Par VictorP
De 0 à 20 000 € de bankroll en six ans, et sans déposer le moindre centime : RIP_Poupoule nous raconte son incroyable parcours.
Au téléphone, il nous a immédiatement semblé très calme, presque détendu, les pieds sur terre. Pourtant, 48 heures plus tôt, Rayan Hammouche, alias "RIP_Poupoule", venait de remporter son premier titre Winamax Series. Une perf' majeure lui permettant de franchir la barre symbolique des 20 000 € de bankroll, six ans après avoir ouvert Winamax pour la première fois. Entre temps ? Pas un seul dépôt. Ce jeune Toulousain, modérateur de la chaîne Twitch de Chance44, est du genre à prendre son temps et à faire les choses bien, sans chopper la grosse tête. Rencontre avec un joueur normal… mais pas tant que ça.
Salut Rayan. Pour commencer, félicitations pour ta victoire lors des Winamax Series. Tu peux nous raconter ?
C'était une session de Series comme j'en lance d'habitude, du dimanche au jeudi. J’ai sélectionné toute la grille des tournois à 20 € et moins. Au fil des heures, mes tables sautaient une à une, à l’exception de ce Monster Stack à 20 €. Ne lançant aucun tournoi après 22 heures, j’ai dû "monotabler". Et je suis allé au bout, jusqu'à 2h30 du matin : la victoire, ma plus belle, la première à cinq chiffres (10 509 €) ! Jusqu’ici, ma meilleure perf’ était d'un peu moins de 3 000 € sur un Monster Stack 10 €. Si je me rappelle bien, c’était aussi en janvier, l'année dernière. Il faut croire que la période post-Noël me réussit bien.
Ton histoire d’amour avec le poker, ça date de quand ?
À la base, il faut savoir que je suis monsieur tout le monde. Je connaissais le poker comme un jeu de cartes sympa, où l’on s’assoit à une table avec des amis ou de la famille. Je ne comprenais absolument rien à ce que je faisais, mais c’était marrant. En 2017, j’étais étudiant à Toulouse, et il y avait dans mon école une association qui était là pour promouvoir les jeux de société, dont le poker. Ils m’ont parlé de la Winamax Campus League [une compétition étudiante gratuite, NDLR] et ont réussi à me convaincre de les rejoindre. Depuis ce jour, je suis fan de ce jeu.
Tu as une petite particularité : tu fais partie des rares joueurs n’ayant jamais déposé le moindre centime sur Winamax. Tu nous expliques ?
Il y a deux raisons à cela. D'une part, mes parents ont toujours été contre les jeux d'argent, donc je ne me voyais pas commencer à en dépenser de la sorte. D'autre part, j'étais étudiant, je ne gagnais pas d'argent. Donc pour moi, c'était logique. Je n'avais ni le besoin, ni l'envie de déposer le moindre euro sur mon compte.
Logiquement, tu as commencé par des tournois Freerolls pour faire grimper petit à petit ta bankroll. Ça s'est passé comment ?
En attendant les soirs de Winamax Campus League, je lançais des tournois Freerolls pour me familiariser un peu avec le jeu. En parallèle, je commençais à regarder un peu de contenu sur YouTube et je me suis vite rendu compte que ce n’était pas le petit jeu de société familial auquel je jouais dans mon salon. J'ai découvert un monde fait de maths, de probabilités et de stratégies. Je voyais des mecs parler devant des tableaux en utilisant des mots que je n’avais jamais entendus de ma vie : "équité", "range", "value". C'est comme apprendre une nouvelle langue ! Même si ce n’était pas évident, en approfondissant mes connaissances au fil des jours et en jouant sérieusement, j'ai commencé à gagner mes premiers centimes, puis mes premiers euros, que j’ai ensuite investis dans mes premiers tournois Mini Rolls. Après avoir acquis les bases, le Covid est arrivé et j’ai profité de cette période folle pour jouer tous les jours comme un taré. C'était l'Eldorado ! Ma bankroll montait petit à petit, mais j’ai fait le choix de mettre le poker de côté durant deux ans avant de m’y remettre à fond en septembre dernier. Sans aucune attente particulière, j’ai continué de m'améliorer... et le one time est arrivé ! J’ai encore un peu de mal à réaliser.
Ce titre, justement, il change quelque chose pour toi ?
Concernant les tournois que je joue, cela ne va absolument rien changer. Je n’ai jamais pensé monter sur des 50/100 €. Selon moi, c'est tout aussi sympa de rester en basse limite, où il y a de gros coups à faire. On m’a suggéré plusieurs fois de me professionnaliser, mais je n’en ai jamais eu envie. J’adore ce jeu, je ne veux pas que cela devienne un travail au quotidien et en être dégoûté. De devoir jouer quand je n'en ai pas envie, de me forcer à lancer ma session pour telle ou telle raison. En revanche, je pense investir un peu d’argent dans ma propre formation pour passer un palier supplémentaire. Mais, pour le moment, je vais surtout profiter de cela pour préparer un projet avec un pote : un Tour de France à vélo.
Qu’est-ce qui t’a permis de progresser ? Tu travailles tous les jours ?
Tous les jours, non. Après, il faut savoir que je ne suis pas obnubilé par le fait de bosser le jeu. Mais je l’aime tellement que, lorsque je lance une session, j’essaie de jeter un œil à quelques contenus poker pour mieux comprendre certains spots. Mais, finalement, ce qui me fait le plus progresser, c’est de connaître et d’être entouré de Hadrien "Chance44", Juaniitoooo, Marc et tous les autres de la bande.
Elle t'apporte beaucoup cette clique toulousaine ?
Oui, c'est sûr. On débat ensemble de certains coups, ce qui me fait indirectement travailler mon jeu. Ensuite, être modo sur la chaîne de Chance me permet d'engranger de l’expérience et de comprendre sa réflexion. Alors, on peut dire que même lorsque je ne joue pas, le poker fait partie de mon quotidien.
Tu as pu les voir en action dans la GrindHouse. Les rejoindre, faire des parties streamées, ça te tenterait ?
Oui pourquoi pas. Après, il ne faut pas oublier que la plupart des participants de cette GrindHouse jouent assez cher durant les Series, ce que je ne peux pas me permettre. En jouant moins cher qu’eux, j’aurais peur de desservir le projet. Mais sur le principe, je trouve ça génial. Ça joue entre potes, l’ambiance est incroyable, on vibre à fond au moindre deep run. Quand Juani ship le 5 € Rebuys, tout le monde est à fond derrière lui, à crier. En revanche, en ce qui concerne le stream, je ne pense pas. J’ai un peu peur que cela m’enferme trop dans le poker. Je suis quelqu'un qui aime toucher à tout, notamment aux jeux vidéo. Bien que ce ne soit pas dans mes projets, si je devais me lancer sur Twitch demain, je partirai sur un contenu beaucoup plus général où je mêlerai poker, jeux vidéo et autres.
Ton pseudo, RIP_Poupoule, ça vient d’où ?
C'est très simple : j’ai un poulailler chez moi et donc plein de poules. Lorsque l'une d’entre elles est morte, j’ai changé mon pseudo pour lui rendre hommage.
Quel type de joueur es-tu ? Grinder régulier ou récréa qui lance quelques sessions quand l’envie lui prend ?
Ça dépend des moments. En ce moment, je profite de mon temps libre pour passer pas mal de soirées à grind, même si je le fais essentiellement durant les festivals de type Series. En hiver, lorsqu’il fait froid, c’est là que je joue le plus. Mais lorsque le printemps arrive, je ne passe plus mes soirées sur mon PC. Il y a même de grandes chances que je fasse une pause de six mois avant de reprendre quand je le sentirai à nouveau. Au vu de tout ça, je dirais donc que je suis plutôt un joueur récréatif qui se débrouille plutôt bien.
Aurais-tu des conseils et des mises en garde pour les joueurs qui souhaiteraient s’inspirer de ton parcours ?
Honnêtement, je pense que si j’en suis là aujourd’hui, c’est en partie dû au fait que cela n’a jamais été un objectif à mes yeux. Je n’avais aucune attente. Le poker n’a jamais été pour moi un moyen de vivre. J’ai terminé mes études, j’ai eu un travail, et il se trouve qu’à côté, j’ai une passion qui peut me permettre de gagner des sous. Donc tant mieux, mais ça s’arrête là. Si j’avais des conseils à donner, je dirais que le plus important est de faire preuve de beaucoup de patience, de sérieux, et surtout de ne pas se mettre la pression. Il faut également être en forme physiquement, et ne pas jouer fatigué, car cela pourrait influer en mal sur certaines décisions. Pour le reste, la première chose qui me vient à l’esprit est de ne pas se mettre en tête qu’en un an, n’importe qui peut réussir à monter une bankroll d’un million d'euros. C'est beaucoup plus compliqué que ça. D'ailleurs, autre point important à ne pas négliger : la gestion de bankroll. Mes copains toulousains vont sûrement se moquer de moi en lisant cela, parce qu'avec ma bankroll actuelle, j’ai largement de quoi pouvoir jouer les 20 € et plus. Si je ne le fais pas, ce n’est pas parce que je suis un nit, mais bien parce que je n’ai pas d’objectif et d’attente particulière. Donc, étant du côté prudent de la force, je reste tranquillement sur les 5/10 €, et ça me va très bien.
Ton mot de la fin ?
Merci Wina ! Et à très vite sur les prochaines Series !
Les pages à suivre
