Winamax Poker Open Bratislava 2023-Main Event - 1D

[Rootsah11]

Le Team W assoit sa domination

5 pros W supplémentaires franchissent le Day 1, portant le total de qualifiés Day 2 à 9... plus une invitée surprise ! Kool Shen, Davidi Kitai et Gaëlle Baumann s'installent parmi les chip-leaders Main Event 500 € (Fin du Day 1D)

1h30 du matin dans la salle de tournoi principale. Cela fait déjà une bonne demi-heure que le main-par-main du Day 1D a démarré. Il s'agit de la quatrième bulle de ce Main Event. Comme souvent, on espère que le passage du cut est pour bientôt : en effet, deux joueurs ne possèdent plus que quelques milliers de jetons. Ils sont au bord du précipice. Mais on le sait : tout peut arriver, et le prochain all-in and call pourrait bien concerner d'autres joueurs également mal lotis. Pourquoi pas dans l'autre salle, tiens, où se trouve le plateau télévisé.

Et d'ailleurs, c'est bien là que va se jouer le premier écueil de cette bulle. Au micro, Micka, le TD, annonce un premier coup à tapis payé. As-Roi contre une paire de 6 chez le shortstack. Micka, en liaison téléphonique avec cette salle "d'en-dessous", égraine une à une les cartes du board... Et tout le monde se prend à imaginer une élimination, quand une Dame et un Dix sont annoncés sur le tableau, donnant davantage d'outs au plus gros tapis des deux. Mais la river est un un décevant 3. Allez, c'est reparti pour un tour. Les shortstacks tremblent, de nouveau.

Mais cette fois, Micka n'aura pas à parler au téléphone : deux all-in and call sont annoncés simultanément dans la salle principale. "Bon, comme tout le monde est déjà réuni autour de cette table, on va commencer ici", décide Micka, qui enjoint aux deux joueurs de dévoiler leurs cartes : AK chez Stéphane Courtin, largement couvert avec 51 000 jetons, opposé à 77 chez Pascal Ridet, qui avait relancé préflop avant de payer le all-in adverse. Là aussi, le flop donne de l'espoir à notre shortstack : Q109. Des Valets, des As et des Rois, pour être précis. Le turn est un 3... et la river un 6, qui arrache quelques oufs de soulagement à ceux qui étaient sur la sellette : Stéphane termine 114e et bubble-boy de ce Day 1D.

Visiblement déçu, et on le comprend, ce joueur de club, ITM sur le Main Event du WPO Dublin 2015, ne rééditera pas sa performance à Bratislava. - Rootsah

W puissance 5

Elle aussi ne pensait certainement pas boucler la journée avec un tapis aussi massif : avant la toute dernière main du jour, Gaëlle Baumann était ainsi bloquée dans la moyenne. Mais la Strasbourgeoise a bénéficié de ce qu'on peut appeller un cadeau offert par Konstantinos Nanos, pourtant l'un des joueurs les plus titrés du field (un titre WPT à Vienne, notamment). Le Grec n'a pas hésité à 4-bet call son tapis de 416 000 avec 9-9, quand O RLY avait tout mis au milieu avec les papiers, deux beaux Barbus, sur un 5-bet all-in pourtant bien puissant. Résultat, la plus ancienne joueuse du Team termine avec 857 000, au terme d'une journée mouvementée : "À un moment, je suis redescendue à 15 BB. Je suis passé de 400k à 150k, c'était l'enfer. Puis j'ai doublé à la bulle, à cinq places de l'ITM, avec A-Q contre J-J. Derrière, j'avais une bonne position, avec deux petits tapis à table qui ne pouvaient pas faire grand-chose, du coup j'ai pu prendre les blindes et un petit pot pour monter à 400k." La suite, vous la connaissez.

857 000, c'est déjà un tapis énorme : pourtant, deux autres joueurs de l'équipe la plus titrée d'Europe ont fait encore mieux. Oui, c'est peu de le dire, le Team W a rasé dans ce Day 1D : ils sont trois dans le top 10 de cette journée. On commence avec le moins gros des deux mastodontes, Davidi Kitai, qui a "baggé" un très beau 897 000. En faisant du Kitbul, c'est-à-dire en exploitant au maximum le field de ce WPO : "C'était fluide, mais j'ai surtout marché sur ma table durant les deux derniers niveaux. Plus tu t'approches de la bulle, plus tu peux voler. On appelle cela "bully" la bulle," explique le Belge, qui a pu se régaler avec trois joueurs shortstacks à sa table en fin de journée. "Ce n'est pas quelque chose que l'on peut faire sur tous les tournois." En tout cas, il était temps de monter un gros stack : le Génie en était déjà à sa cinquième bullet dans ce Main Event. "J'ai investi l'équivalent de 250 000 jetons, donc on peut dire que j'ai gagné 607 000 seulement !" Davidi va cependant devoir aller beaucoup plus loin pour rentrer dans ses frais... - Rootsah

Mieux que Gaëlle, mieux que Davidi, mieux que LeVietF0u et Romain Lewis les jours précédents, Kool Shen se qualifie pour le Day 2 au terme d'un Day 1D qui n'a pas manqué de déchaîner les passions à l'approche de la bulle. Et s'ils sont globalement nombreux à accéder au Day 2 avec des stacks on ne peut plus conséquents, Bruno a quant à lui réalisé une performance d’autant plus impressionnante : monter pas moins de 994 000 jetons et finir en tête du classement du Team W. Pour ce faire, le vainqueur du Main Event du WiPT en 2016 a grappillé les jetons au fil de la journée avec, notamment une main quelque peu déterminante.

“À un moment donné, j’ai 10-9 dépareillé en bataille de blindes. La petite blinde open, je call. Le flop vient K-10-2 avec deux piques. Je décide alors de check-call. Le turn est une brique et mon adversaire mise deux tiers du pot. Je call. River, Dame de pique. Mon adversaire check et je fais tapis. Après un long moment d’hésitation, il fold et cela me permet de conserver un stack conséquent". On apprendra un peu plus tard que son adversaire a trouvé un fold avec A-K dépareillé sur ce coup. Sick. - VictorP

Ce très beau tiercé est complété par Leo Margets, qui manque de peu le Top 10 (629 000), et Mehdi Chaoui, dans la moyenne avec 361 000

Les autres héros du Day 1D

Camille Lemardelay termine chip leader avec 1,04 million de jetons, il passe d’un cheveu devant Adrien Guyon. Le Parisien, qui s’est qualifié sur le premier satellite programmé sur notre site, a vécu une journée idyllique. Pour son deuxième live Winamax il convertit l’essaie dès la première bullet. Propulsé dans les cimes du classement grâce à un coup quinte contre quinte à quelques encablures de la bulle, celui qui joue sur Winamax avec le pseudonyme MCLutherking va pouvoir espérer bien mieux qu’un simple « min-cash » (1 000 €). Venu avec quatre amis, ce directeur général de la plateforme en Super Prof aura après cette journée deux options : aller célébrer cette performance au bar avec la jungle des joueurs du Midnight Déglingos… ou se coucher tôt pour pouvoir appréhender au mieux son Day 2. Un choix ardu ?

Roland Pardoux quant à lui boucle sa journée avec 994 000 jetons. Le membre du Grenoble Poker Pontois n’est pas du tout inconnu de nos services : « J’ai dû déjà prendre au moins une quinzaine de packages via le club, je fais les live Winamax depuis pas mal de temps maintenant. » 8e sur le WPO Dublin 2018, il semble connaître le chemin pour monter des jetons. Cet ancien joueur d’échecs international est un personnage extrêmement souriant et sympathique, souhaitant monter sa boite en tant que comptable, nul doute que l’argent à aller chercher à la première place pour l’aider dans cette aventure.

Il aura fallu qu’Adrian Ivasiuc utilise cinq droits d’entrée pour empocher son sésame pour accéder au Day 2. Le Moldave a réussi à monter 877 000. Ce professionnel des tournois live est ici depuis le début du festival : « Les soirées ? Très peu pour moi, je suis ici pour jouer, et à part un ITM sur le Colossus pour l’instant je n’ai pas fait de résultat. » On comprendra la rigueur que s’impose cet ancien étudiant en analyse de donnée pour être le plus compétitif possible. - Phil Anthropik

Lui-même ne s’attendait probablement pas à se retrouver parmi les chipleaders du jour : mais pourtant, c’est bien un stack de 900 000 jetons que Mickael Lacaze emballe pour le Day 2 : « Mais avant la dernière pause de la journée, je n’avais plus que 50 000 ! sourit le joueur de la Team ATM. Sauf qu’il y avait un joueur fou, très aggro, à ma table… Je commence par doubler avec 2-2 contre A-10 pour remonter à 100 000, puis sur la main suivante, je fais deux Dames contre As-Dix. Là, je passe à environ 300k… Et je me retrouve à tout mettre au flop contre ce joueur avec 7-7 sur un flop 9-7-4. Il a 9-7… C’est incroyable, un vrai ascenseur émotionnel. Moi qui envisageais de rentrer à Budapest demain, je vais devoir rester encore un peu ! » Car oui, Mickael fait partie de ces grinders français expatriés pour pratiquer le poker de manière professionnelle. « Je suis pro depuis quatre ans sur le format Expresso. Cela fait trois ans que je vis à Budapest, avec plusieurs membres de la Team ATM. J’ai fait des MTT pendant deux ans, et j’ai multiplé par cinq mon « average buy-in » en rejoignant la team. Mais je voulais changer d’hygiène de vie, et les Expresso sont bien pour ça… En live ? J’ai déjà fait Vegas une fois, d’ailleurs j’avais fait ITM sur le Main Event WSOP, un bon souvenir [907e en 2021]. Sinon, je joue tout ce qui est à proximité de chez moi, comme l’EPT Prague par exemple. » Et visiblement, les festivals Winamax ne lui réussissent pas trop mal : « L’an passé, j’avais déjà atteint le Day 2 de ce WPO, avec 600 000 jetons, avant de finir 100e environ [93e exactement]. Là, je jouais ma 3e et dernière bullet dans ce tournoi. En fait, je suis resté assez raisonnable, mais j’ai aussi joué le Battle Royale, le tournoi de Heads-up, le Sprint, le Tornado KO. Le format 6-max, ça change tout ! Alors j’envisage aussi de faire le Sismix à Marrakech à l’avenir. » Ce joueur de 26 ans, qui joue au poker depuis sa majorité (« J’ai ouvert un compte en ligne le lendemain de mes 18 ans ») sera en tout cas un client sérieux pour le Day 2 ! - Rootsah

Day 1D : le Top 10

NAME	CHIPS
Camille LEMARDELEY	1 052 000
Bruno LOPES	994 000
Roland PARDOUX	994 000
Mickael LACAZE	900 000
Davidi KITAI	897 000
Adrian IVASIUC	877 000
Gaëlle BAUMANN	857 000
Pierre NEUVILLE	837 000
Martins GAVRILOVS	710 000
Robert CLARAZ	702 000

Day 1D : le classement complet

Welcome back, Master !

On ne l'a jamais vraiment perdue de vue, malgré l'éloignement et le temps qui passe. Douze ans après son départ du Team Winamax, Almira Skripchenko était de retour aujourd'hui sur un festival de poker, à la faveur d'une invitation lancée pour affronter des amateurs aux échecs en marge de l'évènement, en compagnie d'autres grands maîtres internationaux comme elle. Mais il eut été évidemment impensable de ne pas lui proposer à celle qui a parcouru le circuit en long et en large au sein du Team entre 2008 et 2011 de participer aussi au Main Event. Ni de l'inviter à figurer en guest star très spéciale de la traditionnelle photo de fin de journée rassemblant tous les pros W qualifiés pour le tour suivant.

Car oui : pour son premier gros tournoi depuis une décennie, Almira est arrivée au bout du Day 1. ITM. Avec l’un des plus petits tapis, certes. En souffrant, certes. Mais avec des sensations intactes. « Je n’en pouvais plus à la fin ! Mais j’ai adoré retrouver cette ambiance d’un gros tournoi de poker… » Avec une différence de taille : l’enjeu. « Cette fois, je n’ai plus du tout ressenti la pression que j’ai pu me mettre dans le passé. »

Entre 2011 et 2023, le poker a vécu plusieurs révolutions majeures. L'une d'entre elles constitue l'ADN de Winamax. "J'ai été obligée de m'adapter à une nouvelle réalité : aujourd'hui, on joue en 6-max ! Je ne l'avais jamais pratiqué auparavant..." Un environnement hautement plus agressif que ce qu'à connu Almira, mais qui lui a peut-être permis une nouvelle approche de la stratégie. "Dans le Team, sur chaque coup, j'étais à la recherche de la décision parfaite, du coup parfait. Comme aux échecs. Là, je suis contente d'avoir réussi un truc : m'accorder le droit à l'erreur..."

Ces jours-ci, Almira reste occupée quotidiennement par le jeu qui n’a jamais cessé de la stimuler depuis l’enfance : les échecs. « Je continue de gagner des titres. Mais je joue moins de compétitions qu’avant, trois ou quatre. On fait appel à moi pour commenter des tournois. Canal+ Sport en a diffusé. Et j’interviens dans l’école Kasparov Chess. » Il y a trois ans, ce jeu vénérable a connu un regain de popularité inespéré grâce à une certaine série sur Netflix… « C’était incroyable. Un alignement des planètes. « Le Jeu de la Dame » est sorti alors qu’on était tous enfermés chez nous. L’application Chess.com est devenue la plus téléchargée au monde. Une vraie renaissance. Parfois, je me dis que je suis née trop tôt… »

Samedi, si d’aventure Almira ne parvenait pas à remonter son petit stack sur le Day 2, vous pourriez bien l’affronter sur son terrain de jeu, dans le lobby de l’hôtel. Sans véritable chance de gagner, mais est-ce bien important ? - Benjo

Brèves de fin de Day 1D

Ils seront aussi au Day 2 : Nicolas Tytgat (547 000), Damien Bastide (513 000), Nicolas Vayssieres (463 000), Arthur Claret de Fleurieu (376 000), Raphaël Lardeur (371 000), David Pecheur (224 000), le vainqueur du Battle Royale Bastien Halin (204 000 - photo), Sébastien Lesoif (164 000), Mickael Athias (71 000), et Sylvain Roullet (90 000)

Un November Nine est dans la salle ! Un des rares belges pouvant faire de l'ombre à Davidi Kitai, Pierre Neuville a monté un stack des plus impressionnants sur sa dernière bullet : 837 000

Unis dans la difficulté. Alors que la journée s’est achevée aux blindes 5 000 / 10 000 et que la partie reprendra sur 4 000 / 8 000 samedi, Sami Douakha, qualifié via son club, et Patrick Bassarguine passent de justesse au Day 2 : le premier a sauvé 11 000 jetons, et le second 21 000 ! Ça valait le coup d’attendre pour les deux shortstacks ninjas…

Un an après un retentissant doublé sur les tournois annexes, Cécile Cazachus est de retour à Bratislava. La Toulousaine sera au Day 2 avec un stack de survie, 123 000

Si le fondateur de l’historique asso Poker Savoie Matthieu Laurent a tiré sa révérence en milieu de journée, on pourra compter sur son frangin Thomas au Day 2 (148 000)

Parmi la fournée d’éliminés qui ne verront ni l’argent, ni le Day 2 : Juanitooo (photo), Cyril Seytre, Mustapha Kanit, Estuelle Cohuet, Rémi Debord, Sébastien Lapeyre, Matthieu Laurent, Theo Rebour, Jérôme Launay, Corentin Ropert, José Quintas, Moundir, Mourad Amokrane, CarbonRH. Pour tous ceux-ci, il faudra se tourner vers les tournois annexes. Monster Stack, High Roller, Desperado, Ladies ou Sprint : il reste encore quelques opportunités pour aller chercher des trophées et de la caillasse.