est terminé lundi soir au Palais des Congrès de Paris. Quand les bâtisseurs de ce tout nouveau club de jeux se sont rendu compte, il y a quelques semaines de cela, qu'ils n'obtiendraient probablement pas à temps les dernières autorisations nécessaires - une inspection de sécurité par-ci, un contrôle de routine par-là - pour ouvrir leurs locaux, il leur a fallu cogiter (vite) et agir (encore plus vite).

Trouver un lieu bien situé, présentant bien, offrant assez d'espace et surtout disponible en dernière minute pour y organiser un retour très attendu à Paris, celui du World Poker Tour. Faire jouer ses contacts afin de convaincre les gérants du dit-lieu, pas forcéments lecteurs de Poker52 ou LivePoker, que notre jeu préféré ne ressemble plus à celui qu'on voit dans les westerns. Convaincre les pouvoirs en place que la disposition légale (et jamais utilisée avant) permettant la délocalisation temporaire d'une licence de jeu pouvait aussi s'appliquer à un établissement pas encore ouvert. Trouver les bonnes personnes pour dessiner les plans, passer des centaines de coups de fil, se procurer le matériel, bref remuer ciel et terre et aménager en un temps record : tables, câbles, caméras, micros, réseau, plateau et régie TV, bar. Faire circuler l'info auprès des joueurs, aussi, car tout cela n'aurait servi à rien si personne n'était venu. Et enfin, une fois tout le monde sur place, travailler jour et nuit une douzaine de jours pour que tout fonctionne.

Pour son tout premier évènement, organisé avant même son ouverture officielle, le Club Pierre Charron a passé le test haut la main. On s'en doutait un peu, que le bébé avait des parents compétents, lorsque l'on a reconnu le premier jour nombre de visages familiers dans les sièges de croupier, à la technique ou derrière le bar. On en a eu la confirmation au cours des soirs suivants : c'est une organisation au poil qui nous a été servie sur un plateau de A à Z. De quoi faire grandir notre impatience avant le mois de mai, et l'étape WSOP Circuit Paris organisée en partenariat exclusif avec Winamax (les satellites arrivent !)

Et si tout se passe bien, ce prochain rendez-vous se tiendra dans les vrais locaux du club, au 62 de la rue qui donne son nom à l'établissement. On a pu y jeter un oeil l'autre jour… et on a l'autorisation de vous livrer deux ou trois photos volées ! Oh, rien de bien précis : hors de question de tout vous montrer maintenant. Il vous faudra découvrir le reste avec vos propres yeux !

Pierre Charron
Pierre Charron
Jetons Pierre Charron
Si vous avez connu la grande époque du poker à Paris et un certain cercle des Champs-Elysées, vous serez forcément titillé par la découverte des futurs jetons du club Pierre Charron
Pierre Charron Jetons
Pierre Charron