redirection

Interview de Florian Taulemesse

Interview de Florian Taulemesse

Actuel meilleur buteur du championnat chypriote, Florian Taulemesse (AEK Larnaca) est dans la forme de sa vie. À 32 ans, le natif de Bagnols-sur-Cèze porte un regard lucide et riche en enseignements sur un parcours atypique. Entretien.

Bonjour Florian ! Avant de commencer, parle-nous un peu de ton poste et ton profil de jeu. Es-tu un pur avant-centre ou tu préfères jouer sur un côté ?

Mon poste de prédilection, c'est avant-centre. Je suis un pur buteur, avec dans l'idéal un meneur de jeu derrière pour m'alimenter en ballon. Mais je peux m'adapter à toutes les configurations. Avec mon gabarit, je peux servir de pivot, aider l'équipe à remonter le bloc et conserver le ballon.

Après une année en National à Gueugnon, en 2009 tu débarques en D3 espagnole, à Terrassa. Quelles différences notes-tu entre les deux pays, au niveau de l’organisation et du niveau de jeu ?

En France, je trouve que les entraînements sont trop axés sur le physique. Les préparations sont rudes, on ne touche pas assez le ballon à mon goût. Le foot, ce n'est pas de l'athlé ! En tout cas, cela se passait comme ça à mon époque. Lors de mon passage en Espagne, j'ai beaucoup plus travaillé sur l'aspect technique. On se concentre sur l'explosivité, plus que le physique. J'ai clairement plus progressé avec le ballon grâce à cela. Si j'étais resté en France, je n'aurais probablement pas ajouté ces qualités à mon jeu.

Tu restes 4 ans en Espagne, avec notamment une saison pleine en Liga Adelante (D2) à Sabadell. Tu joues 32 matchs et marques 7 buts cette saison-là. Planter plus que l'attaquant du Real Madrid en championnat, qu’est-ce que ça fait ?

On ne peut pas comparer sa carrière à la mienne. Ni son compte en banque d'ailleurs (rires) ! C'est un grand joueur, et pour réussir en Espagne, dans le plus grand club du monde, il faut être au-dessus des autres. La D2 espagnole, c'est vraiment le haut niveau, j'ai joué contre des gros calibres comme le Celta Vigo, Valladolid, Alméria, le Barça B... Des joueurs de grande qualité comme Vitolo, Thiago Alcantara ou encore Juan Carlos Valerón du Deportivo la Corogne. L'intelligence de jeu, la prise d'information avant d'avoir le ballon, la justesse technique, c'est impressionnant.

En 2013, tu signes à Eupen, en Belgique. Vous montez en Jupiler League en 2016. Tu joues beaucoup et inscris beaucoup de goals, comme ils disent là-bas. Quel regard portes-tu sur ton passage de la D2 à l’élite, cela demande-t-il une concentration et une implication plus importante ?

A Eupen, j'ai eu l'honneur de travailler avec Tintín Márquez, le coach espagnol de l'époque qui m'a fait travaillé sur mes points faibles. Sur le plan de la conservation du ballon, le fait d'utiliser mon corps pour déstabiliser les défenses. Tout au long de ma carrière, j'ai l'impression de progresser au fil des années, c'est ce qui me pousse chaque jour à continuer et faire les efforts. Dans ce club, les supporters m'ont offert beaucoup de chaleur humaine, je les remercie aujourd'hui pour leur soutien.

Tu évolues à l’AEK Larnaca depuis 2 ans, en D1 chypriote. Vous terminez vice-champion de Chypre la saison dernière, ce qui n’est pas anodin. En France, on se souvient que l’Apoel Nicosie avait éliminé l’OL en 8e de finale de Ligue des Champions. On a l’impression que ce championnat progresse à vitesse grand V, tu confirmes ?

Franchement, oui. Avant, il y avait l'Apoel et les autres clubs. Aujourd'hui, tu as 5 ou 6 équipes capables de jouer le titre. Cette saison, on a failli éliminer Plzen en barrages d'Europa League, cela ne s'est pas joué à grand chose. Dans les stades, il y a une ambiance incroyable, comparable à ce qu'il se passe en Grèce. Des stades remplis de 25 000 places, chauffés à blanc ! Le seul bémol, c'est que pour le moment, les équipes du bas du classement sont plutôt faibles.

21 buts en 21 matchs, tu finis meilleur buteur de la saison régulière, chapeau ! Où en êtes-vous au niveau des play-offs cette saison, pouvez-vous encore jouer l’Europe ?

Il nous reste 2 matchs à jouer, et nous sommes officiellement qualifiés pour l'Europa League la saison prochaine. Pour la 4e année consécutive ! Le club s'installe petit à petit comme une référence nationale. Pour ma part, l'objectif personnel, c'est bien sûr de terminer meilleur buteur du championnat. Cela ne va pas être simple, car je reviens de 2 mois de blessure, je dois encore retrouver mes sensations. Mais je suis très fier de cette saison, j'ai prolongé récemment, tout va bien.

À désormais 32 ans, avec l’expérience et les statistiques que tu présentes, penses-tu être au top de ta carrière ? Finir en France dans l’élite, tu y réfléchis parfois ?

Effectivement, je pense être au top de ma carrière, tant sur le plan des statistiques que du jeu. La France, je n'y crois pas trop. Comme tu le dis, j'ai 32 ans, et on colle facilement une étiquette de joueur sur le déclin. Alors que c'est faux ! Après, si l'OM m'appelle, je ne vais pas te mentir, j'y vais (rires) ! C'est mon club de coeur, je regarde tous leurs matchs.

En parlant de Ligue 1, suis-tu un peu ce qu’il se passe cette saison ? Quelle équipe vois-tu le plus finir sur le podium : Lyon, Monaco ou Marseille ?

Objectivement, Lyon est en confiance, avec toutes les dernières victoires accumulées, je les vois mal s'écrouler sur la fin. En ce qui concerne Monaco, la dynamique n'est clairement pas de leur côté. Je pense que Marseille va passer devant eux. En tout cas, je l'espère !

Pariez sur Marseille finira sur le podium de Ligue 1

Session one-shot « Flo Tau' »

Chypre grecque ou Chypre turque ?

Chypre grecque. Si je dis le contraire, je suis mort (rires) !

Paëlla ou Moussaka ?

Paëlla, évidemment ! De plus, ma femme est d'origine espagnole.

Célébration oreilles décollées ou doigt devant la bouche ?

Cela dépend de la situation. Mais j'ai un petit faible pour oreilles décollées.

François Damiens ou Benoît Poelvoorde ?

Aucun des deux. Parle-moi plutôt de la Casa De Papel !