redirection

Jouer en live, une autre expérience.

Objectif cette année, faire plus de live. Un objectif simple que je me suis donné après une première année passée sur les sites de poker en ligne. Bien décidé à progresser, j’ai réussi à décrocher mes qualifications pour les tournois Live du Winamax Poker Tour. À Paris tout d’abord fin octobre avec 2000 joueurs et plus récemment à Montélimar et à Lyon ces deux derniers week-end.

Plus qu’un poker technique, le poker live change complètement l’expérience qu’on a du poker. Samedi dernier à Lyon, j’ai pu testé le sweat Unibet qu’on a bien voulu m’envoyer en contre-partie de porter les couleurs du site. Et mine de rien, porter un sweat d’un site de poker donne déjà une image de joueur sérieux et expérimenté. J’essayais donc de temps à autre de mettre la fameuse capuche pour masquer d’éventuels tells. Ma table numéro 9 n’était pas si facile que ça à jouer, pour preuve : quasiment aucun joueur n’a limpé pré-flop. Un des rares coup avec limp, fut ce coup décisif qui marqua un coup d’arrêt dans ma survie. Le joueur avec qui j’avais joué le coup précédent décide de limper pré-flop UTG+1. Je découvre AT suité au I-jack. Je décide donc de relancer à 800 sur des blinds 100/200, les stacks sont un peu près tous aux alentours de 15k. Ma relance est nonchalante. Je ne regarde même pas qui voudrait entrer dans le coup, me contentant de ranger mes jetons gagnés au coup précédent. Tout le monde se couche, sauf le limpeur qui décide de payer. Le flop arrive donc : 5 4 K avec deux trèfles si j’ai bonne mémoire. Je suis en position et le limpeur décide de check-raise mon C-bet. Je décide de payer pour prendre le pot plus tard. Vient alors la turn qui est un 8 plutôt anodin qui ne fait pas rentrer de tirage couleur. Le limpeur pré-flop décide de checker. Je réfléchis alors à la façon de prendre le coup, tout en continuant d’effectuer le classique shuffle de la main droite. Ce petit tour de jeton, qui devient aussi automatique que du penspinning au lycée, donne une image de joueur pro, alors que je n’ai fait que m’entraîner chez moi devant mon ordinateur.

Ma décision est prise. Le joueur n’a pas l’air de savoir ce qu’il fait. Ce sera un barrel bluff et encore un autre à la river si besoin. Tell un Phil Ivey au sommet de son art. Je mise donc la moitié du pot. J’essaye alors de ne pas bouger, de ne donner aucun tell à mon adversaire. Et ce n’est pas évident. Je me met même à trembler légèrement sans arriver à contrôler mon corps. Je regarde tout de même mon adversaire pour voir ce qu’il va faire. Alors que je le sentais abandonner le coup. Il décide de juste payer. À ce moment là, le pot qui fait déjà au moins 10k est sûrement le plus gros pot à la table depuis le début du tournoi. La river est un 7, qui fait rentrer une éventuelle quinte de l’espace. Mon adversaire décide de checker et comme prévu dans mon plan initial, je mise assez rapidement un dernier barrel bluff à 6k. Il a l’air embêté, il me regarde, hésite un peu et puis annonce « tapis ». Jamais je n’aurais pensé qu’il puisse faire ce moove. Et là parole me revient donc. Toute ma lecture aurait été fausse ? Jamais je ne l’ai senti fort, voir revanchard du coup précédent. Là il doute puis fait tapis… Je ne sais plus quoi penser. Son moove m’ennuie terriblement car je ne peux pas payer avec hauteur as. Mais je ne comprends pas. Surtout qu’il ne me reste que 4k à rajouter pour voir le showdown, soit quasiment rien vu la taille du pot. Et c’est là que l’effet live joue. Car mon esprit n’arrive pas à revoir l’historique de manière claire. Je suis près à abandonner le coup et pourtant j’ai du mal à m’y résoudre. Je suis donc en plein acting à la table. Essayant de faire croire à une décision difficile. Mais un des arguments qui m’a convaincu de coucher ma main, c’était sans nul doute qu’il me restait encore 20 blinds pour jouer derrière. Je finis alors par coucher ma main en disant le « nice hand » traditionnel… le joueur montre alors sa main A3. C’est un énorme bluff qu’il a réussit à placer ! Un autre joueur à la table me demande ce que j’avais et me mettais sur un brelan floppé. Je garanti à la table que j’avais une meilleure main, mais sans révéler laquelle.

Le coup est terrible et je mets plusieurs mains à me concentrer à nouveau sur le jeu de la table sans pour autant montrer le moindre signe d’agacement. Je finis par bust plus tard en début d’après-midi sur des coups anecdotiques. Je termine dans les 90ème sur 120 joueurs au départ, loin de ma performance de la semaine passé à Montélimar où j’avais fait une 6ème place fort sympathique.

Dans l’après-midi, je restais faire quelques sit and go live. Toute expérience est bonne à prendre. Je repartais avec une victoire et une deuxième place sur des short-handed comme le montre cette photo prise à la première élimination, quand il ne me restait que quatre jetons, mais de fortes valeurs. Et avant de quitter la salle, je pouvais voir le début de la table finale, où mon bourreau siégeait encore !