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PokerStars EPT Monte-Carlo 2023-Main Event - 4

Un bluff raté pour commencer

Mark Teltscher est le premier sortant du Day 4 PokerStars European Poker Tour presented by Monte-Carlo Casino®️ Main Event 5 300 € (Coup d'envoi du Day 4)

Mark Teltscher
Après un bref moment de flottement, une quinzaine de minutes sans trop d'action, le Day 4 du Main Event démarre véritablement avec un shove rivière de Mark Teltscher (photo). Depuis les blindes, le Britannique a choisi un board chargé à mort pour tenter le tout pour le tout avec son (faible) tas de jetons :

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Face à lui, il y a Maduka Meragal en position. Le Canadien avait relancé préflop, puis attendu le turn pour placer un c-bet. Maduka est autrement mieux fourni en chips, et sa décision est prise après même pas trois secondes de réflexion : « Je dois payer. Je suis obligé. » Il retourne… 33. Autrement dit une quinte qui ne vaut rien de plus qu’un « bluff catcher » sur un tel board.

Bingo ! Car un bluff, c’est exactement ce qu’un Teltscher sonné est obligé de retourner à la demande du croupier : QJ.

Sorti de piste en 38e place, Mark Teltscher, ne disputera pas sa troisième finale EPT (il avait gagné la première, c'était à Londres lors de la première saison de l'EPT en 2005) et n'améliorera pas son meilleur score sur l'EPT Monte Carlo (12e en 2014). Pour ses efforts, il remporte tout de même 19 850 €.

Nono, oui oui !

Arnaud Enselme trouve un double-up d'entrée de jeu PokerStars European Poker Tour presented by Monte-Carlo Casino®️ Main Event 5 300 € (Day 4)

Arnaud Enselme
Dans le Texas Hold'em joué en tournoi, le libre arbitre n'a parfois (souvent ?) pas son mot à dire. Témoin cette scène observée trente minutes après le coup d'envoi, typique des phases finales d'un MTT, où aucun des deux protagonistes n'a eu de décision compliquée, et dont l'issue était inévitable... avec une seule inconnue : de quel côté la pièce allait-elle tomber ?

Ouverture en début de parole d'Arnaud Enselme (photo), 3-bet au bouton d'Aliaksandr Shylko, shove d'Enselme, snap-call de Shylko, est-ce un coin-flip ? Oui, c'est un coin-flip, avec des mains 101 % légitimes :

AK chez le récent vainqueur du PSPC.
JJ chez le grinder français, qui va voir la coche verte apparaître à côté de son nom au terme d’un board 38376.

Le croupier fait les comptes : 795 000 du côté d’Enselme, un peu moins chez Shylko, pour qui les jeux sont faits. Trois mois après sa victoire à 3,1 millions de dollars aux Bahamas, le Biélorusse se contente d’une 36e place bonne pour 19 850 € « seulement ».

La France entre bien dans son match

Jean-Vincent Lehut attrape Renat Bohdanov pour rejoindre le gang des millionnaires. Les cinq français ont bien débuté la partie, en grattant tous quelques jetons, à 29 left de ce Main Event EPT.

PokerStars European Poker Tour presented by Monte-Carlo Casino®️ Main Event 5 300 € (Day 4)

Arnaud Enselme montrait l’exemple en s’offrant l’une des premières éliminations du jour. Le reste de l’équipe suit le capitaine de la Team Unibet. 10 éliminations sur le premier niveau, aucun Français et au contraire, notre quinté est remonté d’un cran dans le chip count.

Lehut

Peu après “Nono”, c’est “J-V” qui se signale avec une bataille de blindes rondement menée contre Renat Bohdanov. L’Ukrainien commence par un limp, check Lehut et les deux joueurs voient le flop AQ10. C-bet petit, payé par Jean-Vincent qui voit la turn 3.

2-barrel cherot, environ 3/4 pot, payé encore par le Français quand vient la river 10.

Bohdanov continue son histoire et envoie un énorme bet, environ à hauteur du pot, en se laissant juste une blinde derrière lui.

En trois streets, l’Ukrainien a mis ses 30 blindes au milieu, pour un coup qui fera basculer le tournoi des deux hommes. Jean-Vincent prend le temps d’observer son adversaire et de re-faire la séquence dans sa tête puis trouve le call. Showdown ! J5 chez Renat, pour une jolie hauteur valet. Le A4 de J-V est bon ! 1 150 000 pour le spécialiste de cash game high-stakes.

Astima

Assis deux places à droite du Toulonnais, José Astima (photo) navigue bien plus près du sol, mais se défend plus que bien avec son shortstack. Parti avec 12 blindes, il a trouvé un, puis deux, puis trois all-in non payé pour revenir au-delà des 200 000. Le Corse s’offrira même une élimination, en prenant la dernière blinde de Renat Bohdanov sur un anecdotique A5 contre 105.

Alexandre Landron a également chip-up, Samy Boujmala am maintenu son bon stack. Les voyants bleus sont au vert, alors qu’on est passé sous la barre des 30 joueurs, synonyme de nouveau palier : Tous les joueurs sont désormais assurés de 22 850 €.

Colillas

Parmi la dizaine de joueurs éliminée, signalons celle de Ramon Colillas. Évènement rare, le Team Pro Pokerstars a perdu un flip en table télévisée, contre un autre homme pas maladroit non plus à tapis ces derniers temps : Elias Fisz a trouvé la dame avec AQ contre le 88 de l’Espagnol, qui quitte le tournoi en 32e position, juste devant son compatriote Javier Gomez. Fin de partie également pour David Vinayagamoorthy et Patrick Beuter.

Landron manque les gros lardons

Alexandre Landron éliminé en 27e place (26 250 €) PokerStars European Poker Tour presented by Monte-Carlo Casino®️ Main Event 5 300 € (Day 4)

Alexandre Landron
Première chute dans le quintet tricolore du Day 4. Et pas forcément celle que l'on attendait. Tandis que le short-stack José Astima a réussi à se sortir du premier niveau, gratter deux paliers et même de gagner quelques jetons (sans quitter le bas du classement, cependant), Alexandre Landron est tombé dans un guêpier en apparence inextricable : un Q trouvant un board 1096JJ. Assez pour se retrouver à tapis sur la rivière... mais pas assez pour doubler lorsqu'en face il y a J9.

Douze mois après un galop d’essai parfaitement réussi sur le Rocher (une victoire en 6-max, deux autres finales, et un deep-run FPS), Landron score à nouveau sur les deux plus gros fields de l’EPT Monte Carlo, le FPS et le Main Event, où il se classe 27e parmi les 1 098 inscrits et remporte 26 250 €. Encore relativement anonyme, le grinder français (qui nous confiait hier jouer « tous les tournois online sur le .fr », sans plus de précisions), nous paraît définitivement être l’un de ces jeunes talents sur lesquels il faudra compter au cours des prochains festivals live du circuit pro.

Après l'élimination de Landron, on a perdu trois joueurs en succession (Apoorva Goel, Leonardo Patacconi, puis Milos Petakovic), provoquant le redraw des trois dernières tables de huit joueurs. La prochaine élimination fera entrer les survivants dans le palier à 30 200 €.

Pas le temps pour les regrets

Parti shortstack, José Astima a chèrement défendu sa peau pour revenir dans ce Day 4. Alors qu’il sortait la tête de l’eau, le grinder corse sort finalement sous les projecteurs de la table télévisée, sur un flip à sensations et une river cruelle.

PokerStars European Poker Tour presented by Monte-Carlo Casino®️ Main Event 5 300 € (Day 4)

Depuis le milieu du Day 3, José Astima jouait un tournoi à part. Un jeu de shorstack, où l’on tente de se grappiller quelques blindes sans voir trop de jeu. À côté, les joueurs s’échangent les millions de jetons, swing, jouent plein de mains, mais José reste concentré. Il s’accroche à sa quinzaine de blindes et voit le field se réduire sans rien lâcher.

Astima

Au départ de ce Day 4, Astima poursuit son numéro de résistance, et trouve même le moyen de revenir, sur un 40-60 heureux contre Jean-Vincent Lehut. Le voilà déplacé en table télévisée, avec une trentaine de blindes toute fraiche et un beau As-Roi entre les mains.

Le Corse se chauffe avec Mike Watson. Open 40 000 du Canadien et la parole arrive sur José, qui envoie tout depuis le bouton. José couvre son adversaire et paie pour 305 000 effectifs et ça sera le plus classique des flips contre les deux Dames de Watson.

Ca part bien sur le flop K53. La turn A est presque trop belle quand vlam ! Une Q sortie des entrailles de la terre vient sauver Mike Watson.

José retombe dans la zone rouge. Il patiente quelques minutes avant de trouver un nouvel As-Roi pour envoyer ses dix blindes, sans plus de réussite que sur le précédent. José s’empale contre les deux As de Jason Wheeler. Astima sera drawing dead-turn et voit son beau parcours s’arrêter en 22e positon, pour 30 200 €.

« Ce qui est dommage, c’est que c’était mon plus haut point, analyse José quelques minutes après son élimination. J’ai eu de la chance d’avoir un peu de jeu en début de partie, j’ai gratté quelques blindes en re-steal. A part les Français, personne ne me connaissait. Je savais que les étrangers allaient m’attaquer. J’avais cette sensation qu’ils voulaient un peu me marcher dessus et j’ai pu re-steal un peu plus large. J’ai ensuite eu ce coup contre Lehut où je fais la dame avec QJ contre A9. J’arrive en table télévisée, je dois avoir 580 000, j’y croyais en vrai ».

A force de patience, de persévérance, et de foi, José s’offrait une deuxième vie dans ce Main Event EPT… Qui n’a duré que quelques minutes.

« La dame river, elle fait mal, concède le Corse. Mais il restait du chemin. Les 900 000, ils étaient encore loin. Je garde surtout le positif. Je déteste avoir des regrets. Et là, j’ai pas fait de la merde, donc je suis content ».

Bien au contraire, il a fait vibrer le clan tricolore et la patrie corse tout le long de ce tournoi. Plutôt en forme à Monaco, celui qui terminait il y a quelques années runner-up du FPS ici même prévoit de rester quelques semaines dans le sud, avant de retourner à Vegas, deux ans après son premier deep run Main Event WSOP. « Je pense que je vais juste faire un petit tour pour le Main Event. J’ai eu de belles sensations et de bons souvenirs là-bas. Mais il y a encore le 1 600 € pour terminer la semaine et deux Français sur le Main. On va pousser Samy et Arnaud, c’était cool de partager ce deep-run avec eux ! »

Lehut eu

Jean-Vincent Lehut éliminé en 21e place (30 200 €) PokerStars European Poker Tour presented by Monte-Carlo Casino®️ Main Event 5 300 € (Day 4)

Jean-Vincent Lehut
Son introduction dans le club des millionnaires n'aura été que trop brève. Même pas deux heures après ce gros pot raflé à Renat Bohdanov, Jean-Vincent Lehut n'a plus que 400 000 (20 BB) a mettre au milieu préflop dans le siège du cutoff. Son voisin Arunas Sapitavicius accepte la proposition, et les jeux sont retournés.

La confrontation entre 88 et AK ne révolutionnera pas l’industrie des coverages poker, mais scellera l’élimination de Lehut en 21e place, après l’apparition d’un A au flop, puis d’un K au turn.

Venu à Monte Carlo pour « jouer les 25K », le cash-gameur pro, qui sévit sur le point com et profite d’une grève des joueurs high stakes online pour s’essayer au live, se contente de 30 200 € sur le Main Event. Mais justement : le plus gros 25K du festival vient de débuter. On ne serait pas étonnés de l’y croiser un peu plus tard…

Encore un et on est ‹ bieng ›

Déjà 17 left dans ce Day 4 Main Event EPT, qui approche de son dénouement. Encore une élimination, un niveau de jeu et les joueurs mettront les jetons dans le sac. Nos deux héros français naviguent bien et se sont stabilisés dans le haut du chipcount pendant que leurs adversaires s’éliminent entre eux.

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Boujmala

Le field se réduit plus vite que la structure ne le laissait imaginer : 17 survivants à 17H30. Le rythme de bustos n’a pas faibli et la moyenne est remontée à 77 blindes, qui deviendront 55 à l’entame du niveau 15 000 - 30 000.

Nos Français n’ont pas été impliquées par les récentes éliminations. Samy et Arnaud se contentent de prendre quelques coups pour maintenir les coutures de leur beau tapis. Une défense de blinde arrachée par là, un c-bet par-ci. Ça suffit à consolider un stack de 2,2 millions chez Boujmala et 2,6 millions chez Enselme, tous deux au-dessus de la moyenne.

Depuis les sorties quasi consécutives de Lehut et Astima, trois éliminations à signaler : celle de Pedro Neves. Le Portugais s’est fait enfler en deux temps. Un premier 60-40 contre Jimmy Velasquez, avec AJ contre le K9 du Colombien qui avait fait tapis 13 blindes. Le colombien fait le 9 au flop, le K river et double-up sur Pedro Neves, qui tombe à son tour à 13 blindes.

Elles partiront dès la main suivante sur un duel bonton contre BB. AQ chez le Portugais, A10 chez Pieter Aerts. Un board KQ6J5 offre une quinte odieuse au Belge, qui revient ainsi au-dessus du million de jetons.

Grieco

Sur la table voisine, Nicola Grieco qui revient bien. Un premier tapis avec A10 contre J10 sur un board 1035. Ca tient pour l’Italien. Un deuxième avec J9 contre 97face à Markkos Ladev où les deux frapperont breton sur un board 9946. Ca tient encore pour l’Italien, passé en une heure de 400 000 à 1 900 000.

Notons que sur chaque tapis-payé, Grieco s’en va marcher à quelques mètres de la table, attend que le coup soit fini, puis revient pour voir la sentence. Il se rend compte alors qu’il a gagné puis se met à célébrer avec une petite danse en chantant « po pororo po po ! ».

Il faudra une bonne demi-heure pour assister à une nouvelle élimination. En l’occurence, celle de Jimmy Velasquez. Le Colombien a voulu rebondir sur le bet turn de Maduka Meragal, en raisant à tapis avec A7 sur un board 7629.

Meragal

« I have to call » déclarait Meragal presque déçu avant d’avancer les jetons puis de retourner 99. Top-set. Aucun pique ne viendra sauver le colombien, éliminé en 17e position. « Yes you had to call, confirmait Artur Martirosian », un brin chambreur devant le "pseudo slow-roll" de l’amateur canadien.

La dernière pause du jour vient d’être sifflée. Pour mettre fin à ce Day 4, il nos faut encore une élimination, puis les joueurs termineront le niveau avant de remballer les jetons.

4 joueurs privés de Day 5

Les joueurs avaient été avertis : Une élimination et ils n’avaient plus qu’à attendre la fin du niveau pour valider un Day 5 Main Event EPT. Une proposition qui visiblement, ne convenait pas à tout le monde. Plusieurs joueurs sont partis à l’abordage et la dernière heure et les demis ont accouché de quatre nouvelles éliminations. Il ne reste donc que 13 prétendants au titre EPT et au 890 patates, dont nos deux Français, qui eux n’ont pas bougé.

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Aerts

Après le dernier break de la journée, Pieter Aerts est le premier à quitter l'assemblée. Pourtant revenu dans la course après un premier flip gagné, le Belge s’est embarqué dans un coup contre Joachim Haraldstad. As-Roi contre Roi-Dame, Aerts touche sa dame sur le flop Q72 mais le Norvégien check-back.

Turn A, nouveau check du Belge et Joachim envoie 75 000. Payé.

Turn 3, Haralstadt cherche la value maximum : Tapis pour ses 600 000 jetons. Un bel overbet, qui interloquera Pieter, qui ne joue que pour 300 000 jetons. Le Belge finira par payer avant de voir la mauvaise nouvelle. 39 950 € pour le vainqueur WSOP Online.

Hulme

Une fois le re-draw dessiné, le Scandinave enchaine avec une autre élimination. Un beau set-up pré-flop, avec AK contre le KK d’Andrew Hulme. QJ2 pour les sueurs, 2c pour le suspens, et A river pour le bad beat. Hulme prend la 16e place.

Delgado

Considéré par notre reporter Alex comme l’un des touts meilleurs joueurs espagnols, Vicente Delgado a plus ou moins craqué pour voir ses 40 blindes raser en cinq minutes. Une première tentative de 4-bet shove avec 44 pour les 30 blindes de d’Oleg Vasylchenko.

Le Russe paie avec ses deux dix et avale une grosse moitié de tapis espagnol. Le reste partira dès la main suivante. Tentative de re-steal 18 BB deep avec KJ ss suite à un open de Mike Watson avec 55. C’est payé et ça tient pour le Canadien, qui revient à plus de 2 millions de jetons, tandis que l’Andalous ouvre le palier à 45 900 €.

Martirosian

Tombé shortstack sur la table télévisée, Artur Martirosian abandonne ses dernières 15 blindes à Jason Wheeler sur un 20 - 80 avec 44 contre le 99 de l’Américain.

Le Russe peut tranquillement jumper sur le High Roller, et laisse donc 13 survivants dans la course au Main Event. Absent de toutes ces HH, Samy Boujmala et Arnaud Enselme n’ont presque pas perdu de plumes. Les deux copains reviendront ensemble demain pour jouer un Day 5 de Main Event EPT. Et ça mérite bien un bel article de fin.

Deux potos au Day 5 de Monte-Carlo

Les chances françaises reposent sur les solides épaules de deux jeunes pros. Amis depuis leurs premières parties online pour une poignée d'euros, ils n'ont plus que 11 adversaires à affronter pour aller chercher le premier prix de 890 000 €.

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Main Event 5 300 € (Fin du Day 4)

Arnaud Enselme et Samy Boujmala EPT Monte Carlo reportage Winamax
Deux potos au Day 5 de l’EPT Monte-Carlo.. Arnaud Enselme, le Team Pro Unibet, déjà installé depuis quelques années sur les hauts plateaux du poker français. Et Samy Boujmala, le grinder sudiste qui sévit déjà depuis belle lurette online et dans les casinos azuréens.

Il y a une dizaine d’années, les deux joueurs se découvraient sur les rooms online, affirmant jouer les mêmes tournois à 3 €. Demain, ils reviendront tous deux pour jouer une demi-finale sur l’un des plus prestigieux tournois du monde, à 13 restants de 890 000 €.

Arnaud Enselme
« Ca fait longtemps qu’on se connait. C’est énorme de partager ça. Maintenant, on va être lié à vie, déclare Arnaud, qui partage l’interview de fin de journée avec son acolyte. On s’est écrit nos premiers messages sur les tables online. Déjà quand j’ai vu qu’il était chipleader à la fin du Day 1, j’étais très content pour lui, poursuit le Bordelais. Il va peut être gêné que je dise ça devant lui, mais Samy c’est le gars que tout le monde aime sur le circuit. Je serai à fond derrière lui aussi demain, même s’il n'y aura pas de cadeaux à table ».

Cette semaine, les deux amis ont vécu un parcours assez comparable. Naviguant dans les hauteurs du chipcount depuis le début du tournoi, Samy Boujmala confesse avoir étoffé son tapis en « tricotant ». « Je n’ai pas joué un seul gros coup de la journée. L’average est assez haut, les mecs sont bons mais ils peuvent être un peu spewtards. J’attends les erreurs et je tricote ».

Comme son collègue Arnaud, après cinq jours de combat, il n’a toujours pas joué un coup à tapis couvert. Enselme est tout de même redescendu par moment autour de la moyenne, mais il trouvait toujours le spot lui permettant de respirer, pour à son tour grappiller les blindes pour rester dans le haut du panier. « J’ai eu ce rush ce matin et notamment cette paire de 7 contre Aleksandr Shylko. C’est un flip crucial. Pendant que le croupier déroulait le board, je me répétais dans ma tête "Il a déjà gagné le PSPC, il a déjà gagné le PSPC, il a déjà gagné le PSPC." ».

Une pensée signifiant que le Biélorusse a déjà eu sa chance et connu son heure de gloire. Arnaud a aussi vécu bien des succès dans sa jeune carrière, mais lui cherche encore sa perf sur un grand tournoi international. Et elle ne pourrait pas mieux tomber que sur cet EPT Monte-Carlo.

« C’est une rêve que j’ai depuis que j’ai commencé à m’intéresser au poker. Le circuit EPT c’est le plus prestigieux, pour moi y’a pas photo. Même si les WSOP c’est beau, les EPT c’est ce qu’il y a de plus dur. C’est là qu’il y a les meilleurs joueurs du monde. Je me rends compte surtout de la chance que j’ai d’être encore dans le tournoi et d’être pas si loin de toucher du doigt mon rêve. En plus, il y a ma copine qui est là pour moi et qui m’aide de fou. Un truc tout con, mais hier, elle m’a fait une petite séance d’hypnose pour que je chasse les mauvaises pensées après un coup où j’avais très mal joué. De l’avoir avec moi, je sens que c’est un énorme plus ».

Samy Boujmala
Comme son collègue bordelais, Samy savoure ce parcours remarquable sur l’un des plus prestigieux tournois du monde… Mais en termes d’expérience, de palmarès, de roll, les deux hommes n’en sont pas au même niveau. Qualifié pour 1 050 €, Boujmala nous disait déjà hier à quel point ce tournoi pouvait changer la donne. Un jour plus tard, la pression est encore montée d’un cran, mais le joueur ne s’affole pas, bien au contraire.

« En vrai, c’était ma plus grosse crainte [la gestion des émotions, NDLR]. Et aujourd’hui, je me suis vraiment senti comme un poisson dans l’eau. Encore mieux que sur les 1 000 € que j'ai l'habitude de jouer à Cannes, explique Samy. C’est la folie, j’ai joué mon poker parfaitement et j’ai vraiment bien géré mes émotions. C’était mon premier objectif. Depuis le début je focus que ça, et c’est aujourd’hui que j’y suis le mieux arriver. Et bizarrement, plus j’avance dans le tournoi, plus je me sens à l’aise et je me sens bien ».

Maintenant, comment préparer ce qui peut être le jour de poker le plus important de sa carrière ? Sommeil, méditation et routines sportives, n’est-ce pas ? « Routines sportives, calme toi ! Déjà j’essaie de me lever pour aller au petit dej, c’est déjà bien », coupe Arnaud, qui prévoit surtout de diner avec sa chérie et de se coucher tôt.

Samy, lui, ne serait pas contre un peu de sueur. « Ça fait deux trois jours que je n'arrive pas trop à dormir. Du coup j’ai cumulé pas mal de fatigue. Je me disais que j’allais me lessiver à la salle pour être crever ce soir et dormir tot. Donc bon resto, grosse séance de sport et au lit. - Ce n'est pas dans l’autre sens normalement ? s’interroge très justement Arnaud. - Ah, et on va débriefer avec Virgile [Turchi, plus connu sur notre room sous le nom de KKJBET]. C’est mon pote, et il me coach depuis quelques mois. Tous les soirs on discute bien et c’est en grande partie grâce à lui que je suis là. Je dois beaucoup à lui et à un autre mec pas connu. Eddie Boucetta. Un mec qui grind dans l’ombre et avec qui j’ai beaucoup bossé mon jeu depuis le début.

Qui sont les adversaires de nos poulains ?

Nom Pays Jetons BB
Joachim Haraldstad Norvège 5 635 000 141
Arunas Sapitavicius Lituanie 4 520 000 113
Leo Worthington-Leese UK 3 135 000 78
Leonard Maue Allemand 2 920 000 73
Jason Wheeler USA 2 815 000 70
Maduka Meragal Canada 2 795 000 70
Samy Boujmala France 2 275 000 57
Mike Watson Canada 2 020 000 50
Arnaud Enselme France 1 945 000 49
Ori Hasson Israël 1 605 000 40
Nicola Grieco Italie 1 455 000 36
Kenan Taylor UK 1 135 000 28
Oleg Vasylchenko Ukraine 625 000 16

Arunas Sapitavicius
Lorsque fait remarquer à Arunas Sapitavicius que son nom ne renvoie que très peu de résultats sur Google, compliquant un tantinet notre travail préparatoire de recherche, le Lituanien rigole : "J'ai tout fait bloquer !" À commencer par sa fiche Hendon Mob. Impossible, donc, de vous dérouler l'étendue (ou non) de son palmarès. Et au cours d'une brève rencontre post-Day 4, l'intéressé ne fera que peu d'efforts pour nous aider à combler les trous de sa biographie, se content de confirmer sa profession (joueur de poker), son âge (31 ans), son meilleur résultat en MTT à ce jour (5e du Colossus des WSOP en 2020, mais attention : il s'agissait d'une version en ligne, jouée sur GG Poker), et un "average buy-in" en live estimé à 2 000 $, ce qui n'est pas rien. Quid du volume ? "Je n'ai pas joué beaucoup cette année jusqu'à présent, mais je dirais que je joue quelque chose comme cinq festivals par an." Une main marrante à raconter ? "Hmmm... aujourd'hui, à trois tables restantes : un joueur limp/reraise As-Dame. Je paie avec Dame-10. Flop Roi-Roi-10, il c-bet, je call. Turn 5, check/check. Rivière : il envoie 70 % du pot. J'ai quand même une bonne main pour payer... j'ai donc payé." Le genre de bonne intuition qui a permis à Arunas de se propulser en tête du classement en fin de journée - à 16 joueurs restants, il a culminé à plus de 2,5 fois la moyenne ! Mais ça, c'était avant de retomber quelque peu durant la dernière demi-heure, et de se faire rafler le chip-lead par...

Joachim Haraldstad, un autre joueur inconnu de nos services. Lui est bien recensé par la base de données Hendon Mob, avec 616 000 $ cumulés depuis 2013. Ses deux high scores ont été réalisés sur les WSOP. Côté online : une 6e place sur un « bracelet GG » en 2021 pour 276 000 $. Côté live : une cinquième place sur le PLO à 10 000 $ de l’édition 2022. Avec 141 blindes, son début de Day 5 ne devrait pas être trop stressant.

Jason Wheeler
Rassurez-vous, les demi-finales du plus gros EPT de l'année ne sont pas uniquement composées de pros inconnus au bataillon. Les spectateurs assidus n'auront aucun mal à reconnaître Jason Wheeler. En 2017, l'américain bardé de titres (237 résultats sur Hendon Mob depuis 2009, 4,5 millions de gains de carrière) n'avait pas réussi à faire plier Kalidou Sow lors du HU final de l'EPT Prague. Depuis, il s'est relocalisé en Europe pour en poncer le circuit, sans pour autant faire l'impasse sur les WSOP (un bracelet sur un DeepStack à 800 $ en 2021). Avec ses 70 blindes, Wheeler sera évidemment l'un des hommes à abattre des demi-finales.
Mike Watson
Côté têtes de série, Mike Watson se pose là aussi : 18,5 millions engrangés depuis 2006, un titre World Poker Tour (Bellagio, 2008), un EPT (Bahamas, 2016) et plusieurs victoires sur des High Rollers à 50 000 balles l'entrée. "SirWatts" est de loin le prétendant le plus titré de ce qu'il reste du field, et avec ses 50 blindes, le Canadien n'aura besoin que d'un double up pour immédiatement prendre la première place au hit parade des favoris. La chose n'a évidemment pas échappé à Arnaud Enselme : "Un mec que je crains vraiment, c’est SirWatson. Il a tout le temps la même gueule quand il est dans un coup. Il joue trop bien, faut dire ce qu’il est." Samy Boujmala entrevoit cependant un contre-sort potentiel : "A un moment il a open 33 UTG +1. Je pense qu’il sait que c’est pas un open. S’il le fait c’est qu’il considère qu’il est meilleur que nous. Il va surement pas mal overplay et ca peut jouer en notre faveur."
MAduka Meragal
Soyons honnêtes : dans l'ensemble, ce field est composé de joueurs dont la notoriété poker est en train de se construire devant nos yeux. Maduka Meragal (photo) n'affiche que 100 000 $ de gains seulement, et aucune finale majeure à son actif. Son style de jeu et sa posture à table ne laissent que peu de place au doute : nous avons affaire à un amateur qui joue vite, traite ses jetons "time bank" comme s'ils étaient radioactifs, et ne veut pas entendre parler du GTO. Son stack de 70 blindes laisse entrevoir de beaux affrontements contre ses adversaires plus capés que lui. L'Anglais Leo Worthington-Leese (78 BB) cumule 541 000 $ de gains, et deux grosses finales (Battle of Malta en 2019 et WPT Nottingham la même année). Nicolas Grieco (36 BB) semble ne vouloir perfer qu'à Monaco, qu'il lui est facile de rejoindre depuis son Italie natale, de fait il est le seul des prétendants ayant déjà joué la finale du tournoi : il a terminé cinquième en 2019, avant de quasiment rééditer l'exploit en 2022 (17e). Il s'est aussi chauffé sur un 25K en 2018 (7e). Fausto voit en Kenan Taylor la "nouvelle génération de grinders Britanniques" : après seulement trois EPT, le nouveau venu au live pourrait bien déjà accrocher une finale majeure. Mais avant d'y arriver, il lui faudra remonter un stack de 28 BB.
Oleg Vasylchenko
Si vous vous rappelez d'Oleg Vasylchenko (photo), félicitations : vous êtes un vrai geek du poker. L'Ukrainien s'est fait connaître en 2016 en remportant l'étape World Poker Tour de Prague, une performance qui compte pour la moitié de ses 302 000 $ gains de carrière en live - mais il a aussi gagné gros sur une déclinaison online du WPT en 2020. Les Allemands ont un peu moins la cote sur le circuit depuis quelques années. Et le dernier en course cette semaine, vous ne le connaissez pas, même s'il a accumulé 2,1 millions de dollars depuis 2013. Leonard Maue (73 BB) a commencé sur des 80 balles à Rozvadov : aujourd'hui, il joue un peu plus cher mais sans pour autant disputer tous les high rollers. Son meilleur score est cependant une victoire sur un 25K à Barcelone, il n'y a même pas un an. Terminons ce tour d'horizon Ori Hasson (40 BB) : l'Israélien n'est plus tout à fait un random pour nous puisque nous vous l'avons brièvement présenté lors du Day 3. Fêtant cette année le dixième anniversaire de sa première ligne Hendon Mob (il en compte aujourd'hui plus de 100), l'Israëlien compte bien faire de son quatrième ITM sur un tournoi à 5 000 $ ou plus le plus beau de tous.

Si vous ne savez pas trop quoi penser de ce casting, écoutez l’avis de Samy Boujmala… « Il reste quand même 2-3 fishes. Et les regs, c’est des bons regs, des bons joueurs de cartes… mais pas forcément des bons joueurs de tournoi. Je suis pas sûr qu’ils vont trop respecter l’ICM. C’est relevé, c’est sûr, mais en vrai y’a grave de la place ! » On vérifiera ça vendredi à midi, heure du coup d’envoi du Day 5.

Benjo & Fausto