C’est l’histoire d’un garçon. Ecrire sur lui est toujours un exercice délicat, car il n’aime pas se mettre en lumière. Enfin, si, il adore ça; pour être plus précis, il a tellement peur de l’échec, de ne pas voir ses idées, ses envies, ses goûts partagés qu’il les renferme sur eux-mêmes et garde un trésor au fond de son coeur. Il se sent tellement spécial, au moins aussi spécial que tous les gens qui croient qu’ils sont spéciaux. « Hélas ! j’espère trouver un jour quelqu’un qui me comprendra. » Artiste incompris, torturé par ses démons, ou simplet égocentrique, je ne saurai trop le dire.
C’est l’histoire de ce garçon. Il interpréte un simple « non » comme un « tu me dégoutes », et un « oui » comme le plus beau des « je t’aime ». Chaque silence qu’on lui offre lui rappelle les coups qu’il prenait à la récré, petit. Chaque regard qu’on lui lance, le câlin que lui offrait sa mère, quand après avoir pleurer toutes les larmes de son corps, il trouvait la force d’avaler son goûter.
Un jour, il le sait, il sera un homme. Il devra être fort, il faudra qu’il sache encaisser, ou plutôt qu’il soit prêt à donner les coups. Desfois, il se sent un homme. Quand il a une fille à son bras. Ou un peu trop d’alcool dans ce même bras.
Alors il boit, parce que de toute façon, les filles, il ne sait pas comment les avoir, et de toute façon elles ne l’apperçoivent même pas. Il boit, et il boit, et quand il est assez saoûl, il continue de boire car il sait qu’il est invincible et qu’il ne sera jamais minable, alongé par terre, dans sa flaque de vomi.
Bien sûr que si bouffon, ça t’arrive toutes les semaines.
…
Aujourd’hui, tout a changé. Il n’a plus besoin d’alcool. Il a juste à croiser Ses yeux pour avoir l’ivresse de l’amour en lui. Et se sentir homme. Alors il va accomplir de grandes choses, être de la meilleure compagnie qui puisse être, mettre en avant son art et ses qualités. On va le trouver séduisant, on dira de lui qu’il a cette fougue et cette énergie comme on en voit une fois par siècle ! Que sa vie sera douce et belle. Il n’osera pas lui parler ou lui faire comprendre ses sentiments, bien sûr, car ses terreurs profondes face à l’échec le bloqueront, mais Son simple regard posé sur lui lui assurera la reconnaissance dont il a besoin pour vivre.
Et puis vient ce moment où il ne croisera plus son regard intense, mais qu’il la verra embrasser ce type, rencontré deux heures avant au hasard d’une rencontre sur une place, bondée de ces gens fous et sérieux à la fois. Qu’il comprend alors qu’il aura encore laisser passer la chance de sa vie. Alors il redeviend cet alcoolique banal, comme on en croise si souvent. Et il oubliera encore une fois qu’il sait faire de grandes choses.