redirection

PokerStars European Poker Tour Paris 2024-Main Event - Finale

La Colombie dans le rail

Farid Jattin bulle la table finale (10ᵉ, 91 550 €) Main Event - 5 300 € (Finale)

Farid Jattin

Il faisait partie des joueurs les plus en difficulté à l'approche de la finale et il finit par la manquer de peu. Régulier de la scène high stakes, septième du premier PSPC en 2019, n°1 de la All-Time Money List colombienne, Farid Jattin a connu ce que l'on pourrait appeler une journée sans. Alors qu'il avait démarré ce Day 5 en deuxième position au chipcount, il a perdu deux pots d'emblée pour lâcher 40% de son stack. La suite fut une lente chute qui, sans un improbable deux outers pour faire passer son J9 devant les Dames d'Ami Barer, aurait pu survenir deux crans plus tôt.

À la place, le Colombien attend de recevoir K10 en grosse blinde pour envoyer ses 18 BB au milieu, derrière une ouverture de Aleksejs Ponakovs au cut-off. Une fois de plus, il fait face à deux Dames, mais cette fois, le board 96258 laisse la moins bonne main derrière. Les 91 550 € de cette dixième place s'ajoutent à un palmarès live déjà bien fourni culminant à 8,5 millions de dollars. Il est à peu près 17 heures : la table finale du Main Event de l'EPT Paris 2024 est avancée.

Le seat draw de la table finale

David Kaufmann

Passé largement en tête de ce tournoi durant le deuxième niveau de la journée, Davidi Kaufmann (photo) continue de caracoler en tête, seul au-dessus des dix millions de jetons, avec toujours un bon matelas d'avance (et visiblement, ça le fait rire). Mais attention, car derrière lui se trouve désormais en embuscade l'un des épouvantails de ce tournoi, habitué de longue date du circuit, à l'aise aussi bien aux tables live qu'online, lauréat de l'Aussie Millions, Ami Barer.

Barny Boatman

Cela fait 24 heures qu'il truste le haut du classement, le vétéran anglais Barny Boatman est de retour en table finale d'un EPT, plus de douze ans après sa quatrième place à San Remo.

Lorenzo Arduini

On savait dès la fin du Day 5 qu'aucun Français ne succèderait cette année à Fabrice Bigot en tant que finaliste de cet EPT bleu-blanc-rouge, mais on peut tout de même se féliciter de la présence de deux francophones. Italien de naissance mais ayant vécu une grande partie de sa vie en France (aujourd'hui résident suisse), éminent CPiste, sextuple vainqueur Winamax Series sous le pseudo de Sissendeux, Lorenzo Arduini poursuit son rêve éveillé pour ce qui n'est que son deuxième Main Event EPT. Mais que ses adversaires ne le sous-estiment pas : le Transalpin compte pas moins de treize victoires à son palmarès, et reste en lice pour ce qui serait un inédit doublé FPS/EPT, après avoir remporté l'édition organisée à Jean-Bouin l'été dernier.

Éric Afriat

Estampillé "méchant du film" après sa réaction bordeline à l'encontre d'Éric Sfez en fin de Day 3, le Québécois Éric Afriat a nettement baissé le volume depuis. Rentré dans le rang après un 3-barrel bluff manqué en milieu de Day 4 contre Barny Boatman, il tourne depuis autour des trente blindes.

Table Finale EPT Paris

# Joueur Tapis Blindes
1 Lorenzo Arduini (Italie) 3 680 000 37
2 Ami Barer (Canada) 8 495 000 85
3 Owen Dodd (Angleterre) 1 205 000 12
4 Éric Afriat (Canada) 2 720 000 27
5 Sindre Hansen (Norvège) 2 350 000 23
6 David Kaufmann (Allemagne) 12 240 000 122
7 Aleksejs Ponakovs (Lettonie) 6 350 000 63
8 Peter Jorgne (Suède) 7 660 000 76
9 Barny Boatman (Angleterre, photo) 7 695 000 77

Tapis moyen : 5 823 333 Blindes 50 000 / 100 000 / 1000 pour cinq minutes puis 60 000 / 120 000 / 120 000

Les prix restants à distribuer aujourd'hui

Caméra TV

Eyes on the prize.
Rang Gains
9e 119 100 €
8e 154 800 €
7e 201 250 €

Peter Jorgne dans l'histoire de l'EPT

Peter Jorgne

Deux finales en deux éditions de l'EPT Paris. Grâce au coordinateur média de PS Jan Kores, nous avons pu avoir un peu plus de perspective sur ce double exploit réalisé par Peter Jorgne. Si, dans toute l'histoire du circuit European Poker Tour, le Suédois "n'est que" le huitième joueur à signer un "back to back" en TF sur la même étape, il devance incontestablement tous les autres au nombre de joueurs qu'il a dû devancer à chaque fois pour y parvenir. Quoi qu'il en soit, avoir sa place au sein d'une liste où l'on retrouve des noms aussi clinquants que ceux d'Antony Lellouche, Mike McDonald et Steve O'Dwyer a de quoi poser l'ampleur de la performance. Et avec un tapis le plaçant dans le quatuor de tête, il est plus que jamais dans le coup pour améliorer son score de l'an passé et rejoindre "Timex" dans le clan des vainqueurs.

Marc Karam
Tournoi Entrants Gains
Monte-Carlo 2006 298 4ᵉ - 195 000 €
Monte-Carlo 2007 706 2ᵉ - 1 061 820 €
Antony Lellouche
Londres 2007 392 6ᵉ - 97 843 £
Londres 2008 596 8ᵉ - 81 569 £
Rasmus Nielsen
Copenhague 2008 460 4ᵉ - 307 285 $
Copenhague 2009 462 5ᵉ - 182 369 $
Mike McDonald
Dortmund 2008 411 Vainqueur - 933 600 €
Dortmund 2009 667 5ᵉ - 197 000 €
David Boyaciyan
Prague 2011 722 2ᵉ - 535 000 €
Prague 2012 864 3ᵉ - 310 000 €
Steve O'Dwyer
Londres 2011 691 2ᵉ - 465 000 £
Londres 2013 647 5ᵉ - 146 000 £
Vladislav Naumov
Sotchi 2020 637 6ᵉ - 50 267 $
Sotchi 2021 852 2ᵉ - 197 537 $
Peter Jorgne
Paris 2023 1 606 2ᵉ - 780 100 €
Paris 2024 1 747 ???

Shohre Jorgne

On espère que le rail de cette finale va se garnir au fil de la soirée, histoire que Shohre Jorgne ne reste pas toute seule...
1 « J'aime »

Le fold de trop ?

Ami Barer abandonne le meilleur brelan David Kaufmann est plus que jamais en tête de ce tournoi Main Event - 5 300 € (Day 5 et Finale)

Ami Barer

C'est sans nul doute un coup clé de la fin de ce Main Event qui vient d'avoir lieu. Une main qui sera, on n'en doute pas, débattue encore et encore sur les réseaux sociaux, les forums et entre joueurs. Un pot parti du côté du moins bon des deux jeux, après un fold très (trop ?) conservateur.

L'histoire débute par une ouverture de David Kaufmann UTG+3, payée par Peter Jorgne au cut-off et Ami Barer en grosse blinde. Sur le flop J102, l'Allemand effectue sa mise de continuation à 300 000. C'est payé par le Suédois mais le Canadien fait monter les enchères à 1,4 million. Seul Jorgne s'écarte du chemin. Le moment est venu de vous révéler les mains des deux joueurs : 1010 pour Kaufmann et... JJ chez Barer. Ce dernier avait déjà montré plus tôt une tendance à just call des jeux forts, sans doute dans l'idée de garder les pots petits, dans le cadre d'une stratégie générale small ball.

David Kaufmann

Le turn est un 6 sur lequel Ami poursuit logiquement son agression : la deuxième salve pèse 2,675 millions et elle est de nouveau simplement payée. À ce stade du coup, il reste à Barer 2,8 millions de jetons dans un pot qui en fait 9,6 millions.

River : 3.

Un carreau. Probablement l'une des cartes qu'Ami Barer redoutait. En tout cas, il opte pour un check, laissant la parole à David Kaufmann. L'Allemand pense-t-il encore avoir la meilleure main ? S'appuie-t-il sur cette river pour transformer sa main en bluff ? Quelle que soit la raison, il appuie sur la détente, demandant le reste du tapis de son adversaire.

Ami Barer

Le Canadien a l'air bien embêté. Le pull qu'il pose sur son cou lors de chaque main pour masquer sa carotide semble d'un coup bien inutile. Il lui faut deux time banks de trente secondes supplémentaires avant de prendre sa décision : c'est un fold. Avec le meilleur brelan. Sans doute faut-il être un top reg pour abandonner top set dans ce spot.

Un call, même mourant, l'aurait fait s'installer dans le fauteuil de chipleader. Au lieu de ça, il chute sous les vingt blindes et laisse David Kaufmann plus que jamais seul aux commandes de cette finale. On ose à peine imaginer les réactions des deux joueurs en apprenant via le streaming les mains respectives de leur adversaire. L'Allemand profite de l'occasion pour grimper à 17 millions. Cela représente un tiers des jetons en circulation à neuf joueurs restants de 1,2 million d'euros, et près du double du tapis de son premier poursuivant, Barny Boatman. Quant à Ami Barer, parviendra-t-il à laisser ce coup de côté pour repartir au combat ? L'avenir proche nous le dira.

Il était temps

Sindre Hansen quitte cette finale après une très longue phase à neuf La moyenne en a pris un sacré coup mais Kaufmann est toujours loin devant Main Event - 5 300 € (Day 5 et Finale)

Sindre Hansen

Ils avaient l'air de se sentir bien tous les neuf autour de la dernière table de cet EPT Paris. Mais cela ne pouvait plus durer. Après pas loin de trois heures de jeu, la digue a fini par céder du côté de la Norvège. Pendant qu'Andrew Dodd réalisait un parfait début de TF, trouvant les bonnes premiums pour se sortir de la zone rouge, Sindre Hansen y plongeait lentement, mais sûrement. Le discret scandinave trouvait bien un premium double up avec 109 contre Q2 chez David Kaufmann, il ne faisait que repousser l'inéluctable.

Éric Afriat / Sindre Hansen

C'est sur un lancer de pièce que son destin allait être scellé. Trouvant AQ au bouton, il paie le tapis de son voisin de droite Éric Afriat, qu'il couvre de 25 000. Le Québécois retourne une paire de Valets et remporte ce coup dès le turn d'un tableau 4J2Q8. Avec littéralement un jeton devant lui, et le plus petit, Hansen trouve deux Dames dès la main suivante, mais doit s'avouer vaincu contre les Rois (!) de Lorenzo Arduini. Sindre Hansen, que l'on soupçonne être un régulier des tables online expatrié à Londres, venu se faire un petit kiff live à Paris en compagnie de madame, présente dans le rail, enrichit une fiche Hendon Mob quasi vierge d'une belle neuvième place sur un Main Event EPT, pour le premier gain à six chiffres du tournoi, 119 100 €. De quoi alimenter une passion certaine pour les sports extrêmes en tous genres.

Lorenzo Arduini

Pour le reste, l'excellente opération de ce dernier niveau est signée Lorenzo Arduini, qui est allé puiser dans le stack de Peter Jorgne. Avec AJ, l'Italien a d'abord doublé en envoyant un 3-barrel all-in sur J102A2, se faisant payer par A8. Puis, sur le coup fatal à Hansen, il réussit à se faire payer avec ses deux Rois une mise de 1,2 million sur la rivière d'un board 983103. Le runner-up de 2023 a décidé de le payer avec... 22. Alors Peter, on fatigue ?

Le chipcount à huit joueurs

# Joueur Tapis Blindes
1 Lorenzo Arduini (Italie) 6 975 000 35
2 Ami Barer (Canada) 2 275 000 11
3 Owen Dodd (Angleterre) 4 750 000 24
4 Éric Afriat (Canada) 2 425 000 12
5 David Kaufmann (Allemagne) 14 375 000 72
6 Aleksejs Ponakovs (Lettonie) 9 775 000 49
7 Peter Jorgne (Suède) 2 900 000 14
8 Barny Boatman (Angleterre, photo) 8 925 000 44

Tapis moyen : 6 551 250 Blindes au prochain niveau : 100 000 / 200 000 / 200 000 Prochain sortant : 154 800 €

Rail

Update rail : les abords de la table se sont copieusement remplis, d'un côté comme de l'autre.

Rail Ian Hamilton
Owen Dodd peut même compter sur le soutien d'un Champion EPT, Ian Hamilton, vainqueur à Londres en 2022.

Six in extremis

Lorenzo Arduini (8ᵉ, 154 800 €) et Ami Barer (7ᵉ, 201 250 €) trébuchent sur les deux dernières mains de la journée David Kaufmann est l'ultra-favori de la finale à six Main Event - 5 300 € (Fin du Day 5)

Lorenzo Arduini

Résignés, un brin déçus par la tournure des événements, tous les observateurs de cette table finale, dont nous faisons partie, avaient fini par accepter que ce Day 5 se terminerait finalement à huit, avec une moyenne d'à peine plus de trente blindes indigne de la sublime structure d'un Main Event EPT. On se cherchait même des raisons : il y a trop à la gagne pour faire n'importe quoi ; ça manque d'un amateur fantasque pour dynamiter la table ; ils se respectent trop entre eux ; et puis si en plus ça fold des brelan max... Dans le jargon pokeristique, on appelle ça "whine for win" - on vous laisse chercher la traduction. Cette journée de dingo s'étant littéralement ouverte sur un open shove vingt blindes avec 7-3 off, elle se devait de se conclure en feu d'artifice !

Lorenzo Arduini

Bien malgré lui, le premier héros de ce grand chambardement final répond au nom de Lorenzo Arduini. Alors que les profondeurs de chacun ont drastiquement chuté, Sissendeux, assis devant 13 blindes et découvrant A7, décide de mettre à tapis en bataille de blindes Ami Barer et ses 11 BB. Problème : le Canadien paie avec la pointure au-dessus, A10 et reste devant à l'issue d'un board Q59Q4.

Tombé à moins de deux blindes, l'Italien décide de les investir dès la main suivante suite à une ouverture en début de parole de David Kaufmann. Owen Dodd se joint à la fête en grosse blinde, mais fold suite à un delayed c-bet de l'Allemand sur le turn d'un tableau 81069. Kaufmann retourne Q7 pour une quinte et Lorenzo ne peut plus que partager avec sa paire de 33. Malheureusement pour lui, la river est un A et le parcours du sextuple vainqueur Winamax Series s'arrête en huitième position, pour 154 800 €.

Lorenzo Arduini

"ll y a un peu de déception au niveau du résultat, parce que j'avais envie d'aller au bout, nous a confié le Transalpin après une première interview dans la langue de Francesco Totti pour un média italien. Mais dans l'ensemble, c'était une super expérience, je ne retiens que du positif. Et je suis content de mon jeu. C'est bête, mais j'ai juste un doute sur ce dernier coup... J'ai une blinde trois-quarts et, si je call, la grosse blinde va tout le temps compléter. Et le problème c'est que contre deux ranges, c'est pas clair. D'un autre côté, si je fold cette paire de 3, j'ai une orbite pour espérer trouver mieux, c'est pas si évident. Honnêtement, je ne suis pas sûr..." C'est le propre d'un joueur de poker professionnel : quand l'œil profane voit une situation inextricable, eux sont capables de trouver quelque chose à y redire.

Comment vit-on une table finale de Main Event EPT par rapport à une victoire sur un Main Event FPS ? "Je me suis rendu compte cette semaine qu'il y a beaucoup plus de monde qui regarde les Main Events EPT. J'ai réussi beaucoup plus de messages, je me sentais vraiment soutenu." Notamment sur Club Poker, où "Sissendeux" est un habitué. "Pour le reste, ça ne va pas changer grand-chose. J'ai déjà beaucoup joué [et gagné, NDLR] en live en 2023, ça ne bouleverse pas ma bankroll. Ça me donne quand même envie de jouer plus de tournois entre 2 000 et 5 000 €." À partir de maintenant, et pour les deux prochaines semaines, le plan est en tout cas clair pour Lorenzo : "Faire du ski en famille dans les Alpes italiennes, au nord-ouest, à la frontière autrichienne." Un favori pour finir ? "En termes de niveau, je dirais Ponakovs, je pense qu'il est vraiment bien meilleur que les autres. Mais pour ce qui est des stacks, je vais dire Kaufmann. Je vois bien un heads-up entre les deux."

Ami Barer

Car oui, David Kaufmann a terminé la journée comme il l'avait commencé : sur les chapeaux de roue. Les jetons que Lorenzo avait cédés à Barer, l'Allemand est allé les récupérer sur la toute dernière main de ce Day 5. Après avoir ouvert UTG, le chipleader et ses deux belles flèches ont cueilli les 24 dernières blindes du Canadien, qui avait tout mis depuis le bouton avec une paire de 8. Ami Barer se couchera plus riche de 201 250 €, mais pourra aussi compter les euros – virtuels, certes – que lui a fait perdre plus tôt son fold avec brelan max. À ce moment-là, il aurait pu prendre les commandes de cette finale aux dépens de Kaufmann. À la place, il doit se contenter de la septième place. Que ce jeu est cruel.

La finale à six

David Kaufmann Rail

David Kaufmann devant son rail...

David Kaufmann
...et dans les bras de madame.

Trois joueurs entre 12 et 15 blindes, un ultra-favori possédant plus de la moitié des jetons à six joueurs restants, devançant largement deux joueurs expérimentés en embuscade : depuis que nous suivons les Main Events EPT, rares furent les finales qui nous ont paru plus déséquilibrées sur le papier. Cela étant dit, nous avons aussi connu plus d'un retournement de situation improbable alors que l'affaire semblait entendue.

Éric Afriat Facetime

À peine la dernière main terminée, Éric Afriat a sauté du plateau télévisé pour récupérer son téléphone et lancer un FaceTime avec son père. Il a fallu qu'un superviseur vienne le chercher pour lui dire de placer ses jetons dans son sac.

D'autant que Alekejs Ponakovs et Barny Boatman ont nettement plus de bouteille en tournoi live que David Kaufmann, dont le high score en carrière a été pulvérisé sur ce tournoi il y a bien longtemps. Attention également à ne pas enterrer trop vite Owen Dodd et Éric Afriat, qui jouent à merveille leur numéro de short stack depuis le lancement de cette TF. Enfin, on souhaite à Peter Jorgne de bien se reposer pour attaquer son deuxième Final Day d'EPT Paris en l'espace d'un an. Cette fin de journée fut pour lui synonymes de mauvaises décisions qu'il devra impérativement gommer pour espérer prolonger l'exploit encore un peu plus longtemps.

Barny Boatman

Et Barny Boatman dans tout ça ? Discret, sans s'impliquer dans des gros pots, le vétéran britannique, co-fondateur de Hendon Mob, n'a eu de cesse de faire grossir son tapis. Un podium dimanche lui permettrait de battre son meilleur résultat live en plus de 25 ans de carrière. En cas de victoire, il deviendrait même le Champion le plus âgé de l'histoire du circuit EPT.

Aleksejs Ponakovs
Un bracelet WSOP en 2022, un trophée Triton en 2023... et un titre EPT en 2024 ? Aleksejs Ponakovs n'en finit plus de se montrer sur les plus beaux tournois du circuit, de progresser et de nous impressionner.

Owen Dodd

Owen Dodd a joué toute la journée sur un fil, mais il est toujours là, à six joueurs restants d'1,2 million d'euros.
# Joueur Nationalité Tapis Blindes
1 Owen Dodd Angleterre 2 950 000 15
2 Éric Afriat Canada 2 525 000 13
3 David Kaufmann Allemagne 24 800 000 124
4 Aleksejs Ponakovs Lettonie 10 050 000 50
5 Peter Jorgne Suède 2 400 000 12
6 Barny Boatman Angleterre 9 675 000 48

Shohre Marjaei

Shohre Marjaei va devoir prier fort cette nuit pour que les Dieux du poker viennent en aide demain à son Peter Jorgne de chéri.

Tapis moyen : 8 735 000 Blindes : 100 000 / 200 000 / 200 000 (pour trente minutes)

L'échelle des gains

Rang Gains
Vainqueur 1 287 800 €
Runner-up 804 750 €
3e 574 850 €
4e 442 150 €
5e 340 100 €
6e 261 650 €

Les sortants du Day 5

Ami Barer - Éric Afriat

Rang Joueur Nationalité Gains
7e Ami Barer (photo) Canada 201 250 €
8e Lorenzo Arduini Italie 154 800 €
9e Sindre Hansen Norvège 119 100 €
10e Farid Jattin Colombie 91 550 €
11e Eliot Hudon Canada 91 550 €
12e Gonzalo Almeida Argentine 76 300 €
13e David Tous Espagne 76 300 €
14e Hans Erlandsson Suède 63 550 €
15e Mathis Siljander Finlande 63 550 €
16e Dimitar Danchev Bulgarie 53 000 €
17e Leo Worthington Leese Angleterre 53 000 €
18e Francesco Delfoco Italie 46 050 €

Rail

Un favori, cinq underdogs

Il y a David Kaufmann et il y a les autres Barny Boatman joue pour devenir le plus vieux vainqueur EPT de l'histoire... ...Aleksejs Ponakovs pour un trophée EPT après son bracelet WSOP... ...et Peter Jorgne pour améliorer d'un cran son score de l'an dernier. Main Event - 5 300 € (Finale)

Notre conclusion du Day 5

Biographies par Florence Mazet et Jan Kores (PokerStars) Adaptation par Fausto et Flegmatic

Siège 1 : Owen Dodd, 31 ans, Telford, Angleterre, 2 950 000 jetons (15 BB)

Dodd

Sa Hendon Mob à 21 832 $ n’effraierait pas un nourrisson. Pourant, Owen Dodd n’est pas du genre à sentir quelconque pression financière ni à jouer les paliers. Le Britannique est habitué à jouer des pots vertigineux en cash game high stakes, notamment sur les tables du Dusk Till Dawn à Nottingham, où il apparait régulièrement en streaming. Les tournois ? C'est pour le plaisir, même s'il s'y est mis un peu plus sérieusement ces derniers mois, poussé par ses deux meilleurs amis… Ian Hamilton (vainqueur de l'EPT Londres 2022) et Carl Shaw (3ᵉ de l’EPT Barcelone 2023). C’est avec eux qu’il sillonne le circuit EPT, mais pendant que les copains font tomber les perfs, lui s’occupe de raser les tables de cash-game. Pour la première fois, le joueur de Birmingham s’est décidé à jouer un Main Event. Le voilà en table finale, en position pour imiter, sinon faire mieux que les deux lads.

Siège 2 : Éric Afriat, 54 ans, Montréal, Canada, 2 525 000 (13 BB)

Éric Afriat

Trois fois vainqueur World Poker Tour entre 2014 et 2020, Éric Afriat se fend cette semaine de l'une de ses rares apparitions de notre côté de l'Atlantique, loin de son pays natal, le Canada, pour décrocher le premier ITM de sa carrière sur un Main Event EPT. Très pris par ses activités professionnelles, le Québécois a longtemps travaillé dans l'industrie textile, voyageant régulièrement entre l'Amérique du Nord et la Chine. Depuis, il a vendu son ancienne entreprise et se consacre désormais à l'immobilier, partageant son temps entre sa ville natale de Montréal et Miami Beach, en Floride.

Afriat a marqué les esprits dans ce Main Event EPT, en raison de son attitude parfois plus que borderline. Allez en parler à Éric Sfez, qui n'a que peu goûté la réaction du Canadien après le bad beat infligé par ce dernier en fin de Day 3. De son côté, "Ricou" continue d'affirmer que son personnage à table ne reflète pas sa véritable personnalité. « Le fait d'être bavard à table m'aide à jouer, explique-il. Mon expérience WPT me donne aussi un avantage. Ma première finale, je l'ai jouée aux côtés de Phil Ivey. J’ai beaucoup appris. » Venu seul à Paris, il peut compter sur le soutien de sa femme, qui le supporte à distance. Sans aucune pression, dithyrambique sur la qualité de l'organisation, ce grand fan de hockey-sur-glace démarrera ce "Final Six" dans le clan des short stacks.

Siège 3 : David Kaufmann, 33 ans, Cologne, Allemagne (vit à Vienne, Autriche), 24 800 000 (124 BB)

Kaufmann

Super technique, super poker face, super chipleader, super favori. David Kaufmann avait le vent dans le dos depuis le début de la semaine. Il a senti aujourd’hui d’énormes bourrasques le porter jusque dans le ciel du tournoi. Un flip à près de 3 averages qui tombe du bon côté, et un coup lunaire où son 2ᵉ brelan parvient à faire coucher top brelan à Ami Barer. Des signaux bien favorables pour le grinder de Cologne, qui n’avait jamais scoré plus que 18 200 € sur un tournoi Live, il y a plus de dix ans, lors de l’EPT Barcelone. Sur les rooms en ligne, en revanche, c'est une tout autre histoire. À son palmarès, entre autres, un Main Event WCOOP, remporté en 2013 pour 1 493 499 $. C'est plus que ce qu'il pourra gagner au mieux dimanche.

Désormais basé en Autriche, il pourra compter sur un rail austro-allemand bruyant et fourni. Des collègues de PokerCode, l'écurie de Fedor Holz avec laquelle il travaille, ses stakeurs, ses amis, et bien sûr, son épouse. David serait-il en train de vivre son heure de gloire en Live ? Le moment serait bien choisi, sachant qu’il a repris le poker seulement il y a quelques mois… après une pause de huit ans. « C’est une longue histoire. Il y avait plusieurs raisons pour lesquelles j’ai arrêté. J’ai essayé plusieurs choses durant ce laps de temps. La psychologie, l'économie, la politique... Mais je crois qu’il n’y a rien qui me challengeait et qui me plaisait plus que le poker ».

Siège 4 : Aleksejs Ponakovs, 32 ans, Riga, Lettonie, 10 050 000 (50 BB)

Aleksejs Ponakovs

Aleksejs Ponakovs est sans doute le joueur le plus affûté de cette table finale. Nouvelle superstar du circuit High Roller, il a brillé dans les tournois les plus difficiles et les plus relevés du monde. Avant cela, le Letton pouvait compter sur un parcours tout aussi exceptionnel en ligne : avec une vingtaine de scores à six chiffres déclarés sur Internet, dont une victoire du Sunday Million en octobre 2017, il semblait inévitable qu'il finisse par rejoindre plus hautes sphères live.

Ses premiers résultats remontent à 2011, mais c'est à partir de la reprise du live post-Covid, que sa carrière en live a véritablement décollé. Devenu une figure incontournable des épreuves les plus chères de la planète, comme le prouve son bracelet WSOP obtenu en 2022 sur le High Roller à 100 000 $ et ses multiples finales estampillées Triton. Rien que l'année dernière, il a accumulé 8,3 millions de dollars de gains live, pour devenir le n°1 incontesté de la All-Time Money List de son pays. La Lettonie ne pouvait espérer meilleur candidat pour tenter de décrocher son premier titre EPT.

Siège 5 : Peter Jorgne, 51 ans, Suède, 2 400 000 (12 BB)

Jorgne

Le James Bond suédois a réussi l’impensable : un improbable “back-to-back” d'une finale de Main Event EPT Paris à une autre. Un exploit immense, pour un joueur qui commençait le poker il y a tout juste deux ans. Trader puis business angel, Peter Jorgne s’est lancé dans un challenge poker, se donnant un an pour voir s’il pouvait être bon à ce jeu. Les résultats semblent dire que oui. Entourés de bons coachs et surtout encouragé par sa bonne étoile, sa compagne et supportrice numéro 1 Shohre Marjaei, Peter visera demain le seul objectif qu’il s’était fixé : faire mieux que sa deuxième place de l’an dernier et soulever le trophée. Et même s’il ne le ramène pas à Marbella, où il vit depuis six ans, il aura assurément remporté le prix du charisme et de l’élégance à table.

Siège 6 : Barny Boatman, 68 ans, Londres, Angleterre, 9 675 000 (48 BB)

Barny Boatman

Le long d'une carrière de plus de 25 ans, Barny Boatman est devenu l'un des joueurs de poker britanniques les plus connus et les plus respectés. Ce dimanche, à 68 ans, il se présente en table finale de l'EPT Paris avec la possibilité de devenir le champion le plus âgé du circuit.

Boatman participe à l'EPT depuis la toute première étape, à Barcelone en 2004, année durant laquelle il fondait la base de données de référence du poker live, Hendon Mob. Bien qu'il affirme humblement ne pas être le meilleur joueur de poker de sa famille – une référence à son frère Ross – Barny est néanmoins le seul membre fondateur d’Hendon Mob à jouer toujours au plus haut niveau. Il a remporté deux bracelets WSOP, en 2013 et 2015, et plus de 4 millions de dollars de gains en tournois. Mais le Londonien est du genre touche-à-tout, et a également gagné ses galons de commentateur, écrivain et plus largement d'ambassadeur du poker. Avec son frère Ross, Joe Beevers et Ram Vaswani (la fameuse « Hendon Mob »), ils ont été parmi les premiers joueurs de poker à obtenir des contrats de sponsoring de la part d'un opérateur en ligne.

Ici à Paris, Boatman s'est emparé du chiplead à la fin du Day 4 : déjouant l’énorme bluff d'Éric Afriat. Boatman a payé pour sa survie avec une simple top paire sur un board hauteur Valet : « C'est ma vie en tournoi, pas ma vie réelle. Il y a toujours un autre tournoi, » tempère-t-il, de son flegme devenu légendaire. Quatrième de l’EPT San Remo en 2011 pour 225 000 €, Barny Boatman a l'occasion d'effacer cette médaille en chocolat de ses tabelttes personnelles et, en cas de podium, d'améliorer son high score en carrière.

Ils ont tué le méchant du film

Le Main Event perd l’un de ses personnages les plus clivants. Tantôt charmeur et élégant, tantôt “border” et odieux, Eric Afriat sort le premier de ce Final Day, pour 261 650 €.

Main Event - 5 300 € (Finale)

Afriat

Après un premier coup perdu contre Ponakovs, Afriat défend Q8 sur un open KK de Batman bouton. Le Canadien trouve sa paire sur le flop 1010Q. C-bet petit Boatman, check-raise tapis 1 175 000 et payé bien sûr par Boatman et ses barbus. Ni la turn 8, ni la river 2 ne sauveront Eric, éliminé en 6e position, pour 261 650 €.

Une performance exceptionnelle pour le Québécois, qui s’offrait sa première fois sur le circuit EPT. Habitué du circuit américain, Afriat se régale surtout chez la marque WPT, avec pas moins de onze tables finales et trois victoires. Pour son premier passage, on retiendra la performance bien sûr, mais aussi cette scène forte en pression et en décibel avec Eric Sfez, lorsqu’en toute fin de Day 3, Eric se permettait un commentaire déplacé après avoir violemment craqué les As du Français.

Ponakovs

Le match à cinq reprend sur le ring télévisé, avec toujours deux shortstacks dans les cordes, Peter Jorgne et Owen Dodd sont dans le viseur. A part ça, on a vu Aleksejs Ponakovs gratter un nombre de pots impressionnants depuis le début de la journée. En batailles de blindes contre Kaufmann, post-flop contre Afriat… Presque systématiquement en bluff.

Le Généreux a encore beaucoup donné

Auteur d'un improbable "back-to-back", Peter Jorgne sort finalement 5e de ce Main Event, pour 340 100 €. L'homme qui s'était donné un an pour se jauger sur le circuit entre directement dans l'histoire de l'EPT. Le trophée lui échappe toujours, mais Peter remporte haut la main la palme de l'élégance.

Main Event - 5 300 € (Finale)

Jorgne

Son histoire avec cet EPT Paris est tellement formidable, qu’on pourrait légitimement construire une statue à son effigie devant le Park Hyatt. Peter Jorgne, le géant suédois, le James Bond de Marbella vient d’être éliminé en finale du Main Event EPT Paris, pour la deuxième fois consécutive.

Aussi triste que cette phrase peut sonner, elle révèle en réalité un exploit immense, presqu’irréel au vue du de la taille du field et du niveau imposé par ces tournois. Peter Jorgne l’a fait avec seulement un an de poker dans les doigts. « Quelqu’un m’a dit hier que j’étais le 6e joueur de l’histoire à accomplir ce back-to-back, c’est assez incroyable, commente le joueur quelques secondes après sa sortie. Paris est devenu une ville très spéciale, déjà l’année dernière. J’ai vécu des moments qui me font battre le cœur rien que d’y penser. J’étais censé “prendre ma retraite” poker il y a quelques mois déjà, pour retourner au travail, rappelle Peter, qui s’était donné un an pour se jauger sur le circuit. Cette étape était censée être la dernière, j’ai beaucoup de travail qui m’attend derrière mais je vais avoir un deuxième regard sur cette décision après le prochain Vegas. Et ce qui est sûr, c’est que je reviendrai à Paris pour l’EPT. »

Jorgne

Peter aura marqué l’EPT Paris par ces performances, mais aussi par sa simple présence aux tables. Sa carrure imposante, sa posture droite, son style élégant, ses montres en diamants ne passent pas inaperçus dans une Poker Room. Et si les aveugles ne peuvent l’observer à table, ils pourront toujours entendre les encouragements, les claps et les cris stridents de Shorhe Marjaei, sa compagne, sa supportrice numéro, devenue elle aussi un personnage à part entière de ce Main Event.

Jorgne Marjaei

Depuis le premier jour, Shorhe n’a pas quitté son homme des yeux, le fixant dix heures par jour, debout sur les bords du rail. La passion avec laquelle elle le regarde, l’enthousiasme avec laquelle elle le félicite à chaque fois que Jorgne ramasse les jetons est un spectacle magique, qui diffuse des ondes de joie et d’amour dans la poker room.

Jorgne Marjaei

« C’était la chose la plus importante pour moi de l’avoir avec moi ici. Elle est un grand soutien. Je ne sais pas si vous avez entendu les “ding-ding”, qu’elle faisait depuis le rail (en tapant avec un objet métallique à chaque coup gagné par Jorgne). Parfois, je baissais la tête, j’étais fatigué et ça me redonnait de l’énergie. Pendant les breaks aussi. Elle est incroyable ».

Jorgne

Peter rejoindra sa compagne sur un ultime shove UTG avec A9. En BB, Ponakovs décidera de payer les 5,5 blindes du Suédois avec 87 et trouvera la quinte sur le board J6543.

Bravo Peter, et à l’année prochaine pour le triplé.

Dodd Mode désactivé

Une heure quinze de jeu et déjà une 3e élimination. Pour son premier Main Event EPT, Owen Dodd échoue au pied du podium, pour 442 150 €.

Main Event - 5 300 € (Finale)

Owen Dodd

Ce Final Day tient un rythme d’enfer. En une heure quinze, les trois shortstacks passent à la trappe. Avec 7 blindes, soit 50 BB de retard sur le 3e au chipcount, Owen Dodd savait qu’il devait prendre des risques. En BvB, le Britannique trouve 22 et envoie la sauce. David Kaufmann soulève A10 et n’avait pas besoin d’aussi fort pour payer.

Ca tient sur le board K967… River A. Owen Dodd prend la 4e place de ce Main Event, pour 442 150 €.

Owen Dodd

Un résultat exceptionnel pour un joueur qui cumulait jusque là deux lignes Hendon Mob, pour 21 832 $ de gains. Une fiche trompeuse, puisqu’Owen est en réalité un habitué des Cash Game High Stakes. Il vient d’ailleurs très régulièrement sur les étapes du circuit EPT, pour jouer les plus grosses tables en argent réel. Parmi ses partenaires de crimes, un certain Ian Hamilton et Carl Shaw, respectivement vainqueur EPT et médaille de bronze, pas plus tard que la saison dernière. Les deux copains ont poussé Owen a se mettre au MTT, avec un premier essai sur ce Main Event parisien. La belle idée ! Owen Dodd confirme ses prédispositions pour le format avec une perf tonitruante. Je parie qu’il retentera l’aventure un de ces quatre.

Les trois derniers survivants de ce Main Event sont assurés d’un demi-million. Ils jouent désormais pour 700 patates de plus, avec des stacks profonds. Les niveaux sont désormais réduits à 45 minutes, alors qu'on est entré sur le niveau 150 000 - 300 000.

Barny Boatman Aleksejs Ponakovs David Kaufmann

Joueur Nationalité Jetons
David Kaufmann Allemagne 21 475 000
Aleksejs Ponakovs Lettonie 15 780 000
Barny Boatman UK 15 150 000

David n’a rien pu faire contre Goliath

David Kaufmann est éliminé en deuxième position (804 750 €) Main Event - 5 300 € (Finale)

Heads Up
De dernier retournement de situation, il n'y en a point eu lors de l'ultime étape de l'EPT Paris : Barny Boatman avait pris le contrôle de la partie à trois joueurs restants, et ce n'est pas la remontée de David Kaufmann, aux dépens d'Aleksejs Ponakovs, qui allait changer cet état de fait.
Heads Up
Entamant l'ultimo mano a mano avec un avantage numérique de deux contre un (71 BB vs 34 BB), le vieux loup de mer de la scène britannique n'a eu besoin que deux mains pour terminer le travail face à un adversaire deux fois plus jeune mais loin d'être inexpérimenté.

Sur la première main, le c-bet de Boatman sur JA4 a suffi pour faire fuir Kaufmann et son 83 : l’Anglais n’avait rien de mieux qu’un 73.

David Kaufmann
Main suivante : Boatman 3-bet la relance de Kaufmann avec guère mieux que J2. Kaufmann se contente de payer avec A9.

Le flop J96 améliore la main des deux joueurs : pour les spectateurs du stream « cards up », la suite n’est pas bien difficile à prédire.

C-bet de 2 millions chez Boatman, call de Kaufmann. Le turn est un 5 et Boatman recommence, misant cette fois tout son tapis.

Avec sa deuxième paire, Kaufmann se tâte quelques instants, mais ne parvient pas à trouver le bouton « fold ».

Heads Up
Les cinq outs de Kaufmann resteront dans le paquet, la rivière un Q, sera la dernière carte du Main Event de l'EPT Paris.
Heads Up
De retour dans le poker après un break de huit ans, le pro online David Kaufmann ne remporte pas son premier titre majeur en live. Mais nul doute que les 804 750 € remportés aujourd'hui vont lui permettre de confortablement financer son come back au plus haut niveau.
Heads Up
Heads Up
David Kaufmann

Les légendes ne meurent jamais, elles gagnent

Le vétéran Barny Boatman renverse deux jeunes top regs pour s'offrir sa plus belle victoire et un gain de 1 287 800 €. À 68 ans, le fondateur d'Hendon Mob devient le joueur le plus âgé à s'imposer sur le circuit EPT, dont il observait les premiers pas il y a vingt ans.

5 300 € Main Event (Fin)

Barny Boatman

Une dernière river. Le “All-in & call” a été annoncé, les deux joueurs sont debout et les observateurs se ruent autour des barrières du spot télévisé pour voir ce qui pourrait être le dernier coup. Avec J2 contre A9 sur un board J965, Barny Boatman, la légende du poker britannique, est à une carte d’un exploit retentissant. Tout le monde retient son souffle… Q, c’est gagné !

Barny serre la main de son opposant David Kaufmann puis reste cloué sur place quelques secondes. Le joueur farceur, espiègle, détendu qu’on a vu pendant une semaine se métamorphose soudainement. Barny est submergé d’émotions, il n’en croit pas ses yeux, qui laissent apparaitre de fines larmes le long de ses joues creusées.

« Tu as toute l’adrénaline, toute la concentration et au moment où c’est fini, toutes ces choses s’écoulent de vous. C’est un moment très fort, confie Barny, quelques minutes après sa victoire. C’est aussi là que je me rends compte à quel point ce trophée comptait pour moi. Quand vous jouez, cela aide de ne pas penser aux montants, à l’importance du tournoi. C’est grâce à ça que j’ai fait certains calls, certains plays… Je ne pensais qu’au jeu, pas aux enjeux. Mais quand c’est fini, tu réalises ce que tu as fait. Et il y a tous les amis qui m’ont écrit, ma famille, et bien sûr ma fiancée Catherine. J’ai pensé à eux à ce moment là, et c’est pour ça que j’étais ému ».

Barny Boatman

C’est effectivement vers sa femme que se dirige tout droit Barny, quelques secondes après la dernière main. Vient le moment de la traditionnelle remise du trophée, pour apprécier les discours des représentants Pokerstars et Barrière, mais surtout observer la joie d’une légende du jeu, un ambassadeur mondial, le créateur d’Hendon Mob, qui vient à 68 ans, d’inscrire la plus belle ligne de son palmarès.

Barny Boatman

En 30 ans de carrière, Barny a pourtant eu le temps de s’en forger un beau. Le Britannique multiplie les casquettes avec brio, mais avant tout, il est un joueur passionné, qui a enchainé les coups d’éclat avec une régularité étonnante.

Runner-up WSOP en 2002, finaliste Aussie Millions en 2009 finaliste EPT San Remo en 2011, vainqueur WSOP en 2013, puis WSOP Europe deux ans plus tard, finaliste du Millionaire Maker, du Main Event WSOP Europe et d’autres WSOP en No Limit, en PLO, en Hi-Lo ou même en Pot Limit Hold’em… Barny a connu le succès partout, à tous les âges, dans toutes les variantes. Aujourd’hui, il signe une victoire d’une autre envergure, à sept chiffres, sur le plus prestigieux circuit européen. Un circuit qu’il côtoie depuis la toute première saison, en 2004. 20 ans plus tard, Barny Boatman devient, à 68 ans, le joueur le plus âgé à s’imposer sur un Main Event EPT. Une statistique qui en dit long.

Barny Boatman

« Elle montre d'abord que je suis toujours vivant » plaisante Barny, qui a tenu en respect deux grinders de la nouvelle génération, des joueurs venus du Online, qui partaient favoris en termes de stack ainsi qu’en compétence théorique. « Ces deux là en particulier étaient des supers joueurs. Ils connaissent les bons plays, les bonnes lines dans chaque situation. J’ai joué mon jeu et puis j’ai touché mes mains. Et on ne peut pas battre ça ».

Barny a eu le run, et il a eu l’instinct. Le déficit technique qui le séparait potentiellement de ses adversaires, il l’a comblé par sa capacité à sentir les bonnes décisions dans les bons moments. Sa non-utilisation des “time extensions” (il se vantait sur Twitter être le chipleader des cartes ”Time Banks”) témoigne de son style de jeu, guidé essentiellement par son expérience et son sens de l’intuition.

« Mes plays viennent naturellement, explique Boatman. Les informations, tu les reçois avant que ce soit à toi de jouer. Parfois, tu lèves la tête pour regarder le gars en face de toi, pour sentir quelque chose. Les Live reads servent à ça. Mais je n’ai du utiliser que deux ou trois time-banks durant tout le tournoi ».

"Le poker a beaucoup changé, pas moi"

Barny Boatman

L’impact de Barny Boatman sur le poker moderne est inestimable. Avec sa bande de potes londoniens, composée de son frère Ross, Joe Beevers et Ras Vaswani, surnommé les Hendon Mob, il créé l’un des sites les plus indispensables du poker. Une base de données que nous autres journalistes utilisons quotidiennement, tout comme chaque joueur s’asseyant à une table et désireux de connaître les visages qu’il a en face de lui. Il est un visage mythique, un joueur qui a traversé toutes les époques du jeu et toutes les places du jeu.

Voyageur insatiable, il a baroudé sur tous les continents, tapé le carton dans mille casinos, toujours avec ce même enthousiasme, cette simplicité, son sens de la formule et de la dérision. « Le poker a beaucoup changé, pas moi » lachait-il à nos micros. Toujours aussi curieux, toujours aussi touche-à-tout. Sa polyvalence s’exprime dans les variantes de poker comme dans son quotidien, composé de poker, de voyages, ou encore d’écriture.

Barny Boatman

« Je ne sais pas ce que je peux faire encore dans le poker. Mais à côté des cartes, j’aime beaucoup écrire. J’aimerais consacrer plus de temps aux livres, plutôt des fictions. Il y a d’ailleurs un livre que vous ne connaissez peut être pas qui s’appellent “He played for his wife and other stories” (il jouait pour sa femme et d’autres histoires). C’est un recueil de nouvelles écrits par différents auteurs liés au poker. J’ai écrit la première et je vous recommande de lire ce livre. Ça vous donne un peu une idée du style d’histoire que j’aime écrire ».

Barny Boatman
Aujourd’hui, il avait trois stylos en mains pour écrire sa plus belle ligne Hendon Mob, l’histoire du circuit EPT et sa propre légende. Bravo Monsieur Boatman pour cette victoire historique, méritée et inspirante. Il est rare qu’on soit si heureux de voir un Anglais gagner en France.

EPT Paris 5 300 € 1 747 inscrits - Dotation 8 385 600 €

Barny Boatman

Rang Nom Pays Gain
1 Barny Boatman UK 1 287 800 €
2 David Kaufmann Allemagne 804 750 €
3 Aleksejs Ponakovs Léttonie 574 850 €
4 Owen Dodd UK 442 150 €
5 Peter Jorgne Suède 340 100 €
6 Eric Afriat Canada 261 650 €
7 Ami Barer Canada 201 250 €
8 Lorenzo Arduini Italie 201 250 €
9 Sindre Hansen Norvège 119 100 €

Paris, ville-monde

EPT Paris
Au sortir de douze jours d'EPT à la mode parisienne, le clan français est un peu comme quelqu'un venant d'organiser une soirée chez lui : on est content d'avoir vu passer autant de monde, on est heureux que tout le monde se soit bien amusé... mais on n'a pas beaucoup profité de la teuf. C'est un fait : les tricolores n'ont pas été prophètes en leur pays sur cette deuxième édition. Aucun finaliste sur le Main Event (pas même un demi-finaliste), rien ou presque sur le High Roller, et à peine quelques miettes sur les side-events : cinq victoires seulement en 46 tournois. Heureusement qu'on a Thomas Santerne : le jeune pro de 23 ans sauve presque à lui tout seul l'honneur du clan français avec une victoire historique sur l'épreuve la plus chère au programme, le Super High Roller à 50 000 €.

À part ça, il faudra donc se contenter d'une satisfaction : celle d'avoir une capitale attractive pour les joueurs de poker du monde entier. Il y a un an, le circuit European Poker Tour corrigeait une anomalie de longue date, en inscrivant Paris à son calendrier pour la première fois en vingt ans d'existence. Aujourd'hui, après une deuxième édition où le festival a battu sans peine ses propres records d'affluence, plus personne n'imagine une saison EPT où ne figurerait pas Paris en bonne place.

WiPTParis, ville-monde… mais aussi : Paris, ville d’arrivée de la caravane du Winamax Poker Tour ! Dans deux petites semaines, notre grand tour de France du poker amateur va s’achever Porte de Versailles. En deux temps, avec d’abord un ultime freeroll rassemblant 1 500 joueurs (8 et 9 mars), puis la Grande Finale proprement dite, avec un million d’euros garantis, plus de 2 000 joueurs attendus, et des side-events non-stop du 11 au 17 mars. Une grande fête du poker à la française qui en suit une autre ? On est vraiment gâtés à Paris.

Reportage par Flegmatic, Fausto, Rootsah et Benjo
Photos par Caroline Darcourt

Toutes les photos de l’EPT Paris