Un petit Super
Si l'affluence est au rendez-vous sur les tournois massifs, on ne peut pas en dire autant des High Rollers. Les High stakers mondiaux se sont envolés de l'autre côté de l'océan... A l'exception de quelques regs européens, parmi lesquels le Francophone Jules Dickerson.
Super High Roller 50 000 € (Day 2)
On dit que tout ce qui est petit est mignon. Voyez ce petit field d’une vingtaine de joueurs qui s’écharpent dans une salle annexe du Hilton. Comme c’est chou. Voyez le buyin que chacun des participants a posé : 50 000 €. Comme c’est gracieux. Observez la poker face de Steve O’Dwyer, qui vous fixe avec un regard de tueur après vous avoir envoyé 3-barrel. Comme c’est adorable.
Vous l’aurez compris, on n’est pas sur le plus gros 50 000 de l’année. 23 entrées précisément, dont plusieurs re-entries. A titre de comparaison, son homologue des Bahamas, remporté par Erik Seidel qui prenait son 10e bracelet il y a deux jours, a enregistré un total de 137 entrées.
Les grosses bankrolls ont préféré les WSOP Paradise, dont le programme, plus dense, et le cadre “balla” s’accordaient davantage avec les envies des High Stakers. Les quelques grinders nord-Américains qu’on pouvait apercevoir l’an dernier (Daniel Dvoress, Timothy Adams, Michael Watson, Sam Greenwood...) sont bien sûr restés de l’autre côté de l’Atlantique, entrainant une chute drastique du nombre d’entrées, passés de 55 en décembre dernier, à 23 donc.
Géographie et fiscalité
Pour un joueur de très hautes limites, le choix de la destination est étroitement lié à sa résidence fiscale. « La nouvelle législation en Hongrie a fait que de nombreux high stakers ont préféré Prague » explique Samy Dubonnet, pilier de la Team ATM et résident à Budapest. En plus de la proximité géographique, c’est ce qui explique la présence d’un Tamas Adamszki ou d’un Laszlo Bujtas.
Une nouvelle paire d'As pour Laszlo Bujtas, qui vient ici de mettre fin au parcours de Dimitar Danchev, le shortstack de la table finale, qui tenait A-8
Plutôt que de suivre son compatriote Adrian Mateos au Bahamas, Juan Pardo est l’unique représentant espagnol sur ce Super High Roller. « Il habite en Andorre. Les accords avec les Etats-Unis ne lui sont pas favorables d’un point de vue fiscal » m’explique mon confrère espagnol Alex Hernando.
Habitués des High Roller EPT, Kayhan Mokri, Steve O’Dwyer, Dimitar Danchev, Teun Mulder ou Ognyan Dimov étaient également de la partie. Et nos Bleus dans tout ça ?
Revoilà Dickerson
Le seul Français de Papier répondait au nom de Grégoire Auzoux. Vainqueur d’un Triton au printemps dernier à Chypre, le Parisien est désormais régulier sur le circuit High Roller. Mais si j’utilise l’imparfait, c’est que Gregoire n’est plus de ce tournoi. Il a succombé en début d’après-midi à un 70-30 contre Tsugunari Toma. Le Japonais a touché sa dame dans un duel Roi-Dame contre As-Roi, éjectant Grégoire aux protes de la table finale.
Un autre Francophone demeure cependant dans ce tournoi princier. Un homme qu’on aperçoit de plus en plus souvent sur les gros tournois du circuit : Jules Dickerson. Un homme très international, de passeport anglais, qui a longtemps vécu en France, mais aussi passé par le Kenya, la Scandinavie l’Asie… « Ca fait un an que je viens sur les EPT, informe Jules, dont le terrain de prédilection reste le cash-game. Ça me permet d’allier poker et voyage dans des endroits différents » poursuit le joueur, qui se ballade partout autour du globe avec sa compagne.
On l'avait découvert lors de l'EPT Paris, on l'a retrouvé parmi les chipleaders du Main Event WSOP. Cette fois, le Francophone figure parmi les huit derniers survivants du tournoi et vient de revenir dans la partie suite à un très beau duel de blindes face à Teun Mulder.
Limp, check du Hollandais et le flop vient A7A. C-bet 1 blinde (8 000), call de Mulder. Turn Q, check Dickerson, 30 000 Mulder, call. River 5, check Dickerson et 83 000 Teun. Jules prend une petite minute, puis annonce le check-raise tapis, pour 168 000 total. Teun semble bien embêté. Il se gratte la tête pendant deux minutes, puis finit par payer les dix blindes restantes. Dickerson montre AQ. Voilà comment valoriser un full max face à l’un des meilleurs joueurs du monde.
Jules se remet en selle. Ils ne sont plus que huit, et pourtant, les places payées semblent encore bien lointaines : seuls 4 joueurs seront payés dans ce tournoi. Un petit demi-million pour le vainqueur. Une belle somme en soit, même pas dix buy-in en vérité.
Nous laisserons ces huit larrons se taper dessus le temps qu’il faudra avant de les retrouver pour le dénouement.
Chicpount & Pay-out
Laszlo Bujtas (Hongrie) : 1 470 000 Juan Pardo (Espagne) : 970 000 Stever O’Dwyer (Irlande) : 780 000 Tsugunari Toma (Japon) : 750 000 Jules Dickerson (UK) : 600 000 Teun Mulder (Pays-Bas) : 430 000 Tamas Adamszki (Hongrie) : 410 000 Kayhan Mokri (Norvège) : 340 000
Pay-out
1er : 479 830 € 2e : 301 200 € 3e : 200 800 € 4e : 133 900 €