Level 7,
Day 2A et 2B - Blindes 300/600 ante 500
A la table d’un géant
Ca fait quoi, de jouer hors de position contre un joueur considéré comme l’un des plus grands experts en tournoi de l’ancienne école, un joueur qui a remporté huit bracelets, et qui plus est un joueur qui a entamé le Day 2 avec l’un des plus gros tapis ?
Demandons à Ilan Boujenah, qui doit prendre chacune de ses décisions avant Erik Seidel, excepté au bouton ou au cut-off. « En fait, il n’a pas beaucoup joué pour le moment. Il est sérieux, c’est une table super-difficile pour un Day 2 de Main Event. J’essaie de 3-bet au bouton pour lui faire lâcher sa grosse blinde. Il n’a 3-bet qu’une seule fois en quatre heures, il a envoyé cher d’ailleurs. »
En ce qui concerne Ilan, sa partie a mal débuté avec un pot de 35,000 perdu d’entrée de jeu (full floppé avec 55 sur K-K-5, les tapis partent sur un turn 7, on lui montre A-K et la rivière est un 7) avant qu’il ne remonte à 65,000.
Tandis que l’on parle, un joueur est éliminé sur un cooler véritable : QcQs à tapis contre KcKs sur un flop 100% trèfles.
« Tant mieux, c’était un très bon joueur ! »
« Et sinon, le siège 1 a fait un super hero-call », me dit-il en montrant un joueur que je ne connais pas, un petit jeune à l’air posé. « Il a 87, il check/call sur le flop J89, il check-call encore sur le turn A, la rivière est un T, il est battu par plein de mains mais paie une dernière mise de 22,000, il avait raison ! »
Surprise, le joueur en question est Français : Tony Blanchandin (photo), dont la fiche Hendon Mob indique deux places payées au défunt PPT, une presque finale au WPT Amnéville, et quelques autres bricoles.
Je noircis mon carnet à toute vitesse et Ilan rigole. « Ce qui est bien avec moi, c’est que je te donne des kilos d’infos à chaque fois. » Je ne pouvais pas mieux le dire.
Picault haut
Comment ça va, Anthony Picault ? « Bien ! Je suis passé de 40,000 à 71,000. » A la table d’Anthony, Tim O’Reilly, le copain de Ness Kourdourli. « C’est d’ailleurs contre lui que j’ai pris pas mal de jetons. » Une histoire de Dame-10 défendu de grosse blinde et qui trouve top-paire sur le flop, puis deux paires sur le turn. O’Reilly transforme sa paire de 9 en bluff, et encaisse 1,600 au flop, 3,000 sur le turn, et enfin 10,000 sur la rivière.
Plan à trois
Deux asiatiques attrapées par un gros barbu : non ce n'est pas un avant-goût du prochain boulard de Dorcel, mais une scène aperçue dans la zone « Silver » de la Brasilia. L'action se passe au turn d'un tableau 75J9. C'est à Kristy Arnett de parler. Devant elle, une montagne de jetons constituant le pot. Avant elle, un joueur à tapis et un call de sa rivale Xuan Liu (ça fait bien ambiance « triades chinoises » cet adjectif, vous ne trouvez pas ?). L'Américaine semble torturée et finit bien malgré elle par passer en montrant sa main - 77. Un excellent fold puisque la Canadienne retourne JJ. Le seul mâle du coup est lui à tirage avec 89. C'est cependant lui qui ramasse le pactole, un bienheureux 6 apparaissant sur la rivière. Résumé du film : un mec triple son tapis, Liu chute à 55 000 et Arnett à 25 000. Un bon navet en somme.
Pas dans ses baskets
« J'ai perdu deux fois avec les dames, deux fois avec les dix et aussi avec as-roi » confie Fabrice Soulier avec un débit de mitraillette. Ouh la la, pas content le Fab ! Le Français a toutefois réussi à faire feu une fois shortstack. « J'ai relancé avec une paire de dames, la grosse blinde a payé, on a checké sur As-Dame-10, il a misé 3 800 sur un 6 turn, j'ai fait tapis pour 7 000 et il a payé avec Roi-6 » explique en détail 'Fabsoul' qui a ainsi pu remonter à 19 000. « Si un valet tombait rivière, je crois que la chaise serait partie dans le mur » ajoute-t-il en rigolant avant de repartir au combat.
1+1 = 3
Tripler son tapis en n’ayant qu’un seul adversaire à battre ? C’est possible, si si, et le qualifié Winamax Alexandre Crouan en a expérimenté les joies au milieu du Level 7.
Celui que l’on connaît mieux sous le pseudo « Skip » avait débuté le Day 2 avec 17,500, montant rapidement à 24,000 avant de chuter brutalement à 8,000 suite à un bluff bien exécuté, mais néanmoins payé (trois barrels avec KQ sur 9423A, c’est payé par As-2)
Il ne reste donc plus qu’une douzaine de blindes à Skip lorsqu’arrive ce coup :
Ouverture à 1,500 du Français UTG+1.
Tout le monde passe jusque la petite blinde qui envoie un 3-bet très cher à 8,000, soit grosso modo la hauteur du tapis de Skip. Un montant un poil exagéré que la SB regrettera (j’imagine) en voyant la BB envoyer un 4-bet à 17,000.
A droite : Skip
Skip engage aussitôt ses jetons, et la SB abandonne avec un soupir.
Skip retourne AA
La BB montre KK
« Wow ! » La SB n’en revient pas : « J’avais deux Dames ! »
Skip tremble sur le flop 732 qui rajoute deux millions d’outs à son adversaire, mais le turn T et la rivière 5 conservent les choses en l’état : voilà le Français qui passe à 24,000 en ayant eu qu’une seule main à battre. Propre !
Il n’a peur de rien
Qualifié via le KING5, qu’il a remporté avec son équipe KilLaVeuTMaTeub (…), Adrien Guyon ne semble avoir aucune peur à la table. Pour preuve cette main où il a entrepris un gros bluff sur le vainqueur EPT Steve O’Dwyer. Derrière une relance de Steve au cut-off payée par le bouton, Adrien défend AJ en grosse blinde. Tombe un flop 954 sur lequel Adrien check. O’Dwyer mise 3 800 dans un pot de 6 000, le joueur intercalé passe et Adrien place un check-raise à 9 100 ! Payé, il ne se désunit pas et envoie une nouvelle salve à 11 400 sur l’arrivée d’un 3 au turn. Après réflexion, Steve passe. Ouf !
L’Américain tiendra néanmoins sa revanche quelques mains plus tard. En début de parole, Adrien ouvre avec As-Roi (sans carreaux) et est payé par O’Dwyer au bouton. Sur un flop AQJ, Adrien check-call 2 900. Même scénario sur un 4 au turn pour 8 000. La rivière est un T et les deux joueurs checkent : O’Dwyer révèle 89 pour une couleur trouvée dès le turn. Cela n’entrave pas la belle marche en avant du triple vainqueur Winamax Series qui possède un tapis de 81 000.
Un plan sans accroc
Pedro Canali est assis derrière un imposant tapis de 130 000, largement plus de deux fois la moyenne actuelle. Que s’est-il passé ? « J’ai slowplay une paire de valets dans un pot 4-bet et j’ai pu extraire deux mises de plus. J’ai également éliminé un joueur âgé dans un pot sympathique, je vous raconte ? » Allez !
"Le joueur âgé limp premier de parole (nous étions encore sur 250/500 ante 50), je relance avec Dame-Dix à 1 300. Les deux blindes paient et lui aussi. Le flop est QT6 : on est pas mal ! Je mise 1 800 et la petite blinde me check-raise à 5 600. La grosse blinde paie, le limpeur paie et je paie aussi. Le turn est un 2 : tout le monde check jusqu’à moi, je sais à ce moment-là que j’ai la meilleure main. J’envoie 7 000 et seul le joueur âgé paie. La rivière est un Dix : full ! Si cela ne suffisait pas, il pousse son tapis pour 15 000 et je paie immédiatement. Il avait 66 pour un brelan trouvé au flop transformé en full inférieur au mien sur la rivière !"
Anecdotes, statistiques et citations à la con
« Je me taperais bien un Allemand ou un Français pendant une semaine » - Signé : une jeune Américaine discutant près des tables. Bougez pas, je reviens.
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