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Interview de Yoan Séverin

Interview de Yoan Séverin

De son premier club à l’Olympique Lyonnais, des terrains montagneux savoyards au Juventus Center, de la Primavera à la Jupiler League et de l’UEFA Youth League à l’Équipe de France, retour sur le parcours en montagnes russes d’un jeune joueur.

Avant de commencer, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Yoan Severin, j’ai 21 ans. Je suis né le 24 janvier 1997 à Villeurbanne (69). J’ai commencé le football à l’âge de 6 ans. Mon premier club de football était l’Isle d’Abeau FC. À 8 ans, j’ai ensuite rejoins le FC Bourgoin-Jallieu sur demande du coach de l’époque, qui tenait vraiment à me faire venir.

Tu as grandi en terres iséroises, où tu es passé du niveau régional au niveau national, notamment en reculant sur le terrain.

Quand j’arrive à Bourgoin, j’étais attaquant. Manu Mendes, le père de mon meilleur ami, qui était mon coach, m’a repositionné latéral gauche. Il m’a dit qu’il me voyait bien à ce poste-là. Le temps lui a donné raison puisque je suis parti à l’OL en tant que latéral. Au début, franchement, je n’étais pas très content. Après, j’ai enchaîné les matchs, et finalement je trouvais que je n’étais pas si mal à ce poste-là. Bon, je n’avais pas le choix, mais au final je me suis rendu compte que j’étais plus à l’aise que devant.

C’est donc en qualité de latéral que tu intègres le centre de formation de l’OL.

Premièrement, c’était une immense fierté de signer à Lyon. C’est le club phare de la région et c’est mon club de cœur, celui de toute ma famille. J’étais très content d’aller là-bas. J’ai fait deux ans au club. Pendant un an et demi, ça s’est super bien passé. Durant les six derniers mois, c’était un peu plus compliqué. J’étais en perte de confiance. À la fin de la saison, le staff m’annonce que je ne serai pas conservé. Moi, j’avais 15 ans, c’était dur. Je suis sorti du bureau en pleurant. Mais bon, après, il n’y a pas que l’OL comme club. Finalement, j’ai rebondi à Évian et ça s’est super bien passé.

Ta carrière oscille entre hauts et bas. Tu as la chance d’être très bien entouré, notamment par deux de tes mentors, ton père, et Souleymane Cissé.

Mon père est la première personne que j’appelle lorsque j’ai un problème ou un choix à faire. Après, j’appelle Manu Mendes. Souleymane Cissé, dès mon arrivée à Évian, m’a annoncé qu’il allait me faire jouer dans l’axe avec les 1996 en U17 National. Il m’a dit qu’il avait énormément confiance en moi, qu’il était persuadé que j’allais être bon en tant que défenseur central. Du moment que le coach a un discours comme ça, tu ne peux jouer qu’avec énormément de confiance. J’ai beaucoup joué, j’ai enchaîné les bonnes performances… Même à l’heure actuelle, on s’appelle souvent.

La confiance joue visiblement un rôle majeur dans tes performances.

À Lyon, j’ai eu la confiance du coach durant un an et demi. Après, j’ai été un peu moins bien durant 4-5 mois. Lorsque l’on m’a annoncé que je n’étais pas conservé, je me suis libéré. J’ai ensuite été convié à un grand tournoi à Neuville-Sur-Saône, normalement réservé aux joueurs conservés. Au final, franchement, j’ai fait un super tournoi. C’est là qu’Évian m’a repéré.

Tu fais partie des rares joueurs qui peuvent se vanter d’avoir repoussé les avances de la Juventus. Pour quelle raison ?

Au début, ils m’ont présenté leur projet et les ambitions qu’ils nourrissaient pour moi. À ce moment-là, je me disais « c’est la Juve, quand même ! » Après, pendant deux jours, j’ai pris le temps de réfléchir. Je ne me sentais pas encore prêt à partir à l’étranger, et en plus j’avais attaqué la saison avec mes coéquipiers. Evian est un club à qui je dois beaucoup, c’est là-bas que je me suis relancé. J’ai donc décliné l’offre.

Finalement, tu as réalisé que le train était passé une fois et qu’il ne reviendrait peut-être plus…

Carrément ! Évian était un club professionnel et les résultats étaient catastrophiques. En six mois, je crois qu’on a gagné qu’un match. Souleymane Cissé voulait me récupérer avec les U19 mais le coach des U17 ne voulait pas me laisser monter, il y a eu des histoires… Au final, j’étais bloqué en 17. Les 19 tournaient, pas nous. Du coup, j’ai pris la décision de partir. Je me suis dit que le train était passé une fois, qu’il repassait une deuxième fois et que c’était sûrement la dernière ! Je me suis dit qu’il fallait y aller. En six mois, j’avais pris beaucoup d’expérience. La deuxième fois, j’ai accepté direct !

C’est alors que Pascal Dupraz tente de te retenir à Évian en te faisant quelques belles promesses. Étaient-elles sincères ?

Franchement, je ne sais pas du tout. En tout cas, ma décision était prise. J’ai été très clair quand Pascal Dupraz m’a convoqué dans son bureau. Je lui ai dit que je voulais absolument signer à la Juve. Je pense que j’aurais fait les entraînements avec les pros à l’ETG, mais de là à être dans le groupe le week-end…

Dire non à la Juventus, c’est très courageux, d’autant plus que tu avais décliné une première proposition de l’OL lorsque tu étais encore à Bourgoin. Cette fidélité à tes clubs, est-ce quelque chose qui te caractérise ?

Ça vient de mon éducation. Mon père me répète souvent qu’il ne faut pas oublier d’où l’on vient. Bourgoin m’a permis de m’épanouir et de signer à l’OL. À Evian, pareil.

Tu prends ainsi ton envol vers l’Italie et de nouveaux horizons. Quel était ton ressenti au moment de faire le grand saut ?

Quand j’ai accepté l’offre de la Juve, je savais que je partais dans un autre pays mais je ne me rendais pas vraiment compte que ce serait si difficile au début. Je ne vais pas te le cacher, les premiers temps, c’était vraiment dur. Heureusement, ma famille et mes proches étaient là pour moi dans les moments compliqués. Par la suite, dès que j’ai commencé à parler l’italien, ça allait mieux. J’ai passé quand même trois bons mois où c’était vraiment compliqué.

L’environnement, les infrastructures… Tu atterris sur une autre planète à Turin.

La différence entre la Primavera et les pros est énorme ! Ce sont des stars, les mecs sont là, ils ont joué plus de 300 matchs au haut niveau. Donc là, tu te mesures aux tous meilleurs joueurs du monde. Ils m’ont donné beaucoup de conseils. Comme j’étais Français, je parlais beaucoup avec Paul Pogba puis Mario Lemina quand il est arrivé. Ensuite, j’ai été proche de Mehdi Benatia ; d’ailleurs, on est encore en contact. C’est toujours bon d’écouter les conseils de grands joueurs.

Malgré un contrat professionnel en Italie, tu décides l’hiver dernier de donner un nouvel élan à ta carrière en t’engageant du côté de Zulte-Waregem. Pourquoi ce choix ?

À la Juve, j’étais en jeunes, je m’entrainais avec les pros mais le week-end je jouais en Primavera. J’arrivais à un âge où j’avais besoin de découvrir autre chose. Quand je suis arrivé en Équipe de France, les autres jouaient déjà tous en Ligue 2 ou en Ligue 1. Donc à ce moment-là, j’ai ressenti ce besoin d’aller au haut niveau et d’aller me confronter aux plus grands. Le coach de Zulte m’avait vu en Équipe de France et m’a contacté. J’ai fait l’aller/retour en Belgique pour visiter les installations et parler avec lui. Il a eu un discours qui m’a vraiment convaincu donc j’ai décidé de signer là-bas.

Zulte-Waregem est un club satellite de Turin. Cela a joué dans ton choix ?

Le partenariat avec Zulte n’est plus vraiment viable mais je suis quand même en contact avec certains dirigeants de la Juve. Dans la vie, on a tous des objectifs, des rêves, et sur le long terme le mien est de reporter un jour le maillot de la Juve en équipe première. Mais d’ici là, j’ai encore beaucoup de boulot…

Tu as aussi eu le privilège d’être convoqué en sélection nationale. Comment s’est déroulée ton intégration ?

Mon premier rassemblement en Équipe de France s’est super bien passé. Au début, j’appréhendais, je me suis dit que j’arrivais quand même dans un groupe qui était champion d’Europe. Les joueurs, pour la plupart, se connaissaient déjà tous. Je suis arrivé en même temps que Maxime Lopez, on était les petits nouveaux et on a été très bien accueilli. Concernant la Coupe du monde en Corée, il y a eu énormément de déception. Je pense qu’on était la nation la plus forte du tournoi, même si on s’est fait sortir. Pour moi, individuellement, et même collectivement, on était l’équipe la plus forte. Après, pour aller au bout, il faut un peu de réussite… C’est une immense déception car on avait vraiment à cœur de remporter ce Mondial.

Tu n’as plus de temps de jeu à Zulte. Peux-tu nous faire un point sur ta situation ?

Au début, quand je suis arrivé au club, j’ai enchaîné les matchs. Tout se passait super bien. À un moment donné, on joue à domicile et je rate mon match, comme toute l’équipe en vérité. On perd. À partir de ce moment-là, le coach a commencé à ne plus me parler. Je suis parti en Équipe de France dans la foulée, il m’a félicité et a trouvé ça bien. Mais à mon retour, il y a eu un manque de communication entre lui et moi. J’ai eu une perte de confiance car je sentais que le coach n’était plus derrière moi et ne me soutenait plus vraiment. Donc là, pour le moment, je suis dans une situation compliquée. Le plus frustrant, c’est que les résultats ne sont pas bons… Et ceux qui jouent à ma place, je n’ai rien à leur envier. Après, ce sont les choix du coach, je les respecte. Mais c’est frustrant.

Comment vis-tu cette mise à l’écart ?

Je pense que l’aspect psychologique est hyper important dans le football. Comme dans la vie d’ailleurs. Le coach se comporte ainsi, c’est sa façon de travailler et je la respecte. Mais je pense que parler avec ses joueurs, surtout les jeunes comme moi, c’est important. Rater un match, ça arrive à tout le monde, même aux plus grands. Normalement il aurait dû être capable de venir me parler et de me dire les choses, et c’est tout.

Tu te trouves donc dans une impasse…

Pour l’instant je suis à Zulte, mon souhait, franchement, ça serait de trouver une solution. Trouver un club où je puisse m’épanouir et montrer mes qualités. On verra comment les choses évoluent mais je ne demande qu’une chose : jouer. J’ai envie de montrer de quoi je suis capable comme j’ai pu le faire par le passé. Je ne vais pas partir pour partir, il faut vraiment qu’il y ait un projet sportif intéressant. Sans parler de l’aspect financier car ça, ça ne m’intéresse pas. Je cherche surtout un projet sportif où le club me veut vraiment et où le coach a confiance en moi.

Ta situation te préoccupe-t-elle vis-à-vis de l’Équipe de France ?

C’est sûr que ça m’inquiète mais c’est logique. Je n’ai pas de temps de jeu donc le sélectionneur ne va pas convoquer un joueur qui ne joue pas. En Espoirs, il y a beaucoup de monde, notamment des 96. Je n’ai pas eu le nouveau sélectionneur au téléphone mais c’est normal qu’il prenne des joueurs qui ont du temps de jeu dans leurs clubs, surtout qu’il y a beaucoup de concurrence.

Session one-shot « QCM »

Ton club de cœur ? Lyon.

Le club avec les meilleures installations ? Juve.

Le club qui t’a procuré tes meilleurs souvenirs ? Juve.

Le club où tu as croisé ton meilleur coach ? Manu Mendes à Bourgoin et Souleymane Cissé à Évian.

Le club où régnait la meilleure ambiance ? Évian.

Donc il était à Lyon il a plus joué, il est parti à Evian au bout de 6 mois il est parti parce qu’il y avait une embrouille, il est parti à la Juve où il a jamais joué à part en jeunes, il est parti à Zulte où il joue plus on sait pas trop pourquoi … Il aurait pas un petit problème de choix de clubs ? Il doit pourtant pas être mauvais s’il a été appelé en EdF …