Le poker et moi
Ah que de beaux souvenirs… Et puis pas mal d’argent gagné, ce qui fait du bien au compte en banque, et surtout à l’égo. Mais bon tout ça c’est derrière moi, c’est fini, place aux jeunes.
Si vous m’aviez posé la question le 15 janvier 2017, voici ce que je vous aurais répondu.
Le poker et moi, depuis que j’ai commencé en 2009, ça a toujours été une histoire de « je t’aime moi non plus ». Des phases de passion, rarement plus de quelques mois, puis autant d’arrêt total, en attendant que l’envie revienne.
D’ailleurs, c’est amusant mais quand je regarde les précédents billets sur ce blog, j’ai l’impression que j’ai passé ma vie à rebuild à partir de quelques euros.
C’est sans doute un peu ça.
Bref, depuis 2015, je ne jouais quasiment plus. Bien quelques petits live de temps en temps, voire un tournoi shooté sur winamax dans un moment de faiblesse. Mais globalement le poker c’était fini pour moi. Pourquoi ? Parce que je m’étais aperçu que je ne prenais plus de plaisir, que je n’avais plus la patience de rester 6 ou 7 heures devant un tournoi, que je spewais un maximum la plupart du temps. Bref, la passion n’était plus là.
La bonne résolution 2017
Jusque début de 2017. Il faut dire qu’au niveau de ma vie privée, pas mal de choses ont changé ces derniers temps, me laissant plus de temps libre qu’à une époque. Et puis les enfants ayant grandi, gagné en autonomie, ça aide. J’ai senti cette petite chose étrange au fond de ma poitrine. Oui c’était bien ça, j’avais envie de rejouer au poker.
Profitant d’un séjour en Australie, j’ai été m’essayer en NL2 au casino du coin, et le verdict était formel : j’avais à nouveau envie de jouer. Bien aidé par un up de 100$ d’ailleurs. Aurais-je eu autant envie de reprendre si j’avais été à -300 $ ? Va savoir.
Photo bonus 1 : le Jupiters Casino de la Gold Coast, Australie
Il me restait 20€ sur Winamax, de quoi tenter un énième rebuild.
La stratégie ? des MTT à 1€ et 2€. Le BRM ? On va y revenir, mais je n’ai jamais été bon pour ça. Le résultat ? Un échec cuisant.
Premièrement j’ai été assez surpris par la difficulté que j’avais sous-estimée. Par difficulté il vaut mieux comprendre variance, car des spots pour mettre tout au milieu vs des villains trèèèès light, il y en a une tonne, mais évidemment, cette quasi-obligation de partir à tapis en début de tournoi implique une variance bien accrue, ce qui est incompatible avec un BRM aussi agressif.
Pas découragé, et pas vraiment étonné non plus, j’ai donc décidé d’investir 100 € après avoir broke mes 20€ en quelques jours. Mon premier cash-in depuis des années. Je ne vous cache pas que ça m’a fait chier.
100 € qui allaient me permettre de grinder des 1€, 2€, 3€ et… 5€. Que voulez-vous on ne se refait pas. Mais en parallèle, j’avais identifié pas mal de choses à corriger dans mon jeu.
Beaucoup de leaks à corriger
1/ Encore beaucoup de spew. Je pense qu’en tournoi tout particulièrement, il faut une grande discipline dans la conservation des jetons. Je pense qu’un tournoi se joue davantage sur les jetons qu’on ne perd pas plutôt que sur ceux qu’on gagne. En conséquence, accepter de se faire bluffer. Tu avais air ? Nice hand et next, mes jetons sont trop précieux pour toi. Reconnaître qu’un hero fold est plus gratifiant, et davantage ev+ qu’un hero call. Ce qui est amusant c’est que c’était une de mes forces il y a quelques années, mais j’ai progressivement déréglé mon jeu parce que j’avais le sentiment d’être trop facilement exploitable.
2/ Resserrer et rerégler mes ranges. A l’origine un joueur plutôt TAG, j’avais progressivement glissé vers le LAG, et de la stratégie long ball vers small ball. Ca n’est bien sûr pas une mauvaise idée en soi, j’ai le sentiment que cette stratégie permet de réduire la variance, et donc est EV+ en tournoi. Mais il y avait des soucis dans mes ranges, mal conçues, trop de 2 gapers par exemple, et une mauvaise appréhension des notions d’équité et de jouabilité des mains. Je pense que c’est un aspect sur lequel tous les joueurs travaillent toute leur vie, mais bizarrement, je n’avais jamais vraiment travaillé dessus. J’ai toujours fonctionné avec des ranges intuitives. Si ça peut fonctionner, je me retrouvais du coup embarrassé pour estimer les ranges adverse, ce qui est très pénalisant.
De la même façon, au-delà des ranges d’open preflop, j’ai eu besoin de corriger mes ranges de cbet, mes ranges de 3bet et de 4bet pre, qui étaient toutes mauvaises.
3/ Accepter de jouer davantage hors de position. Je pense que lorsqu’on débute on insiste tellement sur l’importance de jouer en position, qu’on se retrouve à très largement overfold hors de position, notamment en tournoi. Et pourtant, s’il est vrai qu’on va disposer de moins d’informations, perdre de la value river notamment, on va aussi bénéficier d’une value supplémentaire face à des villains qui vont avoir tendance à overbluff. Et ils sont nombreux.
4/ Apprendre à jouer postflop. Ce point là est vraiment essentiel, parce que j’ai toujours eu l’impression d’avoir un jeu preflop assez efficace, en particulier dans les situations de steal/resteal, à moins de 25 BB deep notamment, ce qui s’avère indispensable en tournoi, mais en contrepartie je ne me suis jamais senti à l’aise postflop, en particulier hors de position. D’ailleurs, j’ai toujours eu une certaine appréhension du cash game, et j’ai fini par comprendre que c’était parce que mon jeu post flop n’était pas bon : trop agressif, mauvaises ranges de cbet, de c/r, mauvais sizings de bet. J’ai beaucoup travaillé sur ces aspects dernièrement, et le fait est que je me sens beaucoup plus à l’aise. De plus, c’est indispensable à un jeu LAG.
Dans le même temps, j’ai beaucoup observé mes adversaires. Il faut dire que le poker a sacrément changé depuis 2014-2015, et au début j’avais beaucoup de mal à comprendre les plays. Bizarrement, je pensais que le niveau serait monté, et pourtant c’est l’impression inverse que j’ai à présent. Du moins dans les limites inférieures à 20€. Il y a vraiment très très peu de joueurs un minimum compétents à ces limites, j’en croise à peine quelques uns par tournoi. A ceux qui pensent que l’âge d’or du poker est derrière nous, je n’en serais pas si sûr.
En tout cas j’ai pu repérer un certain nombre de faiblesses inédites (comprendre qui n’existaient pas à l’époque) qu’il m’est désormais possible d’exploiter très régulièrement.
Photo bonus 2 pour ceux qui ont le courage de lire : c’est jouli chez moi non ?
En termes de résultats
Des débuts mitigés, malgré une seconde place sur un 3€ pour environ 150€, ce qui m’a permis de respirer côté BRM. Il a fallu attendre le début de la semaine dernière pour connaître les premières vraies perfs.
Tout d’abord la victoire sur le Breakfast pour 800 €, puis quelques jours plus tard une quatrième place sur le Noctambule pour 330 €. Une 4ème place assez frustrante parce que la 1ère était franchement prenable, mais bon…
En tout cas, avec une bankroll à un peu plus de 1200 € après un rebuild commencé il y a précisément 1 mois, je n’ai pas vraiment le droit de me plaindre. D’autant que désormais je vais pouvoir commencer à faire du volume sur les 5 et 10 €, et bien sûr incorrigible que je suis à shooter quelques 20 €.
L’objectif est d’avoir une BR de 6000 € pour les Winamax Series et de poser une semaine de congés pour participer à tous les events. J’ai à battre mon record personnel de janvier 2014, 4ème sur l’event 33 à 50 € pour un gain de 2484 € (SharkScope - Statistiques de poker en ligne et en salle)…
L’objectif 2 est d’atteindre les 15k de BR à la fin de l’année et d’en cash out 1/3.
Qui vivra verra…
PS : il y a de nombreux autres sujets dont je voulais parler dans ce post, notamment le BRM, mon approche pour progresser, mes ranges d’overbet river, les leaks évidentes du field que je peux partager, et bien d’autres. Mais c’est décidément trop long, alors tant pis. Ca m’obligera à faire d’autres posts. Enfin s’il y a des lecteurs
PPS : je voudrais en profiter pour remercier ceux qui m’ont permis de reprendre en m’aidant sur les mains postées, ou grâce à leurs posts, directement ou non, consciemment ou non. Je pense en particulier à Gora Pizz qui est toujours disponible pour donner un avis éclairé (et aux autres hein, pas de jaloux. Mais bon Gora, chapeau mon gars).