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Interview de Florent Bodin

Interview de Florent Bodin

Journaliste multi-tâches, Florent Bodin a travaillé dans des medias spécialisés sur la NBA et sur le football, avant de co-réaliser le documentaire « Le K Benzema ».

Tu as commencé à réaliser des reportages pour Orange Sport puis pour Telefoot. Est-ce cela qui t’intéressait le plus dans le journalisme ?

En fait, pas forcément au départ. Je savais que je voulais être journaliste sportif depuis très longtemps, mais je ne savais pas vraiment sous quelle forme. J'ai même commencé en écrivant des papiers basket sur le site basketsession.com et le magazine Reverse. J'ai fait de la radio en école de journalisme et en stage. J'ai même commenté un peu de foot et surtout la NBA quand Orange avait les droits pendant 2-3 saisons. Donc je touchais à tout, mais c'est vrai qu'avec Telefoot, j'ai découvert le reportage, et je me souviens d'une époque où l'émission nous donnait la possibilité de faire de temps en temps un reportage un peu plus long, un peu détaché de l'actu chaude, et j'adorais ça. Des grands portraits, des reportages sur la passion du foot à travers le monde, etc. Le basculement vers le documentaire a été assez logique pour moi.

Comment expliques-tu que dans le journalisme actuel, le fond soit de plus en plus délaissé, au profit de sujets à potentiel buzz ?

Il y a évidemment une logique de rentabilité pour un média qui crée un "buzz". On cherche le clic, on cherche l'info qui va être reprise dans le monde entier et fera donc la promo du média. On cherche à fidéliser une audience. C'est à rapprocher aussi de la notion de "scoop", qui a toujours poussé grands nombres de journalistes dans leur travail. Je respecte ça. Le problème c'est qu'aujourd'hui tout le monde peut balancer des infos (surtout dans le foot) plus ou moins vérifiées, et le lendemain on passe à autre chose. Ça tire un peu le travail de tout le monde vers le bas.

Tu as récemment co-réalisé le documentaire Le K Benzema. Peux-tu nous raconter comment tout s'est déroulé ?

J'ai rejoint l'aventure du K Benzema juste avant le début du tournage grâce à Damien Piscarel, le co-réalisateur, qui m'a proposé de travailler avec lui. Je n'étais pas là pendant le développement du projet, mais c'est finalement assez simple. La boite de production Black Dynamite venait de sortir un documentaire Les Bleus, une autre histoire de France (qui est disponible sur Netflix d'ailleurs), et le producteur Eric Hannezo avait tenté de convaincre Karim Benzema d’apparaître dans ce documentaire, via son agent Karim Djaziri. Finalement ça n'avait pas pu se faire. Mais les deux hommes se connaissent bien car Eric Hannezo est l'ancien producteur de Téléfoot, et à l'époque il avait crée un rendez-vous récurrent, avec un reportage "inside" une fois par mois avec Benzema lors de sa première saison au Real Madrid.

Karim Benzema et son entourage ont vu le documentaire sur les Bleus. Ils ont aimé le traitement, la forme et le fond, et ils sont donc revenus vers Black Dynamite en leur disant que Karim serait ok pour s'exprimer en longueur dans un documentaire du même genre. Après, la machine était lancée, et quand Damien Piscarel m'a proposé le projet, je ne pouvais pas refuser.

Vous avez obtenu plusieurs témoignages. Cependant, Didier Deschamps a refusé de s’exprimer. N'avez-vous pas eu peur que la sensibilité du sujet rende le projet impossible ou difficile à finaliser ?

Quand Damien est revenu de Madrid avec le témoignage de Zidane et la première longue interview de Benzema on savait que déjà c'était presque gagné. Le fait de voir Karim Benzema ouvrir des portes, se confier, c'est suffisamment rare donc on se dit "on est pas mal". En ajoutant à ça le témoignage de Zidane qui reste, je pense, le sportif préféré des Français, on s'est dit "on est vraiment pas mal". Après, évidemment, on a eu des refus, mais on savait que ça allait être compliqué et on a travaillé pour obtenir le plus de témoignages intéressants. Par exemple, je pars faire l'interview de Thierry Henry à Londres alors qu'on approche de la fin du montage car la négociation a été un peu longue.

Il fallait qu'on puisse être flexibles, car en fait ce qui nous inquiétait le plus, c'était la gestion des différents événements concernant Karim Benzema qui allaient se passer pendant nos 6-7 mois de tournage. Et s'il se blesse ? Et s'il est rappelé en Bleu ? Et s'il est transféré ? Et si une décision de justice tombe dans l'affaire ? Au final, il réalise l'une des plus belles saisons de sa carrière avec un doublé championnat-Ligue des champions, il sort une action de malade mental en demi-finale de C1, il prolonge son contrat avec le Real et tous ces événements sont devenus des moments forts du documentaire alors qu'ils n'étaient pas forcément prévus.

Le documentaire est désormais disponible sur Netflix. On sait que la plateforme s’intéresse de plus en plus au football tout en cherchant à développer du contenu original, comme avec la Juventus. Comment expliques-tu cela ? Te verrais-tu collaborer avec eux à l’avenir ?

Je pense que Netflix est désormais un média à part entière et réfléchit donc à proposer un contenu varié et de qualité à ses utilisateurs, avec cette ambition d'attirer leur attention par les sujets traités. Quoi de mieux que le sport et le foot pour faire ça ? Cela soulève tellement de passion, d'émotion, d'amour ou de haine...

Se retrouver à côté des documentaires sur Tyson ou Iverson sur une plateforme accessible dans le monde entier, c'est quand même exceptionnel. Je réalise que Netflix est une chance énorme pour le "genre" documentaire, et pour les gens qui comme moi travaillent dans cette industrie.

Des nouveaux projets vont-ils voir le jour rapidement ? Comptes-tu t’éloigner du sport ?

Mon nouveau documentaire est consacré au phénomène du stand-up en France. Il passera mercredi 23 mai à 21h sur Canal Plus. Je ne compte pas forcément m'éloigner du sport mais j'aimerais continuer à évoluer dans une sphère qui mélange sport, culture et société. D'ailleurs sur le tournage du documentaire, on a beaucoup parlé foot en off avec les humoristes. Ils adorent ça ! Tous ces univers sont liés, beaucoup plus qu'on ne le pense.

Regardez la bande-annonce de Get up ! Stand-up !

La Coupe du monde approche. Quelle équipe va s’imposer selon toi ? Jusqu’où ira l’Equipe de France ? Qui finira meilleur buteur ?

Je pense que l'Allemagne et l'Espagne ont un peu d'avance sur les autres nations donc je les mets en favoris. Juste derrière, je mets la France et le Brésil.

Pour l'Equipe de France, j'ai l'impression que tout le monde se dit : quart de finale, c'est le minimum; une demi ce serait logique; et la victoire en finale un exploit. Je pense un peu pareil.

Le meilleur buteur ? Hum... Neymar, mais pas ouf, genre 5 ou 6 buts.

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Ton autre passion, c’est le basket et notamment la NBA. Quel est ton regard sur les Playoffs cette année ? Les Warriors vont-ils encore l’emporter ?

Quand Cleveland galérait en saison régulière et que Houston dominait la conférence Ouest, j'étais quand même persuadé qu'on allait avoir droit à la même finale que celle qui se déroule depuis 2015 : Warriors-Cavs... Golden State a trop de talent et d'expérience, Cleveland a LeBron James (ce qui est suffisant pour aller en finale à l'Est). Maintenant j'en suis un peu moins certain. Une finale Rockets-Celtics serait super excitante. Et j'adore James Harden, pour son jeu, mais surtout parce qu'il est allé à l'université là où j'ai terminé mes études de journalisme, Arizona State.

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Session one-shot « J'ai deux amours »

Comment devient-on fan de NBA ?

Comme pas mal d'enfants nés au début des années 80, avec Michael Jordan. Les matchs qu'on enregistrait la nuit en espérant que la VHS soit assez longue... George Eddy aux commentaires. Toute une époque !

Steph Curry c’est le talent et Lebron c’est le travail acharné, ou cela ne fonctionne qu’au foot ?

Cela ne marche pas pour ces deux-là, en tout cas. Les deux ont énormément bossé. Qui aurait pu penser à l'époque où il jouait à la petite fac de Davidson que Steph Curry deviendrait MVP ?! En revanche, il faut qu'il bosse sa défense.

Finale de Ligue des champions ou game 7 des NBA Finals ?

Aucun être humain sur cette Terre ne devrait négliger l'un de ces deux événements.

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Dimitri Payet capitaine ou Tony Parker franchise player ?

J'aime beaucoup Payet, mais TP a prouvé avec les Spurs et l'Equipe de France qu'il était un leader d'exception. On se rappelle tous de son discours dans les vestiaires à la mi-temps de France-Espagne lors de l'Euro 2013, capté par la caméra d'Intérieur Sport. Frissons !

Mouctar Diakhaby, dans une raquette ou dans une surface de réparation ?

Il fait seulement 1m92 selon sa fiche Wikipedia. T'es même pas dans une raquette de U16 avec cette taille.

Ben Simmons, rookie ou pas rookie ?

Rookie avec un astérisque, comme le titre de champion de France de l'OM en 93.

Si les tirs en dehors de la surface comptaient comme les 3pts, tu recruterais quel joueur ?

Dimitri Lienard évidemment.