C’est aussi le tournoi le plus crevant de l’année
Winamax Poker Open - Day 2 : jusqu’au bout de la nuit
Ah, la journée du samedi au Winamax Poker Open… Comment retranscrire avec des mots une expérience qui ne peut être comprise qu’en étant vécue ? Comment vous raconter à vous, ami lecteur, la moelle substantielle de ces moments que ses acteurs raconteront encore avec une larme dans les yeux durant les mois, voire les années à venir ?
Il faut que je vous explique un truc. Il existe deux Winamax Poker Open bien distincts, en particulier lors de la cruciale journée du samedi.
D’un côté, il y a le Winamax Poker Open de ceux qui entrent dans les places payées du tournoi principal, quelque part en milieu de soirée, aux alentours de 22 heures. Ceux-là, ils viennent de jouer une vingtaine d’heures de poker en deux jours, et sont justement récompensés pour leurs efforts. Mais pour eux, le voyage ne fait que commencer.
Et puis de l’autre autre côté, il y a le Winamax Poker Open de ceux qui ont déjà été éliminés lors de la première ou la seconde journée, ceux qui ont déjà longtemps joué en cash-game, ceux qui ont aussi participé à des tournois annexes. Ceux-là, arrivé au samedi soir, ils n’ont plus spécialement la tête à jouer au poker après trois jours non-stop à voir des cartes et jetons, à parler de cartes et jetons, et rêver de cartes et jetons. Ceux-là se tournent vers les activités dites « annexes » du WPO, ces activités annexes qui, finalement, sont pour beaucoup la raison première de leur visite annuelle à Dublin.
Pour les uns comme pour les autres, la journée du samedi est cruciale, interminable, épuisante. Pour les uns comme pour les autres, elle nécessite de la préparation, du talent, de l’endurance, et un peu de chance aussi. Pour tous, c’est la journée la plus importante de leur séjour à Dublin. Ceux qui sont de la première catégorie regrettent parfois de ne pas pouvoir rejoindre ceux de la seconde, malgré la promesse d’un très gros chèque au bout du chemin. Ceux qui sont dans le second camp avaient en tête des succès pokéristiques plus probants au moment de réserver leur billet d’avion pour Dublin, mais n’ont absolument aucun regret de ne pas avoir troqué leurs rêves de gloire et de fortune pour une pinte de Guinness et une partie de beer-pong.
Pour ceux qui sont encore en course dans le Main Event samedi soir, on parle d’une longue, très longue nuit de poker, où il ne faut pas commettre la moindre erreur, rester concentré, patient, créatif. Une nuit où l’expérience et les compétences font la différence. Une nuit ô combien difficile, où certains se découvrent des ressources qui leur étaient encore inconnues quelques jours plus tôt, mais aussi où certains dégringolent, trop sûrs d’eux, trop pleins de confiance.
Pour ceux qui s’éloignent des tables de poker pour rejoindre les rangs de plus en plus gros des fêtards, c’est plus ou moins la même chose. Il faut être capable de savoir lever le coude, il ne faut jamais, au grand jamais refuser un verre. Il faut être agile de ses dix doigts et réactif autour de la table de beer-pong, devant la cible de fléchettes, manette en main face à la console de jeux, la table de billard où le mini-golf. Il faut savoir brailler, il faut savoir chanter. Il faut tenir la distance jusqu’au bout de la nuit, ne pas sombrer, garder le menton haut et la verve vive.
Et encore, je n’ai pas abordé le sujet de ceux qui multitablent. Qui jouent au poker en faisant la fête. Qui envoient les jetons tout en descendant les pintes.
Je vous parle tout de même d’un tournoi où les plus grands professionnels Français en MTT s’illustrent régulièrement depuis 2010, mais je vous parle aussi d’un tournoi où l’on a déjà pu apercevoir à au moins une reprise un homme entièrement nu traverser la salle en courant aux petites heures du matin, hurlant et sprintant devant une centaine de visages hébétés ou rigolards, ceci afin de gagner le pari qui lui permettrait de disputer gratuitement le tournoi du matin.
Le Winamax Poker Open est un tournoi fait par et pour des joueurs amateurs, mais au fond, c’est une affaire de professionnels au sens le plus noble du terme. Professionnels de la fête, professionnels des cartes, même combat : il faut tout donner, tout lâcher, ne rien retenir, et seuls les plus forts survivent. Alors à toi, ami lecteur qui n’aurait jamais connu les joies de la grande colonie poker annuelle de Dublin et qui considérerait une visite l’année prochaine, je dirais ceci : viens, viens, viens, mais viens entièrement. Donne toi. Sois généreux. Tu recevras au centuple.
Pourquoi vous raconter tout cela ? Nous autres, observateurs du poker employés à vous le raconter sous toutes ses coutures, nous avons le cul entre deux chaises ici à Dublin. Nous sommes là pour observer les tables, parler de poker, chroniquer les succèsde tel joueur, relater avec tact les échecs cuisants d’un autre, expliquer comment chacun est arrivé du point A au point B dans son tournoi, décortiquer un cheminement, un voyage. Mais tandis que la fête grossit, grossit non loin de là, à quelques mètres à peine des tables, impossible d’y échapper, impossible de rester stoïque, la fatigue n’aidant pas à notre processus de décision. On se prend dans les discussions enfiévrées au bar. On accepte une petite partie de fléchettes. On accepte encore et encore une tournée supplémentaire. On se laisse charmer par l’atmosphère, parce que c’est pour ça aussi qu’on revient chaque année avec un grand sourire.
Alors voilà, autant vous prévenir : notre résumé du Day 2 du Winamax Poker Open 2013, ça va être du vite fait, ça va être du format Power Point, on va pas y passer des heures, on va rédiger ça tac-tac-tac, rien que l’essentiel, et après on va aller se coucher. Il est presque trois heures du matin et nous sommes crevés, ivres, repus, flapis, vaporeux, mais cependant heureux. A tout de suite, les amis.
Benjo