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PokerStars European Poker Tour Paris 2024-Side Events - FPS Main Event 1K

Speranza ô désespoir, 4 Français en table finale

Il y aura bel et bien quatre représentants bleus en finale de ce Main Event FPS. 470 000 à la gagne, Julien Duveau et Enis Rouissi toujours gros, Pierre Merlin est revenu aux affaires et Yassine Baqal est toujours dans le coup, prêt à pourchasser le nouveau chipleader Pietro Corsi. L’Italien a fait exploser sa table, et le sang-froid de Gianluca Speranza en même temps.

1 100 € Main Event FPS (Day 3 - Table finale)

Speranza

Après la sortie du shortstack Adrian Andritz, ils étaient dix pour neuf places. Dernier en jetons, Blaz Zerjav était la cible de tous les regards mais c’est finalement sur l’autre table que l’action s’emballe.

Pour re-planter le contexte, Gianluca Speranza est en tilt. Depuis deux heures, il multiplie les joutes contre son voisin et compatriote Pietro Corsi. Et à chaque fois, les jetons se dirigent vers le benjamin du clan italien.

Le vainqueur High Roller EPT Monte-Carlo n’arrive pas à trouver la clef face à Pietro et perd un nouveau pot avec une deuxième paire tandis que Corsi avait slow-play un brelan d’As. Tombé à 20 blindes, Speranza envoie la sauce. Tapis 6 500 000 après un open de son autre voisin Mateusz Moolhuizen.

Speranza Moolhuizen

« Ca m’a tout l’air d’être un flip, bonne chance ! » déclare le Hollandais avant de payer. Effectivement, son AK est en flip contre le 99 adverse. L’ A en door-card, rien d’autres et l’aventure de Gianluca Speranza s’arrête aux portes de la table finale.

Moolhuizen

A part ça, Julien Duveau a fait doubler Yassin Baqal sur une batailles de blindes à tapis A9 contre 1010, Pierre Merlin et Enis Rouissi ont gratté quelques pions : tous nos représentants auront des jetons pour la plus grosse partie de poker de leur vie.

Seat-Draw Table finale Main Event FPS - 1 100 € - 4 149 entrées

TF

Siège 1 - Scott Margereson (UK) : 8 900 000 Siège 2 - Blaz Zerjav (Slovénie) : 3 500 000 Siège 3 - Mateusz Moolhuizen (Pays-Bas) : 14 000 000 Siège 4 - Enis Rouissi (France) : 17 725 000 Siège 5 - Yassine Baqal (France) : 9 050 000 Siège 6 - Kacper Pyzara (Pologne) : 18 225 000 Siège 7 - Pietro Corsi (Italie) : 21 875 000 Siège 8 - Pierre Merlin (France) : 14 025 000 Siège 9 - Julien Duveau (France) : 17 200 000

Blindes : 150 000 - 300 000 Ante 300 000

Electricité et table statique

1 100 € FPS Main Event (Finale)

Pas un mot entre les joueurs depuis le début de la table finale. La pression est monté d’un cran, les décisions se font plus longues et les coups sont empreint d’une tension rare. Seul Mateusz Moolhuizen ose quelques vannes et commentaires entre les mains, qui ont déjà boulversé le rapport de force initial.

Moolhuizen

S’il se permet d’animer, quelque peu, les débats, c’est que le Hollandais a la confiance avec lui. Après ce flip crucial remporté contre Gianluca Speranza au moment de la bulle “TF”, Mateusz ouvre le feu le premier et provoque de premiers gros dégâts.

Open Julien Duveau 600 000 EP, payé par Moolhuizen au bouton ainsi que par Kacper Pyzara en BB. Le flop vient 8810, tout le monde check pour voir la turn 2. Le Polonais part à l’attaque, lead 775 000, fold Duveau, call Moolhuizen. River 10, check Kacper et Moolhuizen charge le canon : Bet 4 500 000, plus de 1,5 fois le pot.

Pyzara

Le sizing provoque la migraine chez Pyzara. Le Polonais se prend la tête dans les mains, comme s’il maudissait la décision qu’il se doit de prendre et finit par payer. Moolhuizen montre son A10, full max, muck Pyzara, Mateusz rejoint Pietro Corsi en tête de chipcount.

Un premier coup qui donne le ton et calme les ardeurs d’une table devenue bien silencieuse. Les coups parlent d’eux même et voilà un autre duel électrique qui commence entre Enis Rouissi et Yassine Baqal. Le premier a défendu sur l’open UTG du second et le flop vient 385. C-bet 650 000 Baqal, payé par Rouissi. A sur la turn, 2-barrel 1,2 million… Et clique 2,4 millions Rouissi.

Baqual Rouissi

Un move que Yassine n’attendait pas. Le Parisien entre à son tour dans un tank éternel. 2, 3, 6… 10 minutes. 10 minutes sans qu’il ne se passe rien, seulement ce courant de tension qui circule dans l’ovale. 10 minutes, suspendsus à la décision de Yassine, jusqu’à ce que le floor n’intervienne. « Time » de 30 secondes, Baqal lâche sa main. « Pfiou, that was intense » lâche Mateusz, rompant très succintement le mutisme de cette finale.

Zerjav

Quelques minutes plus tard vient le premier “all-in & Call”. L’open-shove du shortstack Blaz Zerjav est payé par Kacper Pyzara. Deux Dames chez le Slovène, deux neuf chez le Polonais, domination nation, et ça double sur le board 53JJK. Le Slovène enchaine avec quelques petits pots pour revenir près des 9 millions, soit le stack de Kacper, pour l’instant le grand perdant de ce début de finale.

Décollage de Rouissi

Un nouveau pilote dans le cockpit. Le moins connu de nos quatre français prend les commandes du tournoi après un coup rondement mené contre les deux chipleaders.

Rouissi

Personne ne le connait, personne ne s’en méfie vraiment… Et bien Enes Rouissi est en train de se présenter. L’amateur franco-tunisien a pris un chipleader dans chaque main, les a cogné l’un contre l’autre pour lui même s’emparer de la première place provisoire.

Open Pietro Croci 1 000 000, call Mateusz Moolhuizen en SB et Enis Rouissi complète en grosse blinde. 458 sur le flop, le Hollandais brouille les pistes : Lead 1 000 000, payé, payé. Turn 3, Mateusz freine, Enis accélère : bet 3 100 000, payé par Pietro, Mateusz laisse les deux hommes en heads-up. River A, Rouissi continue son histoire : 6 000 000 envoyé, payé assez rapidement par Croci. Rouissi dévoile son 89h, pour une paire devenue flush. Croci tire la grimace. Son beau tapis vient d’être coupé en deux. Rouissi, lui, s’envole en tête de course, avec désormais 32 000 000 de jetons.

Il s’agit là du seul gros coup développé de la dernière heure. Au moment où j’écris ces lignes, nous venons d’entrer sur le niveau 300 000 - 600 000… Cela fait donc deux niveaux complets que nous n’avons pas assisté à une élimination. La majorité des compétiteurs jouent avec moins de 25 blindes, la pression ICM est énorme et ne favorise pas la prise de risque.

Mateusz Scott

Un “tapis-payé” seulement à se mettre sous la dent, un flip des plus classiques entre Mateusz Moolhuizen et Scott Margereson, qui frappera le Roi avec son AK pour vaincre les 1010 du Hollandais. Un double-up qui ne fait pas les affaires de nos trois middle-shortstacks français que sont Pierre Merlin, Julien Duveau et Yassine Baqal, désormais chiploser.

Les derniers seront toujours les premiers, et vice-versa

Parti chiploser, Yassine Baqal réalise un numéro surréaliste pour revenir sur la tête de course. Une remontée des enfers, ponctuée par la première élimination du jour, loin d'être celle sur laquelle les bookmakers auraient parié.

1 100 € FPS Main Event (finale)

Baqal

Pendant quinze minutes, nous n’avons vu que lui. Avec neuf blindes, il était effectivement temps pour Yassine Baqal de réagir. Un premier open-shove au CO pour se donner de l’air, ça passe.

Main suivante, rebelote : Yassine envoie tout depuis le HJ, récolte quatre folds et vole encore 1,5 million de jetons. Deux mains plus tard, Baqal attaque encore. Cette fois, un simple open à 1 200 000… Qui obtiendra le même résultat. En trois coups, Yassine vient d’augmenter son stack de 80%.

Deux mains plus tard, Baqal open encore… A 3 millions, soit 40% de son stack. Deux crans plus loin, Pietro Croci semble en avoir assez de voir le chiploser dicter sa loi : Tapis pour ses 12 millions, et ça sera donc un nouveau all-in & call : AJ chez l’Italien… Dominé par le AK de Baqal. La premium dans le timing parfait !

Un board 82694, Yassine renverse l’Italien et revient complètement dans la course : En quinze minutes, il vient de passer de 4,8 à 16 millions de jetons.

Baqal Croci

Comme si ça ne suffisait pas, Baqal se chargera lui même d’achever le Transalpin. Open-shove A10 de Croci pour ses 3,6 derniers millions. Tout le monde fold jusqu’à Baqal en grosse blinde qui se réveille avec… AA. La croupière déroule un board J9374. Après deux heures trente d’attente, nous tenons enfin notre premier éliminé… Le chipleader au départ de cette finale, Pietro Croci. Mamma Mia !

Deux inconnus, deux anonymes, et pourtant…

Enis Rouissi et Yassine Baqal reviendront ce lundi pour aller chercher un titre FPS historique et 470 briques. L'amateur et le joueur de cash-game ont livré une partie fantastique pour poinçonner leur ticket pour le Day 4. Le premier est chipleader, le deuxième très bien placé, et les deux représenteront la France demain, avec l'ambition d'aller chercher la victoire. Face à eux, un quatuor de grinders internationaux, plus techniques, plus expérimentés, mais qu'ils ont jusque là superbement tenu en respect.

1 100 € Main Event FPS (Fin de Day 3)

Baqal Rouissi

Des quatre français titulaires en finale, ce sont les deux qu’on connaissait et qu’on attendait le moins. Et c’est tout à fait normal puisqu’Enis Rouissi et Yassine Baqal étaient tout simplement inconnus au bataillon, jusqu’à aujourd’hui.

Demain, ils auront l’occasion d’inscrire leur nom dans l’histoire des France Poker Series, sur le plus grand tournoi jamais organisé dans l’histoire du poker français. Qui sont donc ces deux anonymes qui joueront demain une partie de poker à 470 briques ?

Enis Rouissi est d’abord un miraculé. A 12 left de ce tournoi, il a mis deux Dames contre deux Rois pour un pot à 16 millions face au chipleader Kaçper Pyzara. Seul véritable “récréatif” du casting final, Enis joue au poker depuis de longues années. Il a squatté les clubs parisiens, les parties de cash game entre la France et la Tunisie, où il vit une grande partie du temps. Mais depuis un an, sa passion a pris un tournant, lorsque pour la première fois de sa vie, Enis découvrait les joies du MTT Live.

Un passage sur le Winamax Poker Tour, un beau deep run sur le WPT Prime à Aix-En-Provence (12e pour 6 450 €), quelques petits tournois ici et là… Rien de comparable avec le deep run qu’il vit aujourd’hui. Perçant un field de 4 149 joueurs, Rouissi a parfaitement négocier les derniers niveaux du jour, au point d’être le grand gagnant de ce début de finale.

Rouissi

Sa solidité, sa capacité à changer de rythme, à sélectionner les bonnes lines contre les bons profils ont montré qu’il avait toutes les qualités nécessaires pour aller au bout. Et ce n’est ni le manque d’expérience, ni les paliers vertigineux qui le feront trembler demain. Son statut d’amateur et d’outsider, pourrait peut être même le servir

« Je ne sais pas ce que mes adversaires se disent dans leur tête… Mais là où ça peut jouer, c’est que eux sont des joueurs pros. Ils font ça de leur vie. Moi, je gagne ma vie à côté, explique celui qui travaille comme associé dans une grande boite de conseil. Je suis déjà très heureux d’être arrivé là, et puis 470 000, ça changera beaucoup de chose, mais ce n’est pas la fin de la vie. J’aurais surement moins la pression que des joueurs dont c’est le métier ».

Baqal

La France comptera un deuxième représentant, tout à fait différent. Ce qui pourrait tout de même rapprocher Enis de son compatriote Yassine Baqal, c’est leur anonymat et leur inexpérience du poker de tournoi. Le Parisien se définit clairement comme un joueur de cash-game. En privé comme en cercle, Yassine tâte le carton depuis de nombreuses années, et il dispose de nombreuses qualités, utiles en argent réel, comme en MTT. A commencer par la résilience.

Depuis deux jours, Yassine nous offre effectivement une démonstration de résistance. Pendant de longs niveaux, il s’est cramponné à son shortstack, perçant le field en restant caché dans le gruppetto. Surgissant au moment des demi-finales, il retombait encore dans la zone rouge à l’entame de la table finale, dont il a été le chiploser. Mais à aucun moment, Yassine n’a lâché l’affaire.

« J’ai passé l’essentiel du tournoi sous les vingt blindes, c’est ma zone de confort en fait, analyse le Parisien. J’étais déjà revenu de 4 blindes aujourd’hui, je me suis accroché pendant tout le tournoi, ce n’est pas en table finale que j’allais lâcher. A ce jeu, ça n’est jamais fini. Il m’a suffi de un ou deux all-in pour me remettre à flot, rappelle Yassine, qui a notamment joui d’un rush improbable, au meilleur des moments. En remontant à 8 millions, tout était jouable, puisqu’à part mon voisin qui a une tonne, les autres sont shorts aussi ».

Baqal reviendra demain avec 20 000 000 de jetons, soit une grosse trentaine de blindes et un stack quasi similaire à celui de Mateusz Moolhuizen et de Kacper Pyzara… Et deux fois plus que Scott Margereson et Blaz Zerjav. Des adversaires infiniment plus techniques ou expérimentés que lui. De là à le freiner dans ses ambitions ?

« Je vais revenir sans pression, on va chercher la win, affirme Yassine. Je suis peut être pas un spécialiste de tournoi mais ça fait quand même 18 ans que je joue au poker. Ca va le faire : demain, on va représenter la France ! ».

Face à nos deux Français, un quatuor britanno-hollando-polono-slovène. La légende britannique Margereson, le serial perfeur Moolhuizen, le jeune prodige Zerjav et le redoutable Pyzara seront des adversaires de choix. Les deux premiers espèrent ajouter un nouveau coup d’éclat à leur palmarès déjà bien fournis, les deux suivants s’apprêtent à jouer la partie qui pourrait changer leur carrière.

Merlin

Après un début de finale cauchemardesque, Kacper Pyzara a su s’armer de patience pour finalement remonter la pente sur l’ultime main de la journée. Open-shove KQch de Pierre Merlin UTG pour ses 9 dernières blindes et tout le monde fold jusqu’au Polonais, qui découvre AQ en BB. Un board 35428, et « L’enchanteur » se contente de la 7e place, pour 73 580 €.

Duveau

Quelques minutes plus tôt, son voisin et ami Julien Duveau succombait au diktat d’anis Rouissi. Open EP K6 du chipleader, 3-bet shove 33 de « J3llyFish » pour ses derniers 6 400 000. La main est bancale, mais il n’y a que 10BB à mettre : payé. Rouissi frappe le 6 au flop, pas de 3, et Julien Duveau prend la 8e place, pour 56 590 €.

Nos deux Français n’ont pas réellement pu défendre leur chance dans cette finale. Ils n’ont pas vu de jeu et se sont contentés de folder en regardant les jetons circuler chez leurs adversaires, sans jamais assister à une élimination. Un scénario catastrophique qui a fait redescendre Julien et Pierre dans le ventre mou, puis dans la zone rouge, jusqu’au coup de grâce.

Le clan français se rangera donc vers Enis Rouissi et Yassine Baqal, deux visages qu’on ne connaissait et qu’on retrouvera ce lundi pour aller chercher un titre historique et 470 patates.

Chicpount 6 left - FPS Main Event 1 100 € - 4 149 entrées

Siège 1 - Scott Margereson (UK) : 8 800 000 Siège 2 - Blaz Zerjav (Slovénie) : 9 800 000 Siège 3 - Mateusz Moolhuizen (Pays-Bas) : 20 800 000 Siège 4 - Enis Rouissi (France) : 44 200 000 Siège 5 - Yassine Baqal (France) : 19 900 000 Siège 6 - Kacper Pyzara (Pologne) : 21 000 000

Rappel du Pay-out :

1er - 470 830 € 2e - 294 530 € 3e - 210 220 € 4e - 161 710 € 5e - 124 390 € 6e - 95 690 € 7e - Pierre Merlin : 73 580 € 8e - Julien Duveau : 56 590 € 9e - Pietro Croci : 43 540 €

Margereson le glas

Une demi-heure de jeu dans ce Day 4 et une première élimination. Scott Margereson prend ses responsabilités et s’empale contre Mateusz Moolhuizen. Le Britannique prend la 6e place, pour 95 680 €.

1 100 € FPS Main Event (Finale)

TF FPS

Parti avec 15 blindes, Scott Margereson se livrait un duel à distance avec Blaz Zerjav, l’autre shortstack de la table. L’Anglais a trouvé le premier spot et envoie tout depuis le bouton avec son 33. Malheureusement pour lui, Mateusz Moolhuizen se réveille avec 99 en big blinde, snap-call !

Margereson

Un board sans saveur met fin au parcours du finaliste EPT Barcelone 2022. Après un départ compliqué, où il s’est notamment pris plusieurs 3-bet light d’Enis Rouissi, Mateusz revient au-dessus des 25 millions.

Zerjav

Tous les regards sont désormais tournés vers Blaz Zerjav. Le Slovène trouve à son tour le spot avec un re-steal à tapis A5ds sur un open KJdd de Rouissi. Le Français paie et ça sera une nouvelle balle d’élimination. Cette fois, le board 4487Q donne l’avantage au shortstack. Zerjav remonte à 20 millions, Enis est à 38.

Le guerrier méditant pose les armes

Talentueux, technique, Kaçper Pizara a également illuminé ce tournoi par son attitude exemplaire aux tables. Encaissant quelques coups terribles en demi, puis à l’entame de la finale, le Polonais a trouvé les ressources pour revenir dans la partie, jusqu’à ce nouveau bad-beat, contre Yassine Baqal.

1 100 € FPS Main Event (finale)

Pyzara

Tombé dans la zone rouge sous les coups de butoir d’anis Rouissi, Kacper Pyzara savait l’épée de Damoclès qui était sur sa tête. Le Polonais trouve le bon spot en payant l’open-shove de son voisin Yassin Baqal. Explication entre shortstacks, et Kaçper domine avec A10 contre A7.

Le flop Q22 laisser planer le doute, puis un terrible 7 fait pencher la balance côté Baqal. Le clan français exulte et crie encore plus fort sur la river 6. Un sourire amusé sur le visage de Pyzara qui salue un à un ses adversaires avant de s’écarter du spot télévisé.

« Evidemment, je ressens un peu déception sur le moment. Mais quand je prends recul. Je suis reconnaissant d’avoir eu cette opportunité, cette possibilité d’être là. Et de manière général, je suis très heureux, déclare Kaçper, quelques minutes après sa sortie.

Le joueur relativise vite l’expérience qu’il vient de vivre, pour en voir le côté positif. La méditation, qu’il pratique quotidiennement, et qu’on le voyait pratiquer sur les bords du tournoi pendant les pauses, facilite ce genre de mise en perspective.

Pyzara

« J’essaie d’être dans la gratitude. Je n’aime pas prendre les choses pour acquises. Je suis aussi un grand fan de bouddhisme. C’est ma manière d’être, ça me rend moins déçu et plus heureux ».

Cette philosophie, il l’applique directement dans le poker, notamment au moment de digérer les downswings, les bad beats, et les coups du destin qui peuvent survenir dans un tournoi. Et cette semaine, il en a vécu plus d’un, à l’image de ce bad beat infligé par Enis Rouissi avec deux Dames contre deux Rois, ou encore cet énorme pot perdu au tout début de la finale face à Moolhuizen.

« J’essayais de comparer ça pour des vagues. Elles vont, elles viennent et on ne sait jamais ce qui arrive derrière, explique Kaçper. Il n’y a aucune raison de s’inquiéter après ce genre de coups, puisque vous pouvez toujours remporter le tournoi. Sur le moment, ça n’aide absolument pas, et ça serait stupide d’être triste, down, même temporairement, alors que de grand “up-swings” peuvent t’attendre derrière. ».

Grinder online se présentant régulièrement sur les beaux festivals chypriotes, Pyzara retiendra biensûr ce FPS, sur lequel il bat de justesse sa plus belle performance, acquise il y a 6 ans sur un 10 000 $ à Kyrenia.

« J’étais déjà venu à Paris une fois avant ce festival. J’aime tout ici. La cuisine, les sorties, me promener avec mon fils de neuf ans ou avec mon chien. Et puis, l’organisation du tournoi était très belle. Je vais revenir plus souvent ».

All good things come ton an Enis

Chipleader au départ de la finale, Enis Rouissi échoue finalement au pied du podium. L’amateur a joué crânement sa chance, prenant le large en début de finale, avant d’être pris la main dans le sac, pour finalement terminer sur un set-up imparable. Son bourreau, Blaz Zerjav prend une sérieuse option.

1 100 € FPS Main Event (Finale)

Enis Rouissi

Enis nous avait prévenu : il n’était pas venu pour jouer les paliers. Selon lui, la pression était sur les épaules des joueurs “dont c’est le métier”. Rouissi a lié les actes aux paroles, déroulant son poker téméraire, agressif. Et le plan a parfaitement marché. Du moins, au début.

Démarrant la partie avec deux 3-bet light, Rouissi creusait l’écart avec ses poursuivants. Il dicte le rythme, encaisse plusieurs petits pots, jusqu’à tutoyer les 60 millions de jetons. Le tournant survient quelques mains après l’élimination de Pyzara.

Open Rouissi sur la blinde de Zerjav, qui défend avec Q10. Le flop vient 9AQ, premier barrel 2BB, c’est payé. Sur la turn 3, Enis continue son histoire : 6 800 000, un peu plus de mi-pot, payé encore. River 8, Enis va au bout de son idée… Tapis pour les 7 000 000 restant au Slovène. Zerjav prend une petite minute, mais la côte est trop belle : Payé avec deuxième paire et Rouissi montre alors… 62. Pampa total.

Zerjav vient de remporter le plus gros pot du tournoi et passe directement de la dernière à la première place, avec 40 000 000, juste devant Rouissi.

Zerjav

Parti bon dernier au départ de la finale, Blaz Zerjav récupère le chiplead qu'il avait abandonné au moment du 30 left

Dans la foulée, Zerjav gratte un autre petit pot au Français, qui se retrouve juste sous les vingt blindes. L’affaire se conclut sur un “cooler”. Deux Dames chez Rouissi, deux Rois chez Zerjav, tout part au milieu. Le même set-up que contre Kopçar Pyzara, aux portes de la finale. Mais cette fois, aucune dame ne viendra sauver Rouissi. Le Franco-Tunisien tire sa révérence en 4e position, pour 161 710 €. Une performance exceptionnelle pour le joueur qui s’est mis aux tournois Live depuis seulement un an.

Rouissi

Notre dernière chance française répond au nom de Yassine Baqal. Le Parisien s’accroche à l’arrière du train depuis le début de journée et refuse de mourir. Saura-t-il renverser les deux top regs hollando-slovène qui le sépare d’un exploit monumental ?

Immortel Baqal

Après un numéro de résistance mémorable, Yassine Baqal finit par tomber en 3e position. Porté par un kop bouillant, le joueur de cash-game réalise une performance exceptionelle, pour un gain de 210 220 €.

1 100 € FPS Main Event (finale)

Baqal

Une horde de joueurs qui hurlent sur les bords du rail. Ils sont près d’une vingtaine à appeler les cartes, à chanter pour leur copain Yassine Baqal. A chaque tapis-payé, c’est le même scénario. Yassine rejoint le gang, près de Malcolm Franchi, son pote de toujours, qu’il initiait au poker il y a 18 ans de cela, et qui ne l’a pas quitté d’une semelle depuis le début du Day 2.

Les gars plissent les yeux pour observer les cartes sur le tapis. « On appelle quoi ? Un Valet ? ALLLEZ LE VALET ! ALLEZ PETIT VELOOOOO ! L’HAMECON DU PECHEUUUUUR ! ». Voilà le genre de séquence auquel on assistait, et qui revenait comme un refrain. Invincible à tapis, le joueur a trouvé non pas une, ni deux, mais bien six fois un board salvateur pour rester debout.

Baqal

J10 contre le 106 d’Enis qui avait ouvert un peu gourmand ? Yassine fait la quinte sur 77KAQ.

1010 contre 88 chez Moolhuizen, pour les 6 dernières blindes du Français ? Ca tient tranquille.

A7 contre A10. Ca sent la fin sur le board 3294… PAN ! River 5, split et nouvelle explosion dans le rail.

Baqal

Retombé à 10 millions, Yassine envoie tout avec 97, payé par le 33 de Zerjav… Le 7 au flop, rien d’autre, et nouveau double-up de Baqal.

Après un nouveau coup perdu contre Mateusz Moolhuizen, qui bluffera avec Q6 sur un flop 95J, le Parisien est de retour dans la zone rouge… Et repart à tapis avec J7 en SB. Snap-call de Zerjaz avec son 88.

Toute la France appelle un vélo, un hameçon, un capitaine, un valet quoi, quelque chose qui puisse faire repasser Yassine devant. Rien sur le flop 2K3, rien sur la turn A… J river. Yassine l’a encore fait ! Les supporters chantent « Ici, c’est Paris ». Mais qui pourra abattre Yassine Baqal ?

Baqal

Malheureusement, entre la montée des blindes et les petits coups perdus, Yassine ne fait que respirer juste au delà des 10 blindes.

La nouvelle balle d’élimination arrive deux mains plus tard. Open-shove Q10, capté par le KJ de Zerjav. Le flop Un flop JA2, pas le meilleur pour Yassine. Le rail appelle fort un Roi, puis un 9 après la turn 8. C’est finalement le 10 qui s’écrase sur la river. Cette fois, c’est fini. Yassine Baqal prend la 3e place de ce FPS, après cet incroyable numéro de résistance.

« Comme depuis le début on peut dire, observe Yassine, quelques secondes après sa sortie. J’ai bien tenu. J’ai beaucoup suivi mon intuition, quitte à dériver un peu sur mes ranges. Quand je le sentais, j’y allais ».

Tel un apnéiste professionnel, Yassine a effectivement passé l’essentiel de son tournoi dans les profondeurs du chipcount. A force de patience, de résilience et de run, il a trouvé les spots pour revenir dans la partie. Son rush mémorable en fin de Day 3 restera comme l’une des plus belle remontadas de ce festival. Elle lui a permis de ressurgir dans le money-time, pour revenir sur une finale FPS, la plus grande de l’histoire, devant tous ces amis qui ont hurlé son nom, jusqu’à faire trembler le spot télévisé

Baqal

« C’était incroyable ! Ca fait plaisir d’avoir ses amis près de soi. On parle souvent poker, on est toujours ensemble et on sera toujours ensemble ». Effacer les paliers un à un, Yassine repart avec un gain hors norme. L’homme qui n’avait jamais gagné plus de 7 briques dans un tournoi de poker vient de remporter 210 220 €.

« Je réalise pas encore… Mais on va rester modeste et se dire qu’on peut faire mieux et être encore plus performant les prochaines fois, commente sobrement le joueur, peu coutumier du poker de tournoi. Honnêtement, je ne fais presque que du cash-game. Le tournoi, c’est vraiment de temps en temps, pour le plaisir. Je vais rester comme ça, je vais rester le même, je ne vais pas changer mes habitudes. Jouer le Main Event ? Je vais voir avec mon stoaker. C’est possible, mais d’abord je vais me reposer et on verra pour les prochains jours. Il faut garder à l’esprit que ça reste de l’argent. 5 000 €, c’est une somme, tout le monde ne peut pas se permettre de mettre ça sur la table. On va rester sérieux, c’est pas parce qu’on a gagné 200 000 qu’aujourd’hui il faut aller flamber ou aller jouer tel tournoi. Mais ce qui est sur, c’est que je vais me faire plaisir sur un autre tournoi. Je ne sais pas encore lequel, mais vous allez me revoir ».

Baqal

Ces belles émotions n’empêchent pas un constat fâcheux. Le plus gros France Poker Series de l’histoire ne sera pas remporté par un Français. Mais bien par. Blaz Zerjaz ou Mateusz Moolhuizen. Deux joueurs dont le talent n’est plus à prouver. La jeune pépite slovène ou le top grinder hollandais ? Le geek discret ou le prolixe chevelu ? Faites vos jeux. Les deux joueurs sont quasi à égalité parfaite : 62 millions partout. Messieurs, que le meilleur gagne !

Mohluizen, le roi zen

Dominateur lors du heads-up, Mateusz Moolhuizen musèle Blaz Zerjav et remporte le plus gros FPS de l'histoire, pour un gain de 470 830 €. La victoire d'un joueur agréable, fantasque, aux antipodes de cette génération internet parfois aseptisée. Animateur de table dans tous les sens du terme, à bon équilibre entre l'effervescence et la zénitude, il incarne la victoire du poker qui pour reprendre ses mots, “fait se sentir vivant”.

1 100 € FPS Main Event (Fin)

Mateusz Moolhuizen

“Mateos a gagné” entendait-on autour du spot télévisé. Comment ça ? Notre Team Pro Espagnol nous aurait-il dissimulé sa présence sur ce FPS ? Serait-il fort au point de gagner des tables finales sur lequel il n’est même pas aligné ? Non, il s’agit en réalité de sa traduction dans la langue de Vogel, qui dans un accent français sonne comme le nom de famille d’Adrian : Mateusz.

Cette machine-là est de production néerlandaise. Plus chevelu, plus bouclé, plus prolixe et plus low-stakes que notre Team Pro, il partage avec Adrian l’habitude des coups d’éclat, sur tout type de buy-in et de tournoi. Mateusz Moolhuizen se montre même très à son avantage sur les énormes fields. Il y a deux ans, il terminait runner-up du 1 500 $ Monster Stack des WSOP, devant un field de 6 051 joueurs. Aujourd’hui, le Néerlandais est venu à bout d’un field de 4 149 joueurs, remportant ainsi un FPS record et plus gros tournoi jamais organisé sur le sol français (en nombre d’entrées).

« Je suis comme dans un rêve. J’ai commencé le Day 2 avec six blindes, je disais à mes potes qui allaient sur le HR “j’arrive dans deux trois minutes, je bust je vais prendre un petit-dej, et j’arrive”. Trois heures plus tard, j’avais un stack énorme… Et j’avais toujours très faim, plaisante Mateusz, amateur de plaisanteries et de digression. C’est du poker de tournoi, tout peut arriver. Peu importe combien de blindes tu as. Une seule peut suffire à aller très loin et même remporter un tournoi ».

Mateusz Moolhuizen

Des succès, Mateusz en a connu plus d’un en douze ans de carrière. A Malte, Chypre, Amsterdam ou Vegas, le Hollandais ne compte plus les titres et grosses performances. Cependant, ce FPS acquis à Paris gardera une place particulière dans son album photo. « L’organisation est magnifique. Par rapport à l’année dernière, ça n’a rien à voir, mais de manière générale, le lieu est fantastique. Et puis Paris, c’est la ville de l’amour ! - D’ailleurs, on va se marier en France, coupe sa compagne Dehlia De Jong, arrivée ce matin par le premier train pour assister à la finale de son homme. A Béziers (prononcé "Baysiay"), on a trouvé un château. Notre année 2024 en France, c’est fantastique !

Mateusz Moolhuizen

Le poker qui fait se sentir vivant

Effectivement, le good run semble accompagner Monsieur (et bientôt Madame) Moolhuizen sur cette année. Un joueur épanoui, plutôt verni et qui savoure pleinement son temps passé aux tables, en sentant toutes les sensations, toutes les vibrations que procurent ce jeu.

Mateusz Moolhuizen

« Cette victoire a beaucoup à voir avec la distribution des cartes. Je ne veux pas faire croire que je suis un magicien. J’aime la magie, j’en fais par ailleurs, mais c’est un autre sport. On parle de poker, c’est un jeu de technique, mais qui inclut énormément de variance, surtout sur un tournoi. Et les choses se sont bien passées pour moi, affirme Moolhizen. Sur la finale, je me sentais très bien. Tout ce que j’ai entrepris a plus ou marché. Quelques bluffs, ceux qui vous font sentir vivant. Le poker, c’est ça. L’adrénaline du jeu m’a permis de garder l’énergie, de continuer malgré les swings. Je passais de la 2e à la 4e place, mais je restais en vie… Et comme je dis, je me sentais vivant ».

Vivant n'est pas synonyme ici d'hyperactif. On a affaire ici à un joueur plutôt smart, élégant, amateur de méditation, et même impassible au moment de revêtir sa poker face. En revanche, on ne se trompe pas en le décrivant comme extravagant, bacard, plaisantin... Mateusz est aux antipodes des grinders de la nouvelle génération, qu’on décrit parfois comme des robots sans émotion.

Mateusz Moolhuizen

« Cela ne m’empêche pas de bosser comme eux, affirme Moolhizen. Aujourd’hui, il n’y a pas de secret : il faut travailler dur. Mais c’est vrai que j’aime parler. Je suis une personne colorée, ça se voit d'ailleurs dans mes vêtements. J’aime vivre comme ça. Parfois, il y a des pros qui viennent à table, qui ne disent même pas bonjour. Je me dis, “attends, tu viens pour me prendre des jetons, au moins fais moi un bisou avant”. Tout ça pour dire que j’essaie de détendre les gens, de les rendre plus loose. Ca s’est vu avec Blaz (Zerjav, son runner-up), qui est un joueur très sérieux, très concentré. Et bien sur le heads-up, je le voyais sourire, je le voyais devenir un peu “loose” dans sa manière d’être. On profite bien plus du temps à table comme ça, et je pense que c’est mieux pour le poker de manière générale. Faire des vannes, rigoler, profiter, c’est bien plus plaisant comme ça, et cela produit un effet aux tables. On peut prendre de l’information, il y a définitivement un skill à tirer dans le dialogue ».

Blaz Zerjav

Son dernier adversaire Blaz Zerjav n’a pas a démérité. Le jeune slovène, lui aussi en attente d’un heureux évènement, était déjà reconnu par ses pairs comme un joueur complet, redoutable. Durant ses trois derniers jours, il nous en fait la démonstration. Planant dans les hauteurs du tournoi jusqu’à 25 left, Blaz a subi les foudres de la variance, pour accrocher in extremis la table finale, qu’il démarrait en dernière position. Un 80-20 contre Pyzara lui permettait de se relancer puis derrière, le Slovène a parfaitement manœuvré pour revenir dans la partie. Ce bon bluff-catch face à Enis Rouissi lui permettait même de reprendre les rennes, et il s’en est fallu de peu pour que Blaz aille au bout.

Mateusz Moolhuizen

En heads-up, Moolhuizen a davantage touché, prenant quelques pions pour créer un premier écart. Derrière, le Hollandais check-raise Zerjav avec K10 sur un flop 943, et trouve le 10 turn. Mateusz enchaine avec un bet 12 millions puis tapis sur la river 2. Posté avec Q4, Blaz trouvera le bon fold, mais se retrouve près des dix blindes.

Le Néerlandais pliera l’affaire sur sa première balle de match. Un duel classique A7 contre KQ. Un board 105562. Mateusz Moolhuizen inscirt son nom dans l’histoire des FPS et signe la plus belle victoire de sa carrière, pour 470 830 €.