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Vegas Show - WSOP 2015 - Main Event - 6

69, congrès héroïque

La cinquième journée de l’édition 2015 s’est terminée avec un nombre de joueurs restants cher à Gainsbourg : ils ne sont plus que 69 pouvant encore prétendre au titre. Pas mal de têtes de série ont chuté durant la seconde moitié du Day 5 (Matt Waxman, Brandon Adams, Jake Cody), mais le casting des potentiels November Nine reste tout à fait réjouissant.

Vous le savez sans doute, le clan Français a complètement déserté le tournoi dimanche, avec les sorties successives de Patrick Bruel, Damien Lhommeau et Paul-François Tedeschi. Le chip-leader du jour nous vient d’un pays voisin et amis, un territoire petit mais costaud : la Belgique. Pierre Neuville a en effet vécu une journée de rêve, remportant des gros pots à la pelle pour s’installer solide en tête avec 7,1 millions de jetons. Le doyen du field (72 ans) avait entamé la journée en 77e position parmi 237 joueurs, et on peut le dire sans prendre de risques : Neuville est un candidat très, très sérieux au poste de November Nine.

Dans le reste du field, on retrouve LA superstar du poker incontestée (Daniel Negreanu, 22e place - quelles sont les chances à ce stade qu’il n’atteigne PAS la finale ? Très faibles, je crois), un mec qui a déjà été November Nine (Matt Jarvis, 8e en 2010), un personnage tout à fait détestable qui devrait donner du piment aux retransmissions ESPN, une version live de Cartman de South Park (Justin Schwartz, 25e), quelques Européens (Ghattas Kortas de Suède, 15e, Anton Morgensten d’Allemagne, 17e, en 2013 il était chip-leader à 24 left et a explosé en vol, ratant la finale, Frederico Butteroni d’Italie, 31e, les Anglais Toby Lewis et Chun Law, 33e et 34e, plus quelques autres), une bête de High-Rollers déjà légendaire à 21 ans et disputant ses tout premiers WSOP (Fedor Holz, 44e), pas mal de Canadiens (six au total), du grinder de longue date certifié très, très bon (Brian Hastings, 10e, Justin Bonomo, 56e), et, il me semble, aucune femme après l’élimination de la Suédoise Diana Svensk en fin de journée.

Bref, on va bien s’amuser durant le Day 6 (l’avant-dernier jour du Main Event avant la finale en novembre) qui débutera à midi (21 heures en France). Nous serons comme chaque jour sur le pont une heure plus tôt pour notre décrochage radio en direct. Bonne journée à tous !

Allé mon petit prono pour la future TF de ce November 9 :slight_smile:

Pierre Neuville

Daniel Negreanu

Justin Schwartz

Joseph McKeehen

Brian Hastings

Justin Bonomo

Matt Jarvis

David Stefanski

Justin Conley

Des têtes archi connues pour la TF c’est ce qu’on souhaite tous on va pas se le cacher. :wink:

Un rêve à portée de main

L'ambiance et la pression ont encore monté d'un cran aujourd'hui. Et c'est bien normal, les enjeux deviennent de plus en plus importants, avec des paliers de prix qui font maintenant des bonds de plusieurs dizaines de milliers de dollars, et une table finale que les protagonistes peuvent commencer à entrevoir. Presque chaque main disputée débouche désormais sur des cris et des flots d'applaudissements, que ce soit pour célébrer le pot gagné par la copain, ou féliciter le parcours du mec se faisant éliminer. Quand l'un des superviseurs WSOP s'empare du micro pour annoncer le nom du sortant, on entend même quelques fois les joueurs du petit tournoi quotidien à 235 dollars, calés au fin fond de l'Amazon, pousser en choeur des « ooooooh » pour exprimer leur étonnement ou leur déception, comme ce fut le cas lors de l'élimination de l'Américain Brian Hastings en 49e position, lui qui se tirait la bourre avec son compatriote Mike Gorodinsky pour la prix de joueur WSOP de l'année.

Hastings au moment de découvrir la main de son adversaire

Hastings a été victime du genre de situation que redoutent tous les joueurs de Texas Hold’em : détenir une paire de Rois quand l’un de vos adversaire possède lui une paire d’As. En l’occurrence, John Hinds, qui couvrait de quelques blindes seulement « Stinger88 », qui aura bien nourri l’actualité estivale du milieu, entre les deux bracelets remportés durant ces championnats du monde (le Stud à 10,000$ et le 10-Game 6-Max à 1,500$) et l’affaire de multi-accounting en ligne dont il est suspecté.

À 45 joueurs restants, c’est l’Israélien Zvi Stern qui pointe en tête en classement. Que connait-on de ce joueur ? Rien, ou presque. En consultant sa fiche Hendon Mob, on apprend que Stern compte deux résultats en live, l’un en 2008, lors d’un tournoi WSOP, et l’autre cette année, avec un min-cash dans un tournoi High-Roller à 25,000$ du PCA aux Bahamas. Avec environ 12 millions de jetons, Stern a pris les rênes de l’épreuve à la suite d’un gros pot gagné, où il a payé deux salves au cours d’un board Roi-6-As-6-9, avant de faire tapis sur la troisième banderille de son adversaire - Chad Power - qui a abandonné. Le podium très provisoire est complété par le bourreau de Brian Hastings, John Hinds et Matt Guan, un autre joueur américain.

Et Pierre Neuville dans tout ça ? Le vétéran belge du circuit, chipleader au début de cette antépénultième journée, s’est montré très discret jusqu’à lors. Pierre a certes fait dans la sobriété, mais n’a pas été inactif pour autant et son tapis (8,5 millions) n’a finalement pas été affecté durant les quatre heures jouées aujourd’hui, assurant toujours une place dans le Top 5 au joueur de 72 ans.

Ils ont été éliminés dans ce Day 6 : Steve Gross (47e pour 137,300$), Brian Hastings (49e pour 137,300$), Matt Jarvis (51e pour 137,300$), Toby Lewis (53e pour 137,300$), Amar Anand (55e pour 113,764$) et Justin Bonomo (64e pour 96,445$).

En plongée avec Daniel Negreanu

S'il y a un joueur qui est le centre de toutes les attentions dans ce final du Big One, c'est bien Daniel Negreanu. En buvant l'autre soir une bière au du bar du Gold Coast, notre quartier général durant les WSOP, Benjo et moi étions complètement d'accord là-dessus : un professionnel du calibre de Negreanu, qui joue forcément son "A-Game" en cette fin de tournoi, a toutes les chances d'aller en finale s'il parvient à éviter les accidents (et donc les coups à tapis où les cartes parlent alors plus que le talent). Parmi les joueurs restants, c'est de loin le joueur bénéficiant de la plus grande cote de popularité. Installé en table télévisée depuis maintenant trois jours, Daniel est le seul joueur à être acclamé après chaque pot gagné. C'est bien simple, le public américain n'a d'yeux que pour lui. Alors durant ce Day 6, on s'est posé une bonne heure dans les gradins à observer comment jouait un mec qui a gagné plus de 30 millions de dollars sur le circuit live.

18h00 : Daniel possède 5,5 millions de jetons après avoir commencé la journée avec 3,6 millions et semble

18h14 : L'action s'emballe à côté du Kid Poker, qui n'est pas rentré dans un coup depuis près de vingt minutes. George McDonald relance et voit Neil Blumenfield lui revenir dessus à tapis, l'Anglais passe dans la foulée.

18h15 : Daniel est de grosse blinde et passe après une ouverture à 225,000 de Thomas Cannuli UTG, comme tout le reste de la table avant lui. Le Canadien se lève pour faire quelques exercices.

18h17 : Le troll de compétition Justin Schwartz attaque en fin de parole, mais Daniel décide de ne pas défendre sa petite blinde.

18h21 : Au bouton, Daniel assiste en spectacteur à un coup à tapis entre son voisin de droite Wasim Ahmar au cutoff et George McDonald en grosse blinde. Les tapis ont volé sur un flop 782 et avec 99, Wasim parvient à doubler son tapis contre le A8 de George qui n'améliore pas turn et rivière.

18h23 : Cela fait près d'une demi-heure que j'observe l'un des mecs les plus forts du field restant et il n'a pas joué un seul coup. Je songe à changer de métier.

18h25 : Alléluia ! Daniel profite d'un fold jusqu'à lui pour glisser une petite relance à 175,000, mais l'hyperactif (à la table) Thomas Cannuli 3-bet à 475,000 depuis le bouton. Le Canadien check-fold alors très vite sur le c-bet à 400,000 proposé par l'Américain sur le flop 89K.

18h31 : Changement de croupier en table télévisée. Un bon livetard de cercle parisien dirait que c'est tout bénéf pour Daniel.

18h35 : En position précoce (UTG+1), Daniel dégaine à 175,000. Tout le monde s'efface jusqu'à Jake Toole qui call au bouton et entraine avec lui Justin Schwartz. Ce dernier se mouche avec le revers de la manche de son sweat, puis check sur le flop 655. Daniel place une mise à 325,000 et fait passer dans la seconde ses deux adversaires.

18h40 : De grosse blinde, Daniel est le seul à payer la relance de Max Steinberg en milieu de parole. Mais le Kid Poker ne va pas plus loin que le flop A4Q sur lequel il check-fold rapidement suite au c-bet adverse. Le superviseur en charge de la table télé tente de réveiller le public quelque peu endormi en glissant un « Good morning ! » enjoué à la fin du coup. Rien n'y fait, il ne gratte que deux ou trois applaudissements.

18h42 : Un pot convivial est initié par Jake Toole et sa relance à 200,000 en milieu de parole. Max Steinberg, Daniel Negreanu et Thomas Cannuli payant la somme réclamée. Le flop JJ7 est cependant checké par les protagonistes. Pas le turn, un 5, sur lequel Daniel envoie 425,000. Seul Cannuli call. Le Canadien remet une couche sur le K rivière en misant cette fois 900,000. Payé dans l'instant, Daniel révèle alors QJ pour le brelan floppé, et empoche le pot. Rentable !

18h46 : La main suivante, Daniel voit tout le monde passer, relance à 175,000 depuis le bouton et vole les blindes. « Easy poker » lâche le superviseur dans son micro. Pas faux.

18h48 : Neil Blumenfield en grosse blinde est encore à tapis suite à la relance de Thomas Cannuli au bouton, mais ce dernier ne paye pas. Dommage, on aime bien assister à des flashs.

18h49 : Daniel a une nouvelle fois l'opportunité d'ouvrir le pot, il relance à 175,000 et est encore confronté à un 3-bet de l'agressif Thomas Cannuli. En petite blinde, Neil Blumenfield hésite à remettre le couvert mais finit par passer. Le pro canadien l'imite sans hésiter une seconde.

18h51 : Pendant que le superviseur est en train de discuter avec l'un de ses collègues venu se glisser dans les gradins, Neil Blumenfield est encore à tapis, cette fois après une relance de Wasim Ahmar qui lâche rapidement le morceau. Décidément, personne ne veut éliminer le joueur américain.

18h56 : Premier de parole, Daniel effectue une relance du montant habituel (175,000). Une enchère respectée par tous ses adversaires, sauf par Wasim Ahmar qui call depuis la grosse blinde. Daniel décide de pas miser sur le flop KJ2. Ahmar en profite et attaque à 150,000 à l'apparition d'un 2 turn. Le Canadien paye, mais abandonne aussitôt sur la deuxième charge (450,000) proposée par son adversaire sur le 3 rivière.

18h59 : Un nouveau joueur arrive à la table, James Magner, qui pourrait être le père de Thomas Séraphine tant la ressemblance physique avec le comédien est frappante, enfin de loin.

19h00 : Daniel offre sans broncher sa grosse blinde à Thomas Cannuli après une ouverture à 225,000 de l'Américain.

19h01 : C'est la dernière main distribuée avant la fin du niveau et la pause dîner qui s'en suit. Tous les joueurs ont apparemment très faim car ils s'empressent de passer et de quitter la table. Du coup, c'est Thomas Cannuli, en BB, qui récupère blindes et antes, sans n'avoir eu à regarder ses cartes...

19h02 : Pendant une heure, Daniel Negreanu a joué avec parcimonie et vu son tapis grimper 5,5 à 6,5 millions. Un grind solide qui lui permet de toujours surfer au-dessus du tapis moyen alors qu'il ne reste plus que 36 joueurs en lice. Et on n'a pas changé d'avis entre-temps : le Canadien ne peut pas ne pas faire partie du casting final !

Ils ont été éliminés pendant ce temps-là (et ont gagné 134,086$) :

37. Arman Soltani (Canada) 38. Shay Zurr (Israël) 39. Bob Buckenmayer (USA) 40. Thomas Paul (USA) 41. Julien Parmann (USA) 42. Max Greenwood (Canada) 43. Mark Kroon (USA) 44. Gatthas Kortas (Suède) 45. Curtis Anderson (USA)

Zvi Stern mène les 36 restants

Blindes 50 000/100 000 ante 10 000

Ils ne sont plus que 36 encore en lice au retour de la pause dîner, répartis sur quatre tables. Deux niveaux devraient encore être disputés ce soir. Un point sur les forces en présence.

Classement et tirage des places

Table 1

Siège 1. Justin Schwartz (USA) 5,355,000 (54BB) Siège 2. James Magner (USA) 1,830,000 (18BB) Siège 3. Wasim Ahmar (USA) 2,245,000 (22BB) Siège 4. Daniel Negreanu (Canada) 6,480,000 (65BB) Siège 5. Thomas Cannuli (USA) 7,870,000 (79BB) Siège 6. George McDonald (Royaume-Uni) 1,945,000 (19BB) Siège 7. Neil Blumenfield (USA) 1,305,000 (13BB) Siège 8. Jake Toole (USA) 3,540,000 (35BB) Siège 9. Max Steinberg (USA) 5,330,000 (53BB)

Table 2

Siège 1. David Peters (USA) 4,615,000 (46BB) Siège 2. Ronald McGinnity (USA) 3,655,000 (37BB) Siège 3. Chad Power (USA) 3,190,000 (32BB) Siège 4. Blake Bohn (USA) 2,475,000 (25BB) Siège 5. Thomas Kearney (USA) 5,585,000 (56BB) Siège 6. Zvi Stern (Israël) 15,035,000 (150BB) Siège 7. Randall Clinger (USA) 1,830,000 (18BB) Siège 8. Matt Guan (USA) 9,215,000 (92BB) Siège 9. Hans Joaquim Hein (Allemagne) 4,920,000 (49BB)

Table 3

Siège 1. Joshua Beckley (USA) 2,480,000 (25BB) Siège 2. Chun Law (USA) 2,700,000 (27BB) Siège 3. Patrick Chan (USA) 7,900,000 (79BB) Siège 4. Fedor Holz (Allemagne) 5,875,000 (59BB) Siège 5. Andrew Moreno (USA) 3,640,000 (36BB) Siège 6. Joe McKeehen (USA) 9,025,000 (90BB) Siège 7. Kilian Kramer (Allemagne) 3,325,000 (33BB) Siège 8. Pierre Neuville (Belgique) 6,350,000 (64BB) Siège 9. Erasmus Morfe (USA) 9,835,000 (98BB)

Table 4

Siège 1. Upsehka De Silva (USA) 2,330,000 (23BB) Siège 2. David Stefanski (USA) 8,700,000 (87BB) Siège 3. Christoph Brand (USA) 2,885,000 (29BB) Siège 4. Mario Sequeira (USA) 8,785,000 (88BB) Siège 5. Anton Morgenstern (Allemange) 8,825,000 (88BB) Siège 6. Federico Butteroni (Italie) 1,795,000 (18BB) Siège 7. Kelly Minkin (USA) 8,275,000 (83BB) Siège 8. Alexander Turyansky (Allemagne) 3,845,000 (38BB) Siège 9. John Allan Hinds (USA) 10,960,000 (110BB)

Un strike et un chipleader contesté

Blindes 50 000/100 000 ante 10 000

Cinq joueurs éliminés dans ce niveau 29, dont deux sur la même main : voilà à quoi nous venons d'assister. Quelques cris de joie se sont d'abord élevés du Thunderdome alors que Max Steinberg éliminait Jake Toole. Puis, c'est sur la table annexe que le show continuera avec un énorme set up.

Après une ouverture à 225 000 en début de parole de l'Allemand Hans Joaquim Hein, l'Américain Thomas Kearny 3-bet à 615 000 au bouton. Le chipleader Zvi Stern hésite un long moment avant de passer. Depuis la grosse blinde, Randall Clinger choisit de partir à tapis pour 1,45 million. Hein reshove alors pour 3,85 millions. Kearny regarde à nouveau ses cartes et paye dans l'instant. Oui, ce sont bien deux beaux As qu'il possède ! En face, il y a une paire de Dames pour Clinger, et As-Roi de carreau pour Hein. La meilleure main restera en tête à l'issue d'un board 66592, Kearny réalisant le strike pour grimper à 10 millions. Il s'emparera même provisoirement du chiplead quelques mains plus tard. Joueur relativement méconnu, l'Américain ne compte que sept lignes à son palmarès, dont deux lors de ce festival, avec une 116ème place dans le Millionnaire Maker et surtout une neuvième place lors du 1 000 dollars PLO.

Rarement les spectateurs n'auront été si nombreux dans le rail. Rarement on aura entendu autant de bruit et d'appels des cartes dans l'Amazon Room. L'intensité devrait encore s'accroître dans le dernier niveau de la journée, ou jusqu'à tomber à 27 joueurs restants.

Ils repartent avec 211 821 dollars :

32. Hans Joaquim Hein (Allemagne) 33. Randall Clinger (USA) 34. Jake Toole (USA) 35. Chun Law (USA) 36. Upeshka De Silva (USA)

Un field 100% masculin

Blindes 60 000/120 000 ante 15 000

Minuit passé de quelques minutes ici à Las Vegas : alors que la France s'éveille en ce jour de fête nationale, prête à suivre le défilé des Champs-Elysées et à profiter d'une journée de repos, le niveau 30 touche à sa fin au Rio.

Parmi les short-stack du début de journée, Mario Sequeira fait désormais partie des chipleaders avec plus de 13 millions. Kelly Minkin, la dernière féminine encore en course, a malheureusement rendu les armes en 29ème position.

Mais surtout, on a assisté à un fold irréel dans le Thunderdome : après une ouverture de Thomas Cannuli en début de parole, James Magner, dernier à parler en big blind, a passé en montrant une paire de Dames. Oui, oui, vous avez bien lu. "What the f**", comme diraient les Américains.

Ils remportent 211 821 dollars :

28e. Andrew Moreno (USA) 29e. Kelly Minkin (USA) 30e. Ronald McGinnity (USA) 31e. Wasim Ahmar (USA)

Negreanu et Schwartz, les meilleur ennemis

Il le crie haut et fort à qui veut bien l'entendre, Justin 'stealthmunk' Schwartz s'ennuie à table. Il aime parler, à l'image d'un certain Daniel Negreanu. Mais détrompez-vous, la ressemblance s'arrête là, leur style de vie semblant en tout point opposé.

Si dans le passé, les deux hommes se sont souvent opposés, en venant presque aux mains lors d'une étape du PCA, la voie de la réconciliation semble proche. Selon Pokernews, un pari est même en cours entre les deux joueurs.

Justin a proposé un challenge en heads-up PLO et Triple Draw, auquel le Canadien a dans un premier temps répondu en ces termes : 100 000 dollars pour Justin s'il gagne, mais s'il perd, il devra changer son mode de vie : faire un régime strict, du sport, de la lecture, de la méditation, du yoga et s'engager dans un programme de développement personnel cher à Negreanu (au Choice Center Leadership University). Un deal qui ne convenait pas vraiment à Justin, peu enclin à participer à un tel programme.

Ils ont finalement trouvé un terrain d'entente : le challenge aura lieu mi-août. Si Schwartz l'emporte, il aura un an pour réduire son taux de graisse corporel à 22% et ainsi empocher l'argent. S'il perd, il pourra quand même récupérer l'argent s'il atteint ce pourcentage en un an. Et s'il perd et qu'il ne remplit pas l'objectif, les deux hommes choisiront une oeuvre de charité à laquelle offrir l'argent.

27 rescapés pour neuf places

Suite à l'élimination en 28ème position d'Andrew Moreno, l'horloge a été mise en pause alors qu'il reste encore 37 minutes à disputer dans le niveau 30. On connaît donc les 27 survivants de ce Main Event 2015. 27 joueurs qui reviendront demain mardi 14 juillet avec un seul but : faire partie des neuf qui disputeront la table finale en novembre. Un rêve désormais accessible pour 18 américains, quatre Allemands, un Canadien, un Italien, un Ecossais, un Israëlien et un Belge.

Pierre Neuville aux anges, sert la main d'Erasmus Morfe

Le dernier espoir des Francophones repose sur le doyen des joueurs restants, Pierre Neuville, 72 ans. Après un Day 5 terminé en fanfare en position de chipleader, le Belge s'est retrouvé plus en difficulté ce lundi. "Je n'ai pas vu de cartes pendant dix heures, expliquait Neuville après avoir empaqueté ses jetons dans un sac. J'ai passé deux bluffs de plus de deux millions qui m'ont sauvé, notamment un contre un très bon joueur, Fedor Holz. Il a hésité pendant sept minutes avant de passer à la river. Il s'est dit que je ne pouvais pas bluffer. Heureusement, sinon je n'aurai plus rien." Son état d'esprit pour demain ? "Je vais aller chercher la victoire", répond Pierre Neuville, plus conquérant que jamais. Avec le 15ème tapis, c'est peu dire que le vétéran belge aura fort à faire.

L'Américain Thomas Kearney mène le field avec plus de 14 millions de jetons. Une avance qu'il a notamment acquise grâce à son strike avec paire d'As, éliminant deux joueurs en possession d'une paire de Dames et As-Roi. Il devance ses compatriotes Matt Guan et Erasmus Morfe.

Détenteur de six bracelets WSOP, la superstar canadienne Daniel Negreanu fait partie des survivants avec plus de 8 millions de jetons. On voit mal comment une place de November Nine pourrait lui échapper, 14 ans après sa frustrante 11ème place. Tous les yeus seront en tout cas rivés sur Negreanu, l'un des joueurs les plus appréciés des amateurs de poker.

Les Allemands Fedor Holz et Anton Morgenstern sont également de sérieux prétendants à la finale. A tout juste 21 ans, le premier dispute ses premiers WSOP, après une année exceptionnelle où le jeune prodige a notamment atteint deux tables finales de SuperHighroller à Monte-Carlo. Le second, quant à lui, aura à coeur de se racheter après son craquage il y a deux ans : chipleader à 23 joueurs restants, Morgenstern avait finalement échoué en 20ème place du Main Event 2013.

Et puis comme chaque année, des joueurs méconnus viendront compléter le casting de la grande finale : cela pourrait être le cas de l'Israëlien Zvi Stern ou encore de l'Américain Joseph McKeehen.

Rendez-vous dès 20 heures en France pour suivre l'épilogue estival de ce Main Event des WSOP 2015.

Classement et tirage au sort des sièges :

Table principale

Siège 1. Blake Bohn (USA) 5,000,000 Siège 2. Justin Schwartz (USA) 7,510,000 Siège 3. Daniel Negreanu (Canada) 8,495,000 Siège 4. Federico Butteroni (Italie) 4,980,000 Siège 5. David Stefanski (USA) 11,485,000 Siège 6. Thomas Cannuli (USA) 6,220,000 Siège 7. Christoph Brand (USA) 4,120,000 Siège 8. David Peters (USA) 2,100,000 Siège 9. Max Steinberg (USA) 3,290,000

Table 2

Siège 1. Erasmus Morfe (USA) 12,085,000 Siège 2. Fedor Holz (Allemagne) 4,645,000 Siège 3. Matt Guan (USA) 14,230,000 Siège 4. Zvi Stern (Israël) 9,940,000 Siège 5. Kilian Kramer (Allemagne) 3,175,000 Siège 6. George McDonald (Royaume-Uni) 2,875,000 Siège 7. Alexander Turyansky (Allemagne) 10,785,000 Siège 8. Joseph McKeehen (USA) 11,975,000 Siège 9. Thomas Kearney (USA) 14,400,000

Table 3

Siège 1. Pierre Neuville (Belgique) 6,000,000 Siège 2. Mario Sequeira (USA) 11,685,000 Siège 3. John Allan Hinds (USA) 6,210,000 Siège 4. Joshua Beckley (USA) 3,745,000 Siège 5. James Magner (USA) 3,500,000 Siège 6. Neil Blumenfield (USA) 4,315,000 Siège 7. Anton Morgenstern (Allemagne) 6,955,000 Siège 8. Chad Power (USA) 5,300,000 Siège 9. Patrick Chan (USA) 7,400,000

Ca peut donner quelque chose de vraiment sympa.

Bravo à eux.

Ah je comprends tout, Pierre Neuville a 3 mains :laughing:

Le plus beau des feux d’artifice

Pendant qu'en France on célèbre la Fête Nationale, l'heure n'est pas encore aux festivités dans le plus beau tournoi du monde. Enveloppés dans un silence de cathédrale et la pénombre ambiante d'une Amazon désormais vidée presque entièrement de son mobilier, correspondant parfaitement aux enjeux disputés, l'avant-dernière journée du tournoi a débuté, presque en catamini.

Au fin fond du Rio, les derniers survivants de cet épuisant marathon de poker ont calmement rejoint leurs sièges assignés sur les trois ultimes tables de jeu. Les techniciens d'ESPN ont alors branché leurs énormes caméras et la partie a pu reprendre, pendant que les agents de sécurité faisaient rentrer au compte-gouttes une grosse centaine de spectacteurs aussi calmes qu'impatients d'encourager leurs proches.

Si l'air de « This is gonna be the best day of my life » qui tournait en boucle l'an passé résonne encore dans nos têtes, comme une joyeuse routine ancrée à jamais, la sono est restée muette au départ de cette journée décisive. Pas de musique, pas de blabla. Du poker à l'état pur, sans fioritures. L'effervescence et l'euphorie des premiers jours a complètement laissé place à une tension hitchcockienne au sein de l'Amazon Room.

Joueurs, superviseurs, techniciens, reporters, spectateurs et même commerçants sont concernés comme jamais par ce qu'il se passe dans cette salle. En témoigne ce vendeur en train de démonter son stand dans le long couloir qui mène à l'Amazon Room, qui m'a vu passer avec mon sac à dos et s'est brusquement arrêté dans sa besogne pour me lancer un très solennel « Good luck », sans doute convaincu que je faisais partie de ces vingt-sept chanceux allant se disputer une place en finale du plus beau tournoi du monde.

La vérité est au bout du couloir : vingt-sept joueurs, aux profils et origines variés, se livrent un dernier combat pour atteindre l’arène finale. Cette arène où ils passeront, pour la plupart, de l’ombre à la lumière, et grâce à laquelle le regard porté sur eux changera à jamais. Car bien sûr, il y a l’argent, beaucoup d’argent à la clé, une place en finale assurant un pactole d’un million de dollars à tous les participants, la victoire étant chiffrée à près de huit fois plus, mais ce n’est pas uniquement pour ça que ces joueurs suent corps et âme depuis dix jours.

Dans une société où tout ou presque est à portée de portefeuille, le bracelet du Main Event des WSOP ne s’achète pas, estimait Benjo en début de séjour. Et ce combat final le confirme : tout le monde est sur le même pied d’égalité l’espace d’un instant. Les millions gagnés, l’expérience, le profil, les origines et tout le toutim sont momentanément mis aux oubliettes. Ce sont véritablement vingt-sept gosses ayant des étoiles plein les yeux qui se débattent sous les nôtres.

Quand on voit un Daniel Negreanu, qui a tout fait, tout gagné, qui est l’un des joueurs les plus populaires du circuit, et dont les gains dépassent les 30 millions de dollars, se battre pour le même pain qu’un Erasmus Morfe, ce docteur du Colorado venu à Vegas avec 1,500 dollars dans les bagages et devant sa participation à un incroyable concours de circonstances (Erasmus a joué et sauté de plusieurs tournois, puis a investi ses derniers dollars en cash-game où il a pu gagner de quoi s’inscrire au tout dernier sat turbo pour le Main Event, sur lequel il a alors décroché son ticket en étant à tapis à la bulle avec 7 et 2 et moins d’une blinde !), on se dit que le Main Event est, et restera définitivement à jamais, un tournoi d’une beauté exceptionnelle, où les fantasmes de tout amoureux de poker, quels qu’ils soient, peuvent se transformer en réalité.

Kinshu