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Interview d'Olivier Galle

Interview d’Olivier Galle

Il est probablement l'international français le moins connu du pays, il a pourtant représenté l'Equipe de France lors d'une Coupe du monde : voici Olivier Galle, quart de finaliste de la Copa Manageria, compétition officielle de Football Manager.

Comment as-tu commencé à jouer à Football Manager ?

J’ai commencé à jouer aux jeux de management de foot aux alentours de la Coupe du monde 98. C’est mon frère ainé qui achetait ces jeux et on y jouait ensemble. Il me semble que les premiers jeux auxquels on a joué à l’époque étaient L’Entraineur 98 et Football Manager 98 (qui était édité et produit par Sierra/Impressions Games). Dès le début, nos parties étaient jouées à deux, l’un contre l’autre, dans le même championnat ou non. Tous les ans, on achetait la dernière version du jeu, jusqu’aux débuts du Football Manager de Sports Interactive que l’on connait aujourd’hui. Vingt ans de rivalité plus tard, on n’a toujours pas décroché !

Comment passe-t-on du jeu « pour le plaisir » à la compétition ?

Ayant joué quasiment toutes mes parties en compétition contre au moins un autre joueur humain depuis très longtemps, j’aurais tendance à dire que j’ai toujours joué dans un climat compétitif. Cela dit, mêmes ces parties en réseau sont loin de la pression que l’on peut se mettre soi-même sur les épaules en compétition. D’habitude, perdre un match de Ligue des Champions contre mon frère ou contre un autre joueur n’était pas problématique. Même si c’est frustrant, au pire il y avait la saison suivante. Là ce n’est pas pareil, chaque match peut être abordé comme une finale de LDC. Quand on commence à gamberger un peu trop, on se retrouve facilement à se mettre beaucoup de pression.

Quelle a été ta plus belle partie, celle avec laquelle tu as pris le plus de plaisir ?

Je crois que c’était sur l’opus 2015. Je jouais avec une base de données customisée dans laquelle j’avais rajouté tous les joueurs ainsi que le staff de Captain Tsubasa (Olive et Tom en français). Je crois que c’est à partir de cette période que j’ai commencé à quasiment plus m’amuser avec les bases de données « fantasy » qu’avec celle de base du jeu. Jouer avec ces joueurs était bien sûr un sacré kiff !

C’est aussi dans cette partie que j’ai réussi un petit challenge personnel, remporter la Coupe du Monde cinq fois de suite avec cinq nations différentes, une de chaque continent. Il me semble avoir gagné dans l’ordre avec la France, le Brésil, le Japon, l’Arabie Saoudite puis l’Australie. La dernière était très épineuse, mais j’avais quelques très bons regens (les joueurs virtuels générés par le jeu pour « remplacer » les joueurs qui partent à la retraite) et un peu de chance pendant la compétition !

Qu’est-ce qui change entre un joueur amateur et un joueur « pro » (au niveau du plaisir ressenti, du niveau de préparation et de précision apportée au jeu) ?

J’aurais tendance à dire qu’en jouant juste pour jouer, on peut se permettre certaines imprécisions justement. Il est plus facile d’accepter la défaite et de passer outre pour avancer au prochain match et ne plus y penser. Alors que dans un tournoi par exemple, au moindre but encaissé, on commence immédiatement à se remettre en question. Pourquoi est-ce que j’ai pris ce but ? Quelle est la consigne défensive qui fait qu’il a pu se procurer cette opportunité ? Comment empêcher ça ? Des fois on réfléchit juste trop, des fois on en prend un second dans la foulée avant d’avoir fini la réflexion.

Les matchs en compétition sont beaucoup plus stressants que quasiment tous ceux que j’ai pu jouer en solo ou même en réseau, mais le plaisir de la victoire est incomparable au final. Chaque consigne, aussi bien collective qu’individuelle a un impact et, si l’intelligence artificielle devient rapidement assez « facile » à prédire, tous les joueurs humains ont des tactiques uniques contre lesquelles on ne sait jamais comment va fonctionner celle que l’on a concocté !

L’expérience est donc primordiale, la connaissance du jeu également, dans l’éventualité où notre choix initial de tactique ne prenne pas l’avantage sur celle d’en face. Il faut être capable d’identifier rapidement pourquoi et comment changer ça efficacement. Il y a certains types de jeu que je n’ai jamais vu chez l’IA et que j’ai pu rencontrer plusieurs fois chez des joueurs humains. Il est toujours déstabilisant d’être confronté à ce genre de choses pour la première fois. C’est une expérience complètement différente du jeu.

Tu as représenté l’Equipe de France à la Coupe du Monde de Football Manager. Quelle sensation procure le fait d’être international français ? Comment as-tu été sélectionné ?

Tout s’est passé très vite. J’avais vu passer un tweet parlant brièvement d’une compétition FM aux studios de Sports Interactive, donc je me suis empressé de cliquer dessus. Ça renvoyait vers un formulaire à remplir à propos de notre expérience sur le jeu, notre palmarès, depuis combien de temps on y joue, ainsi qu’un champ de 140 caractères dans lequel il fallait renseigner notre plus belle réussite sur le jeu.

De mémoire, ils ont reçu près de 600 candidatures en moins d’une semaine, et ils ont tout épluché à partir de là. A priori, j’avais le CV le plus intéressant (et pratique, vivant sur Paris, pouvant me déplacer facilement & parlant couramment anglais, un gros plus organisationnel pour eux). J’ai donc reçu ce qui était surement un des coups de téléphone les plus kiffants de ma vie : « Salut Olivier, es-tu toujours disponible pour participer à la compétition ce week-end ? » Ce fut une expérience assez extraordinaire et je ne me lasserai certainement jamais de me dire que j’ai pu représenter la France à mon jeu favori, dans les locaux de Sports Interactive !


C’était la première compétition internationale. Comment s’est-elle déroulée ?

En termes de format, la compétition suivait un peu celui de la Ligue des Champions. On était séparés en groupes de 4, avec une rencontre entre chaque joueur et seuls les deux premiers sortaient pour jouer la phase finale à élimination directe, qui, elle, se déroulait sur des matchs aller/retour.

Le règlement était assez simple, on a commencé le samedi dès notre arrivée par faire une « draft » entre les 16 participants. Il nous était imposé de sélectionner 18 joueurs, dont au moins 5 de notre nationalité, qui devaient nécessairement être nos 5 premiers choix, le tout grâce à un budget de 560M€. Ensuite, il a fallu tout préparer, tactiquement, etc. Étant donné que l’on jouait sur les ordinateurs de Sports Interactive, on ne pouvait pas importer de fichiers donc il fallait tout faire de zéro. Pour cette étape nous étions limités à 15 minutes.

Les matchs ont ensuite commencé. Pour les compositions, la seule limite était d’avoir au moins 3 joueurs de notre nationalité sur le terrain au coup de sifflet de départ. Une fois le match lancé, nous avions droit à une pause par mi-temps, d’une durée maximale d’une minute ! Tout changement était donc rendu crucial, et se devait d’être murement réfléchi, d’autant qu’il y avait du coup un énorme avantage à ne pas être le premier à faire son changement : cela donne le luxe à l’adversaire de pouvoir s’adapter à tes changements, et donc de couper l’herbe sous le pied de l’opposition, sans véritable chance d’y répondre.


L’eSport s’est énormément développé ces dernières années. Les clubs professionnels commencent désormais à s’intéresser à Football Manager, comme Nantes, qui a récemment recruté un joueur. Penses-tu que FM peut connaitre le même succès que FIFA ? Et toi, serais-tu intéressé si l’on te proposait de devenir un joueur professionnel ?

Je pense que FM peut avoir un certain succès dans un domaine compétitif. Avoir un succès similaire à FIFA sera très difficile, il y a de gros efforts et des progrès à faire à plusieurs niveaux pour ça. Football Manager a toujours été présenté comme un jeu solo avant tout, et réussir à montrer aux très nombreux joueurs du jeu qu’il peut être bien plus que cela sera la plus grosse barrière à franchir pour développer une scène compétitive. Clairement, les retours de la communauté suite aux récentes compétitions qui ont eu lieu étaient très positifs donc je suis assez confiant sur le chemin pris par les choses.

On commence d’ailleurs à voir des tournois plus professionnels, avec par exemple la FMWEC (Football Management World Esport Championship), qui s’est déroulée début avril à Birmingham avec pas moins de 25 000 £ en jeu. C’était également une expérience assez exceptionnelle à vivre en tant que joueur. Faire partie de tout ça et pouvoir dire « j’ai été à ces évènements », « j’ai fait les premières vraies compétitions de FM », c’est déjà quelque chose d’assez satisfaisant. Après, bien sûr que si j’ai l’opportunité de devenir joueur pro, je vais la saisir ! Ça serait un peu le job de mes rêves (rires).

Le jeu possède une base de données énorme, et n’hésite pas chaque année à innover pour être le plus réaliste possible. Dans quelle mesure penses-tu que Football Manager peut avoir une réelle influence sur le monde du football ?

Je pense que le jeu a déjà un impact sur le foot, dans la mesure où plusieurs clubs sont liés à Sports Interactive pour avoir accès à leur base de données. C’est dire la puissance du réseau mis en place par les équipes du jeu pour la créer. Il me semble qu’il y a plus de 300 000 joueurs dans le jeu au total, donc autant de rapports disponibles pour les clubs du monde entier. Même si, dans de nombreux cas, ça ne remplace pas le travail de réels recruteurs, puisque le travail de recherche est fait par des bénévoles, je pense que ça donne quand même toujours une bonne idée de base. Tant que le jeu continuera de progresser et d’améliorer cet aspect, devenir de plus en plus complet, archivant plus de joueurs et avec des profils de plus en plus détaillés, son influence ne pourra que s’agrandir. Après, avoir une influence au-delà d’être un outil agrémentant le travail des recruteurs, je ne sais pas.

Pour finir, peux-tu nous pronostiquer les 8 matchs de L1 de ce week-end ?


Session one-shot « Tacticien »

La pépite à recruter absolument sur FM 2018 ?

Paulinho (Vasco de Gama)

Plutôt hipster qui se lance en D4 islandaise ou à la cool dans un grand championnat ?

À la cool dans un grand championnat

Plutôt Keirrison ou Carlos Fierro ?

Carlos Fierro

Plutôt Pep Guardiola ou José Mourinho ?

Pep Guardiola

L’humilité de Genesio ou la chatte de Deschamps ?

J'ai toujours les pires tirages humainement possibles dans le jeu donc j'aimerai bien avoir la chance légendaire de DD pour changer !