Jour 8 : monter sa bankroll en NL 5
Au cours de cette première semaine, j’ai eu l’occasion de jouer pas mal de mains (28000) en NL 5 SH pour un gain de 180€. On m’a demandé à plusieurs reprises des conseils pour battre cette limite, qui il est vrai, peut être pénible. J’ai pu constater régulièrement que tous les conseils que je fournis dans ce post, aussi basiques soient-ils, ne sont que rarement mis en pratique aux tables. Cet article s’adresse évidemment aux débutants et aux personnes désireuses de comprendre comment gagner à ces limites.
- Range de départ :
Tout d’abord, je conseillerais d’adopter un jeu TAG (tight-agressif), un poker solide. Pour moi, je sais que jouer 22/19 fonctionne, mais si vous débutez, il peut être sage de jouer encore plus tight, afin d’éviter de vous mettre en difficulté. En terme de range d’ouverture (comprenez les mains à relancer, le limp étant banni de votre jeu ), voici une ligne directrice très tight, mais qui peut servir de base et être adaptée en fonction des tables/adversaires :
UTG : AJ+, KQ, 22+
CO : UTG, AT+, A7s+, KJ, KTs, QJ, QTs, JTs, J9s, T9s
BTN : CO, A2s+, A7+, KT+, 67s+, T9+
SB : dépendant de la BB, mais une approche très serrée est recommandée.
La SB étant la pire des positions, essayez vraiment de limiter le nombre de mains que vous y jouerez. Je sais qu’il est toujours tentant de payer une relance pour défendre sa blind, mais sachez que sur le long terme, vous perdrez beaucoup d’argent en jouant trop de mains dans ces positions. Surrelancez vos premiums dans les blinds et passez les mains marginales.
J’insiste sur le fait que ces indications ne sont pas à suivre à la lettre, mais jouer un éventail de mains fortes permet d’être gagnant à ces limites. En vous engageant avec des mains marginales (du type connecteurs assortis, one gaper) si vous débutez, vous allez
vous mettre dans des situations complexes et faire des erreurs.
Si un joueur a déjà ouvert par une relance, il vous faudra en règle générale payer avec des mains plus fortes que celles avec lesquelles vous auriez vous-même relancé à la même position que votre adversaire. Vous pouvez par contre payer une relance de 3x la BB avec n’importe quelle paire servie, car vous avez de bonnes cotes implicites qui justifient le call.
- Le value bet :
Le value bet est une mise que vous effectuez lorsque vous pensez avoir la meilleure main et qui peut souvent être payée par votre adversaire qui détient des mains moins fortes. Le value bet est certainement la notion la plus importante à connaître lorsque l’on débute le cash game. J’ai souvent vu en micro-limites des joueurs vouloir slowplay des jeux max pour attraper leur adversaire, au lieu de miser. C’est rarement une bonne idée. Au final, vous allez perdre énormément de value à checker tout le long pour finalement miser sur la rivière. Quand vous avez une main, vous voulez faire grossir le pot dès le flop, faire payer des éventuels tirages et non pas attendre la rivière pour vous rendre compte qu’au final vous n’allez rien gagner. Et ne misez pas 1 blind ! Misez entre 50% et 80% du pot, c’est de cette façon que vous prendrez de la value.
- Le bluff :
C’est très simple, ne bluffez pas ! Il est inutile de bluffer pour être gagnant en micro-limites. Le seul bluff autorisé lorsque vous débutez est le continuation bet (la mise de continuation). Mais ne vous lancez pas dans de gros bluffs à tapis contre des adversaires qui ne vont simplement pas folder une 3ème paire. Effectuez votre mise de continuation sur les flops dry (peu connectés et avec peu de tirages), check/foldez les flops connectés si vous avez complètement raté. Si votre cbet est payé et que vous n’avez aucune amélioration possible, abandonnez le coup et ne vous accrochez pas à vos mains. AK est une jolie main, mais sur un flop 6d7s9s, ça ne vaut rien !
- Profil des adversaires :
Sachez repérer le profil de votre adversaire. Est-il passif, agressif, large, serré, calling station, nit… ? J’ai pu affronter tous les profils type de joueurs à ces limites.
- La calling station : encore une fois, ne le bluffer pas ! Ce joueur aime payer et voir votre main. Il n'aime pas miser et préfère vous laisser l'initiative. Il ne passera jamais un tirage quel qu'il soit. Contre ces joueurs, une seule solution, attendre des mains et value bet fort !
- L'agro monkey spewy : un joueur très agressif avant et après le flop, mais qui va finir par passer le bluff de trop et distribuer son argent quand vous aurez réellement une bonne main.
- Le nit : un joueur extrêmement serré. Lorsqu'il entre dans des coups, il est généralement bien armé puisqu'il joue très peu de mains. Méfiez-vous, ces joueurs ne lâchent pas facilement leur argent. Si un nit mise fortement, vous feriez mieux d'avoir une main qui tient très bien la route.
- Le regular : un joueur qui comprend le jeu et réfléchit. Attention aux regulars, ce sont les joueurs les plus pénibles car ils font beaucoup moins d'erreurs que les autres. N'essayez pas dès le départ de partir en guerre contre ces derniers. Ce ne sont pas eux vos cibles privilégiées, mais bien tous les autres profils de joueurs.
Pour finir, sachez lâchez vos mains. Si un joueur passif se met à miser cher, soyez sûrs qu’il a une main très forte. Si vous ne battez qu’un bluff, passez votre main. De la même façon, évitez de payer « pour voir » le turn. Si vous avez totalement raté le flop, passez.
Enfin, sachez qu’il faut beaucoup de discipline pour appliquer cette stratégie. Si vous commencez à vous dire « pour une fois, je peux défendre ma blind avec Q8s », vous risquez rapidement de vous éloigner de votre stratégie de départ et de jouer un jeu qui n’est pas
gagnant. Vous allez me dire que vous saviez déjà toutes les choses que je vous conseille d’appliquer et qu’elles ont été dites 100 fois. Eh bien ce n’est pas pour rien ! C’est bel et bien de cette façon que vous battrez les micro-limites.
Voici pour terminer un petit point sur ma dernière session et ma bankroll en fin de journée. Je n’ai pas joué autant de mains que d’habitude. Une journée yo-yo, mais finalement positive en NL 10 :