AVANT PROPOS : Ce post pourrait s’apparenter à un whine… Il n’en est rien, il s’agit d’un constat simple de ma situation actuelle et sur laquelle je fais un point objectif au 3/4 de mon année dédiée au poker.
QUAND JUS D AS SURPREND G ZU
Il n’est jamais facile d’écrire un article quand on est dans le creux de la vague. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai repoussé encore et encore ce post, tout en sachant qu’à un moment il faudrait l’écrire sans se voiler la face.
Comme vous le savez cette année est consacrée au poker. Dans le jeu bien entendu, mais également dans l’étude du jeu. Pour moi le poker est un sport, et cette année à pour but de pallier à une frustration de jeunesse devenir sportif professionnel. Quand j’ai décidé de me lancer dans l’aventure l’an passé, j’ai perçu que j’étais très loin d’être au niveau et j’ai donc fait appel successivement à différentes personnes pour travailler le jeu afin de hausser le ton et d’arriver à optimiser mon jeu.
Rapidement mon objectif est devenu de bosser le jeu GTO pour arriver à comprendre ou le field dévie et comment exploiter ces failles. Honnêtement je ne savais pas trop dans quoi je me lançais car ce travail est proprement immensément profond et on peut vite s’y perdre (SPOILER ALERT : c’est exactement ce qui m’est arrivé).
J’ai donc, suite au conseil de mon coach, travailler les ranges d’open, de 3bet, de défense grâce à l’outil préflop guru. Chaque jour je descendais prendre mon café en bouquinant le Bouquin Modern Poker Theory qui est une synthèse du travail sur les solver. Je prenais mon café en terrasse et bossais entre 1h et 1h30 en prenant des notes sur des fiches bristol, bref j’étais beaucoup plus assidu dans cette étude que pendant mes années scolaires ou BTS… Les résultats étaient plus ou moins là mais avec une courbe plutôt agréable à regarder. En juin j’ai atteint les deux tiers de mon objectif annuel.
A ce moment là j’ai une bankroll décente sans être folle non plus, je tourne plus ou moins avec 8k€ de fond de roulement ce qui me semble largement décent pour jouer le 20€ et quelques 50€ abordables type Prime Time ou Gladiator.
L’été est présent, les restrictions se lèvent petit à petit sous caution de pass sanitaire, et je décide d’aller tater des cartes en live. La dernière fois que je m’étais assis autour des tables remontait au WPO Dublin 2019 autant dire que ça me démangeait sévère. Je motive mon pote Nono et deux potes de mon groupe de travail et nous voici parti direction Aix en Provence pout jouer un TPS. Le soleil, les cigales les cartes, les copains tout ça à un parfum de vacances. J’en profite pour savourer le fait de ne pas avoir mon fils en bas age ni ma compagne avec moi pour retrouver ce mode SHLAAAAG qui m’avait suivi tant d’année. Réveil Midi, couché 3h en refaisant le monde autour d’une bière et d’un pétard, c’était top. Côté carte, ça roulait de ouf : Quelques ITM correct, sur le main et le tournoi d’ouverture, en revanche j’ai spew total le HR sur lequel je m’étais inscrit. Et le comble j’arrive à ship l’équivalant de la 4eme place sans faire ITM d’un tournoi bounty surprise ou il était possible de gagner de grosses primes en cash en éliminant des joueurs randomiser. Bref retour financièrement légèrement positif.
A ce moment là je croyais que j’allais pouvoir atteindre mon objectif de 30k€ sur l’année, je me doutais que j’avais run correctement mais je ne me doutais pas à quel point. Bien sur je n’imagine pas une carrière, je ne me vois pas en haut de l’affiche, je ne me vois pas parmis les top reg du site, mais je commence à caresser l’espoir de faire une deuxième saison dans les règles de l’art avec un statut d’entreprise qui pour moi serait le graal ultime.
C’est là que la machine s’enraya, le baiser de Jus D’AS aller gentiment entraver les bonnes volonté de G ZU. Dès le mois d’aout je continue de bosser le jeu mais je lève le pied sur le grind, malgré cela je continue à faire de nombreux deep run qui seront tous avortés. Puis arrive les series pour lesquels je me suis préparé et là… Catastrophe, mon jeu est bien callé, je run 10bb/100 (même si évidemment cet indicateur reste négligeable par rapport au cash game) je joue de manière OK mais ça ne passe pas, les shots non plus ne passent pas, le budget initialement prévu était de 2k€… j’en dépenserai 3 et ne respecterai en aucun cas un BRM stricte. Résultat : financièrement dégueu, moralement pas ouf… La saison deux que je commençais a envisager relativement serainement reste parfaitement envisageable mais j’ai quand même pris du plomb dans l’aile.
Le mois d’octobre repart bien avec de nombreuse finale et victoire, malheureusement sur des petits fields, Ce qui permet de payer les sessions mais pas de monter la BR de manière significative. En revanche sur les gros fields c’est les ITMOUSSE qui me tendent les bras, funday, fièvre Prime time, gladiator, Afterwork… des demis, des 20eme places… bref je commence à sentir une frustration, celle d’avoir un objectif, et de glisser sur la marche qui le précède encore et encore sans arriver à la dépasser. Il me reste alors 2 mois et demi et j’ai l’impression que le temps est compté. Inexorablement je commence à penser à l’option qu’il faudra prendre fin décembre si l’objectif n’est pas atteint : retourner à la vie normal et trouver un travail pour assurer les factures. Le problème c’est que cette vision me renvoie à une conception sociétale qui ne correspond pas à mes idéaux et avec laquelle il faudra que je fasse des concessions. Je digresse ici pour faire une parenthèse philosophique afin que vous compreniez véritablement en quoi cette option à un impacte négatif sur mon mental.
N’ayant pas de diplôme autre que le bac malgré une formation en commerce, les boulots qui s’offrent à moi sont d’ordre alimentaire. Hors, pour moi le temps est l’une des dernières choses naturelles que nous possédons et devoir louer cette ressource auprès d’un patron qui capitalisera dessus sans tirer un véritable épanouissement de celui ci (comme c’est la cas pour nombre de personnes) ne me renvoie pas de perspective d’avenir véritablement heureuse.
Fin octobre arrive, il me reste deux mois, je me mets la pression et la ressent, mon jeu se détériore et la variance devient de plus en plus violente, je commence à avoir du mal à la vivre, je sens que je force le jeu, pire encore, la variance invisible semble me jouer des tours. Ce n’est plus que les flips, ce n’est plus que les stats, c’est le fait de call muck face à des hauts de range improbable ce qui me fait dévier et jouer un C game catastrophique. Je n’arrive plus à croire mes adversaires tant je me fait défoncer. Tel Judas embrassant Jésus au mont des oliviers, la variance et le mental au plus bas m’empêche d’avoir la lucidité pour prendre les bonnes décision. La passion de G ZU embraye sur un chemin de croix. Je ne parle même pas ici des tilt d’injustice qui me rongent et pour lesquels je culpabilise quand je vois des potes ship des titres ou juste win voir deep run des tournois.
Lorsque j’écris aujourd’hui je prends du recule et préfère ne plus toucher les cartes pendant une semaine (à part pour les day 2 du collosus et du Magicus KO) car j’en suis au point ou le dégout à pris le pas sur le plaisir, et qu’il est impossible de jouer correctement dans ces conditions. Je vais donc en profiter pour prendre le temps… jouer du saxo, mater des séries, taper des foot avec mon équipe ou des inconnus, faire du billard ou juste me balader, prendre le temps avec ma femme mon fils et mes amis. En espérant que cette passade soit brève afin de revenir et d’essayer de finir l’année peut être pas forcément en beauté mais au moins pas de manière catastrophique.
Je vous retrouverai en Janvier pour faire un bilan finale de cette année. En attendant GL à vous sur les tables.