Si proche, si loin
Une petite journée de six heures et les joueurs sont libres de vaquer à leurs occupations. Les floors ont libéré l’assemblée à quelques encablures de l’argent. Le pay-out a seulement été révélé dans l’après-midi et ce sont donc 175 joueurs qui seront assurés de repartir avec au moins 35 100 $. Une somme dantesque pour la majorité des Platinum Pass. Il leur faudra fournir un dernier effort puisque 268 joueurs reviendront demain avec des espoirs d’ITM, mais 97 repartiront bredouille. Côté Winamax, la Team continue sa belle prestation, avec encore quatre représentants, tous plutôt bien stackés, le recep’ de cette fin de Day 2.
PS Players Championship (Day 2) - Blindes 3 000 - 6 000
Ping-pong, spins et Bahamas
Ils se connaissent depuis qu’ils ont dix ans. Avant de devenir de redoutables grinders, c’est autour d’une table un peu moins ovale que Mehdi Violleau et Maxime Petitprez aimaient passer du temps. Au C.A.P.T.T très précisément, le club de la commune de Pont-De-Beauvoisin, en Savoie. Les années passent, les deux jeunes hommes font leur chemin, mais gardent contact, jusqu’à ce que Mehdi entende parler de cette perf’ d’un Français sur le Sunday Million. Son nom ? Maxime Petitprez. « Là, je me suis dit, mais attends, je le connais bien, se souvient Mehdi. Je jouais aussi au poker, et je lui ai proposé de me rejoindre du côté de la Suisse, où j’habitais à l’époque ».
Co-fondateur de Spine Elite, Mehdi invite son pote à rejoindre l’équipe. « Il s’est très bien débrouillé, on a travaillé ensemble pendant quelques années, puis maintenant, il vole de ses propres ailes » raconte Violeau, qui a donc le plaisir de retrouver son vieux pote… Au Day 3 d’un PSPC Bahamas.
Longtemps habitué des hautes limites du .fr, en Spin pour Maxime ou en Short track pour Mehdi, les deux potes dégagent le rake suffisant pour remporter le Platinum Pass, il y a déjà plus de trois ans. L’attente en valait la chandelle. Les deux hommes réalisent un parcours exemplaire, et reviendront tous les deux avec un stack confortable pour viser l’ITM.
Mehdi a même rejoint Maxime dans les hauteurs du chipcount en trouvant le set-up idéal à quinze minutes du gong. « J’étais à 26 blindes, un jeune reg open UTG et j’ai 8
8
au bouton. C’est un peu trop pour shove, je décide de flat et Nitsche paie derrière ». Le flop vient A
8
3
. C-bet de l’OR, payé, Nitsche fold. Turn 7
, check de l’OR, Mehdi fait 30 000 dans 45 000… Et voit son adversaire lui revenir dessus à tapis. Snap-call, en face, il y a 7-7, pas de carré river et Mehdi trouve le full double-up dans le meilleur des timings !
La Watch, c’est full
Sa posture à table est absolument unique en son genre. Il n’est pas rare de voir Thomas Eychenne s’enfoncer de tout son poids sur le dossier de sa chaise, le dos bien en arrière, pour de temps à autre croiser ses longues jambes, dans un mélange de flegme et de dilettante. Mais quand il joue une main, le joueur se redresse, droit comme un “i”, bien concentré, observant scrupuleusement son adversaire.
C’est ainsi qu’il open en MP à 11 000 jetons. Flat du bouton, et la BB complète pour voir un flop 3-way 7
7
8
. Tout le monde check, turn A
et Eychenne reprend l’iniative.
15 000 envoyé, payé bouton, fold BB. River Jh, Eychenne envoie un nouveau bet 1/3, pour 22 000. Le bouton prend une petite minute puis annonce le mot magique : “All-in”. Thomas Eychenne semble surpris mais s’empresse de poser le jeton du call pour ses derniers 120 000 jetons. Qu’ont donc ces messieurs ? 7
8
au bouton pour un full floppé… Et A
7
chez LaWatch ! Full supérieur !
« Elle fait du bien celle-là », commente Aurélie Réard, qui check du poing son voisin. Enorme double-up d’Eychenne sur ce dernier niveau. Le Français terminera la journée avec 410 000 jetons, le plus gros stack français. Sa voisine passe également la journée avec mention, en baguant un stack de 163 000.
Sitbon sans pitié pour la jeunesse
A dix minutes du terme, je vois Joffrey Estev en souffrance. « Je viens de me faire ouvrir » me raconte le vainqueur du championnat de France étudiant 2019. « Deux Valets contre deux Dames, il me reste 9 blindes… On va devoir jouer au loto ». Cinq minutes plus tard, je repasse autour de la table de Joffrey… Qui a presque triplé son stack. « Le loto, ça paie ! » me lance le joueur, avec un sourire et un espoir retrouvés. Il reste deux mains à jouer, le Lyonnais regarde sur quelle blinde il devrait reprendre demain… Mais avant, il trouve une main UTG.
Open 11 000, UTG +1 envoie tapis pour 35 000, payé bien sûr, mais son A
J
restera derrière le A
Q
de son voisin. Main suivante, la dernière du jour et Julien Sitbon open sur la blinde de son jeune compatriote… Qui envoie le tapis pour ses 21BB. Snap-call. Deux dix, contre As-Roi. « Le flip d’une vie » commente Joffrey en se levant de sa chaise… Avant de lâcher un petit « ARrggh » de dégout au moment du flop K
J
4
. Aucun dix ne viendra sauver notre Français, éjecté brutalement, à quelques secondes du Day 3.
Julien aurait bien choisi une autre victime, mais un pot reste un pot, et celui-là fait beaucoup de bien. Le Français conclut de la meilleure des manières une journée à rebondissements. Il reviendra demain avec un stack confortable de 314 000 jetons.
En plus des quatre que je viens de citer, 15 tricolores passent l’épreuve du Day 2 et reviendront demain pour aller chercher, au moins, 35 bâtons. Le joueur de Spin Lucas Pignay est dans le bon wagon, au même titre que notre poète-agriculteur Bastien Hazouard. Imad Moumène bag moins de jetons qu’hier, mais reviendra avec 20 blindes, tout comme Julien Pérouse et Quentin Coueffe. Kalidou Sow s’est fait discret, mais est encore dans le coup avec un peu plus de 10 blindes. Mission remontada également pour Stéphane Jory, Jérome « Ibiza » Moreau et Dan Taieb.
W puissance 4
Avec 268 survivants sur 1 014 partants, il reste très exactement 26,42% du field initial dans ce PSPC. Avec 4 survivants sur 7 partants, il reste très exactement 57,14% du Team Pro Winamax dans ce PSPC. D’après le théorème de Girsanov, on peut donc dire que le Team Pro Winamax est très fort.
Pour aller plus loin que cette démonstration vaseuse, le W rouge continue en effet de faire son trou dans ce PSPC. Davidi Kitai, Mustapha Kanit, Romain Lewis et Leo Margets s’assurent une place au Day 3 avec des stacks plus que décents.
Très actif sur la fin de journée, Mustapha a bien manœuvré pour terminer la journée avec 262 000 jetons, soit 45 blindes pour le Day 3. Davidi Kitai était monté prêt des 300 000, mais le génie a perdu quelques plumes sur la dernière heure. Il se garde tout de même 33 blindes pour demain.
Auteur d’une journée fluide et sans trop de swing, Romain Lewis place une petite accélération sur les dernières mains du jour pour emballer 333 000 jetons dans le sac. Leo Margets ferme le quatuor, avec une petite quinzaine de blindes pour aller chercher l’ITM.
Et à part les Français ?
Le clan bleu est toujours présent, mais bien essoré après cette journée. Aucun de nos Tricolores n’apparait même dans le Top 20 du chipcount. Le chiplead revient pour l’instant à la Bulgarie, avec un certain Krasimir Yankov, seul joueur à avoir passer le million de jetons. Plusieurs têtes d’affiche en tête de course. Jeremy Ausmus rejoint Chris Moorman et Dylan Destefano dans le gang des superstacks américains. Talal Shakershi s’est propulsé dans les hauteurs dès le début de journée et reviendra lui aussi avec plus de 100 blindes.
Alejandro Lococo a animé la table TV sans oublier de monter les jetons : 473 000 pour le phénomène argentin. Chris Moneymaker, Dominik Nitsche, Fedor Holz ou encore Daniel Dvoress se sont également installés dans le haut de tableau.
Nos 268 survivants reviendront demain à partir de midi pour une troisième journée de combat. Objectif bulle, puis on aura droit à un nouvel écrémage, qui devrait faire durer le plaisir un peu plus longtemps qu’aujourd’hui, puisqu’on devrait revenir sur des journées de dix niveaux pleins.