(Très) gros buy-in pour (tout) petit field
Event #9 : Super High Roller 8-Handed - 50 000 € (Day 1)
Juste après avoir monté les marches menant à la mezzanine de l'Atrium de Prague, quelle n'est pas ma surprise de retrouver Davidi Kitai assis autour d'une des tables du restaurant adjacent à la salle où se déroule le Super High Roller à 50 000 €. Soulagement rapide en apercevant au loin la clock du tournoi : la pause de vingt minutes vient tout juste de démarrer (j'ai toujours eu un excellent sens du timing). "Ouais, mais je me suis fait sortir juste avant," souffle le Génie. "Ça aura duré quinze minutes," enchaîne sa femme Caroline, présente à ses côtés. Ouch, mais que s'est-il passé ? "Nan je plaisante, c'était juste trop tentant, avoue Kitbul dans un sourire malicieux, tout content que sa blague ait fonctionné sur le pauvre couvreur innocent et naïf que je suis. Je devais le faire mais je suis désinscrit. Il ne va pas être très beau celui-là..."
Lorsqu'un joueur du calibre de Davidi Kitai vous annonce qu'un tournoi "ne va pas être très beau", cela ne peut vouloir dire qu'une chose : que la majorité des tout meilleurs joueurs de la planète sont rassemblés autour de très peu de tables pour un tournoi très cher. Il suffit de faire quelques pas dans cette salle annexe - où se joue également le Ladies Event, avec une certaine Gaëlle Baumann encore en course - pour s'en rendre compte : seulement 21 joueurs sont affichés au compteur, répartis en trois tables de sept. Sans surprise, ils n'ont pas vraiment des profils de peintres en bâtiment. Que dire par exemple de cette table rassemblant Ole Schemion, Christoph Vogelsang, Daniel Dvoress, Sam Greenwood, Nick Petrangelo et Ivan Luca, si ce n'est que personne n'aimerait y être le septième larron, à côté de ces quelques 56 millions de dollars de gains en tournoi live cumulés.
Quand un virage trois étoiles......en cache un autre au moins aussi relevé.
On pourrait également vous parler de ce qui ressemble à s'y méprendre à un petit Sit&Go entre potes, entre Stephen Chidwick, Igor Kurganov, Dietrich Fast, Dominik Nitsche et Timothy Adams (au siège 1, non présent sur la photo), mais ce serait occulter la principale information à propos de ce tournoi : l'affluence fait peine à voir. Même en sachant que le bureau des enregistrements tardifs / re-entries reste ouvert jusqu'au lancement du Day 2, demain à 12h30. Il suffit de jeter un oeil aux 49 entrées enregistrées ici-même l'an passé, pour ce "SHR 50K", lors de la victoire de Leon Tsoukernik et les 86 (!) totalisées à Barcelone en août dernier (tournoi remporté par le déjà cité Kurganov) pour s'en rendre compte.
Le festival WPT Five Diamond qui se tient actuellement du côté de Las Vegas, et qui a ouvert par un Super High Roller à 100 000 $, aurait-il convaincu certains de ne pas faire le déplacement jusqu'en République Tchèque, ou du moins plus tard ? La prolifération générale, partout dans le monde, de tournois à cinq et six chiffres de buy-in est-elle à mettre en cause ? On peut également se demander où sont les amateurs, notre radar n'en ayant repéré qu'un seul au milieu de tous ces professionnels, l'immortel Jean-Noël Thorel, aujourd'hui entouré de Steve O'Dwyer et Erik Seidel. "Des types de la clique de Leon (Tsoukernik), comme ElkY et Martin Kabrhel ne sont pas là non plus, ajoute Davidi Kitai. C'est dommage parce que j'aime bien les jouer."
En clair, nous tenons ici une affaire d'ultra-spécialistes, pour un tournoi qui ne devrait changer la vie de personne. Peut-on espérer voir arriver ce soir ou demain midi une cargaison de nouveaux arrivants en provenance du dernier avion ? L'avenir très proche nous le dira mais, après un premier HR à 10 300 € décevant (49 entrées), celui-ci ne laisse pas franchement envisager un PSC Prague 2017 grand cru en ce qui concerne les High Rollers.