Level 4, on repart à l’attaque
Blindes : 150/300, ante 25
Wintopsflops
Beau début de Main Event pour Damien Lhommeau, avec un tapis de 62,000 au retour du dîner. Cependant, la main que je vais vous raconter ne rentre pas dans le cadre de ce positif démarrage. Wintops paie au bouton une relance préflop venue d’UTG, ils sont 4 joueurs en tout à voir le flop [Qc][Qs][3s]. Pas de c-bet d’UTG, Damien en profite pour envoyer 1,350. C’est payé par le cutoff seulement.
Turn [5h]. Le cutoff s’empare des jetons, puis se ravise et check. La dernière fois que j’avais vu ce move moisi dans un tournoi à 10,000 dollars, George W. Bush était encore président des États-Unis.
Rivière [6h]. Là, le cutoff mise pour de vrai, sans hésiter : 2,300, et s’il n’a pas une Dame je veux bien rentrer au couvent. Pourtant, Damien veut vérifier, et paie les 2,300. Il se voit montrer un [Ah][Qd] peu surprenant.
Pour une première
Dans le palmarès de Michel Abécassis, un manque. Celui de n’avoir jamais atteint l’argent du Main Event des World Series of Poker. Notre engloutisseur de bols de guacamole préféré a pris un bon départ dans cette édition 2013 en doublant sa cave initiale durant les trois premiers niveaux. J’ai pourtant vu ‹ MIK.22 › perdre un pot étrange où il paie un 5-bet à 8,100 pré-flop avant de passer sur une mise à 2,500 sur un flop [7h][2s][Jh].
Un virage à négocier
Le Main Event, ce ne sont pas seulement des tables avec des texans à chapeau qui pourrait être inscrits sur la page fan de Derrick, mais aussi un virage très relevé où siègent trois joueurs bien connus de nos services. De gauche à droite, on retrouve Eugene Katchalov, 7,3 millions de dollars de gains, Lucille Cailly, 1,5 million de gains, et Rupert Elder, allemand vainqueur de l’EPT San Remo 2011 comptant près de deux millions de dollars de gains. Signalons l’absence de Chinois très fort, ce qui explique surement la progression du tapis de nos trois joueurs qui possèdent respectivement 34,000, 40,000 et 65,000.
Quand Denis crush
Ca crush chez Estelle Denis, dans tous les sens du terme. L’animatrice TV a monté du pion dans ce Day 1B, remportant notamment 10,000 grâce à un coup à tapis préflop où sa paire de Dames a annihilé une paire de 10 adverse. Assise derrière 58,000, la joueuse sponsorisée par Barrière Poker casse parallèlement du gros bonbon dans Candy Crush - le jeu qui fait fureur sur smartphone depuis quelques mois.
Chris Moneymaker, 10 ans déjà
Note : Ceci est la reproduction d’un article initialement publié sur Wam-Poker le 22 mai 2013 - Dix ans après sa révolutionnaire victoire dans le Main Event 2003, Chris Moneymaker dispute aujourd’hui le Day 1B
23 mai 2003 : un comptable du Tennesse répondant au nom de Moneymaker, joueur de poker amateur, remporte le Main Event des WSOP au nez et à la barbe des pros (Crédit photo : casinogaming.com)
Christopher Moneymaker, lui, se souvient parfaitement de sa journée du 23 mai 2003. Assis à l’étage exigu du vieux casino Binion’s Horseshoe, au cœur des quartiers historiques de Las Vegas, devant les caméras de télévision d’ESPN et une salle remplie à craquer, celui qui n’était encore qu’un jeune comptable de 27 ans venu du Tennessee a changé à tout jamais sa vie, et l’histoire du poker, en remportant ce jour-là les championnats du monde de la discipline, les World Series of Poker.
Un joueur amateur battant les professionnels établis à leur propre jeu, un amateur qui n’avais jamais participé à un tournoi live de toute sa vie, un amateur qui avait décroché son ticket à 10,000$ pour l’épreuve en jouant sur Internet, investissant seulement 39 dollars, un investissement qu’il a transformé en deux millions et demi : l’histoire de Chris Moneymaker – en matière de patronyme prédestiné, on a jamais fait mieux depuis –, une histoire qu’on aurait du mal à croire si elle était sortie d’un film. Cette histoire allait captiver l’Amérique, et devenir l’un des catalyseurs du boom du poker qui allait suivre. Si un quidam du Tennessee pouvait faire sauter la banque à Las Vegas, alors n’importe qui pouvait le faire. Un an après la victoire de Moneymaker, les inscriptions pour le tournoi principal des WSOP triplait, et en 2006, on comptait 8,773 participants à l’épreuve reine du poker, soit 1000% de croissance en trois ans seulement. Entre temps, Moneymaker était apparu sur toutes les télévisions, conversant avec David Letterman et Jimmy Kimmel aux heures de grandes écoutes, répondant aux questions des journalistes de tous les grands quotidiens, faisant renaître de ses cendres le mythe du rêve Américain : gloire et fortune semblaient de nouveau à la portée de tous.
Au soir de la rafraichissante et inattendue performance de Chris Moneymaker, le terrain était labouré depuis déjà quelques temps : quelques acteurs avaient en effet préparé le terrain, probablement sans se douter que les effets seraient aussi ravageurs. En 1998, Hollywood avait remis le poker sur le devant de la scène avec Les Joueurs et son casting cinq étoiles, Matt Damon, Edward Norton et John Malkovich. Un échec à sa sortie, le film s’est cependant refait une santé durant les années qui allaient suivre, trustant régulièrement les meilleures audiences lors de ses rediffusions sur le câble, et se vendant en DVD par camions entiers. De son côté, le World Poker Tour venait de terminer le tournage de sa première saison en mai 2003, et allait bientôt transformer en célébrités des personnalités charismatiques telles que Gus Hansen, Chris Ferguson, Antonio Esfandiari et consorts, et, grâce à l’idée de génie des “hole cameras” dévoilant les cartes cachées des joueurs à table, faire découvrir a des millions de téléspectateurs que le poker n’était pas seulement une affaire de chance, mais aussi de stratégie passionnante. Le terrain était prêt, il ne manquait plus qu’un “poster boy”, une tête d’affiche à laquelle le public pouvait s’identifier : Chris Moneymaker tombait à point nommé.
Chris Moneymaker aux WSOP, 10 ans après
Durant les dix années qui allaient suivre, poker live et online allaient connaitre la croissance fulgurante que l’on connait. De 32 joueurs qualifiés sur PokerStars pour le Main Event des WSOP en 2003, on passerait a plus de 800 pour l’édition 2006 de l’épreuve, plus que le nombre total d’inscrits trois ans plus tôt ! Le vote de la loi anti-jeux en ligne aux USA (l’UIGEA), allait ensuite faire reculer l’industrie Yankee de plusieurs pas, avant que le Black Friday ne porte un brutal coup d’arrêt au mouvement en 2011. Pendant ce temps, en Europe, la sauce avait pris aussi (en France, la diffusion du WPT sur Canal+ fut un facteur déterminant), et des 2006, la mallette de jetons “dice” devenait un incontournable dans les rayons jouets des supermarchés, signe indétrompable qu’une mode était en marche.
Et Chris Moneymaker, dans tout ça ? Grâce a un confortable contrat de sponsoring signé avec PokerStars, le comptable du Tennessee n’a jamais eu à exercer à nouveau un travail normal, devenant le premier “sponsorise professionnel” de l’histoire du poker. Une tâche dont il s’est acquitté avec grâce et modestie au fil des années, ne se lassant jamais de répéter encore et encore son histoire pour les journalistes. Si Moneymaker n’a jamais réédité une performance comparable à celle qui a changé sa vie du tout au tout il y a 10 ans, il n’en reste pas moins le meilleur ambassadeur que notre jeu favori a connu, une inspiration et un modèle pour des millions de joueurs du monde entier.
[evideo]- YouTube
Moneymaker tente un extraordinaire bluff lors du duel final face à Sam Farha
[evideo]- YouTube
L’ultime main de la partie
Statistiques, anecdotes et citations à la con
Nombre de joueurs regardant un film avec Jodie Foster à la table de Damien Lhommeau : 1
- « Vu comment je gloussais en m’approchant, il a bien compris que je venais pas le prendre en photo pour son skill » - Signé : Harper à propos de l’ex-moustachu Paco Torres (voir plus haut)
- « Hey man, what’s up ! Long time no see ! » - Ludovic Lacay saluant un joueur qu’il n’a effectivement pas vu depuis très longtemps puisqu’il a complètement oublié que celui-ci est tout ce qu’il y a de plus Français.
- « Non, mais vous allez pas publier ces conversations sur le coverage hein ? » - Ludovic Lacay s’inquiétant durant la pause-dîner.
Les tapis du Team Winamax après le dîner
Ludovic Lacay 71,000
Michel Abecassis 60,000
Nicolas Levi 44,000
Ludovic Riehl 36,000
Kool Shen 25,000
Gaëlle Baumann 20,000
Pause-dîner des couvreurs : citations non-attribuées et sorties de leur contexte
« Un resto Chinois tenu par un Mexicain, c’est plutôt novateur. »
"Je vais sortir un livre abécédaire sur 10 ans de voyages à Las Vegas. De « A », comme « Ah, où est-ce qu’elles sont les putes » à « Z » comme « Zut, j’ai plus une thune pour me payer des putes ».
« Il avait une tête de Finlandais alcoolique. »
« Il a de la chance qu’un As arrive car, sinon, je lui envoyais une énorme marmite sur la rivière. »
« T’as vu Mikedou, il parle super bien le Chinois. »
« Il a arrêté la coke, enfin j’espère, il est devenu pilote de jets privés. »
Benjo, Harper & Kinshu