7 finalistes, 7 pays : faites vos jeux !
Le dernier jour de ce EPT Chypre démarre avec sept joueurs Le Néerlandais Gilles Simon mène d'une courte tête Main Event - 5 300 $ (Finale)
Ils n'ont pas réussi à se départager. Malgré six niveaux et demi disputés hier et une phase de jeu à sept qui s'est étalée sur presque trois heures, ils sont toujours... eh bien sept, à revenir ce dimanche pour le sixième et dernier jour du Main Event de ce tout premier EPT Chypre. Sept joueurs, de sept nationalités différentes (le Top 10 entier est composé de dix drapeaux distincts), qui se tiennent dans un mouchoir de poche. Le chipleader n'aura "que" 40 BB devant lui, soit seulement dix de plus que le quatrième au classement. Deux joueurs semblent en difficulté sous la barre des quinze blindes, mais après les nombreux double ups aperçus hier, on n'hypothèquera pas leurs chances tout de suite. Voilà pour l'introduction, maintenant, il est l'heure de faire les présentations.
Biographies : Jan Kores (PokerStars) Traduction et adaptation : Flegmatic
Siège 1 : Halil Tasyurek, 42 ans, Turquie - 7 825 000 (39 BB)
Depuis ses premières parties online en 2010, cela fait donc treize ans que Halil Tasyurek rêve chaque nuit de quelque chose comme ça : une chance de jouer sur l'une des plus belles scènes de la planète poker pour de gigantesques sommes. Si les lois turques empêchent désormais le quarantenaire de s'adonner à son hobby préféré depuis chez lui, il a fait de Chypre sa deuxième maison. "Vous pouvez me considérer comme un local, précise-t-il. Mais objectivement, c'est de loin le meilleur EPT auquel j'ai participé : les tournois, la nourriture [ah, ces buffets... NDLR] : tout est super !"
Pendant des années, Halil a joué au poker de façon purement récréative, tout en travaillant dans la finance. Une passion qui l'a amené à jouer d'abord en tant que semi-pro, avant de quitter son job il y a deux ans pour devenir joueur à plein temps. Depuis, il parcourt le circuit live, des EPT Prague à Barcelone en passant par un petit détour du côté de Las Vegas pour les WSOP. Pour l'heure, celui qui compte un peu plus de 300 00 $ de gains en carrière a obtenu son meilleur résultat ici même, en novembre dernier, en terminant sixième du Main Event à 3 300 $ (juste derrière un certain Mustapha Kanit), pour 77 700 billets verts. Une meilleure perf' qu'il est certain de pulvériser aujourd'hui. "C'est un spot de rêve !," conclut-il.
Siège 2 : Yannick Schumacher, 26 ans, Allemagne (vit à Vienne, Autriche) - 6 050 000 (30 BB)
Yannick Schumacher a découvert le poker en 2017, durant ses années d'études du côté de Sheffield, au Royaume-Uni. Comme beaucoup de jeunes joueurs, il a ensuite tiré profit de la pandémie de Covid pour travailler son jeu et grimper les limites sur les tables online. De quoi l'amener à disputer ses premiers WSOP en novembre 2021, avec trois places payées à la clé.
Avant son voyage à Chypre, l'Allemand (qui vit à Vienne en Autriche comme bon nombre de ses compatriotes joueurs) n'avait jamais brillé outre mesure en Europe. Son meilleur cash de 70 000 $ a ainsi été obtenu en début d'année aux Bahamas, grâce à une 53e place sur le PSPC. Longtemps short stack lors du Day 5, Schumacher s'est un temps propulsé en pole position grâce à un 3-barrel bluff du genre osé avec 32 sur un board tout à trèfle. Ses adversaires sont prévenus : Yannick est prêt pour ce genre de soirées-là.
Siège 3 : Bjorn Kozenkai, 25 ans, Hongrie - 2 575 000 (13 BB)
Ancien arbitre de foot, Bjorn Kozenkai a découvert le poker au lycée en jouant des cacahuètes (ou l'équivalent hongrois des cacahuètes, les sources discordent), avant de s'y mettre pour de bon dès ses 18 ans. Sept ans plus tard, ce pro de Budapest est coach et actionnaire de BitB, un site de coaching et de staking réputé dans le milieu des Expresso (qui a dit Spins ?). Originellement joueur de tournoi, il a fait la transition vers les Sit&Go à jackpot il y a deux ans, mais prouve donc cette semaine qu'il a de bons restes en MTT.
Avec moins de 70 000 $ de gains live, le CV du Hongrois peut paraître modeste, mais il n'a, selon ses dires, payé qu'entre 70 et 80 entrées live dans sa carrière, avec un ratio de places payées plutôt correct de 25%. Le voici désormais assuré de banquer un premier chèque à six chiffres. "Ces voyages sont en quelque sorte des vacances pour moi, avance-t-il. Je reste un joueur professionnel, donc bien sûr je prends tout ça très au sérieux, mais je n'ai pas l'impression de travailler." À côté du poker, Bjorn aime également partir à la pêche aux gros poissons, pas seulement aux tables, mais aussi dans les lacs, les rivières et en mer. "J'ai attrapé un espadon au Mexique !" À voir s'il arrivera à hameçonner le trophée et le million de dollars promis au vainqueur.
Siège 4 : Nikita Kuznetsov, 28 ans, Russie - 7 475 000 (37 BB)
Avec 1,4 million de dollars de gains au compteur, dont deux deuxièmes places à Vegas en 2021 sur le "10K 6-max" et un 10K de l'Aria, Nikita Kuznetsov commence à se faire un nom sur la scène live. Mais c'est surtout aux tables en ligne que "Ebaaa11" fait parler la poudre, avec deux titres SCOOP et deux titres WCOOP, ainsi qu'une troisième place à 1,4 million de dollars sur le Main Event à 5 000 $ des WSOP 2021 organisé sur GGPoker.
Joueur de MTT exclusif, il dispute aujourd'hui sa deuxième table finale de Main Event EPT, après avoir terminé septième à Sotchi en 2020. D'ailleurs ne comptez pas sur lui pour parler de ses hobbies : il n'en a pas. "No poker, no life." Au moins, quel que soit son classement aujourd'hui, on sait où partiront les gains amassés sur ce Main Event.
Siège 5 : Gilles Simon, 24 ans, Pays-Bas - 8 075 000 (40 BB)
C'est d'abord sur Twitch que Gilles Simon a fait son trou dans le monde du poker. Sous le pseudo "Ghilley", et alors qu'il jouait un average buy-in de 10 $, il avait gagné sa place pour le PSPC à 25 000 $ de 2019. Avance rapide à 2023, une année en forme de percée pour lui sur les tables online : un gain à 257 000 $ sur un tournoi à 215 $ et un premier titre WCOOP à 115 000 $.
Entre les deux, le Néerlandais, dont le patronyme n'en finit pas de faire ricaner le clan français – non, il ne s'agit pas de l'ancien tennisman vainqueur de la Coupe Davis en 2017 – s'est contenté de travailler discrètement dans son coin. Il a donc mis Twtich de côté et s'est concentré sur le boulot, avec une suite d'événements classique pour un joueur de son âge : déménagement à Vienne, coaching et staking par un groupe de joueurs expérimentés et progression fulgurante vers un ABI online de 200 $. Quatrième du Main Event du Master Classics of Poker d'Amsterdam – derrière le vainqueur Julien Sitbon – pour 87 000 €, il va pouvoir claquer aujourd'hui sa première grosse perf' en live. Même si son chiplead ne tient qu'à un fil, au vu de ce qu'il nous a montré ces derniers jours, le favori pour le titre, c'est lui !
Siège 6 : Jose Gonzalez, 36 ans, Espagne - 4 700 000 (23 BB)
Né à Santander dans le nord de l'Espagne, Jose Gonzalez a grandi dans les Canaries, plus précisément à Adeje, sur l'île de Tenerife. Aujourd'hui finaliste EPT après un Day 5 mouvementé (voir plus bas), l'Espagnol vit 19 derniers mois complètement fous. Joueur passionné mais jamais professionel, Jose se rend à Prague en mars 2022 avec une idée en tête : ce festival poker sera son dernier avant un bon moment. Après cela, il compte ouvrir un bar. "J'ai deux filles. Je dois être un peu plus responsable avec mon argent," explique-t-il. La suite est digne d'un conte de fées. Dominant en finale des pointures comme Romain Lewis, Nicolas Vayssières et le redoutable Pedro Marques pour finir, Gonzalez remporte le High Roller à 2 200 € de l'Eureka pour 343 750 €.
À partir de là, plus question de dire adieu aux cartes. Il s'entoure des meilleurs cerveaux de la communauté espagnole, et notamment Gerard Rubiralta, qu'il appelle régulièrement sur ce tournoi durant les breaks. Beaucoup plus confiant dans son jeu qu'il y a un an et demi, il reste d'ailleurs sur une victoire à 91 960 €, obtenue il y a un mois sur l'Estrellas de Málaga (en plus d'une cinquième place sur le High Roller). "C'est irréel, j'essaie juste d'apprécier tout ce qui se passe," avoue-t-il à propos de son run, tout en réalisant que les choses auraient pu tourner bien différemment. "C'est incroyable d'être au milieu de ces endroits, de découvrir ces environnements, et de se dire qu'il s'agit de votre vie. Je ne vais jamais ouvrir de bar !" Avec un million de dollars, il aurait pourtant largement de quoi. À moins qu'il décide d'en consacrer une partie à sa carrière musicale. Car oui, Jose Gonzalez fait aussi du rap, avec son crew des Latin Hydro. À quand un Sit&Go/freestyle avec Kool Shen et Alejandro Lococo ?
Siège 7 : Andrea Dato, 44 ans, Italie - 2 875 000 (14 BB)
Le doyen de cette table finale en est aussi de loin le joueurs le plus expérimenté. 1,8 million de dollars de gains live, une participation (et une victoire) aux Global Poker Masters en 2015, une première place payée qui remonte à 2006 et un premier cash de Main Event EPT à San Remo en 2011, année de sa seule TF WSOP : Andrea Dato fait presque figure de dinosaure au milieu de tous les autres jeunots de cette finale.
Comme bon nombre d'autres professionnels de notre jeu, l'Italien vient du monde de Magic: The Gatering, et il a abandonné une carrière d'ingénieur il y a quinze ans pour se consacrer au poker. Ancien régulier de cash game, également coach à ses heures perdues, Dato se considère désormais comme un spécialiste de tournois live, comme son impeccable posture à table, ses annonces de mise quasi robotiques et son regard perçant adressé à ses adversaires le laissaient présager. Chipleader au départ du Day 5, il a connu une journée compliquée mais a tout de même réussi à se faufiler parmi les sept, avec le sixième tapis. Ce qui ne l'empêchera pas de viser un nouveau high score en carrière, neuf ans après une quatrième place sur l'EPT Barcelone, qui lui avait rapporté 362 000 €. Il lui faudra pour cela grimper sur le podium.
"J'ai acquis énormément d'expérience depuis cette première finale EPT, confesse-t-il. Mais le jeu a énormément changé en dix ans, surtout depuis l'arrivée des solvers. Avant cela, le poker était un jeu d'instinct et d'égo. C'est moins le cas de nos jours, mais il y a toujours moyen de s'en sortir sur les tournois live." Il en est l'une des preuves supplémentaires.
Les prix restants à distribuer
# | Gains |
---|---|
Vainqueur | 1 042 000 $ |
Runner-up | 652 200 $ |
3e | 465 425 $ |
4e | 358 075 $ |
5e | 275 425 $ |
6e | 211 850 $ |
7e | 162 925 $ |
Les sortants du Day 5
Dernière grosse tête d'affiche et ultime représentant francophone de ce tournoi après la sortie de notre Nathan Tetart national, le Belge Kenny Hallaert a bullé l'ultime table, sorti sur un bad beat après un call que l'on qualifiera de borderline du fantasque Jose Gonzalez (As-Valet qui perd contre As-4 pour un peu moins de 10 BB). Un même Gonzalez qui se chargera ensuite de sortir le dangereux Ouzbek Victor Yugay (As-Roi contre As-Dame)... avant de doubler sur l'une des dernières mains de la journée, avec As-Valet contre les Dames de Halil Tasyurek. Un premier Valet est venu au flop... et un second sur la rivière !
# | Joueur | Gains |
---|---|---|
8e | Victor Yugay (Ouzbékistan) | 125 350 $ |
9e | Priit Parmasto (Estonie) | 96 425 $ |
10e | Kenny Hallaert (Belgique) | 74 200 $ |
11e | Gerard Carbó (Espagne) | 74 200 $ |
12e | Nathan Tetart (France) | 61 850 $ |
13e | Marc Foggin (Angleterre) | 61 850 $ |
14e | Aleksandr Faterin (Russie) | 51 525 $ |
15e | Timur Vardanian (Ukraine) | 51 525 $ |
16e | Alessandro Minasi (Italie) | 43 275 $ |