L’appel de Londres
Huit ans. Huit ans que le circuit European Poker Tour n'avait plus posé ses valises à Londres. Autant dire que depuis la victoire de Sebastian Pauli le 17 octobre 2014, bien des hectolitres d'eau ont coulé sous les ponts surplombants la Tamise. 26 Champions EPT ont été couronnés dans des lieux ajoutés puis supprimés du programme, tels que Dublin, Malte et Sotchi ; la marque même European Poker Tour a disparu le temps d'une saison avant de renaître de ses cendres ; le PCA aussi a fait son grand retour, en même temps que voyait le jour le démentiel PSPC à 25 000 $ ; les World Series of Poker ont déménagé sur le Strip ; Winamax a organisé deux des plus gros tournois 6-max de la planète et s'apprête à ressusciter à son tour un Winamax Poker Tour injustement disparu ; bref : le petit monde du poker n'a plus grand-chose à voir avec celui qu'il était alors.
Sur un plan plus personnel, à l'automne 2014, l'auteur de ces lignes n'avait jamais entendu parler de Davidi Kitai et était très loin de se douter que l'une des moitiés de NTM était déjà un joueur émérite. D'ailleurs, on est prêt à prendre le pari que l'immense majorité des joueurs qui taperont le carton sur ce festival jusqu'au vendredi 28 octobre n'était pas de la partie il y a huit ans. On en connait beaucoup qui n'étaient même pas majeurs.
Paradoxalement, ce retour en grâce de l'EPT en Perfide Albion arrive au moment où le pays traverse l'une des périodes les plus troubles de son histoire récente. Depuis le vote du Brexit à l'été 2016, le Royaume-Uni doit faire face à des vagues de crises chroniques, pas franchement aidé par une instabilité certaine au sommet de son gouvernement. En six ans et trois mois, les Britanniques ont connu quatre Premiers Ministres différents et s'apprêtent à en élire un cinquième, suite à la démission en milieu de semaine de la dernière "PM" en date, Lizz Truss, après seulement 44 jours de mandat. Un (triste) record s'expliquant par une situation sociale, financière et économique désastreuse, dont elle était en partie responsable.
Déjà cet été, un ministre en poste depuis trois ans peinait à répondre à une journaliste lui demandant ce qui fonctionnait bien, en ce moment, dans le pays. En un an, les tarifs de l'énergie ont doublé, entraînant une inquiétude grandissante de la part de Britanniques pris à la gorge et progressivement plus nombreux à avoir du mal à boucler leurs fins de mois. Ajoutez à cela le décès, le 8 septembre dernier, après 70 ans de règne, de la reine Elizabeth II, et vous obtenez une atmosphère morose, presque pesante, au cœur de la sixième puissance mondiale. Au moment de passer devant les grilles de Buckingham Palace au beau milieu d'une nuit pluvieuse comme Londres sait si bien en offrir, on pouvait ressentir un je-ne-sais-quoi d'inquiétant. "Ominous", comme ils disent ici.
Qu'est-ce que le poker a à voir avec tout cela, me direz-vous ? Pas grand-chose, et c'est justement ce décalage qui détonne. Situé aux abords de Hyde Park, encerclé par les quartiers posh de Mayfair, Knightsbridge, Chelsea et Kensington, le London Hilton on Park Lane où se déroule le festival, ressemble à une tour d'ivoire surplombant ces zones presque hors du temps, où l'impact des crises successives se ressent nettement moins qu'ailleurs. Pour l'heure, ce retour inattendu semble fonctionner. Souvent bon indicateur de l'affluence globale du festival, le tournoi d'ouverture à 1K, ici UKIPT (pour United Kingdom and Ireland Poker Tour), a généré 1 458 entrées, effaçant des tablettes le précédent record datant de 2013, avec une marge de plus de 30%. On reste loin, très loin, des 6 300 inscriptions de l'Estrellas du dernier EPT Barcelone, et personne ne s'attend non plus à ce que soient battus les 2 294 inscrits du rendez-vous catalan, mais il y a de quoi espérer pour les jours à venir.
Londres reste une ville extrêmement chère (sinon la plus chère de notre Vieux Continent) et l'on se doute que bon nombre de joueurs ne peuvent se payer, sinon le déplacement, du moins de quoi y passer une semaine - sans compter ceux qui n'arrivent pas à remettre la main sur leur passeport. On s'attend donc à un contingent de nos compatriotes du genre "petit mais costaud", ne serait-ce que parce que beaucoup de professionnels ont choisi la capitale anglaise comme lieu d'expatriation. Et comme le dit le dicton : on ne dit pas non à un EPT à la maison ! Le Team Winamax aussi sera de la partie, quasi au grand complet et représenté par l'intermédiaire de Davidi Kitai, Adrián Mateos, Mustapha Kanit, João Vieira, Romain Lewis, Kool Shen, Guillaume Diaz, François Pirault, Loïc Debregeas, Alejandro Romero et Alexane Najchaus. Certains se sont lancés dans le grand bain du Main Event dès le Day 1A qui a démarré ce samedi à midi, quand d'autres - on vous laisse deviner qui - sont actuellement en course pour atteindre la table finale du Super High Roller à 50 000 £. Après cette longue introduction, l'heure est venue de rentrer dans le vif du sujet. Shall we?
Les temps fort de l'EPT Londres 2022
18-22 octobre : UKIPT London Main Event 1 100 £ 21-22 octobre : UKIPT High Roller 2 200 £ 21-23 octobre : Super High Roller 50 000 £ 22-28 octobre : Main Event 5 300 £ 24-26 octobre : Platinum Pass Mystery Bounty 3 000 £ 26-28 octobre : High Roller 10 300 £