Un deuxième acte compact
85 joueurs, dont 3 pros du Team Winamax, avancent jusqu'au Day 3
EPT Main Event 5 300 € (Fin du Day 2)​

C’est une décision de l’organisation qui n’en finit pas d’être commentée par les joueurs, le staff et les journalistes depuis le début de cet EPT Monte Carlo : raccourcir le Main Event d’une journée, en le faisant s’étaler sur six jours, contre sept habituellement. Si l’on n’a pas d’explication officielle à ce rabotage (certains avancent une théorie non vérifiée : les organisateurs craignaient une affluence plus faible que celles observées avant l’ère Covid), ses conséquences sont elles faciles à deviner : des journées plus longues, afin que ce tentaculaire tournoi à 1 073 joueurs puisse se terminer dans le délai imparti, c’est-à-dire d’ici à samedi soir. Résultat : le Day 2 qui s’est tenu ce mercredi a vu se succéder une myriade de phases bien distinctes. La grande réunification des survivants des Day 1A et 1B à midi, puis l’écrémage rapide des short-stacks, la tension qui monte progressivement à mesure que se rapproche la bulle, puis la bulle en elle-même, et derrière quatre longues heures de jeu supplémentaires qui ont vu des dizaines de joueurs collecter un chèque après leur élimination, tandis que d’autres restaient bien accrochés à leur siège, consolidant leur capital à coup de 3-bets préflop et de coin-flips gagnants.

O RLY, And1ero, Volatile38 : la triplette W du Day 3
Cet enchaînement de séquences fut observé aussi dans les parcours individuels de chacun. Prenez Gaëlle Baumann : dès la première heure du Day 2, O RLY chutait à sept blindes après une confrontation aussi énorme que terrible entre ses deux Dames et les deux As de Julien Martini. Gaëlle ne le savait pas encore, mais ce coup inévitable représentait le début de quelque chose, et non la fin : douze heures plus tard, la joueuse du Team Winamax emballait un tapis de 464 000, bien au-dessus de la moyenne, et savourait la promesse d’un temps mort bien mérité après avoir bouffé de l’émotion par kilos. « Quand ce coup arrive contre Julien, je ne suis pas dégoutée, pas vraiment. Je me dis juste ‘Next’, je me prépare à passer à la suite. » Sauf que la suite, ça sera un double-up avec les As contre le coéquipier François Pirault, une quinte trouvée pile au moment où un adversaire a cherché à la bluffer, et encore deux autres paires d’As. Derrière, Gaëlle traversera des eaux plus tranquilles, et arrivera à un bon port nommé Day 3. Et elle ne fut pas la seule à passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel poker aujourd’hui. À la bulle, Ana Marquez zieutait discrètement sur son tel ses grilles de push-or-fold, en se lamentant sur un tapis qui n’en finissait pas de fondre, tombant aussi bas que quatre blindes alors qu’on allait entamer le « hand for hand ». Mais non : deux heures après être entrée dans l’argent, l’Espagnole revenait bousculer le milieu du classement avec un average stack.
C’est un Guillaume Diaz visiblement excité que nous avons retrouvé au bord des tables vers une heure du matin, débordant d’adrénaline après une journée passée à boxer, à trouver des gutshots, à sortir des joueurs (dont le bubble-boy), et échanger les coups avec d’autres joueurs chauds d’action comme lui. Les 43 blindes qu’il emmène au Day 3 lui laissent espérer la possibilité de danser sur le ring pendant encore un bon moment. Alex Romero, lui, affichait le visage hagard mais satisfait d’un Rocky Balboa resté debout jusqu’au dernier round. Car pour le Top Shark 2022, faire l’argent sur un tournoi à 5 300 euros représentait une proposition inédite, et un réservoir d’EV infinie. Mission accomplie : short-stack toute la journée, ayant trouvé la discipline de folder de nombreuses belles mains pour éviter de tomber sur la case de la bulle avant de trouver un beau double-up juste avant le gong (JJ vs AQ), l’Espagnol réalise son premier ITM d’envergure, trois mois après le lancement de sa carrière de professionnel. Et avec un stack de 45 blindes, l'aventure est peut-être loin d'être finie.

85 joueurs ont franchi le Day 2, à peine un quart des partants du jour. On vous épargnera donc un interminable listing des éliminés, se contentant de citer
Mustapha Kanit et
François Pirault (sortis avant l’argent),
Davidi Kitai et
Leo Margets (en souffrance en table TV, ils ont tout de même collecté un min-cash), ou encore
Christoph Vogelsang, gros stack n’ayant pas tenu la distance,
Nicolas Vayssieres, Arnaud Peyroles, Antonin Teisseire, et
Korai Aldemir – le Champion du Monde en titre était à trente minutes d’aller au Day 3.
Pas besoin d'aller chercher bien loin pour trouver LA belle histoire de ce Main Event : il est là, sous nos yeux, le duo père-fils formé par
Eric et Lucas Sfez. On connaissait déjà le talent atypique mais réél du papa : on découvre le style, peut-être plus mesuré, du rejeton, qui aura causé en toute fin de journée la chute de
Pierre Calamusa, sur un coup tout à fait classique - deux Valets contre As-Roi dans un pot de 500 000. Eric Sfez entamera le Day 2 avec 600 000, Lucas sera muni de 480 000.
Ils seront aussi au Day 3 : Fabien Motte (809 000), Jérome Zerbib (524 000), Jason Wheeler (511 000), Arthur Conan (421 000), Mehdi Chaoui (364 000), Christophe Panetti (338 000), Arnaud Mattern (250 000), Sylvain Loosli (205 000), Yannick Cardot (193 000), Hassan Farès (162 000), Lucien Cohen (150 000), Kamel Atoui (130 000) et Alexandros Kolonias (69 000).
Ole Schemion et Francky Magliocco terminent très fort la journée. Les deux hommes s’étaient boxés à plusieurs reprises en début de Day 2 avant de voir leur table casser. Le Français est allé faire parler son audace en table télévisée, où il a monté près de 800 000 jetons, tandis que le fantasque Norvégien a placé l’accélération dans la dernière heure, et notamment sur l’ultime main, avec un full contre quinte qui lui permet de faire partie des trois joueurs à passer la barre du million de jetons.
Un drapeau écossais flotte tout en haut du chipcount. Niall Farell remporte l’une des mains de la journée dans les dernières minutes du Day pour s’emparer du chiplead. Open CO, payé par son voisin Toru Ida, puis les deux joueurs s’engagent dans une bataille de cliques sur le flop A
8
Q
. Check de Niall, 15 000 chez Toru, check-raise 50 000, re-raise 100 000 et payé. 100 000 encore demandé sur la turn K
et le tapis 240 000 sur la river 5
. Niall paiera avec son A
Q
, pour une double paire supérieure face au A
8
du Japonais et le Britannique devance tout le monde sur le gong, avec 1 175 000 jetons.
Le Day 3 débutera jeudi à midi pétantes. D'ici là, nous aurons publié un classement un peu plus complet et ordonné, où devraient figurer un total de 27 français. Bonne nuit, les aminches.
Benjo & Fausto