La mouTarbes me monte au nez
Dans la tête d’un couvreur au WiPT (2e partie)

13h20 : Reprise de la partie aux blindes 400/800. On s’inquiète de l’absence de Guy et Gilles. Où sont-ils ? Sieste ? Repas qui s’éternise ? Les blindes tournent vite !
13h30 : Un nouveau joueur arrive à ma gauche pour remplacer Jean-Yves. « Comment tu t’appelles ? » « Toto ! » « Bali-Balo », enchanté, réponds-je.
13h35 : Retour de Guy et Gilles. « On a mangé ensemble au Buffalo Grill. » Voilà le mystère éclairci.
13h39 : Une relance, un call, un autre qui fait tapis pour 10,000 : je jette mon As-Dame de grosse blinde. Je tiens tellement à ne pas faire de bêtises dans ce freeroll que je joue plus serré que sur un tournoi payant, c’est un comble ! On ne verra pas les cartes du joueur à tapis car Sébastien passe aussi, mais en montrant As-Dame, ce qui me conforte un peu dans ma décision.
13h41 : Les blindes n’en finissent pas d’augmenter, et à 500/1,000, moi je n’en ai plus que 20. Il faut faire attention.
13h47 : « L’important ce ne sont pas les cartes… » déclame Toto en poussant ses 6BB avec 7-2 dépareillés. Il est payé par Sébastien avec [Kd][9d], et la meilleure main de départ reste en tête.
14h00 : « C’est à qui de jouer ? » C’est toujours au con qui demande, Sébastien ! Les blindes augmentent encore et je n’ai toujours pas de jeu.
14h01 : Les blindes passent à 600/1,200 et Pierre vient remplacer Toto à ma gauche. « Attention, je dis, c’est une table de mecs qui jouent bien. T’es sûr que tu veux t’asseoir ? »
14h10 : Le style atypique de Sébastien me fait faire des conneries. Je relance avec [Kh][Qh] et ne mise pas sur le flop [3c][2c][4d]. Le turn est un [7s] et Sébastien mise, je suis persuadé qu’il bluffe mais ne veux pas prendre le risque ultime en envoyant mon tapis. Alors je paie (un quart de mon tapis, au secours !) et suis obligé de passer, honteux, sur son shove rivière. Ca y est, je n’ai plus que dix blindes, et je pousse rapidement mon tapis avec [Js][9s]. Emmanuel, qui avait limpé, jette Roi-Valet !
14h18 : Paire d’As ! J’ai une paire d’As ! Youpi ! En plus, y’a de l’action : Jean-Marc envoie 3,000 UTG, Emmanuel paie de petite blinde. De BB, je n’ai pas trop à me casser la tête : je pousse mes 18,000. Déception : Jean-Marc passe sa paire de 5, et Emmanuel abandonne aussi. Je montre ma main, bien entendu.
14h20 : 800/1,600. Il reste 66 joueurs. La moitié du chemin, à peu près, est accomplie.
14h35 : « C’est 600/1,200 les blindes ? » Encore Sébastien. « La Police des Blindes va te retirer ton Permis de Jouer au poker… » « Est-ce qu’il l’a jamais eu, le permis ? » rigole Alain. Guy est mi-amusé, mi-consterné : « Il n’y a que Winamax pour le donner à des joueurs comme ça… » Guy sort Jean-Marc avec deux paires floppées contre top-paire.
14h50 : Alain est à tapis avec une paire de 10 contre les 9 de Sébastien, qui perd donc un gros coup et son statut de chip-leader de la table, qu’il ne récupérera jamais.
14h56 : Gros coup ! Guy min-raise à 2,000, c’est payé par le bouton. Je défends ma BB avec [8c][9c] et trouve (encore) un flop qui me convient : [8h][9h][2h]. Je check/raise à tapis. Guy a misé cher et réfléchit un moment avant de se résigner à payer avec [Ac][8d]. Je suis content qu’il n’ait pas de cœur en main : le turn et la rivière n’apportent aucun désastre et je double à 42,000. Guy se rattrape la main suivante en gagnant un flip à tapis. Quant à moi, je distribue mes jetons directement en doublant Christophe avec [Kd][Jd] contre [As][Qs], je perds 10,000 dans l’opération.
15h03 : 1,200/2,400. Gilles envoie son tapis pour 21,000. Je ne peux pas passer ma paire de 9. Gilles montre [Ks][Qs] et je gagne un flip crucial. Une élimination, me voilà à 63,000, il reste 50 joueurs.

Yann et Steven, organisateurs WiPT pour la région Sud-Ouest
15h05 : Yann passe devant ma table et rigole. « Tu es à fond dans ton tournoi », dit-il en zieutant mon tapis. Ca ne m’empêche pas de faire doubler l’un des nouveaux arrivants à la table, Guy (encore un Guy), avec 10-10 contre J-J. Je touche un 10 au flop qui me fait espérer un chattage miracle, mais Guy repasse en tête sur le turn lorsque sa quinte rentre. Je retombe à 40,000, ne nous affolons pas. Ou peut-être que si : je relance [Ac][Jc] la main suivante et jette mes cartes sur Roi-8-5. Je retombe encore : 30,000.
15h15 : Christophe élimine Pierre, et moi Emmanuel, qui pousse avec Roi-10 contre mon [Ad][Qd]. Je remonte à 45,000 et bientôt les blindes passent à 1,500/3,000.
15h30 : Notre table casse après cinq heures de jeu. Je souhaite bonne chance à mes adversaires et salue de nouveaux joueurs en table 5, dont Carine, une des trois dernières joueuses en course, et Stéphane, joueur local « grande gueule » habitué des casinos. Je m’assois et vois Sébastien (un autre) éliminer un joueur avec 88 contre 33. Gros pot.

Stéphane
15h32 : Je ne suis pas un expert en jeu short-stack (pas que je sois bon en deep-stack non plus d’ailleurs) et ne sais pas trop quoi faire avec 15BB et les mains semi-légitimes que je reçois en début de parole : 22, 44, Roi-Valet… Dans le doute, je passe. Je n’ai vraiment aucune envie de sauter maintenant. Mon objectif étant désormais simple : apparaître sur la photo souvenir des finalistes.
16h06 : Les éliminations défilent, le compteur des blindes aussi, mon tapis n’augmente pas, bien au contraire, nous ne sommes plus que 36 et devons désormais poser 2,000 et 4,000 à notre tour. Je min-raise avec [Ac][Kc] et prends les blindes, fais tapis pour 8BB avec As-8, et la grosse blinde est assez sympa pour jeter la même main.
16h18 : Plus que trois tables ! Blindes 2,500/5,000. La finale est à portée de main, mais avec mon stack, je suis plus proche de la sortie que de la gloire. Moi et mes adversaires restons silencieux, les conversations badines ont laissé place à la nervosité. Yann tente de détendre l’atmosphère en se baladant autour des tables avec un plateau où est posé une pancarte « Bad Beat ». « Qui veut un bad-beat ? Prenez les commandes ? » Je lui en demande un pour toute ma table, sauf moi. Je ne veux toujours pas sauter et passe une paire de 77 après une relance. Je veux rester en contrôle en étant le premier à faire tapis avec de la fold equity. Là, j’aurais été payé à tous les coups, et pas forcément en position dominante.
16h40 : LE coup de chance de mon tournoi, celui qui va me permettre d’aller (presque) jusqu’au bout. Benoît limpe pour 6,000. Un autre joueur fait de même. A mon tour, j’envoie mon tapis pour 32,000 avec une main pas trop dégueulasse : [Ah][9h]. Mais Benoît était en train de piéger : il me paie dans la foulée avec [Ad][Qd]. Miracle des miracles, je trouve un 9 sur la rivière ! Je passe à 80,000 et m’excuse sincèrement auprès de Benoît, qui a bien joué le coup et ne méritait pas de perdre. « Tout à l’heure j’ai envoyé tapis avec mes Rois et personne n’a payé, je voulais varier un peu… »
16h53 : La honte : j’arrive encore à me planter dans la distribution des cartes à ce stade de la partie. Misdeal ! Je suis rouge de confusion. Nicolas fait un strike, éliminant deux joueurs avec As-Roi contre Dame-Valet et As-Dame. Je jette encore de bonnes mains, comme [Ad][Jd], dès que je vois trop d’action.
16h56 : Blindes 4,000/8,000. Nous sommes 21, la moyenne est de 80,000, moi j’ai 70,000.
17h01 : Deux As ! Encore ! Et pourtant, je vous assure que ce n’est pas moi qui mélangeais le paquet lors de ces coups de pot inespérés. Et en plus, je suis servi : un joueur fait tapis après ma relance. Normal, il possède As-Roi et je double une fois de plus sans difficultés. J’ai 150,000 et les demi-finales débutent : nous ne sommes plus que 20. Allez, encore quelques efforts !
17h10 : Nom de Dieu, paire d’As… La troisième de la journée ! Et je trouve encore un joueur (Nico) pour mettre tapis avec une belle main : As-Valet. Je l’élimine et passe à 240,000. Je perds 37,000 juste derrière lorsque Romain gagne un flip avec As-Roi contre ma paire de 10.
17h20 : Carine est éliminée en 17ème place. Ce WiPT Tarbes est désormais un « Men Event ». De mon côté, je passe encore et toujours de belles mains lorsque les gros tapis s’excitent : un As-Dame de plus jeté à la poubelle sans avoir investi un jeton. C’est sans doute l’enseignement technique que je tirerai de cette étape : il ne faut pas hésiter à refuser certains spots paraissant pourtant évidents, jouer serré plus que raison pour attendre des situations un poil plus sûres.
17h25 : A mon tour de striker : j’élimine Guy (un des rares rescapés de ma table de départ) et un autre joueur lorsque mon As-Roi tient à tapis avant le flop contre As-7 et Roi-Valet. Nous ne sommes plus que dix et le main par main commence autour des deux dernières tables.
17h40 : Je relance avec [Ks][9s] et Romain envoie son tapis. Je n’ai pas beaucoup à ajouter, je suis obligé de payer : il me montre [Tc][Td]. Le board : [Ac][9h][3h][8c][Kd]. J’ai commis une horreur de plus, mais Romain ne part pas en dixième place les mains vides : d’ordinaire, seuls les neuf premiers sont primés lors des étapes live du WiPT (avec des « miles » à dépenser sur Wina), mais ma présence décale naturellement l’échelle des prix d’un cran.
17h41 : Et voilà : pour ma toute première participation au Winamax Poker Tour, je suis en finale, et avec le plus gros tapis qui plus est !
A suivre…