Une esclandre pour conclure
Le Day 3 se termine avec une dernière salve d'éliminations, dont celle, bruyante, d'Eric Sfez
7 Français se qualifient pour le Day 4, un contingent fortement réduit par rapport au début de la journée
On pourra compter sur Omar Lakhdari pour assurer le spectacle au Day 4 Main Event 5 300 € (Fin du Day 3)
Rien de tel qu'une petite engueulade pour réveiller l'observateur commençant à fatiguer après s'être enquillé douze heures de poker. Le Day 3 s'est achevé sur un coup d'éclat, au sens propre comme au figuré, avec un joueur élevant la voix par dessus le brouaha habituel des dernières mains.
Car
Eric Sfez était visiblement hors de lui après s'être fait éliminer par un autre francophone, mais venu de Montréal,
Eric Afriat (photo), et n'a pas manqué de le faire entendre.
« Tu ne m'insultes pas ! Tu ne m'insultes pas ! »
Tournant le dos à Sfez, Afriat empile des tours et des tours de jetons. Le Français est debout. Il fulmine. Il est vrai que, sur le fond comme la forme, sa sortie ne s'est pas faite dans le plus strict respect des règles de bienséance pokérienne. Et le pot, de plus de 2 millions, propulse son adversaire canadien en deuxième place au classement, tandis que Sfez doit se contenter des 19 850 € de la 60ᵉ place.
« J'ai mal agi », concède Eric Afriat lorsqu'on lui demande ce qu'il s'est passé. « Mais faut me comprendre : ça fait six, sept heures qu'on joue et il a gagné tous les coups contre moi. Il m'a pris au moins 600 000. » Une dynamique qui explique, selon Afriat, ce call avec 7
6
après un 3-bet de Sfez. « Je relance 30 000, il fait 130 000, je paie. J'en avais marre. Et là, je fais brelan sur le flop 5-7-7. Je check, il mise 150 000, je fais 350 000. Il fait tapis 950 000. Il a les As ! »
Lorenzo Arduini, qui n'a rien loupé de la scène, nous soufflera qu'Afriat n'a pas snap-call avec son brelan. Slowroll, nitroll ? Énervant dans les deux cas. Mais peu importe au final : c'est avant tout ses premiers mots, juste après le showdown, qui provoqueront l'ire de Sfez.
« Finalement ! Je l'ai éclaté ! »
Des paroles qui étaient probablement de trop. C'est en tout cas l'avis des arbitres : les sages ont collé une pénalité d'un tour (huit mains) à Eric Afriat, une peine qu'il purgera en début de Day 4. Avec ses 115 blindes, cela ne devrait pas lui poser trop de problèmes.
Aux premières loges pour profiter de cette croustillante scène post-générique à ce Day 3,
Lorenzo Arduini, justement, avait une raison supplémentaire de se montrer heureux : un tapis de 2 050 000 jetons le plaçant en quatrième position au chipcount. S'il a passé un flip crucial en fin de journée avec une paire de Dames contre As-Roi pour un pot de 800 000, c'est un peu plus tôt, à sa table précédente, que la journée de Sissendeux a basculé. «
Un short stack fait tapis en milieu de parole pour 11 blindes, raconte l'Italien.
Le bouton, qui a une tonne, just call. J'ai As-Roi off en small blind avec 50 BB. C'est un peu chiant, mais je shove. As-10 chez le short et deux Rois au bouton. Je fais straight, comme un grand ! En plus, Ponakovs avait fold As-10 ! » Un petit miracle sur lequel a bien surfé Lorenzo, mieux lancé que jamais pour ce qui n'est que son deuxième Main Event EPT.
Il est passé chip-leader après la pause-dîner, aux dépens de
Florian Duta, et l'est resté jusqu'en fin de Day 4 : le Grec
Panagiotis Mavritsakis est une arrivér relativement récente sur le circuit live, son premier ITM remontant au printemps 2023. C'était une très prometteuse troisième place sur l'Irish Open, qu'il va maintenant tâcher de rendre obsolète.
Ce fameux
one time, d'aucuns pourraient dire que
Clément Michaud l'a déjà utilisé sur le 3 Million Event des Winamax Series de septembre,
dont il a terminé runner-up pour plus de 193 000 €. Mais le chipleader du clan français ce midi est toujours bien là... et toujours en tête avec 1 065 000, malgré un Day 3 pas facile. "
Je suis monté à un million sur mes 600 000 de départ, puis je suis retombé à 550 000," rembobine C Michaud. Avant de remonter à la force du poignet, grâce notamment à "
un 3-barrel bluff all-in."
C'est tout de même un de plus que
Terry Vlastos. "
Je suis joueur de cash game live en 2/4. Je joue beaucoup à Charron, se présente le Parisien.
Je joue ce tournoi parce que je me suis qualifié sur un sat live à 1 100 €. Bon, je l'ai joué deux fois." Ce qui n'empêche pas l'opération d'être on ne peut plus rentable, surtout en plaçant 1 025 000 jetons dans un sac en fin de Day 3. "
Depuis le début, j'ai pas mal de réussite, j'ai passé quelques flips au Day 1, dont un capital avec deux Valets contre As-Roi."
Aujourd'hui, il a notamment trouvé un improbable deux outer river pour sortir celui avec lequel il a partagé une bonne partie de la journée, le Français Kostya Zaks. "Bien sûr, je ne lui ai pas dit sur le coup parce que ça aurait été pire, mais j'étais dégoûté pour lui." Seul ce gros pot perdu lors du dernier niveau lui reste en travers de la gorge. "J'ai J
3
sur 10
10
2
, je décide de 3-bet à tapis alors qu'il a un gros stack et il retourne As-10. Je m'en veux, c'était une donation, j'aurais dû just call." S'il sait que "la plupart des joueurs de ce tournoi sont meilleurs que [lui]," comptez cependant sur Terry pour jouer sa carte à fond. "Franchement, je vise la win, je veux chatter mon one time."
Un gros tournoi à Paris sans un deep run d'
Omar Lakhdari, ça serait louche. Un mignon setup de fin de journée (As-Roi contre As-Dame) a permis au Marocain de palper gros, et de se mettre à 3-bet toutes les mains. Avec 50 blindes tout pile sur la ligne de départ du Day 4, l'Algérien est déjà notre favori pour le titre d'animateur de la journée.
785 000 pour
Grégory Fournier, est-ce que ce ne serait pas son plus haut point du tournoi ? "
Si, tout à fait. J'étais monté au plus haut à 720 000 hier." Après deux jours à "
run comme Jésus," il lui a fallu faire preuve de patience aujourd'hui. "
C'était de loin la journée la plus difficile mentalement. Après être tombé à 9 BB, j'ai pu remonter à 500 000, et puis j'ai trouvé quelques petites mains à open, j'ai pu placer quelques 3-bets, dont un avec 4-5 suité contre mon voisin de droite. Dans l'ensemble, je suis très très content."
«
Quelqu'un veut parier sur le nombre de mains de fin de journée ? Ils vont tirer au sort maintenant, ça sera 3, 4 ou 5. Allez, qui veut mettre 20 balles ? » Sacré
Slimane Mamèche, encore en recherche de "gamble", même après avoir grind un short-stack douze heures durant. Après le dîner, le Parisien a bien failli manquer un double up. "
J'étais éloigné de la table, on m'appelle car un nouveau coup commence, je reviens en courant : je découvre deux Valets ! Un mec met 150 000, la moitié de son tapis, je mets le reste, on joue le même montant. Il a 99, on fait tous les deux brelan." Avant ça, Slimane a gagné un beau 40/60. "
J'ai eu de la chance, je suis de BB, la SB limp, je fais tapis avec Dame-Valet : il paie avec As-10. Flop Roi-Valet-10, il ne jouait plus beaucoup de cartes..."
La joie, la satisfaction, c'est aussi ce qu'on peut lire sur le visage de
Clément Kerrien. "
Avec trois blindes, je serais content," nous glissait le Maltais un peu plus tôt. Il en aura 18 pour attaquer le Day 4, après avoir multiplié les coups à tapis préflop aujourd'hui et en avoir gagné la majorité. Cela vous donne une petite idée de ce par quoi certains doivent passer pour se rapprocher d'un Top 50 de Main Event EPT.
Dernier au départ, dernier à l'arrivée : c'est, en grossissant le trait, le parcours effectué par
Youssef Zereg aujourd'hui, coiffé d'un chapeau offert par un pote ("
Je ne l'ai pas lâché depuis le Day 1 !"). Là ou tant d'autres short-stacks ont du se contenter d'un min-cash, le Bordelais a tenu : même si son tapis reste précaire (10 BB tout rond), le voilà beaucoup plus proche du premier prix d'1,3 million que ce matin, avec un field réduit de 222 à 57 joueurs. "
J'étais en apnée. De midi à minuit", résume-t-il. "
Quand même... j'aimerais bien chatter à un moment." Au bord de la table, ses amis dans le rail le félicitent comme s'il avait déjà sauté, en mode "
C'est déjà bien ce que tu as fait." Pas si vite, leur dit-il : "
Il faut finir le boulot. Toujours !"
Les 7 Français du Day 4
Sur les 1 747 entrées recensées sur ce Main Event parisien, 25% ont été payées de la poche de joueurs français. Trois jours plus tard, les Frenchies représentent à peine plus de 12% du field restant. Sept joueurs sur 57, dont seulement deux au-dessus de la moyenne (et encore, tout juste), aucun dans le Top 15 et trois entre 10 et 20 blindes. S'il y a un jour pour renverser les statistiques pour le clan tricolore et espérer voir l'un de ceux-là assurer une place de finaliste à la maison pour succéder à
Fabrice Bigot, il vaudrait mieux que ce soit ce Day 4.
Joueur |
Tapis |
Blindes |
Clément Michaud |
1 065 000 |
53 |
Terry Vlastos |
1 025 000 |
51 |
Grégory Fournier |
785 000 |
39 |
Slimane Mamèche |
480 000 |
24 |
Clément Kerrien |
365 000 |
18 |
Youssef Zereg |
335 000 |
17 |
Younes Hammouchi |
200 000 |
10 |
Les éliminés du Day 4
Les Français ont gagné 505 250 € aujourd'hui... mais répartis en 40 parts !
Rang |
Nom |
Prix |
60 |
Eric Sfez (photo) |
19 850 |
66 |
Victor Briffard |
19 850 |
68 |
Jean-Pierre Boulad |
19 850 |
76 |
Romain Lewis (Team Winamax) |
17 250 |
83 |
Gilles Cadignan |
17 250 |
89 |
Maxime Parys |
17 250 |
94 |
Youcef Benzerfa |
17 250 |
101 |
Kostya Zaks |
15 000 |
102 |
Kevin Dedner |
15 000 |
105 |
Antoine Camors |
15 000 |
106 |
Christian Stantchev |
15 000 |
108 |
Malcolm Franchi |
15 000 |
125 |
Mathieu Selides |
13 100 |
129 |
Sylvain Loosli |
13 100 |
131 |
Romeric Redjdal |
13 100 |
135 |
Gary Mamou |
13 100 |
136 |
Christophe Malaurie |
13 100 |
137 |
Arthur Emig |
13 100 |
138 |
Miroslav Alilovic |
13 100 |
146 |
Pierre Calamusa (Team Winamax) |
11 400 |
148 |
Valentin Oberhauser |
11 400 |
153 |
Alexandre Amiel |
11 400 |
155 |
Maxime Chilaud |
11400 |
156 |
Thomas Saminadin |
11 400 |
161 |
Arthur Conan |
11 400 |
162 |
Vincent Meli |
11 400 |
178 |
Volga Uyanik |
11 400 |
184 |
Freddy Normand |
9 900 |
189 |
Bernard Darmon |
9 900 |
190 |
Jonathan Ben Soussan |
9 900 |
195 |
Nicolas Dumont |
9 900 |
197 |
Mehdi Merail |
9 900 |
204 |
Noa Chan |
9 900 |
205 |
Alexandre Réard |
9 900 |
213 |
Adel Ben Messaoud |
9 900 |
214 |
Pierre Chevalier |
9 900 |
216 |
Olivier Fazio |
9 900 |
218 |
Simon Wiciak |
9 900 |
221 |
Jean-Yves Chicheportiche |
9 900 |

Rendez-vous vendredi à midi pour la suite. La course vers la table finale va officiellement débuter ! Récap par Benjo & Flegmatic, photos par Caroline Darcourt