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PokerStars Caribbean Adventure 2023-PSPC - 3

Comment se sent-on au moment de jouer une bulle à 35 barres ?

PS Players Championship (Day 3) - Blindes 4 000 - 8 000 Ante 8 000

Salle

L’un des grands moments de ce PSPC est en train de se jouer. Celui où des dizaines de Platinum Pass, jouant actuellement le tournoi de leur vie, se retrouvent aux portes de l’argent. Deux scénarios possibles : Ou tu es assuré de 35 100 $, une somme monstrueuse pour le commun des mortels, ou tu repars avec zéro. C’est le concept de la bulle, je ne vous apprends rien, mais les circonstances particulières dans lesquels se retrouvent ces amateurs renforcent encore la tension qui entoure ce moment fatidique.

Pour certains, c’est plus que toute leur bankroll, parfois même cent fois plus, parfois une année de salaire… Bref, la pression monétaire est réelle… Et les requins des Bahamas tentent évidemment d’en abuser. Un Platinum Pass short stack à la bulle d’un tel tournoi apparait comme une proie facile. Mais tout le monde ne réagit pas de la même manière.

Krug-Basse Davidi

« C’est tendu, confirme Quentin Krug-Basse, plus connu sur les réseaux pokerisitques sous le nom de FredyKruger. Le joueur démarre la journée avec un stack d’une vingtaine de blindes. Mais il n’a pas vraiment établi de stratégie. De toute façon, je ne connais pas les ranges de MTT, rappelle le spécialiste de Spins. Je vais y aller à l’instinct ».

Notre ami Cpiste a plutôt les bonnes intuitions. Tandis que je repasse à sa table dix minutes plus tard… Quentin a presque triplé ! « J’ai open KJ au bouton, BB a défendu et c’est venu J42. Je c-bet il paie. Turn 4, il lead small, ce qu’il doit faire assez souvent sur cette carte. River Q, il mise encore, je paie et il montre A5, pour juste une gut-shot raté. Une orbite plus tard, j’open 1010 au bouton, la SB shove pour 15BB, je paie, il a 55, et ça tient ». Voilà comment négocier une bulle à 35 patates. Et pour le récompenser, il a le droit de jouer avec Davidi Kitai, qui remplace sa dernière victime en table 13.

LewisJory

Stéphane Jory connait lui aussi de belles émotions à l’approche de l’ITM. Parti avec 12 blindes, le Franco-Anglais a trouvé deux Dames en BB après un open shove d’un short UTG. Le Monsieur avec J10, ça a tenu, et voilà l’amateur a près de 280 000. « Je me sens beaucoup mieux, s’enthousiasme celui qui remportait son ticket sur un freeeroll de 3 148 joueurs. J’avais regardé un peu les tableaux ce matin. J-10, je ne pense pas que c’était dedans. Il a trouvé un tirage ventral turn, mais ça a tenu ! ».

Adepte des tournois petits buy-in, ce passionné de longue date est tout simplement en passe de réaliser l’exploit pokeristique de sa vie. « Ca fait 25 ans que je fais du poker. Je viens d’une famille de joueurs de cartes, on faisait du poker fermé et des tas d’autres jeux. J’ai commencé sur Aol, American Online, je jouais en ligne dès 2002. Puis j’ai eu deux merveilleuses filles en 2004 et 2008. C’est là que le “FR” est arrivé, et que j’ai arrêté de jouer en ligne. Ca ne me plaisait pas de jouer dans une communauté fermée. Mon père est anglais, je me débrouille bien, et ça me plaisait de jouer contre des Néo-Zélandais, des Américains. Maintenant, je me fais des petits tournois Live de temps en temps. Je suis commercial dans le sud de la France, j’habite aujourd'hui du côté de Nimes, donc il m’arrive de faire quelques Lives 100 balles ou 200 balles ».

Après avoir éliminé son voisin de gauche, Stéphane voit arriver un certain Romain Lewis à sa table. « J’ai entendu que tu avais un père anglais ? Ca nous fait un bon point commun » commente Romain, qui prendra un petit coup gentil juste après à son voisin.

L’ambiance est beaucoup moins détendue chez Dan Taieb. Avec 11 blindes à 50 left, tension est palpable. Et le joueur est en effet dans un état de concentration ultime. « C’est un peu stressant » confirme le joueur. Habitué des hautes limites de Cash Game Online, Dan ne sent peut-être pas la même pression monétaire que les autres Platinum Pass, mais en revanche, difficile de s’adapter à la situation quand on a aucun repère : Le joueur vit tout simplement l’un de ses premiers tournois Live. « Ca serait mon premier ITM Live » rappelle Dan, qui vit une expérience neuve et totale.

Perouse

Chez les non Platinum Pass, on n'aborde pas le moment crucial de la même manière. Demandez donc à Julien Pérouse, étonnant de sérénité, malgré un stack pas démentiel. « Je ne suis pas venu pour min-cash, pose directement le créateur de Step-up Poker. Après, la bulle vaut de l’argent, il faut stole un peu et choisir soigneusement et sagement ses spots. J’ai pu par exemple limp des mains qui auraient été parfois des folds. Ca dépend surtout des profils et des spots. Pour les Platinum Pass, il y a tellement d’EV à faire l’argent qu’il faut absolument passer la bulle. Avec 140 000, je ne suis pas tant en danger, mais le but n’est pas de passer avec 2 blindes. Il y en a qui peuvent craquer, qui sont stressés, il faut vraiment prendre son temps ».

Voyez la différence de discours. Sur les bords de sa table, Imad Moumen, lui, est presque sans voix. Le joueur vient de sauter au bout du premier niveau du jour. « Deux Dix contre As-Dame, il fait la dame tout de suite. Un flip à 35 000. Derrière, il me reste cinq blindes, Roi-Dame contre Valet-Dix, ça passe pas non plus ». Le coup de massue est terrible pour le vainqueur du Road to PSPC Paris. Chipleader du clan français au premier jour, Imad a fait les montagnes russes, se battant vaillamment sur le Day 2 pour remonter dans les hauteurs, avant d’entamer une nouvelle chute, sans pouvoir cette fois se rattraper.

Margets

Un Français de moins... Et une Team Pro Winamax. Shortstack depuis le début de journée, Leo Margets était tombée à deux blindes à l'entame du deuxième niveau. L'Espagnole croit en ses chances de retour après un triple-up, puis un double-up avec K-8 contre A-9 où elle trouvait le Roi River. Deux minutes plus tard, les jetons partent encore au milieu. AQ pour Leo, deux Valets chez son voisin. 3 briques au flop, J turn, l'A river ne changera rien, Margets est éliminé de ce PSPC. Il reste donc Davidi, Mustapha et Romain pour défendre les couleurs du Team.

On termine avec une bonne nouvelle : Jade Kieu, vainqueur elle aussi à Paris l’année précédente, vient de trouver son double-up, avec deux Rois contre Q-J.

Les quatorze fantastiques

Leurs nerfs ont été mis à rude épreuve. 2H45 de tension, d’attente, de double-up, de crispation, de sueurs… Et la libération ne vient toujours pas. Pour faire redescendre la pression, on discute avec les compatriotes sur les tables d’à côté, puis, on revient à sa chaise, on fold, et on espère qu’un autre short lâchera avant nous. Le portable vibre toutes les six secondes. La bulle ne veut toujours pas péter, et les blindes arrivent dangereusement sur notre siège.

Plusieurs Français sont sous les dix blindes. Dan Taieb, Adrien Sydlowski (photo), Jade Cam Kieu, Stéphane Jory sont clairement dans la zone rouge. Mais il faut tenir ! Avec 4,3BB, Adrien n’a pas d’autres choix que d’envoyer avec son 77. Ça tient face au J7 adverse ! L’espoir renait !

Sydlowski

« Encore la fétiche » s'enflamme celui qu’on connait sur les rooms sous le. Nom de Stygs77 ! « Je suis de Seine et Marne, explique ce pur Livetard. Ca fait 20 ans que je joue, elle m’a fait gagner des tas de coups importants ». Celui-là vaut peut-être son pesant d’or… Mais il reste encore deux joueurs à éliminer pour pouvoir lever les bras.

Autour des douze blindes, Jérome Ibiza et Clément Eloy devraient pouvoir le faire, mais attention à ne pas trébucher dans les derniers instants. Même avec plus de stack, Lucas Pignay sent l’électricité qui traverse la salle du Convention Centre. « C’est vraiment incroyable cette sensation, décrit celui, qui on le rappelle, joue son premier Tournoi Live ! Ca donne envie de jouer plus souvent. Tous les paramètres changent à la bulle ! ». Avec 280 000 jetons, il est sur le point d’inscrire une belle première ligne Hendon Mob. Le croupier annonce un nouveau tapis-payé. J-7 contre A-10. A-J-2 au flop, J turn, brique river. Et un nouveau sortant ! C’est la stone-bubble !

Jade s’est gardée de quoi encore tenir un tour, Adrien sera à tapis-blinde dans six mains, Stéphane est sur la corde raide ! Mais voilà un nouveau “all-in & call” annoncé à l’autre bout de la salle. Mauricio Pais est à tapis en grosse blinde, et le chipleader de la table Omar Del Pino s’est porté volontaire pour lui prendre ses deux derniers jetons.

Les deux mains sont révélés : Q6 chez l’Espagnol, J5 pour l’Allemand. Le flop vient KQ6. Ce pourrait être la fin ! Q turn, drawing-dead… « Congratulations, you are all in the moneeeeeeeeey ».

Des hurlements à l’autre bout de la salle ! C’est Adrien qui lève les bras au ciel et saute sur le rail français. Je cours de l’autre côté. Sur le chemin, je vois des joueurs les larmes aux yeux, une femme dans le public qui explose même en pleurs, des Platinum Pass qui se prennent la tête dans les mains… Ils l’ont fait !

« Il me restait 6 000 jetons ! Une petite blinde, lâche Adrien, qui n’en revient toujours pas ! Tu te rends compte ? Tout ça part d’un freeroll il y a trois ans ! C’est un soulagement, mais un soulagement de partage. Avec le rail qui est ici, avec mes potes, les collègues de Red Cactus… Et j’imagine ceux qui sont sur le stream… Je n’ose même pas regarder mon portable ».

Le joueur est tellement pris dans l’euphorie qu’il partira à tapis deux mains plus tard… Alors que deux joueurs avant lui n’avaient pas parlé. Et puisque son voisin a annoncé all-in, le floor l’autorise à reprendre ses jetons… Et à fold ! Bah alors, ce n'est pas que du bonus maintenant ? « Il y a un palier dans dix joueurs… 5 000 $, on prend ! ».

Stéphane Joris

L'euphorie de l'ITM, et tout de suite derrière, le double-up pour Stéphane Joris, qui pourra peut être prolonger le plaisir encore quelques heures... ou quelques jours ?

Ils sont dans l’argent de ce PSPC : Clément Eloy, Quentin Krug-Basse Jérome Ibiza, Dan Taieb, Jade Cam Kieu, Bastien Hazouard, Thomas Eychenne, Stéphane Jory, Julien Pérouse, Lucas Pignay, Thomas Eychenne, Mehdi Violleau, Maxime Petitprez, Adrien Szydlowski et bien sûr Romain Lewis.

Hazouard

"Je vais vivre l'inensité émotionelle la plus grande de ma carrière" annonçait Bastien Hazouard après la dernière pause. "Si ça se passe mal, on s'occupera de moi ? ". Personne n'aura à te consoler Bastien. Le poète-agriculteur a foldé des mains indécentes, ia mangé une pomme et attendu que les autres tombent pour réaliser l'exploit de sa vie. Un grand, grand bravo !

A quelques places de toute cette folie, on avait cependant perdu Quentin Coueffe. Le vainqueur du Championnat de France 2019 a vécu dix minutes d’horreur, en perdant d’abord un gros flip avec As Roi contre les Neuf… Puis en perdant le 80-20 d’une vie avec deux Dames… Contre Deux Neuf. Kalidou Sow et Aurélie Réard avaient également rendu les armes à l’approche du dernier segment. Côté Team Winamax, on avait perdu dans le même temps Davidi Kitai, pris dans un 40-60 contre Quentin Krug-Basse. Deux joueurs du Team valident donc l'ITM sur ce PSPC : Mustpaha Kanit et Romain Lewis.

Lewis

Évidemment, le champion Français n'a pas vécu la bulle de la même manière que ces Platinum Pass. Parce qu'il avait du stack, mais parce qu'il ne compte plus les moments de pression qu'il a vécu dans sa carrière. Plus que la bulle d'un PSPC, Romain Lewis faisait face à un challenge personnel : Celui d'enfin ITM un 25 000 $ ! "Depuis mon élimination à Monte-Carlo, j'ai du perdre 16, peut être 17 25k, affirme le champion Français. "The monkey is off the bag" conclut le Français, qui passe la bulle avec mention, en s'autorisant même un petit cold 4-bet tapis sur la tête de Fedor Holz.

Eychenne

Pendant que la majortié du clan français serrait les fesses, Thomas Eychenne, lui était en totale détente. Chaque main signifiait de nouevaux jetons à grapiller pour faire grossir encore son stack déjà énorme. Le joueur de Spin s'est régalé, au point de passer, assez largement même, la barre du million de jetons. Pour l'insant, le patron du clan français, c'est La Watch.

Le grand écrémage

Il a fallu 2H45 pour éliminer trois joueurs. Et bien nous venons d'en perdre 70 en 45 minutes. Le grand écrémage annoncé est arrivé. Et de nombreux français ont été emporté dans la vague des bustos.

PS Players Championship (Day 3) - Blindes 10 000 - 15 000

Évidemment, la déception est toute relative. Quand on est en freeroll, et qu’on ne prend « que » 35 bâtons, ou même 40, on s’en va content. C’est le cas par exemple de Bastien Hazouard qui quitte la scène le sentiment du devoir accompli, et même plus que ça.

« J’ai même réussi à gratter deux paliers note le joueur, qui retient surtout l’expérience inouïe qu’il a vécu pendant ces trois jours. Les « décharges émotionnelles » comme il aime dire, les swings, l’opportunité d’affronter la crème du poker mondial… Et de lui résister pour aller chercher la perf de sa vie. Le joueur reviendra dans le Cher, où l’attendent sa fille, ses amis, ses savons et ses tisanes… Et avec ces 46 500 $ de gains, il aura de quoi gâter ceux qui l’aiment et même investir dans l’innovation agricole sur laquelle il planchait.

Pignay

Plus que les dollars, c’est également les émotions que retient Lucas Pignay (photo). Le joueur de Spin a déjà connu les gros gains, mais jamais il n’avait vécu toutes ces péripéties folles qui font les tournois de poker Live. « Pour une première ligne Hendon Mob, c’est plutôt pas mal » constate le joueur, pourtant éliminer brutalement sur un flip de 40 blindes avec 99 contre AK, qui faisait le K river. « J’ai grave kiffé ces sensations. Je me suis régalé. Il est même possible que je fasse un peu plus de tournois. Je suis vraiment un joueur online, mais j’ai Vegas dans un coin de la tête. Et s’il y a des promotions dans le genre sur les rooms, je les referai bien sûr. Mais là, je vais rejoindre ma copine et profiter un peu des Bahamas ».

Eloy

D’autres belles histoires de Platinum Pass ont pris fin dans cette dernière demi-heure. Stéphane Jory, Jade Cam Kieu, Adrien Szydlowski, Dan Taieb et Clément Eloy (photo) pourront aussi profiter tranquillement de leur fin de séjour dans les Caraïbes. Et ils auront bien des choses à raconter à leur retour.

On a perdu la moitié du clan français, certes… Mais d’autres joueurs sont passé entre les balles, pour se réfugier derrière un stack consistant. Déjà haut de deux mètres, notre ami croupier Jérome Ibiza a repris de la hauteur en termes de jetons. Un premier double-up sur un flip 55 contre A10 pour faire doubler ses 6 blindes. Un autre avec 77 contre AK pour revenir près des 400 000. Et à l’instant, un joli coup de poker contre un autre colosse, l’Espagnol Omar Del Pino.

Jérome Moreau

Open Del Pino CO sur la blinde du Français qui défend. Le flop vient 102K et c-bet de l’espagnol pour 25 000. Payé. 9 turn, et Del Pino corse un peu plus l’affaire : 105 000 pour suivre. Payé. River Ks, check de Jérome et Omar prend quelques secondes avant de check-back. J10 montré chez le Français et la deuxième paire suffit à prendre le pot. 600 000 pour Jérome !

Fredy dit merci

On connait le FredyDruger acide, trolleur, impitoyable sur les réseaux. Mais Quentin est également capable de dire du bien. Surtout après la semaine qu'il vient de passer.

PS Players Championship (Day 3) - Blindes 10 000 - 20 000 Ante 20 000 à venir

FredyDruger

Les joueurs sont partis en diner-break. L’occasion de recompter les quelques stacks français encore en course, alors que le tableau affiche 97 joueurs encore en lice. Mehdi Violleau 225 000, et Quentin… Bah, où est Quentin "FredyDruger" ? Il était pourtant à côté.

« Et voilà, je viens de buster ! » annonce Krug-Basse qui apparait aussitôt sur le bord de la table. « Clairement, je pense que c’est l’inexpérience du Live. Je suis entré dans quelques mauvais coups, j’avais parfois du mal à compter les stacks… ». Quentin est bien sévère dans son constat. Son tapis, pourtant bien étoffé il y a quelques heures, s'est émaillé en plusieurs temps. Il a d’abord perdu quelques plumes en table télé, puis s’est fait prendre dans deux coups assez inévitables.

Un brelan de 10 au flop craqué par une quinte backdoor, puis un A-K vs A-K vs 4-4 où la pocket trouvera son brelan. Une sortie qui n’enlève rien à la folie que Quentin a vécu aujourd’hui.

« C’était une journée de dingue, raconte le joueur. Quand j’arrive, je n’y crois pas trop, j’ai peu de jetons, et puis deux heures plus tard je me retrouve avec un stack énorme, quasi assuré de faire l’ITM. J’ai même éliminé quelques grands noms : Davidi Kitai, Josh Arieh, un top reg espagnol… Puis derrière, je découvre la table télé. Ils m’ont pris la moitié de mon stack mais quand tu discutes avec des gars détente comme Nacho (Barbero) c’est incroyable. Et puis la famille a pu me voir en direct. Ils n'ont rien compris, mais les articles, le streaming, ça rend le truc plus réel. Ça fait même trois jours que j’ai pu affronter des Tops, des joueurs avec 10 millions, j’en avais parfois trois par table. Il n’y a que sur ce genre de tournois que tu as ce genre d’opportunité ».

Le joueur n’oublie pas l’accueil exceptionnel des organisateurs, ainsi que les rencontres qui ont balisé cette semaine de freeroll royal. « Je pens aux joueurs français, la bande des spineurs, même les Espagnols que je joue tous les jours, mais que je n’ai pas l’occasion de croiser. J’ai pu aussi voir Rim’K, Doigby, qui en plus sont des personnes très cool, ouvertes, ce qui n’est pas forcément le cas de tout le monde », poursuit Quentin, qui ne compte pas pour autant devenir ni un Livetard, ni un joueur de tournoi.

« Si j’avais pris un million, j’aurais pu changer de routine poker. Mais ce n'est pas avec ce gain que je vais commencer à jouer régulièrement des tournois comme ça. Je considérais ce Platinum Pass comme du Rakeback, et bien ça fiât 46k de rakeback. En revanche, il est possible que je traine à l’EPT Paris ». Et si vous voulez plus de Fredydruger, allez faire un tour du côté de Clubpoker, puisque le joueur risque fort de partager quelques anecdotes sur son thread déjà légendaire.

Digestion fatale

L’affaire commence à se préciser. 70 joueurs restants dans ce PSPC à l’aube des deux derniers niveaux de la journée. Le retour de break fut fatale à une trentaine de joueurs, parmi lesquels notre dernier Team Pro Winamax, Romain Lewis. Il ne reste plus aucun W rouge, et seulement quatre français dans ce tournoi… Dont le chipleader, Thomas Eychenne.

PS Players Championship (Day 3) - Blindes 10 000 - 25 000 Ante 25 000

Avec un quatuor Kanit-Lewis-Margets-Kitai au départ de ce Day 3, on pouvait se réjouir de la forme du Team sur l’un des plus gros tournois de l’année. Mais à ce jeu, les espoirs peuvent être rapidement douché. Deux joueurs seulement dans l’ITM et au moment d’entamer les deux dernières heures, plus un seul W rouge dans l’assemblée.

Lewis

Mustapha Kanit s’était fait aspirer par la tornade des bustos post-bulle. Avec une vingtaine de blindes, Romain Lewis disposait d’un stack de combat au moment d’être déplacé en table télévisée. Les caméras du streaming n’ont malheureusement pas réussi à notre Team Pro, éliminé quelques mains après le retour du diner.

Pour continuer les mauvaises nouvelles, on a également perdu Maxime Petitprez. Je m’en aperçois au moment de la pause clope dans le jardin faisant face au Convention Center. L’ancien joueur de Spin est en pleine interview avec Tapis_Volant, qui filme depuis le début de la semaine l’épopée des Platinum Pass. J’apprends alors que c’est sur un dernier flip, pour 600 000 jetons, que le Savoyard a abandonné ses derniers jetons. Deux dix contre As-Roi 15BB deep. Standard. En revanche, son sourire ne l’a toujours pas quitté.

« Ca m’aide aussi à me détacher de la pression qui entoure ce tournoi, explique Maxime, qui s’était imposé comme l’une des figures du clan tricolore. Sur ce Day 3, j’arrivais avec un beau stack, mais je perds deux gros coups d’entrée. Je comprends que ça ne va pas être si simple. Mais une fois passé l’ITM, c’est que du bonus ». Le joueur a vaillamment résisté jusqu’à ce flip imparable. Il repart tout de même avec 46 500 $... Mais ne devrait pas s’en aller très loin. Son pote Mehdi Violleau (photo), camarade de Ping Pong alors qu’il n’avait que dix ans, puis acolyte de Spin Elite dix ans plus tard, nous offre actuellement une démonstration de résistance.

Violleau

Le spécialiste de short-track aurait même pu se donner de l’air sur un duel AJ contre A9. Mais une saleté de 9 est venu contre-carrer ses plans. Entouré de Nacho Barbero et Sam Grafton, Mehdi se maintient à coups de re-steal, en attendant de retrouver son spot.

Eychenne se déchaine

Eychenne

Les caméras de Pokerstars tournent autour de lui depuis 20 minutes. Elles se demandent surement mais qui est donc ce joueur Français qui monte un stack de mutant. Gros stack tout le long de la journée, le joueur vient de striker deux Espagnols pour se propulser dans la stratosphère du tournoi. Open EP 50 000 et LaWatch décide malicieusement de flat son AK au au HJ. Juste derrière, le CO annonce tapis pour 350 000. La parole revient sur l’OR, qui envoie la boite pour 600 000 et c’est payé ! En trente secondes, l’un des pots du tournoi vient de se construire. Il faudra juste toucher une paire face au QQ et 99 adverse… Et en voilà deux sur le flop AK7. La turn 5 donne quelques sueurs, mais ça tient sur la river 2. La Twice s’offre une double élimination, et le chiplead : 2,4 millions pour notre Français !

Enfin, n’oublions pas le colosse de notre Equipe de France. Un homme qui reçoit actuellement l’amour et les encouragements des croupiers du monde entier : Jérome Moreau se défend magnifiquement en table télévisée, avec toujours un demi-million de jetons.

4 au Day 4

Un LaWatch béton, un Italo-Français en feu, un Spin Elite Survivor et un croupier qui fait le show en table télévisée. Voilà le fabuleux quatuor qui représentera le clan bleu au Day 4, à 52 left de 4 millions. Le récap’ de cette fin de Day.

PS Players Championship (fin de Day 3) - Blindes 20 000 - 40 000 Ante 40 000 à venir

4auDay4

En voyant la vitesse à laquelle réduisait le field tricolore, on avait de quoi s’inquiéter. Une demi-douzaine de joueurs emportés dans la tempête post-bulle, Romain Lewis, notre dernier Team Pro, grillé sous les projecteurs de la table télévisée… Les paliers devenaient de plus en plus colorés, mais le PSPC de moins en moins bleuté. Mais quatre irréductibles gaulois creusaient alors la tranchée pour défendre l’honneur français. Avec du panache, du French flair, de l’audace… Une recette bien de chez nous, pour régaler le rail, les spectateurs du streaming, qui verront encore nos quatre fantastiques demain, sur un Day 4 de PSPC.

Le carré est bien éclectique. Un joueur de Spin, un spécialiste de short-track, un croupier et un amateur complet. Chacun dispose d’armes différentes, mais ils les ont toutes manier avec adresse.

Moreau

Pour Jérôme Moreau, c’est l’intuition qui a parlé. L’homme qu’on voit d’habitude dealer sur les plus beaux plateaux du jeu a encore produit une prestation impeccable en table télévisée. Mais cette fois, c’est dans la peau de joueur que le croupier s’est illustré, au point même d’enflammer le streaming.

Voyez par vous-même : Open 50 000 de Nicolas Betbese en début de parole sur la blinde du Français. Avec quinze blindes, Jérôme défend pour voir le flop 982. Check-check, et voilà la turn 6. Nouveau check de Moreau et l’Argentin passe à l’attaque. 90 000 pour suivre, ce que fait Jérome. River A, check et Betbese poursuit son histoire : Tapis pour les 260 000 restant à Moreau. Sans prendre trop de temps, Jérome décide de jouer son tournoi. Showdown ! QJ pour Betbese, bluff total, c’est donc gagné pour Moreau avec… J8. Troisième paire. Magique.

« Feeling » répond Jérome tandis que je lui demande s’il avait un read ou quelque chose. « Il était assez actif, il avait déjà limp plusieurs mains avec des as suités. Je ne le voyais pas sur l’As ». Une demi-heure plus tard, le Français fait encore parler la poudre en attirant Kenny Hallaert dans ses filets. Il pose le piège avec un flat AA suite à un open EP du Belge. Betbese se joint également à la fête et les trois joueurs voient le flop 443.

C-bet 60 000, payé, fold de l’Argentin. Turn Q, Kenny envoie tout pour 297 000 jetons, snap-call, Hallaert montre 1010, pas de brelan, Jérome est à 1,2 million. Il conservera ce beau stack jusqu’à la fin de journée et jouera un Day 4 PSPC avec 30BB. Tu réalises l’histoire que tu es en train d’écrire Jérome ?

« Ça commence là, mais pour l’instant, je regarde pas l’oseille, affirme le joueur, qui reçoit bien sûr le soutien de tous ses amis croupiers. Mes potes me disent qu’on dit que je suis un Top Reg sur le chat du streaming, sourit le joueur. Je leur avais dit que si je fais Day 4, je viens habillé en croupier. Peut être juste le haut. Maintenant que j’y suis, je pense qu’on va le faire ».

LaWatch

Thomas Eychenne devrait toujours opter pour le short et T-shirt décontracté. Il portera également un stack lourd de 1,9 million de jetons, après une journée passé dans les hauteurs. « Ça s’est goupillé parfaitement, commente le joueur. J’ai pu monter un stack énorme à la bulle. Parfois, tu abuses et tu te fais punir, mais là, je gagnais tous les coups ». Derrière, cet énorme pot avec As-Roi contre Q-Q et 9-9 lui permettra de prendre quelques minutes le chiplead, avant de se stabiliser autour des 2 millions. Comme au Day 3, il reviendra avec le brassard de capitaine de l’équipe de France, et une petite cinquantaine de blindes.

Violleau

Également amateur d'Expresso, Mehdi Violleau a pu pratiquer ce qu’il sait faire de mieux : le jeu short stack. « Honnêtement, je pense que dans le field restant, je dois être un des meilleurs à ça, affirme celui qui s’est reconvertit dans le Short-Track. C’est frustrant de ne pas avoir de jeu, mais j’ai fait avec ce que j’ai pu. J’avais une bonne image donc j’ai parfois volé en étant un peu plus light que ce que j’aurais du. Franchement, je suis si heureux d’être là, je ne veux avoir aucun regret ». Et il n’est pas interdit de toucher plus de mains demain pour remonter son shortstack demain.

Renato

Enfin, Renato Minicucci complète ce fabuleux quatuor. Ce médecin, plutôt habitué aux petits buy-in Live, avait pris son Platinum Pass il y a trois ans en remportant un freeroll de plus de 5 000 joueurs. Le voilà aux Bahamas, à 50 left de 4 millions.

« J’aurais dû aller à Barcelone, mais je n’aurais même pas pu le jouer, puisque je suis médecin et c’était en pleine période de Covid. Je suis peut-être moins fort, mais je me sens bien. J’ai eu de la chance aussi, j’espère que ça continuera demain. Mon objectif, c’est vraiment de faire Day 5. Si je fais un truc sur ce tournoi, je veux bien ne plus jamais gagner aucun tournoi de ma vie ».

Nos quatre héros reviendront demain pour percer encore un peu plus ce field majestueux. Tous ont d’ailleurs déjà accroché plusieurs noms ronflants à leur tableau de chasse. Pourquoi pas ajouter des Dylan Destefano, Dominik Nitsche, Daniel Dvoress, Chris Moorman ou Sam Grafton. Ces cinq là font pour l’instant partie des plus gros stacks mais on retrouve des mastodontes dans chaque portion du chipcount. Fedor Holz (970 000), Chance Kornuth (810 000), Talal Shakershi (630 000), ou encore Norbert Szecsi (400 000) reviendront également demain, avec l’ambition d’ajouter une nouvelle couronne à leur palmarès de Rois. Et vous savez en France ce qu’on aime faire avec les Rois.