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REDEMPTION SONG

REDEMPTION SONG

Voilà a peu prêt 3 ans que j’ai ouvert ce blog. Initialement, les premières lignes dans cet espace étaient dans le but de poser sur le papier tout ce que j’avais en tête, m’exprimer et expulser tout ce que je n’arrivais pas à dire à mes proches ou que je n’osais pas m‘avouer.

De l’acceptation de l’addiction à aujourd’hui il s’est passé du temps et des événements. En étant parfaitement honnête avec moi-même je peux affirmer que mon addiction telle que décrite dans le premier épisode est de l’histoire ancienne. Malgré cela je reste mesuré dans l’idée que je possède un terrain favorable aux addictions d’une manière générale et qu’il me faut sans cesse contrôler ma consommation afin de ne pas retomber dans mes travers.

Commençons par le commencement, après 10 ans de jeu totalement incontrôlé sans BRM et avec des attentes relativement fortes, ma copine me force à me mettre face à moi-même : « Tu as un problème avec le jeu, fais-toi aider ? ». La violence d’une telle phrase pour quelqu’un dans le dénie est l’équivalent d’un uppercut façon Tyson, Ali, Mc Gregor ou Ryu… du genre qui va directement te toucher le mental pour ranimer la voix de la raison enterrer depuis bien des années. Il m’a d’abord fallut accepter le fait d’être addict.

Avant même d’écrire, et commençant à peine à effleurer l’idée d’avoir un souci avec mon jeu préféré, j’ai téléphoné, honteux, au joueur info service… quand on le fait, on a l’impression que c’est la loose, que c’est l’admission ultime qu’on a un souci et qu’il nous est impossible de le régler seul. Au moment de composer le numéro je me souviens avoir eu l’impression d’appeler Thérèse de « Détresse amitié ». Mais la vérité est que ce coup de téléphone est probablement la chose la plus responsable que j’ai faite, car si on pense qu’on est un cas isolé, en réalité le schéma qu’on suit est assez commun à de nombreuses personnes, et qu’au final chaque addiction possède des points communs les unes avec les autres.

La « Thérèse » que j’ai eu m’a donc orienté vers un centre d’addiction au jeu totalement gratuit… Une fois encore, les préjugés me faisaient m’imaginer déclamer en thérapie de groupe : « Le poker c’est tabou on en viendra tous à bout ». Mais non, pas du tout, je me retrouve suivi par un addictologue à raison d’une fois par mois. Le type doit avoir 5 ans de plus que moi, d’une bienveillance qui permet de faire confiance et de se livrer, d’écouter l’analyse qui est faite de votre cas et de mettre en place vous-même des choses qui vous aideront à sortir de cette routine malsaine. Pour ça écrire l’intégralité des 10 ans de poker m’a permis de voir à quel moment l’addiction est arrivée, à quel moment elle a sournoisement pris le contrôle, à quel moment j’ai lutté, et à quel moment je me suis laissé sombré et pourquoi.

Pour ma part cette routine était la suivante : je rentrais chez moi, j’allumais le pc sans même me poser la question de si j’en avais envie, je lançais le soft et balançais les tournois que je voulais et re entry après chaque bust, juste parce que j’avais pris l’habitude de cliquer sur les boutons « fold, call, raise, re entry ». Il ne s’agissait pas de recherche d’adrénaline, ni même l’envie de gagner, ni l’envie compétitive de dominer mon adversaire, juste de cliquer… Oui, c’est débile, oui, c’est inutil, oui ça dilapide le peu de tune qu’on gagne mais c’était devenu une habitude pour passer le temps. Bien sûr je vous explique ceci après 3 ans de travail personnel sur ce problème, mais sur le coup tout était justement justifié par la compétition, l’envie de gagner et l’adrénaline. En revanche je n’avais rien mis en place pour gagner, je ne travaillais pas le jeu, ou pas correctement avec des outils, une méthode, je ne pouvais donc pas être compétitif. Quant à l’adrénaline elle était hautement négative : « hold… HOLD…. NAN PUTAIN DE RIVIERE, FAIT CHIER, C’EST RIGGED » Hurlais-je derrière mon écran.

Bref pour casser cette routine, j’ai commencé à faire du saxo dans la rue à chaque fois que je sentais la compulsion venir en moi. Le but étant de payer les buy in des tournois grâce à l’argent ramener dans la rue. Alors ne nous mentons, pas j’ai fait ça pendant à peu prêt un an. Cette expérience m’a apporté beaucoup : déjà, avoir une opinion largement positive de moi quant à ma capacité à mettre en place ce que je voulais. Ensuite voir que je transmettais de l’émotion au gens et qu’ils payaient pour ça. Avoir des opportunités grâce à des rencontres fortuites provocant des échanges de cartes, ou des commandes pour jouer dans des soirées, cocktail, mariages. La possibilité de rencontrer des gens, d’échanger un regard, un sourire ou une longue discussion. Et surtout continuer de travailler l’instrument pour être meilleur et faire rentrer encore plus de caillasse. Tous ces facteurs combinés m’ont redonné une image positive de moi-même et une confiance réelle pour mener d’autres projets. A côté de ça avec ma copine nous avons mis en place des temps à passer ensemble. Le couple est souvent négligé avec une pratique addictive et il est impératif d’y faire attention avec des gestes quotidiens, des marques d’attention et des temps privilégiés.

Petit à petit le clic sur des boutons n’étaient plus le centre de ma vie, et j’ai vraiment pu retrouver le poker comme une passion à laquelle je m’adonne avec plaisir.

Ce plaisir je le retrouve dans son paroxysme lors des event Live Winamax. Depuis l’an passé et ma qualif pour Dublin, j’ai vraiment mesuré l’impact de la communauté en faisant de vraies rencontres qui la plupart du temps vont bien au-delà du poker (à tel point que lorsque j’ai appris la grossesse de ma copine, c’est aux amis de la famille poker que je l’ai annoncé en premier, avant mes amis d’enfance ou ma famille). Ces événements mélangeant fun et poker sont des colonies de vacances dans lesquels le plaisir est maximum. Entre membres de la communauté Wam, des joueurs aux tables ou à l’extérieur, des adversaires au beer pong, les membres du staff wina et autres, le poker est la cause qui nous rassemble mais elle ne représente pas l’essentiel du voyage selon moi. Lorsque je me suis aperçu de ça, j’ai compris que l’addiction s’était grandement estompée ce qui m’a rendu encore plus fier, car pour un ancien addict pur il s’agit d’un accomplissement certain.

Cela dit je ne suis pas naïf, et durant ces trois ans j’ai vécu des moments de bonheur incroyables durant lesquels je n’avais pas le poker en tête. Malheureusement il m’est aussi arrivé des coups durs comme il en arrive à tout le monde car comme dirait le philosophe Riberi « La routourne tourne ». Dans ces périodes il est incontestable que le poker est alors revenu en force… enfin pas le poker mais plutôt le clic frénétique qui redevient la motivation principale… L’horreur ! Le pire est de s’en rendre compte et de ne pas arriver à lutter avec l’argument classique : Demain je me remet dans le bain, mais aujourd’hui je m’autorise le craquage. L’avantage c’est que dans ces situations maintenant j’arrive à analyser les symptômes de rechutes, l’autre avantage c’est l’entourage que j’ai autour de moi, ma copine, mes différents cercles d’amis, ma famille.

Etre entouré dans ces situations est vraiment une clé de sortie, l’autre clé est d’avoir des projets : j’ai d’abord monté les Micros Lyonnais un site d’information musical sur Lyon, dont le montage fut assez funky mais qui fut surtout un ballon d’essai pour un autre projet pro actuellement en cours. L’autre projet, est la théorique arrivée fin Février prochain, d’un ou d’une petite SHLAAAAG, et autant vous dire que ça me force à revoir mon style de vie bohême bien comme il faut.

Avoir des projets permet de concentrer son temps et son énergie à celui-ci. Je me suis fait une raison, mon problème ne sera jamais véritablement sevré, mais aujourd’hui j’ai toutes les clés qu’il me faut pour que le poker ne soit non pas une addiction mais un véritable plaisir.

Rendez vous à Dublin pour un festival qui s’annonce déjà ouf malade !

[evideo]Wam saxo - YouTube

Emouvante histoire que tu nous racompte la bravo!

Toujours aussi sympa de te lire et d’avoir quelques nouvelles :smiley:
Merci pour le wam saxo et gros gl pour dublin :club:

Congrats aux deux futurs parents :wink:

Si on était IRL, je me serais volontiers fendu d’une accolade : toutes mes félicitations Arthur, je suis très heureux pour toi et je pense que tu vas vraiment déchirer en tant que papa.

@Chhriis : Of course qu’il y aura l’accolade, Dublin c’est dans moins d’un mois et c’est probablement mon dernier live avant un petit moment alors j’espère bien fêter ça dignement. T’as un team mate pour le Beer pong open?

@nonneobstant : Thanks for the wishes bon il reste encore du temps c’est prévu pour … le 29 février!

@KILLZIT2 : Merci c’est cool pour ces petits mots qui me vont toujours droit au coeur l’ami, je renverrai surement un gros CR de Dublin.

@Girab06 : merci pour le support!

REDEMPTION SONG

Voilà a peu prêt 3 ans que j’ai ouvert ce blog. Initialement, les premières lignes dans cet espace étaient dans le but de poser sur le papier tout ce que j’avais en tête, m’exprimer et expulser tout ce que je n’arrivais pas à dire à mes proches ou que je n’osais pas m‘avouer.

De l’acceptation de l’addiction à aujourd’hui il s’est passé du temps et des événements. En étant parfaitement honnête avec moi-même je peux affirmer que mon addiction telle que décrite dans le premier épisode est de l’histoire ancienne. Malgré cela je reste mesuré dans l’idée que je possède un terrain favorable aux addictions d’une manière générale et qu’il me faut sans cesse contrôler ma consommation afin de ne pas retomber dans mes travers.

Commençons par le commencement, après 10 ans de jeu totalement incontrôlé sans BRM et avec des attentes relativement fortes, ma copine me force à me mettre face à moi-même : « Tu as un problème avec le jeu, fais-toi aider ? ». La violence d’une telle phrase pour quelqu’un dans le dénie est l’équivalent d’un uppercut façon Tyson, Ali, Mc Gregor ou Ryu… du genre qui va directement te toucher le mental pour ranimer la voix de la raison enterrer depuis bien des années. Il m’a d’abord fallut accepter le fait d’être addict.

Avant même d’écrire, et commençant à peine à effleurer l’idée d’avoir un souci avec mon jeu préféré, j’ai téléphoné, honteux, au joueur info service… quand on le fait, on a l’impression que c’est la loose, que c’est l’admission ultime qu’on a un souci et qu’il nous est impossible de le régler seul. Au moment de composer le numéro je me souviens avoir eu l’impression d’appeler Thérèse de « Détresse amitié ». Mais la vérité est que ce coup de téléphone est probablement la chose la plus responsable que j’ai faite, car si on pense qu’on est un cas isolé, en réalité le schéma qu’on suit est assez commun à de nombreuses personnes, et qu’au final chaque addiction possède des points communs les unes avec les autres.



La « Thérèse » que j’ai eu m’a donc orienté vers un centre d’addiction au jeu totalement gratuit… Une fois encore, les préjugés me faisaient m’imaginer déclamer en thérapie de groupe : « Le poker c’est tabou on en viendra tous à bout ». Mais non, pas du tout, je me retrouve suivi par un addictologue à raison d’une fois par mois. Le type doit avoir 5 ans de plus que moi, d’une bienveillance qui permet de faire confiance et de se livrer, d’écouter l’analyse qui est faite de votre cas et de mettre en place vous-même des choses qui vous aideront à sortir de cette routine malsaine. Pour ça écrire l’intégralité des 10 ans de poker m’a permis de voir à quel moment l’addiction est arrivée, à quel moment elle a sournoisement pris le contrôle, à quel moment j’ai lutté, et à quel moment je me suis laissé sombré et pourquoi.



Pour ma part cette routine était la suivante : je rentrais chez moi, j’allumais le pc sans même me poser la question de si j’en avais envie, je lançais le soft et balançais les tournois que je voulais et re entry après chaque bust, juste parce que j’avais pris l’habitude de cliquer sur les boutons « fold, call, raise, re entry ». Il ne s’agissait pas de recherche d’adrénaline, ni même l’envie de gagner, ni l’envie compétitive de dominer mon adversaire, juste de cliquer… Oui, c’est débile, oui, c’est inutil, oui ça dilapide le peu de tune qu’on gagne mais c’était devenu une habitude pour passer le temps. Bien sûr je vous explique ceci après 3 ans de travail personnel sur ce problème, mais sur le coup tout était justement justifié par la compétition, l’envie de gagner et l’adrénaline. En revanche je n’avais rien mis en place pour gagner, je ne travaillais pas le jeu, ou pas correctement avec des outils, une méthode, je ne pouvais donc pas être compétitif. Quant à l’adrénaline elle était hautement négative : « hold… HOLD…. NAN PUTAIN DE RIVIERE, FAIT CHIER, C’EST RIGGED » Hurlais-je derrière mon écran.

Bref pour casser cette routine, j’ai commencé à faire du saxo dans la rue à chaque fois que je sentais la compulsion venir en moi. Le but étant de payer les buy in des tournois grâce à l’argent ramener dans la rue. Alors ne nous mentons, pas j’ai fait ça pendant à peu prêt un an. Cette expérience m’a apporté beaucoup : déjà, avoir une opinion largement positive de moi quant à ma capacité à mettre en place ce que je voulais. Ensuite voir que je transmettais de l’émotion au gens et qu’ils payaient pour ça. Avoir des opportunités grâce à des rencontres fortuites provocant des échanges de cartes, ou des commandes pour jouer dans des soirées, cocktail, mariages. La possibilité de rencontrer des gens, d’échanger un regard, un sourire ou une longue discussion. Et surtout continuer de travailler l’instrument pour être meilleur et faire rentrer encore plus de caillasse. Tous ces facteurs combinés m’ont redonné une image positive de moi-même et une confiance réelle pour mener d’autres projets. A côté de ça avec ma copine nous avons mis en place des temps à passer ensemble. Le couple est souvent négligé avec une pratique addictive et il est impératif d’y faire attention avec des gestes quotidiens, des marques d’attention et des temps privilégiés.

Petit à petit le clic sur des boutons n’étaient plus le centre de ma vie, et j’ai vraiment pu retrouver le poker comme une passion à laquelle je m’adonne avec plaisir.

Ce plaisir je le retrouve dans son paroxysme lors des event Live Winamax. Depuis l’an passé et ma qualif pour Dublin, j’ai vraiment mesuré l’impact de la communauté en faisant de vraies rencontres qui la plupart du temps vont bien au-delà du poker (à tel point que lorsque j’ai appris la grossesse de ma copine, c’est aux amis de la famille poker que je l’ai annoncé en premier, avant mes amis d’enfance ou ma famille). Ces événements mélangeant fun et poker sont des colonies de vacances dans lesquels le plaisir est maximum. Entre membres de la communauté Wam, des joueurs aux tables ou à l’extérieur, des adversaires au beer pong, les membres du staff wina et autres, le poker est la cause qui nous rassemble mais elle ne représente pas l’essentiel du voyage selon moi. Lorsque je me suis aperçu de ça, j’ai compris que l’addiction s’était grandement estompée ce qui m’a rendu encore plus fier, car pour un ancien addict pur il s’agit d’un accomplissement certain.



Cela dit je ne suis pas naïf, et durant ces trois ans j’ai vécu des moments de bonheur incroyables durant lesquels je n’avais pas le poker en tête. Malheureusement il m’est aussi arrivé des coups durs comme il en arrive à tout le monde car comme dirait le philosophe Riberi « La routourne tourne ». Dans ces périodes il est incontestable que le poker est alors revenu en force… enfin pas le poker mais plutôt le clic frénétique qui redevient la motivation principale… L’horreur ! Le pire est de s’en rendre compte et de ne pas arriver à lutter avec l’argument classique : Demain je me remet dans le bain, mais aujourd’hui je m’autorise le craquage. L’avantage c’est que dans ces situations maintenant j’arrive à analyser les symptômes de rechutes, l’autre avantage c’est l’entourage que j’ai autour de moi, ma copine, mes différents cercles d’amis, ma famille.

Etre entouré dans ces situations est vraiment une clé de sortie, l’autre clé est d’avoir des projets : j’ai d’abord monté les Micros Lyonnais un site d’information musical sur Lyon, dont le montage fut assez funky mais qui fut surtout un ballon d’essai pour un autre projet pro actuellement en cours. L’autre projet, est la théorique arrivée fin Février prochain, d’un ou d’une petite SHLAAAAG, et autant vous dire que ça me force à revoir mon style de vie bohême bien comme il faut.

Avoir des projets permet de concentrer son temps et son énergie à celui-ci. Je me suis fait une raison, mon problème ne sera jamais véritablement sevré, mais aujourd’hui j’ai toutes les clés qu’il me faut pour que le poker ne soit non pas une addiction mais un véritable plaisir.

Rendez vous à Dublin pour un festival qui s’annonce déjà ouf malade !

https://www.youtube.com/watch?v=2nZruMNitAo&feature=youtu.be
Chhriis:
@Chhriis : Of course qu'il y aura l'accolade, Dublin c'est dans moins d'un mois et c'est probablement mon dernier live avant un petit moment alors j'espère bien fêter ça dignement. T'as un team mate pour le Beer pong open?

Tu as du passer à côté de ça : je ne serai donc pas à Dublin ;)
Hi Justin -- t'as le droit de jouer sur Wina désormais ou t'as une clause de non-concurrence ou autre? J'espère qu'on te manque pas trop... :mrgreen: :mrgreen:

Je viens de dévorer tout ton blog! Passionnant, tu auras des choses à raconter à tes petits enfants :slight_smile: Y’a matière et talent à écrire un livre…
Sympa d’avoir pu te rencontrer à Dublin (Merci Fanfan). C’est fou le décalage qu’il y a entre le « personnage » que tu décris et le recul et la maturité de l’auteur et de la personne d’aujourd’hui!
J’espère que tu as pu bien rentrer :slight_smile:confused: (Encore une petite aventure à raconter!)
Au plaisir de te recroiser sur un évent Wina ou lyonnais. Prend bien soin de ta petite femme dans cette dernière ligne droite :slight_smile: La paternité amène d’autres perspectives et une force qui ne pourra que t’aider dans tes projets et ton « combat » face à l’addiction!
Rémi