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Le Défi ManuB_

Jour 18 : En plein rush!

Le papa noël a reçu ma lettre et m’a répondu en beauté. J’ai connu aujourd’hui ma meilleure journée depuis le début du challenge avec un rush très salutaire aux tables de NL30. Cela porte la bankroll, pour la première fois, à une somme à quatre chiffres.

Ma courbe ressemble enfin un peu à quelque chose, et je compte bien ne pas m’arrêter là et passer en NL50 dès que j’aurais atteint 25 buyins.

Bizarrement, je pense que le fait que le jeu commence à ressembler à ce que je connait régulièrement en NL400 n’est pas étranger à ce regain de forme. Mon appréciation des ranges adverses est plus fines, plus basée sur mon expérience du quotidien. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas capable de battre la NL10 et la NL5 car « ça joue n’importe comment », simplement que je n’ai pas su opérer les bons ajustements.

Comme promis, voici l’article sur les sit and go. J’espère que ça vous plaira et vous aidera à progresser. Sachez néanmoins une chose ou deux avant de démarrer votre lecture.

Cet article vous aidera si vous avez déjà une connaissance correcte de la stratégie de base en sng, et que vous êtes au moins familier avec le principe de l’ICM. Cependant, cette façon de jouer est assez facilement repérable et exploitable par des adversaires qui comprennent un minimum ce qu’il se passe. Ça marchera donc beaucoup moins bien si le style prend. Evidemment, au-dessus des sit and go à 10€, il faut opérer des ajustements différents.

Battre les SNG en micro et low limits

La stratégie de base efficace pour les sit and go est désormais connue depuis des années. Il s’agit de jouer très tight pendant les trois ou quatre premiers niveaux en cherchent des spots pour doubler avec le moins de risques possibles (AA ou KK all in preflop, brelan contre overpaire, etc), puis à ouvrir son jeu à à agresser à coup de all in preflop pour voler les blinds, se maintenir et aborder la bulle dans de bonnes conditions. A la bulle, il faut savoir prendre les risques nécessaires pour maximiser ses possibilités de gain, et c’est là que l’ICM intervient en forçant les autres joueurs (s’ils en sont conscients) à éviter les confrontations, particulièrement s’ils sont couverts et qu’il existe des short stacks.

Ayant monté mes premières bankroll en 2005 en sit and go, Je maîtrise très bien cette approche. Néanmoins, j’ai du opérer des ajustements pour que cette stratégie fonctionne au mieux en micro-limites. Pour expliquer comment j’y suis parvenu, il faut commencer par déterminer quelles sont les erreurs les plus courantes effectuées par mes adversaires à ce niveau de buyin.

  • ils surjouent top pair (check/raise de top pair bad kicker et ne foldent quasiment jamais)
  • ils sur-évaleunt leurs tirages faibles (notamment les ventrales)
  • ils ont que peu de notion du risk/reward (payer 1500 dans un pot de 200 avec deuxième paire, c’est pas top).
  • ils bluffent trop souvent quand ils n’ont rien, indépêndamment de la cohérence du bluff
  • ils ratent des value bets (moins fréquemment qu’en cash game)
  • ils ne restealent pas preflop, leur range pour faire tapis sur une relance reste à peu près la même sans trop tenir compte des tailles de stacks et des stratégies supposées de chacun
  • ils paient beaucoup trop light les tapis preflop quand ils ne sont pas couverts
  • ils sont beaucoup trop passifs à la bulle
  • ils s’éliminent entre eux très vite
  • ils sont en général peu observateurs des pattern et montants des mises

Je dois préciser que j’ai dressé un profil général car je me suis trouvé dans l’impossibilité de jouer 15 tables ou plus avec un tracker de manière effiface. Pendant une grande partiue d’un sit and go, je ne tiens donc pas compte du style de jeu précis de mes adversaires, que je n’ai même pas observé. Cela change évidemment pendant le jeu à trois et le tête-à-tête.

En conséquence, j’ai ajusté la stratégie de base de la manière suivante:

Début de sit and go

  • J’abandonne totalement l’idée de bluffer pendant les premiers niveaux.
  • Conséquence directe, je joue encore plus tight que d’habitude, avec l’idée très précise de survivre aux quatre premiers niveaux sans risquer mon tournoi (sauf situation très favorable)
  • Cela signifie ne pas jouer les suited connectors (sauf situation parfaite genre au bouton derrière deux limpers), les petites paires (sauf au premier niveau 10/20 ou je peux limp ou payer un raise), et tous les broadways et « trouble hands » genre AQ, AJ, AT, KQ, KJ etc en début de sit and go, à moins d’avoir une position extrêmement favorable.
  • Je joue mes premiums QQ+ en relançant ou sur-relançant très fort preflop (4-5bb)
  • en revanche, je joue TT et JJ prudemment en 10/20 et 15/30. A partir de 20/40, je considère JJ comme une premium. A partir de 40/80, je considère TT comme une premium.
  • je suis souvent parti sur des limps/reraise avec AK, particulièrement aux niveaux 15/30 à 30/60, afin de construrie un gros pot sur lequel je peux me commit tranquillement avec top paire ou deux overcards.

Milieu de sng

  • A partir de 30/60 et 40/80, je commence à minraise avec une range variée, disons [77+, JTs-AQs] afin de mettre la pression sur les blinds et de perdre le minimum en cas de reraise souvent un fold automatique de ma part, parfois un call en fonction du montant). Je continue à jouer les premiums fortement preflop puisque mes adversaire ne vont que rarement observer la différence, et que les minraise pour beaucoup montrent pas mal de force. De plus, quand un joueur loose se trouver au BB, il va avoir tendance à call incorrectement avec une range beaucoup trop grande générer ainsi une situation très bénéfique pour moi, en position avec une range plus solide pour cette profondeur.
  • Je ne pousse à tapis preflop qu’avec de bonnes mains avec 12bb à 9bb, focalisant sur l’aspect survie.
  • Je commence à ouvrir ma range de push en dessous de 9bb jusqu’à 5bb, évidemment en fonction de la position et des stacks situés derrière moi.
  • Sous 5bb, j’essaie de trouver un spot pour doubler en HU avecu ne main qui a un peu plus d’equity (type Ax, Kx). Parfois, je gamble pour tripler avec une main correcte face à plusieurs joueurs, genre 98s avec un raise et un call devant moi par exemple.
  • Si j’ai pris un bon départ et possède 3000+ jetons, j’essaie de conserver mon stack pour la bulle et évite les spots de gamble (par exemple, je vais fold de mains comme AQ et 99 sur un raise UTg d’un joueur avec le même stack).

Bulle

  • J’agresse au maximum si je suis chip leader en minraisant toutes les mains jusqu’(à ce que mes adversaires se réveillent. Les chances de me faire resteal sont très faibles. En revanche, je joue prudemment postflop pour ne pas gaspiller mon avance.
  • Je ne 3bet pas light, sauf à tapis sur un joueur qui abuse de la situation, particulièrement si je le couvre ou pourrait lui faire mal en doublant sur lui
  • Je vole le BB depuis le SB systématiquement sur les joueurs possédant entre 12 et 8bb
  • Quand shortstack, j’essaie de pousser à tapis très large sur les autres shortstacks (ils ont tendance à trop fold pour survivre), et encore assez tight sur les joueurs qui me couvrent (ils ont tendance à call light pour me sortir)

3-handed:

  • L’effet bulle étant passé, je joue assez tight afin d’accéder au heads up, sauf conditions particulières. J’essaie d’éviter de trop gamble et de protéger mon tapis, surtout si je suis 2eme en jetons. Je joue très tight en small blind et continue à minraiser beaucoup de boutons. Je raise mes bonnes mains à 2.5bb ou plus pour value.

Heads up:

  • j’essaie de jouer small ball (minraise preflop, CBet moitié pot ou moins) afin de reporter le jeu sur le postflop plutôt que sur le preflop
  • Si mon adversaire est trop tight, je minraise/ petit cbet tous les boutons et tous les boards et met un petit 2eme barrel sur toutes les scare cards.
  • Si mon adversaire est trop loose, je resteal beaucoup à tapis et check/raise beaucoup à tapis au flop en semibluff.

A demain!

Jour 19 : Cruise Control

J’ai enfin trouvé mes marques, où plutôt devrais-je dire « retrouvé ». Je ne me suis jamais senti aussi à l’aise depuis le début du défi. J’ai lancé ma session comme j’aurais fait habituellement: un coup d’oeil rapide sur les tables, j’en lance huit, je démarre tight et observateur, je note les positions des regs et leurs habitudes grâce aux trackers, et je met en place ma stratégie d’adaptation. La seule différence est que je joue dix fois moins cher que d’habitude, mais ça n’a au fond pas vraiment d’importance. Ce n’est pas vraiment de l’argent qui est représenté à l’écran, plutôt un score qui évolue en fonction de ma performance. Pour la première fois depuis le début du défi, j’ai pris un vrai plaisir intellectuel à jouer, et pas seulement à gagner.

Mon rush de la veille a perduré et ma bankroll pointe aujourd’hui a :

J’ai pris ma soirée pour aller voir « The Social Network » que je vous recommande chaudement. un film brillant sur un matériau plutôt banal, c’est assez rare.

Demain, j’espère continuer le rush en NL50, même si de nombreuses obligations m’empêcheront de jouer beaucoup.

Jour 20 : A l’attaque de la NL50

Comme prévu j’ai eu peu de temps pour jouer aujourd’hui. J’ai tout de même réussi à caser 2,000 mains de NL50 avec 24 buyins. Le résultat fût correct puisque me voici désormais à:

J’ai presque rattrapé l’EV que j’avais en retard, ce qui signifie (pure superstition bien sûr!) que le bad run approche! :stuck_out_tongue:

Je n’ai pas noté de différence de niveau particulier avec la NL30 ni même la NL20. Le jeu est un peu plus agressif mais aussi un peu moins peu moins infesté de regs solides. Ce n’est pas étonnant, puisque la NL50 est un peu « basse » pour les pros, mais suffisante pour que les amateurs (parfois éclairés) aient l’impression de jouer pour de l’argent. J’ai l’impression que c’est un peu un intermédiaire entre une limite d’entraînement et de perfectionnement et une limite sérieuse d’un point de vue financier.

Je compte continuer en NL50 jusqu’à environ 1800€ de bankroll. Si j’y parviens avant la fin du challenge, je tenterai alors probablement un shot en NL100 pour finir le challenge en beauté avec un peu de réussite. Je n’atteindrai vraisemblablement pas de somme mirobolante, mais ce n’est pas non plus le but de ce défi.

Voici venir la fin de ma troisième semaine de défi. J’ai pas mal ralenti le rythme et j’en suis très satisfait. non seulement j’ai plus de temps pour profiter de la vie, mais je joue un bien meilleur poker. Pour un joueur de poker, trouver cet équilibre est important. Laisser une passion nous dévorer est rarement salutaire.

A demain soir pour le bilan des trois semaines.

Jour 21: Bilan après trois semaines

Afin de mettre un point d’exclamation sur cette semaine épique, j’ai connu aujourd’hui ma meilleure journée financièrement parlant depuis le début du challenge. J’ai joué près de 3,000 mains de NL50 pour un gain de 262€. J’ai eu un peu de réussite, évité les gros setups et surtout joué mon A+ game.

Faisons le point sur les finances.

Le bad run est terminé et mes courbes se sont enfin rejointes telles deux amants séparés depuis trop longtemps par l’adversité, l’injustice et l… euh, pardon, c’est l’émotion.

Voici le désormais traditionnel graph hebdomadaire de ma progression depuis le début du défi.

Je commence à être satisfait de ce petit défi. Certes, il y eût quelques sales périodes, un peu de stress, trois ou quatre journées que je préférerais rayer de ma mémoire, mais globalement mon plan se déroule à peu près comme prévu.

Reste à savoir si j’atteindrai la barre des 2,000 euros. A priori, ce n’est qu’une question de volume, et il me reste deux weekends en dehors de l’EPT Vienne pour y parvenir. Je ne veux pas m’avancer (il paraît que ça porte la poisse), mais si vous avez parié entre 2000 et 2500 euros pour la fin du défi, vous pouvez commencer à y croire. :slight_smile:

Prochain objectif, la NL100 autour de 2,000 euros de bankroll…

Jour 22 : Objectif 2K

J’ai grindé environ 4000 mains de NL50 aujourd’hui avec en ligne de mire un objectif précis, la barre des 2,000€. Autant vous le dire tout de suite, ça ne sera pas pour aujourd’hui, même si c’est passé pas loin. La journée fût très « swingy », avec des haut et des bas en permanence, mais je m’en sors honorablement avec un nouveau gain de 283€ et une bankroll désormais à:

Je m’en veux un peu d’avoir spew deux buy-ins, un sur un bluff idiot contre deux paires (certes improbables) et un autre quand je n’ai pas réussi à lâcher KK dans un 4bet pot sur AJx (mon adversaire avait AJ). Néanmoins, j’ai joué agressivement et plutôt pas mal, mettant la pression postflop à chaque instant et profitant de quelques grosses erreurs.

Me voilà aux portes de mon objectif avoué. Avec la semaine qu’il me reste à jouer et malgré les contraintes liées à l’EPT, je suis relativement serein. Toute la question réside plutôt dans ma capacité à dépasser cet objectif et à faire un beau score. Je pense néanmoins rester fidèle à mes principes de bankroll management, avec peut-être un shot en NL200 le weekend prochain histoire de mettre un peu de sel dans l’équation.

Demain je jouerai surtout le soir, car je risque de me coucher tard… Cette nuit a lieu un très gros combat de MMA auquel j’ai l’intention d’assister en direct sur le net (j’ai parié quelques deniers sur son issue et oui j’ai parié sur le « petit » de 110kg…j’aime ça les défis!).

Ce sport est une passion depuis maintenant six ans. Je suis admiratif devant la force de volonté de ces combattants, pas spécialement pour le courage de l’affrontement, mais plutôt pour leur capacité à s’entraîner d’arrache-pied pendant des mois pour tout donner en quinze minutes, parfois moins, ainsi que leur capacité à se relever et à continuer à vivre de leur passion malgré les défaites, les coups durs, les blessures, les fautes d’arbitrage et les juges myopes. Ça fait relativiser tous les bad run!

A demain et GO VELASQUEZ

Jour 23 : retour de bâton

Il y a trois jours, j’écrivais ceci.

Reformulation: si vous avez parié entre 1500 et 2000, vous pouvez continuer à y croire également!

J’ai connu la pire journée depuis le début du challenge financièrement, avec une perte de près de 350 euros soit sept caves de NL50. Tout s’est enchaîné comme dans un cauchemar. Je vous épargne les détails, car vous les connaissez tous, quand pas une main ne tient jusqu’à la river et que les setups s’accumulent en une série dont on ne semble pas voir le bout. Cerise sur le gateau, J’ai même terminé la session sur un magnifique misclick qui me coûte sans doute un pot énorme. La totale!

Sur le graph, c’est très, très moche.

Le seul point positif, c’est que ma gestion rigoureuse me laisse tout de même avec 30 caves de NL50, largement de quoi surpasser ce bad run sans avoir à redescendre de limite - en tout cas, pas pour l’instant! Oh, et Velasquez a gagné. Malheureusement, le produit de mon pari réussi ne peut se retrouver dans la bankroll poker!

J’espérais partir à l’EPT vienne au-dessus de la barre de 2,000 de bankroll, et bien je devrais me contenter de la barre des 1500 franchie il y a trois jours. Par ailleurs, ceci est mon dernier compte-rendu quotidien avant mon retour de Vienne. Je ne pense pas bénéficier du temps et des conditions pour jouer confortablement pendant le tournoi, mais je ferai de mon mieux pour essayer de remonter un peu avant d’attaquer le dernier weekend de ce défi. Je ferai un compte-rendu global de ce que j’aurais pu jouer à Vienne à mon retour, en espérant que le break sera salutaire.

A partir de demain, n’oubliez pas de venir sur le coverage de Benjo et Harper pour encourager le Team Winamax!

Mais j’y pense, un grinder de NL50 qui gagne un EPT, ça ferait une belle histoire non? :slight_smile:

Jours 24-28 : une semaine en enfer

Je vous avais quitté dimanche dernier en ayant pris une petite claque à la bankroll et au moral à l’approche des 200 euros. Aujourd’hui, cette barre n’est plus qu’un lointain souvenir…

Après un EPT qui se termine de la pire des manière avec une quasi-bulle, j’étais reparti à l’assaut du défi, déterminé à le finir en beauté. Malheureusement, ce vendredi soir a vu la continuation de mes malheurs.

J’en suis tout de même à:

Le downswing est de taille et plutôt spectaculaire. Il y a un peu d’EV (traduction: des bad beats), mais surtout des setups (traduction: des mauvaises rencontres) dans tous les sens plutôt inévitables. La fatigue, aussi, doit commencer à jouer un rôle.

Le pire, c’est que ça ne représente qu’un dowswing de 10 buyins, relativement classique et tout à fait ordinaire quand on joue beaucoup au poker online. C’est assez dommage que ce petit plaisantin pointe le bout de son nez à la fin de mon défi, tout de même, il aurait pu attendre que je reprenne la NL400 (non, je rigole en fait, va t’en et ne reviens jamais!)

C’est ainsi: parfois, au poker, on perd. Longtemps. Beaucoup (relativement à sa bankroll). Avec l’impression de plus en plus tenace qu’on ne se souvient plus comment gagner une main. C’est une activité particulièrement éprouvante dès qu’on joue pour gagner sa vie, d’où l’importance cruciale d’être « overollé », c’est à dire de jouer avec un matelas financier très confortable (au moins 100 caves de CG est une bonne base) qui nous permet de retirer de temps en temps et de continuer à jouer à sa limite de prédilection. Il faut aussi savoir mettre de côté pour pouvoir assurer ses dépenses quotidiennes sans avoir à assécher la bankroll, et ne pas flamber de manière excessive après une bonne période, en prévision des vaches maigres…

Afin de m’excuser pour l’aridité et la rigueur toute économique de ce billet, digne d’un Raymond barre en grande forme, voici une photo de Liv Boeree.

En outre, une anecdote amusante. J’ai joué à Vienne une main très drôle contre un certain Tom Dwan, un joueur américain inconnu mais sympa.

Dernier niveau du day1B, Dwan limpe en SB pour 1000, je checke A6o.

Flop A74 rainbow, check check (je le piège!).
Turn Q, check check (le piège se referme!)
River 9, Dwan mise 1200, je raise à 4000 pour value car il a tendance à miser très light pour value lui-même en ce moment et à très peu bluffer. De plus dans ce spot il a très souvent une dame, voire un neuf. Il grogne quelque chose et folde ATo face découverte! Je n’avais pas la moindre idée que j’étais en train de bluffer…

Finalement, je retire ce que j’ai dit plus haut, le poker c’est sympa même quand on perd.

A demain pour le dernier weekend du challenge, en espérant un meilleur finish!

Jour 29 : le cauchemar continue

J’ai l’impression de vivre un mauvais rêve. Moi qui espérait grinder tranquillement en direction des 2,000 lors de ce dernier weekend, je vis un des dowswings les plus curieux de ma carrière. Lors des 5,000 mains jouées aujourd’hui, j’ai couru sans relâche après un score positif, alors que j’enchaînais setup sur setup et perdait tous les coups du répertoire.

La bankroll est à nouveau en recul pour le troisième jour de jeu consécutif.

Voilà une façon bien curieuse de finir mon défi. Quoi qu’il arrive demain, je suis tout de même satisfait de ne pas m’être broke - pour être honnête, je ne m’en suis jamais approché - et d’avoir dépassé les quatre chiffres, mais tout de même! Mon ego de joueur pro en prend un petit coup.

Je n’ai jamais vu une courbe comme celle-ci. L’ascension était tellement belle et la chute tellement violente que ça fait piqûre de rappel sur la réalité de la variance au poker. Autre explication, je sature! Je pensais que le break de Vienne serait salutaire mais je ressens clairement de la lassitude et de l’énervement que les choses ne se passent pas « comme il faut ». Sans pour autant balancer des buyins à gauche et à droite, ce tilt que je ressens est insidieux, il me guette dans chacune de mes décisions et me pousse peut-être à l’accumulation de petites fautes.

Mais je n’ai pas encore le droit de baisser les bras: il me reste une journée pour finir sur une note positive et clore cette éprouvante aventure. Je posterai le résultat final entre minuit et une heure du matin. Que le plus clairvoyant gagne!

Jour 30 : C’est la luuuutte finaaaale!

Mesdames messieurs, le défi manub est officiellement terminé! Avant de lancer ma dernière session, j’ai procédé à un petit changement. comme je me faisais raser au poker, j’ai décidé de m’accorder sur cet état de fait dans la vie.

Il ne me reste plus qu’à teindre ça en rouge, rejoindre un groupe punk et une nouvelle carrière s’ouvivra à moi! J’hésite si je dois remercier ma chère et tendre pour cet emploi improvisé de la tondeuse. A vous de me dire :smiley:

Je me suis ensuite lancé à l’attaque de la NL50 une dernière fois, pour l’ultime session de ma vie à cette limite, enfin j’espère! Afin de faire durer le suspense sur le montant final de la bankroll, je ne dirai pas tout de suite comment ça s’est passé.

Quoi? vous mourrez d’envie de savoir si vous avez remporté ma bankroll? Bande de vautours!

Je termine donc à 1410.32 € ! Quand à l’heureux gagnant du concours de pronostics, je n’en sais rien, je vous laisse trouver ça par vous-même (Mrik se chargera rapidement de révéler son identité).

A peu près à mi-chemin entre mon objectif minimal (1000) et mon objectif préférable (2000). J’ai échoué à atteindre les 2000€ à temps (pour être exact, je les ai dépassés en cours de session il y a sept jours juste avant de chuter), mais ce ne fût pas faute d’essayer et d’y mettre le volume. Malheureusement, comme vous avez pu le lire ces derniers jours, je me suis heurté de plein fouet à un mur de variance, tel un Ayrton Senna des tapis vert.

Voici mes graphs finaux.

Evolution de la bankroll

Cash game

Sit and go

La répartition de mes gains:

  • 50 euros de départ
  • 50 euros de bonus de dépot
  • 175 euros de bonus challenge hebdo
  • 50 euros de bonus en miles
  • 1085 euros de bénéfice en jouant

Bilan correct, donc. Ca ne fera pas rêver dans les chaumières, mais ce n’était pas non plus le but de ce défi. Mon objectif était de montrer qu’un bon joueur pouvait faire fructifier un petit capital avec de la volonté et les trois mamelles du grinder: avantage, volume, discipline. Le tout, en ayant quasiment aucune chance de tout perdre.

Parlons volume: j’ai beaucoup joué ce mois-ci, environ le triple de mon volume habituel. Près de 48,000 mains de cash game, plus de 52,000 mains de sit and go et MTTs, pour plus de 100,000 mains au total répartis sur environ 120 heures de jeu. Cela m’a permis d’atteindre mon objectif dans les limites imparties, mais ce fût aussi particulièrement éprouvant, surtout vers la fin quand le sort s’est acharné contre moi. Bien que fatigué, un peu écoeuré, mais globalement satisfait et soulagé d’en avoir terminé!

Maintenant, quelques précisions. Ce défi a inspiré pas mal d’entre vous à tenter la même aventure. Fort de cette expérience, je me permet de vous donner quelques conseils:

  • toute la gestion de bankroll du monde ne vous aidera pas si vous êtes moins forts que vos adversaires. Ne vous méprenez pas: au poker, pour que des jouerus gagnent, il doit y avoir des perdants! De plus, il ne vous suffit pas d’être un peu plus fort: il vous faut développer un gros avantage sur vos opposants pour battre le rake et résister à la variance. Tout ça pour dire qu’il vous faut travailler votre poker avec passion, acharnement et honnêteté intellectuelle. Les ressources disponibles aujourd’hui abondent en tous sens: articles, livres, vidéos, master classes, et même des coaches privés. Un joueur motivé et intelligent peut, en quelques mois, rattraper des années de retard en connaissance pure. Cela ne suffit pas: il faut aussi beaucoup jouer pour entraîner son cerveau à prendre des décisions pokéristiquement correctes. Vous avez du pain sur la planche!

  • la discipline est le moteur de votre progression. Il est très tentant, quand tout va mal, d’aller gambler à une limite supérieure pour se refaire. C’est souvent ainsi qu’on se broke. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas prendre de risques, mais qu’il faut le contrôler. Prenez ça comme un jeu vidéo, abordez les niveaux les uns après les autres, avec patience et détermination.

  • ne laissez pas le poker envahir votre vie. Le jeu peut être très prenant, et générer des émotions de la plus pure extase à la plus profonde dépression. Protégez-vous en maîtrisant votre volume, en vous fixant des objectifs raisonnables et surtout en conservant une vie équilibrée à côté. Le poker n’est pas une fin en soi, l’argent que vous y gagnerez non plus.

  • A ce propos, ne jouez pas avec l’argent comme seul but. J’ai entendu ou lu à de nombreuses reprises que mes gains du défi pouvait être comparé au smic ou au salaire moyen. C’est une mauvaise façon de voir les choses! L’argent du poker n’est pas de l’argent facile: c’est un score, un potentiel qui n’a de sens financier que lorsque vous faites un cashout. Par-dessus tout, jouez pour prendre du plaisir et progresser en prenant les bonnes décisions, et les résultats viendront avec les efforts et la persévérance.

Sur ces bonnes paroles, je vais fêter la fin de mon défi. Merci encore à tous pour vos encouragements sur les forums,

aux tables, dans le chat principal de Winamax et aussi à ceux que j’ai croisé en vrai.

Jouez bien et soyez heureux,

ManuB

Bravo à Mysterious N !

Posté le 4 octobre à 15h31 avec un message indiquant 1410 € (page 92 du topic), Nicolas aka **Mysterious N est le grand vainqueur du concours de pronostics !

A 32 centimes près, il a trouvé la bankroll finale de notre cher ManuB_ qui s’élève à 1410,32 € !

Il remporte donc la somme de 1410,32 € !

Félicitations à lui et merci à tous les participants pour vos 2490 pronostics !